Angelus Benoit XVI 303

Dimanche 10 octobre 2010

Chers frères et soeurs,


J’arrive de la basilique Saint-Pierre où j'ai présidé la Messe d'ouverture de l'assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques. Cette assise synodale extraordinaire, qui durera deux semaines, voit réunis au Vatican les pasteurs de l'Eglise qui vit dans la région du Moyen-Orient, une réalité très variée: dans ces terres en effet, l'unique Eglise du Christ s'exprime dans toute la richesse de ses traditions antiques. Le thème sur lequel nous réfléchirons est le suivant: «L'Eglise catholique au Moyen-Orient: communion et témoignage». En effet, dans ces pays, hélas marqués par des divisions profondes et déchirés par des conflits anciens, l'Eglise est appelée à être signe et instrument d'unité et de réconciliation sur le modèle de la première communauté de Jérusalem, dans laquelle «la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul coeur et une seule âme» comme le dit saint Luc (Ac 4,32). Cette tâche est ardue, étant donné que les chrétiens du Moyen-Orient supportent souvent des conditions de vie difficiles, au niveau personnel et familial. Mais cela ne doit pas décourager: c'est justement dans ce contexte que résonne le message permanent du Christ, encore plus nécessaire et urgent: «Convertissez-vous et croyez à l'Evangile» (Mc 1,15). Lors de ma récente visite à Chypre, j'ai remis l'Instrument de Travail de cette assemblée synodale; maintenant qu'elle a commencé, je vous invite tous à prier en demandant à Dieu une abondante effusion des dons de l'Esprit Saint.

Le mois d'octobre est appelé le mois du rosaire. Il s'agit en quelque sorte d'une «tonalité spirituelle» étant donné la mémoire liturgique de la bienheureuse Vierge Marie du Rosaire, que l'on célèbre le 7 octobre. Nous sommes donc invités à nous laisser conduire par Marie dans cette prière antique et toujours nouvelle qui lui est particulièrement chère parce qu'elle nous conduit directement à Jésus, contemplé dans ses mystères de salut: joyeux, lumineux, douloureux, et glorieux. Sur les traces du vénérable Jean-Paul II, (cf. Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae ), je voudrais rappeler que le rosaire est une prière biblique, tissée d'Ecriture Sainte. C'est une prière du coeur, où la répétition des «Ave Maria» oriente la pensée et l'affection à l’égard du Christ, et donc, se fait supplication confiante à l’égard de sa Mère et notre Mère. C'est une prière qui aide à méditer la Parole de Dieu et à assimiler la communion eucharistique, à l’exemple de Marie, qui gardait dans son coeur tout ce que Jésus disait et faisait, et sa présence même.

Chers amis, nous savons combien la Vierge Marie est aimée et vénérée par nos frères et soeurs du Moyen-Orient. Tous tournent leur regard vers elle comme vers une Mère pleine de sollicitude, proche de chaque souffrance, et comme Etoile de l’Espérance. Confions à son intercession l’assemblée synodale qui s’ouvre aujourd’hui, afin que les chrétiens de cette région se renforcent dans la communion et donnent à tous le témoignage de l’Evangile de l’amour et de la paix.

A l'issue de l'Angelus

Je salue avec joie les pèlerins francophones présents pour la prière de l’Angelus. Aujourd’hui s’ouvre l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques. Je recommande à votre prière les travaux des Pères synodaux. Je vous invite aussi à prier pour les Chrétiens du Moyen-Orient, afin que Dieu leur donne d’avoir toujours «un seul coeur et une seule âme» pour témoigner courageusement de la Bonne Nouvelle du Salut là où ils se trouvent. Puisse la Vierge Marie, Notre-Dame du Rosaire, les y accompagner! Bon dimanche à tous!



304
Place Saint-Pierre

Dimanche 17 octobre 2010


Au terme de cette célébration solennelle, je désire renouveler mes salutations cordiales à tous les pèlerins venus honorer les nouveaux saints.

Je salue avec plaisir les pèlerins francophones, notamment la délégation officielle du Canada et tous les Canadiens ici présents pour la canonisation du Frère André Bessette. Recueillant son message, je vous encourage à marcher à sa suite pour accueillir librement et dans l’amour la volonté de Dieu dans votre existence. Puissiez-vous aussi, comme lui, déborder de charité envers vos frères et soeurs qui connaissent la détresse. Que Dieu vous bénisse tous, ainsi que vos familles! Bon séjour à Rome!

Je salue chaleureusement les pèlerins anglophones, spécialement ceux qui sont venus si nombreux pour la canonisation d'aujourd'hui. Puissent ces nouveaux saints vous accompagner de leurs prières et vous inspirer par l'exemple de leurs vies saintes. Je salue spécialement les délégations du Canada et d'Australie qui sont venues à Rome en l'honneur de saint André Bessette et de sainte Mary MacKillop. Que Dieu vous bénisse tous, ainsi que vos familles et ceux qui vous sont chers.

En pensant à l'Italie, je tiens à rappeler qu'aujourd'hui, à Reggio Calabria, se conclut la 46e Semaine sociale des catholiques italiens, qui a tracé un «agenda d'espérance» pour l'avenir du pays. J'adresse une salutation cordiale aux congressistes, en liaison directe en ce moment, et je souhaite que la recherche du bien commun constitue toujours la référence sûre en vue de l'engagement des catholiques dans l'action sociale et politique.

Prions maintenant la Sainte Vierge Marie, que Dieu a placée au centre de la grande assemblée des saints. Confions-lui toute l'Eglise, afin qu'éclairée par leur exemple et soutenue par leur intercession, elle marche avec un élan toujours nouveau vers la patrie du Ciel.



BENEDETTO XVI

Place Saint-Pierre

Dimanche 24 octobre 2010

305
Chers frères et soeurs,


L'Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques, sur le thème: «L'Eglise catholique au Moyen-Orient: Communion et témoignage. “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul coeur et une seule âme”» (
Ac 4,32), s'est conclue ce matin par une célébration solennelle dans la basilique Saint-Pierre. Par ailleurs, on fête ce dimanche la Journée mondiale des missions, qui a pour thème «La construction de la communion ecclésiale est la clef de la mission». La ressemblance entre les thèmes de ces deux événements d'Eglise est frappante. Tous deux invitent à regarder l'Eglise comme un mystère de communion qui, par nature, est destiné à tout l'homme et à tous les hommes. Le Serviteur de Dieu Paul VI affirmait ceci: «L'Eglise existe pour évangéliser, c'est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du Christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse» (Exhort. Ap. Evangelii nuntiandi, 8 décembre 1975, 14: AAS 68, [1976], p. 13). C'est pourquoi la prochaine Assemblée générale ordinaire du synode des évêques sera consacrée en 2012 au thème: «La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne». A toute époque et en tout lieu — même aujourd'hui au Moyen-Orient — l'Eglise est présente et oeuvre pour accueillir chaque homme et lui offrir en Christ la plénitude de la vie. Comme l'écrivait le théologien italo-allemand Romano Guardini: «La réalité “Eglise” implique toute la plénitude de l'être chrétien qui se développe dans l'histoire, puisqu'elle embrasse la plénitude de l'humain qui est en rapport avec Dieu» (Formation liturgique, Brescia 2008, 106-107).

Chers amis, dans la liturgie d'aujourd'hui, on lit le témoignage de saint Paul concernant le prix final que le Seigneur remettra «à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition» (2Tm 4,8). Il ne s'agit pas d'une attente inactive ou solitaire, au contraire! L'apôtre a vécu en communion avec le Christ ressuscité pour «que le message fut proclamé» afin qu'il «parvint aux oreilles de tous les païens» (2Tm 4,17). Le devoir missionnaire n'est pas de révolutionner le monde, mais de le transfigurer, puisant la force de Jésus Christ qui «nous convoque à la table de sa parole et de l'Eucharistie, pour apprécier le don de sa présence, nous former à son école et vivre toujours plus consciemment en union avec lui, Maître et Seigneur» (Message pour la 84e Journée mondiale des missions; cf. ORLF n. 15 du 13 avril 2010). Même les chrétiens d'aujourd'hui — comme il est écrit dans la lettre A Diognète — «montrent comme leur vie sociale est merveilleuse et... extraordinaire. Ils passent leur existence sur terre mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies mais outrepassent les lois par leur manière de vivre... Ils sont condamnés à mort et c'est ainsi qu'ils trouvent la vie. Tout en faisant le bien, ils sont... persécutés et grandissent en nombre chaque jour» (v, 4.9.12.16; VI, 9 [SC 33], Paris 1951, 62-66).

Confions les communautés chrétiennes et tous les missionnaires de l'Evangile à la Vierge Marie, qui a reçu de Jésus crucifié la nouvelle mission d'être Mère de tous ceux qui veulent croire en Lui et le suivre.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones, en particulier ceux du Diocèse de Sion. En célébrant aujourd’hui la Journée mondiale des missions, nous nous rappelons que tous les baptisés sont appelés à annoncer la Bonne Nouvelle du salut, en renforçant les liens de communion entre eux et en effectuant une constante conversion personnelle et communautaire. En ce jour s’achève aussi l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques. Je vous invite à prier pour tous les peuples de cette région, demandant au Seigneur de susciter partout dans le monde des hommes et des femmes de paix et de réconciliation. Bon dimanche à tous!





Place Saint-Pierre

Dimanche 31 octobre 2010

Chers frères et soeurs!


L'Evangéliste saint Luc réserve une attention particulière au thème de la miséricorde de Jésus. Nous trouvons en effet dans son récit certains épisodes qui mettent en relief l'amour miséricordieux de Dieu et du Christ, qui affirme être venu appeler non les justes mais les pécheurs (cf. Lc Lc 5,32). Parmi les récits typiques de Luc se trouve celui de la conversion de Zachée, qu'on lit lors de la liturgie de ce dimanche. Zachée est un «publicain», ou plutôt le chef des publicains de Jéricho, une ville importante près du Jourdain. Les publicains étaient les percepteurs des impôts que les juifs devaient payer à l'empereur romain, et pour cette raison déjà ils étaient considérés comme des pécheurs publics. En outre, ils profitaient souvent de leur position pour extorquer de l'argent aux personnes. C'est pourquoi Zachée était très riche, mais méprisé de ses concitoyens. Par conséquent, lorsque en traversant Jéricho, Jésus s'arrête justement chez Zachée, il suscite un scandale général. Mais le Seigneur savait très bien ce qu'il faisait. Il a en quelque sorte voulu prendre le risque et il a gagné son pari: profondément touché par la visite de Jésus, Zachée décide de changer de vie et promet de rendre le quadruple de ce qu'il a volé. Jésus dit: «Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison », et il conclut: «Le Fils de l'homme est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu ».

306 Dieu n'exclut personne, ni les pauvres ni les riches. Dieu ne se laisse pas conditionner par nos préjugés humains, mais il voit en chacun une âme à sauver et il est spécialement attiré par celles qui sont considérées comme perdues et qui se considèrent comme telles. Jésus Christ, incarnation de Dieu, a manifesté cette immense miséricorde, qui n'enlève rien à la gravité du péché, mais vise toujours à sauver le pécheur, et à lui offrir la possibilité de se racheter, de recommencer à zéro, de se convertir. Dans un autre passage de l'Evangile, Jésus affirme qu'il est très difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux (cf. Matthieu Mt 19,23). Dans le cas de Zachée, nous voyons justement que ce qui semble impossible se réalise: «Il a donné sa richesse, commente saint Jérôme, et il l'a immédiatement remplacée par la richesse du Royaume des cieux» (Homélie sur le Psaume 83, 3). Et saint Maxime de Turin ajoute: «Pour les sots, les richesses alimentent la malhonnêteté, pour les sages au contraire, elles aident à la vertu: à ceux-ci, elles offrent une occasion de salut, aux autres un obstacle qui les perd» (Sermons, 95).

Chers amis, Zachée a accueilli Jésus et s'est converti, parce que Jésus l'avait, le premier, accueilli chez lui! Il ne l'avait pas condamné, mais il était allé au-devant de son désir de salut.

Prions la Vierge Marie, modèle parfait de communion avec Jésus, afin que nous aussi nous puissions faire l'expérience de la joie d'être visités par le Fils de Dieu, d'être renouvelés par son amour, et de transmettre aux autres sa miséricorde.

A l'issue de l'Angelus

Hier, dans la cathédrale de Oradea Mare en Roumanie, le cardinal Peter Erdö a proclamé bienheureux Szilárd Bogdánffy, évêque et martyr. En 1949, alors qu'il avait 38 ans, il fut consacré évêque de façon clandestine puis arrêté par le régime communiste de son pays, la Roumanie, accusé de conspiration. Après quatre années de souffrance et d'humiliations, il mourut en prison. Rendons grâce à Dieu pour cet héroïque pasteur de l'Eglise qui a suivi l'Agneau jusqu'à la fin! Que son témoignage réconforte aussi ceux qui aujourd'hui encore sont persécutés à cause de l'Evangile.

Je salue cordialement les pèlerins francophones! Présentant l'épisode de la conversion de Zachée, l'Évangile de ce jour nous enseigne que le regard de Dieu sur tout homme est habité par la toute-puissance de son amour. Chaque personne a une place privilégiée dans le coeur de Dieu, qui attend toujours le retour du pécheur à la pleine communion avec Lui. En ce dernier jour du mois du Rosaire, demandons à la Vierge Marie, Mère de miséricorde, de nous accompagner dans nos efforts de conversion. Bon dimanche à tous!



SOLENNITÉ DE LA TOUSSAINT 2010

11110
Place Saint-Pierre

Lundi 1er novembre 2010

Chers frères et soeurs!


La solennité de la Toussaint, que nous célébrons aujourd’hui, nous invite à élever notre regard vers le Ciel et à méditer sur la plénitude de la vie divine qui nous attend. «Nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement» (
1Jn 3,2): avec ces mots, l’apôtre Jean nous assure de la réalité de notre lien profond avec Dieu, ainsi que de la certitude de notre destin futur. En tant que fils bien-aimés, nous recevons donc également la grâce pour pouvoir supporter les épreuves de cette existence terrestre — la faim et la soif de justice, les incompréhensions, les persécutions (cf. Mt Mt 5,3-11) — et, dans le même temps, nous héritons dès à présent de ce qui nous est promis dans les béatitudes évangéliques, «dans lesquelles resplendit la nouvelle image du monde et de l’homme que Jésus inaugure» (Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Milan 2007, p. 95). La sainteté, imprimer le Christ en soi, est le but de la vie du chrétien. Le bienheureux Antonio Rosmini écrit: «Le Verbe s’était imprimé lui-même dans les âmes de ses disciples sous son aspect sensible...et avec ses paroles... il avait donné aux siens cette grâce... avec laquelle l’âme perçoit immédiatement le Verbe» (Anthropologie surnaturelle, Rome 1983, PP 265-266). Et nous goûtons à l’avance le don et la beauté de la sainteté à chaque fois que nous participons à la liturgie eucharistique, en communion avec la «multitude immense» des esprits bienheureux, qui au Ciel acclament pour l’éternité le salut de Dieu et de l’Agneau (cf. Ap 7,9-10). «La vie des saints ne comporte pas seulement leur biographie terrestre, mais aussi leur vie et leur agir en Dieu après leur mort. Chez les saints, il devient évident que celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire vraiment proche d’eux» (Enc. Deus caritas est ).

Réconfortés par cette communion de la grande famille des saints, nous commémorerons demain tous les fidèles défunts. La liturgie du 2 novembre et le pieux exercice de se rendre au cimetière nous rappellent que la mort chrétienne fait partie du chemin d’assimilation à Dieu et qu’il disparaîtra lorsque Dieu sera tout en tous. La séparation des liens d’affection terrestres est assurément douloureuse, mais nous ne devons pas la craindre, car celle-ci, accompagnée par la prière d’intention de l’Eglise, ne peut pas briser le lien profond qui nous unit au Christ. A cet égard, saint Grégoire de Nysse affirmait: «Celui qui a créé chaque chose dans la sagesse, a donné cette disposition douloureuse comme instrument de libération du mal et possibilité de participer aux biens espérés » (De mortuis oratio, IX, 1, Leiden 1967, 68).

Chers amis, l’éternité n’est pas une succession continue des jours du calendrier, mais quelque chose comme le moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous embrassons la totalité (cf. Enc. Spe salvi ). Nous confions à la Vierge Marie, guide sûr vers la sainteté, notre pèlerinage vers la patrie céleste, alors que nous invoquons son intercession maternelle pour le repos éternel de tous nos frères et soeurs qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection.

A l'issue de l'Angelus

Hier soir, un très grave attentat dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad, a provoqué des dizaines de morts et de blessés, dont deux prêtres et un groupe de fidèles réunis pour la Messe dominicale. Je prie pour les victimes de cette violence absurde, d’autant plus féroce qu’elle a frappé des personnes sans défense, rassemblées dans la maison de Dieu, qui est une maison d’amour et de réconciliation. J’exprime, en outre, ma proximité affectueuse à la communauté chrétienne, à nouveau frappée, et j’encourage les pasteurs et tous les fidèles à être forts et solides dans l’espérance. Devant les épisodes atroces de violence, qui continuent à déchirer les populations du Moyen-Orient, je voudrais enfin renouveler mon appel pressant à la paix: celle-ci est un don de Dieu, mais elle est également le résultat des efforts des hommes de bonne volonté, des institutions nationales et internationales. Que tous unissent leurs efforts afin que cesse toute violence!

La prière de l’Angelus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones, particulièrement ceux venus de Poitiers! En la solennité de tous les saints, nous adorons le Dieu trois fois saint, en union avec la foule immense de ceux qui, après avoir mis leurs pas dans ceux du Christ, contemplent sa gloire et intercèdent pour nous. À la suite de tous les saints, puissions-nous marcher résolument sur les chemins de la foi, de l’espérance et de la charité vers la Jérusalem d’en haut. Bonne fête de la Toussaint à tous!



VOYAGE APOSTOLIQUE À SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE ET BARCELONE

(6-7 NOVEMBRE 2010)

BENOÎT XVI

ANGELUS

Place de l'église de la Sagrada Familia à Barcelone

Dimanche 7 novembre 2010

Frères et Soeurs dans le Seigneur Jésus Christ,


Hier, à Porto Alegre, au Brésil, a eu lieu la cérémonie de béatification de la Servante de Dieu María Bárbara de la Santísima Trinidad, fondatrice de la Congrégation des Soeurs du Coeur Immaculé de Marie. Que la foi profonde et la charité ardente avec lesquelles elle a suivi le Christ suscitent chez beaucoup le désir de consacrer pleinement leur vie à la plus grande gloire de Dieu et au service généreux de leurs frères, surtout des plus pauvres et des plus nécessiteux!

Aujourd’hui j’ai eu la grande joie de consacrer cette église à Celui qui, Fils du Très-Haut, s’est dépouillé de lui-même en se faisant homme et, protégé par Joseph et Marie, dans le silence de la maison de Nazareth, nous a enseigné sans paroles la dignité et la valeur essentielle du mariage et de la famille, espérance de l’humanité, dans laquelle la vie est accueillie, de sa conception à son terme naturel. Il nous a aussi enseigné que toute l’Église, en écoutant et mettant en pratique sa Parole, se transforme en sa Famille. Et, encore plus, il nous a confié la mission d’être des semences d’une fraternité qui, semée dans tous les coeurs, nourrit l’espérance.

308 Imprégné de la dévotion à la Sainte Famille de Nazareth, que saint José Manyanet a répandue dans le peuple catalan, le génie d’Antoni Gaudí, inspiré par l’ardeur de sa foi chrétienne, a réussi à transformer cette église en une louange à Dieu faite de pierre. Une louange à Dieu qui, ainsi qu’il arriva à la naissance du Christ, a eu comme protagonistes les personnes les plus humbles et les plus simples. En effet, Gaudí, par son oeuvre, voulait porter l’Évangile à tout le peuple. Pour cela il conçut les trois portiques à l’extérieur de l’église comme une catéchèse sur Jésus-Christ, comme un grand rosaire, qui est la prière des simples, où l’on peut contempler les mystères joyeux, douloureux et glorieux de Notre Seigneur. Mais aussi, en collaboration avec le curé, l’abbé Gil Parés, il dessina et finança avec ses propres économies la création d’une école pour les fils et les filles des maçons et pour les enfants des familles les plus humbles du quartier, alors faubourg marginal de Barcelone. Il faisait ainsi devenir réalité la conviction qu’il exprimait par ces paroles: «Les pauvres doivent toujours trouver accueil dans l’église, qui est la charité chrétienne».

Ce matin j’ai eu aussi la satisfaction de déclarer cette église Basilique mineure. Des hommes et des femmes de tous les continents admirent la façade de la Nativité. Maintenant, méditons le Mystère de l’Incarnation et élevons notre prière à la Mère de Dieu avec les paroles de l’Ange, lui confiant notre vie et celle de toute l’Église, tout en implorant le don de la paix pour tous les hommes de bonne volonté.





BENOIT XVI

Place Saint Pierre

Lundi 14 novembre 2010




Chers frères et soeurs,

Dans la deuxième lecture de la liturgie d'aujourd'hui, l'apôtre Paul souligne l'importance du travail pour la vie de l'homme. Cet aspect est aussi rappelé par la "Journée d'action de grâce" qui est célébrée traditionnellement en Italie ce deuxième dimanche de novembre en action de grâce a Dieu au terme de la saison des récoltes. Même si dans d'autres régions géographiques les temps des cultures sont naturellement différents, je voudrais aujourd'hui partir des paroles de saint Paul pour quelques réflexions, en particulier sur le travail agricole.

La crise économique actuelle, dont il a été question ces derniers jours dans la réunion de ce qu'on appelle le "G20", doit être prise très au sérieux: elle a de nombreuses causes et elle adresse un puissant appel a une révision profonde du modèle de développement économique mondial (cf. Encyclique Caritas in veritate, ). C'est un symptôme aigu qui est venu s'ajouter à d'autres bien plus graves et déjà bien connus comme le déséquilibre permanent entre richesse et pauvreté, le scandale de la faim, l'urgence écologique, et le problème du chômage, désormais lui aussi général. Dans ce cadre, une relance stratégique de l'agriculture semble décisive. En effet, le processus d'industrialisation a parfois rejeté dans l'ombre le secteur agricole, qui, tout en tirant a son tour bénéfice des connaissances et des techniques modernes, a cependant perdu de son importance, avec des conséquences notables également au plan culturel. Le moment me semble venu d’appeler a revaloriser l'agriculture non dans un sens nostalgique, mais comme une ressource indispensable pour l'avenir.

Dans la situation économique actuelle, la tentation pour les économies plus dynamiques est de recourir à des alliances avantageuses, qui, cependant, peuvent se révéler délétères pour les autres Etats plus pauvres en prolongeant des situations de pauvreté extrême de masses d'hommes et de femmes et en épuisant les ressources naturelles de la terre, confiée à l'homme par le Dieu Créateur — comme le dit la Genèse — afin qu'il la cultive et qu'il la garde (cf. Gn Gn 2,15). En outre, en dépit de la crise, on constate encore que dans des pays d'ancienne industrialisation, on encourage des styles de vie marqués par un consumérisme inacceptable, et qui se révèlent également nuisibles pour l'environnement et pour les pauvres. Il faut alors viser, de façon vraiment concertée, à un nouvel équilibre entre agriculture, industrie et services, afin que le développement soit durable, que personne ne manque de pain ni de travail, et que l'air, l'eau et les autres matières premières soient préservés comme des biens universels (cf. Caritas in veritate ). C'est pour cela qu'il est fondamental de cultiver et de diffuser une conscience éthique claire, à la hauteur des défis les plus complexes du moment présent; de s'éduquer tous a une consommation plus sage et responsable; de promouvoir la responsabilité personnelle ainsi que la dimension sociale des activités rurales, fondées sur des valeurs permanentes comme l'accueil, la solidarité, le partage de la fatigue du travail. De nombreux jeunes ont déjà choisi cette voie; des jeunes diplômés reviennent se consacrer à une entreprise agricole, avec le sentiment de répondre ainsi non seulement à un besoin personnel et familial, mais aussi à un signe des temps, à une sensibilité concrète pour le bien commun.

Prions la Vierge Marie afin que ces réflexions stimulent la communauté internationale, et élevons vers Dieu notre action de grâce pour les fruits de la terre et du travail de l’homme.

A l'issue de l'Angelus

309 Chers amis! En ce moment, je désire renouveler ma proximité aux chères populations de Haïti qui, à cause du terrible tremblement de terre de janvier dernier, souffrent à présent d'une grave d'épidémie de choléra. J'encourage tous ceux qui oeuvrent pour affronter cette nouvelle urgence et, tout en les assurant de mon souvenir particulier dans la prière, je lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle aide généreusement ces populations.

Samedi prochain, 27 novembre, dans la Basilique Saint-Pierre, je présiderai les premières Vêpres du premier dimanche de l'Avent et une veillée de prière pour la vie naissante. Il s'agit d'une initiative commune avec les Eglises particulières du monde entier et j'ai également recommandé aux paroisses, aux communautés religieuses, aux associations et aux mouvements d'y adhérer. Le temps de préparation à Noël est un moment propice pour invoquer la protection divine sur tout être humain appelé à l'existence, également comme remerciement à Dieu pour le don de la vie reçu de nos parents.

Je salue avec joie les pèlerins francophones! Au cours de mon récent pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, j'ai rappelé qu'un témoignage clair et courageux de l'Evangile doit être offert à nos contemporains. Pour répondre à tant d'interrogations posées par ceux qui cherchent la vérité, les chrétiens désirent partager leur bien le plus précieux: la Bonne Nouvelle du Christ qui sauve. L'espérance apportée par le Fils de Dieu peut soulager les personnes affligées par des détresses et des angoisses. A l'exemple de la Vierge Marie, puissions-nous rester toujours fermes dans notre foi! Bon dimanche à tous!



Place Saint-Pierre

Solennité du Christ Roi de l'Univers

Dimanche 21 novembre 2010



Chers frères et soeurs!

Dans la basilique Saint-Pierre vient de se terminer la liturgie de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers, concélébrée également par les 24 nouveaux cardinaux créés lors du consistoire d'hier. La solennité du Christ Roi a été instituée par le Pape Pie XI en 1925 et par la suite, après le Concile Vatican II, elle fut déplacée à la fin de l'année liturgique. L'Evangile de saint Luc présente, comme dans un grand tableau, la royauté de Jésus au moment de la crucifixion. Les chefs du peuple et les soldats raillent «le premier-né de toute créature» (Col 1,15) et le mettent à l'épreuve pour voir s'Il a le pouvoir de se sauver lui-même de la mort (cf. Lc Lc 23,35-37). Et pourtant, justement «sur la croix, Jésus est à la “hauteur” de Dieu», qui est Amour. C'est là qu'on peut «le connaître». [...] Jésus nous donne la «vie» parce qu'il nous donne Dieu. Il peut nous le donner parce qu'Il est lui-même une seule chose avec Dieu» (Benoît XVI, Jésus de Nazareth). En effet, alors que le Seigneur semble se confondre entre deux malfaiteurs, l'un d'entre eux, conscient de ses propres péchés, s'ouvre à la vérité, trouve la foi et prie «le roi des Juifs»: «Jésus, souviens toi de moi lorsque tu viendras avec ton royaume» (Lc 23,42). De Celui qui «est avant toutes choses» et dont «tout subsiste en lui» (Col 1,17) celui qu'on appelle «le bon larron» reçoit immédiatement le pardon et la joie d'entrer dans le Royaume des Cieux. «En vérité je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis» (Lc 23,43). Par ces mots, Jésus, du trône de la croix, accueille chaque homme avec une infinie miséricorde. Saint Ambroise explique que cela «est un bel exemple de la conversion à laquelle il faut aspirer: le pardon est bien vite concédé au larron et la grâce est plus abondante que la demande; le Seigneur, en effet — dit Ambroise — accorde toujours plus que ce que l'on demande [...]. La vie est de rester avec le Christ parce que là où est le Christ, là est le Royaume» (Expositio Ev. sec. Lucam X, 121: CCL 14, 379).

Chers amis, nous pouvons aussi contempler dans l'art chrétien le chemin de l'amour que le Seigneur nous révèle et qu'il nous invite à parcourir. En effet, dans les temps anciens, «dans la réglementation des édifices sacrés, il était traditionnel de représenter sur la façade orientale le Seigneur redevenu roi — l'image de l'espérance — et sur la façade occidentale le Jugement dernier comme image de la responsabilité de notre vie» (Enc. Spe salvi ): espérance dans l'amour infini de Dieu et engagement à ordonner notre vie selon l'amour de Dieu. Quand nous contemplons les représentations de Jésus inspirées par le Nouveau Testament — comme l'enseigne un antique Concile — on est amené à «comprendre [...] le caractère sublime de l'humiliation du Verbe de Dieu et [...] à se souvenir de sa vie dans la chair, de sa passion et de sa mort salvifique, et de la rédemption qui de là s'est tournée vers le monde» (Concile in Trullo [année 691 ou 692], can. 82). «Oui, nous en avons besoin, justement pour [...] devenir capables de reconnaître dans le coeur transpercé du Crucifié le mystère de Dieu» (J. Ratzinger, Théologie de la liturgie. La fondation sacramentelle de l'existence chrétienne, Lv 2010,69).

Confions à la Vierge Marie, le jour de sa Présentation au Temple, les nouveaux cardinaux du Collège cardinalice et notre pèlerinage terrestre vers l'éternité.

310 A l'issue de l'Angelus

Aujourd'hui en Italie, à l'invitation des évêques, les communautés ecclésiales prient pour les chrétiens qui souffrent de persécutions et de discriminations, particulièrement en Irak. Je m'unis à cette invocation unanime au Dieu de la vie et de la paix, afin que la liberté religieuse soit assurée à tous dans le monde entier. Je suis proche de ces frères et soeurs pour le haut témoignage de foi qu'ils rendent à Dieu.

En faisant mémoire aujourd'hui de la Présentation au Temple de la bienheureuse Vierge Marie, l'Eglise s'unit avec une affection particulière aux moniales et aux moines cloîtrés: c'est la «Journée pro Orantibus», qui renouvelle aussi l'invitation à soutenir concrètement ces communautés. Je leur donne de tout coeur ma bénédiction.

La «Journée des victimes de la route» a aussi lieu aujourd'hui. Alors que j'assure chacun de mon souvenir dans la prière, j'encourage à poursuivre l'engagement de la prévention, qui donne de bons résultats, rappelant toujours que la prudence et le respect des règles sont la première forme de protection de soi et des autres.

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier ceux qui ont accompagné les nouveaux Cardinaux. Nous célébrons aujourd’hui la Solennité du Christ Roi de l’univers. Le Fils de Dieu, vainqueur du péché et de la mort, règne humblement sur les hommes de toutes les races et de tous les peuples, par la puissance et la grandeur de son amour. Accueillant son règne dans nos coeurs et dans nos familles, nous devenons les artisans d’un monde de fraternité, de justice et de paix. Puisse le Christ Roi de l’Univers, bénir et protéger toute l’humanité! Bonne fête et bon pèlerinage à tous!



Angelus Benoit XVI 303