Angelus Benoit XVI 248

Dimanche 11 octobre 2009



248 Au terme de cette célébration solennelle, l'heure de midi nous invite à la prière de l'Angelus. Avant de la réciter, je désire adresser un salut cordial à vous tous, qui avez voulu, à travers votre pieuse participation, rendre hommage aux nouveaux saints.

Je salue avec plaisir les pèlerins francophones venus pour les canonisations. Je vous encourage, en prenant exemple sur sainte Jeanne Jugan, à avoir le souci des plus pauvres et des plus petits, des blessés de la vie et des laissés-pour-compte de nos sociétés surtout à l'occasion de la "Journée mondiale du Refus de la Misère" que l'on célébrera dans quelques jours. En me référant au saint Père Damien, je vous engage également à soutenir par votre prière et par vos oeuvres les personnes engagées avec générosité dans la lutte contre la lèpre et contre les autres formes de lèpre due au manque d'amour par ignorance et lâcheté. Que votre prière puisse, enfin, accompagner les travaux du deuxième synode pour l'Afrique. Que Dieu vous bénisse tous!

Je salue cordialement tous les pèlerins de langue anglaise présents ce dimanche, notamment ceux qui sont venus à Rome en si grand nombre pour la canonisation d'aujourd'hui. Puissent ces nouveaux saints vous accompagner par leurs prières et vous inspirer par l'exemple de leurs vies saintes. Je salue également le groupe de survivants des attaques nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, et je prie pour que le monde ne puisse jamais être témoin d'une telle destruction de masse de vies humaines innocentes. Que Dieu vous bénisse tous, ainsi que vos familles et vos proches restés chez vous.



Parvis de la Basilique Vaticane

Dimanche 18 octobre 2009



Chers frères et soeurs,

Aujourd'hui, en ce troisième dimanche d'octobre, on célèbre la Journée mondiale des missions, qui constitue pour chaque communauté ecclésiale et pour chaque chrétien un rappel fort de l'engagement à annoncer l'Evangile à tous, en particulier à ceux qui ne le connaissent pas encore, et à lui rendre témoignage.

Dans le Message que j'ai écrit pour cette occasion, je me suis inspiré d'une expression du Livre de l'Apocalypse, qui à son tour fait écho à une prophétie d'Isaïe: "Les Nations marcheront à sa lumière" (Ap 21,24). La lumière dont on parle est celle de Dieu, révélée par le Messie et reflétée sur le visage de l'Eglise, représentée comme une nouvelle Jérusalem, la ville merveilleuse où resplendit en plénitude la gloire de Dieu. C'est la lumière de l'Evangile, qui oriente le chemin des peuples et les guide vers la réalisation d'une grande famille, dans la justice et dans la paix, sous la paternité de l'unique Dieu bon et miséricordieux. L'Eglise existe pour annoncer ce message d'espérance à toute l'humanité, qui à notre époque, "connaît des conquêtes admirables mais semble avoir perdu le sens des réalités ultimes et de son existence même (Jean-Paul II, Enc. Redemptoris missio RMi 2).

Au mois d'octobre, spécialement en ce dimanche, l'Eglise universelle met en évidence sa vocation missionnaire. Guidée par l'Esprit Saint, elle sait qu'elle est appelée à poursuivre l'oeuvre de Jésus en annonçant l'Evangile du Royaume de Dieu qui "est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint" (Rm 14,17). Ce Royaume est déjà présent dans le monde comme une force d'amour, de liberté, de solidarité, de respect de la dignité de tout homme, et la communauté ecclésiale se sent poussée dans son coeur par l'urgence de travailler afin que la souveraineté du Christ se réalise pleinement.

Tous ses membres et toutes ses articulations coopèrent à ce projet, selon les différents états de vie et charismes. En cette Journée missionnaire mondiale, je veux rappeler les missionnaires hommes et femmes - prêtres, religieux, religieuses et bénévoles laïcs - qui consacrent leur existence à apporter l'Evangile au monde, en affrontant aussi des embarras et des difficultés, et parfois jusqu'à de véritables persécutions. Je pense, entre autres, au P. Ruggero Ruvoletto, prêtre fidei donum, récemment tué au Brésil, et au P. Michael Sinnot, religieux, enlevé il y a quelques jours aux Philippines. Et comment ne pas penser à ce qui ressort du synode des évêques pour l'Afrique en termes de sacrifice extrême et d'amour du Christ et de son Eglise? Je remercie les OEuvres pontificales missionnaires, pour le précieux service qu'elles rendent à l'animation et à la formation missionnaire. J'invite en outre tous les chrétiens à un geste de partage matériel et spirituel pour aider les jeunes Eglises des pays les plus pauvres.

249 Chers amis, aujourd'hui, 18 octobre, c'est aussi la fête de l'évangéliste saint Luc qui, en plus de l'Evangile, a écrit les Actes des Apôtres, pour raconter l'expansion du message chrétien jusqu'aux extrémités du monde que l'on connaissait alors. Invoquons son intercession, avec celles de saint François-Xavier et de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, patrons des missions, et de la Vierge Marie, afin que l'Eglise puisse continuer à répandre la lumière du Christ parmi tous les peuples. Je vous demande en outre de prier pour l'Assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques, qui se déroule au cours de ces semaines, ici au Vatican.

A l'issue de l'Angelus

L'Angelus me donne la joie de vous saluer, chers pèlerins francophones. Nous célébrons aujourd'hui la Journée mondiale des missions. Le Christ dans l'Evangile nous redit que le Fils de l'homme est venu pour servir. Notre fidélité au Christ ne doit pas nous conduire à rechercher les honneurs, la notoriété, la célébrité, mais elle nous convie à comprendre et à faire comprendre que la vraie grandeur se trouve dans le service et dans l'amour du prochain! Au coeur du synode pour l'Afrique, invoquons la Vierge Marie, Notre-Dame d'Afrique, pour qu'il porte des fruits abondants! Que Dieu vous bénisse! Bon dimanche!

Je souhaite à tous un bon dimanche!



Place Saint-Pierre

Dimanche 25 octobre 2009

Chers frères et soeurs!


La deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques s'est conclue, tout à l'heure, par la célébration eucharistique dans la basilique Saint-Pierre. Trois semaines de prière et d'écoute réciproque, pour discerner ce que l'Esprit Saint dit aujourd'hui à l'Eglise qui vit sur le continent africain, mais aussi à l'Eglise universelle. Les pères synodaux, venus de tous les pays d'Afrique, ont présenté la riche réalité des Eglises locales. Ensemble, nous avons partagé leurs joies pour le dynamisme des communautés chrétiennes, qui continuent à grandir en quantité et en qualité. Nous sommes reconnaissants envers Dieu pour l'élan missionnaire qui a trouvé un terrain fertile dans de nombreux diocèses et qui s'exprime dans l'envoi de missionnaires dans d'autres pays africains et sur plusieurs continents. Une importance particulière a été donnée à la famille, qui constitue aussi en Afrique la cellule première de la société, mais qui est aujourd'hui menacée par des courants idéologiques venant également de l'extérieur. Que dire, ensuite, des jeunes exposés à ce type de pressions, influencés par des modèles de pensée et de comportement qui s'opposent aux valeurs humaines et chrétiennes des peuples africains? Naturellement, les problèmes actuels de l'Afrique et son grand besoin de réconciliation, de justice et de paix sont apparus à l'Assemblée. L'Eglise répond justement à cela en proposant encore une fois, avec un élan renouvelé, l'annonce de l'Evangile et l'action de promotion humaine. Animée par la Parole de Dieu et par l'Eucharistie, elle s'efforce de faire en sorte que personne ne soit privé du nécessaire pour vivre et que tous puissent mener une existence digne d'un être humain.

En rappelant le voyage apostolique que j'ai accompli au Cameroun et en Angola au mois de mars dernier, et qui avait aussi pour but de lancer la préparation immédiate du second synode pour l'Afrique, je désire aujourd'hui m'adresser à toutes les populations africaines, en particulier à celles qui partagent la foi chrétienne, pour leur remettre idéalement le Message final de cette Assemblée synodale. C'est un Message qui part de Rome, siège du Successeur de Pierre, qui préside à la communion universelle, mais il est tout aussi vrai de dire qu'il prend son origine en Afrique, dont il recueille les expériences, les attentes, les projets, et retourne maintenant en Afrique, apportant la richesse d'un événement de profonde communion dans l'Esprit Saint. Chers frères et soeurs qui m'écoutez d'Afrique! Je confie de manière spéciale à votre prière les fruits du travail des Pères synodaux, et je vous encourage par les paroles du Seigneur Jésus: soyez le sel et la lumière de la terre africaine bien aimée!

Alors que ce Synode se conclut, je désire maintenant rappeler qu'une Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques est prévue pour l'année prochaine. A l'occasion de ma visite à Chypre, j'aurai le plaisir de remettre l'Instrumentum laboris de cette assemblée. Rendons grâces au Seigneur, qui ne se lasse jamais d'édifier son Eglise dans la communion, et invoquons avec confiance l'intercession maternelle de la Vierge Marie.

Au terme de l'Angelus

250 J'adresse avant tout un salut particulier aux milliers de fidèles réunis à Milan Piazza del Duomo, où a été célébrée ce matin la liturgie de béatification du prêtre dom Carlo Gnocchi. Il fut avant tout un précieux éducateur des enfants et des jeunes. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il devint aumônier des Alpini (chasseurs alpins), avec lesquels il accomplit la tragique retraite de Russie, échappant à la mort par miracle. C'est alors qu'il projeta de se consacrer entièrement à une oeuvre de charité. Ainsi, dans la ville de Milan en reconstruction, dom Gnocchi oeuvra pour "rétablir la personne humaine", en recueillant les enfants orphelins et mutilés et en leur offrant une assistance et une formation. Il se donna entièrement jusqu'à la fin, et, au moment de sa mort, fit don de ses cornées à deux enfants aveugles. Son oeuvre a continué à se développer et aujourd'hui, la Fédération dom Gnocchi est à l'avant-garde dans le traitement de personnes de tout âge qui ont besoin de thérapies de réhabilitation. Tandis que je salue le cardinal Tettamanzi, archevêque de Milan, et que je me réjouis avec l'Eglise ambrosienne tout entière, je fais mienne la devise de cette béatification: "Aux côtés de la vie, toujours".

Je vous accueille avec joie, pour la prière de l'Angelus, chers pèlerins francophones. En ce jour où s'achève la deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques, la liturgie nous rappelle que seul le Christ Jésus peut guérir pleinement la personne humaine de la misère d'un coeur blessé. Que notre prière se fasse instante pour que tous les peuples de la terre, et particulièrement les peuples d'Afrique, marchent avec Lui sur les chemins de la vie, de la réconciliation, de la justice et de la paix. Que Notre-Dame d'Afrique protège et guide les hommes et les femmes de ce bien-aimé continent! Bon dimanche!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



SOLENNITÉ DE LA TOUSSAINT



Place Saint-Pierre

Dimanche 1\2er\0 novembre 2009

Chers frères et soeurs!


Ce dimanche coïncide aujourd'hui avec la solennité de la Toussaint, qui invite l'Eglise pèlerine sur la terre à goûter de manière anticipée la fête sans fin de la Communauté céleste, et à raviver l'espérance dans la vie éternelle. Il y a cette année 14 siècles que le Panthéon ? l'un des plus anciens et des plus célèbres monuments romains ? fut destiné au culte chrétien et consacré à la Vierge Marie et à tous les Martyrs: « Sancta Maria ad Martyres ». Le temple de toutes les divinités païennes était ainsi converti à la mémoire de ceux qui, comme le dit le Livre de l'Apocalypse, « viennent de la grande épreuve: ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau » (Ap 7,14). Par la suite, la célébration de tous les martyrs a été étendue à tous les saints, « une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue » (Ap 7,9) comme le dit encore saint Jean. En cette Année sacerdotale, je suis heureux de rappeler avec une vénération particulière les saints prêtres, tant ceux que l'Eglise a canonisé, en les proposant toujours comme exemples de vertus spirituelles et pastorales; que ceux ? bien plus nombreux ? qui sont connus du Seigneur. Chacun de nous conserve le souvenir reconnaissant de l'un d'entre eux, qui nous a aidés à grandir dans la foi et nous a fait ressentir la bonté et la proximité de Dieu.

Demain aura lieu la commémoration de tous les fidèles défunts. Je voudrais inviter à vivre ce jour selon l'authentique esprit chrétien, c'est-à-dire dans la lumière qui vient du Mystère pascal. Le Christ est mort et ressuscité et il nous a ouvert le passage à la maison du Père, le Royaume de la vie et de la paix. Celui qui suit Jésus dans cette vie est accueilli où Il nous a précédés. Au cours de nos visites dans les cimetières, par conséquent, rappelons-nous que là, dans les tombes, ne reposent que les dépouilles mortelles de nos proches dans l'attente de la résurrection finale. Leurs âmes ? comme le dit l'Ecriture ? sont déjà « dans la main de Dieu » (Sg 3,1). Aussi le moyen le plus approprié et efficace de leur rendre hommage est-il de prier pour eux, en offrant des actes de foi, d'espérance et de charité. En union au Sacrifice eucharistique, nous pouvons intercéder pour leur salut éternel, et faire l'expérience de la communion la plus profonde, dans l'attente de nous retrouver ensemble, pour jouir à jamais de l'Amour qui nous a créés et rachetés.

Chers amis, comme est belle et réconfortante la communion des saints! C'est une réalité qui confère une dimension différente à toute notre vie. Nous ne sommes jamais seuls! Nous appartenons à une « compagnie » spirituelle au sein de laquelle règne une profonde solidarité: le bien de chacun est au bénéfice de tous et, inversement, le bonheur commun rayonne sur chaque individu. Dans une certaine mesure, c'est un mystère dont nous pouvons déjà faire l'expérience dans ce monde, dans la famille, dans l'amitié, en particulier dans la communauté spirituelle de l'Eglise. Puisse la Très Sainte Vierge Marie nous aider à marcher d'un pas alerte sur le chemin de la sainteté et être une Mère de miséricorde pour les âmes des défunts.

A l'issue de l'Angelus

251 Dix ans exactement se sont écoulés depuis que de hauts représentants de la Fédération luthérienne mondiale et de l'Eglise catholique, le 31 octobre 1999, à Augsbourg, ont signé la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification. En 2006, le Conseil méthodiste mondial a ensuite adhéré à celle-ci. Ce document marqua un consensus entre luthériens et catholiques sur des vérités fondamentales de la doctrine de la justification, des vérités qui nous conduisent au coeur même de l'Evangile et à des questions existentielles de notre vie. Nous avons été accueillis et rachetés par Dieu; notre existence s'inscrit dans l'horizon de la grâce, elle est guidée par un Dieu miséricordieux, qui pardonne nos péchés et nous appelle à une nouvelle vie à la suite de son Fils; nous vivons dans la grâce de Dieu et nous sommes appelés à répondre à son don; tout cela nous libère de la peur et nous procure espérance et courage dans un monde rempli d'incertitude, d'inquiétude, de souffrance. Le jour de la signature de la Déclaration conjointe, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II la définit comme une « pierre milliaire sur la route difficile de la recomposition de la pleine unité entre les chrétiens » (Angelus, 31 octobre 1999). Cet anniversaire est donc une occasion de rappeler la vérité sur la justification de l'homme, témoignée ensemble, pour nous réunir dans des célébrations oecuméniques et pour approfondir ultérieurement cette thématique et les autres qui sont objet du dialogue oecuménique. J'espère de tout coeur que cette anniversaire important puisse contribuer à faire progresser le chemin vers l'unité pleine et visible de tous les disciples du Christ.

Je salue avec joie les pèlerins de langue française, et tout particulièrement le groupe des enfants de choeur de Metz. Aujourd'hui nous célébrons la multitude des saints qui intercèdent pour nous auprès de Dieu. Dans cette multitude, il y a aussi tous ceux et toutes celles qui se sont efforcés d'accomplir la volonté divine en oeuvrant pour le Royaume. Aujourd'hui comme hier Jésus appelle au bonheur les hommes et les femmes qui, dans leur coeur et dans leur vie, acceptent l'action de Dieu. Que l'exemple des saints soit pour nous un encouragement et que la Vierge Marie nous guide sur les chemins du bonheur éternel! Bonne fête de la Toussaint!

Je souhaite à tous un bon dimanche, dans la joie de faire partie de la grande famille des saints.

VISITE PASTORALE À BRESCIA ET CONCESIO (ITALIE)



Place Paul VI - Brescia

Dimanche 8 novembre 2009

(Video)

Au terme de cette célébration solennelle, je remercie cordialement tous ceux qui ont assuré l'animation liturgique et ceux qui, de différentes façons, ont collaboré à la préparation et à la réalisation de ma visite pastorale ici, à Brescia. Merci à tous! Je salue aussi ceux qui nous suivent à travers la radio et la télévision, et depuis la place Saint-Pierre, spécialement les nombreux bénévoles de l'Union nationale "Pro Loco" d'Italie. En cette heure de l'Angelus, je désire rappeler la profonde dévotion que le Serviteur de Dieu Giovanni Battista Montini nourrissait pour la Vierge Marie. Il a célébré sa première messe au sanctuaire de Notre-Dame des Grâces, coeur marial de votre ville, pas très loin de cette place. De cette façon, il a placé son sacerdoce sous la protection maternelle de la Mère de Jésus, et ce lien l'a accompagné toute sa vie.


Au fur et à mesure que ses responsabilités ecclésiales augmentaient, il développait une vision toujours plus ample et organique du rapport entre la bienheureuse Vierge Marie et le mystère de l'Eglise. Dans cette perspective, le discours de clôture de la troisième session du Concile Vatican II, le 21 novembre 1964, reste mémorable. La Constitution sur l'Eglise, Lumen gentium, qui - ce sont les paroles de Paul vi - "a comme sommet et couronnement tout un chapitre consacré à la Vierge Marie", a été promulguée lors de cette session. Le Pape a fait remarquer qu'il s'agissait de la synthèse de doctrine mariale la plus ample jamais élaborée par un Concile oecuménique, en vue de "manifester le visage de la sainte Eglise, à laquelle Marie est intimement liée" (Enchiridion Vaticanum, Bologne 1979, p. [185], nn. 300-302). C'est dans ce contexte qu'il a proclamé la très Sainte Vierge Marie "Mère de l'Eglise" (cf. ibid., n. 306), en soulignant, avec une vive sensibilité oecuménique, que "la dévotion à Marie (...) est un moyen essentiellement ordonné à l'orientation des âmes vers le Christ et à leur union au Père, dans l'amour de l'Esprit Saint" (ibid., n. 315).

En faisant écho aux paroles de Paul vi, nous prions nous aussi aujourd'hui: "O Vierge Marie, Mère de l'Eglise, nous te recommandons cette Eglise de Brescia, et toute la population de cette région. Souviens-toi de tous tes enfants; présente leurs prières à Dieu; garde leur foi solide; fortifie leur espérance; augmente leur charité. O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie (cf. ibid., nn. 317.320.325).



Angelus Domini…





Place Saint-Pierre

252

Dimanche 15 novembre 2009

Chers frères et soeurs!


Nous sommes arrivés aux deux dernières semaines de l'année liturgique. Remercions le Seigneur qui, encore une fois, nous a permis d'accomplir ce chemin de foi - ancien et toujours nouveau - dans la grande famille spirituelle de l'Eglise! C'est un don inestimable, qui nous permet de vivre dans l'histoire le mystère du Christ, accueillant dans les sillons de notre existence personnelle et communautaire, la semence de la Parole de Dieu, la semence d'éternité qui transforme ce monde de l'intérieur et l'ouvre au Royaume des Cieux. L'Evangile de saint Marc, qui présente aujourd'hui une partie du discours de Jésus sur la fin des temps, nous a accompagnés cette année dans l'itinéraire des lectures bibliques dominicales. Dans ce discours, il y a une phrase qui frappe par sa clarté synthétique: "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point" (Mc 13,31). Arrêtons-nous un instant pour réfléchir sur cette prophétie du Christ.

L'expression "le ciel et la terre" est fréquente dans la Bible pour indiquer tout l'univers, le cosmos tout entier. Jésus déclare que tout cela est destiné à "passer". Non seulement la terre, mais aussi le ciel, qui est justement entendu dans un sens cosmique, et non comme synonyme de Dieu. L'Ecriture Sainte ne connaît pas l'ambiguïté: toute la création est marquée par la finitude, y compris les éléments divinisés par les mythologies antiques: il n'y a aucune confusion entre la création et le Créateur, mais une différence nette. Avec cette claire distinction, Jésus affirme que ses paroles "ne passeront pas", c'est-à-dire qu'elles sont du côté de Dieu, et qu'elles sont pour cela éternelles. Tout en étant prononcées dans le concret de son existence terrestre, ce sont des paroles prophétiques par excellence, comme l'affirme Jésus dans un autre lieu en s'adressant au Père céleste: "Les paroles que tu m'as données, je les leur ai données. Ils les ont accueillies et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d'auprès de toi et ils ont cru que tu m'as envoyé" (Jn 17,8). Dans une parabole célèbre, le Christ se compare au semeur et explique que sa Parole est semence (cf. Mc Mc 4,14): ceux qui l'écoutent, l'accueillent et portent du fruit (cf. Mc Mc 4,20) font partie du royaume de Dieu, c'est-à-dire qu'ils vivent sous sa domination; ils demeurent dans le monde, mais ne sont plus du monde; ils portent en eux un germe d'éternité, un principe de transformation qui se manifeste déjà aujourd'hui dans une vie bonne, animée par la charité, et qui conduira à la fin à la résurrection de la chair. Voilà la puissance de la Parole du Christ.

Chers amis, la Vierge Marie est le signe vivant de cette vérité. Son coeur a été "la bonne terre" qui a accueilli avec une pleine disponibilité la Parole de Dieu, afin que toute son existence, transformée selon l'image du Fils, soit introduite dans l'éternité, âme et corps, anticipant la vocation éternelle de tout être humain. Maintenant, dans la prière, faisons nôtre sa réponse à l'ange: "Qu'il m'advienne selon ta parole" (Lc 1,38), pour que, suivant le Christ sur le chemin de la croix, nous puissions nous aussi arriver à la gloire de la résurrection.

A l'issue de l'Angelus

J'adresse avant tout un salut cordial aux participants à l'Assemblée plénière de la Commission épiscopale européenne pour les médias, dont les travaux se sont déroulés ces derniers jours au Vatican. Très chers amis, vous avez réfléchi à la culture d'Internet et à la communication dans l'Eglise. Je vous remercie de votre contribution sur cette thématique de grande actualité.

Je souhaite par ailleurs vous rappeler qu'aujourd'hui a lieu à Ivrea, dans le Piémont, la célébration nationale de la Journée d'action de grâce. Je m'unis spirituellement et avec plaisir à tous ceux qui sont reconnaissants au Seigneur pour les fruits de la terre et du travail de l'homme, renouvelant l'invitation pressante au respect de l'environnement naturel, ressource précieuse confiée à notre responsabilité.

Je vous accueille avec joie, pour la prière de l'Angelus, chers pèlerins francophones. En cette fin d'Année liturgique qui s'approche, nous sommes invités à faire mémoire du temps qui passe non pour le regretter mais pour en apprécier toute la nouveauté. Dans l'Evangile de ce jour, Jésus nous dit qu'il est inutile de s'interroger sur la fin des temps. Vivons chaque instant de notre vie sous le regard du Christ. En nous faisant le don de sa vie, il a tout accompli. C'est lui notre espérance, car chaque jour il introduit notre histoire dans l'éternité! Que Dieu vous bénisse avec tous ceux que vous aimez! Bon dimanche!

Je salue cordialement les Polonais. On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale du souvenir des victimes des accidents de la route. Je confie les défunts à la miséricorde de Dieu. J'encourage tous ceux qui parcourent les routes du monde à la prudence, dans un esprit de responsabilité pour les dons de la santé, de sa vie et de celle des autres. Que le Seigneur protège tous ceux qui voyagent et vous bénisse tous.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





SOLENNITÉ DE JÉSUS CHRIST ROI DE L'UNIVERS Dimanche 22 novembre 2009

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Place Saint-Pierre

Chers frères et soeurs,


En ce dernier dimanche de l'Année liturgique, nous célébrons la solennité de Jésus Christ Roi de l'Univers, une fête instituée de façon relativement récente, mais qui a des racines bibliques et théologique profondes. Le titre de "roi", appliqué à Jésus, est très important dans les Evangiles et il permet de donner une lecture complète de sa figure et de sa mission de salut. On peut remarquer à ce propos une progression: on part de l'expression "roi des Juifs" et on arrive à celle de roi universel, Seigneur de l'univers et de l'histoire, donc très au-delà des attentes du peuple juif lui-même. Au centre de ce parcours de révélation de la royauté de Jésus Christ, il y a encore une fois le mystère de sa mort et de sa résurrection. Lorsque Jésus est mis en croix, les prêtres, les scribes et les anciens le tournent en dérision en disant: "Il est le roi d'Israël; qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui" (
Mt 27,42). En réalité, c'est justement parce qu'il est le Fils de Dieu que Jésus s'est remis librement à sa passion, et la croix est le signe paradoxal de sa royauté qui consiste dans la volonté d'amour de Dieu le Père sur la désobéissance du péché. C'est justement en s'offrant lui-même en sacrifice d'expiation que Jésus devient le Roi universel, comme il le déclarera Lui-même en apparaissant aux apôtres après la résurrection: "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre" (Mt 28,18).

Mais en quoi consiste le "pouvoir" de Jésus Christ Roi? Ce n'est pas celui des rois et des grands de ce monde; c'est le pouvoir divin de donner la vie éternelle, de libérer du mal, de vaincre le pouvoir de la mort. C'est le pouvoir de l'Amour, qui sait tirer le bien du mal, attendrir un coeur endurci, apporter la paix dans le conflit le plus âpre, allumer l'espérance dans les ténèbres les plus épaisses. Ce règne de la Grâce ne s'impose jamais, et respecte toujours notre liberté. Le Christ est venu "rendre témoignage à la vérité" (Jn 18,37) - comme il l'a dit devant Pilate -: qui accueille son témoignage se place sous son "étendard", selon l'image chère à saint Ignace de Loyola. Un choix - ce "oui" - est donc nécessaire pour chaque conscience: qui est-ce que je veux suivre? Dieu ou le malin? La vérité ou le mensonge? Choisir le Christ ne garantit pas le succès selon les critères du monde, mais assure cette paix et cette joie que lui seul peut donner. C'est ce que manifeste à chaque époque l'expérience de tant d'hommes et de femmes qui, au nom du Christ, au nom de la vérité et de la justice, ont su s'opposer aux flatteries des pouvoirs terrestres et de leurs différents masques, jusqu'à sceller cette fidélité par le martyre.

Chers frères et soeurs, lorsque l'Ange Gabriel a apporté l'annonce à Marie, il lui a annoncé que son Fils aurait hérité du trône de David, et qu'il aurait régné à jamais (cf. Lc Lc 1,32-33). Et la Sainte Vierge a cru avant même de l'offrir au monde. Elle a ensuite dû certainement se demander quel nouveau genre de royauté serait celle de Jésus, et elle l'a compris en écoutant ses paroles et surtout en participant intimement au mystère de sa mort sur la croix et de sa résurrection. Demandons à Marie de nous aider nous aussi à suivre Jésus, notre Roi, comme elle l'a fait elle-même, et à lui rendre témoignage par toute notre existence.

A l'issue de la prière de l'Angelus

Aujourd'hui, à Nazareth, se déroule la cérémonie de béatification de soeur Marie-Alphonsine Danil Ghattas, née à Jérusalem en 1843 dans une famille chrétienne, qui comptait dix-neuf enfants. Elle découvrit très vite sa vocation à la vie religieuse, pour laquelle elle se passionna, malgré les difficultés initiales dues à sa famille. C'est à elle que revient le mérite de fonder une Congrégation formée uniquement de femmes du lieu, ayant pour but l'enseignement religieux, pour vaincre l'analphabétisme et élever les conditions de la femme de l'époque dans la terre où Jésus lui-même en exalta la dignité. Le point central de la spiritualité de cette nouvelle bienheureuse est l'intense dévotion à la Vierge Marie, modèle lumineux de vie entièrement consacrée à Dieu: le saint Rosaire était sa prière incessante, son ancre de salut, sa source de grâce. La béatification de cette figure de femme si significative est d'un réconfort particulier pour la communauté catholique en Terre Sainte et une invitation à se confier toujours, avec une ferme espérance, à la Providence divine et à la protection maternelle de Marie.

Hier, mémoire de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie au Temple, était célébrée la Journée pro orantibus, en faveur des communautés religieuses de clôture. Je saisis volontiers l'occasion pour leur adresser mon salut cordial, en renouvelant à tous l'invitation à les soutenir dans leurs besoins. Je suis également heureux, en cette circonstance, de remercier publiquement les moniales qui se sont succédé dans le petit monastère au Vatican: clarisses, carmélites, bénédictines et, depuis peu, visitandines. Chères soeurs, votre prière est très précieuse pour mon ministère.

Chers pèlerins de langue française soyez les bienvenus. En ce jour où nous célébrons le Christ Roi de l'univers, l'Evangile nous invite à contempler le Crucifié et à nous laisser humblement sauver par Lui. Ainsi nous aurons accès à son Royaume de lumière. C'est dans l'abaissement du Christ en croix que nous pouvons découvrir la toute puissance divine. Confions-nous à la Vierge Marie, notre Mère et notre Reine, afin qu'elle nous conduise jusqu'au Royaume de justice et de paix de son Fils Jésus! Bonne semaine à tous!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



I Dimanche de l'Avent, Place Saint-Pierre 29 novembre 2009

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Chers frères et soeurs!


Ce dimanche, nous commençons, par la grâce de Dieu, une nouvelle Année liturgique, qui s'ouvre naturellement par l'Avent, temps de préparation au Noël du Seigneur. Le Concile Vatican II dans la Constitution sur la liturgie, affirme que l'Eglise "déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l'année, de l'incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur". De cette manière, "tout en célébrant ainsi les mystères de la rédemption, elle ouvre aux fidèles les richesses des vertus et des mérites de son Seigneur; de la sorte, ces mystères sont en quelque manière rendus présents tout au long du temps, les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du saint" (Sacrosanctum Concilium
SC 102). Le Concile insiste sur le fait que le Christ est le coeur de la liturgie, comme le soleil autour duquel tourne, à la manière des planètes, la bienheureuse Vierge Marie, - la plus proche - alors que les martyrs et les autres saints "chantent à Dieu dans le ciel une louange parfaite et intercèdent pour nous" (ibid, SC 104).

Voilà la réalité de l'Année liturgique vue, pour ainsi dire, "de la part de Dieu". Et de la part - disons - de l'homme, de l'histoire et de la société? Quelle importance cela peut-il avoir? La réponse nous est suggérée précisément par le chemin de l'Avent que nous entreprenons aujourd'hui. Le monde contemporain a surtout besoin d'espérance: les populations en voie de développement en ont besoin, mais aussi celles économiquement développées. Nous nous rendons compte de plus en plus que nous nous trouvons sur une seule barque, et que nous devons nous sauver tous ensemble. Nous nous rendons surtout compte, en voyant s'écrouler tant de fausses sécurités, que nous avons besoin d'une espérance fiable, et que celle-ci ne se trouve que dans le Christ qui, comme le dit la Lettre aux Hébreux, "est le même hier et aujourd'hui, et le sera à jamais" (He 13,8). Le Seigneur Jésus est venu dans le passé, il vient dans le présent et viendra dans le futur. Il embrasse toutes les dimensions du temps, parce qu'il est mort et ressuscité, il est "le Vivant", et tandis qu'il partage notre précarité humaine, il reste pour toujours et nous offre la stabilité même de Dieu. Il est "chair" comme nous et il est "roc" comme Dieu. Quiconque aspire à la liberté, à la justice, à la paix peut se redresser et relever la tête, parce que dans le Christ, la libération est proche (cf. Lc 21,28) - comme nous le lisons dans l'Evangile d'aujourd'hui. Nous pouvons ainsi affirmer que Jésus Christ ne se préoccupe pas seulement des chrétiens, ou seulement des croyants, mais de tous les hommes, parce qu'il est le centre de la foi, et qu'il est aussi le fondement de l'espérance. Et tout être humain a constamment besoin d'espérance.

Chers frères et soeurs, la Vierge Marie incarne pleinement l'humanité qui vit dans l'espérance fondée sur la foi dans le Dieu vivant. Elle est la Vierge de l'Avent: elle est bien ancrée dans le présent, dans l'"aujourd'hui" du salut; elle recueille dans son coeur toutes les promesses passées; et elle tend vers l'accomplissement futur. Mettons-nous à son école, pour entrer véritablement dans ce temps de grâce et accueillir, avec joie et responsabilité, la venue de Dieu dans notre histoire personnelle et sociale.

A l'issue de l'Angelus

Le 1 décembre prochain, aura lieu la Journée mondiale contre le sida. Ma pensée et ma prière vont à toutes les personnes touchées par cette maladie, en particulier les enfants, les plus pauvres et ceux qui sont rejetés. L'Eglise ne cesse de se dépenser pour combattre le sida, à travers ses institutions et le personnel qui lui est consacré. J'exhorte chacun à apporter sa contribution par la prière et l'attention concrète, afin que tous ceux qui sont affectés par le VIH ressentent la présence du Seigneur qui donne le réconfort et l'espérance. Je souhaite enfin, qu'en multipliant et en coordonnant les efforts, on arrive à arrêter et à vaincre cette maladie.

Chers pèlerins francophones, en ce premier dimanche de l'Avent, nous sommes invités à tenir bon et à relever la tête car la venue de Dieu parmi nous est toute proche. Le Christ notre Espérance, notre présent et notre avenir vient à toute heure. Veillons donc afin de l'attendre! Gardons notre coeur disponible et accueillant à cette venue et confions à la Vierge Marie notre désir de découvrir que son Fils est tout proche de nous dans chacune de nos vies! A tous je souhaite de vivre une bonne Année liturgique!

Je souhaite à tous un bon dimanche et un fécond itinéraire de l'Avent.





II dimanche de l'Avent, Place Saint-Pierre

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Dimanche 6 décembre 2009


Angelus Benoit XVI 248