Angelus Benoit XVI 20610

Dimanche 20 juin 2010

20610
Chers frères et soeurs!


Ce matin, dans la basilique Saint-Pierre, j'ai conféré l'ordination sacerdotale à quatorze diacres du diocèse de Rome — c’est la raison pour laquelle je suis en retard pour l’Angelus. Le sacrement de l'Ordre manifeste, de la part de Dieu, une proximité attentionnée envers les hommes et, de la part de celui qui le reçoit, une pleine disponibilité à devenir un instrument de cette proximité, avec un amour radical pour le Christ et pour l'Eglise. Dans l'Evangile de ce dimanche, le Seigneur demande à ses disciples: «Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» (
Lc 9,20). L'apôtre Pierre répond promptement à cette question: «Tu es le Christ de Dieu, le Messie de Dieu» (cf. ibid. Lc 9,20), dépassant ainsi toutes les opinions terrestres qui considéraient Jésus comme un des prophètes. Selon saint Ambroise, avec cette profession de foi, Pierre «a embrassé toutes choses parce qu'il a exprimé la nature et le nom» du Messie (Expo. In Lucam VI, 93, CCL 14, 207). Et face à cette profession de foi, Jésus renouvelle à Pierre et aux autres disciples l'invitation à le suivre sur le chemin exigeant de l'amour jusqu'à la Croix. A nous aussi, qui pouvons connaître le Seigneur à travers la foi dans sa Parole et dans les sacrements, Jésus propose de le suivre chaque jour et à nous aussi il rappelle que pour être ses disciples il faut s'approprier le pouvoir de sa Croix, sommet de nos biens et couronne de notre espérance.

Saint Maxime le Confesseur fait observer que «le signe distinctif du pouvoir de notre Seigneur Jésus Christ est la croix, qu'il a portée sur ses épaules» (Ambiguum 32, PG 91,1284). En effet, «ils disaient à tous: “Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive”» (Lc 9,23). Prendre sa croix signifie s'engager à vaincre le péché qui entrave le chemin vers Dieu, accueillir chaque jour la volonté du Seigneur, faire grandir sa foi surtout face aux problèmes, aux difficultés, à la souffrance. La sainte carmélite Edith Stein nous en a donné un témoignage en temps de persécution. Voici ce qu'elle écrivait du carmel de Cologne en 1938: «Aujourd'hui je comprends... ce que signifie être épouse du Seigneur sous le signe de la croix, même si on ne le comprendra jamais complètement puisqu'il s'agit d'un mystère... plus il fait sombre autour de nous plus nous devons ouvrir notre coeur à la lumière qui vient d'en haut» (La scelta di Dio. Lettere (1917-1942), Rome 1973, 132-133). Egalement à notre époque, nombreux sont les chrétiens à travers le monde qui, animés par l’amour pour Dieu, prennent chaque jour leur croix, que ce soit celle des épreuves quotidiennes ou celle qui a été provoquée par la barbarie humaine et qui exige parfois le courage du sacrifice extrême. Que le Seigneur permette à chacun de nous de toujours puiser notre solide espérance en Lui, avec la certitude qu'en le suivant en portant notre croix, nous parviendrons avec Lui à la lumière de la Résurrection.

Nous confions à la protection maternelle de la Vierge Marie les nouveaux prêtres ordonnés aujourd'hui qui se joignent à la foule de ceux que le Seigneur a appelés par leur nom: qu'ils soient toujours des disciples fidèles, de courageux annonciateurs de la Parole de Dieu et administrateurs de ses dons de salut.

A l'issue de l'Angelus :

Je désire adresser un appel urgent pour que la paix et la sécurité soient au plus vite rétablies dans le sud du Kirghizistan, suite aux graves affrontements qui ont eu lieu ces derniers jours. J'exprime ma vive proximité aux familles des victimes et à ceux qui souffrent à cause de cette tragédie et je les assure de ma prière. J'invite par ailleurs toutes les communautés ethniques du pays à renoncer à tout type de provocation ou de violence et je demande à la communauté internationale d'oeuvrer pour que les aides humanitaires parviennent au plus tôt aux populations touchées.

Aujourd'hui, l'Organisation des Nations unies célèbre la Journée mondiale du réfugié, pour attirer à nouveau l'attention sur les problèmes de ceux qui ont été contraints de quitter leur pays et leurs traditions familiales, pour arriver dans des milieux souvent profondément différents. Les réfugiés désirent être accueillis et reconnus dans leur dignité et leurs droits fondamentaux; de la même manière, ils entendent offrir leur contribution à la société qui les accueille. Prions afin que dans une juste réciprocité, on réponde de manière appropriée à ces attentes et qu'eux-mêmes témoignent de leur respect pour l'identité des communautés qui les reçoivent.

Je salue cordialement les pèlerins francophones! La liturgie de ce jour nous rappelle que la foi n'est pas une adhésion intellectuelle à une doctrine, mais une relation personnelle au Christ, le Messie de Dieu. Unis à Lui par la même foi, puissiez-vous vivre toujours en fils de Dieu, demeurant fidèles aux engagements de votre Baptême. Priez aussi pour les nouveaux prêtres ordonnés ces jours-ci afin qu'ils demeurent dans la joie des serviteurs qui ont tout donné pour l'annonce de l'Évangile! Bon dimanche à tous!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 27 juin 2010

27610
Chers frères et soeurs!

Les lectures bibliques de la messe de ce dimanche me donnent l'opportunité de reprendre le thème de l'appel du Christ et de ses exigences, un thème sur lequel je me suis déjà arrêté il y a une semaine, à l'occasion des ordinations des nouveaux prêtres du diocèse de Rome. En effet, qui a la chance de connaître un jeune homme ou une jeune fille qui quitte sa famille d'origine, ses études ou son travail pour se consacrer à Dieu, sait bien de quoi il s'agit, car il a devant lui un exemple vivant de réponse radicale à la vocation divine. C'est l'une des plus belles expériences que l'on fait dans l'Eglise: voir, toucher du doigt l'action du Seigneur dans la vie des personnes; découvrir que Dieu n'est pas une chose abstraite mais une Réalité assez grande et assez forte pour remplir le coeur de l'homme de manière surabondante, une Personne vivante et proche, qui nous aime et demande à être aimée.

L'évangéliste Luc nous présente Jésus qui marche sur la route, en direction de Jérusalem, et rencontre plusieurs hommes, probablement jeunes, qui promettent de le suivre où qu'il aille. Il se montre très exigeant avec eux, en les prévenant que «le Fils de l'homme — c'est-à-dire Lui, le Messie — n'a pas d'endroit où reposer la tête», c'est-à-dire qu'Il n'a pas de demeure stable, et que celui qui choisit de travailler avec Lui dans le champ de Dieu ne peut plus faire marche arrière (cf. Lc
Lc 9,57-58 Lc Lc 9,61-62). A un autre en revanche, Jésus lui-même dit: «Suis-moi», lui demandant de couper de façon radicale les liens avec sa famille (cf. Lc Lc 9,59-60). Ces exigences peuvent apparaître trop dures, mais en réalité elles expriment la nouveauté et la priorité absolue du Royaume de Dieu qui se rend présent dans la Personne même de Jésus Christ. En dernière analyse, il s'agit de cette radicalité due à l'Amour de Dieu, auquel Jésus lui-même est le premier à obéir. Celui qui renonce à tout, y compris à lui-même, pour suivre Jésus, entre dans une nouvelle dimension de la liberté, que saint Paul définit ainsi: «se laisser mener par l'Esprit» (cf. Ga Ga 5,16). «C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés!», écrit l'apôtre, et il explique que cette nouvelle forme de liberté reçue du Christ consiste à être «au service les uns des autres» (Ga 5,1 Ga 5,13). Liberté et amour coïncident! Obéir à son propre égoïsme conduit au contraire à des rivalités et des conflits.

Chers amis, le mois de juin, caractérisé par la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus, touche désormais à sa fin. Précisément le jour de la fête du Sacré-Coeur nous avons renouvelé avec les prêtres du monde entier notre engagement de sanctification. Je voudrais vous inviter tous aujourd'hui à contempler le mystère du Coeur divin-humain du Seigneur Jésus, pour puiser à la source même de l'Amour de Dieu. Celui qui fixe son regard sur ce Coeur transpercé et toujours ouvert par amour pour nous, sait que cette invocation «Tu es mon seul bien, Seigneur» (Psaume resp.) est vraie, et il est prêt à tout laisser pour suivre le Seigneur. O Marie, qui a répondu sans réserve à l'appel divin, prie pour nous!

A l’issue de l’Angelus

Ce matin, Etienne Nehmé, dans le siècle Joseph, religieux de l'Ordre libanais maronite, a été proclamé bienheureux au Liban. Il a vécu au Liban entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Je me réjouis de tout coeur avec nos frères et soeurs libanais, et je les confie avec une grande affection à la protection du nouveau bienheureux.

En ce dimanche qui précède la solennité des saints Pierre et Paul a lieu en Italie et dans d'autres pays, la Journée de la charité du Pape. J'exprime ma plus vive reconnaissance à tous ceux qui, par la prière et les offrandes, soutiennent l'action apostolique et caritative du Successeur de Pierre en faveur de l'Eglise universelle et de nombreux frères proches et lointains.

Je salue cordialement les pèlerins francophones et plus particulièrement les fidèles libanais qui assistent ce matin à la célébration de béatification du frère Etienne Nehmé de l'Ordre libanais maronite! Nous sommes appelés à suivre le Christ car nous sommes baptisés. Nous sommes donc invités à orienter toutes nos ressources humaines et spirituelles vers Dieu, en cherchant à vivre sous la conduite de son Esprit. Puisse la Vierge Marie nous aider à enraciner davantage notre existence en Dieu, source du vrai bonheur et de la joie parfaite. Bon dimanche, et bon pèlerinage à tous!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL



Place Saint-Pierre

Mardi 29 juin 2010


290 Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, l’Eglise de Rome fête ses saintes racines, en célébrant les apôtres Pierre et Paul, dont les reliques sont conservées dans les deux basiliques qui leur sont consacrées et qui ornent la Cité tout entière, chère aux chrétiens résidents et aux pèlerins. La solennité a commencé hier soir par la prière des premières Vêpres dans la Basilique Ostiense. La liturgie du jour repropose la profession de foi de Pierre à l’égard de Jésus: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (
Mt 16,16). Il ne s’agit pas d’une déclaration qui est le fruit d’un raisonnement, mais d’une révélation du Père à l’humble pêcheur de Galilée, comme le confirme Jésus lui-même, en disant: «Cette révélation t’est venue non de la chair et du sang» (Mt 16,17). Simon Pierre est si proche du Seigneur qu’il devient lui-même un roc de foi et d’amour sur lequel Jésus a édifié son Eglise et «l’a rendue — comme l’observe saint Jean Chrysostome — plus fort que le Ciel lui-même» (Hom in Matthaeeum 54, 2: ). En effet, le Seigneur conclut: «Quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié» (Mt 16,19).

Saint Paul — dont nous avons récemment célébré le bimillénaire de la naissance — à travers la Grâce divine, a diffusé l’Evangile, en semant la Parole de vérité et de salut parmi les peuples païens. Les deux saints patrons de Rome, bien qu’ayant reçu de Dieu des charismes divers et des missions diverses à accomplir, constituent tous deux le fondement de l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, «ouverte de manière permanente à la dynamique missionnaire et oecuménique, puisqu'elle est envoyée au monde pour annoncer et témoigner, actualiser et diffuser le mystère de communion qui la constitue» (Congrégation pour la doctrine de la foi, Communionis notio, 28 mai 1992, n. 4; AAS 85 [1993], 840). C’est pourquoi, au cours de la Messe de ce matin dans la basilique vaticane, j’ai remis à trente-huit archevêques métropolitains le pallium, qui symbolise tant la communion avec l’Evêque de Rome que la mission de paître avec amour l’unique troupeau du Christ. En cette célébration solennelle, je désire également remercier de tout coeur la délégation du patriarcat oecuménique, qui témoigne du lien spirituel entre l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople.

Que l’exemple des apôtres Pierre et Paul illumine les esprits et allume dans le coeur des croyants le saint désir d’accomplir la volonté de Dieu, afin que l’Eglise en pèlerinage sur la terre soit toujours fidèle à son Seigneur. Adressons-nous avec confiance à la Vierge Marie, Reine des apôtres, qui du Ciel, guide et soutient le chemin du Peuple de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

Je salue cordialement les pèlerins francophones et, en particulier, ceux qui accompagnent les archevêques auxquels je viens d'imposer le pallium! La solennité des saints Pierre et Paul, colonnes de l'Eglise, nous rappelle que Dieu construit sur le roc de notre foi qui est irriguée par l'enseignement du Christ transmis par les apôtres. Puissions-nous accueillir la grâce de cette fête pour être comme les premiers chrétiens: assidus à la fraction du pain et attentifs à l'enseignement des Apôtres, pour être un seul coeur, une seule âme solidement enracinés dans l'amour de Dieu. Bonne fête à tous!

Je souhaite à tous une bonne fête des saints apôtres Pierre et Paul. Bonne fête à vous tous!



VISITE PASTORALE À SULMONA (ABRUZZES)



Place Garibaldi - Sulmona

Dimanche 4 juillet 2010

Chers frères et soeurs!


291 Au terme de cette célébration solennelle, à l'heure du traditionnel rendez-vous dominical, je vous invite à réciter ensemble la prière de l'Angelus. Je confie cette Eglise de Sulmona-Valva, son évêque, les prêtres et tout le peuple de Dieu, à la Vierge Marie, que vous vénérez avec une dévotion particulière dans le Sanctuaire de la «Madonna della Libera». Qu'elle avance, unie et joyeuse, sur le chemin de la foi, de l'espérance et de la charité. Fidèle à l'héritage de saint Pierre Célestin, qu'elle sache toujours associer radicalité évangélique et miséricorde, afin que tous ceux qui cherchent Dieu puissent le trouver.

Saint Pierre de Morrone trouva en Marie, Vierge du silence et de l'écoute, le modèle parfait d'obéissance à la volonté divine, dans une vie simple et humble, centrée sur la recherche de ce qui est vraiment essentiel, capable de toujours remercier le Seigneur en reconnaissant en toute chose un don de sa bonté.

Nous aussi, qui vivons à une époque de plus grand confort et de plus grandes possibilités, sommes appelés à apprécier un style de vie sobre, pour garder l'esprit et le coeur plus libres, et pour pouvoir partager nos biens avec nos frères. Que la Très Sainte Vierge Marie, qui anima la première communauté des disciples de Jésus par sa présence maternelle, aide aussi l'Eglise d'aujourd'hui à apporter un bon témoignage de l'Evangile.





Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 11 juillet 2010



Chers frères et soeurs,

J'ai quitté Rome — comme vous le voyez — depuis quelques jours, pour mon séjour d'été à Castel Gandolfo. Je remercie Dieu qui m'offre cette possibilité de repos. Aux chers habitants de cette belle petite ville, où je reviens toujours avec plaisir, j'adresse une salutation cordiale. L'Evangile de ce dimanche s'ouvre par la question qu'un docteur de la Loi pose à Jésus: «Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle?» (Lc 10,25). Sachant qu’il est un expert des Ecritures Saintes, le Seigneur invite cet homme à donner lui-même la réponse, que celui-ci formule parfaitement en citant les deux commandements principaux: aimer Dieu de tout son coeur, de tout son esprit et de toutes ses forces, et aimer son prochain comme soi-même. Alors le docteur de la Loi demande comme pour se justifier: «Et qui est mon prochain?» (Lc 10,29). Cette fois, Jésus répond par la célèbre parabole du «bon Samaritain» (cf. Lc Lc 10,30-37), pour indiquer que c'est à nous de nous faire «le prochain» de celui qui a besoin d'aide. En effet, le Samaritain prend en charge la situation d'un inconnu que les brigands ont laissé à moitié mort le long de la route; alors qu'un prêtre et un lévite étaient passés outre, en pensant peut-être qu'au contact du sang, selon un précepte, ils auraient été contaminés. La parabole doit donc nous conduire à transformer notre mentalité selon la logique du Christ, qui est la logique de la charité: Dieu est amour, et lui rendre un culte signifie servir nos frères avec un amour sincère et généreux.

Ce récit évangélique offre le «critère de la mesure», c'est-à-dire «l'universalité de l'amour qui se tourne vers celui qui est dans le besoin, rencontré “par hasard” (cf. Lc Lc 10,31), quel qu'il soit» (Enc. Deus caritas est ). A côté de cette règle universelle, il y a aussi une exigence spécifiquement ecclésiale: «dans l'Eglise elle-même en tant que famille, aucun membre ne doit souffrir parce qu'il est dans le besoin» (ibid.). Le programme du chrétien, appris de l'enseignement de Jésus, est «un coeur qui voit» où il y a besoin d'amour, et qui agit en conséquence (cf. ibid., n. 31).

Chers amis, je désire aussi rappeler qu'aujourd'hui, l'Eglise fête saint Benoît de Nursie, le grand patron de mon pontificat, père et législateur du monachisme occidental. Comme saint Grégoire le Grand le raconte, il «a été un homme à la vie sainte... de nom et par grâce» (Dialogues, II, 1: Bibliotheca Gregorii Magni IV, Rome 2000, p. 136). «Il a écrit une Règle pour les moines... miroir d'un magistère incarné dans sa personne: en effet, le saint n'a absolument pas pu enseigner autre chose que ce qu'il vivait» (ibid., II, XXXVI: op. cit., p. 208). Le Pape Paul VI a proclamé saint Benoît patron de l'Europe le 24 octobre 1964, en redécouvrant son oeuvre merveilleuse pour la formation de la civilisation européenne.

Confions à la Vierge Marie notre chemin de foi, et en particulier ce temps de vacances, afin que nos coeurs ne perdent jamais de vue la Parole de Dieu et nos frères en difficulté.

292 A l'issue de l'Angelus

Chers frères et soeurs francophones, soyez les bienvenus à Castel Gandolfo! L'Evangile de ce jour nous rappelle que le vrai croyant sait se distinguer par son amour pour tout être humain, spécialement pour les marginalisés. Sans la charité et la miséricorde, notre pratique chrétienne ne porte pas de fruit. Par l'intercession de la Vierge Marie et de saint Benoît, Patron de l'Europe, puissiez-vous consolider votre vie spirituelle durant vos vacances! Bon pèlerinage et bonnes vacances à tous!


Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 18 juillet 2010

18070 Chers frères et soeurs!

Nous voici désormais au cour de l'été, au moins dans l'hémisphère boréal. C'est la période pendant laquelle les écoles sont fermées et où se concentre la plus grande partie des vacances. Les activités pastorales dans les paroisses sont également réduites et j'ai moi-même suspendu les audiences pendant quelque temps. C'est donc le moment favorable pour donner la première place à ce qui est effectivement le plus important dans la vie, c’est-à-dire l'écoute de la Parole du Seigneur. L'Evangile de ce dimanche nous le rappelle aussi, avec le célèbre épisode de la visite de Jésus chez Marthe et Marie, raconté par saint Luc (
Lc 10,38-42).

Marthe et Marie sont soeurs; elles ont aussi un frère, Lazare, mais qui n'apparaît pas ici. Jésus passe par leur village et le texte dit que Marthe le reçoit (cf. Lc 10,38). Ce détail fait penser que Marthe est la plus âgée des deux, celle qui gouverne la maison. En effet, une fois que Jésus s'est installé, Marie s'assoit à ses pieds et se met à l'écouter, tandis que Marthe est entièrement prise à s’occuper de tout, certainement en raison de l'Hôte exceptionnel. On a l'impression de voir la scène: une soeur qui s'agite affairée et l'autre comme transportée par la présence du Maître et par ses paroles. Au bout d'un moment, de toute évidence irritée, Marthe ne tient plus et proteste, en se sentant également le droit de critiquer Jésus: «Seigneur, cela ne te fait rien? Ma soeur me laisse seule m’occuper de tout. Dis-lui donc de m'aider». Marthe voudrait même enseigner au Maître! Jésus répond en revanche très calmement: «Marthe, Marthe, — ce nom répété exprime l'affection — tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part: elle ne lui sera pas enlevée» (Lc 10,41-42). La parole du Christ est très claire: il n'y a aucun mépris pour la vie active, et encore moins pour l'hospitalité généreuse; mais il y a un rappel clair du fait que la seule chose vraiment nécessaire est une autre: écouter la Parole du Seigneur; et le Seigneur en ce moment est là, présent dans la Personne de Jésus! Tout le reste passera et nous sera enlevé, mais la Parole de Dieu est éternelle et donne un sens à nos actions quotidiennes.

Chers amis, comme je le disais, cette page de l'Evangile est d'autant plus adaptée au temps des vacances qu'elle nous rappelle le fait que la personne humaine doit certes travailler, s'engager dans les occupations domestiques et professionnelles, mais qu'elle a avant tout besoin de Dieu qui est lumière intérieure d'Amour et de Vérité. Sans amour, même les activités les plus importantes perdent de leur valeur et ne procurent pas de joie. Sans une signification profonde, toute notre action se réduit à de l'activisme stérile et désordonné. Et qui nous donne l'Amour et la Vérité, sinon Jésus Christ? Apprenons donc, chers frères, à nous aider les uns les autres, à collaborer, mais avant cela à choisir ensemble ce qu’il y a de meilleur, qui est et sera toujours notre plus grand bien.

A l'issue de l'Angelus

J'accueille avec joie les pèlerins et les touristes francophones présents à cette prière de l'Angelus! La liturgie de ce jour nous enseigne que notre amitié avec le Christ demande une écoute attentive de sa Parole, qui porte à la contemplation de son Mystère et au service du prochain. Puissiez-vous trouver plus de temps, surtout durant vos vacances, pour lire et méditer la Parole de Dieu qui est une nourriture pour nos âmes et une puissance régénératrice pour notre existence! Bon dimanche à tous! Avec ma Bénédiction!


Palais pontifical de Castel Gandolfo

Dimanche 25 juillet 2010

25070 Chers frères et soeurs!

L'Evangile de ce dimanche nous présente Jésus recueilli en prière, un peu à l'écart de ses disciples. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda: «Seigneur, apprends-nous à prier» (
Lc 11,1). Jésus ne fit aucune objection, il ne parla pas de formules étranges ou ésotériques mais avec une grande simplicité, déclara: «Quand vous priez, dites: “Notre Père...”», et il leur enseigna le Notre Père (cf. Lc 11,2-4), qu'il tira de sa propre prière, celle avec laquelle il s'adressait à Dieu, son Père. Saint Luc nous transmet le Notre Père sous une forme plus brève que celle de l'Evangile de saint Matthieu qui est entrée dans l'usage commun. Nous avons là les premières paroles de l'Ecriture Sainte que nous apprenons dès l'enfance. Elles s'impriment dans notre mémoire, façonnent notre vie, nous accompagnent jusqu'à notre dernier souffle. Elles nous révèlent que «nous ne sommes pas déjà, de façon accomplie, des enfants de Dieu, mais nous devons le devenir et l'être toujours davantage à travers notre communion de plus en plus profonde avec Jésus. Etre enfant devient l'équivalent de suivre le Christ» (Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Paris, Flammarion, 2007).

Cette prière accueille et exprime également les besoins humains matériels et spirituels: «Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés» (Lc 11,3-4). Et, précisément à cause des besoins et des difficultés de chaque jour, Jésus exhorte avec force: «Eh bien, moi, je vous dis: Demandez, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit; celui qui cherche trouve; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvre» (Lc 11,9-10). Il ne s'agit pas de demander pour satisfaire ses propres envies mais plutôt pour garder vivante l'amitié avec Dieu qui — redit sans cesse l'Evangile — «donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent» (Lc 11,13). Les anciens «pères du désert» en ont fait l'expérience ainsi que les contemplatifs de tous les temps qui sont devenus, à travers la prière, des amis de Dieu, comme Abraham qui implora le Seigneur d'épargner les quelques justes de l'extermination de la ville de Sodome (cf. Gn Gn 18,23-32). Sainte Thérèse d'Avila invitaient ses deux consoeurs en disant: «Nous devons supplier Dieu de nous libérer de tout danger pour toujours et de nous soustraire à tout mal. Et même si notre désir est imparfait, efforçons-nous d'insister sur cette requête. Qu'est-ce que cela nous coûte de demander beaucoup, vu que nous nous adressons au Tout-puissant?» (Chemin de perfection). Chaque fois que nous récitons le Notre Père, notre voix se mêle à celle de l'Eglise car celui qui prie n'est jamais seul. «Tout fidèle devra chercher et pourra trouver dans la variété et la richesse de la prière chrétienne, enseignée par l'Eglise, sa propre manière de prier... chacun se laissera donc guider... par l'Esprit Saint qui, dans le Christ, le conduit jusqu’au Père» (Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre sur quelques aspects de la méditation chrétienne, 15 octobre 1989, n. 29: AAS 82 [1990], 378; cf. ORLF n. 51 du 19 décembre 1989).

Aujourd'hui, on fête l'apôtre saint Jacques dit «le Majeur», qui quitta son père et son travail de pêcheur pour suivre Jésus et qui fut le premier parmi les apôtres, à donner sa vie pour Lui. J'adresse une pensée spéciale de tout cour aux pèlerins venus nombreux à Saint-Jacques de Compostelle! Que la Vierge Marie nous aide à redécouvrir la beauté et la profondeur de la prière chrétienne.

A l'issue de l'Angelus

Chères frères et sours, j'ai appris avec douleur la tragédie survenue à Duisburg en Allemagne qui a fait de nombreuses victimes parmi les jeunes. Je confie au Seigneur dans la prière les défunts, les blessés et leurs familles.

Je salue avec joie les pèlerins francophones, et aussi ceux qui sont à Saint Jacques de Compostelle ces jours-ci ! En enseignant à ses disciples à prier, Jésus nous révèle qui est son Père et notre Père, et ouvre notre coeur à nos frères et soeurs. Plaçons-nous sous le souffle de l’Esprit Saint qui fait de nous de vrais orants. Puissiez-vous, chers jeunes, imiter l’héroïsme de Saint Jacques ! Il a porté l’Évangile jusqu’aux extrémités du monde de son temps. En dédiant également quelques instants de vos vacances à des activités spirituelles, vous découvrirez davantage le sens profond de la vie. Bon dimanche à tous !


Palais pontifical de Castel Gandolfo

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Dimanche 1\2er\0 août 2010



Chers frères et soeurs,

Ces jours-ci, nous rappelons la mémoire liturgique de certains saints. Hier, nous avons rappelé saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Ayant vécu au XVIe siècle, il se convertit en lisant la vie de Jésus et de saints au cours d’une longue convalescence provoquée par une blessure subie au combat. Il fut si impressionné par ces pages qu’il décida de suivre le Seigneur. Aujourd’hui, nous rappelons saint Alphonse Marie de Liguori, fondateur des rédemptoristes, qui a vécu au XVIIIe siècle, et qui a été proclamé patron des confesseurs par le vénérable Pie XII. Il eut la conscience que Dieu veut que tous soient saints, chacun naturellement selon son propre état. Cette semaine, la liturgie nous propose également saint Eusèbe, premier évêque du Piémont, ardent défenseur de la divinité du Christ et enfin, la figure de saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars, qui a guidé à travers son exemple l’Année sacerdotale qui vient de se conclure, et à l’intercession duquel je confie à nouveau tous les pasteurs de l’Eglise. L’engagement commun de ces saints a été celui de sauver les âmes et de servir l’Eglise à travers leurs charismes respectifs, contribuant à la renouveler et à l’enrichir. Ces hommes ont acquis «un coeur sage» (cf. Ps Ps 89,12), accumulant ce qui ne se corrompt pas et écartant ce qui change irrémédiablement dans le temps: le pouvoir, la richesse et les plaisirs éphémères. En choisissant Dieu, ils ont possédé tout ce qui était nécessaire, ayant un avant-goût de l’éternité déjà au cours de leur vie terrestre (cf. Qo Qo 1-5).

Dans l’Evangile du dimanche de ce jour, l’enseignement de Jésus concerne précisément la véritable sagesse et il est introduit par la question de l’une des personnes dans la foule: «Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage» (Lc 12,13). Jésus, en répondant, met en garde ses auditeurs contre l’avidité des biens terrestres à travers la parabole du jeune homme riche et insensé qui, ayant accumulé une abondante récolte, cesse de travailler, dépense ses biens en s’amusant et pense même pouvoir éloigner la mort. «Mais Dieu lui dit: “Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura?”» (Lc 13,20). L’homme insensé de la Bible est celui qui ne veut pas se rendre compte, à partir de l’expérience des choses visibles, que rien ne dure pour toujours, mais que tout passe: la jeunesse comme la force physique, les avantages comme les postes de pouvoir. Faire dépendre sa vie de réalités aussi passagères est donc insensé. Au contraire, l’homme qui place sa confiance dans le Seigneur, ne craint pas les adversités de la vie, ni même la réalité inéluctable de la mort: c’est l’homme qui a acquis «un cour sage», comme les saints.

En adressant notre prière à la Très Sainte Vierge Marie, je désire rappeler d’autres célébrations importantes: demain, il sera possible de bénéficier de l’indulgence dite de la Portioncule ou «le Pardon d’Assise», que saint François obtint, en 1216, du Pape Honorius III; jeudi 5 août, en commémorant la dédicace de la Basilique Sainte-Marie-Majeure, nous honorerons la Mère de Dieu acclamée sous ce titre au cours du Concile d’Ephèse de 431 et vendredi prochain, anniversaire de la mort du Pape Paul VI, nous célébrerons la fête de la Transfiguration du Seigneur. La date du 6 août, considérée comme le point culminant de la lumière d’été, fut choisie pour signifier que la splendeur du Visage du Christ illumine le monde entier.

À l'issue de l'Angelus

Je désire exprimer ma profonde satisfaction pour l’entrée en vigueur, précisément aujourd’hui, de la Convention sur l’interdiction des armes à sous-munitions, qui provoquent des dommages inacceptables aux civils. Ma première pensée va aux nombreuses victimes qui ont souffert et qui continuent de souffrir à la suite de graves dommages physiques et moraux, allant jusqu’à la perte de la vie, à cause de ces armes insidieuses, dont la présence sur le terrain empêche souvent et pour longtemps la reprise des activités quotidiennes de communautés entières. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle Convention, à laquelle j’invite tous les Etats à adhérer, la communauté internationale a fait preuve de sagesse, de clairvoyance et d’une capacité à parvenir à un résultat important dans le domaine du désarmement et du droit humanitaire international. J’exprime le souhait et l’encouragement que l’on continue avec une vigueur toujours plus forte sur ce chemin, en vue de la défense de la dignité et de la vie humaine, de la promotion du développement humain intégral, de l’établissement d’un ordre international pacifique et de la réalisation du bien commun de toutes les personnes et de tous les peuples.

J’accueille avec joie les pèlerins francophones! La liturgie de ce jour nous questionne sur le sens profond de notre quête d’avoir, de pouvoir et de savoir. Prise et comprise comme une fin en soi, la richesse cesse d’être le moyen nécessaire pour une existence juste et digne. Par l’intercession de la Vierge Marie et de saint Alphonse-Marie de Liguori, puissions-nous utiliser nos biens en participant positivement à l’ouvre de la création divine et en étant pleinement solidaires avec tout être humain, surtout celui qui est dans le besoin. Bon dimanche à tous!

Je souhaite à tous un bon dimanche!



Angelus Benoit XVI 20610