Angelus Benoit XVI 235

Dimanche 19 juillet 2009



Chers frères et soeurs!

C'est avec une grande joie que je suis venu dans votre belle ville, dans votre belle église; il s'agit de la ville natale de mon premier collaborateur, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat, avec lequel j'avais déjà collaboré pendant plusieurs années à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Comme vous le voyez, à cause de mon accident, je suis un peu limité dans mes mouvements, mais mon coeur est totalement présent, et je suis avec vous avec une grande joie!

Je voudrais en ce moment remercier chacun de tout mon coeur: de nombreuses personnes ont démontré, en cette occasion, leur proximité, leur sympathie, leur affection à mon égard et ont prié pour moi, et ainsi s'est renforcé ce réseau de la prière qui nous unit dans toutes les parties du monde. Je voudrais tout d'abord remercier les médecins et le personnel médical d'Aoste qui m'ont suivi avec tant de zèle, tant de compétence et d'amitié et - vous le voyez - avec un succès - espérons-le! - final. Je voudrais également remercier les autorités de l'Etat, de l'Eglise et toutes les personnes qui m'ont écrit ou qui m'ont montré leur affection et leur proximité. Je voudrais ensuite surtout saluer votre évêque et également l'évêque émérite de ce diocèse, Mgr Luigi Bettazzi. Je salue le maire, qui m'a fait un très beau don, les autorités civiles et militaires, je salue le curé et les autres prêtres, les religieux et les religieuses, les responsables d'associations et de mouvements ecclésiaux et la population tout entière, avec une pensée spéciale pour les enfants, les jeunes, les familles, les malades, les personnes dans le besoin. A tous et à chacun, j'adresse mes plus vifs remerciements pour l'accueil que vous m'avez réservé durant ce bref séjour parmi vous.

236 Ce matin, vous avez célébré l'Eucharistie et le cardinal Tarcisio Bertone vous a déjà très sûrement illustré la Parole de Dieu, que la liturgie offre à notre méditation en ce 16ème dimanche du temps ordinaire. Comme le Seigneur invite les disciples à se retirer pour l'écouter dans l'intimité, c'est ainsi que je voudrais, moi aussi, m'entretenir avec vous, en rappelant justement que l'écoute et l'accueil de l'Evangile ont donné naissance à votre communauté, dont le nom rappelle les liens bimillénaires du Canavese avec Rome. Comme l'a dit votre évêque, votre terre fut très tôt baignée par le sang des martyrs, dont saint Solutore - je dois avouer que jusqu'à présent je ne le connaissais pas, mais je suis toujours heureux de connaître de nouveaux saints intercesseurs! -, qui avec saint Pierre, l'apôtre, est le titulaire de votre église. Votre imposante église paroissiale est un témoignage éloquent d'une longue histoire de foi, et elle domine une large partie de la terre du Canavese, dont la population est bien connue pour son amour et son attachement au travail. Mais actuellement, je sais qu'ici aussi, dans la région d'Ivrée, beaucoup de familles vivent dans une situation économique difficile à cause du manque de travail. Je suis déjà intervenu plusieurs fois sur ce problème - comme l'a également rappelé l'évêque - et j'ai à présent voulu l'aborder de manière plus approfondie dans l'encyclique Caritas in veritate. J'espère qu'elle pourra mobiliser les forces positives pour renouveler le monde!

Chers amis, ne vous découragez pas! La Providence aide toujours celui qui travaille pour le bien et s'engage pour la justice; elle aide tous ceux qui ne pensent pas seulement à eux, mais aussi à ceux qui connaissent plus de difficultés qu'eux. Et vous le savez bien, parce que vos grands-parents furent obligés d'émigrer par manque de travail, mais le développement économique a ensuite apporté le bien-être et d'autres ont immigré ici de l'Italie et de l'étranger. Les valeurs fondamentales de la famille et du respect de la vie humaine, la sensibilité pour la justice sociale, la capacité de faire face à la fatigue et au sacrifice, le lien fort avec la foi chrétienne à travers la vie paroissiale et spécialement la participation à la Messe, ont été votre vraie force à travers les siècles. Ce seront ces mêmes valeurs qui permettront aux générations actuelles de construire avec espérance leur avenir, donnant naissance à une société vraiment solidaire et fraternelle, où tous les différents milieux, les institutions et l'économie soient imprégnés de l'esprit évangélique. Je m'adresse de manière particulière aux jeunes, auxquels il faut penser dans une perspective éducative. Ici, comme partout, il faut se demander, chers jeunes, quel type de culture vous est proposée, quels exemples et modèles vous sont recommandés, et évaluer s'ils sont à même de vous encourager à suivre les voies de l'Evangile et de la liberté authentique. La jeunesse est pleine de ressources, mais il faut l'aider à vaincre la tentation de chemins faciles et illusoires pour trouver la voie de la Vie véritable et pleine.

Chers frères et soeurs! Sur cette terre riche de traditions chrétiennes et de valeurs humaines, de nombreuses vocations masculines et féminines ont fleuri, en particulier dans la famille salésienne; comme celle du cardinal Bertone, qui est né justement dans votre paroisse, qui a été baptisé dans cette église, et a grandi dans une famille où il a acquis une foi authentique. Votre diocèse doit beaucoup aux fils et aux filles de Don Bosco, par leur présence diffuse et féconde dans toute la région, au cours des années où le saint fondateur était encore en vie. Que ce soit un encouragement supplémentaire pour votre communauté diocésaine à s'engager toujours plus dans le domaine de l'éducation et de l'accompagnement des vocations. Invoquons pour cela la protection de Marie, Notre-Dame de l'Assomption, patronne du diocèse, Secours des chrétiens, Mère aimée et vénérée de manière particulière dans les nombreux sanctuaires qui lui sont consacrés parmi les monts du Grand Paradis et la plaine du Pô. Que sa présence maternelle indique à tous la voie de l'espérance et les y conduise comme l'étoile qui guida les saints rois mages. Que la Vierge de l'Etoile veille sur vous tous du col qui domine Ivrée, le Mont Stella qui lui est consacré, ainsi qu'aux rois mages. Remettons-nous à présent avec une confiance filiale entre les mains de la Vierge en l'invoquant par la prière de l'Angelus.





Les Combes (Val d'Aoste, Italie)

Dimanche 26 juillet 2009



Chers frères et soeurs,

Bon dimanche à vous tous! Nous nous rencontrons ici aux Combes, près de l'accueillante maison que les salésiens mettent à la disposition du Pape, où se termine mon temps de repos au coeur des belles montagnes de la Vallée d'Aoste. Je rends grâce à Dieu qui m'a accordé la joie de ces journées marquées par une vraie détente - malgré le petit accident que vous savez et qui est visible. Je profite de cette occasion pour remercier affectueusement ceux qui m'ont manifesté leur proximité avec discrétion et un grand dévouement. Je salue le cardinal Poletto et les évêques présents, en particulier l'évêque d'Aoste, Mgr Giuseppe Anfossi, que je remercie pour les paroles qu'il m'a adressées. Je salue cordialement le curé des Combes, les autorités civiles et militaires, les forces de l'ordre, et vous tous, chers amis, ainsi que ceux qui se sont unis à nous à travers la radio et la télévision.

Aujourd'hui, en ce splendide dimanche où le Seigneur nous montre toute la beauté de sa création, la liturgie prévoit comme lecture évangélique, le début du chapitre six de Jean, qui contient d'abord le miracle de la multiplication des pains - quand Jésus donna à manger à des milliers de personnes avec seulement cinq pains et deux poissons -, puis l'autre prodige du Seigneur qui marche sur les eaux du lac agitées par la tempête et, enfin, le discours dans lequel Il se révèle comme "le pain de vie". En racontant le "signe" des pains, l'Evangéliste souligne que le Christ, avant de les distribuer, les bénit par une prière d'action de grâce (cf. v. 11). Le verbe grec est eucharistein, et renvoie directement au récit de la Dernière Cène, dans lequel, en effet, Jean ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie, mais le lavement des pieds. On a ici comme une anticipation de l'Eucharistie à travers le grand signe du pain de vie. En cette Année sacerdotale, comment ne pas rappeler que spécialement nous les prêtres, nous pouvons nous refléter dans ce texte de Jean, en nous identifiant aux apôtres, lorsqu'ils disent: où pourrons-nous trouver du pain pour toutes ces foules? Puis, en découvrant ce jeune garçon anonyme qui possède cinq pains d'orge et deux poissons, nous nous demandons nous aussi spontanément: mais qu'est-ce que cela pour une telle foule? En d'autres termes: que suis-je? Comment puis-je, avec mes limites, aider Jésus dans sa mission? La réponse est donnée par le Seigneur: c'est justement en mettant entre ses mains "saintes et vénérables" le peu qu'ils sont, que les prêtres, nous les prêtres, devenons instruments de salut pour de nombreuses personnes, pour tous!

La mémoire des saints Joachim et Anne, parents de la Vierge et donc grands-parents de Jésus, que l'on célèbre aujourd'hui, m'offre un deuxième point de réflexion. Cette célébration fait penser au thème de l'éducation, qui a une place importante dans la pastorale de l'Eglise. Elle nous invite en particulier à prier pour les grands-parents, qui, dans la famille, sont les dépositaires et souvent les témoins des valeurs fondamentales de la vie. La tâche éducative des grands-parents est toujours très importante, et elle le devient encore davantage quand, pour diverses raisons, les parents ne sont pas en mesure d'assurer une présence adéquate auprès de leurs enfants, à l'âge de la croissance. Je confie à la protection de sainte Anne et saint Joachim tous les grands-parents du monde en leur adressant une bénédiction spéciale. Que la Vierge Marie, qui - selon une belle iconographie - apprit à lire les Saintes Ecritures sur les genoux de sa mère Anne, les aide à toujours nourrir leur foi et leur espérance aux sources de la Parole de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

La prière dominicale de l'Angelus me donne la joie de saluer les francophones présents ce matin, ainsi que les personnes qui nous rejoignent par la radio ou la télévision. Nous célébrons, comme chaque dimanche, les merveilles que le Seigneur a faites pour chacun de nous. C'est pourquoi je vous convie à reconnaître dans votre vie la grâce surabondante de Dieu pour tout homme. En cette période estivale, je vous invite, suivant l'exemple du Seigneur, à vous retirer à l'écart pour prier. N'oubliez pas Dieu pendant vos vacances car Lui, Il reste présent à vos côtés et Il vous accompagne! Je demande à Dieu de vous bénir, ainsi que vos familles et vos amis!

237 Il y a peu, en évoquant les saints Joachim et Anne, j'ai parlé des grands-parents. Je voudrais à présent étendre ma pensée à toutes les personnes âgées, en particulier toutes celles qui pourraient se trouver particulièrement seules et en difficulté. Merci encore d'être venus et bon dimanche!





Castelgandolfo

Dimanche 2 août 2009



Chers frères et soeurs!

Je suis rentré il y a quelques jours du Val d'Aoste, et c'est à présent avec un grand plaisir que je me trouve parmi vous, chers amis de Castel Gandolfo. A l'évêque, au curé et à la communauté paroissiale, ainsi qu'aux autorités civiles et à tous les habitants de Castel Gandolfo, y compris les pèlerins et les vacanciers, je renouvelle avec affection mon salut, uni à un remerciement sincère pour votre accueil toujours si cordial. Merci également pour la proximité spirituelle que de nombreuses personnes m'ont manifestée lorsque j'ai eu le petit accident au poignet de la main droite aux Combes.

Chers frères et soeurs, l'Année sacerdotale que nous célébrons constitue une occasion précieuse pour approfondir la valeur de la mission des prêtres dans l'Eglise et dans le monde. Des points de réflexions utiles, à cet égard, nous viennent de la mémoire des saints que l'Eglise nous propose chaque jour. Par exemple, en ces premiers jours du mois d'août, nous en rappelons certains qui sont de véritables modèles de spiritualité et de dévouement sacerdotal. Hier, la mémoire liturgique de saint Alphonse Marie de' Liguori, évêque et docteur de l'Eglise, grand maître de théologie morale et modèle de vertus chrétiennes et pastorales, toujours attentif aux nécessités religieuses de son peuple. Aujourd'hui, nous contemplons chez saint François d'Assise l'amour ardent pour le salut des âmes, que chaque prêtre doit constamment alimenter: en effet, nous célébrons ce que l'on appelle le "pardon d'Assise", qu'il obtint du Pape Honorius III en 1216, après avoir eu une vision, tandis qu'il était en prière dans la petite église de la Portioncule. Jésus, lui étant apparu dans sa gloire, avec à sa droite la Vierge Marie et entouré de nombreux anges, lui demanda d'exprimer un désir, et François implora un "ample et généreux pardon" pour tous ceux qui, "repentis et confessés", auraient visité l'église. Ayant reçu l'approbation pontificale, le saint n'attendit pas un document écrit, mais courut à Assise et, arrivé à la Portioncule, annonça la belle nouvelle: "Mes frères, je veux vous envoyer tous au Paradis!". Depuis lors, du 1 août à midi jusqu'au 2 août à minuit, on peut bénéficier, aux conditions habituelles, de l'indulgence plénière également pour les défunts, en visitant une église paroissiale ou franciscaine.

Que dire de saint Jean-Marie Vianney, que nous rappellerons le 4 août? Précisément pour commémorer le 150ème anniversaire de sa mort, j'ai proclamé une Année sacerdotale. De cet humble prêtre, qui constitue un modèle de vie sacerdotale non seulement pour les curés, mais pour tous les prêtres, je me propose de reparler dans la catéchèse lors de l'Audience générale de mercredi prochain. De plus, le 7 août, sera célébrée la mémoire de saint Gaetano da Thiene, qui avait l'habitude de répéter que "ce n'est pas par l'amour sentimental, mais par l'amour des faits que l'on purifie les âmes". Et le lendemain, le 8 août, l'Eglise nous indiquera comme modèle saint Dominique, dont on a écrit qu'"il ouvrait la bouche ou pour parler avec Dieu dans la prière, ou pour parler de Dieu". Je ne peux, enfin, oublier de rappeler également la grande figure du Pape Montini, Paul VI, dont sera célébré le 6 août le 31ème anniversaire de la mort, survenue précisément, ici à Castel Gandolfo. Sa vie, si profondément sacerdotale et riche de tant d'humanité, demeure dans l'Eglise un don dont il faut remercier Dieu. Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, aide les prêtres à être tous entièrement amoureux du Christ, en suivant l'exemple de ces modèles de sainteté sacerdotale.

A l'issue de l'Angelus

Je vous accueille avec joie, chers amis francophones venus à Castel Gandolfo pour vous associer à la prière mariale de l'Angelus. Aujourd'hui encore le Seigneur nous accompagne sur notre route quotidienne. Il nous donne à manger la vraie manne qui vient du ciel, le vrai pain de la vie, qui redonne courage et confiance, et qui fortifie notre foi. En cette année sacerdotale, illuminée par le 150ème anniversaire de l'enciellement du saint curé d'Ars célébré cette semaine, je vous encourage à participer avec fidélité et dévotion à l'Eucharistie dominicale et à prendre du temps pour l'adorer en vérité. Priez pour les prêtres et les séminaristes. Je demande à Dieu de vous bénir, ainsi que vos familles et vos amis.

Je souhaite à tous un bon dimanche et un mois d'août serein.



Castelgandolfo

238

Dimanche 9 août 2009

Chers frères et soeurs!

Comme dimanche dernier, aujourd'hui également, - dans le cadre de l'Année sacerdotale que nous célébrons - nous nous arrêtons pour méditer sur certains saints et saintes que la liturgie rappelle en ces jours. A l'exception de la vierge Claire d'Assise, ardente d'amour divin dans le sacrifice quotidien de la prière et de la vie commune, les autres sont des martyrs, dont deux ont été tués dans le camp de concentration d'Auschwitz: sainte Thérèse Bénédicte de la Croix-Edith Stein qui, née de foi juive et conquise par le Christ à l'âge adulte, devint religieuse carmélite et scella son existence par le martyre; et saint Maximilien Kolbe, fils de la Pologne et de saint François d'Assise, grand apôtre de Marie Immaculée. Nous rencontrerons ensuite d'autres figures splendides de martyrs de l'Eglise de Rome, comme saint Pontien pape, saint Hippolyte prêtre et saint Laurent diacre. Quels merveilleux modèles de sainteté l'Eglise nous propose! Ces saints sont les témoins de la charité qui aime "jusqu'à la fin" et qui ne tient pas compte du mal reçu, mais le combat par le bien (cf. 1Co 13,4-8). On peut apprendre d'eux, en particulier les prêtres, l'héroïsme évangélique qui nous pousse, sans rien craindre, à donner la vie pour le salut des âmes. L'amour vainc la mort!

Tous les saints, mais en particulier les martyrs, sont témoins de Dieu, qui est Amour: Deus caritas est. Les camps de concentration nazis, comme tout camp d'extermination, peuvent être considérés comme les symboles extrêmes du mal, de l'enfer, qui se déchaîne sur la terre lorsque l'homme oublie Dieu et se substitue à Lui, lui usurpant le droit de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal, de donner la vie et la mort. Malheureusement, ce triste phénomène n'est pas limité aux camps de concentration. Ceux-ci représentent plutôt le point culminant d'une réalité ample et diffuse, dont les limites nous échappent souvent. Les saints, que j'ai rappelés brièvement, nous font réfléchir sur les divergences profondes qui existent entre l'humanisme athée et l'humanisme chrétien; une antithèse qui traverse toute l'histoire, mais qui à la fin du deuxième millénaire, avec le nihilisme contemporain, est arrivée à un point crucial, comme de grands intellectuels et penseurs l'ont perçu et comme les événements l'ont amplement démontré. D'une part, il y a des philosophies et des idéologies, mais également toujours plus des façons de penser et d'agir, qui exaltent la liberté comme unique principe de l'homme, en alternative à Dieu, et de cette façon transforment l'homme en un dieu, mais c'est un faux dieu, qui fait de l'arbitraire son mode de comportement. D'autre part, nous avons précisément les saints, qui, pratiquant l'Evangile de la charité, rendent raison de leur espérance; ils montrent le véritable visage de Dieu, qui est Amour, et dans le même temps, le visage authentique de l'homme, créé à l'image et ressemblance divine.

Chers frères et soeurs, prions la Vierge Marie, afin qu'elle nous aide tous - en premier lieu les prêtres - à être saints comme ces témoins héroïques de la foi et du dévouement jusqu'au martyre. Telle est l'unique façon d'offrir aux questions humaines et spirituelles, que suscite la crise profonde du monde contemporain, une réponse crédible et exhaustive: celle de la charité dans la vérité.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux, chers pèlerins francophones, de vous accueillir à Castel Gandolfo pour la prière de l'Angelus. L'Eglise, en ce dimanche, nous donne de reconnaître dans nos vies que la Bonne Nouvelle est nourriture et libération. Cette Bonne Nouvelle du Christ nous enracine dans la vérité et nous délivre de tout ce qui nous entrave tant au plan spirituel que moral. En suivant l'exemple du saint curé d'Ars, je vous invite à vous laisser transfigurer par l'Eucharistie qui est la source de tout amour. Je vous invite également à prier pour les vocations sacerdotales afin que Dieu donne à notre monde les prêtres dont il a tant besoin pour servir à la prière et à l'Eucharistie. Je demande à Dieu de vous bénir, ainsi que vos familles et vos amis.

Merci pour votre présence. Bon dimanche à tous!





SOLENNITÉ DE L'ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

BENOÎT XVI

Palais pontifical de Castel Gandolfo

Samedi 15 août 2009

Chers frères et soeurs!


239 Au cours du mois d'août, temps de vacances pour de nombreuses familles, et également pour moi, l'Eglise célèbre la solennité de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Il s'agit d'une occasion privilégiée pour méditer sur le sens ultime de notre existence, aidés par la liturgie d'aujourd'hui, qui nous invite à vivre dans ce monde en étant tournés vers les biens éternels, pour partager la même gloire que Marie, la même gloire que notre Mère (cf. prière de la "Collecte"). Tournons donc notre regard vers la Vierge, Etoile de l'espérance, qui illumine notre chemin terrestre, en suivant l'exemple des saints et des saintes qui ont recours à Elle en toute circonstance. Vous savez que nous célébrons l'Année sacerdotale en souvenir du saint curé d'Ars, et je voudrais puiser dans les pensées et les témoignages de ce saint curé de campagne certaines réflexions, qui peuvent nous aider tous, en particulier nous, les prêtres, à raviver l'amour et la vénération pour la Très Saine Vierge.

Les biographes attestent que saint Jean-Marie Vianney parlait de la Vierge avec dévotion et dans le même temps de façon familière et spontanée. "La Sainte Vierge - avait-t-il l'habitude de répéter - est sans tâche, ornée de toutes les vertus qui la rendent si belle et aimée de la Très Sainte Trinité" (B. Nodet, La pensée et l'âme du curé d'Ars). Et encore: "Le coeur de cette bonne Mère n'est qu'amour et miséricorde, elle ne désire rien d'autre que de nous voir heureux. Il suffit de s'adresser à Elle pour être exaucés" (ibid.). Cette expression laisse transparaître le zèle du prêtre, qui, mû par un désir apostolique, se réjouit de parler de Marie aux fidèles, et ne se lasse jamais de le faire. Il savait présenter même un mystère complexe comme celui de l'Assomption d'aujourd'hui, à travers des images concrètes, par exemple ainsi: "L'homme était créé pour le ciel. Le démon a brisé l'échelle qui y conduisait. Notre Seigneur, par sa Passion, nous en a donné une autre... La Très Sainte Vierge est en haut de l'échelle et la tient à deux mains" (ibid.).

Le saint curé d'Ars était attiré surtout par la beauté de Marie, beauté qui coïncide avec sa nature Immaculée, l'unique créature conçue sans l'ombre d'un péché. "La Sainte Vierge - affirmait-t-il - est cette belle créature qui n'a jamais déçu le bon Dieu" (ibid.). En tant que Pasteur bon et fidèle, il a donné avant tout l'exemple, notamment dans cet amour filial pour la Mère de Jésus, par laquelle il se sentait attiré vers le ciel. "Si je n'allais pas au ciel - s'exclamait-il - comme je serais affligé! Je ne verrais jamais la Sainte Vierge, cette créature si belle!" (ibid.). Il consacra en outre plusieurs fois sa paroisse à la Vierge, en recommandant spécialement aux mères d'en faire autant chaque matin avec leurs enfants. Chers frères et soeurs, faisons nôtres les sentiments du saint curé d'Ars. Et avec la même foi, tournons-nous vers Marie élevée au ciel, lui confiant de façon particulière les prêtres du monde entier.

A l'issue de l'Angelus

En ce jour de l'Assomption, j'accueille avec joie les pèlerins de langue française venus à Castel Gangolfo pour la prière de l'Angelus. Au coeur de ce mois d'août, qui pour beaucoup est un temps de repos, l'Eglise nous donne de célébrer la gloire sans pareille de la Vierge Marie. Humble servante du Seigneur elle a été associée dans son corps à la résurrection de son fils Jésus, devenant pour toute l'humanité un gage d'espérance. En contemplant Marie, je vous invite à vous ouvrir comme elle à la confiance et à vous abandonner à la tendresse et à la fidélité de Dieu. Que la Vierge Marie veille sur l'Eglise et sur toutes les familles!

Je souhaite à tous une bonne fête de l'Assomption!



Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 16 août 2009

Chers frères et soeurs!


Nous avons célébré hier la grande fête de l'Assomption de Marie au Ciel, et aujourd'hui, nous lisons dans l'Evangile ces paroles de Jésus: "Je suis le pain vivant, descendu du ciel" (Jn 6,51). On ne peut manquer d'être frappé par ce lien, qui tourne autour du symbole du "ciel": Marie a été "élevée" au ciel, lieu d'où son Fils était "descendu". Naturellement, ce langage, qui est biblique, exprime en termes figurés quelque chose qui n'entre jamais complètement dans le monde de nos concepts et de notre imaginaire. Mais arrêtons-nous un instant pour réfléchir! Jésus se présente comme le "pain vivant", c'est-à-dire comme la nourriture qui contient la vie même de Dieu et est en mesure de la communiquer à celui qui se nourrit de Lui, la véritable nourriture qui donne la vie, qui nourrit réellement en profondeur. Jésus dit: "Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde" (Jn 6,51). Or, de qui le Fils de Dieu a-t-il pris sa "chair", son humanité concrète et terrestre? Il l'a prise de la Vierge Marie. Dieu a tiré d'Elle le corps humain pour entrer dans notre condition mortelle. A son tour, au terme de son existence terrestre, le corps de la Vierge a été élevé au ciel par Dieu et introduit à la condition céleste. Il s'agit d'une sorte d'échange, dans lequel Dieu a toujours l'entière initiative, mais, comme nous l'avons vu en d'autres occasions, dans un certain sens, il a également besoin de Marie, du "oui" de la créature, de sa chair, de son existence concrète, pour préparer la matière de son sacrifice: le corps et le sang, à offrir sur la Croix comme instrument de vie éternelle et, dans le sacrement de l'Eucharistie, comme nourriture et boisson spirituelles.

Chers frères et soeurs, ce qui a eu lieu en Marie vaut, d'autres façons, mais réellement, également pour tout homme et toute femme, car Dieu demande à chacun de nous de l'accueillir, de mettre notre coeur et notre corps à sa disposition, notre existence tout entière, notre chair - dit la Bible - afin qu'Il puisse habiter dans le monde. Il nous appelle à nous unir à Lui dans le sacrement de l'Eucharistie, Pain rompu pour la vie du monde, pour former ensemble l'Eglise, son Corps historique. Et si nous disons oui, comme Marie, ou plutôt, dans la mesure même de notre "oui", a lieu également pour nous et en nous, cet échange mystérieux: nous sommes élevés dans la divinité de Celui qui a assumé notre humanité. L'Eucharistie est le moyen, l'instrument de cette transformation réciproque, qui a toujours Dieu comme fin et comme acteur principal: Il est la Tête et nous les membres, Il est la Vigne et nous les sarments. Qui mange de ce pain et vit en communion avec Jésus en se laissant transformer par Lui et en Lui, est sauvé de la mort éternelle: il meurt certainement comme tous, en participant également au mystère de la passion et de la croix du Christ, mais il n'est plus esclave de la mort, et ressuscitera le dernier jour pour jouir de la fête éternelle avec Marie et avec tous les saints.

240 Ce mystère, cette fête de Dieu commence ici-bas: c'est un mystère de foi, d'espérance et d'amour, qui se célèbre dans la vie et dans la liturgie, en particulier eucharistique, et s'exprime dans la communion fraternelle et dans le service au prochain. Prions la Sainte Vierge, afin qu'elle nous aide à nous nourrir toujours avec foi du Pain de vie éternelle pour faire l'expérience déjà sur terre de la joie du Ciel.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de saluer les francophones présents pour la prière de l'Angelus, particulièrement les jeunes venus d'Afrique. Hier nous avons eu la joie de célébrer la fête de l'Assomption de Marie et la liturgie nous a exhortés à tourner notre regard vers le ciel. Aujourd'hui, je vous convie à accueillir le don que le Christ nous fait de lui-même dans l'Eucharistie. En recevant dans la foi cette nourriture indispensable, le chrétien y puise la force qui permet de se donner tout entier à ses frères. Je vous invite donc à garder la porte de votre coeur toujours grande ouverte, et à être jour après jour, les témoins de la tendresse du Seigneur auprès de toutes les personnes qui sont dans le besoin matériellement ou spirituellement. Soyez sans relâche les messagers de la Bonne Nouvelle!

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 23 août 2009


Chers frères et soeurs,

Voyez, je n'ai plus la main dans le plâtre, mais elle n'est pas encore totalement rétablie; je dois encore avoir un peu de patience, mais allons de l'avant tout de même!

Vous savez que depuis quelques dimanches, la liturgie propose à notre réflexion le chapitre VI de l'Evangile de Jean, dans lequel Jésus se présente comme "le pain vivant descendu du ciel" et il ajoute: "Si quelqu'un mange de ce pain il vivra pour toujours. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde" (Jn 6,51). Aux juifs qui discutent âprement en se demandant: "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?" (v. 52), Jésus répète: "Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous" (v. 53). Aujourd'hui, en ce XXIe dimanche du temps ordinaire, nous méditons la partie conclusive de ce chapitre, dans laquelle le quatrième Evangéliste rapporte la réaction des gens et des disciples eux-mêmes, scandalisés par les paroles du Seigneur, au point que beaucoup, qui l'avaient suivi jusque-là, s'exclament: "Elle est dure, cette parole! Qui peut l'écouter?" (v. 60). Et à partir de ce moment-là, "beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui" (v. 66). Mais Jésus ne nuance pas ses affirmations, au contraire, il s'adresse directement aux Douze en disant: "Vous voulez vous en aller vous aussi?" (v. 67).

Cette question provocatrice ne s'adresse pas seulement aux auditeurs d'alors, mais touche les croyants et les hommes de toutes les époques. Aujourd'hui aussi, beaucoup sont "scandalisés" devant le paradoxe de la foi chrétienne. L'enseignement de Jésus semble "dur", trop difficile à accueillir, et à mettre en pratique. Certains alors le refusent et abandonnent le Christ; certains cherchent à adapter la parole aux modes des temps en en dénaturant le sens et la valeur. "Voulez-vous partir, vous aussi?". Cette provocation inquiétante résonne dans notre coeur et attend de chacun de nous une réponse personnelle. En effet, Jésus ne se contente pas d'un lien d'appartenance superficiel et formel, une première adhésion enthousiaste ne lui suffit pas; il faut au contraire prendre part pour toute la vie "à sa pensée et à sa volonté". Le suivre remplit le coeur de joie et donne tout son sens à notre existence, mais comporte des difficultés et des renoncements parce que très souvent, on doit aller à contre-courant.

241 "Voulez-vous partir vous aussi?". A la question de Jésus, Pierre répond au nom des apôtres: "Seigneur, à qui irions nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le saint de Dieu" (vv. 68-69). Chers frères et soeurs, nous aussi, nous pouvons répéter la réponse de Pierre, certes conscients de notre fragilité humaine, mais confiants dans la puissance de l'Esprit Saint, qui s'exprime et se manifeste dans la communion avec Jésus. La foi est un don de Dieu à l'homme et elle est en même temps un abandon de l'homme à Dieu, libre et total; la foi est une écoute docile de la parole du Seigneur, qui est "lampe" pour nos pas et "lumière" sur notre chemin (cf. Psaume Ps 119,105). Si nous ouvrons notre coeur au Christ avec confiance, si nous nous laissons conquérir par lui, nous pouvons faire nous aussi l'expérience, avec le saint curé d'Ars, que "notre seul bonheur sur cette terre est d'aimer Dieu et savoir que lui nous aime". Demandons à la Vierge Marie de toujours maintenir ferme en nous cette foi imprégnée d'amour, qui a fait d'elle, l'humble jeune fille de Nazareth, la Mère de Dieu et la mère et le modèle de tous les croyants.

A l'issue de l'Angelus

La XXXe édition du "Meeting pour l'amitié entre les peuples" s'est ouverte aujourd'hui à Rimini, et a comme titre cette année: "La connaissance est toujours un événement". J'adresse une salutation cordiale à tous ceux qui participent à ce rendez-vous significatif, et je souhaite qu'il soit une occasion propice pour comprendre que "Connaître n'est pas seulement un acte physique, car (...) en chaque connaissance et en chaque acte d'amour, l'âme de l'homme fait l'expérience d'un "plus" qui s'apparente beaucoup à un don reçu, à une hauteur à laquelle nous nous sentons élevés" (Enc. Caritas in veritate ).

Je vous salue cordialement chers pèlerins francophones rassemblés pour la prière de l'Angelus, en particulier les jeunes du diocèse de Beauvais. Au milieu des transformations du monde, la liturgie de ce jour nous convie à faire des choix, à discerner ce qui nous fait vivre. Pour cela, il est indispensable de nous appuyer sur la Parole du Christ car elle est Esprit et Vie. Avant de recommencer nos activités habituelles, je vous invite, en cette fin du mois d'août, à prendre du temps pour méditer la Parole de Dieu et à vous nourrir de l'Eucharistie, source et sommet de toute vie. Que Dieu vous bénisse!

Je salue les Polonais. Dans l'Evangile d'aujourd'hui, le Seigneur Jésus dit à ses disciples: "Certains parmi vous ne croient pas" (Jn 6,64). En cette année sacerdotale, demandons dans la prière que les prêtres, qui, à l'exemple de Pierre et des apôtres "ont cru et ont reconnu que le Christ est le saint de Dieu" (Jn 6,69), fortifient ceux qui doutent, par le témoignage de leur vie. Que tous fassent l'expérience, grâce à leur ministère, du don de la conversion et du renouveau du coeur.

A tous, je souhaite un bon dimanche.



Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 30 août 2009


Angelus Benoit XVI 235