Angelus Benoit XVI 255

Dimanche 6 décembre 2009

Chers frères et soeurs,


En ce deuxième dimanche de l'Avent, la liturgie propose le passage de l'Evangile où saint Luc prépare, pour ainsi dire, la scène où Jésus va apparaître et commencer sa mission publique (cf. Lc Lc 3,1-6). L'évangéliste met en avant saint Jean-Baptiste, qui a été le précurseur du Messie, et décrit avec une grande précision les coordonnées dans l'espace et dans le temps de sa prédication. Luc écrit: « L'an quinze du règne de l'empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d'Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d'Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie » (Lc 3,1-2). Deux choses attirent notre attention. La première est l'abondance de références à toutes les autorités politiques et religieuses de la Palestine en 27-28 après J.C. Evidemment, l'Evangéliste veut avertir celui qui lit ou qui écoute que l'Evangile n'est pas une légende, mais le récit d'une histoire vraie, que Jésus de Nazareth est un personnage historique inscrit dans ce contexte précis. Le deuxième élément digne d'être souligné est qu'après cette introduction historique, le sujet devient « la parole de Dieu », présentée comme une force qui descend d'en haut et se pose sur Jean-Baptiste.

Demain est célébrée la mémoire liturgique de saint Ambroise, le grand évêque de Milan. Je reprends chez lui un commentaire de ce texte évangélique: « Avant de rassembler l'Eglise, le Fils de Dieu — écrit-il —, agit avant tout dans son humble serviteur. C'est pourquoi saint Luc dit bien que la parole de Dieu est descendue sur Jean, fils de Zacharie, au désert, parce que l'Eglise n'a pas été commencée par les hommes mais par la Parole » (Sur l'évangile de Lc 2,67). Voilà donc la signification: la Parole de Dieu est le sujet qui fait avancer l'histoire, inspire les prophètes, prépare la voie au Messie, convoque l'Eglise. Jésus lui-même est la Parole divine qui s'est faite chair dans le sein virginal de Marie: en Lui, Dieu s'est révélé pleinement, il nous a dit et il nous a tout donné, en nous ouvrant les trésors de sa vérité et de sa miséricorde. Saint Ambroise continue ainsi son commentaire: « La Parole est donc descendue afin que la terre, qui était auparavant un désert, produise ses fruits pour nous » (ibid.).

Chers amis, la fleur la plus belle qui ait germé de la Parole de Dieu est la Vierge Marie. Elle constitue les prémices de l'Eglise, jardin de Dieu sur terre. Mais, alors que Marie est l'Immaculée — c'est ainsi que nous la célébrerons après-demain — l'Eglise a sans cesse besoin de se purifier, parce que le péché tend des pièges à tous ses membres. Dans l'Eglise, il existe une lutte perpétuelle entre le désert et le jardin, entre le péché qui rend la terre aride, et la grâce qui l'irrigue pour qu'elle produise des fruits abondants de sainteté. Nous prions donc la Mère du Seigneur afin qu'elle nous aide, en ce temps de l'Avent, à « redresser » nos voies, en nous laissant guider par la parole de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

La conférence de l'ONU sur les changements climatiques, à travers laquelle la communauté internationale entend freiner le phénomène du réchauffement de la planète, s'ouvrira demain à Copenhague. Je souhaite que les travaux aident à définir des actions qui respectent la création et qui promeuvent un développement solidaire, fondé sur la dignité de la personne humaine et orienté vers le bien commun. La sauvegarde de la création suppose l'adoption de styles de vie sobres et responsables, surtout à l'égard des pauvres et des générations futures. Dans cette perspective, pour garantir le plein succès de la conférence, j'invite toutes les personnes de bonne volonté à respecter les lois que Dieu a placées dans la nature et à redécouvrir la dimension morale de la vie humaine.

J'accueille avec joie les pèlerins francophones venus pour la prière de l'Angelus, et je salue particulièrement les responsables de la Communauté de Sant' Egidio qui réfléchissent sur des questions relatives au troisième âge. En ce dimanche nous recevons la mission d'annoncer et de préparer la venue du Sauveur qui nous invite à quitter notre robe de tristesse et de misère et à revêtir la parure de la gloire de Dieu. A la suite de Jean-Baptiste, laissons Dieu parler à notre coeur. Il nous parle de paix et de justice, de libération intérieure et de conversion véritable. Que la Vierge Marie, qui a accueilli la clarté de la lumière de Dieu, soit pour nous une source de paix, de joie et d'amour! Bonne préparation à la fête de Noël!

Je souhaite à tous un bon dimanche.





SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE



Place Saint-Pierre

256
Mardi 8 décembre 2009



Chers frères et soeurs!

Le 8 décembre, nous célébrons l'une des plus belles fêtes de la bienheureuse Vierge Marie: la solennité de son Immaculée Conception. Mais que signifie le fait que Marie est l' « Immaculée »? Et que nous dit ce titre? Faisons tout d'abord référence aux textes bibliques de la liturgie d'aujourd'hui, en particulier à la grande « fresque » du chapitre trois du Livre de la Genèse et au récit de l'Annonciation de l'Evangile de Luc. Après le péché originel, Dieu s'adresse au serpent, qui représente Satan, il le maudit et ajoute une promesse: « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, / entre ton lignage et le sien: / il t'atteindra à la tête / et tu l'atteindras au talon » (
Gn 3,15). C'est l'annonce d'une revanche: aux origines de la création, Satan semble avoir le dessus, mais le fils d'une femme qui lui écrasera la tête viendra. Ainsi, à travers la lignée de cette femme, Dieu lui-même vaincra. Cette femme est la Vierge Marie, qui a donné naissance à Jésus Christ qui, par son sacrifice, a vaincu une fois pour toute l'ancien tentateur. C'est pourquoi, sur de nombreuses peintures ou statues de l'Immaculée, Elle est représentée en train d'écraser un serpent sous ses pieds.

L'évangéliste Luc, au contraire, nous montre la Vierge Marie qui reçoit l'annonce du Messager céleste (cf. Lc Lc 1,26-38). Elle apparaît comme l'humble et authentique fille d'Israël, véritable Sion où Dieu veut faire sa demeure. Elle est le surgeon duquel doit naître le Messie, le Roi juste et miséricordieux. Dans la simplicité de la maison de Nazareth vit le « reste » pur d'Israël, duquel Dieu veut faire renaître son peuple, comme un arbre nouveau qui étendra ses racines dans le monde entier, offrant à tous les hommes les bons fruits du salut. Contrairement à Adam et Eve, Marie reste obéissante à la volonté du Seigneur, de tout son être elle prononce son « oui » et se met pleinement à disposition du dessein divin. Elle est la nouvelle Eve, la véritable « mère de tous les vivants », de tous ceux qui reçoivent la vie éternelle par leur foi au Christ.

Chers amis, quelle joie immense d'avoir pour mère Marie Immaculée! Chaque fois que nous faisons l'expérience de notre fragilité et de l'influence du mal, nous pouvons nous tourner vers Elle, et notre coeur reçoit lumière et réconfort. Même dans les épreuves de la vie, dans les tempêtes qui font vaciller la foi et l'espérance, nous pensons que nous sommes ses enfants et que les racines de notre existence s'enfoncent dans la grâce infinie de Dieu. L'Eglise elle-même, même exposée aux influences négatives du monde, trouve toujours en Elle l'étoile pour s'orienter et suivre la route qui lui a été indiquée par le Christ. Marie est en effet la Mère de l'Eglise, comme l'ont solennellement proclamé le Pape Paul VI et le Concile Vatican II. Alors que nous rendons grâce à Dieu pour ce merveilleux signe de sa bonté, nous confions donc à la Vierge Marie chacun de nous, nos familles et les communautés, toute l'Eglise et le monde entier. Je le ferai aussi cet après-midi, selon la tradition, au pied du monument qui lui est consacré place d'Espagne.

A l'issue de l'Angelus

En ce jour de la fête de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, je suis heureux de saluer les pèlerins francophones. En contemplant le visage lumineux de la Vierge Marie nous sommes invités à accueillir son divin Fils dans le quotidien de notre vie. Demandons à la Vierge Immaculée, reflet de la beauté divine, de nous accompagner sur notre chemin de conversion et dans notre recherche de sainteté. Avec une confiance filiale prions Marie, notre Mère et notre Reine, afin que tous les hommes puissent accueillir en eux l'amour miséricordieux de Dieu notre Père!

Cette année également, en la célébration de ce jour, j'ai la joie de saluer l'Académie pontificale de l'Immaculée, guidée par le cardinal Andrea Maria Deskur. Cher Monsieur le cardinal, chers amis, je confie avec affection chacun de vous ainsi que votre activité à la protection maternelle de la Vierge Marie.

Je souhaite à tous une bonne fête de l'Immaculée.





III Dimanche de l'Avent, Place Saint-Pierre

257

Dimanche 13 décembre 2009

Chers frères et soeurs!


Nous sommes désormais au troisième dimanche de l'Avent. Aujourd'hui, la liturgie évoque l'invitation de l'Apôtre Paul: "Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous!" (Ph 4,4-5). Alors qu'elle nous accompagne vers Noël, notre Mère l'Eglise nous aide à redécouvrir le sens et le goût de la joie chrétienne, si différente de celle du monde. En ce dimanche, selon une belle tradition, les enfants de Rome viennent faire bénir par le Pape les santons de l'Enfant Jésus qu'ils placeront dans leurs crèches. Et en effet, je vois ici, place Saint-Pierre, beaucoup d'enfants et de jeunes avec leurs parents, leurs enseignants et leurs catéchistes. Très chers amis, je vous salue tous avec affection et je vous remercie d'être venus. C'est pour moi un motif de joie de savoir que l'usage de faire une crèche se conserve dans vos familles. Mais il ne suffit pas de répéter un geste traditionnel, aussi important soit-il. Il faut chercher à vivre dans la réalité de tous les jours ce que la crèche représente, c'est-à-dire l'amour du Christ, son humilité, sa pauvreté. C'est ce que fit saint François à Greccio: il représenta une scène vivante de la Nativité, pour pouvoir la contempler et l'adorer, mais surtout pour mieux savoir mettre en pratique le message du Fils de Dieu, qui par amour pour nous s'est dépouillé de tout et s'est fait petit enfant.

La bénédiction des "Enfants Jésus" - "Bambinelli" comme on dit à Rome - nous rappelle que la crèche est une école de vie, où nous pouvons apprendre le secret de la joie véritable. Cela ne consiste pas tant à avoir beaucoup de choses, mais à se sentir aimés du Seigneur, en se faisant don et en ayant de l'amour pour les autres. Regardons la crèche: la Vierge et saint Joseph ne ressemblent pas à une famille très chanceuse; ils ont eu leur premier enfant au coeur de grandes difficultés; et pourtant ils sont emplis d'une joie intime, parce qu'ils s'aiment, qu'ils s'aident et surtout qu'ils sont certains que Dieu, qui s'est fait présent dans l'Enfant Jésus, est à l'oeuvre dans leur histoire. Et les bergers? Quelle raison auraient-ils de se réjouir? Ce Nouveau-Né ne changera certainement pas leur condition de pauvreté et d'exclusion. Mais la foi les aide à reconnaître ce "nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire", comme le "signe" de l'accomplissement des promesses de Dieu pour tous les hommes "qu'il aime" (Lc 2,12 Lc 2,14) pour eux-mêmes!

Voilà, chers amis, en quoi consiste la joie véritable: c'est de sentir que notre existence personnelle et communautaire est visitée et remplie d'un grand mystère, le mystère de l'amour de Dieu. Pour nous réjouir, nous avons besoin non seulement de choses, mais d'amour et de vérité: nous avons besoin d'un Dieu proche, qui réchauffe notre coeur et qui réponde à nos attentes profondes. Ce Dieu s'est manifesté en Jésus, né de la Vierge Marie. C'est pourquoi cet Enfant Jésus, que nous mettons dans la crèche ou dans la grotte, est le centre de tout, il est le coeur du monde. Prions pour que tous les hommes, comme la Vierge Marie, puissent accueillir au coeur de leur vie le Dieu qui s'est fait Enfant, source de la joie véritable.

A l'issue de l'Angelus:

En ce temps d'attente de Noël, chers pèlerins de langue française, nous sommes invités à témoigner de la Bonne Nouvelle en ouvrant notre coeur à nos frères et à nos soeurs. N'attendons pas que le temps passe, mais soyons, dès aujourd'hui, des témoins ardents de la miséricorde, de la tendresse et de la bonté de Dieu envers tous les hommes. Que notre espérance soit contagieuse et nos gestes fraternels spontanés! Demandons à la Vierge Marie, Mère du Sauveur, de nous guider à la rencontre de son Fils qui vient sur nos chemins. A tous, bonne préparation à la fête de Noël!

Cette semaine, j'ai reçu de tristes nouvelles de certains pays d'Afrique concernant l'assassinat de quatre missionnaires. Il s'agit des prêtres, le père Daniel Cizimya, le père Louis Blondel, le père Gerry Roche et de soeur Denise Kahambu. Ils ont été des témoins fidèles de l'Evangile qu'ils ont su annoncer avec courage, même au risque de leur vie. Tout en exprimant ma proximité à leurs proches et aux communautés qui sont dans la douleur, j'invite tous les fidèles à s'unir à ma prière afin que le Seigneur les accueille dans sa Maison, qu'il console tous ceux qui pleurent leur disparition et apporte, par sa venue, la réconciliation et la paix.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



IV dimanche de l'Avent, Place Saint-Pierre

Dimanche 20 décembre 2009

258
Chers frères et soeurs!


Avec ce IV dimanche de l'Avent, le Noël du Seigneur est désormais devant nous. La liturgie, avec les paroles du prophète Michée, nous invite à nous tourner vers Bethléem, la petite ville de Judée, témoin d'un grand événement: « Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c'est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l'aube des siècles » (
Mi 5,1). Mille ans avant le Christ, Bethléem avait vu naître le grand roi David, que les Ecritures présentent comme l'ancêtre du Messie. L'Evangile de Luc raconte que Jésus est né à Bethléem parce que Joseph, l'époux de Marie, étant de la « maison de David », dut se rendre en cette ville pour le recensement, et justement ces jours-là, Marie mit au monde Jésus (cf. Lc Lc 2,1-7). En effet, la même prophétie de Michée poursuit en faisant justement allusion à une naissance mystérieuse: « Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d'Israël » (Mi 5,2). Il y a donc un dessein divin qui comprend et explique les temps et les lieux de la venue du Fils de Dieu dans le monde. Il y a un dessein de paix, comme l'annonce encore le prophète en parlant du Messie: « Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormais sa puissance s'étendra jusqu'aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix! » (Mi 5,3).

C'est précisément ce dernier aspect de la prophétie, celui de la paix messianique, qui nous conduit naturellement à souligner que Bethléem est aussi une cité-symbole de la paix, en Terre Sainte, et dans le monde entier. Hélas, de nos jours, elle ne représente pas une paix atteinte et stable, mais une paix recherchée et attendue péniblement. Mais Dieu ne se résigne jamais à cet état de choses, c'est pourquoi cette année encore, à Bethléem et dans le monde entier, se renouvellera dans l'Eglise le mystère de Noël, prophétie de paix pour tout homme, qui oblige les chrétiens à comprendre les fermetures, les drames, souvent inconnus et cachés, et les conflits du contexte dans lequel ils vivent, avec les sentiments de Jésus, pour devenir partout des instruments et des messagers de paix, pour apporter l'amour, là où il y a la haine, le pardon là où il y a l'offense, la joie là où il y a la tristesse, et la vérité là où il y a l'erreur, selon les belles expressions d'une prière franciscaine bien connue.

Aujourd'hui, comme au temps de Jésus, Noël n'est pas une fable pour les enfants, mais la réponse de Dieu au drame de l'humanité à la recherche de la paix véritable. « Lui-même sera la paix! » dit le prophète en se référant au Messie. Il nous revient d'ouvrir, d'ouvrir tout grand les portes pour l'accueillir. Apprenons de Marie et de Joseph à nous mettre avec foi au service du dessein de Dieu. Même si nous ne le comprenons pas complètement, confions-nous à sa sagesse et à sa bonté. Cherchons avant tout le Royaume de Dieu et la providence nous aidera. Bon Noël à tous!

A l'issue de l'Angelus

J'adresse une cordiale salutation au personnel de « L'Osservatore Romano » qui, pendant la période de Noël, installe un stand, place Saint-Pierre, où il est possible d'acheter le journal, ainsi qu'une petite icône de la Nativité. Je forme mes meilleurs voeux pour cette initiative qui, en plus de diffuser le quotidien du Vatican, se propose de soutenir la réalisation d'une école en République démocratique du Congo.

Chers frères et soeurs de langue française, à quelques jours de la fête de Noël, la liturgie nous invite à reconnaître la présence de Dieu dans nos vies. A la suite de la Vierge Marie, prenons le temps de faire silence et d'écouter Dieu nous parler au plus profond de nous-mêmes! Sachons faire confiance au Christ qui vient et rendons-nous disponibles pour nous abandonner librement à sa volonté! Soyons déjà les porteurs de la Bonne Nouvelle de sa venue en notre monde! Que Dieu comble tous les peuples de bonheur et de paix!

Je souhaite à tous un dimanche serein et de bonnes fêtes de Noël.





FÊTE DE SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR - Place Saint-Pierre Samedi 26 décembre 2009

26129 Chers frères et soeurs,

Avec l'âme encore emplie d'émerveillement et inondée de la lumière qui émane de la grotte de Bethléem, où avec Marie, Joseph et les pasteurs nous avons adoré notre Sauveur, nous rappelons aujourd'hui le diacre saint Etienne, le premier martyr chrétien. Que son exemple nous aide à pénétrer davantage le mystère de Noël et témoigne de la grandeur merveilleuse de la naissance de cet Enfant dans lequel se manifeste la grâce de Dieu, porteuse de salut pour les hommes (cf. Tt
Tt 2,11). Celui qui pleure dans la mangeoire, en effet, est le Fils de Dieu fait homme, qui nous demande de témoigner avec courage de son Evangile, comme l'a fait saint Etienne qui, empli de l'Esprit Saint, n'a pas hésité à donner sa vie par amour de son Seigneur. Il meurt comme son maître, en pardonnant ses persécuteurs et nous fait comprendre que l'entrée du Fils de Dieu dans le monde donne naissance à une nouvelle civilisation, la civilisation de l'amour, qui ne se rend pas face au mal et à la violence et abat les barrières entre les hommes, les rendant frères dans la grande famille des enfants de Dieu. Etienne est aussi le premier diacre de l'Eglise, qui se faisant serviteur des pauvres par amour du Christ, entre progressivement en pleine harmonie avec Lui et le suit jusqu'au don suprême de soi. Le témoignage d'Etienne, comme celui des martyrs chrétiens, indique à nos contemporains, souvent distraits et désorientés, en qui nous devons placer notre confiance pour donner un sens à la vie. Le martyr, en effet, est celui qui meurt avec la certitude de se savoir aimé de Dieu et qui, ne plaçant rien avant l'amour du Christ, sait avoir fait le meilleur choix. En se configurant pleinement à la mort du Christ, il est conscient d'être un germe fécond de vie et d'ouvrir dans le monde des sentiers de paix et d'espérance. Aujourd'hui, en nous présentant le diacre saint Etienne pour modèle, l'Eglise nous indique, en outre, dans l'accueil et dans l'amour envers les pauvres, l'une des voies privilégiées pour vivre l'Evangile et témoigner aux hommes de manière crédible du Royaume de Dieu qui vient.

La fête de saint Etienne nous rappelle aussi les nombreux croyants qui, dans diverses parties du monde, sont soumis à des épreuves et des souffrances à cause de leur foi. En les confiant à sa protection céleste, engageons-nous à les soutenir par la prière et à ne jamais manquer à notre vocation chrétienne, en plaçant toujours au coeur de notre vie Jésus Christ, que nous contemplons ces jours-ci dans la simplicité et dans l'humilité de la crèche. Nous invoquons pour cela l'intercession de Marie, Mère du Rédempteur et Reine des Martyrs, avec la prière de l'Angelus.

A l'issue de l'Angelus :

En ce lendemain de la solennité de Noël, je suis heureux d'accueillir les pèlerins rassemblés pour la prière de l'Angelus.Aujourd'hui, l'Eglise nous présente la figure de saint Etienne, le premier des martyrs, modèle du témoin qui a donné sa vie pour le Christ. Comme lui, aujourd'hui encore à travers le monde, nombreux sont les hommes et les femmes qui acceptent de servir le Christ et son Evangile avec générosité, parfois jusqu'au don de leur vie. Que la Vierge Marie, Reine des martyrs, conforte les disciples de Jésus dans la foi et dans la fidélité! Avec ma Bénédiction apostolique!



FÊTE DE LA SAINTE-FAMILLE - Place Saint-Pierre Dimanche 27 décembre 2009

27129
Chers frères et soeurs!


C'est aujourd'hui le dimanche de la Sainte-Famille. Nous pouvons encore nous mettre à la place des pasteurs de Bethléem qui, ayant reçu l'annonce de l'ange, s'empressèrent d'accourir à la grotte et trouvèrent « Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche » (
Lc 2,16). Arrêtons-nous nous aussi pour contempler cette scène et réfléchissons sur sa signification. Les premiers témoins de la naissance du Christ, les pasteurs, se trouvèrent non seulement en face de l'Enfant Jésus, mais d'une petite famille: la mère, le père et le fils nouveau-né. Dieu a voulu se révéler en naissant dans une famille humaine, et c'est pourquoi la famille humaine est devenue une icône de Dieu! Dieu est Trinité, il est communion d'amour et la famille en est une expression qui reflète le Mystère insondable de Dieu amour, dans toute la différence qui existe entre le Mystère de Dieu et sa créature humaine. L'homme et la femme, créés à l'image de Dieu, deviennent dans le mariage « une seule chair » (Gn 2,24), c'est-à-dire une communion d'amour qui engendre une nouvelle vie. La famille humaine, dans un certain sens, est une icône de la Trinité du point de vue de l'amour interpersonnel et de la fécondité de l'amour.

La liturgie d'aujourd'hui propose le célèbre épisode évangélique de Jésus âgé de douze ans qui reste au Temple, à Jérusalem, à l'insu de ses parents, qui, surpris et inquiets, l'y retrouvent après trois jours alors qu'il discute avec les docteurs. A sa mère qui lui demande des explications, Jésus répond qu'il doit « être dans la propriété », dans la maison de son Père, c'est-à-dire de Dieu (cf. Lc 2,49). Dans cet épisode, le jeune Jésus nous apparaît plein de zèle pour Dieu et pour le Temple. Demandons-nous: de qui Jésus avait-il appris l'amour pour les « choses » de son Père? Assurément en tant que fils, il a eu une intime connaissance de son Père, de Dieu, d'une profonde relation personnelle permanente avec Lui, mais, dans sa culture concrète, il a assurément appris les prières, l'amour envers le Temple et les institutions d'Israël de ses propres parents. Nous pouvons donc affirmer que la décision de Jésus de rester dans le Temple était surtout le fruit de sa relation intime avec le Père, mais aussi le fruit de l'éducation reçue de Marie et de Joseph. Nous pouvons ici entrevoir le sens authentique de l'éducation chrétienne: elle est le fruit d'une collaboration à rechercher toujours entre les éducateurs et Dieu. La famille chrétienne est consciente que les enfants sont un don et un projet de Dieu. Par conséquent, elle ne peut pas les considérer comme sa propriété, mais, en servant à travers eux le dessein de Dieu, elle est appelée à les éduquer à une plus grande liberté, qui est précisément celle de dire « oui » à Dieu pour faire sa volonté. La Vierge Marie est l'exemple parfait de ce « oui ». Nous lui confions toutes les familles, en priant en particulier pour leur précieuse mission éducative.

Et je m'adresse à présent, en langue espagnole, à tous ceux qui prennent part à la fête de la Sainte-Famille à Madrid.

Je salue cordialement les pasteurs et les fidèles réunis à Madrid pour célébrer dans la joie la sainte famille de Nazareth. Comment ne pas rappeler la véritable signification de cette fête? Dieu, qui est venu au monde au sein d'une famille, montre que cette institution est la voie sûre pour le rencontrer et le connaître, et également un appel incessant à travailler à l'unité de tous autour de l'amour. Il s'ensuit que l'un des services les plus grands que nous chrétiens pouvons prêter à nos semblables est de leur offrir notre témoignage serein et ferme de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, en la sauvegardant et en la promouvant, car celle-ci possède une importance suprême pour le présent et l'avenir de l'humanité. En effet, la famille est la meilleure école pour apprendre à vivre les valeurs qui donnent sa dignité à la personne et rendent les peuples grands. Dans celle-ci, on partage également les souffrances et les joies, car l'on se sent tous protégés par l'affection qui règne à la maison, du simple fait d'être membres de la même famille.

Je demande à Dieu que dans vos foyers domestiques l'on respire toujours cet amour de dévouement total et de fidélité que Jésus apporta au monde avec sa naissance, le nourrissant et le renforçant par la prière quotidienne, la pratique constante des vertus, la compréhension réciproque et le respect mutuel. Je vous encourage donc, confiant dans l'intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, Reine des Familles, et dans la puissante protection de saint Joseph, son époux, à vous consacrer sans relâche à cette belle mission que le Seigneur a placée entre vos mains. Vous pouvez compter sur ma proximité et sur mon affection. Je vous demande d'apporter un salut particulier du Pape à vos proches qui en ont le plus besoin ou à ceux qui se trouvent en difficulté. Je vous bénis de tout coeur.

A l'issue de l'Angelus :

Chers pèlerins francophones, en cette fête de la Sainte-Famille de Jésus, Marie et Joseph, je suis heureux de saluer toutes vos familles et ma prière rejoint particulièrement celles qui connaissent des difficultés. Avec vous, je rends grâce à Dieu pour la sainte famille de Nazareth: Marie et Joseph n'ont pas seulement procuré à l'Enfant Jésus le pain de la terre; ils lui ont donné un authentique témoignage de foi et d'amour. Que leur exemple guide toutes les familles et soit pour elles une source intarissable de joie et de bonheur! A tous je souhaite une fin d'année sereine!


SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU - XLIII JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

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Place Saint-Pierre

Vendredi 1er janvier 2010



Chers frères et soeurs,

Aujourd'hui, le Seigneur nous donne de commencer une année nouvelle en son Nom et sous le regard de la très sainte Vierge Marie, dont nous célébrons la solennité de sa Maternité divine. Je suis heureux de vous rencontrer pour ce premier Angelus de 2010. Je m'adresse à vous, qui êtes venus nombreux place Saint-Pierre, et aussi à ceux qui s'unissent à notre prière à travers la radio et la télévision: à tous, je souhaite que l'année à peine commencée soit un temps où, avec l'aide du Seigneur, nous puissions aller à la rencontre du Christ, de la volonté de Dieu et ainsi améliorer notre monde.

Il y a un objectif que tous peuvent partager, condition indispensable pour la paix, c'est d'administrer avec justice et sagesse les ressources naturelles de la terre. « Si tu veux construire la paix, protège la création » : c'est à ce thème d'une grande actualité que j'ai consacré mon message pour cette 43e Journée mondiale de la paix. Au moment où ce message était publié, les chefs d'Etat et de gouvernement étaient réunis à Copenhague pour le sommet sur le climat d'où est ressortie encore une fois l'urgence d'orientations concertées sur le plan mondial. Cependant, aujourd'hui, je voudrais souligner l'importance qu'ont aussi, pour la protection de l'environnement, les choix des personnes individuelles, des familles, et des administrations locales. « Un changement de mentalité effectif qui conduise chacun à adopter de nouveaux styles de vie est désormais indispensable » (cf. Message, n. 11). Nous sommes en effet tous responsables de la protection et du soin de la création. C'est pourquoi dans ce domaine également, l'éducation est fondamentale: pour apprendre à respecter la nature; s'orienter toujours plus « vers la construction de la paix à partir de choix de grande envergure au niveau personnel, familial, communautaire et politique » (ibid.)

Si nous devons prendre soin des créatures qui nous entourent, quelle considération ne devons-nous pas avoir pour les personnes, nos frères et soeurs! Quel respect pour la vie humaine! En ce premier jour de l'année, je voudrais adresser un appel aux consciences de ceux qui font partie de groupes armés, quelle que soit leur nature. A tous et à chacun je dis: « Arrêtez-vous, réfléchissez, et abandonnez la voie de la violence! » Sur le moment, ce pas pourra vous sembler impossible, mais si vous avez le courage de l'accomplir, Dieu vous aidera, et vous sentirez la joie de la paix, que vous avez peut-être oubliée depuis longtemps, revenir dans vos coeurs.

Je confie cet appel à l'intercession de Marie, la Très sainte Mère de Dieu. Aujourd'hui, la liturgie nous rappelle que huit jours après la naissance de l'Enfant Jésus, avec Joseph son époux, ils le firent circoncire, selon la loi de Moïse, et ils lui donnèrent le nom de Jésus, comme l'ange l'avait appelé (cf. Lc
Lc 2,21). Ce nom, qui signifie « Dieu sauve » est l'accomplissement de la révélation de Dieu. Jésus est le visage de Dieu, il est la bénédiction pour tout homme et tous les peuples, il est la paix pour le monde. Merci, Mère sainte, toi qui as mis au monde le Sauveur, le Prince de la paix!

A l'issue de l'Angelus :

En ce premier jour de l'an nouveau, je suis heureux de saluer les francophones présents ici sur la place Saint-Pierre ou qui nous rejoignent à travers la radio ou la télévision. Aujourd'hui, nous célébrons la Vierge Marie, Mère de Dieu. Femme bénie entre toutes les femmes, en accueillant en elle le Fils unique, elle nous a permis de découvrir le visage d'amour de notre Dieu. En cette Journée mondiale de prière pour la Paix, que Marie, Mère de Dieu, soit aussi pour tous les hommes la Mère qui les guide sur les chemins de la réconciliation et de la fraternité! Bonne et sainte année à tous!

Je souhaite à tous de conserver dans leur coeur, chaque jour de l'année nouvelle, la Paix que le Christ nous a donnée. Bonne année!





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Place Saint-Pierre

Dimanche 3 janvier 2010

Chers frères et soeurs!

En ce dimanche — le deuxième après Noël et le premier de la nouvelle année — je suis heureux de renouveler à tous mes voeux de tout bien dans le Seigneur! Les problèmes ne manquent pas, dans l'Eglise et dans le monde, ainsi que dans la vie quotidienne des familles. Mais, grâce à Dieu, notre espérance ne tient pas compte de pronostics improbables, ni même des prévisions économiques, aussi importantes soient-elles. Notre espérance est en Dieu, non pas au sens d'une religiosité générique, ou d'un fatalisme revêtu de foi. Nous avons confiance dans le Dieu qui, en Jésus Christ, a révélé de manière totale et définitive sa volonté d'être avec l'homme, de partager son histoire, pour nous guider tous vers son Royaume d'amour et de vie. Et cette grande espérance anime et parfois corrige nos espérances humaines.

Dans la liturgie eucharistique, trois lectures bibliques d'une richesse extraordinaire nous parlent aujourd'hui de cette révélation: le chapitre 24 du Livre du Siracide, l'hymne qui ouvre la Lettre aux Ephésiens de saint Paul et le prologue de l'Evangile de Jean. Ces textes affirment que Dieu est non seulement le créateur de l'univers — un aspect commun également à d'autres religions — mais qu'il est Père, qui « nous a choisis avant la création du monde... il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des fils » (Ep 1,4-5) et qui, dans ce but, est arrivé au point inconcevable de se faire homme: « Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous » (Jn 1,14). Le mystère de l'Incarnation de la Parole de Dieu a été préparé dans l'Ancien Testament, en particulier là où la Sagesse divine s'identifie avec la Loi mosaïque. En effet, la Sagesse elle-même affirme: « Alors le créateur de l'univers m'a donné un ordre, celui qui m'a créé m'a fait dresser ma tente, Il m'a dit: "Installe-toi en Jacob, entre dans l'héritage d'Israël" » (Si 24,8). En Jésus Christ, la Loi de Dieu s'est fait témoignage vivant, écrite dans le coeur d'un homme en qui, par l'action de l'Esprit Saint, toute la plénitude de la divinité est présente corporellement (cf. Co 2, 9).

Chers amis, telle est la véritable raison de l'espérance de l'humanité: l'histoire a un sens, car elle est « habitée » par la Sagesse de Dieu. Toutefois, le projet divin ne s'accomplit pas automatiquement, car c'est un projet d'amour, et l'amour engendre la liberté et demande la liberté. Le Royaume de Dieu vient assurément, plus encore, il est déjà présent dans l'histoire et, grâce à la venue du Christ, il a déjà vaincu les forces négatives du malin. Mais chaque homme et chaque femme sont responsables de l'accueillir dans leur propre vie, jour après jour. C'est pourquoi, l'année 2010 sera plus ou moins « bonne » dans la mesure où chacun, selon ses propres responsabilités, saura collaborer avec la grâce de Dieu. Adressons-nous donc à la Vierge Marie, pour apprendre d'Elle cette attitude spirituelle. Le Fils de Dieu s'est incarné en Elle avec son consentement. Chaque fois que le Seigneur veut accomplir un pas en avant, avec nous, vers la « terre promise », il frappe d'abord à notre coeur, il attend, pour ainsi dire, notre « oui », dans les petits choix comme dans les grands. Que Marie nous aide à toujours accueillir la volonté de Dieu, avec humilité et courage, afin que les épreuves et les souffrances de la vie contribuent à hâter la venue de son Royaume de justice et de paix.

A l'issue de l'Angelus :

En ce premier dimanche de l'année nouvelle, je suis heureux d'accueillir les pèlerins francophones. Le temps de Noël nous donne de rendre grâce car le Christ, Sagesse incarnée de Dieu, vient habiter parmi les hommes. Il est venu dans notre histoire pour en éclairer et en orienter le cours. Aujourd'hui de nombreux pays célèbrent la fête de l'Epiphanie, manifestation du Sauveur à toutes les nations. Nous aussi, avec la Vierge Marie soyons attentifs aux signes que Dieu nous donne de sa présence dans notre vie et dans notre monde! Bon dimanche et bonne année à tous!

Je souhaite à tous un dimanche serein et une bonne année nouvelle.





SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR



Place Saint-Pierre

263
Angelus Benoit XVI 255