Discours 2005-2013 16505

AUX PÈLERINS VENUS À ROME POUR LA BÉATIFICATION D' ASCENSIÓN NICOL GOÑI ET DE MARIANNE COPE Lundi 16 mai 2005

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Chers frères et soeurs,

Je vous accueille avec joie aujourd'hui, vous tous qui êtes venus participer au rite de béatification de Mère Ascensión del Corazón de Jesús Nicol Goñi et de Mère Marianne Cope, qui s'est déroulé samedi après-midi dans la Basilique vaticane. Témoins exemplaires de la charité du Christ, ces deux nouvelles bienheureuses nous aident à mieux comprendre le sens et la valeur de notre vocation chrétienne.

Chers pèlerins, vous êtes venus à Rome pour revivre le message missionnaire laissé à l'Eglise, à travers sa vie et son oeuvre, par Mère Ascensión del Corazón de Jesús Nicol Goñi, qui vient d'être proclamée bienheureuse. Je vous invite à conserver dans votre coeur l'ardeur apostolique, née de l'amour pour Jésus, que Mère Ascensión vécut et sut transmettre à ses filles spirituelles.

En saluant cordialement mes frères dans l'épiscopat, les diverses autorités et les fidèles qui ont participé à cet événement significatif, je m'adresse de manière particulière aux Missionnaires dominicaines du Rosaire qui, à l'exemple de leur Bienheureuse fondatrice, nous aident à revivre, à notre époque, l'esprit de saint Dominique. Conservez vivante l'expérience de la proximité de Dieu dans la vie missionnaire - "combien l'on se sent proche de Dieu" disait la Mère -, l'esprit de fraternité de vos communautés, disposées à aller là où l'Eglise a le plus besoin de vous, avec cet esprit entreprenant qui conduisit la Mère Ascensión jusqu'aux arides terres du vicariat de Puerto Maldonado.

Je salue les pèlerins de ce vicariat apostolique et d'autres régions péruviennes, qui virent mûrir un fruit précieux d'authentique évangélisation, cultivé avec soin en particulier par des mains féminines. Et je salue également les pèlerins venus de Navarre, la terre natale de la nouvelle bienheureuse, et d'autres parties d'Espagne, où la semence de la foi s'est profondément enracinée et a donné tant de missionnaires dans toutes les parties du monde.

La cérémonie a eu lieu à une date très significative pour les missionnaires et pour toute l'Eglise: la veille de Pentecôte, moment où, sous l'impulsion de l'Esprit Saint, tous les disciples de Jésus partirent sans crainte pour proclamer partout et publiquement l'enseignement du Maître. Depuis lors, d'autres personnes ont accueilli le mandat missionnaire, plaçant leurs énergies au service de l'Evangile. Parmi eux la Mère Ascensión, qui se laissa à son tour enflammer par le feu de la Pentecôte et qui s'engagea à le diffuser dans le monde.

Qu'elle intercède à présent pour vous tous, afin que vous apportiez au monde la lumière qui donna sa splendeur à sa vie et la joie à son coeur!

Je vous bénis tous avec une grande affection. Merci.

C'est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue à Rome, chers frères et chères soeurs, à l'occasion de la béatification de Mère Marianne Cope. Je sais que votre participation à la liturgie solennelle de samedi, profondément significative pour l'Eglise universelle, sera une source de grâce et d'engagement renouvelés pour l'exercice de la charité qui caractérise la vie de chaque chrétien.

Marianne Cope a conduit une vie de foi et d'amour profonds, qui a eu pour fruit un esprit missionnaire riche d'une espérance et d'une confiance immenses. En 1862, elle entra dans la Congrégation des Soeurs franciscaines de Syracuse, où elle s'imprégna de la spiritualité particulière de saint François d'Assise, se consacrant généreusement à des oeuvres de miséricorde spirituelles et matérielles. Son expérience personnelle de vie consacrée donna lieu à un apostolat extraordinaire, riche de vertus héroïques.

14 Comme on le sait, alors que Mère Marianne était Supérieure générale de sa Congrégation, l'Evêque d'Honolulu de l'époque invita l'Ordre à se rendre aux Iles Hawaï et à oeuvrer parmi les lépreux. La lèpre se diffusait rapidement et causait une douleur et une misère indicibles parmi ceux qui en avaient été frappés. Cinquante autres Congrégations reçurent la même supplique, mais seule Mère Marianne, au nom de ses soeurs, répondit affirmativement. Fidèle au charisme de l'Ordre, à l'imitation de saint François, qui avait embrassé les lépreux, Mère Marianne se consacra volontairement à cette mission en prononçant un "oui" confiant. Pendant trente-cinq ans, jusqu'à sa mort en 1918, notre bienheureuse consacra sa vie à l'amour et au service des lépreux sur les îles de Maui et de Molokai.

Humainement parlant, la générosité de Mère Marianne fut sans aucun doute exemplaire. Toutefois, les bonnes intentions et l'altruisme ne suffisent pas à eux seuls à expliquer de manière adéquate sa vocation. C'est seulement la perspective de la foi qui nous permet de comprendre son témoignage - en tant que chrétienne et religieuse - de cet amour sacrificiel qui atteint sa plénitude en Jésus Christ. Dans tout ce qu'elle accomplit, elle fut inspirée par un amour personnel pour le Seigneur, qu'elle exprima à son tour à travers son amour pour les plus malheureux des laissés-pour-compte et des marginaux de la société.

Chers frères et chères soeurs, laissons-nous inspirer aujourd'hui par la bienheureuse Marianne Cope pour renouveler notre engagement à parcourir la voie de la sainteté!

Je prie afin que votre pèlerinage ici, à Rome, représente un moment d'enrichissement spirituel et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers aux membres de vos familles qui sont restés chez eux, en particulier à ceux qui sont malades et qui souffrent.

Que la Vierge Marie obtienne pour nous le don d'une fidélité constante à l'Evangile. Qu'Elle nous aide à suivre l'exemple des nouvelles bienheureuses et à tendre sans nous lasser vers la sainteté. A vous tous ici présents, et aux personnes qui vous sont chères, je donne ma bénédiction.


À S.E. M. BARTOLOMEJ KAJTAZI, AMBASSADEUR DE L'EX-RÉPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE PRÈS LE SAINT-SIÈGE


Jeudi 19 mai 2005
Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui et d'accepter les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'ex-République yougoslave de Macédoine près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les salutations chaleureuses que vous m'avez transmises de la part du Président M. Crvenkovski. J'y réponds avec plaisir et j'assure le gouvernement et les citoyens de votre nation de mes prières pour la paix et le bien-être du pays.
La fête des saints Cyrille et Méthode qui, avec les saints Benoît, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Thérèse Bénédicte de la Croix, sont les grands patrons de l'Europe, est marquée par une visite annuelle à Rome d'une délégation de votre pays. Cet événement hautement symbolique rappelle le profond intérêt que les Papes Nicolas I, Adrien II et Jean VIII eurent pour les Apôtres des Slaves, en les encourageant à accomplir leur activité missionnaire avec fidélité et créativité. De même que Cyrille et Méthode reconnurent le besoin urgent de traduire correctement les notions bibliques et les concepts théologiques grecs dans un cadre très différent de pensée et d'expérience historique, aujourd'hui, la tâche principale à laquelle les chrétiens d'Europe doivent faire face consiste à apporter la noble lumière de la Révélation sur tout ce qui est bon, vrai et beau. De cette façon, tous les peuples et nations seront attirés vers la paix et la liberté que Dieu le Créateur désire pour tous.

Je reconnais avec des sentiments de gratitude que votre nation a réaffirmé son engagement à instaurer un chemin de paix et de réconciliation. Ce faisant, elle peut devenir un exemple pour les autres dans la région des Balkans. De façon tragique, les différences culturelles ont souvent été une source d'incompréhension entre les peuples, et même une cause de conflits et de guerres absurdes. En effet, le dialogue entre les cultures est une composante indispensable de l'édification de la civilisation universelle de l'amour à laquelle aspire chaque homme et femme. Je vous encourage donc, ainsi que vos citoyens, à affirmer les valeurs fondamentales communes à toutes les cultures; communes, parce qu'elles trouvent leur source dans la nature profonde de la personne humaine. De cette façon, se consolide la recherche de la paix, en vous permettant de consacrer toutes vos ressources humaines et spirituelles au progrès matériel et moral de votre peuple, dans un esprit de collaboration fructueuse avec les pays voisins.

Monsieur l'Ambassadeur, vous avez mentionné que le but de l'intégration sociale que votre gouvernement poursuit courageusement vous rapproche de façon légitime du reste de l'Europe. En effet, vos traditions et votre culture y trouvent un écho naturel et appartiennent à l'esprit qui imprègne ce continent. Comme l'a dit mon bien-aimé prédécesseur en de nombreuses occasions: L'Europe a besoin des nations des Balkans et celles-ci ont besoin de l'Europe! L'entrée dans la Communauté européenne, ne devrait pas, toutefois, être perçue uniquement comme une panacée pour surmonter les difficultés économiques. Dans le processus d'élargissement de l'Union européenne, il est "capital" de rappeler que l'Union "n'aurait pas de consistance si elle était réduite à ses seules composantes géographiques et économiques". Au contraire, elle doit "avant tout consister en une harmonisation des valeurs appelées à s'exprimer dans le droit et dans la vie" (Ecclesia in Europa, n. 110). Cela exige à juste titre de chaque Etat une organisation correcte de la société, qui retrouve de façon créative l'âme de l'Europe, acquise à travers la contribution décisive du christianisme, en affirmant la dignité de la personne humaine et les valeurs de la raison, de la liberté, de la démocratie et de l'Etat de droit (cf. ibid., n. 109).

15 La population de votre pays a déjà beaucoup accompli dans la tâche difficile mais gratifiante d'assurer la cohésion et la stabilité sociales. Le développement authentique exige un programme national coordonné de développement, répondant aux aspirations légitimes de tous les secteurs de la société, et dont les responsables politiques et civils puissent rendre compte. L'histoire humaine nous enseigne constamment que si l'on veut que de tels programmes produisent un changement positif durable, ils doivent être fondés sur la protection des droits de l'homme, y compris ceux des minorités ethniques et religieuses, sur la pratique d'un gouvernement responsable et transparent, et sur le maintien de la loi et de l'ordre à travers un système judiciaire impartial et une force de police honnête. Sans ces fondements, l'espérance de véritable progrès demeure vaine.

Monsieur l'Ambassadeur, l'engagement de votre gouvernement en vue d'améliorer le bien-être social et économique de ses citoyens, offre aux jeunes générations une perspective de confiance et d'optimisme. La création d'opportunités éducatives est fondamentale dans cette promesse. Lorsque les écoles fonctionnent de façon professionnelle, que les équipes sont composées de personnes intègres, une espérance est offerte à tous, en particulier aux jeunes. L'éducation religieuse fait partie intégrante de cette formation. Celle-ci aide les jeunes à découvrir la pleine signification de l'existence humaine, en particulier l'importance fondamentale de la relation entre la liberté et la vérité (cf. Fides et Ratio
FR 90). En effet, la connaissance éclairée par la foi, loin de diviser les communautés, relie les peuples dans la recherche commune de la vérité qui fait de chaque être humain quelqu'un qui vit de croyance (cf. ibid., n. 31). J'encourage donc fortement le gouvernement à poursuivre son intention de permettre l'enseignement de la religion dans les écoles primaires.

L'Eglise catholique dans votre nation, bien que petite en nombre, désire atteindre, en coopération avec les autres communautés religieuses, tous les membres de la société de Macédoine, sans aucune distinction. Sa mission caritative, en particulier à l'égard des pauvres et de ceux qui souffrent, fait partie de son "engagement d'un amour actif et concret envers tout être humain". (Novo Millennio Ineunte NM 49) et elle est très appréciée dans votre pays. Je suis certain que l'Eglise est prête à contribuer encore davantage aux programmes de développement humain du pays, en promouvant les valeurs de la paix, de la justice, de la solidarité et de la liberté.

Votre Excellence, la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui renforcera plus encore les liens de compréhension et de coopération qui existent entre votre pays et le Saint-Siège. Soyez assuré que les divers bureaux de la Curie romaine vous assisteront dans l'accomplissement de vos fonctions. Avec mes meilleurs voeux, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple de votre nation, une abondance de Bénédictions divines.

PROJECTION DU FILM "KAROL, UN HOMME DEVENU PAPE"


À L'ISSUE DE LA PROJECTION DU FILM Jeudi 19 mai 2005



Chers frères et soeurs!

Je suis certain d'interpréter les sentiments communs en exprimant ma profonde gratitude à tous ceux qui ont voulu m'offrir ce soir, ainsi qu'à vous tous, la projection de ce film émouvant, qui reparcourt les étapes de la vie du jeune Karol Wojtyla, le suivant ensuite jusqu'à son élection comme Souverain Pontife sous le nom de Jean-Paul II. Je salue et je remercie le Cardinal Roberto Tucci, qui a présenté le film. J'adresse également une parole de profonde reconnaissance au réalisateur et au scénariste Giacomo Battiato, ainsi qu'aux acteurs, avec une pensée particulière pour Piotr Adamczyk, qui interprète le rôle principal, pour le producteur Pietro Valsecchi, et pour les Maisons de production Taodue et Mediaset. Je salue cordialement les autres Cardinaux, les Evêques, les prêtres, les Autorités et tous ceux qui sont présents à cette manifestation en l'honneur du bien-aimé Pontife disparu récemment. Nous nous le rappelons tous avec une profonde affection et une intime gratitude. Il aurait fêté, précisément hier, son 85 anniversaire.

"Karol, un homme devenu Pape", tel est le titre du film tiré d'un livre de Gian Franco Svidercoschi. La première partie, comme nous venons de le voir, met en évidence ce qui a eu lieu en Pologne sous l'occupation nazie, avec des références, provoquant parfois une très forte émotion, à la répression du peuple polonais et au génocide des juifs. Il s'agit de crimes atroces qui montrent tout le mal que renfermait l'idéologie nazie. Secoué par tant de douleur et tant de violence, le jeune Karol décida de donner un tournant à sa vie, en répondant à l'appel divin au sacerdoce. Le film montre des scènes et des épisodes dont le réalisme suscite chez le spectateur un frisson d'horreur instinctif et le poussent à réfléchir sur les abîmes de cruauté qui peuvent se cacher dans l'âme de l'homme. Dans le même temps, la révocation de telles aberrations ne peut manquer de raviver en chaque personne ayant des sentiments justes l'engagement à faire tout ce qui est en son pouvoir afin que ne se répètent jamais plus des épisodes de barbarie si inhumaine.

La projection d'aujourd'hui a lieu à quelques jours du 60 anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 8 mai 1945, se concluait cette tragédie inhumaine, qui avait semé la destruction et la mort en Europe et dans le monde, dans une proportion jamais vue auparavant. Il y a dix ans, Jean-Paul II écrivit que le deuxième conflit mondial apparaît toujours plus clairement comme "un suicide de l'humanité". Chaque fois qu'une idéologie totalisante écrase l'homme, c'est l'humanité tout entière qui se trouve sérieusement menacée. Au fil du temps, les souvenirs ne doivent pas s'amenuiser; ils doivent plutôt devenir une leçon sévère pour notre génération et pour les générations futures. Nous avons le devoir de rappeler, en particulier aux jeunes, jusqu'à quelles formes de violence inouïe peuvent arriver le mépris de l'homme et la violation de ses droits.

Comment ne pas lire à la lumière d'un providentiel dessein divin le fait que sur la chaire de Pierre, ait succédé à un Pontife polonais un citoyen de cette terre, l'Allemagne, où le régime nazi a pu s'affirmer avec une grande virulence, s'attaquant ensuite aux nations voisines, parmi lesquelles en particulier la Pologne? Dans leur jeunesse, ces deux Papes - bien que sur des fronts adverses et dans des situations différentes - ont dû affronter la barbarie de la Seconde Guerre mondiale et de la violence insensée d'hommes contre d'autres hommes, de peuples contre d'autres peuples. La lettre de réconciliation que, lors des derniers jours du Concile Vatican II, les Evêques polonais remirent ici, à Rome, aux Evêques allemands, contenait ces célèbres paroles qui continuent, aujourd'hui encore, à retentir dans notre âme: "Nous pardonnons et demandons pardon". Dans l'homélie de dimanche dernier, je rappelais aux nouveaux prêtres que "rien ne peut s'améliorer dans le monde si le mal n'est pas surmonté. Et le mal ne peut être surmonté qu'avec le pardon". Que la condamnation commune et sincère du nazisme comme du communisme athée, soit pour nous tous un engagement à construire la réconciliation et la paix sur le pardon. "Pardonner - rappelait encore le bien-aimé Jean-Paul II - ne signifie pas oublier" et il ajoutait que "si la mémoire est la loi de l'histoire, le pardon est la puissance de Dieu, la puissance du Christ qui agit dans la vie des hommes" (Insegnamenti de Jean-Paul II, XVII/2 [1994], p. 250). La paix est avant tout un don de Dieu, qui fait germer dans le coeur des hommes qui l'accueillent des sentiments d'amour et de solidarité.

Je souhaite que, grâce également au témoignage de Jean-Paul II, révoqué par cette production cinématographique significative, se renforce en tous l'intention d'oeuvrer, chacun dans son propre domaine et selon ses propres possibilités, au service d'une action de paix décisive en Europe et dans le monde entier. Je confie les voeux de paix que nous portons tous dans notre coeur à l'intercession maternelle de la Vierge Marie, particulièrement vénérée en ce mois de mai. Qu'Elle, la Reine de la paix, réconforte les efforts généreux de ceux qui veulent s'engager dans l'édification de la paix véritable sur les solides piliers de la vérité, de la justice, de la liberté et de l'amour. Avec ces sentiments, je donne à tous la Bénédiction apostolique.


À LA COMMUNAUTÉ DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE ECCLÉSIASTIQUE Vendredi 20 mai 2005

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Chers amis de l'Académie pontificale ecclésiastique,

C'est avec une joie particulière que je vous accueille, un mois après mon élection comme Successeur de Pierre. Certains d'entre vous se souviennent peut-être d'un autre moment vécu ensemble, à l'occasion de ma visite à votre Académie, il y a quelques années. Je vous salue tous cordialement et, en premier lieu, je salue votre Président, que je remercie pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées. Je désire avant tout vous remercier pour la générosité avec laquelle vous avez répondu à l'invitation qui vous a été adressée, vous mettant à disposition de l'Eglise et de son Pasteur suprême en vue d'un service particulier, comme l'est précisément le travail dans les Représentations pontificales. Il s'agit d'une mission particulière qui exige, comme pour toute forme de ministère sacerdotal, de se mettre fidèlement à la suite du Christ. A celui qui l'accomplit avec amour, est promis le centuple ici-bas et la vie éternelle (cf.
Mt 19,29).

Dans votre activité quotidienne, vous devrez vous engager à faire en sorte que les liens de communion des Eglises particulières avec le Siège apostolique soient toujours plus intenses et actifs. Vous vous préoccuperez dans le même temps de rendre présente et visible la sollicitude que le Successeur de Pierre a pour tous ceux qui font partie du troupeau du Seigneur, en particulier les personnes sans défense, les plus faibles et les personnes abandonnées. C'est pourquoi il est important qu'au cours de ces années de formation à Rome, vous renforciez votre sensus Ecclesiae, en assumant une forme ecclésiale dans toute votre personnalité, dans l'esprit et dans le coeur. Ayez à coeur de cultiver en vous les deux dimensions constitutives et complémentaires de l'Eglise: la communion et la mission, l'unité et la tension évangélisatrice. Au mouvement vers le centre et vers le coeur de l'Eglise doit correspondre un élan courageux qui vous conduise à témoigner aux Eglises particulières de ce trésor de vérité et de grâce, que le Christ a confié à Pierre et à ses successeurs. Ces dimensions de votre mission sont bien représentées par les deux Apôtres Pierre et Paul, qui ont versé leur sang à Rome. Au cours de votre séjour à l'Académie, efforcez-vous donc de devenir pleinement "romains", au sens ecclésial, c'est-à-dire sûrs et fidèles dans l'adhésion au Magistère et à la direction pastorale du Successeur de Pierre et, dans le même temps, cultivez l'élan missionnaire qui fut celui de Paul, préoccupés de coopérer à la diffusion de l'Evangile jusqu'aux extrémités du monde.

Nous avons tous été frappés par le fait que le témoignage du Pape Jean-Paul II a suscité un profond écho également parmi les populations non-chrétiennes, comme l'ont rapporté divers Nonces apostoliques dans leurs comptes-rendus. Cela confirme que là où le Christ est annoncé à travers la cohérence de la vie, il parle au coeur de tous, même des frères d'autres traditions religieuses. Comme je le disais il y a quelques jours au clergé romain, la mission de l'Eglise ne s'oppose pas au respect des autres traditions religieuses et culturelles. Le Christ n'ôte rien à l'homme, mais lui confère sa plénitude de vie, de joie et d'espérance. Vous êtes appelés vous aussi à "rendre raison" de cette espérance (cf. 1P 3,15) dans les divers contextes auxquels la Providence vous destine.

Pour accomplir de façon adéquate le service qui vous attend et que l'Eglise vous confie, une solide préparation culturelle est nécessaire, y compris la connaissance des langues, de l'histoire et du droit, ainsi qu'une savante ouverture aux diverses cultures. Il est également indispensable que, à un niveau plus profond encore, vous proposiez comme objectif fondamental de votre vie la sainteté et le salut des âmes que vous rencontrerez sur votre chemin. A cette fin, efforcez-vous, sans vous lasser, d'être des prêtres exemplaires, animés par une prière constante et intense, en cultivant l'intimité avec le Christ; soyez des prêtres selon le coeur du Christ et vous accomplirez votre ministère avec succès et fruit apostolique. Ne vous laissez jamais tenter par la logique de la carrière et du pouvoir.

J'adresse, enfin, un salut particulier à ceux d'entre vous qui quitteront d'ici peu l'Académie et assumeront leur première fonction dans les Représentations pontificales et, tandis que je leur assure un souvenir particulier dans la prière, je leur souhaite une mission pastorale féconde. J'invoque sur la communauté de l'Académie pontificale ecclésiastique tout entière la protection constante de la Très Sainte Vierge Marie et des Apôtres Pierre et Paul, et à vous tous, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, je donne avec affection ma Bénédiction apostolique.


AUX EVÊQUES DU RWANDA EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM» Samedi 21 mai 2005

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Chers Frères dans l'épiscopat,

Au moment où vous accomplissez votre pèlerinage au tombeau des Apôtres Pierre et Paul, je suis heureux de vous accueillir, vous à qui le Seigneur a confié la charge de guider son Eglise au Rwanda. Je remercie Monseigneur Alexis Habiyambere, Evêque de Nyundo, Président de votre Conférence épiscopale, pour ses paroles fraternelles. A travers vous, j'adresse un salut affectueux à vos communautés, exhortant prêtres et fidèles, durement éprouvés par le génocide de 1994 et par ses conséquences, à demeurer fermes dans la foi, à persévérer dans l'espérance que donne le Christ ressuscité, en surmontant toute tentation de découragement. Puisse l'Esprit de Pentecôte, répandu sur tout l'univers, féconder les efforts de ceux qui s'attachent à édifier la fraternité entre tous les Rwandais, dans un esprit de vérité et de justice!

Vos rapports quinquennaux font écho à l'oeuvre de l'Esprit, qui construit l'Eglise au Rwanda dans les vicissitudes de son histoire. Pour travailler activement à la paix et à la réconciliation, vous privilégiez notamment une pastorale de proximité, fondée sur l'engagement de petites communautés de laïcs dans la pastorale missionnaire de l'Eglise, en harmonie avec les pasteurs. Je vous encourage à soutenir ces communautés, pour que les fidèles accueillent les vérités de foi et ses exigences, développant ainsi une vie ecclésiale et spirituelle plus forte, sans se laisser détourner de l'Evangile du Christ, notamment par les nombreuses sectes présentes dans le pays. Travaillez sans relâche pour que l'Evangile pénètre toujours plus en profondeur le coeur et l'existence des croyants, invitant les fidèles à assumer toujours davantage leur responsabilité dans la société, en particulier dans le champ de l'économie et de la politique, avec un sens moral nourri par l'Evangile et par la doctrine sociale de l'Eglise.

Je salue les prêtres de vos diocèses, et les jeunes qui, avec générosité, se préparent à le devenir. Leur nombre est un vrai signe d'espérance pour l'avenir. Alors que le clergé devient autochtone, je voudrais honorer le travail patient accompli par les missionnaires pour annoncer le Christ et son Evangile, et pour faire naître les communautés chrétiennes dont vous avez la charge aujourd'hui. Je vous invite à être proches de vos prêtres, soucieux de leur formation permanente au niveau théologique et spirituel, attentifs à leurs conditions de vie et d'exercice de leur mission, afin qu'ils soient des témoins véritables de la Parole qu'ils annoncent et des sacrements dont ils sont les ministres. Puissent-ils, dans le don d'eux-mêmes au Christ et au peuple dont ils sont les pasteurs, demeurer fidèles aux exigences de leur état et vivre leur sacerdoce comme un vrai chemin de sainteté!

Au terme de notre rencontre, chers Frères dans l'épiscopat, je voudrais me faire proche du peuple qui vous est confié, exhortant les fidèles et les pasteurs à construire des communautés animées par un amour mutuel sincère et habitées par le désir impérieux de travailler à une authentique réconciliation! Que sur toutes les collines résonne le chant des messagers de la Bonne Nouvelle du Christ vainqueur de la mort (cf. Is
Is 52,7)! Confiant les espoirs et les souffrances du peuple rwandais à l'intercession de la Reine des Apôtres, je vous accorde une affectueuse Bénédiction apostolique, que j'étends bien volontiers aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles de vos diocèses.



RENCONTRE AVEC LES SUPÉRIEURS ET LES MEMBRES DE LA SECRÉTAIRERIE D'ETAT Samedi 21 mai 2005

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Eminence,
Excellences,
Chers collaborateurs et collaboratrices,

Je suis venu sans discours écrit, mais avec, dans mon coeur, des sentiments de vive gratitude et aussi avec l'intention d'apprendre. Peu à peu j'apprends des choses sur la structure de la Secrétairerie d'Etat et surtout, chaque jour, arrive énormément de documentation, de travail préparé par cette Secrétairerie d'Etat. Ainsi je peux voir, par la multiplicité, par la densité, ainsi que par la compétence que renferment ces travaux, tout ce qui est accompli ici, dans ces bureaux. Même si nous ne pouvons pas normalement vivre la vie des anges - pour faire référence aux paroles du Cardinal-Secrétaire d'Etat - mais plutôt la vie des "poissons", des hommes, c'est toutefois de cette façon que nous accomplissons notre devoir. Si l'on pense aux grandes administrations internationales, par exemple à l'administration européenne, dont Mgr Lajolo m'a communiqué le nombre d'employés, nous sommes vraiment en nombre très réduit. Et c'est un grand honneur pour le Saint-Siège qu'un nombre de personnes aussi petit accomplisse un si grand travail pour l'Eglise universelle. Ce grand travail accompli par un petit nombre de personne démontre l'assiduité et le dévouement avec lesquelles l'on travaille réellement. A la compétence et au professionnalisme du travail qui est accompli, s'ajoute ici un aspect particulier, un professionnalisme particulier: l'amour pour le Christ, pour l'Eglise, pour les âmes fait en effet partie de ce professionnalisme. Nous ne travaillons pas - comme beaucoup le disent de leur travail - pour défendre un pouvoir. Nous n'avons pas un pouvoir terrestre, séculier. Nous ne travaillons pas pour le prestige, nous ne travaillons pas pour développer une entreprise ou quelque chose de semblable. Nous travaillons réellement pour que les routes du monde soient ouvertes au Christ. Et tout notre travail, avec toutes ses ramifications, sert à la fin à ce que son Evangile, et ainsi la joie de la Rédemption, puisse arriver dans le monde. En ce sens, même dans les petits travaux de tous les jours, en apparence peu glorieux, nous nous faisons - comme l'a dit le Cardinal Sodano - autant que nous le pouvons, des collaborateurs de la Vérité, c'est-à-dire du Christ, dans son oeuvre dans le monde, afin que véritablement le monde devienne le Royaume du Christ.

Je ne peux donc que vous dire un grand merci. Ensemble, nous accomplissons le service qui est propre au Successeur de Pierre, le "service pétrinien": confirmer nos frères dans la foi.


À S.E. M. GEORGI PARVANOV PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE BULGARIE Lundi 23 mai 2005



Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

18 Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de votre traditionnel hommage sur la tombe de saint Cyrille et je vous salue cordialement. Je vous remercie pour les paroles aimables que vous avez voulu m’adresser. Notre rencontre met en lumière le lien millénaire d’estime et de proximité spirituelle qui a toujours uni les Pontifes romains au noble peuple que vous représentez. Grande est l’affection que nourrit le Siège apostolique à l’égard du peuple bulgare. Du Pape Clément Ier, de vénérée mémoire, jusqu’à aujourd’hui, les Évêques de Rome ont constamment entretenu un fécond dialogue avec les habitants de l’antique Thrace. Votre visite en ce jour, Monsieur le Président, est d’autant plus significative qu’elle est motivée par le souvenir des deux saints Cyrille et Méthode, co-patrons de l’Europe, qui ont forgé dans une perspective chrétienne les valeurs humaines et culturelles des Bulgares et d’autres nations slaves. On peut dire également que, par leur action évangélisatrice, c’est l’Europe qui a été formée, cette Europe dont la Bulgarie se sent partie prenante. La Bulgarie réalise même qu’elle a vis-à-vis des autres peuples un devoir particulier, à savoir d’être l’un des ponts entre l’Occident et l’Orient. En m’adressant à vous, je veux exprimer mes encouragements à tous vos concitoyens, afin qu’ils poursuivent avec confiance cette mission politique et sociale spécifique.

La rencontre du Premier Magistrat de la Bulgarie avec le Successeur de Pierre, trois ans après la visite en Bulgarie de mon bien-aimé prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, constitue une nouvelle confirmation des bonnes relations qui existent entre le Saint-Siège et la nation que vous représentez. Comment ne pas remercier la Divine Providence pour cette capacité retrouvée de dialogue amical et constructif, après la longue et difficile période du régime communiste ? Les contacts entre votre pays et le Saint-Siège ont connu au siècle dernier des moments hautement significatifs. Je pense, par exemple, à l’affection que le Délégué apostolique de l’époque, Angelo Roncalli, le futur Pape Jean XXIII, ne se lassait pas de témoigner aux habitants de la Bulgarie.

Monsieur le Président, je ne peux pas ne pas faire mention à cet instant de la proximité que la Bulgarie a montré à l’égard du Siège apostolique au cours de ces deux derniers mois. Vous-même, le Gouvernement, le Parlement et tant de vos concitoyens ont voulu manifester à l’Église catholique leurs sentiments sincères, à l’occasion de la mort de Jean-Paul II et de mon élection pour lui succéder. Je me souviens aussi des visages et de la cordialité des Représentants de la vénérable Église orthodoxe de Bulgarie, désireuse de raviver le dialogue de la charité dans la vérité. Je vous demande de vous faire l’interprète de mes sentiments de gratitude auprès d’eux, en particulier auprès du vénéré Patriarche bulgare, Sa Sainteté Maxime. Nous avons devant nous un devoir commun : nous sommes appelés à construire ensemble une humanité plus libre, plus pacifique et plus solidaire. Dans cette perspective, je voudrais formuler le souhait fervent que votre nation sache continuellement promouvoir en Europe les valeurs culturelles et spirituelles qui constituent son identité. Dans cet esprit, je vous assure de mes prières et, par la maternelle intercession de la Vierge Marie, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines sur votre personne, sur les personnes qui vous accompagnent et sur tout le peuple de la si belle terre de Bulgarie.



Discours 2005-2013 16505