Angelus Benoit XVI 18112

Dimanche 18 novembre 2012

18112 Chers frères et soeurs,

En cet avant-dernier dimanche de l’année liturgique, le texte de Marc proclame une partie du discours de Jésus sur la fin des temps (cf.
Mc 13,24-32). Ce discours, à quelques variantes près, est aussi présent chez Matthieu et chez Luc, et c’est probablement le plus difficile des textes de l’Évangile. Une difficulté qui vient tant du contenu que du langage : on parle en effet d’un avenir qui dépasse nos catégories, et Jésus utilise pour cela des images et des paroles reprises de l’Ancien Testament, mais il insère surtout un nouveau centre qui est Lui-même, le mystère de sa personne, de sa mort et de sa Résurrection. Le passage d’aujourd’hui s’ouvre lui aussi par des images cosmiques de nature apocalyptique : « Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles se mettront à tomber du ciel, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées » (Mc 13,24-25) ; mais cet élément est relativisé par ce qui suit : « Et alors on verra le Fils de l'homme venant dans des nuées avec grande puissance et gloire » (Mc 13,26). Le « Fils de l’homme » est Jésus lui-même, qui relie le présent et l’avenir ; les antiques paroles des prophètes ont finalement trouvé un centre en la personne du Messie de Nazareth : c’est Lui le véritable événement, celui qui, au milieu des bouleversements du monde, reste le point ferme et stable.

Une autre expression de l’Évangile du jour le confirme. Jésus affirme : « Le ciel et la terre passeront mes paroles ne passeront point » (Mc 13,31). En effet, nous savons que dans la Bible, la Parole de Dieu est à l’origine de la création: toutes les créatures, à commencer par les éléments cosmiques — soleil, lune, firmament — obéissent à la Parole de Dieu, elles existent parce qu’elles sont « appelées » par elle. Cette puissance créatrice de la Parole de Dieu s’est concentrée en Jésus Christ, le Verbe fait chair, mais elle passe aussi à travers ses paroles humaines, qui sont le vrai « firmament » qui oriente la pensée et le chemin de l’homme sur terre. C’est pourquoi Jésus ne décrit pas la fin du monde, et quand il utilise des images apocalyptiques, il ne se comporte pas en « voyant ». Au contraire, Il veut soustraire les disciples de chaque époque à la curiosité pour les dates, les prévisions, en leur donnant en revanche une clef de lecture profonde, essentielle, et surtout leur indiquer le juste chemin à suivre, aujourd’hui et demain, pour entrer dans la vie éternelle. Tout passe — nous rappelle le Seigneur —, mais la Parole de Dieu ne change pas, et face à elle chacun de nous est responsable de son propre comportement. C’est sur cette base que nous serons jugés.

Chers amis, à notre époque aussi, les catastrophes naturelles ne manquent pas, ni même les guerres et les violences, malheureusement. Aujourd’hui aussi nous avons besoin d’un fondement stable pour notre vie et notre espérance, et plus encore à cause du relativisme qui nous submerge. Que la Vierge Marie nous aide à accueillir ce centre en la personne du Christ et dans sa Parole !

À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs,

Hier, à Pergamino, en Argentine, a été proclamée bienheureuse Maria Crescencia Pérez, religieuse de la Congrégation des Filles de Notre-Dame du Jardin, qui a vécu dans la première moitié du siècle dernier. Elle est un modèle de douceur évangélique animée par la foi. Louons le Seigneur pour son témoignage !

Je salue cordialement les pèlerins francophones. En cherchant à voir autour de nous les signes de la présence de Dieu et à les accueillir, nous découvrirons le roc solide où s’enracine notre existence au-delà des changements qui nous atteignent. Par la foi, nous communions au dessein d’amour de Dieu sur l’humanité et sur chacun de nous. Dieu est fidèle ! À nous de le chercher ! Pour cela, je vous invite à participer régulièrement à la messe dominicale, nécessaire pour un chrétien. Que la Vierge Marie vous aide à comprendre l’importance de ce rendez-vous et la joie de le vivre en famille ! Bon dimanche à tous !


Dimanche 25 novembre 2012

25112 Chers frères et soeurs,

L’Église célèbre aujourd’hui Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers. Cette solennité est située au terme de l’année liturgique et résume le mystère de Jésus « premier-né d’entre les morts et Seigneur de tous les puissants de la terre » (Prière Collecte, Année B), en élargissant notre regard à la pleine réalisation du Royaume de Dieu, lorsque Dieu sera tout en tous (cf.
1Co 15,28). Saint Cyrille de Jérusalem affirme : « Nous annonçons non seulement la première venue du Christ mais aussi une seconde, beaucoup plus belle que la première. La première a en effet été une manifestation de souffrance, la seconde porte le diadème de la royauté divine ; (…) dans la première, il a été soumis à l’humiliation de la croix, dans la seconde il est entouré et glorifié par une foule angélique » (Catechesis XV, 1, Illuminandorum, De secundo Christi adventu : PG 33,869 a). Toute la mission de Jésus et le contenu de son message consistent dans l’annonce du Royaume de Dieu et dans sa réalisation au milieu des hommes par des signes et des prodiges. « Mais, comme le rappelle le Concile Vatican ii, avant tout, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ » (Const. dogm. Lumen gentium LG 5), qui l’a instauré par sa mort sur la croix et par sa résurrection, par laquelle il s’est manifesté comme Seigneur et Messie et Prêtre éternel. Ce Royaume du Christ est confié à l’Église, qui en est le « germe » et le « commencement » et elle a le devoir de l’annoncer et de le répandre parmi tous les peuples, par la force de l’Esprit Saint (cf. ibid. LG 5). Au terme du temps établi, le Seigneur remettra le Royaume à Dieu le Père et il lui présentera tous ceux qui ont vécu selon le commandement de l’amour.

Chers amis, nous sommes tous appelés à prolonger l’oeuvre salvifique de Dieu en nous convertissant à l’Évangile, en nous mettant avec décision à la suite de ce Roi qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et pour rendre témoignage à la vérité (cf. Mc 10,45 Jn 18,37). Dans cette perspective, je vous invite tous à prier pour les six nouveaux cardinaux que j’ai créés hier, afin que l’Esprit Saint les fortifie dans la foi et dans la charité et les comble de ses dons, de façon à ce qu’ils vivent leur responsabilité comme une nouvelle consécration au Christ et à son Royaume. Ces nouveaux membres du collège cardinalice représentent bien la dimension universelle de l’Église : il sont pasteurs d’Églises au Liban, en Inde, au Nigeria, en Colombie, aux Philippines et l’un d’eux est depuis longtemps au service du Saint-Siège.

Invoquons la protection de la Très Sainte Vierge Marie sur chacun d’eux et sur les fidèles confiés à leur soin. Que la Vierge nous aide à vivre le temps présent dans l’attente du retour du Seigneur, en demandant à Dieu avec force : « Que ton Règne vienne », et en accomplissant les oeuvres de lumière qui nous rapprochent le plus du Ciel, conscients que, dans les événements tourmentés de l’histoire, Dieu continue à construire son Royaume d’amour.

À l'issue de l'Angélus

Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les Libanais venus nombreux accompagner leur nouveau Cardinal. Nous célébrons aujourd’hui la Solennité du Christ Roi de l’univers. Sa royauté ne réside pas dans le pouvoir, l’honneur, la richesse, mais dans la faiblesse et l’anéantissement de la croix par amour pour nous sauver. Laissons le Christ convertir nos coeurs et nos mentalités, pour reconnaître que la véritable grandeur de l’homme et sa plénitude sont uniquement dans l’être avec Dieu, et dans l’amour reçu et donné. Puisse sa bénédiction descendre sur toute l’humanité et la conduire vers la paix ! Bonne fête à tous !


Ier Dimanche de l'Avent, 2 décembre 2012

21212
Chers frères et soeurs !


Aujourd’hui, l’Église commence une nouvelle Année liturgique, un chemin qui est ultérieurement enrichi par l’Année de la foi, à 50 ans de l’ouverture du Concile Vatican ii. Le premier Temps de cet itinéraire est l’Avent, formé, dans le rite latin, des quatre semaines qui précèdent le Noël du Seigneur, c’est-à-dire le mystère de l’Incarnation. Le terme « avent » signifie « venue » ou « présence ». Dans le monde antique, il indiquait la visite du roi ou de l’empereur dans une province ; dans le langage chrétien, il se réfère à la venue de Dieu, à sa présence dans le monde ; un mystère qui enveloppe entièrement l’univers et l’histoire, mais qui connaît deux moments culminants : la première et la seconde venue de Jésus Christ. La première est précisément l’Incarnation ; la seconde est le retour glorieux à la fin des temps. Ces deux moments, qui chronologiquement sont éloignés — et il ne nous est pas donné de savoir de combien —, sont liés en profondeur, car par sa mort et sa résurrection, Jésus a déjà réalisé cette transformation de l’homme et de l’univers qui est la destination finale de la création. Mais avant la fin, il est nécessaire que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations, dit Jésus dans l’Évangile de saint Marc (cf. Mc
Mc 13,10). La venue du Seigneur se poursuit, le monde doit être pénétré de sa présence. Et cette venue permanente du Seigneur dans l’Annonce de l’Évangile requiert continuellement notre collaboration ; et l’Église, qui est comme la Fiancée, l’Épouse promise de l’Agneau de Dieu crucifié et ressuscité (cf. Ap Ap 21,9), en communion avec son Seigneur, collabore à cette venue du Seigneur, par laquelle commence déjà son retour glorieux.

C’est ce que nous rappelle aujourd’hui la Parole de Dieu, traçant la ligne de conduite à suivre pour être prêts à la venue du Seigneur. Dans l’Évangile de Luc, Jésus dit aux disciples : « Que votre coeur ne s'alourdisse pas dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie… Restez éveillés et priez en tout temps » (Lc 21,34 Lc 21,36). Donc, sobriété et prière. Et l’apôtre Paul ajoute l’invitation à « un amour de plus en plus intense et débordant » entre nous et envers tous, pour rendre nos coeurs fermes et irréprochables dans la sainteté (cf. 1Th 3,12-13). Au milieu des bouleversements du monde, ou des déserts de l’indifférence et du matérialisme, les chrétiens accueillent de Dieu le salut et en témoignent à travers une façon différente de vivre, comme une ville placée sur un mont. « En ces jours-là — annonce le prophète Jérémie — Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu'on lui donnera: “Le-Seigneur-est-notre-justice” » (Jr 33,16). La communauté des croyants est le signe de l’amour de Dieu, de sa justice qui est déjà présente et qui oeuvre dans l’histoire mais qui n’est pas encore pleinement réalisée, et par conséquent doit être attendue, invoquée, recherchée avec patience et courage.

La Vierge Marie incarne parfaitement l’esprit de l’Avent, fait d’écoute de Dieu, de désir profond de faire sa volonté, de service joyeux au prochain. Laissons-nous guider par elle, afin que le Dieu qui vient ne nous trouve pas fermés ou distraits, mais puisse, en chacun de nous, étendre un peu son règne d’amour, de justice et de paix.

À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, à Kottar, en Inde, est proclamé bienheureux Devasahayam Pillai, un fidèle laïc ayant vécu au XVIIIe siècle et mort martyr. Unissons-nous à la joie de l’Église en Inde et prions pour que le nouveau bienheureux soutienne la foi des chrétiens de ce grand et noble pays.

Demain, on célèbre la Journée internationale des droits des porteurs de handicap. Chaque personne, malgré ses limites physiques et psychiques, même graves, est toujours une valeur inestimable, et elle doit être considérée comme telle. J’encourage les communautés ecclésiales à être attentives et accueillantes envers ces frères et soeurs. J’exhorte les législateurs et les gouvernants à défendre les porteurs de handicap et à promouvoir leur pleine participation à la vie de la société.

Je salue cordialement les pèlerins francophones. Nous entrons aujourd’hui dans l’Avent, le temps liturgique de l’attente et de l’espérance du Christ, qui cette année, se situe dans le contexte de l’Année de la foi. Je vous invite donc à découvrir le lien profond entre les vérités sur l’incarnation du Christ que nous professons dans le Credo et notre existence quotidienne. Dieu veut nous sauver, et en son Fils Jésus, il s’est fait l’un de nous. Approfondissons, de dimanche en dimanche, le salut qui nous est offert pour le recevoir avec foi. Notre vie en sera transformée. Bon Avent à tous !




SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉ CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE Sabato, 8 décembre 2012

8122 Chers frères et soeurs!

A vous tous, bonne fête de Marie Immaculée! En cette Année de la foi, je voudrais souligner que Marie est l’Immaculée en raison d’un don gratuit de la grâce de Dieu qui a toutefois trouvé en Elle une disponibilité et une collaboration parfaites. En ce sens, elle est «bienheureuse» parce qu’elle «a cru» (
Lc 1,45), parce qu’elle a eu une foi solide en Dieu. Marie représente le «reste d’Israël», la racine sainte que les prophète ont annoncée. En elle sont accueillies les promesses de l’ancienne Alliance. En Marie, la Parole de Dieu trouve une écoute, une réception, une réponse, elle trouve le «oui» qui lui permet de devenir chair et de venir habiter parmi nous. En Marie, l’humanité, l’histoire s’ouvrent réellement à Dieu, accueillent sa grâce, sont disposées à faire sa volonté. Marie est l’expression authentique de la Grâce. Elle représente le nouvel Israël, que les Ecritures de l’Ancien Testament décrivent à travers le symbole de l’épouse. Et saint Paul reprend ce langage dans la lettre aux Ephésiens lorsqu’il parle du mariage et qu’il dit que «le Christ a aimé l’Eglise: il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée» (Ep 5,25-27). Les Pères de l’Eglise ont développé cette image et ainsi, la doctrine de l’Immaculée est née d’abord en référence à l’Eglise vierge-mère, puis à Marie. C’est ce qu’écrit de façon poétique Ephrem le Syrien: «De même que les corps eux-mêmes pèchent et meurent, et que la terre, leur mère, est maudite (cf. Gn 3,17-19), ainsi, à cause de ce corps qu’est l’Eglise incorruptible, sa terre est bénie depuis le début. Cette terre est le corps de Marie, temple dans lequel une semence a été déposée» (Diatessaron 4, 15: SC 121,102).

La lumière qui émane de la figure de Marie nous aide également à comprendre le véritable sens du péché originel. En Marie, en effet, est pleinement vivante et à l’oeuvre cette relation avec Dieu que le péché brise. En elle, il n’y a aucune opposition entre Dieu et son être: il y a une pleine communion, une pleine entente. Il y a un «oui» réciproque, de Dieu à elle et d’elle à Dieu. Marie est libérée du péché car elle est toute de Dieu, entièrement expropriée pour Lui. Elle est pleine de sa Grâce, de son Amour.

En conclusion, la doctrine de l’Immaculée Conception de Marie exprime la certitude de foi que les promesses de Dieu se sont réalisées: que son alliance ne faillit pas, mais a produit une racine sainte, dont a germé le Fruit béni de tout l’univers, Jésus, le Sauveur. L’Immaculée démontre que la Grâce est capable de susciter une réponse, que la fidélité de Dieu sait engendrer une foi véritable et bonne.

Chers amis, cet après-midi, comme d’habitude, je me rendrai place d’Espagne pour l’hommage à Marie Immaculée. Suivons l’exemple de la Mère de Dieu afin qu’en nous aussi, la grâce du Seigneur trouve une réponse dans une foi authentique et féconde.

A l’issue de l’Angélus

Je désire avant tout assurer de ma proximité les populations des Philippines, frappées ces derniers jours par un violent ouragan. Je prie pour les victimes, pour leurs familles, pour les nombreuses personnes déplacées. Que la foi et la charité fraternelle leur donnent la force d’affronter cette épreuve difficile.

En célébrant la solennité de l’Immaculée Conception, chers pèlerins francophones nous fêtons la splendeur du dessein de l’amour de Dieu qui, en Jésus, est né de Marie pour nous sauver du péché. La Vierge s’est remise totalement à celui qui l’a créée. Comme elle, celui qui se tourne vers Dieu trouve la liberté véritable, il devient véritablement lui-même et grand! Saluons en Marie la beauté et la pureté à laquelle nous sommes tous appelés. Qu’elle nous apprenne à croire en Dieu qui nous dit toujours: «Sois sans crainte!» Puisse cette fête fortifier notre foi! Avec ma bénédiction.



2e Dimanche de l'Avent C, 9 décembre 2012

9122 Chers frères et soeurs!

Dans le temps de l’Avent, la liturgie met en avant, de manière particulière, deux figures qui préparent la venue du Messie: la Vierge Marie et Jean-Baptiste. Aujourd’hui, saint Luc nous présente ce dernier, et il le fait avec des caractéristiques différentes des autres évangélistes. «Les quatre évangiles mettent au commencement de l’activité de Jésus la figure de Jean-Baptiste et le présentent comme son précurseur. Saint Luc a anticipé le lien entre les deux figures et leurs missions respectives [...] Déjà dans leur conception et dans leur naissance, Jésus et Jean sont mis en relation entre eux» (L’enfance de Jésus, p. 29). Ce rapprochement aide à comprendre que Jean, en tant que fils de Zacharie et d’Elisabeth, tous deux de familles sacerdotales, est non seulement le dernier des prophètes, mais il représente aussi le sacerdoce de l’Ancienne Alliance tout entier et il prépare donc les hommes au culte spirituel de la Nouvelle Alliance, inauguré par Jésus (cf. ibid.p.35-36). En outre, Luc abandonne toute lecture mythique qui est souvent faite des évangiles, et il situe historiquement la vie du Baptiste, en écrivant: «L’an quinze du principat de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée […] sous le pontificat d’Anne et Caïphe» (
Lc 3,1-2). C’est à l’intérieur de ce cadre historique que se situe le véritable grand événement, la naissance du Christ, que ses contemporains ne remarqueront même pas. Pour Dieu, les grands de l’histoire servent de cadre aux petits!

Jean-Baptiste se définit comme la «Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers» (Lc 3,4). La voix proclame la Parole mais, dans ce cas-ci, la Parole de Dieu précède, dans la mesure où c’est elle qui descend sur Jean, fils de Zacharie, au désert (cf. Lc Lc 3,2). Il joue donc un grand rôle, mais toujours en fonction du Christ. Saint Augustin fait ce commentaire: «Jean est la voix, mais le Seigneur, au commencement, était le Verbe. Jean est une voix dans le temps; le Christ était au commencement la Parole éternelle. Enlève la Parole, que devient la voix? Vidée de tout sens, elle n’est que vain bruit. Sans la Parole, la voix frappe l’oreille, elle n’édifie pas le coeur» (Discours 293, 3: PL, 38, 1328). C’est à nous que revient la tâche, aujourd’hui, d’écouter cette voix pour laisser à Jésus, la Parole qui nous sauve, un espace dans notre coeur pour l’accueillir. En ce temps de l’Avent, préparons-nous à voir, avec les yeux de la foi, dans l’humble grotte de Bethléem, le salut de Dieu (cf. Lc Lc 3,6). Dans notre société de consommation, où l’on est tenté de chercher la joie dans les choses matérielles, le Baptiste nous enseigne à vivre de manière essentielle, afin que Noël soit vécu non seulement comme une fête extérieure, mais comme la fête du Fils de Dieu, venu apporter aux hommes la paix, la vie et la véritable joie.

Confions à l’intercession maternelle de Marie, Vierge de l’Avent, notre chemin vers le Seigneur qui vient, pour être prêts à accueillir, dans notre coeur et dans toute notre vie, l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous.

À l'issue de l'Angélus

Chers pèlerins francophones, l’Avent nous invite à aller à la rencontre du Seigneur, et donc à nous mettre en route. Cette réalité est bien familière aux personnes obligées de quitter leur région, pour différentes raisons, dont les guerres ou la pauvreté. Les migrants connaissent la précarité et rencontrent souvent peu de compréhension. Puissent-ils être accueillis et avoir une existence digne! En ce temps préparatoire à Noël, qu’une solidarité fraternelle et joyeuse vienne en aide à leurs besoins et soutienne leur espérance! N’oublions pas que tout chrétien est en route vers sa vraie patrie: le ciel. Le Christ est le seul chemin! Que la Vierge Marie qui a connu les voyages et l’exil accompagne notre marche! Bon dimanche à tous!


IIIe Dimanche de l'Avent C "Gaudete", 16 décembre 2012

14122 Chers frères et soeurs,

L’Évangile de ce dimanche de l’Avent présente à nouveau la figure de Jean-Baptiste, et le représente s’adressant aux personnes qui viennent à lui au fleuve du Jourdain pour se faire baptiser. Lorsque Jean, avec des paroles cinglantes, exhorte chacun à se préparer à la venue du Messie, certains lui demandent : « Que nous faut-il donc faire ? » (
Lc 3,10 Lc 3,12 Lc 3,14). Ces dialogues sont très intéressants et se révèlent d’une grande actualité.

La première réponse est adressée à la foule en général. Jean-Baptiste dit : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même » (Lc 3,11). Nous pouvons voir ici un critère de justice, animé par la charité. La justice demande de dépasser le déséquilibre entre celui qui a le superflu et celui qui manque du nécessaire ; la charité pousse à être attentif à l’autre et à aller au-devant de ses besoins, au lieu de trouver des justifications pour défendre ses propres intérêts. Justice et charité ne s’opposent pas, mais sont toutes deux nécessaires et se complètent mutuellement. « L’amour sera toujours nécessaire, même dans la société la plus juste », car « il y aura toujours des situations de nécessité matérielle, pour lesquelles une aide est indispensable, dans le sens d’un amour concret pour le prochain » (Enc. Deus caritas est ).

Nous voyons ensuite la deuxième réponse, adressée à quelques « publicains », c’est-à-dire des percepteurs des taxes pour le compte des Romains. Les publicains étaient déjà méprisés pour cette raison, et également parce qu’ils profitaient souvent de leur position pour voler. Jean-Baptiste ne leur dit pas de changer de métier, mais de ne rien exiger de plus que ce qui a été fixé (cf. Lc 3,13). Le prophète, au nom de Dieu, ne demande pas de gestes exceptionnels, mais avant tout l’accomplissement honnête de son devoir. Le premier pas vers la vie éternelle est toujours l’observance des commandements; dans ce cas le septième : « Tu ne voleras pas » (cf. Ex 20,15).

La troisième réponse concerne les soldats, une autre catégorie dotée d’un certain pouvoir, et donc tentée d’en abuser. Aux soldats, Jean dit : « Ne molestez personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre solde » (Lc 3,14). Ici aussi, la conversion commence par l’honnêteté et le respect des autres : une indication qui vaut pour tous, spécialement pour ceux qui ont les plus hautes responsabilités.

En considérant ces dialogues dans leur ensemble, le caractère profondément concret des paroles de Jean est frappant : étant donné que Dieu nous jugera d’après nos oeuvres, c’est là, dans les comportements, qu’il faut manifester que l’on suit sa volonté. Et c’est précisément pour cela que les indications de Jean-Baptiste sont toujours actuelles : dans notre monde si complexe, les choses iraient également beaucoup mieux si chacun observait ces règles de conduite. Prions alors le Seigneur, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, afin qu’il nous aide à nous préparer à Noël en portant de bons fruits de conversion (cf. Lc 3,8).

À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs,

Du 28 décembre au 2 janvier prochains, se tiendra à Rome la rencontre européenne des jeunes promue par la communauté de Taizé. Je remercie les familles qui, selon la tradition romaine d’accueil, se sont rendues disponibles pour loger ces jeunes. Étant donné que, grâce à Dieu, les demandes dépassent les attentes, je renouvelle l’appel déjà lancé dans les paroisses, afin que d’autres familles, avec une grande simplicité, puissent faire cette belle expérience d’amitié chrétienne.

Chers pèlerins francophones, le troisième dimanche de l’Avent est celui de la joie ! Mais que signifie la joie alors que des personnes souffrent l’épreuve ou la solitude ? En cette Année de la Foi, cherchons à considérer nos vies et nos difficultés avec les yeux de la foi, pour découvrir que le Christ est la source de la joie ! Sa présence qui sauve, délivre notre coeur de ce qui l’inquiète; elle renouvelle et apaise. Oui, réjouissons-nous dans le Seigneur qui vient ! Que notre joie rayonne dans nos familles, nos lieux de travail, nos communautés et nos pays par des gestes d’attention, de partage, de pardon ! Bon dimanche à tous !

Je salue tous les pèlerins de langue anglaise et les visiteurs présents à l’Angelus aujourd’hui. J’ai été profondément attristé par la violence insensée de vendredi à Newtown, dans le Connecticut. J’assure les familles des victimes, en particulier celles qui ont perdu un enfant, de ma proximité dans la prière. Que le Dieu de consolation touche leur coeur et soulage leur douleur. Au cours de ce temps de l’Avent, consacrons-nous avec davantage de ferveur à la prière et aux actes de paix. Sur les personnes frappées par cette tragédie, et sur chacun de vous, j’invoque d’abondantes Bénédictions de Dieu !

Aujourd’hui, j’adresse une salutation spéciale aux enfants de Rome ! Vous êtes venus pour la bénédiction traditionnelle des « enfants Jésus ». Très chers amis, tandis que je bénis les statuettes de Jésus que vous mettrez dans vos crèches, je bénis de tout coeur chacun de vous et vos familles, ainsi que les éducateurs et le Centre des aumôneries de Rome.


IVe Dimanche de l'Avent C, 23 décembre 2012

23122 Chers frères et soeurs !

En ce ive dimanche de l’Avent, qui précède de peu la naissance du Seigneur, l’Evangile raconte la visite de Marie à sa parente Elisabeth. Cet épisode n’est pas un simple geste de courtoisie, mais représente avec une grande simplicité la rencontre de l’Ancien avec le Nouveau Testament. Les deux femmes, toutes deux enceintes, incarnent en effet l’attente et l’Attendu. Elisabeth àgée symbolise Israel qui attend le Messie, tandis que la jeune Marie porte en elle l’accomplissement de cette attente, au profit de toute l’humanité. Chez les deux femmes, ce sont d'abord les fruits de leurs seins, Jean et le Christ, qui se rencontrent et se reconnaissent. Le poète chrétien Prudence commente : « L’enfant présent dans le sein âgé salue, à travers la bouche de sa mère, le Seigneur fils de la Vierge « (Apotheosis, 590 : PL 59, 970). L’exultation de Jean dans le sein d’Elisabeth est le signe de l’accomplissement de l’attente : Dieu vient visiter son peuple. A l’Annonciation, l’archange Gabriel avait parlé à Marie de la grossesse d’Elisabeth (cf. Lc
Lc 1,36) comme preuve de la puissance de Dieu : la stérilité, malgré l’àge avancé, s’était transformée en fertilité.

Elisabeth, en accueillant Marie, reconnait que la promesse de Dieu à l’humanité est en train de se réaliser et elle s’exclame : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? « (Lc 1,42-43). L’expression « Tu es bénie entre toutes les femmes « se réfère dans l’Ancien Testament à Yaël (Jg 5,24) et à Judith (Jdt 13,18), deux femmes soldats qui mettent tout en oeuvre pour sauver Israël. Aujourd’hui, en revanche, elle est adressée à Marie, jeune fille pacifique, qui va engendrer le Sauveur du monde. Ainsi le tressaillement de joie de Jean (cf. Lc 1,44) rappelle la danse que le roi David fit en accompagnant l’entrée de l’Arche de l’Alliance à Jérusalem (cf. 1Ch 15,29). L’Arche, qui contenait les tables de la Loi, la manne et le bâton d’Aaron (cf. He 9,4), était le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple. L’enfant à naitre, Jean, exulte de joie devant Marie, Arche de la nouvelle Alliance, qui porte en son sein Jésus, le Fils de Dieu fait homme.

La scène de la Visitation exprime aussi la beauté de l’accueil : là où il y a accueil réciproque, écoute, où l’on fait de la place à l’autre, Dieu est présent ainsi que la joie qui vient de Lui. Imitons Marie durant le temps de Noel, en rendant visite à ceux qui vivent des difficultés, en particulier les malades, les prisonniers, les personnes âgées et les enfants. Et imitons aussi Elisabeth qui accueille l’hôte comme Dieu lui-même : sans le désirer nous ne connaitrons jamais le Seigneur, sans l’attendre nous ne le rencontrerons pas, sans le chercher nous ne le trouverons pas. Avec la même joie que Marie qui se rend en hâte chez Elisabeth (cf. Lc 1,39), allons nous aussi à la rencontre du Seigneur qui vient. Prions pour que tous les hommes cherchent Dieu, qu’ils découvrent que c’est Dieu lui-même qui vient nous rendre visite en premier. A Marie, Arche de l’Alliance nouvelle et éternelle, confions notre coeur, pour qu’elle le rende digne d’accueillir la visite de Dieu dans le mystère de son Noel.

A l'issue de l'Angélus

Chers pèlerins francophones, en cette Année de la Foi, et à l’approche de Noël, recevons l’appel à convertir notre coeur pour fêter le Christ dans l’Enfant de Bethléem. Croire en Dieu demande de reconnaître dans Celui qui va naître, le Tout puissant qui vient nous sauver. Le mystère de l’Incarnation est au coeur de notre foi. Puisse cette fête de la Nativité la fortifier ! Dépassons le souci des préparatifs extérieurs et l’aspect superficiel pour suivre la Vierge Marie dans son silence et son recueillement ! Avec elle, préparons-nous à accueillir le Sauveur. Je vous bénis de grand coeur !

Je souhaite à tous un bon dimanche et beaucoup de sérénité pour les prochaines fêtes de Noel. Bon dimanche !


Mercredi 26 décembre 2012

26122 Chers frères et soeurs,

Chaque année, le lendemain du Noel du Seigneur, la liturgie nous fait célébrer la fête de saint Etienne, diacre et premier martyr. Le livre des Actes des Apôtres nous le présente comme un homme rempli de grâce et de l’Esprit Saint (cf. Ac
Ac 6,8-10 Ac 7,55) ; en lui s’est pleinement réalisée la promesse de Jésus rapportée par le texte de l’Evangile de ce jour, selon lequel les croyants appelés à rendre témoignage dans des circonstances difficiles et dangereuses ne seront pas abandonnés et laissés sans défense : l’Esprit de Dieu parlera en eux (cf. Mt Mt 10,20). Le diacre Etienne, en effet, a agi, a parlé, est mort, animé par l’Esprit Saint, en témoignant de l’amour du Christ jusqu’au sacrifice extrême. Le premier martyr est décrit, dans sa souffrance, comme étant l’imitation parfaite du Christ, dont la passion se répète jusque dans les moindres détails. La vie de saint Etienne est entièrement façonnée par Dieu, configurée au Christ, dont la passion se répète en lui ; au moment final de la mort, à genoux, il reprend la prière de Jésus sur la croix en se confiant au Seigneur (cf. Ac Ac 7,59) et en pardonnant à ses ennemis : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché « (v. 60). Rempli de l’Esprit Saint, au moment où ses yeux vont se fermer, il fixe son regard sur « Jésus debout à la droite de Dieu « (v. 55), le Seigneur de toutes choses qui attire tous les hommes à lui.

Le jour de la saint Etienne, nous sommes nous aussi appelés à fixer notre regard sur le Fils de Dieu que, dans l’atmosphère joyeuse de Noel, nous contemplons dans le mystère de son Incarnation. Par le baptême et la confirmation, avec le don précieux de la foi nourrie par les sacrements, en particulier l’Eucharistie, Jésus Christ nous a liés à lui et veut continuer à opérer en nous, par l’action de l’Esprit Saint, son oeuvre de salut qui rachète, valorise, élève et conduit toute chose à son accomplissement. Se laisser attirer par le Christ, comme l’a fait saint Etienne, signifie ouvrir sa vie à la lumière qui l’appelle, l’oriente et lui fait parcourir le chemin du bien, le chemin d’une humanité selon le dessein d’amour de Dieu.

Enfin, saint Etienne est un modèle pour tous ceux qui veulent se mettre au service de la nouvelle évangélisation. Il montre que la nouveauté de l’annonce ne dépend pas en premier lieu de l’usage de méthodes ou de techniques originales, qui ont certes leur utilité, mais consiste à être rempli de l’Esprit Saint et à se laisser guider par Lui. La nouveauté de l’annonce se trouve dans la profondeur de l’immersion dans le mystère du Christ, de l’assimilation de sa parole et de sa présence dans l’Eucharistie, de sorte que Jésus vivant lui-même puisse parler et agir chez celui qu’il envoie. Au fond, l’évangélisateur devient capable de porter le Christ aux autres de manière efficace quand il vit du Christ, quand la nouveauté de l’Evangile se manifeste dans sa vie. Prions la Vierge Marie afin qu’en cette Année de la foi l’Eglise voie se multiplier les hommes et les femmes qui, comme saint Etienne, savent donner un témoignage convaincu et courageux du Seigneur Jésus.

A l'issue de l'Angélus

Chers pèlerins francophones, au lendemain de Noël, le martyre du diacre Etienne montre que la naissance du Fils de Dieu a inauguré une ère nouvelle, celle de l’amour. L’amour abat les barrières entre les hommes. Il les rend frères en les réconciliant par le pardon, donné et reçu. Que l’intercession de saint Etienne, fidèle jusqu’au bout au Seigneur, soutienne les chrétiens persécutés et que notre prière les encourage ! À sa suite, témoignons sans peur, avec courage et détermination de notre foi. Bonnes fêtes à tous !

Je souhaite à tous une bonne fête dans la lumière et dans la paix du Noel du Seigneur.

Dimanche 30 décembre 2012


Angelus Benoit XVI 18112