Angelus Benoit XVI 26122

Dimanche 30 décembre 2012


Chers frères et soeurs,

C’est aujourd’hui la fête de la Sainte Famille de Nazareth. Dans la liturgie, le passage de l’Evangile de Luc nous présente la Vierge Marie et saint Joseph qui, fidèles à la tradition, montent à Jérusalem pour la Pâque accompagnés de Jésus âgé de douze ans. La première fois que Jésus était entré dans le Temple du Seigneur avait été quarante jours après sa naissance, quand ses parents avaient offert pour lui « un couple de tourterelles ou deux petites colombes « (Lc 2,24), c’est-à -dire le sacrifice des pauvres. « Luc, dont l’Evangile tout entier est empreint d’une théologie des pauvres et de la pauvreté, nous fait comprendre... que la famille de Jésus était comptée parmi les pauvres d’Israël ; il nous fait entendre que c’était justement parmi eux que pouvait murir l’accomplissement de la promesse « (L’enfance de Jésus, p. 117). Aujourd’hui, Jésus est de nouveau dans le Temple, mais cette fois il joue un rôle différent, qui le concerne en première personne. Il accomplit, avec Marie et Joseph, le pèlerinage à Jérusalem selon ce que prescrit la Loi (cf. Ex Ex 23,17 Ex 34, 23sq. ), même s’il n’avait pas encore atteint l’âge de treize ans : un signe de la profonde religiosité de la Sainte Famille. Mais quand ses parents repartent pour Nazareth, il se passe quelque chose d’inattendu : sans rien dire, Il reste dans la ville. Pendant trois jours Marie et Joseph le cherchent et le retrouvent dans le Temple, s’entretenant avec les maitres de la Loi (cf. Lc Lc 2,46-47) ; et quand ils lui demandent des explications, Jésus répond qu’ils ne doivent pas s’étonner, car sa place est là , sa maison est là , auprès du Père, qui est Dieu (cf. L’enfance de Jésus). « Il professe - écrit Origène - qu’il est dans le Temple de son Père, ce Père qu’il nous a révélé et dont il a dit être le Fils « (Homélie sur l’Evangile de Lc 18,5).

434 La préoccupation de Marie et de Joseph pour Jésus est la même que celle de chaque parent qui éduque un enfant, qui l’introduit dans la vie et dans la compréhension de la réalité. Aujourd’hui, il est donc de notre devoir d’élever une prière spéciale au Seigneur pour toutes les familles du monde. En imitant la Sainte Famille de Nazareth, que les parents se préoccupent sérieusement de la croissance et de l’éducation de leurs enfants, afin qu’ils murissent comme des hommes responsables et d’honnêtes citoyens, sans jamais oublier que la foi est un don précieux qu’il faut alimenter chez ses propres enfants, également à travers l’exemple personnel. Dans le même temps, prions pour que chaque enfant soit accueilli comme don de Dieu, soit soutenu par l’amour de son père et de sa mère, pour pouvoir grandir comme le Seigneur Jésus « en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes « (Lc 2,52). Que l’amour, la fidélité et le dévouement de Marie et Joseph soient un exemple pour tous les époux chrétiens, qui ne sont pas les amis ou les maitres de la vie de leurs enfants, mais les gardiens de ce don incomparable de Dieu.

Que le silence de Joseph, homme juste (cf. Mt Mt 1,19), et l’exemple de Marie, qui gardait chaque chose dans son coeur (cf. Lc Lc 2,51), nous fassent entrer dans le mystère plein de foi et d’humanité de la Sainte Famille. Je souhaite à toutes les familles chrétiennes de vivre en présence de Dieu avec le même amour et avec la même joie que la famille de Jésus, Marie et Joseph.

A l'issue de l'Angélus

Chers pèlerins francophones, nous célébrons aujourd’hui la Sainte Famille que Dieu a donnée à l’humanité pour modèle des valeurs humaines et familiales. Le Fils de Dieu a voulu naître dans une famille, lui donnant ainsi sa noble signification et sa place irremplaçable pour la personne et pour la société. La famille est le berceau naturel de l’enfant. Elle est le terreau premier et indispensable où s’enracinent et se construisent la personne et les liens humains. Que la Vierge Marie et saint Joseph aident les parents à éduquer leurs enfants et à leur transmettre la foi ! Je vous bénis tous de grand coeur ainsi que vos familles !








ANGÉLUS BENOÎT XVI


JANVIER 2013



SOLENNITÉ DE MARIE SAINTE MÈRE DE DIEU

435
XLVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX



Mardi 1er janvier 2013



Chers frères et soeurs,

Bonne année à tous ! En ce premier jour de 2013 je voudrais faire parvenir à chaque homme et à chaque femme du monde la bénédiction de Dieu. Je le fais avec l’ancienne formule contenue dans l’Écriture Sainte : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce ! Que le Seigneur te découvre sa face et t'apporte la paix ! » (
NM 6,24-26).

De même que la lumière et la chaleur du soleil sont une bénédiction pour la terre, ainsi la lumière de Dieu l’est pour l’humanité, quand il fait briller sa face sur celle-ci. Et cela a eu lieu avec la naissance de Jésus Christ ! Dieu a fait resplendir sa face pour nous: au début de manière humble, cachée — à Bethléem seuls Marie et Joseph et quelques pasteurs furent les témoins de cette révélation — ; mais peu à peu, comme le soleil qui de l’aube arrive à midi, la lumière du Christ s’est accrue et s’est diffusée partout. Déjà pendant le bref temps de sa vie terrestre, Jésus de Nazareth a fait resplendir la face de Dieu sur la Terre Sainte ; et ensuite, à travers l’Eglise animée par son Esprit, il a étendu à toutes les nations l’Évangile de la paix. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2,14). Tel est le chant des anges à Noël, et c’est le chant des chrétiens sous tous les cieux ; un chant qui des coeurs et des lèvres passe dans les gestes concrets, dans les actions de l’amour qui construisent le dialogue, la compréhension et la réconciliation.

C’est pourquoi, huit jours après Noël, quand l’Église, comme la Vierge Marie sa Mère, montre au monde Jésus nouveau-né, Prince de la paix, nous célébrons la Journée mondiale de la paix. Oui, cet Enfant, qui est le Verbe de Dieu fait chair, est venu apporter aux hommes une paix que le monde ne peut pas donner (cf. Jn Jn 14,27). Sa mission est d’abattre le « mur d’inimitié » (cf. Ep Ep 2,14). Et quand, sur les rives du Lac de Galilée, Il proclame ses Béatitudes, parmi celles-ci on trouve également « heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9). Qui sont les artisans de paix ? Ce sont tous ceux qui, jour après jour, cherchent à vaincre le mal avec le bien, avec la force de la vérité, avec les armes de la prière et du pardon, avec le travail honnête et bien fait, avec la recherche scientifique au service de la vie, avec les oeuvres de miséricorde corporelle et spirituelle. Les artisans de paix sont nombreux, mais ils ne font pas de bruit. Comme le levain dans la pâte, ils font croître l’humanité selon le dessein de Dieu.

Dans ce premier Angelus de l’année nouvelle, nous demandons à la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, qu’elle nous bénisse, comme une mère bénit ses enfants qui doivent partir en voyage. Une nouvelle année est comme un voyage : avec la lumière et la grâce de Dieu, puisse-t-elle être un chemin de paix pour chaque homme et chaque famille, pour chaque pays et pour le monde entier.

À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs !

436 J’adresse à tous mes voeux les plus cordiaux pour l’année nouvelle : qu’elle puisse vraiment être une bonne année, et elle le sera si nous accueillons en nous et parmi nous l’amour que le Christ nous a donné. Avec gratitude, je présente mes meilleurs voeux au président de la République italienne et à toute la nation, ainsi qu’aux différentes autorités qui m’ont fait parvenir des messages de voeux.

Je renouvelle mon salut affectueux aux jeunes venus à Rome pour la Rencontre européenne de la Communauté de Taizé. J’exprime ma proximité spirituelle aux initiatives ecclésiales à l’occasion de la Journée mondiale de la paix d’aujourd’hui : je pense, en particulier, à la marche nationale qui a eu lieu hier à Lecce, ainsi qu’à celle de ce matin à Rome, animée par la Communauté de Sant’Egidio. Je salue les adhérents au Mouvement de l’amour familial qui ont veillé cette nuit en prière sur la place Saint-Pierre, également à Milan et à L’Aquila. Je répète à tous les paroles de Jésus : « Heureux les artisans de paix » !

Je suis heureux de saluer les francophones en ce premier jour de l’année civile où nous célébrons la Vierge Marie, Mère de Dieu. Nous louons sa foi profonde et son « oui » sans réserve à la volonté divine. Par elle, Dieu s’est rendu visible en Jésus, et nous pouvons voir son visage ! Marie a donné au monde le Sauveur, le Prince de la Paix. Qu’elle intercède auprès de son Fils pour que nous trouvions les chemins de la réalisation de la paix ! Tout au long de cette année, puissions-nous devenir des artisans de paix, et des témoins de l’amour de Dieu pour tous les hommes d’aujourd’hui. Bonne et Sainte année à tous !



SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE


Dimanche 6 janvier 2013

Chers frères et soeurs,

Veuillez excuser mon retard. J’ai ordonné quatre nouveaux évêques dans la basilique Saint-Pierre et le rite a duré un peu plus longtemps. Mais nous célébrons surtout aujourd’hui l’Épiphanie du Seigneur, sa manifestation aux nations, alors que, selon le calendrier Julien, de nombreuses Églises orientales fêtent Noël. Cette légère différence, qui fait se superposer les deux moments, fait ressortir que cet Enfant, né dans l’humilité de la grotte de Bethléem, est la lumière du monde, qui oriente la route de tous les peuples. C’est un rapprochement qui fait réfléchir aussi du point de vue de la foi : d’une part, à Noël, devant Jésus, nous voyons la foi de Marie, de Joseph et des bergers ; aujourd’hui, à l’Épiphanie, la foi des trois Mages, venus d’Orient, pour adorer le roi des juifs.

La Vierge Marie, et son époux, représentent la « souche » d’Israël, le « reste » annoncé par les prophètes, dont devait germer le Messie. Les Mages représentent en revanche les peuples et nous pouvons dire aussi les civilisations, les cultures, les religions qui sont pour ainsi dire en marche vers Dieu, à la recherche de son Royaume de paix, de justice, de vérité et de liberté. Il y a tout d’abord un noyau, personnifié en particulier par Marie, la « Fille de Sion » : un noyau d’Israël, le peuple qui connaît et a foi en ce Dieu qui s’est révélé aux patriarches, et sur la route de l’histoire. Cette foi arrive à son achèvement dans Marie, à la plénitude des temps ; en elle, « bienheureuse parce qu’elle a cru », le Verbe s’est fait chair, Dieu est « apparu » dans le monde. La foi de Marie devient les prémices et le modèle de la foi de l’Église, peuple de la Nouvelle alliance. Mais dès le début, ce peuple est universel, et nous le voyons aujourd’hui dans les figures des Mages qui arrivent à Bethléem en suivant la lumière d’une étoile et les indications des Saintes Écritures.

Saint Léon le Grand affirme : « Autrefois, une descendance innombrable qui aurait été engendrée non selon la chair mais selon la fécondité de la foi a été promise à Abraham » (Discours 3 pour l’Épiphanie, 1 : pl 54, 240). La foi de Marie peut être rapprochée de la foi d’Abraham : c’est le commencement nouveau de la même promesse, du même immuable dessein de Dieu, qui trouve à présent son plein accomplissement en Jésus Christ. Et la lumière du Christ est si limpide, et forte qu’elle rend intelligible aussi bien le langage du cosmos que celui des Écritures si bien que tous ceux qui, comme les Mages, sont ouverts à la vérité peuvent la reconnaître et arriver à contempler le Sauveur du monde. Saint Léon dit encore : « Qu’elle entre, qu’elle entre donc dans la famille des patriarches la grande foule des nations (…). Que tous les peuples (…) adorent le Créateur de l’univers, et que Dieu soit connu non seulement en Judée, mais par toute la terre » (ibid.). Nous pouvons aussi voir dans cette perspective les ordinations épiscopales que j’ai eu la joie de conférer ce matin en la basilique Saint-Pierre : deux des nouveaux évêques resteront au service du Saint-Siège, et les deux autres partiront pour être des représentants pontificaux auprès de deux Nations. Prions pour chacun d’eux, pour leur ministère, et afin que la lumière du Christ resplendisse sur le monde entier.

À l'issue de l'Angélus

437 Chers frères et soeurs !

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones et particulièrement nos frères chrétiens d’Orient qui célèbrent le Saint Noël. Je salue également ceux d’entre vous qui sont venus pour l’ordination de Monseigneur Thevenin. L’Épiphanie manifeste que le salut apporté par le Christ est pour tous. En adorant cet Enfant, c’est-à-dire en croyant qu’il est Dieu, notre Sauveur et notre Roi, recevons la mission qu’il nous confie : le faire connaître à ceux qui nous entourent. Soyons comme une étoile pour les personnes qui cherchent l’espérance et repartons de la crèche comblés de la joie de Noël ! Bonne fête à tous !

Je souhaite à tous une bonne fête, dans la lumière et dans la paix du Noël de Notre Seigneur Jésus Christ! Merci! Bonne fête et beaucoup de joie.



FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR


Dimanche 13 janvier 2012

Chers frères et soeurs!

Avec ce dimanche après l’Epiphanie se conclut le Temps liturgique de Noël : temps de lumière, la lumière du Christ qui, comme nouveau soleil apparu sur l’horizon de l’humanité, disperse les ténèbres du mal et de l’ignorance. Nous célébrons aujourd’hui la fête du baptême de Jésus : cet enfant, fils de la Vierge, que nous avons contemplé dans le mystère de sa naissance, nous le voyons aujourd’hui adulte s’immergeant dans les eaux du fleuve du Jourdain, et sanctifier ainsi toutes les eaux de l’univers tout entier — comme le met en évidence la tradition orientale. Mais pourquoi Jésus, en qui il n’y avait pas l’ombre du péché, est-il allé se faire baptiser par Jean ? Parce qu’il voulait accomplir ce geste de pénitence et de conversion, avec toutes les personnes qui ainsi voulaient se préparer à la venue du Messie ? Ce geste — qui marque le commencement de la vie publique du Christ — est dans la même ligne que l’Incarnation, la descente de Dieu du plus haut des cieux jusqu’à l’abîme des enfers. Le sens de ce mouvement d’abaissement divin se résume en un seul mot : amour, qui est le nom même de Dieu. L’apôtre Jean écrit : « Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui », et il l’a envoyé « comme la victime offerte pour nos péchés » (1Jn 4,9-10). Voici pourquoi le premier acte public de Jésus fut de recevoir le baptême de Jean, qui a dit, en le voyant arriver : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

L’évangéliste Luc raconte qu’alors que Jésus priait, après avoir reçu le baptême, « le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : “C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré” » (3, 21-22). Ce Jésus est le Fils de Dieu qui est totalement plongé dans la volonté d’amour du Père. Ce Jésus est Celui qui mourra sur la croix et ressuscitera par la puissance de l’Esprit qui aujourd’hui descend sur Lui et le consacre. Ce Jésus est l’homme nouveau qui veut vivre en fils de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour ; l’homme qui, en face du mal du monde, choisit la voie de l’humilité et de la responsabilité, choisit non pas de se sauver lui-même, mais d’offrir sa vie pour la vérité et la justice. Être chrétiens signifie vivre ainsi, mais ce genre de vie comporte une renaissance : renaître d’en-haut, de Dieu, de la Grâce. Cette renaissance est le baptême, que le Christ a donné à l’Église pour régénérer les hommes à une vie nouvelle. Un texte ancien attribué à saint Hippolyte l’affirme : « Qui descend avec foi dans ce bain de régénération, renonce au diable et se range avec le Christ, renie l’ennemi et reconnaît que le Christ est Dieu, se déshabille de l’esclavage et revêt l’adoption filiale» (Discours sur l’Épiphanie, 10 : ).

Selon la tradition, ce matin, j’ai eu la joie de baptiser un bon groupe d’enfants qui sont nés ces derniers trois ou quatre mois. À cette occasion, je voudrais étendre ma prière et ma bénédiction à tous les nouveau-nés ; mais surtout inviter tous à nous rappeler de notre baptême, de cette renaissance spirituelle qui nous a ouvert le chemin de la vie éternelle. Que chaque chrétien puisse, en cette Année de la foi, redécouvrir la beauté d’être renés d’en-haut, de l’amour de Dieu, et de vivre comme fils de Dieu.

À l'issue de l'Angélus :

438 Chers frères et soeurs !

Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale du migrant et du réfugié. Dans le message de cette année, j’ai comparé les migrations à un « pèlerinage de foi et d’espérance ». Celui qui quitte sa terre le fait parce qu’il espère en un avenir meilleur, mais il le fait aussi parce qu’il a confiance en Dieu qui guide les pas de l’homme, comme Abraham. Ainsi, les migrants sont porteurs de foi et d’espérance dans le monde. À chacun d’eux, j’adresse aujourd’hui mon salut, avec une prière spéciale et ma bénédiction. Je salue en particulier les communautés catholiques de migrants présentes à Rome, et je les confie à la protection de sainte Cabrini et du bienheureux Scalabrini.

Chers pèlerins francophones, la fête du baptême de Jésus nous fait nous souvenir de notre baptême. Ce jour-là, nous sommes devenus enfants de Dieu, appelés à être dans le monde des témoins de l’amour de Dieu pour chaque personne. Cette mission est importante alors que nous célébrons la Journée internationale du migrant et du réfugié. Que partout, ces personnes puissent être accueillies et aidées pour qu’elles aient chacune, ainsi que leur famille, une existence digne. Comme Jésus, soyons proches de ceux qui souffrent et n’ont pas de voix pour se faire entendre. Il bénira chaque geste de charité. Bon dimanche à tous !



Dimanche 20 janvier 2013

20113
Chers frères et soeurs!


La liturgie propose aujourd’hui l’Evangile des noces de Cana, un épisode raconté par Jean, témoin oculaire de l’événement. Un tel épisode a été placé ce dimanche qui suit immédiatement le temps de Noël, parce qu’avec la visite des Mages d’Orient, et avec le Baptême de Jésus, il forme la trilogie de l’Epiphanie, c’est-à-dire de la manifestation du Christ. Le signe des noces de Cana est en effet le «premier des signes» (
Jn 2,11), c’est-à-dire le premier miracle accompli par Jésus, par lequel il a manifesté en public sa gloire, suscitant la foi de ses disciples. Rappelons brièvement ce qui s’est passé au cours de cette fête de noces à Cana de Galilée. Il se produisit que le vin vint à manquer, et Marie, la Mère de Jésus, le fit remarquer à son Fils. Il lui répliqua que son heure n’était pas encore venue; mais ensuite, il répondit à la sollicitation de Marie et, après avoir fait remplir d’eau six grandes amphores, il transforma l’eau en vin, un vin excellent, meilleur que le précédent. Par ce «signe», Jésus se révèle comme l’Epoux messianique, venu établir avec son peuple l’Alliance nouvelle et éternelle, selon les paroles des prophètes: «C'est la joie de l'époux au sujet de l'épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet» (Is 62,5). Et le vin est le symbole de cette joie de l’amour; mais c’est aussi une allusion au sang que Jésus versera à la fin, pour sceller son pacte nuptial avec l’humanité.

L’Eglise est l’épouse du Christ, qui la rend sainte et belle par sa grâce. Cependant, cette épouse, formée d’êtres humains, a toujours besoin de purification. Et l’une des fautes les plus graves qui défigurent le visage de l’Eglise est celle contre son unité visible, en particulier les divisions historiques qui ont séparé les chrétiens et qui n’ont pas encore été surmontées. Précisément ces jours-ci, du 18 au 25 janvier, se déroule la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens annuelle, un temps toujours apprécié par les chrétiens et les communautés, qui réveille en tous le désir et l’engagement spirituel pour la pleine communion. Dans ce sens, la veillée que j’ai pu célébrer il y a environ un mois, sur cette place, avec des milliers de jeunes de toute l’Europe et avec la communauté oecuménique de Taizé, a été très significative: un moment de grâce au cours duquel nous avons fait l’expérience de la beauté de faire un dans le Christ. Je vous encourage tous à prier ensemble afin que nous puissions réaliser «ce que le Seigneur nous demande» (cf. Mi Mi 6,6-8), comme le dit cette année le thème de la Semaine; un thème proposé par des communautés chrétiennes d’Inde qui invitent à s’engager de façon décidée vers l’unité visible entre tous les chrétiens et à surmonter, comme des frères en Christ, tout type de discrimination injuste. Vendredi prochain, au terme de ces journées de prière, je présiderai les Vêpres dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en présence des représentants des autres Eglises et communautés ecclésiales.

Chers amis, à la prière pour l’unité des chrétiens, je voudrais ajouter encore une fois celle pour la paix, afin que, dans les différents conflits hélas en cours, cessent les ignobles massacres des civils sans défense, que soit mis un terme à toute violence, et que l’on trouve le courage du dialogue et de la négociation. Invoquons l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, médiatrice de grâce.

À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs!

En cette semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, chers pèlerins francophones, demandons à Dieu le don de l’unité pour laquelle Jésus a prié. Engageons-nous concrètement à nous aimer les uns les autres afin que le monde croie. Que le Seigneur nous obtienne, particulièrement en cette Année de la Foi, la conversion du coeur et de l’esprit pour que la communion entre les baptisés soit effective. Bon dimanche à tous!



Dimanche 27 janvier 2013

27113
Chers frères et soeurs,


La liturgie de ce jour nous présente, réunis, deux passages distincts de l’Evangile de Luc. Le premier (
Lc 1,1-4) est le prologue, adressé à un certain «Théophile»; étant donné que ce nom en grec signifie «ami de Dieu», nous pouvons voir en lui tout croyant qui s’ouvre à Dieu et veut connaître l’Evangile. Le second passage (Lc 4,14-21), nous présente en revanche Jésus qui «avec la puissance de l’Esprit» se rendit dans la synagogue de Nazareth pour le shabbat. En bon observateur de la loi, le Seigneur ne se dérobe pas au rythme liturgique hebdomadaire et s’unit à l’assemblée de ses compatriotes dans la prière et dans l’écoute des Ecritures. Le rite prévoit la lecture d’un texte de la Torah ou des Prophètes, suivie d’un commentaire. Ce jour-là, Jésus se leva pour lire et trouva un passage du prophète Isaïe qui commence ainsi: «L’esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a donné l’onction; il m’a envoyé porter la nouvelle aux pauvres» (Is 61,1-2). Origène commente: «Ce n’est pas par hasard qu’il a ouvert le rouleau et trouvé le chapitre de la lecture qui prophétise sur lui, mais ce fut une action de la providence de Dieu» (Homélie sur l’Evangile de Luc 32,3). Jésus, en effet, une fois terminée la lecture, dans un silence chargé d’attention, dit: «Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture» (Lc 4,21). Saint Cyrille d’Alexandrie affirme que l’«aujourd’hui», placé entre la première et la dernière venue du Christ, est lié à la capacité du croyant à écouter et à reconnaître ses torts (cf. PG 69,1241). Mais, dans un sens plus radical encore, Jésus lui-même est «l’aujourd’hui» du salut dans l’histoire, parce qu’il accomplit la plénitude de la rédemption. Le terme «aujourd’hui», très cher à saint Luc (cf. Lc 19,9 Lc 23,43), nous rapporte au titre christologique préféré par l’évangéliste lui-même, c’est-à-dire «sauveur» (soter). Dès les récits de l’enfance, il est présenté dans les paroles de l’ange aux bergers: «Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David» (Lc 2,11).

Chers amis, ce passage nous interpelle «aujourd’hui» nous aussi. Tout d’abord, il nous fait penser à notre façon de vivre le dimanche: jour du repos et de la famille, mais avant tout jour à dédier au Seigneur, en participant à l’Eucharistie, dans laquelle nous nous nourrissons du Corps et du Sang du Christ et de sa Parole de vie. En second lieu, à notre époque de dispersion et de distraction, cet Evangile nous invite à nous interroger sur notre capacité d’écoute. Avant de pouvoir parler de Dieu et avec Dieu, il faut l’écouter, et la liturgie de l’Eglise est l’«école» de cette écoute du Seigneur qui nous parle. Enfin, il nous dit que chaque moment peut devenir un «aujourd’hui» propice pour notre conversion. Chaque jour (kathemeran) peut devenir l’aujourd’hui salvifique, car le salut est l’histoire qui continue pour l’Eglise et pour chaque disciple du Christ. C’est le sens chrétien du «carpe diem»: cueille l’aujourd’hui où Dieu t’appelle pour te donner le salut!

Que la Vierge Marie soit toujours notre modèle et notre guide pour savoir reconnaître et accueillir, chaque jour de notre vie, la présence de Dieu, notre Sauveur et celui de toute l’humanité.


APPEL

Nous célébrons aujourd’hui la «Journée de la mémoire», en souvenir de l’Holocauste des victimes du nazisme. La mémoire de cette effroyable tragédie, qui a frappé si durement surtout le peuple juif, doit représenter pour tous un avertissement constant afin que ne se répètent plus les horreurs du passé, que l’on dépasse toute forme de haine et de racisme et que soient promus le respect et la dignité de la personne humaine.

À l’issue de l’Angélus

Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd’hui également la 60e Journée mondiale des malades de la lèpre. J’exprime ma proximité aux personnes qui souffrent de ce mal et j’encourage les chercheurs, les professionnels de la santé et les volontaires, en particulier ceux qui font partie d’organisations catholiques et de l’Association des Amis de Raoul Follereau. J’invoque pour tous le soutien spirituel de saint Damien de Veuster et de sainte Marianne Cope, qui ont donné leur vie pour les malades de la lèpre.

Ce dimanche est aussi une Journée spéciale d’intercession pour la paix en Terre Sainte. Je remercie ceux qui la promeuvent dans différentes parties du monde et je salue en particulier ceux qui sont présents ici.

Aujourd’hui comme hier, chers pèlerins francophones, le Seigneur nous invite à l’écouter en devenant plus familier de l’Ecriture Sainte. Puissions-nous trouver dans la Parole de Dieu la lumière pour éclairer nos choix et fortifier notre engagement à vivre en chrétien! Prenons le temps de lire et de méditer l’Evangile où Jésus parle et agit dans des situations semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui. Que son enseignement et sa manière d’être, libre et fidèle à sa mission, nous interpelle et nous encourage! Bon dimanche à tous!

Merci! Et maintenant libérons les colombes, symbole de l’Esprit de Dieu, qui donne la paix à ceux qui accueillent son amour. Essayons de libérer ces colombes!

Voilà, nous avons réussi! Bon dimanche à vous tous, bonne semaine. Merci!



Dimanche 3 février 2013

30213 Chers frères et soeurs,

L’Évangile d’aujourd’hui — tiré du chapitre 4 de saint Luc — se situe dans le prolongement de celui de dimanche dernier. Nous nous trouvons encore dans la synagogue de Nazareth, le village où Jésus a grandi et où tous les connaissent, lui et sa famille. Or, après une période d’absence, il revient d’une façon nouvelle : au cours de la liturgie du sabbat, il lit une prophétie d’Isaïe sur le Messie, et il en annonce l’accomplissement, laissant entendre que cette parole se réfère à Lui, qu’Isaïe a parlé de Lui. Ce fait suscite l’étonnement des Nazaréens : d’une part, « tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (
Lc 4,22) ; saint Marc rapporte que beaucoup disaient : « D’où cela lui vient-il ? Et qu’est-ce que cette sagesse qui lui a été donnée ? » (Mc 6,2). Mais d’autre part, ses concitoyens le connaissent trop bien : « C’est un homme comme nous, disent-ils. Sa prétention ne peut être que présomption » (cf. L’Enfance de Jésus, n. 11). « N’est-il pas le fils de Joseph ? » (Lc 4,22), cela revient à dire : quelles aspirations peut bien avoir un charpentier de Nazareth ?

Justement parce qu’il connaît cette fermeture, qui confirme le proverbe « nul n’est prophète en son pays », dans la synagogue, Jésus adresse aux gens des paroles qui résonnent comme une provocation. Il cite deux miracles accomplis par les grands prophètes Élie et Élysée en faveur de personnes qui n’étaient pas des Israélites, pour démontrer qu’il arrive qu’il y ait davantage de foi en dehors d’Israël. À ce moment-là, la réaction est unanime : tous se lèvent et le chassent, et ils essaient même de le jeter du haut d’un précipice, mais Lui, avec un calme souverain, traverse la foule furieuse et s’en va. On se demande spontanément à ce moment-là : comment se fait-il que Jésus ait voulu provoquer cette rupture ? Au commencement, les gens l’admiraient, et il aurait peut-être pu obtenir une certaine approbation… Mais c’est précisément toute la question : Jésus n’est pas venu pour chercher l’approbation des hommes mais, comme il le dira à la fin à Pilate, pour « rendre témoignage à la vérité » (Jn 18,37). Le vrai prophète n’obéit à personne d’autre qu’à Dieu et il se met au service de la vérité, prêt à payer de sa personne. Il est vrai que Jésus est le prophète de l’amour, mais l’amour a sa vérité. Amour et vérité sont même les deux noms de la même réalité, deux noms de Dieu. Dans la liturgie d’aujourd’hui résonnent aussi ces paroles de saint Paul : « La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité » (1Co 13,4-6). Croire en Dieu signifie renoncer à ses préjugés et accueillir le visage concret par lequel Il s’est révélé : l’homme Jésus de Nazareth. Et cette voie conduit aussi à le reconnaître et à le servir dans les autres.

C’est en cela que l’attitude de Marie est éclairante. Qui plus qu’elle a connu l’humanité de Jésus ? Mais elle n’en a jamais été scandalisée comme ses concitoyens de Nazareth. Elle conservait le mystère en son coeur et elle a su l’accueillir toujours davantage et toujours à nouveau, sur le chemin de la foi, jusqu’à la nuit de la croix et à la pleine lumière de la résurrection. Que Marie nous aide nous aussi à marcher avec fidélité et avec joie sur ce chemin.

À l’issue de l’Angélus

Chers frères et soeurs,

En ce premier dimanche de février est célébrée en Italie la « Journée de la vie ». Je m’associe aux évêques italiens qui dans leur message invitent à investir sur la vie et sur la famille, également comme réponse efficace à la crise actuelle. Je salue le Mouvement pour la vie et je souhaite le succès de l’initiative intitulée « L’un d’entre nous », afin que l’Europe soit toujours le lieu où chaque être humain est protégé dans sa dignité. Je salue les représentants des facultés de médecine et de chirurgie des universités de Rome, en particulier les professeurs d’obstétrique et de gynécologie, accompagnés par le cardinal-vicaire, et je les encourage à former les agents du monde de la santé à la culture de la vie.

Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les Scouts Unitaires de France. La fête de la Vie consacrée célébrée hier nous invite à entendre l’appel du Seigneur et à y répondre avec confiance et générosité. Rendons grâce et prions pour tous les consacrés, afin qu’ils grandissent dans la sainteté. Leur témoignage nous entraîne à faire une large place à Dieu dans notre vie par la prière, la messe dominicale, la lecture de sa Parole. Notre foi plus vivante pourra changer notre coeur ! Bon dimanche à tous !



Angelus Benoit XVI 26122