Angelus Benoit XVI 263

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Mercredi 6 janvier 2010




Chers frères et soeurs!

Nous célébrons aujourd'hui la grande fête de l'Epiphanie, le mystère de la Manifestation du Seigneur à tous les païens, représentés par les mages, venus de l'Orient pour adorer le Roi des Juifs (cf. Mt
Mt 2,1-2). Saint Matthieu, qui raconte l'événement, souligne qu'ils arrivèrent jusqu'à Jérusalem en suivant une étoile, repérée dès sa naissance et interprétée comme le signe de la naissance du Roi annoncé par les prophètes, c'est-à-dire du Messie. Mais arrivés à Jérusalem, les mages eurent besoin des indications des prêtres et des scribes pour connaître exactement le lieu où ils voulaient se rendre, c'est-à-dire Bethléem, la ville de David (cf. Mt Mt 2,5-6 Mi 5,1). L'étoile et les Saintes Ecritures furent les deux lumières qui guidèrent le chemin des mages, qui nous apparaissent comme le modèle des chercheurs authentiques de la vérité.

Ces derniers étaient des savants, qui scrutaient les astres et connaissaient l'histoire des peuples. Ils étaient des hommes de science au sens large, qui observaient l'univers, le considérant comme une sorte de grand livre empli de signes et de messages divins pour l'homme. Leur savoir, pourtant, loin de se considérer comme autosuffisant, était ouvert à des révélations ultérieures et à des appels divins. En effet, ils n'ont pas honte de demander des instructions aux chefs religieux des Juifs. Ils auraient pu dire: faisons cela tous seuls, nous n'avons besoin de personne, évitant, selon notre mentalité actuelle, toute "contamination" entre la science et la Parole de Dieu. Au contraire, les mages écoutent les prophéties et les accueillent; et à peine se remettent-ils en chemin vers Bethléem qu'ils voient de nouveau l'étoile, comme une confirmation de l'harmonie parfaite entre la recherche humaine et la Vérité divine, une harmonie qui remplit de joie leurs coeurs de savants authentiques (cf. Mt Mt 2,10). Le sommet de leur itinéraire de recherche fut quand ils se trouvèrent devant "l'enfant avec Marie sa mère" (Mt 2,11). L'Evangile dit que "se prosternant, ils lui rendirent hommage". Ils auraient pu être déçus, voire scandalisés. Au contraire, en véritables savants, ils sont ouverts au mystère qui se manifeste de manière surprenante; et par leurs dons symboliques, ils démontrent reconnaître en Jésus le Roi et le Fils de Dieu. C'est par ce geste que s'accomplissent les oracles messianiques qui annoncent l'hommage des nations au Dieu d'Israël.

Un dernier détail confirme, chez les mages, l'unité entre l'intelligence et la foi: c'est le fait qu'"avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays" (Mt 2,12). Il aurait été naturel de retourner à Jérusalem, dans le palais d'Hérode et dans le Temple, pour donner un éclat à leur découverte. Au contraire, les mages, qui ont choisi l'Enfant comme leur souverain, le protègent en cachette, selon le style de Marie ou mieux, de Dieu lui-même et, tout comme ils étaient apparus, ils disparaissent en silence, satisfaits, mais aussi transformés par la rencontre avec la Vérité. Ils ont découvert un nouveau visage de Dieu, une nouvelle royauté: celle de l'amour. Que la Vierge Marie, modèle de sagesse véritable, nous aide à être des chercheurs authentiques de la vérité de Dieu, capables de vivre toujours la profonde harmonie qui existe entre raison et foi, science et révélation.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux d'adresser mes voeux les plus cordiaux aux frères et soeurs des Eglises orientales qui célèbrent Noël demain. Que le mystère de la lumière soit source de joie et de paix pour chaque famille et communauté.

En la solennité de l'Epiphanie, on fête la Journée missionnaire des enfants, avec la devise: "Les enfants aident les enfants". Promue par le vénérable Pape Pie XII en 1950, cette initiative éduque les enfants à se former une mentalité ouverte au monde et à être solidaires avec les enfants de leur âge plus démunis. Je salue avec affection tous les petits missionnaires présents sur les cinq continents et je les encourage à être toujours des témoins de Jésus et des annonciateurs de son Evangile.

En ce jour de l'Epiphanie, la prière de l'Angelus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones et particulièrement nos frères chrétiens d'Orient. Comme les mages guidés par l'étoile nous sommes invités à marcher vers la lumière de Dieu. En venant adorer l'Enfant de Bethléem, acceptons de nous faire humbles et pauvres. Il indique à tous les hommes de bonne volonté un chemin pour les rassembler dans l'unité et la fraternité. A la suite des mages et avec la Vierge Marie sachons accueillir Dieu qui s'est rendu visible à nos yeux et marchons avec joie vers la clarté de son aurore!

Alors que j'adresse une pensée affectueuse aux enfants de Rome, je souhaite à tous une bonne fête de l'Epiphanie.





FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR



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Place Saint-Pierre

Dimanche 10 janvier 2010

Chers frères et soeurs!

Ce matin, au cours de la Messe célébrée dans la Chapelle sixtine, j'ai administré le sacrement du baptême à plusieurs nouveau-nés. Cette coutume est liée à la fête du Baptême du Seigneur par laquelle se termine le temps liturgique de Noël. Le baptême suggère très bien le sens global des fêtes de Noël, dans lesquelles le thème devenir fils de Dieu grâce à la venue du Fils unique dans notre humanité, constitue un élément dominant. Il s'est fait homme afin que nous puissions devenir fils de Dieu. Dieu est afin que nous puissions renaître.Ces concepts reviennent sans cesse dans les textes liturgiques de Noël et constituent un motif de réflexion et d'espérance enthousiasmant. Pensons à ce que saint Paul écrit aux Galates: "Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale" (Ga 4,4-5); ou encore saint Jean dans le Prologue de son Evangile: "A tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu" (Jn 1,12). Ce merveilleux mystère de notre "deuxième naissance" - la renaissance d'un être humain d'en "haut", de Dieu (cf. Jn Jn 3,1-8) - s'accomplit et se résume dans le signe sacramentel du baptême.

Avec ce sacrement, l'homme devient réellement fils, fils de Dieu. A partir de ce moment, le but de son existence consiste à atteindre de façon libre et consciente, ce qui était et est le destin de l'homme. "Deviens ce que tu es" représente le principe éducatif de base de la personne humaine sauvée par la grâce. Ce principe a de nombreuses analogies avec la croissance humaine, dans laquelle la relation parents-enfants passe à travers des détachements et des crises, de la dépendance totale à la conscience d'être fils, à la reconnaissance pour le don de la vie reçue et à la maturité et la capacité de donner la vie. Engendré par le baptême à une vie nouvelle, le chrétien aussi entame son chemin de croissance dans la foi qui le conduira à invoquer consciemment Dieu comme "Abba - Père", à s'adresser à Lui avec reconnaissance et vivre la joie d'être son fils.

Du baptême dérive aussi un modèle de société: celle des frères. On ne peut pas établir la fraternité avec une idéologie, encore moins avec un décret d'un quelconque pouvoir constitué. On se reconnaît frères à partir de la conscience humble mais profonde d'être enfants de l'unique Père céleste. En tant que chrétiens, grâce à l'Esprit Saint reçu dans le baptême, nous reviennent le don et l'engagement de vivre en fils de Dieu et en frères, pour être comme le "levain" d'une humanité nouvelle, solidaire et riche de paix et d'espérance. La conscience d'avoir non seulement un Père dans les cieux, mais aussi une mère, l'Eglise, dont la Vierge Marie est l'éternel modèle, nous aide en cela. Nous lui confions les enfants qui viennent d'être baptisés, ainsi que leurs familles, et nous demandons pour tous la joie de renaître chaque jour "d'en haut", de l'amour de Dieu, qui fait de nous ses enfants et entre nous des frères.

A l'issue de l'Angelus

Chers frères et soeurs,

Deux faits ont particulièrement attiré mon attention ces jours derniers: le cas de la condition des migrants qui cherchent une vie meilleure dans des pays qui, pour différentes raisons, ont besoin de leur présence, et les situations de conflits, dans diverses parties du monde, où les chrétiens sont objet d'attaques, même violentes.

Il faut repartir du coeur du problème! Il faut repartir de la signification de la personne! Un immigré est un être humain, différent de par sa provenance, sa culture, ses traditions, mais une personne à respecter et avec des droits et des devoirs, en particulier dans le domaine du travail où la tentation de l'exploitation est plus facile, mais aussi dans le domaine des conditions de vie concrètes. La violence ne doit jamais être pour personne le chemin pour résoudre les difficultés. Le problème est avant tout humain! Je vous invite à regarder le visage de l'autre et à découvrir qu'il a une âme, une histoire et une vie: c'est une personne et Dieu l'aime comme il m'aime.

265 Je voudrais vous soumettre des réflexions semblables en ce qui concerne l'homme dans sa diversité religieuse. La violence contre les chrétiens dans certains pays a suscité l'indignation de beaucoup, également parce qu'elle s'est manifestée lors des jours les plus sacrés de la tradition chrétienne. Les institutions, aussi bien politiques que religieuses - je le répète - ne doivent pas manquer à leurs responsabilités. Il ne peut y avoir de violence au nom de Dieu, et on ne peut pas penser l'honorer en offensant la dignité et la liberté de ses semblables.

Chers frères et soeurs de langue française, soyez les bienvenus pour la prière de l'Angelus. Ce matin, rendons grâce à Dieu pour notre baptême. Ecoutons nous aussi le Père nous redire "Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j'ai mis tout mon amour". L'Esprit de Dieu fait route avec nous, et il remplit notre vie de lumière et de sainteté. En prenant conscience de la splendeur de notre Baptême, soyons les serviteurs et les témoins de cette Bonne Nouvelle pour notre monde! Que la Vierge Marie, nous aide à demeurer toujours fidèles à notre Baptême! Bon dimanche et bonne semaine à tous!

Bon dimanche!





Place Saint-Pierre

Dimanche 17 janvier 2010



Chers frères et soeurs!

Ce dimanche, on célèbre la Journée mondiale du migrant et du réfugié. La présence de l'Eglise aux côtés de ces personnes a été constante dans le temps, jusqu'à atteindre des objectifs singuliers au début du siècle dernier: il suffit de penser aux figures du bienheureux évêque Giovanni Battista Scalabrini et de sainte Francesca Cabrini. Dans le message que j'ai envoyé à cette occasion, j'ai attiré l'attention sur les migrants et les réfugiés mineurs. Jésus Christ, qui a vécu, en tant que nouveau-né, l'expérience dramatique du réfugié à cause des menaces de Hérode, enseigne à ses disciples à accueillir les enfants avec un grand respect et avec amour. L'enfant aussi, en effet, quelles que soient sa nationalité et la couleur de sa peau, doit être avant tout et toujours considéré comme une personne, image de Dieu, à promouvoir et à protéger contre toute marginalisation et exploitation. Il faut en particulier tout faire pour assurer aux mineurs qui vivent dans un pays étranger des garanties sur le plan législatif et surtout qu'ils soient accompagnés dans les innombrables problèmes qu'ils doivent affronter. J'encourage vivement les communautés chrétiennes et les organismes qui s'engagent au service des mineurs migrants et réfugiés, et je vous exhorte tous à avoir pour eux une vive sensibilité éducative et culturelle, selon un esprit évangélique authentique.

Cet après-midi, presque 24 ans après la visite historique du vénérable Jean-Paul II, je me rendrai à la grande synagogue de Rome, appelée Grand Temple, pour rencontrer la communauté juive de la ville et franchir une nouvelle étape sur le chemin de concorde et d'amitié entre catholiques et juifs. En effet, malgré les problèmes et les difficultés, on respire, entre croyants des deux religions, un climat de grand respect et de dialogue, ce qui témoigne du fait que les rapports ont mûri et de l'engagement commun de mettre en valeur ce qui nous unit: la foi dans le Dieu unique, avant tout, mais aussi la protection de la vie et de la famille, l'aspiration à la justice sociale et à la paix.

Enfin, je rappelle que s'ouvre demain la traditionnelle Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Chaque année, elle constitue, pour ceux qui croient dans le Christ, un temps propice pour raviver l'esprit oecuménique, pour se rencontrer, se connaître, prier et réfléchir ensemble. Le thème biblique, tiré de l'Evangile de saint Luc, fait écho aux paroles de Jésus ressuscité à ses disciples: "Vous serez témoins de tout cela" (Lc 24,48). Notre annonce de l'Evangile du Christ sera d'autant plus crédible et efficace que nous serons plus unis dans son amour, comme de vrais frères. J'invite donc les paroisses, les communautés religieuses, les associations et les mouvements ecclésiaux à prier sans cesse, de façon particulière pendant les célébrations eucharistiques, pour la pleine unité des chrétiens.

Confions ces trois intentions - nos frères migrants et réfugiés, le dialogue religieux avec les juifs, et l'unité des chrétiens - à l'intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ et Mère de l'Eglise.

266 A l'issue de l'Angelus

En cette Journée mondiale du migrant et du réfugié, je suis heureux de saluer les représentants de différentes communautés ethniques rassemblées ici. Je souhaite à tous de participer pleinement à la vie sociale et ecclésiale, en conservant les valeurs de leurs cultures d'origine.

J'accueille avec joie les pèlerins francophones. A la veille de l'ouverture de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, n'ayons pas peur d'être ensemble des témoins authentiques du Christ ressuscité, présent dans notre monde. Puisse l'Esprit-Saint envoyer à son Eglise le don de l'unité! L'Evangile de ce jour nous offre le signe des noces de Cana. Il nous invite à ne pas nous laisser envahir par le doute et par les soucis, car le Christ est vraiment venu pour tous les hommes. A l'exemple de Marie, laissons-nous conduire par son divin Fils. Ecoutons-la nous dire "faites tout ce qu'il vous dira". Que la Vierge Sainte intercède pour nous et pour tous les hommes! J'implore sa protection particulièrement pour la chère population haïtienne, si durement éprouvée, afin qu'elle trouve assistance et réconfort. Que Notre-Dame du Perpétuel Secours, patronne d'Haïti, protège ses fils et ses filles! Bon dimanche et bonne semaine à tous!





Place Saint-Pierre

Dimanche 24 janvier 2010

Chers frères et soeurs!

Nous trouvons parmi les lectures bibliques de la liturgie d'aujourd'hui, le texte célèbre de la Première Lettre aux Corinthiens, dans lequel saint Paul compare l'Eglise au corps humain. Ainsi, l'Apôtre écrit: "De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, juifs ou grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit" (1Co 12,12-13). L'Eglise est conçue comme un corps, dont le Christ est la tête, et forme avec Lui un tout. Toutefois, ce que l'Apôtre tient à communiquer, c'est l'idée de l'unité dans la multiplicité des charismes, qui sont les dons de l'Esprit Saint. Grâce à eux, l'Eglise se présente comme un organisme riche et vital, non uniforme, fruit de l'unique Esprit Saint qui nous conduit tous à l'unité profonde, assumant les diversités sans les abolir et en réalisant un ensemble harmonieux. Elle prolonge dans l'histoire la présence du Seigneur ressuscité, particulièrement à travers les sacrements, la Parole de Dieu, les charismes et les ministères distribués dans la communauté. Ainsi, c'est vraiment dans le Christ et dans l'Esprit que l'Eglise est une et sainte, c'est-à-dire une communion intime qui transcende les capacités humaines et les soutient.

Il me plaît de souligner cet aspect alors que nous vivons la "Semaine de prière pour l'unité des chrétiens", qui se conclura demain, fête de la Conversion de saint Paul. Selon la tradition, je célébrerai dans l'après-midi les Vêpres dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, avec la participation des représentants des autres Eglises et communautés ecclésiales présentes à Rome. Nous invoquerons de Dieu le don de la pleine unité de tous les disciples du Christ et, en particulier, suivant le thème de cette année, nous renouvellerons l'engagement d'être ensemble témoins du Seigneur crucifié et ressuscité (cf. Lc Lc 24,48). La communion des chrétiens rend en effet plus crédible et efficace l'annonce de l'Evangile, comme Jésus lui-même l'affirma en priant le Père à la veille de sa mort: "Que tous soient un... afin que le monde croie" (Jn 17,21).

Je désire enfin, chers amis, rappeler la figure de saint François de Sales, dont la mémoire liturgique a lieu le 24 janvier. Né en Savoie en 1567, il étudia le droit à Padoue et à Paris et, appelé par le Seigneur, devint prêtre. Il se consacra avec intérêt à la prédication et à la formation spirituelle des fidèles, enseignant que l'appel à la sainteté est pour tous et que chacun - comme le dit saint Paul avec la comparaison du corps - a sa place dans l'Eglise. Saint François de Sales est le patron des journalistes et de la presse catholique. Je confie le Message pour la Journée mondiale des communications sociales, que je signe chaque année à cette occasion et qui a été présenté hier au Vatican, à son assistance spirituelle.

Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, nous obtienne de toujours progresser dans la communion, pour transmettre la beauté d'être une seule chose dans l'unité du Père, du Fils et du Saint Esprit.

267 A l'issue de l'Angelus

Hier, à Barcelone, José Samsó i Elías, prêtre et martyr catalan, tué pendant la guerre civile, a été proclamé bienheureux. Véritable témoin du Christ, il mourut en pardonnant à ses persécuteurs. Pour les prêtres, et particulièrement pour les curés, il constitue un modèle de consécration à la catéchèse et à la charité envers les pauvres.

En ce dimanche de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, je salue avec joie les pèlerins francophones. Prenant la comparaison du corps humain, saint Paul met en lumière la solidarité qui doit exister entre tous les membres du Corps du Christ, l'Eglise. Chacun est donc invité à mettre en valeur les dons qu'il a reçus de l'Esprit en vue de la construction de ce Corps. Dieu veut que nous le servions dans l'unité de la foi. Demandons ardemment au Christ de faire à son Eglise le don de cette unité! Que la Vierge Marie aide chacun et chacune sur ce chemin! Bon dimanche et bonne semaine à tous!





Place Saint-Pierre

Dimanche 31 janvier 2010



Chers frères et soeurs!

Dans la liturgie de ce dimanche, on lit l'une des pages les plus belles du Nouveau Testament et de toute la Bible que l'on appelle "l'hymne à la charité" de l'apôtre Paul (1Co 12, 31-13, 13). Dans sa première lettre aux Corinthiens, après avoir expliqué, par l'image du corps, que les différents dons de l'Esprit Saint concourent au bien de l'unique Eglise, Paul montre la "voie" de la perfection. Celle-ci, a-t-il dit, ne consiste pas dans la possession de qualités exceptionnelles: parler des langues nouvelles, connaître tous les mystères, avoir une foi prodigieuse ou accomplir des gestes héroïques. Elle consiste en revanche dans la charité - agapè - c'est-à-dire l'amour authentique, celui que Dieu a révélé en Jésus Christ. La charité est le don "le plus grand", qui donne de la valeur à tous les autres, et cependant, "elle ne se vante pas, elle ne se gonfle pas d'orgueil", au contraire, "elle se réjouit dans la vérité" et du bien d'autrui. Qui aime vraiment "ne cherche pas son propre intérêt", "ne tient pas compte du mal reçu", "excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout" (cf. 1Co 13,4-7). A la fin, lorsque nous nous trouverons face à face avec Dieu, tous les autres dons disparaîtront; le seul qui demeurera pour l'éternité, c'est la charité, parce que Dieu est amour et nous serons semblables à Lui, en communion parfaite avec Lui.

Pour le moment, alors que nous sommes dans ce monde, la charité est ce qui distingue le chrétien. Elle est la synthèse de toute sa vie: de ce qu'il croit et de ce qu'il fait. C'est pour cela que, au début de mon pontificat, j'ai voulu consacrer ma première encyclique justement au thème de l'amour: Deus caritas est. Comme vous vous en souvenez, cette encyclique se compose de deux parties qui correspondent à deux aspects de la charité: sa signification et ensuite sa mise en oeuvre pratique. L'amour est l'essence de Dieu lui-même, c'est le sens de la création et de l'histoire, c'est la lumière qui donne bonté et beauté à l'existence de tout homme. En même temps, l'amour est, pour ainsi dire, le "style" de Dieu et de l'homme croyant, c'est le comportement de qui, répondant à l'amour de Dieu, situe sa vie comme un don de soi à Dieu et au prochain. En Jésus Christ, ces deux aspects forment une unité parfaite: Il est l'Amour incarné. Cet Amour nous est révélé pleinement dans le Christ crucifié. En posant sur lui notre regard, nous pouvons confesser avec l'apôtre Jean: "Nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru" (cf. 1Jn 4,16 Encyclique Deus caritas est ).

Chers amis, si nous pensons aux saints, nous reconnaissons la vérité de leurs dons spirituels, et aussi de leurs caractères humains. Mais la vie de chacun d'eux est un hymne à la charité, un cantique vivant à l'amour de Dieu! Aujourd'hui, 31 janvier, nous rappelons en particulier saint Jean Bosco, fondateur de la famille salésienne et patron des jeunes. En cette année sacerdotale, je voudrais invoquer son intercession pour que les prêtres soient toujours plus des éducateurs et des pères pour les jeunes; et afin qu'en faisant l'expérience de cette charité, de nombreux jeunes accueillent l'appel à donner leur vie pour le Christ et pour l'Evangile. Que Marie Auxiliatrice, modèle de charité, nous obtienne ces grâces.

A l'issue de l'Angelus

268 Le dernier dimanche de janvier est la Journée mondiale des lépreux. On pense spontanément au père Damien de Veuster, qui donna sa vie pour ces frères et soeurs, et que j'ai proclamé saint en octobre dernier. Je confie à sa protection céleste toutes les personnes qui souffrent encore aujourd'hui malheureusement de cette maladie, de même que les agents de la santé et les bénévoles qui oeuvrent afin que puisse exister un monde sans lèpre. Je salue en particulier l'Association italienne des amis de Raoul Follereau.

Aujourd'hui on célèbre également la deuxième Journée d'intercession pour la paix en Terre Sainte. En communion avec le patriarche latin de Jérusalem et le custode de Terre Sainte, je m'unis spirituellement à la prière de nombreux chrétiens du monde entier et je salue cordialement ceux qui sont rassemblés ici pour cette circonstance.

La crise économique provoque la perte de nombreux postes de travail et cette situation exige un grand sens des responsabilités de la part de tous: entrepreneurs, travailleurs, gouvernants. Je pense à quelques réalités difficiles en Italie comme par exemple Termini Imerese et Portovesme; je m'associe par conséquent à l'appel de la Conférence épiscopale italienne, qui a encouragé à faire tout ce qui est possible pour préserver et développer l'emploi, en assurant un travail digne et adéquat pour les besoins des familles.

Les garçons et filles de l'Action catholique de Rome nous apportent également un message de paix. Deux d'entre eux sont ici près de moi. Je les salue, ainsi que tous les autres, qui se trouvent sur la Place, accompagnés par le cardinal vicaire, leurs familles et leurs éducateurs. Chers jeunes, je vous remercie car, avec votre "Caravane de la paix" et le symbole des colombes que nous libérerons dans un instant, vous donnez à tous un signe d'espérance. A présent, écoutons le message que vous avez préparé.

Chers pèlerins francophones, la Parole de Dieu nous convie aujourd'hui à accueillir avec foi notre vocation chrétienne, car chacun de nous est appelé à faire fructifier les dons qu'il a reçus pour bâtir l'Eglise. En cette Année sacerdotale, demandons au Seigneur que sa Parole bouscule de nombreux jeunes hommes afin qu'ils puissent entendre son appel à le suivre comme prêtre et y répondre avec générosité. Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, soutienne tous ceux qui sont engagés dans l'humble et exaltant ministère sacerdotal! Bon dimanche et bonne semaine à tous!

Je souhaite un bon dimanche à tous. Et à présent, avec les jeunes de l'Action catholique de Rome, nous libérons les colombes de la paix.


Place Saint-Pierre: Dimanche 7 février 2010

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Chers frères et soeurs,

La liturgie de ce cinquième dimanche du temps ordinaire nous présente le thème de l'appel divin. Dans une vision majestueuse, Isaïe se trouve en présence du Seigneur trois fois saint et il est pris d'une grande crainte et d'un sentiment profond de sa propre indignité. Mais un séraphin purifie ses lèvres avec un charbon ardent et efface son péché, et lui, se sentant prêt à répondre à l'appel s'exclame: "Me voici, Seigneur, envoie-moi!" (cf. Is
Is 6,1-2 Is Is 6,3-8). La même succession de sentiments est présente dans l'épisode de la pêche miraculeuse dont nous parle le passage de l'Evangile d'aujourd'hui. Invités par Jésus pour jeter les filets, malgré une nuit infructueuse, Simon Pierre et les autres disciples, se fiant à sa parole, obtiennent une pêche surabondante. Face à un tel prodige, Simon Pierre ne se jette pas au cou de Jésus pour exprimer la joie de cette pêche inattendue mais, comme l'évangéliste Luc le raconte, il se jette à genoux en disant: "Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur!". Alors Jésus le rassure: "Sois sans crainte; désormais ce sont des hommes que tu prendras" (cf. Lc Lc 5,10); et lui, quittant tout, le suit.

Paul aussi, se souvenant d'avoir été un persécuteur de l'Eglise, se professe indigne d'être appelé apôtre, mais il reconnaît que la grâce de Dieu a accompli en lui des merveilles et, malgré ses limites, lui a confié le devoir et l'honneur de prêcher l'Evangile (cf. 1Co 15,8-10). Dans ces trois expériences, nous voyons comment la rencontre authentique avec Dieu conduit l'homme à reconnaître sa pauvreté et son inaptitude, ses limites et son péché. Mais malgré cette fragilité, le Seigneur, riche en miséricorde et en pardon, transforme la vie de l'homme et l'appelle à le suivre. L'humilité témoignée par Isaïe, par Pierre et par Paul invite tous ceux qui ont reçu le don de la vocation divine à ne pas se concentrer sur leurs propres limites, mais à garder le regard fixé sur le Seigneur et sur sa surprenante miséricorde, pour convertir leur coeur et continuer avec joie à "tout quitter" pour Lui. Il ne regarde pas, en effet, ce qui est important pour l'homme: "L'homme regarde à l'apparence, mais le Seigneur regarde au coeur" (1S 16,7), et il transforme des hommes pauvres et faibles, mais qui ont foi en Lui, en apôtres intrépides qui annoncent le salut.

En cette Année sacerdotale, prions le Maître de la moisson afin qu'il envoie des ouvriers pour sa moisson et que tous ceux qui entendent l'invitation du Seigneur à le suivre, après un discernement nécessaire, sachent répondre avec générosité, non pas en comptant sur leurs propres forces mais en s'ouvrant à l'action de sa grâce. J'invite en particulier tous les prêtres à ranimer leur généreuse disponibilité à répondre chaque jour à l'appel du Seigneur avec la même humilité et la même foi qu'Isaïe, que Pierre et Paul.

Confions à la Vierge Sainte toutes les vocations, particulièrement celles à la vie religieuse et sacerdotale. Que Marie suscite en chacun le désir de prononcer son propre "oui" au Seigneur avec une joie et un dévouement total.

A l'issue de l'Angelus

Nous célébrons aujourd'hui en Italie la Journée pour la Vie. Je m'associe volontiers aux évêques italiens et à leur message sur le thème "La force de la vie, un défi dans la pauvreté". Dans la période actuelle de difficulté économique, ces mécanismes qui, en produisant de la pauvreté et en créant de fortes inégalités sociales, blessent et offensent la vie, touchant surtout les plus faibles et les personnes sans défense, deviennent encore plus dramatiques. Cette situation incite donc à promouvoir un développement humain intégral pour dépasser l'indigence et le besoin, et rappelle surtout que le but de l'homme n'est pas le bien-être, mais Dieu lui-même et que l'existence humaine doit être défendue et favorisée à chacun de ses stades. Nul n'est en effet le maître de sa propre vie, mais nous sommes tous appelés à la protéger et à la respecter, de sa conception jusqu'à sa fin naturelle.

Tout en exprimant mon soutien à ceux qui travaillent directement au service des enfants, des malades et des personnes âgées, je salue avec affection les nombreux fidèles de Rome ici présents, guidés par le cardinal-vicaire et quelques évêques auxiliaires. Le diocèse de Rome consacre une attention spéciale à la Journée pour la Vie et la prolonge avec la "Semaine de la vie et de la famille". Je forme des voeux de réussite pour cette initiative et j'encourage l'activité des consulteurs, des associations et des mouvements, mais aussi des professeurs d'université engagés en vue du soutien de la vie et de la famille.

Dans ce contexte, je rappelle que le 11 février prochain, mémoire de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes et Journée mondiale du Malade, je célébrerai la Messe dans la matinée avec les malades, dans la basilique Saint-Pierre.

Chers pèlerins francophones, dans l'Evangile d'aujourd'hui, le Christ nous adresse une invitation à avancer vers le large et à jeter les filets, car la Bonne Nouvelle doit s'étendre jusqu'aux extrémités du monde. Comme disciples de Jésus, quittons le rivage de nos certitudes humaines pour jeter avec lui les filets de la Parole de Dieu. En cette Année sacerdotale, que la force de l'Esprit guide et remplisse de bonheur et de joie ceux qui ont accepté de se laisser saisir par le Christ! Que la Vierge Marie, Mère des prêtres, accompagne chacun d'eux sur son chemin! Bon dimanche et bonne semaine à tous!

Je souhaite à tous un bon dimanche.


Place Saint-Pierre

Dimanche 14 février 2010

14210 Chers frères et soeurs,

L'année liturgique est un grand chemin de foi, que l'Eglise accomplit toujours précédée de la Vierge Mère, Marie. Au cours des dimanches du temps ordinaire, cet itinéraire est scandé cette année par la lecture de l'Evangile de Luc, qui nous accompagne aujourd'hui "en un lieu de plaine" (
Lc 6,17) où Jésus s'arrête avec les Douze et où se rassemble une foule d'autres disciples et de personnes venues de toutes les régions pour l'écouter. C'est dans ce décor que se situe l'annonce des "béatitudes" (Lc 6,20-26 cf. Mt Mt 5,1-12). Jésus, levant les yeux vers ses disciples, dit: "Heureux vous, les pauvres..., heureux vous, qui avez faim maintenant..., heureux vous qui pleurez maintenant..., heureux êtes-vous quand les hommes... rejettent votre nom comme méprisable" à cause de moi. Pourquoi les proclame-t-il bienheureux? Parce que la justice de Dieu fera qu'ils seront rassasiés, qu'ils se réjouiront, qu'ils seront rachetés de toute fausse accusation, en un mot, parce qu'il les accueille dès maintenant dans son royaume. Les béatitudes sont fondées sur le fait qu'il existe une justice divine qui relève celui qui a été humilié à tort, et abaisse qui s'est élevé (cf. Lc Lc 14,11). En effet, après quatre "heureux êtes-vous", l'évangéliste Luc ajoute quatre avertissements: "malheureux, vous les riches..., malheureux vous qui êtes repus..., malheureux, vous qui riez...", et "malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous", parce que, comme l'affirme Jésus, les choses se renverseront, les derniers seront les premiers et les premiers, les derniers (cf. Lc Lc 13,30).

Cette justice et cette béatitude se réalisent dans le "Royaume des cieux", ou "Royaume de Dieu", qui s'accomplira à la fin des temps mais qui est déjà présent dans l'histoire. Là où les pauvres sont consolés et admis au banquet de la vie, là se manifeste déjà maintenant la justice de Dieu. Telle est la tâche que les disciples du Seigneur sont appelés à accomplir dans la société actuelle également. Je pense au foyer de la Caritas de Rome, à la gare de Termini, que j'ai visité ce matin: j'encourage de tout coeur ceux qui travaillent dans cette institution pleine de mérite et ceux qui, dans le monde entier, s'engagent gratuitement dans des oeuvres de justice et d'amour similaires.

C'est à ce thème de la justice que j'ai dédié cette année le Message du carême qui commencera mercredi prochain, appelé Mercredi des Cendres. Je désire par conséquent aujourd'hui le remettre symboliquement à vous tous, en vous invitant à le lire et à le méditer. L'Evangile du Christ répond positivement à la soif de justice de l'homme, mais de façon inattendue et surprenante. Il ne propose pas une révolution de type social et politique, mais celle de l'amour, qu'il a déjà réalisée par sa Croix et sa Résurrection. C'est sur elle que se fondent les béatitudes, qui proposent ce nouvel horizon de justice inauguré par Pâques, grâce auquel nous pouvons devenir justes et construire un monde meilleur.

Chers amis, adressons-nous maintenant à la Vierge Marie. Toutes les générations la proclament "bienheureuse", parce qu'elle a cru dans la bonne nouvelle que le Seigneur lui a annoncée (cf. Lc Lc 1,45 Lc Lc 1,48). Laissons-nous guider par elle sur le chemin du carême, pour être libérés de l'illusion de l'autosuffisance, pour reconnaître que nous avons besoin de Dieu, de sa miséricorde, et pour entrer ainsi dans son Royaume de justice, d'amour et de paix.

A l'issue de l'Angelus

Dans différents pays d'Asie, je pense par exemple à la Chine et au Viêt-nam, et dans de nombreuses communautés dispersées dans le monde, on célèbre aujourd'hui le nouvel an lunaire. Ce sont des jours de fête que ces peuples vivent comme une occasion privilégiée pour renforcer les liens de famille et entre générations. Je souhaite à tous de garder et de faire fructifier le riche héritage de valeurs spirituelles et morales qui s'enracinent solidement dans la culture de ces peuples.

Chers pèlerins francophones, soyez les bienvenus! Je salue particulièrement les membres de la délégation du Groupe d'amitié France Saint-Siège du sénat, qui ont tenu à être présents à cet Angelus, ainsi que les jeunes de l'Institution Saint-Joseph de Draguignan. Alors qu'il est souvent difficile à nos contemporains d'ouvrir leur coeur et leur esprit au Christ, puisse le Carême qui commence dans quelques jours purifier nos désirs et nos vies. Que ce temps béni soit réellement une occasion de conversion et d'approfondissement de notre foi! Bon dimanche et bonne semaine d'entrée en carême!

Je salue cordialement tous les Polonais. Ce dimanche est aussi la fête des saints Cyrille et Méthode, patrons de l'Europe. Les valeurs qu'ils ont diffusées sur notre continent, c'est-à-dire le signe de la Croix, l'Evangile du Christ, et la vie selon l'Evangile, reste un fondement solide de la force spirituelle des peuples et de l'unité de l'Europe. Ce sont des valeurs importantes également pour nous, contemporains. Demandons aux saints apôtres des Slaves de continuer à nous conduire sur les chemins de la foi. Je vous souhaite à tous un bon dimanche.

Je souhaite à tous un bon dimanche.


Place Saint-Pierre

Dimanche 21 février 2010


Angelus Benoit XVI 263