Angelus Benoit XVI 223

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Dimanche de la Miséricorde, 19 avril 2009

Chers frères et soeurs!

A vous qui êtes ici présents, et à ceux qui sont unis à nous à travers la radio et la télévision, je renouvelle de tout coeur mes voeux fervents de Pâques, en ce dimanche qui conclut l'Octave de Pâques. Dans le climat de joie qui vient de la foi dans le Christ ressuscité, je désire ensuite remercier très cordialement tous ceux - et ils sont vraiment très nombreux - qui ont voulu me faire parvenir un signe d'affection et de proximité spirituelle en ces jours, aussi bien pour les fêtes pascales, que pour mon anniversaire - le 16 avril - ainsi que pour le 4 anniversaire de mon élection à la Chaire de Pierre, qui tombe précisément aujourd'hui. Je remercie le Seigneur pour tant d'affection unanime. Comme j'ai eu l'occasion de le dire récemment, je ne me sens jamais seul. En cette semaine, qui pour la liturgie constitue un seul jour, j'ai fait encore davantage l'expérience de la communion qui m'entoure et me soutient: une solidarité spirituelle, essentiellement nourrie de prière, qui se manifeste de mille manières. A commencer par mes collaborateurs de la Curie romaine, jusqu'aux paroisses géographiquement plus lointaines, nous, catholiques, nous formons et nous devons nous sentir une seule famille, animée par les mêmes sentiments que la première communauté chrétienne, dont parle le texte des Actes des Apôtres que l'on lit en ce dimanche: "La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul coeur et une seule âme" (Ac 4,32).

La communion des premiers chrétiens avait comme véritable centre et fondement le Christ ressuscité. L'Evangile raconte en effet qu'au moment de sa Passion, lorsque le divin Maître est arrêté et condamné à mort, les disciples se dispersèrent. Seuls Marie et les femmes, avec l'apôtre Jean, restèrent ensemble et le suivirent jusqu'au calvaire. Ressuscité, Jésus donna aux siens une nouvelle unité, plus forte qu'auparavant, invincible, fondée non sur les ressources humaines, mais sur la miséricorde divine, qui les a fait se sentir tous aimés et pardonnés par lui. C'est donc l'amour miséricordieux de Dieu qui unit solidement, aujourd'hui comme hier, l'Eglise et qui fait de l'humanité une seule famille; l'amour divin, qui, par Jésus, crucifié et ressuscité, pardonne nos péchés et nous renouvelle intérieurement. Animé par cette conviction intime, mon bien-aimé prédécesseur, Jean-Paul II, a voulu consacrer ce dimanche, qui est le 2 dimanche de Pâques, à la Miséricorde divine, et il a indiqué à tous le Christ ressuscité comme la source de la confiance et de l'espérance, en accueillant le message spirituel transmis par le Seigneur à sainte Faustine Kowalska, synthétisé dans l'invocation: "Jésus, j'ai confiance en toi!"

Comme pour la première communauté, c'est Marie qui nous accompagne dans la vie de tous les jours. Nous l'invoquons comme "Reine du Ciel", sachant que sa royauté est comme celle de son Fils: tout amour, et amour miséricordieux. Je vous demande de confier à nouveau à Marie mon service à l'Eglise, alors que nous lui disons avec confiance: Mater misericordiae, ora pro nobis.

A l'issue du Regina caeli

J'adresse tout d'abord un salut cordial et des voeux fervents à nos frères et soeurs des Eglises orientales qui, suivant le calendrier julien, célèbrent aujourd'hui la sainte Pâque. Que le Seigneur ressuscité renouvelle en tous la lumière de la foi et apporte une abondance de joie et de paix.

En ce dimanche de la Divine Miséricorde, je suis heureux de vous saluer chers pèlerins de langue française. Nous célébrons aussi en ce jour le quatrième anniversaire de mon élection au Siège de Pierre. Je confie à la miséricorde de Dieu ce ministère dont j'ai reçu la charge. Priez pour le Pape et pour son apostolat, pour l'Eglise et pour son unité. Que la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Eglise, qui se tient à nos côtés, nous aide à vivre tout au long de notre vie dans la lumière de la joie pascale!

C'est demain à Genève que commencera, organisée par les Nations unies, la Conférence d'examen de la Déclaration de Durban de 2001 contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Il s'agit d'une initiative importante, car aujourd'hui encore, malgré les enseignements de l'histoire, on enregistre ces phénomènes déplorables. La Déclaration de Durban reconnaît que "tous les peuples et tous les individus constituent une seule et même famille humaine, riche dans sa diversité. Ils ont contribué aux progrès de la civilisation et des cultures qui constituent le patrimoine commun de l'humanité... La promotion de la tolérance, du pluralisme et du respect peuvent conduire à des sociétés moins exclusives". A partir de cette affirmation, est demandée une action ferme et concrète, au niveau national et international, pour prévenir et éliminer toute forme de discrimination et d'intolérance. En particulier, une large oeuvre d'éducation est nécessaire, qui exalte la dignité de la personne et en sauvegarde les droits fondamentaux. L'Eglise, quant à elle, réaffirme que seule la reconnaissance de la dignité de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, peut constituer une référence pour cet engagement. En effet, de cette origine commune naît un destin commun de l'humanité, qui devrait susciter en chacun et en tous un profond sens de solidarité et de responsabilité. Je forme des voeux sincères afin que les délégués présents à la Conférence de Genève travaillent ensemble, dans un esprit de dialogue et d'accueil réciproque, pour mettre fin à toute forme de racisme, de discrimination et d'intolérance, marquant ainsi un pas fondamental vers l'affirmation de la valeur universelle de la dignité de l'homme et de ses droits, dans un horizon de respect et de justice pour chaque personne et chaque peuple.

Bon dimanche à tous!






REGINA CAELI


Place Saint-Pierre

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III Dimanche de Pâques, 26 avril 2009

Alors que nous arrivons au terme de cette célébration solennelle, je désire adresser une salutation cordiale à vous tous qui avez voulu venir en personne rendre hommage aux nouveaux saints. J'exprime tout d'abord ma reconnaissance à la délégation du gouvernement italien et aux autres autorités civiles, en particulier aux maires et aux préfets des quatre concitoyens élevés aujourd'hui à l'honneur des autels. Je salue la délégation de l'Ordre de Malte. Je remercie avec une grande affection les nombreux pèlerins provenant de multiples régions italiennes. J'espère que ce pèlerinage, vécu sous le signe de la sainteté et confirmé par la grâce de l'année paulinienne, pourra aider chacun à "courir" avec une plus grande joie et un plus grand élan vers le "but" final, "en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir, là-haut, dans le Christ Jésus" (cf. Ph Ph 3,13-14).


Dans ce contexte, je suis heureux de mentionner également la Journée de l'université catholique du Sacré Coeur, que l'on célèbre aujourd'hui. A 50 ans de la mort de son fondateur, le père Agostino Gemelli, je forme le voeu que l'université catholique soit toujours fidèle aux principes qui l'ont inspirée, pour continuer à offrir une formation adaptée aux jeunes générations.

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. La Résurrection du Seigneur a rempli nos coeurs de lumière. Que l'exemple des nouveaux saints canonisés en ce jour, nous donne de ne pas avoir peur d'aller vers nos frères et soeurs pour transmettre la Parole de Vie dans le monde entier. Que ces saints soient, avec la Vierge Marie, des guides et des soutiens dans votre existence quotidienne! A la suite des disciples d'Emmaüs, soyez à votre tour des témoins du Christ Ressuscité. Que Dieu vous bénisse!

Elevons à présent notre prière filiale à la Vierge Marie qui a pleinement observé la Parole de Dieu, si bien que son amour en elle a vraiment été parfait (cf. 1Jn 2,5).




REGINA CAELI


Place Saint-Pierre

IV Dimanche de Pâques, 3 mai 2009

Chers frères et soeurs,


Je suis en retard parce que vient de se conclure, dans la basilique Saint-Pierre, la célébration eucharistique au cours de laquelle j'ai consacré 19 nouveaux prêtres pour le diocèse de Rome.

Une fois encore, j'ai choisi ce dimanche, le iv dimanche de Pâques, pour un tel événement joyeux, parce qu'il est caractérisé par l'Evangile du Bon Pasteur (cf. Jn Jn 10,1-18) et qu'il offre pour cela un contexte particulièrement adapté. C'est pour le même motif que l'on célèbre aujourd'hui la Journée mondiale de prière pour les vocations. Dans mon message annuel pour cette circonstance, j'ai invité à réfléchir sur le thème: "La confiance en l'initiative divine et la réponse humaine". En effet, la confiance dans le Seigneur, qui appelle continuellement chacun à la sainteté et certains en particulier à une consécration spéciale, s'exprime justement dans la prière. Que ce soit personnellement ou en communauté, nous devons beaucoup prier pour les vocations, afin que la grandeur et la beauté de l'amour de Dieu attire un grand nombre de personnes à suivre le Christ sur la voie du sacerdoce et sur celle de la vie consacrée. Il faut aussi prier pour qu'il y ait tout autant de saints époux, capables d'indiquer à leurs enfants, surtout par l'exemple, les horizons élevés vers lesquels tendre avec leur liberté. Les saints et les saintes que l'Eglise propose à la vénération de tous les fidèles témoignent du fruit mûr de ce lien entre l'appel divin et la réponse humaine. Confions notre prière pour les vocations à leur céleste intercession.

Il est une autre intention pour laquelle je vous invite à prier: le voyage en Terre Sainte que j'accomplirai, s'il plaît à Dieu, du vendredi prochain 8 mai au vendredi 15. Sur les pas de mes vénérés prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II, je me ferai pèlerin dans les principaux lieux saints de notre foi. Par cette visite, je me propose de confirmer et d'encourager les chrétiens de Terre Sainte, qui doivent affronter quotidiennement de nombreuses difficultés. En tant que Successeur de l'apôtre Pierre, je leur ferai ressentir la proximité et le soutien de tout le corps de l'Eglise. Je me ferai en outre pèlerin de paix, au nom du Dieu unique qui est le Père de tous. Je témoignerai de l'engagement de l'Eglise catholique en faveur de ceux qui s'efforcent de pratiquer le dialogue et la réconciliation, pour arriver à une paix stable et durable dans la justice et dans le respect réciproque. Enfin, ce voyage ne pourra manquer d'avoir une importance oecuménique et interreligieuse notable. De ce point de vue, Jérusalem est la cité-symbole par excellence: là, le Christ est mort pour rassembler tous les enfants de Dieu dispersés (cf. Jn Jn 11,52).

225 En nous adressant à présent à la Vierge Marie, nous l'invoquons en tant que Mère du Bon Pasteur, afin qu'elle veille sur les nouveaux prêtres du diocèse de Rome et que dans le monde entier fleurissent de nombreuses et saintes vocations de consécration spéciale au Royaume de Dieu.

Au terme de la prière du Regina caeli

Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones, et je vous invite en cette journée mondiale de prière pour les vocations à prier pour l'Eglise et pour les vocations sacerdotales. Cette semaine, comme Successeur de Pierre, je me rendrai en pèlerinage en Terre Sainte afin de fouler le sol sanctifié par le Christ et pour demander au Seigneur le don précieux de l'unité et de la paix pour le Moyen-Orient et pour le monde entier. Que le Christ, le Bon Pasteur, protège les peuples qui habitent en Terre Sainte et bénisse particulièrement les chrétiens qui y résident et que je veux soutenir par ma présence! Je vous invite à prier pour la réussite de ce Voyage pastoral! Avec ma Bénédiction apostolique!

Je souhaite à tous un bon dimanche et un mois de mai dans la compagnie spirituelle de la Très Sainte Vierge Marie.



PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)


REGINA CAELI


Stade international - Amman

V Dimanche de Pâques, 10 mai 2009

Chers amis,


Durant la messe, j’ai évoqué le charisme prophétique de la femme comme porteuse d’amour, enseignante de miséricorde et artisan de paix. L’exemple suprême des vertus féminines est la Bienheureuse Vierge Marie : Mère de miséricorde et Reine de la paix. Alors que nous nous tournons vers elle, recourrons à son intercession maternelle pour toutes les familles de cette région, afin qu’elles puissent être de vraies écoles de prière et d’amour. Demandons à la Mère de l’Église de porter un regard de miséricorde sur tous les chrétiens de cette région afin que, soutenus par son intercession, ils puissent être authentiquement unis dans la foi qu’ils professent et dans le témoignage qu’ils rendent. Demandons à Celle qui répondit si généreusement au message de l’ange et qui consentit à la vocation de devenir la Mère de Dieu, de donner courage et force à tous les jeunes d’aujourd’hui qui cherchent à discerner leur vocation, pour qu’ils puissent eux aussi se consacrer généreusement à faire la volonté de Dieu.

En ce temps de Pâques, c’est par le titre de Regina Caeli que nous invoquons la Vierge Bienheureuse. Comme un fruit de la rédemption accomplie par la mort et la résurrection de son Fils, elle a été, elle aussi, élevée dans la gloire éternelle et couronnée Reine du Ciel. Avec une grande confiance dans le pouvoir de son intercession, avec joie et avec amour pour notre glorieuse Mère toujours Vierge, nous nous tournons vers elle et sollicitons ses prières.



PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

PRIÈRE DU REGINA CAELI

AVEC LES ÉVÊQUES DE TERRE SAINTE


REGINA CAELI


Cénacle de Jérusalem

Mardi 12 mai 2009

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Chers Frères Évêques,

Révérend Père Custode,

Je vous salue avec grande joie, vous les Évêques de Terre Sainte, en cette Chambre Haute où le Seigneur ouvrit son coeur aux disciples qu’il s’était choisis et où il célébra le Mystère pascal. Je remercie le Père Pizzaballa pour les paroles chaleureuses de bienvenue qu’il m’a adressées en votre nom. Vous représentez les communautés catholiques de Terre Sainte, lesquelles, par leur foi et leur ferveur, sont comme des chandelles allumées qui illuminent les lieux saints chrétiens sanctifiés par la présence de Jésus, notre Seigneur, le Vivant. Ce privilège unique vous donne, à vous-mêmes et à vos fidèles, une place particulièrement chère dans mon coeur de Successeur de Pierre.

« Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (
Jn 13,1). La Chambre Haute évoque pour nous le souvenir de la dernière Cène de notre Seigneur avec Pierre et les autres Apôtres, et l'Église y est invitée à une contemplation priante. C’est dans ces sentiments que nous nous rassemblons, le Successeur de Pierre avec les successeurs des Apôtres, en ce lieu même où Jésus révéla, dans l’offrande de son corps et de son sang, les nouvelles profondeurs de l’alliance d’amour établie entre Dieu et son peuple. Dans la Chambre Haute, le mystère de la grâce et du salut, dont nous sommes les bénéficiaires en même temps que les hérauts et les ministres, ne peut s’exprimer que par l’amour. C’est parce que, le premier, il nous a aimés et qu’il continue à le faire, que nous pouvons répondre avec amour (cf. Deus caritas est ). Notre vie de chrétiens n’est pas simplement un effort humain pour vivre les exigences de l’Évangile comme des devoirs qui nous seraient imposés. Dans l’Eucharistie, nous sommes entraînés dans un mystère d’amour divin. Nos vies se transforment alors en une acceptation pleine de reconnaissance, docile et agissante de la puissance d’un amour qui nous est donné. Cet amour transformant, qui est grâce et vérité (cf. Jn Jn 1,17), nous pousse, comme individus et comme communautés, à dépasser la tentation de nous retourner sur nous-mêmes dans l’égoïsme ou la paresse, dans l’isolement, les préjugés ou la crainte, et à nous donner généreusement au Seigneur et aux autres. Il nous engage, comme communautés chrétiennes, à être fidèles à notre mission, avec assurance et courage (cf. Ac Ac 4,13). Dans la figure du Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau, dans celle du Maître qui lave les pieds de ses disciples, vous trouvez, mes chers Frères, le modèle de votre propre ministère pour le service de notre Dieu qui promeut l’amour et la communion.

L’appel à la communion d’esprit et de coeur, si étroitement lié au commandement de l’amour et au rôle central et unifiant de l’Eucharistie dans nos vies, est particulièrement ressenti en Terre Sainte. Les différentes Églises chrétiennes que l’on trouve ici représentent un patrimoine spirituel riche et diversifié, et elles sont le signe qu’existent de multiples formes d’interaction entre l’Évangile et les différentes cultures. Elles nous rappellent aussi que la mission de l'Église est de prêcher l’amour universel de Dieu et de rassembler tous ceux qui, au loin ou plus près de nous, sont appelés par lui afin que, avec leurs traditions et leurs talents, ils arrivent à former l’unique famille de Dieu. Depuis le deuxième Concile du Vatican, en particulier, un nouveau dynamisme spirituel vers la communion dans la diversité a vu le jour à l’intérieur de l'Église catholique ainsi qu’une nouvelle conscience oecuménique. L’Esprit meut nos coeurs avec douceur vers l’humilité et la paix, vers l’acceptation mutuelle, la compréhension et la coopération. Cette disposition intérieure vers l’unité sous la motion de l’Esprit Saint est d’une importance décisive si nous voulons que les Chrétiens soient capables de remplir leur mission dans le monde (cf. Jn Jn 17,21).

C’est dans la mesure où le don de l’amour est accepté et qu’il grandit dans l'Église, que la présence chrétienne en Terre Sainte et dans les régions voisines peut être une présence ardente. Et elle est d’une importance capitale pour le bien de la société toute entière. Les paroles sans équivoque de Jésus sur le lien intime entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, sur la miséricorde et la compassion, sur la douceur, la paix et le pardon, sont un ferment capable de transformer les coeurs et de modeler nos actions. Les Chrétiens au Moyen-Orient, avec toutes les personnes de bonne volonté, apportent leur contribution, en tant que citoyens responsables et loyaux, à la promotion et au renforcement d’un climat de paix dans la diversité, et cela en dépit des difficultés et des restrictions. Je désire leur redire ce que j’affirmais dans mon message de Noël 2006 aux Catholiques du Moyen-Orient : « J’exprime avec affection ma proximité personnelle dans la situation d’insécurité humaine, de souffrance quotidienne, de peur et d’espérance que vous êtes en train de vivre. Avant tout, je répète à vos communautés les paroles du Rédempteur : ‘Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume’ (Lc 12,32) » (Message du Pape Benoît XVI aux Catholiques vivant au Moyen-Orient, 21 décembre 2006).

Chers Frères Évêques, vous pouvez compter sur mon soutien et sur mes encouragements tandis que vous faites tout votre possible pour permettre à vos frères et soeurs chrétiens de rester ici sur la terre de leurs ancêtres et à être des messagers et des promoteurs de la paix. J’apprécie vos efforts pour leur proposer, comme à des citoyens responsables et conscients, des valeurs et des principes d’action qui puissent les aider à jouer leur rôle dans la société. Par l’éducation, la formation professionnelle et d’autres initiatives économiques et sociales, leurs conditions de vie pourront être assurées et améliorées. Quant à moi, je renouvelle mon appel à nos frères et soeurs du monde entier afin qu’ils apportent leur soutien aux communautés chrétiennes de Terre Sainte et du Moyen-Orient, se souvenant d’elles dans leurs prières. Et dans ce contexte, je veux exprimer combien j’apprécie le service qui est rendu aux innombrables pèlerins et visiteurs qui viennent en Terre Sainte pour y chercher inspiration et renouveau de vie sur les pas de Jésus. Les récits de l’Évangile, contemplés dans leur environnement historique et géographique, prennent une coloration vivante et l’on en reçoit une compréhension plus claire de la signification des paroles de notre Seigneur et de ses gestes. Bien des expériences mémorables de pèlerins de la Terre Sainte ont été possibles grâce aussi à l’hospitalité et à l’aide fraternelle qui leur ont été offertes par vous, en particulier par les Franciscains de la Custodie. Pour ce service, je tiens à vous exprimer la reconnaissance et la gratitude de l'Église universelle.

Chers Frères, en adressant tous ensemble à Marie, Reine du Ciel, notre prière joyeuse, mettons avec confiance entre ses mains le bien-être et le renouveau spirituel de tous les Chrétiens de Terre Sainte. Puissent-ils, guidés par leurs Pasteurs, grandir dans la foi, l’espérance et l’amour, et persévérer dans leur mission de promoteurs de communion et de paix !






REGINA CAELI


Place Saint-Pierre

VI Dimanche de Pâques, 17 mai 2009




Chers frères et soeurs,

227 Je suis revenu avant-hier de Terre Sainte. Je souhaite vous parler de ce pèlerinage de manière plus approfondie mercredi prochain, au cours de l'audience générale. A présent, je voudrais surtout rendre grâce au Seigneur, qui m'a accordé de mener à bien ce voyage apostolique si important. Je remercie également tous ceux qui ont offert leur collaboration: le patriarche latin et les pasteurs de l'Eglise en Jordanie, en Israël et dans les Territoires palestiniens, les franciscains de la custodie de Terre Sainte, les autorités civiles de Jordanie, d'Israël et des Territoires palestiniens, les organisateurs, les forces de l'ordre. Je remercie les prêtres, les religieux et les fidèles qui m'ont accueilli avec tant d'affection et ceux qui m'ont accompagné et soutenu par leur prière. Merci à tous du plus profond du coeur!

Ce pèlerinage aux Lieux Saints a également été une visite pastorale aux fidèles qui vivent là, un service à l'unité des chrétiens, au dialogue avec les juifs et les musulmans, et à la construction de la paix. La Terre Sainte, symbole de l'amour de Dieu pour son peuple et pour l'humanité tout entière, est également le symbole de la liberté et de la paix que Dieu veut pour tous ses fils. Mais l'histoire d'hier et d'aujourd'hui montre cependant que cette terre est précisément devenue également le symbole du contraire, c'est-à-dire de divisions et de conflits interminables entre frères. Comment cela est-il possible? Il est juste que cette interrogation interpelle notre coeur, bien que nous sachions qu'un mystérieux dessein de Dieu concerne cette Terre, où - comme l'écrit saint Jean - Il "a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés" (
1Jn 4,10). La Terre Sainte a été appelée le "cinquième Evangile", car ici, nous pouvons voir, et même toucher la réalité de l'histoire que Dieu a réalisée avec les hommes. En commençant par les lieux de la vie d'Abraham jusqu'aux lieux de la vie de Jésus, de l'incarnation jusqu'à la tombe vide, signe de sa résurrection. Oui, Dieu est entré dans cette terre, il a agi avec nous dans ce monde. Mais ici nous pouvons dire encore davantage: la Terre Sainte, en raison de son histoire même, peut être considérée comme un microcosme qui résume en lui le difficile chemin de Dieu avec l'humanité. Un chemin qui, avec le péché, implique aussi la Croix. Mais avec l'abondance de l'amour divin, il implique toujours aussi la joie de l'Esprit Saint, la Résurrection déjà commencée; il s'agit d'un chemin parmi les vallées de notre souffrance vers le Royaume de Dieu. Un Royaume qui n'est pas de ce monde, mais qui vit dans ce monde et doit le pénétrer avec sa force de justice et de paix.

L'histoire du salut commence avec l'élection d'un homme, Abraham, et d'un peuple, Israël, mais son intention est l'universalité, le salut de tous les peuples. L'histoire du salut est toujours marquée par ce mélange de particularités et d'universalité. Nous voyons bien ce lien dans la première lecture d'aujourd'hui: saint Pierre, en voyant dans la maison de Corneille la foi des païens et leur désir de Dieu, dit: "En vérité, je le comprends: Dieu ne fait pas de différence entre les hommes; mais quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste" (Ac 10,34-35). Craindre Dieu et pratiquer la justice, apprendre cela et ouvrir ainsi le monde au Royaume de Dieu: tel est le but le plus profond de tout dialogue interreligieux.

A l'issu de la prière

Je ne peux pas conclure cette prière mariale sans tourner ma pensée vers le Sri Lanka, pour assurer mon affection et ma proximité spirituelle aux civils qui se trouvent dans la zone des combats, dans le nord du pays. Il s'agit de milliers d'enfants, de femmes, de personnes âgées, à qui la guerre a ôté des années de vie et d'espérance. A cet égard, je désire encore une fois adresser une invitation pressante aux belligérants, afin qu'ils facilitent leur évacuation et j'unis, dans ce but, ma voix à celle du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a demandé il y quelques jours des garanties pour leur protection et leur sécurité. Je demande en outre aux institutions humanitaires, y compris catholiques, de tout tenter pour aller au-devant des nécessités alimentaires et médicales urgentes des réfugiés. Je confie ce cher pays à la protection maternelle de la Sainte Vierge de Madhu, aimée et vénérée par tous les Sri lankais, et j'élève mes prières au Seigneur afin qu'il hâte le jour de la réconciliation et de la paix.

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. La liturgie de ce dimanche du temps pascal nous invite à vivre le grand commandement de l'amour. Le Christ lui-même nous en a montré le chemin en aimant tous les hommes, jusqu'à donner sa vie pour que tous l'aient en abondance, et il a fait de nous ses amis. Avec vous ce matin, je veux rendre grâce à Dieu pour mon pèlerinage en Terre Sainte. Qu'en vivant ce commandement de l'amour, les habitants de cette région bien-aimée puissent enfin connaître la paix et vivre dans la fraternité! Que Dieu vous bénisse!



VISITE PASTORALE À CASSINO ET À MONT-CASSIN REGINA CAELI Solennité de l’Ascension du Seigneur Dimanche 24 mai 2009

24059
Cassino, Place Miranda




Chers frères et soeurs,

Chaque fois que nous célébrons la Messe, nous sentons retentir dans notre coeur les paroles que Jésus confia aux disciples lors de la Dernière Cène, comme un don précieux: "Je vous laisse ma paix, c'est ma paix que je vous donne" (
Jn 14,27). Comme la communauté chrétienne et l'humanité tout entière a besoin de savourer pleinement la richesse et la puissance de la paix du Christ! Saint Benoît en a été un grand témoin, parce qu'il l'a accueillie dans son existence et l'a faite fructifier en oeuvres d'authentique renouveau culturel et spirituel. C'est justement pour cela qu'à l'entrée de l'abbaye du Mont-Cassin et de tout autre monastère bénédictin, est inscrite comme devise le mot "pax": la communauté monastique est en effet appelée à vivre selon cette paix, qui est le don pascal par excellence. Comme vous le savez, lors de mon récent voyage en Terre Sainte, je me suis fait pèlerin de paix, et aujourd'hui - sur cette terre marquée par le charisme bénédictin - l'occasion m'est donnée de souligner encore une fois que la paix est en premier lieu un don de Dieu, et que sa force réside donc dans la prière.

Mais c'est un don confié à la responsabilité de l'homme. L'énergie nécessaire pour le mettre en pratique peut aussi être puisée à la prière. Il est donc fondamental de cultiver une vie authentique de prière pour assurer le progrès social dans la paix. Encore une fois, l'histoire du monachisme nous enseigne qu'une grande croissance de civilisation se prépare dans l'écoute quotidienne de la Parole de Dieu, qui pousse les croyants à un effort personnel et communautaire de lutte contre toute forme d'égoïsme et d'injustice. Ce n'est qu'en apprenant, avec la grâce du Christ, à combattre et à vaincre le mal à l'intérieur de soi et dans les relations avec les autres, que l'on devient des artisans authentiques de paix et de progrès civil. Que la Vierge Marie, Reine de la Paix, aide tous les chrétiens, dans les différentes vocations et situations de vie, à être des témoins de la paix que le Christ nous a donnée et nous a laissée comme mission exigeante à accomplir partout.

Aujourd'hui, 24 mai, mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge Marie, Secours des chrétiens, - qui est vénérée avec une grande dévotion dans le sanctuaire de Sheshan à Shanghaï -, nous célébrons la Journée de prière pour l'Eglise en Chine. Ma pensée va à tout le peuple chinois. Je salue en particulier avec une grande affection les catholiques de Chine et je les exhorte à renouveler aujourd'hui leur communion de foi dans le Christ et de fidélité au Successeur de Pierre. Que notre prière commune obtienne une effusion des dons de l'Esprit-Saint, afin que l'unité entre tous les chrétiens, la catholicité et l'universalité de l'Eglise soient toujours plus profondes et visibles.

Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française qui ont voulu participer à cette célébration ou qui nous sont unis par la radio ou par la télévision. Mon pèlerinage en ces lieux marqués par le souvenir de saint Benoît est l'occasion de l'invoquer aux intentions de l'Europe tout entière, dont il est aussi l'un des Patrons. Que son témoignage spirituel aide les peuples qui vivent sur ce continent à demeurer fidèles à leurs racines chrétiennes, et à édifier une Europe unie et solidaire, fondée sur la recherche de la justice et de la paix. Que Dieu vous bénisse!



SOLENNITÉ DE PENTECÔTE Place Saint-Pierre Dimanche 31 mai 2009

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Chers frères et soeurs,


L'Eglise présente dans le monde entier revit aujourd'hui, en la solennité de Pentecôte, le mystère de sa propre naissance, de son "baptême" dans l'Esprit Saint (cf. Ac
Ac 1,5), survenu à Jérusalem, cinquante jours après Pâques, précisément lors de la fête juive de Pentecôte. Jésus ressuscité avait dit à ses disciples: "Vous donc, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en-haut" (Lc 24,49). C'est ce qui s'est produit sous une forme sensible, au Cénacle, alors qu'ils étaient tous réunis en prière avec Marie, Vierge Mère. Comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres, à l'improviste, ce lieu fut envahi par un vent impétueux, et des langues comme de feu se posèrent sur chacune des personnes présentes. Les apôtres sortirent alors et commencèrent à proclamer en différentes langues que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, mort et ressuscité (cf. Ac Ac 2,1-4). L'Esprit Saint, qui, avec le Père et le Fils, a créé l'univers, qui a conduit l'histoire du peuple d'Israël, et a parlé à travers les prophètes, qui, dans la plénitude des temps, a coopéré à notre rédemption, à Pentecôte est descendu sur l'Eglise naissante et l'a rendue missionnaire, en l'envoyant annoncer à tous les peuples la victoire de l'amour divin sur le péché et sur la mort.

L'Esprit Saint est l'âme de l'Eglise. Sans lui, à quoi serait-elle réduite? Elle serait certainement un grand mouvement historique, une institution sociale complexe et solide, peut-être une sorte d'agence humanitaire. Et en vérité, c'est ainsi que la considèrent ceux qui la regardent en-dehors d'une optique de foi. Mais en réalité, dans sa vraie nature, et aussi dans sa présence historique la plus authentique, l'Eglise est sans cesse modelée et guidée par l'Esprit de son Seigneur. C'est un corps vivant, dont la vitalité est justement le fruit de l'invisible Esprit divin.

Chers amis, cette année, la solennité de la Pentecôte tombe le dernier jour du mois de mai, où l'on célèbre habituellement la belle fête mariale de la Visitation. Ce fait nous invite à nous laisser inspirer et en quelque sorte instruire par la Vierge Marie qui a été la protagoniste des deux événements. A Nazareth, elle a reçu l'annonce de sa maternité singulière, et, immédiatement après avoir conçu Jésus par l'opération de l'Esprit Saint, elle a été poussée par le même Esprit d'amour à aller aider Elisabeth sa parente âgée, parvenue au sixième mois d'une grossesse elle aussi prodigieuse. La jeune Marie qui porte Jésus en son sein et, s'oubliant elle-même, court aider son prochain, est l'icône merveilleuse de l'Eglise dans l'éternelle jeunesse de l'Esprit, de l'Eglise missionnaire du Verbe incarné, appelée à l'apporter au monde et à témoigner de lui, spécialement au service de la charité. Invoquons donc l'intercession de la très Sainte Vierge Marie afin qu'elle obtienne à l'Eglise de notre temps d'être puissamment fortifiée par l'Esprit Saint. Et en particulier, que les communautés ecclésiales qui subissent la persécution en raison du nom du Christ, ressentent la présence réconfortante du Consolateur afin que, participant à ses souffrances, elles reçoivent en abondance l'Esprit de gloire (cf. 1P 4,13-14).

A l'issue du Regina caeli

Ces jours-ci, les jeunes des Abruzzes se réunissent en grand nombre autour de la Croix des Journées mondiales de la jeunesse, portée en pèlerinage dans leur région par un groupe de volontaires envoyés par le Centre international des jeunes "San Lorenzo" de Rome. En communion avec les jeunes de cette terre durement frappée par le tremblement de terre, nous demandons au Christ mort et ressuscité de répandre sur eux son Esprit de réconfort et d'espérance. J'étends mon salut à tous les jeunes italiens qui aujourd'hui, dans leurs diocèses respectifs, se retrouvent pour conclure avec leurs évêques les trois ans de l'Agorà.Je me souviens avec joie des inoubliables événements qui ont marqué ces trois années: la rencontre à Lorette, en septembre 2007, et la Journée mondiale à Sydney, en juillet dernier. Chers jeunes italiens, avec la force de l'Esprit, soyez des témoins du Christ ressuscité!

En ce jour de la fête de la Pentecôte, je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. Aujourd'hui encore, l'Eglise demande les dons du Saint-Esprit pour témoigner de l'Evangile. Puissent les jeunes vivre avec conviction le Sacrement de la Confirmation qu'ils reçoivent en ces jours afin de porter la Bonne Nouvelle de la vie en Jésus Christ aux jeunes de leur âge et aussi à tous ceux qui les entourent. Que le souffle de la Pentecôte nous donne, à nous les adultes, de toujours confesser avec force et courage notre foi et nous conduise vers l'unité de tous les chrétiens! Je confie à Marie, Reine des Apôtres, la mission universelle de l'Eglise tout entière! Avec ma Bénédiction apostolique.

Aujourd'hui, Journée nationale contre la douleur, j'assure mon souvenir particulier dans la prière aux malades les plus graves, aux membres de leur famille et à tous ceux qui leur sont proches avec amour. Je souhaite à tous un bon dimanche, dans la lumière et dans la paix de l'Esprit Saint.



Angelus Benoit XVI 223