Angelus Benoit XVI 241

Dimanche 30 août 2009

Chers frères et soeurs!


Il y a trois jours, le 27 août, nous avons célébré la mémoire liturgique de sainte Monique, mère de saint Augustin, considérée comme le modèle et la patronne des mères chrétiennes. Beaucoup d'informations ont été fournies sur elle par son fils dans son livre autobiographique Les confessions, chef-d'oeuvre parmi les plus lus de tous les temps. Nous apprenons ici que saint Augustin buvait le nom de Jésus avec le lait maternel et fut éduqué par sa mère à la religion chrétienne, dont les principes restèrent imprimés en lui, même durant ses années d'égarement spirituel et moral. Monique ne cessa jamais de prier pour lui et pour sa conversion, et eut la consolation de le voir revenir à la foi et de recevoir le baptême. Dieu exauça les prières de cette sainte mère, à laquelle l'évêque de Thagaste avait dit: "Il est impossible que le fils de telles larmes soit perdu". En vérité, non seulement saint Augustin se convertit, mais il décida d'embrasser la vie monastique et, de retour en Afrique, fonda lui-même une communauté de moines. Les derniers colloques spirituels entre lui et sa mère, dans la tranquillité d'une maison d'Ostie, en attendant de s'embarquer pour l'Afrique, sont émouvants et édifiants. Désormais, sainte Monique était devenue pour son fils "plus qu'une mère, la source de son christianisme". Son seul désir pendant des années avait été la conversion d'Augustin, qui s'orientait maintenant vers une vie de consécration au service de Dieu. Elle pouvait donc mourir heureuse, et effectivement, elle s'éteignit le 27 août 387, à 56 ans, après avoir demandé à ses fils de ne pas se donner de peine pour sa sépulture, mais de se souvenir d'elle, où qu'ils se trouvent, à l'autel du Seigneur. Saint Augustin répétait que sa mère l'avait "engendré deux fois".

242 L'histoire du christianisme est constellée de très nombreux exemples de parents saints et d'authentiques familles chrétiennes, qui ont accompagné la vie de prêtres généreux et pasteurs de l'Eglise. Que l'on pense à saint Basile le Grand et Grégoire de Nazianze, appartenant tous deux à des familles de saints. Nous pensons, très proches de nous, aux époux Luigi Beltrame Quattrocchi et Maria Corsini, qui vécurent entre la fin du xix siècle et le milieu du XX siècle, béatifiés par mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II en octobre 2001, en coïncidence avec les vingt ans de l'exhortation apostolique Familiaris consortio. Ce document, plus qu'illustrer la valeur du mariage et les devoirs de la famille, invite les époux à un engagement particulier sur le chemin de la sainteté en puisant la grâce et la force du sacrement du mariage qui les accompagne tout au long de leur existence (cf. n. 56). Quand les époux se consacrent généreusement à l'éducation des enfants, les guidant et les orientant vers la découverte du dessein d'amour de Dieu, ils préparent ce terrain spirituel fertile où jaillissent et mûrissent les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. C'est ainsi que l'on découvre combien le mariage et la virginité sont intimement liés et s'illuminent mutuellement, à partir de leur enracinement commun dans l'amour sponsal du Christ.

Chers frères et soeurs, en cette Année sacerdotale, prions pour que, "par l'intercession du saint curé d'Ars, les familles chrétiennes deviennent de petites Eglises, où toutes les vocations et tous les charismes donnés par l'Esprit Saint puissent être accueillis et valorisés" (Prière pour l'Année sacerdotale). Que la Sainte Vierge, que nous invoquons maintenant ensemble, nous obtienne cette grâce.

A l'issue de l'Angelus

Mardi prochain, 1 septembre, nous célébrerons en Italie la Journée pour la sauvegarde de la création. C'est un rendez-vous significatif, également important d'un point de vue oecuménique, et dont le thème cette année est l'importance de l'air, élément indispensable pour la vie. Comme je l'ai fait lors de l'Audience générale de mercredi dernier, je vous exhorte à un plus grand engagement pour la protection de la création, don de Dieu. J'encourage en particulier les pays industrialisés à coopérer de manière responsable pour l'avenir de la planète et pour que ce ne soient pas les populations les plus pauvres qui paient le prix le plus élevé des changements climatiques.

J'accueille avec joie les pèlerins de langue française rassemblés pour la prière de l'Angelus.La liturgie de ce dimanche nous invite à écouter avec attention la Parole de Dieu afin d'y rester fidèle en la mettant en pratique chaque jour. Elle est pour nous source de sagesse, de lumière, d'intelligence et de vie. Sachons donc prendre du temps pour accueillir cette Parole et pour la méditer afin qu'elle puisse s'enraciner au plus profond de notre vie quotidienne. Alors notre existence portera du fruit et exprimera l'amour de Dieu pour tout homme! Que le Seigneur vous accompagne chaque jour de votre vie!
Je souhaite à tous un bon dimanche.





VISITE PASTORALE À VITERBE ET BAGNOREGIO (EN ITALIE)



Vallée Faul Faul - Viterbe

Dimanche 6 septembre 2009

[Vidéo]



Chers frères et soeurs!

Au terme de cette célébration eucharistique solennelle, je remercie encore une fois le Seigneur de m'avoir donné la joie d'accomplir cette visite pastorale dans votre communauté diocésaine. Je suis venu au milieu de vous pour vous encourager et pour vous confirmer dans la fidélité au Christ, comme l'indique bien aussi le thème que vous avez choisi: "Confirme tes frères" (Lc 22,31). Ces paroles, Jésus les a adressées à l'apôtre Pierre au cours de la Dernière Cène, en lui confiant la tâche d'être sur cette terre le pasteur de toute son Eglise. Depuis de nombreux siècles, votre diocèse se distingue par un lien singulier d'affection et de communion avec le Successeur de Pierre. J'ai pu m'en rendre compte en visitant le palais des Papes et, en particulier la "Salle du conclave".

243 Dans le vaste territoire de l'antique Tuscia est né saint Léon le Grand, qui a rendu un grand service à la vérité dans la charité, à travers un exercice assidu de la parole, dont témoignent ses sermons et ses lettres. C'est à Blera qu'est né le Pape Savinien, successeur de saint Grégoire le Grand, et à Canino, Paul III. Viterbe a été choisie pendant toute la seconde partie du XIII siècle comme résidence des Pontifes romains; c'est là que furent élus cinq de mes prédécesseurs, et quatre d'entre eux y ont leur sépulture; cinquante s'y sont rendus en visite, le dernier étant le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, il y a maintenant 25 ans. Ces chiffres revêtent une signification historique, mais je voudrais en cet instant souligner surtout leur valeur spirituelle. Viterbe est appelée à juste titre "Cité des Papes" et cela constitue pour vous un autre stimulant pour vivre et témoigner de la foi chrétienne, cette même foi pour laquelle les saints martyrs Valentin et Hilaire, qui reposent dans l'église cathédrale, ont donné leur vie et ils furent les premiers d'une longue lignée de saints, martyrs et bienheureux de votre terre.

"Confirme tes frères": cette invitation du Seigneur, je la ressens aujourd'hui comme m'étant adressée avec une intensité particulière. Priez, chers frères et soeurs, pour que je puisse toujours exercer ma mission de Pasteur de tout le troupeau du Christ avec fidélité et avec amour (cf. Jn
Jn 21,15 sq). Pour ma part, je vous assure de mon souvenir constant devant le Seigneur, pour votre communauté diocésaine, afin que ses différentes branches - dont j'ai pu admirer une représentation symbolique sur les nouvelles portes de la cathédrale - tendent à une unité toujours plus pleine et une communion fraternelle, conditions indispensables pour offrir au monde un témoignage évangélique efficace. Je confierai ces intentions cet après-midi à la Vierge Marie, en visitant le sanctuaire de la Vierge du Chêne. Maintenant, avec la prière qui rappelle son "oui" à l'annonce de l'Ange, nous lui demandons de garder notre foi toujours forte et joyeuse.

Au terme de la prière de l'Angelus:

Je désire à présent adresser une salutation cordiale aux participants au Congrès international "Hommes et religions", qui se déroule à Cracovie sur le thème: "Fois et cultures en dialogue". De nombreuses personnalités et représentants de diverses religions - invités par l'archidiocèse de Cracovie et par la Communauté de Sant'Egidio - sont réunis pour réfléchir et prier pour la paix, à 70 ans du début de la deuxième guerre mondiale. Nous ne pouvons pas ne pas rappeler les faits dramatiques qui ont été à l'origine de l'un des conflits les plus terribles de l'histoire, qui a fait des dizaines de millions de morts et entraîné tant de souffrances au bien-aimé peuple polonais; un conflit qui a vu la tragédie de l'Holocauste et l'extermination d'autres foules d'innocents. Que la mémoire de ces événements nous incite à prier pour les victimes et pour ceux qui en portent encore les blessures dans leur corps et dans leur coeur; qu'elle soit aussi un avertissement pour tous à ne pas répéter de telles barbaries et à intensifier les efforts pour construire, à notre époque encore marquée par des conflits et des affrontements, une paix durable, en transmettant, surtout aux nouvelles générations, une culture et un style de vie imprégnés d'amour, de solidarité, et d'estime pour l'autre. Dans cette perspective, la contribution que les religions peuvent et doivent apporter est particulièrement importante, pour promouvoir le pardon et la réconciliation contre la violence, le racisme, le totalitarisme et l'extrémisme qui défigurent l'image du Créateur de l'homme, effacent l'horizon de Dieu et, par conséquent, conduisent au mépris de l'homme lui-même. Que le Seigneur nous aide à construire la paix, en partant de l'amour et de la compréhension réciproque (cf. Caritas in veritate ).





Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 13 septembre 2009

13099 Chers frères et soeurs!

En ce 24 dimanche du temps ordinaire, la Parole de Dieu nous interpelle avec deux questions cruciales que je résumerais ainsi: "Pour toi, qui est Jésus de Nazareth?". Puis: "Ta foi se traduit-elle ou non en oeuvre?". La première question, nous la trouvons dans l'Evangile d'aujourd'hui, quand Jésus demande à ses disciples: "Pour vous, qui suis-je?" (
Mc 8,29). La réponse de Pierre est claire et immédiate: "Tu es le Christ", c'est-à-dire le Messie, le consacré de Dieu envoyé pour sauver son peuple. Ainsi, Pierre et les autres apôtres, contrairement à la majeure partie des gens, croient que Jésus est beaucoup plus qu'un grand maître ou un prophète. Ils ont foi: ils croient que Dieu est présent et oeuvre en lui. Mais juste après cette profession de foi, quand pour la première fois, Jésus annonce ouvertement qu'il devra souffrir et être tué, Pierre s'oppose à cette perspective de souffrance et de mort. Jésus doit alors le réprouver avec force, pour lui faire comprendre qu'il ne suffit pas de croire qu'il est Dieu, mais poussés par la charité, il faut le suivre sur cette même route, celle de la croix (cf. Mc 8,31-33). Jésus n'est pas venu nous enseigner une philosophie, mais nous montrer une route, et plus encore, la route qui conduit à la vie.

Cette voie est l'amour, qui est l'expression de la vraie foi. Si quelqu'un aime son prochain avec un coeur pur et généreux, cela signifie qu'il connaît vraiment Dieu. Si au contraire quelqu'un dit avoir la foi, mais n'aime pas ses frères, il n'est pas un vrai croyant. Dieu n'habite pas en lui. C'est ce qu'affirme clairement saint Jacques dans la seconde lecture de la Messe de ce dimanche: "Ainsi en est-il de la foi: si elle n'a pas les oeuvres, elle est tout à fait morte" (Jc 2,17). A ce sujet, il me plaît de citer un écrit de saint Jean Chrysostome, un des grands Pères de l'Eglise, que le calendrier liturgique nous invite aujourd'hui à rappeler. En commentant justement le passage cité de la Lettre de Jacques, il écrit: "Quelqu'un peut aussi avoir une foi droite dans le Père et dans le Fils, ainsi que dans l'Esprit-Saint, mais s'il n'a pas une vie droite, sa foi ne lui servira pas pour le salut. Ainsi, quand tu lis dans l'Evangile: "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu" (Jn 17,3), ne pense pas que cela suffit à nous sauver: une vie et un comportement très purs sont nécessaires" (cit. in J.A. Cramer, Catenae graecorum Patrum in N.T., vol. VIII In Epist. Cath. et Apoc., Oxford 1844).

Chers amis, nous célébrerons demain la fête de l'Exaltation de la Croix, et le lendemain, la fête de Notre-Dame des Douleurs. La Vierge Marie, qui crut à la Parole du Seigneur, ne perdit pas la foi en Dieu quand elle vit son Fils rejeté, injurié et mis en croix. Elle resta au contraire aux côtés de Jésus, souffrant et priant jusqu'au bout. Et elle vit l'aube radieuse de sa Résurrection. Apprenons d'elle à témoigner de notre foi par une vie d'humble service, prêts à payer de notre personne pour demeurer fidèles à l'Evangile de la charité et de la vérité, certains que rien de ce que nous faisons n'est fait en vain.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux d'accueillir pour la prière de l'Angelus les pèlerins francophones et tout particulièrement les séminaristes et les formateurs du séminaire Saint-Joseph de Bordeaux. En cette année sacerdotale, je désire rendre grâce pour tous les jeunes qui généreusement suivent le Seigneur en cherchant à répondre, tout comme le curé d'Ars, à cette question de Jésus: "Pour vous qui suis-je?". Je vous invite, chers pèlerins, à porter dans votre prière quotidienne les séminaristes et tous ceux qui ont découvert l'importance du Christ dans leur vie. Que Dieu vous bénisse, ainsi que vos familles et toutes les personnes qui vous sont chères.

Je souhaite à tous un bon dimanche.




Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 20 septembre 2009


28099 Très chers frères et soeurs!

Aujourd'hui, pour la réflexion dominicale habituelle, je prends appui sur le passage de la lettre de Jacques qui nous est proposé par la liturgie du jour ( 4, 3), et je m'arrête, en particulier, sur une expression qui frappe par sa beauté et par son actualité. Il s'agit de la description de la sagesse véritable, que l'apôtre oppose à la fausse sagesse. Tandis que cette dernière est "terrestre, matérielle et diabolique", et qu'elle se reconnaît au fait qu'elle provoque des jalousies, des contestations, des désordres et toutes sortes d'actions mauvaises (cf. 3, 16), au contraire, "la sagesse d'en haut est tout d'abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie" (3, 17). Une liste de sept qualités, selon l'usage biblique, d'où ressortent la perfection de la sagesse authentique et les effets positifs qu'elle produit. Comme sa qualité première et principale, en quelque sorte placée comme une prémisse des autres, saint Jacques cite la "pureté", c'est-à-dire la sainteté, le reflet transparent, pour ainsi dire, de Dieu dans l'âme humaine. Et comme Dieu dont elle vient, la sagesse n'a pas besoin de s'imposer par la force, parce qu'elle possède la vigueur invincible de la vérité et de l'amour, qui s'affirme d'elle-même. C'est pour cela qu'elle est pacifique, douce et conciliante; elle n'use pas de partialité, et ne recourt pas à des mensonges; elle est indulgente et généreuse, elle se reconnaît à ses fruits de bien qu'elle suscite en abondance.

Pourquoi ne pas s'arrêter pour contempler de temps à autre la beauté de cette sagesse? Pourquoi ne pas puiser à la source non polluée de l'amour de Dieu, la sagesse du coeur, qui nous désintoxique des résidus du mensonge et de l'égoïsme? Cela vaut pour tous, mais en premier lieu pour qui est appelé à être promoteur et "tisserand" de paix dans les communautés religieuses et civiles, dans les rapports sociaux et politiques, et dans les relations internationales. De nos jours, peut-être aussi du fait de certaines dynamiques propres aux sociétés de masse, on constate souvent une carence dans le respect de la vérité et de la parole donnée, ainsi qu'une tendance répandue à l'agressivité, à la haine et à la vengeance. "Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix", écrit saint Jacques (
Jc 3,18). Mais pour accomplir des oeuvres de paix, il faut être des hommes de paix, en se mettant à l'école de "la sagesse qui vient d'en haut", pour en assimiler les qualités et en produire les effets. Si chacun, dans son milieu, réussissait à rejeter le mensonge et la violence dans ses intentions, dans ses paroles, et dans ses actions, en cultivant avec soin des sentiments de respect, de compréhension et d'estime envers les autres, on ne résoudrait peut-être pas tous les problèmes de la vie quotidienne, mais on pourrait les affronter plus sereinement et plus efficacement.

Chers amis, encore une fois, l'Ecriture Sainte nous a conduits à réfléchir aux aspects moraux de l'existence humaine, mais, à partir d'une réalité qui précède la morale même, c'est-à-dire la vraie sagesse. Demandons à Dieu avec confiance la sagesse du coeur, par l'intercession de Celle qui a accueilli dans son sein et enfanté la Sagesse incarnée, Jésus Christ, notre Seigneur. Marie, Siège de la Sagesse, prie pour nous!

A l'issue de l'Angelus

En raison des nombreuses situations de conflit qui existent dans le monde, des nouvelles tragiques de victimes parmi les militaires comme parmi les civils, nous parviennent presque tous les jours. Ce sont des faits auxquels nous ne devons jamais nous habituer et qui suscitent une réprobation profonde, ainsi que le désarroi, dans les sociétés qui ont à coeur le bien de la paix et de la coexistence civile. Ces derniers jours, j'ai ressenti une profonde douleur à la nouvelle du très grave attentat en Afghanistan, contre des militaires italiens. Je m'unis par la prière à la souffrance des familles et des communautés civiles et militaires et, en même temps, je pense, avec les mêmes sentiments de participation, aux autres contingents internationaux, qui ont eu, récemment aussi, des victimes dans leurs rangs et qui oeuvrent pour promouvoir la paix et le développement des institutions, si nécessaires à la coexistence humaine; je leur assure à tous mon souvenir devant le Seigneur, avec une pensée spéciale pour les chères populations civiles, et j'invite à élever pour tous notre prière à Dieu. Je désire ici aussi renouveler mes encouragements à promouvoir la solidarité entre les Nations pour s'opposer à la logique de la violence et de la mort, favoriser la justice, la réconciliation, la paix et soutenir le développement des peuples en partant de l'amour et de la compréhension réciproque, comme je l'ai écrit récemment dans mon encyclique Caritas in veritate (n. 72).

De samedi prochain, 26 septembre au lundi 28, j'effectuerai, si Dieu le veut, un voyage apostolique en République tchèque. Je séjournerai dans la capitale, Prague, mais je me rendrai également à Brno, en Moravie, et à Stará Boleslav, lieu du martyre de saint Venceslas, patron principal du pays. La République tchèque se trouve, géographiquement et historiquement, au coeur de l'Europe et, après avoir traversé les drames du siècle passé, elle a besoin, comme tout le continent, de retrouver les raisons de la foi et de l'espérance. Sur les pas de mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul ii, qui s'est rendu trois fois dans ce pays, je rendrai hommage moi aussi aux témoins héroïques de l'Evangile, anciens et récents, et j'encouragerai chacun à avancer dans la charité et dans la vérité. Je remercie d'ores et déjà ceux qui m'accompagneront par la prière lors de ce voyage, afin que le Seigneur le bénisse et le rende fécond.

En ce dimanche la prière de l'Angelus me donne la joie de vous saluer, chers pèlerins francophones. Dans l'Evangile de ce jour, le Christ nous invite à vivre pleinement notre foi pascale en mettant le cap sur l'essentiel et en proclamant l'efficacité du dénuement, car l'important, dit-il, n'est pas d'être le premier mais d'être serviteur. Pour vivre dans le bonheur qu'il nous donne, il nous invite, en suivant son exemple, à emprunter le chemin de l'amour dans le don et l'oubli de soi, dans l'humilité et le renoncement. Prions pour que les jeunes découvrent l'importance de donner leur vie pour le Christ en étant au service de leurs frères et soeurs. Que Dieu vous bénisse et vous comble de ses grâces!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



VOYAGE APOSTOLIQUE

DU PAPE BENOÎT XVI

EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

(26-28 SEPTEMBRE 2009)

ANGELUS

Aéroport Turany de Brno

Dimanche 27 septembre 2009



Chers frères et soeurs,

Arrivés à la fin de cette célébration solennelle, l’heure de midi nous invite à la prière de l’Angélus. Nous sommes heureux de la réciter ici, au coeur de la Moravie, région fraternellement unie à la Bohème, sur cette terre qui, il y a de nombreux siècles, reçut le don de la foi grâce au génie missionnaire des saints Cyrille et Méthode.

Lorsqu’il y a une vingtaine d’années, Jean-Paul II décida de visiter l’Europe centrale et orientale après la chute du totalitarisme communiste, il voulut commencer son voyage pastoral par Velehrad, ville où se tinrent les grands Congrès Unionistes, précurseurs de l’oecuménisme dans le monde slave, ville rendue célèbre dans tout le monde chrétien. Vous vous rappelez, aussi, d’une autre visite, celle de 1995 à Svatý Kopecek, près d’Olomouc, avec l’inoubliable rencontre avec les jeunes. C’est dans cet esprit que je voudrai reprendre l’enseignement de mon vénéré Prédécesseur et vous inviter à demeurer fidèle à votre vocation chrétienne et à l’Évangile pour construire ensemble un avenir de solidarité et de paix.

La Moravie est une terre riche en sanctuaires mariaux qu’une foule de pèlerins visite durant toute l’année. Je désire, en ce moment, me rendre en esprit comme un pèlerin sur la montagne boisée d’Hostýn, en ce lieu où la Madone est vénérée comme votre protectrice. Que Marie garde vigilante votre foi, une foi plongeant ses racines dans le passé à travers les nombreuses traditions locales que vous avez justement le souci de conserver pour que ne diminue point, dans les villages et dans les villes, l’atmosphère chaleureuse de la vie familiale. Il nous arrive de constater, parfois avec une certaine nostalgie, que le rythme de la vie moderne tend à effacer les traces d’un passé riche de foi. Il est important, au contraire de ne pas perdre de vue l’idéal que les usages traditionnels expriment et par dessus-tout, de maintenir le patrimoine spirituel hérité de vos ancêtres pour le préserver, bien plus, pour faire en sorte qu’il réponde aux défis du temps présent. Que la Vierge Marie vous aide en cela, Elle à qui je confie une nouvelle fois votre Église et la Nation Tchèque toute entière.

Angelus Domini …

246 S láskou pozdravujem pútnikov z blízkeho Slovenska. Drahí bratia a sestry, dnešné Božie slovo nás pobáda, aby sme v Ježišovi Kristovi uznali našu jedinú nádej. Pozývam vás, aby ste boli vo svete vernými svedkami tejto zvesti. Zo srdca žehnám vás i vaše rodiny vo vlasti. S týmto želaním vás žehnám. Pochválený bud Ježiš Kristus!

[Avec affection, je donne la bienvenue aux pèlerins provenant de la Slovaquie voisine. Chers frères et soeurs, la Parole de Dieu d’aujourd’hui nous exhorte à reconnaître Jésus-Christ comme notre unique espérance. Je vous invite à être dans le monde des témoins fidèle de cette annonce. De tout coeur, je vous bénis ainsi que vos familles dans vos Pays. Loué soit Jésus-Christ !]

Serdecznie pozdrawiam Polaków bioracych udzial w tej Eucharystii. Dziekuje za Wasza obecnosc i duchowe wsparcie. Niech spotkanie z Papiezem we wspólnocie Kosciola, który jest w Czechach, przyniesie owoce wiary i milosci w waszych sercach. Niech Bóg wam blogoslawi.

[Je salue cordialement les polonais qui prennent part à cette Eucharistie. Je vous remercie pour votre présence et pour votre soutien spirituel. Que la rencontre du Pape avec l’Eglise qui se trouve en République Tchèque puisse porter des fruits de foi et d’amour abondants dans vos coeurs. Que Dieu vous bénisse !]

Von Herzen grüße ich die Pilger aus Deutschland und aus Österreich. Ich freue mich über euer Kommen, über euer Mitbeten und Mitfeiern mit den Brüdern und Schwestern hier in Tschechien. Noch mehr als alle nachbarschaftlichen Bande ist es der Glaube an Jesus Christus, der uns zusammenführt und eint. Und heute braucht es besonders unser gemeinschaftliches Zeugnis, um neu und kraftvoll die Botschaft des Heils zu verkünden: den gekreuzigten und auferstandenen Herrn – Jesus Christus, die Hoffnung der Menschheit! Die Erfahrung, daß Christus seine Freunde nicht allein läßt, sondern ihnen hilft, damit sie glücklich leben können, darf uns nicht kalt und gleichgültig lassen gegenüber unseren Mitmenschen, die auf der Suche nach Wahrheit und Liebe sind und sich nach dem wirklichen Leben sehnen. Zeigen wir ihnen den Weg zu Jesus Christus, der das Leben in Fülle schenkt. Mit Freude wollen wir Tag für Tag aus unserem Glauben und unserer Hoffnung leben und am Aufbau einer Gesellschaft mitarbeiten, die auf den Werten des Guten, der Gerechtigkeit und Brüderlichkeit, auf der Liebe zu Gott und dem Nächsten gründet. Dazu schenke der Herr uns seinen Segen.

Moji milovaní, je pro me velikou radostí být dnes s vámi zde v Brne, v srdci Moravy. Zdravím také všechny, kterí jsou s námi spojeni sdelovacími prostredky. S láskou pamatuji i na starší osoby, na trpící a na nemocné. Prosím vás všechny o vzpomínku v modlitbe, tak jako já vás ujištuji svou duchovní blízkostí. Necht vás všemohoucí Buh zahrne hojnými nebeskými milostmi a požehnáním!

[Mes chers, c’est pour moi une grande joie d’être avec vous aujourd’hui à Brno, au coeur de la Moravie. Je salue aussi ceux qui sont avec nous à travers les médias. Ma pensée affectueuse rejoint particulièrement les personnes âgées, souffrantes et les malades. Je demande un souvenir dans votre prière. Pour ma part, je vous assure de ma proximité spirituelle. Que dieu tout-puissant vous accorde d’abondantes grâces spirituelles et des bénédictions.]



Place Saint-Pierre

Dimanche 4 octobre 2009

[Vidéo]



Chers frères et soeurs!

247 Ce matin, dans la basilique Saint-Pierre, s'est déroulée la célébration eucharistique d'ouverture de la deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques, durant laquelle on a également prié en différentes langues africaines. Mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II convoqua le premier "Synode africain" en 1994, dans la perspective de l'année 2000 et du troisième millénaire chrétien. Lui qui, avec son zèle missionnaire se fit tant de fois pèlerin en terre africaine, a recueilli les contenus de cette assemblée dans l'Exhortation apostolique Ecclesia in Africa, relançant l'évangélisation sur le continent. Quinze ans plus tard, cette nouvelle assemblée s'inscrit dans la continuité de la première, pour analyser le chemin accompli, approfondir certains aspects et examiner les défis plus récents. Le thème choisi est: "L'Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix" - accompagné par une parole du Christ adressée aux disciples: "Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5,13 Mt 5,14).

Le synode constitue toujours une expérience ecclésiale intense, une expérience de responsabilité pastorale collégiale vis-à-vis d'un aspect spécifique de la vie de l'Eglise, ou, comme dans ce cas, d'une partie du peuple chrétien déterminée en fonction de la zone géographique. Le Pape et ses plus proches collaborateurs se réunissent avec les membres désignés de l'assemblée, avec les experts et les auditeurs, pour approfondir le thème choisi. Il est important de souligner qu'il ne s'agit pas d'un congrès d'étude ni d'une assemblée programmatique. Nous écoutons des interventions magistrales, nous nous concertons en groupes, mais nous savons bien que nous n'avons pas le premier rôle: c'est le Seigneur, son Esprit Saint qui guide l'Eglise. La chose la plus importante pour tous est d'écouter: s'écouter les uns les autres et, tous ensemble, écouter ce que le Seigneur veut nous dire. C'est pourquoi le synode se déroule dans un climat de foi et de prière, en obéissance religieuse à la Parole de Dieu. Il revient au Successeur de Pierre de convoquer, de guider les assemblées synodales, de recueillir ce qui ressort des travaux et d'offrir ensuite des indications pastorales opportunes.

Chers amis, l'Afrique est un continent qui a une richesse humaine extraordinaire. Actuellement, sa population s'élève à environ un milliard d'habitants et son taux de natalité total est le plus élevé au niveau mondial. L'Afrique est une terre féconde de vie humaine, mais cette vie est malheureusement marquée par beaucoup de pauvreté et souffre parfois de lourdes injustices. L'Eglise s'engage à les surmonter par la force de l'Evangile et la solidarité concrète de nombreuses institutions et initiatives caritatives. Prions la Vierge Marie afin qu'elle bénisse la II assemblée du synode pour l'Afrique et obtienne la paix et le développement pour ce grand continent bien aimé.

A l'issue de l'Angelus

Ma pensée se tourne, en ce moment, vers les populations du Pacifique et du Sud-Est asiatique, touchées ces derniers jours par de violentes catastrophes naturelles: un tsunami dans les îles Samoa et Tonga; un typhon aux Philippines, qui a ensuite touché le Viêtnam, le Laos et le Cambodge; un tremblement de terre dévastateur en Indonésie. Ces catastrophes ont provoqué de graves pertes de vies humaines, de nombreux disparus et sans abris, et des dommages matériels considérables. Je pense par ailleurs à tous ceux qui souffrent à cause des inondations en Sicile, spécialement dans la région de Messine. J'invite tous les fidèles à s'unir à moi dans la prière pour les victimes et leurs proches. Je suis spirituellement proche des réfugiés et de toutes les personnes éprouvées, implorant de Dieu le réconfort dans leur peine. Je lance un appel pour que notre solidarité et le soutien de la communauté internationale ne manque pas à nos frères et soeurs.

Au terme de la prière de l'Angelus de ce dimanche particulier, où j'ai ouvert la deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques, je ne peux oublier les conflits qui, actuellement, mettent en danger la paix et la sécurité des peuples du continent africain. J'ai suivi ces derniers jours avec appréhension les graves épisodes de violence qui ont secoué la population de Guinée. J'exprime mes condoléances aux familles des victimes, j'invite les parties au dialogue, à la réconciliation et je suis certain que les efforts ne seront pas épargnés pour atteindre une solution juste et équitable.

Dans l'après-midi du samedi 10 octobre, dans la salle Paul VI, je guiderai avec les pères synodaux une récitation spéciale du chapelet "avec l'Afrique et pour l'Afrique", animée par de jeunes universitaires de Rome. Les étudiants de plusieurs pays africains s'uniront à la prière, en liaison satellite. Chers jeunes universitaires, je vous attends nombreux pour confier à Marie Sedes Sapientiae le chemin de l'Eglise et de la société sur le continent africain.

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones présents pour la prière de l'Angelus.Aujourd'hui s'ouvre la deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques. Je vous convie à soutenir par votre prière la réflexion et les travaux des pères synodaux. Je vous invite également à prier pour ce cher continent africain que j'ai visité au mois de mars dernier. Que Dieu le bénisse et lui concède la paix, la réconciliation et la justice et qu'il donne à l'Eglise en Afrique la force et le courage d'être "sel de la terre" et "lumière du monde" pour témoigner de la vraie vie en Jésus Christ. Je confie ce synode à l'intercession maternelle de la Vierge Marie, protectrice de l'Afrique! Que Dieu vous bénisse!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Parvis de la Basilique Vaticane

Dimanche 11 octobre 2009


Angelus Benoit XVI 241