Angelus Benoit XVI 310


BENOIT XVI

Place Saint-Pierre

Ier Dimanche de l'Avent, 28 novembre 2010



Chers frères et soeurs,

Aujourd'hui, premier dimanche de l'Avent, l'Eglise commence une nouvelle année liturgique, un nouveau chemin de foi, qui, d'une part, fait mémoire de l'événement de Jésus Christ, et de l'autre, s'ouvre à son accomplissement final.

C'est justement de cette double perspective que vit le temps de l'Avent, en regardant vers la première venue du Fils de Dieu, lorsqu'il naît de la Vierge Marie, et vers son retour glorieux, quand il «viendra pour juger les vivants et les morts», comme nous le disons dans le Credo . Je voudrais m'arrêter maintenant brièvement sur ce thème suggestif de «l'attente», parce qu'il s'agit d'un aspect profondément humain, où la foi, pour ainsi dire, ne fait qu’un avec notre chair et notre coeur.

311 L'attente, le fait d'attendre, est une dimension qui traverse toute notre existence personnelle, familiale et sociale. L'attente est présente dans mille situations, des plus petites et banales, aux plus importantes, qui nous touchent totalement et au plus profond de nous-mêmes. Nous pensons entre autres à l'attente d'un enfant par des époux; à l'attente d'un parent ou d'un ami qui vient de loin pour nous rendre visite; nous pensons, pour un jeune, à l'attente du résultat d'un examen décisif, ou d'un entretien d'embauche; dans les relations affectives, l'attente de la rencontre d'une personne aimée, de la réponse à une lettre, ou de l'accueil d'un pardon... On pourrait dire que l'homme est vivant tant qu'il attend, tant que l'espérance est vivante en son coeur. C'est à ses attentes que l'on reconnaît l'homme: notre «stature» morale et spirituelle peut être mesurée à partir de ce que nous attendons, de ce en quoi nous espérons.

Chacun de nous peut donc, spécialement en ce Temps qui nous prépare à Noël, se demander: «Moi, qu'est-ce que j'attends? A quoi, en ce moment de ma vie, mon coeur aspire-t-il?». On peut se poser la même question au niveau familial, communautaire, national. Qu'est-ce que nous attendons, tous ensemble? Qu'est-ce qui unit nos aspirations, qu'est-ce que nous avons en commun? Dans le temps qui a précédé la naissance de Jésus, l'attente du Messie était très forte en Israël, l’attente d'un Consacré, descendant du roi David, qui aurait finalement libéré le peuple de tout esclavage moral et politique et instauré le Royaume de Dieu. Mais personne n'aurait jamais imaginé que le Messie puisse naître d'une humble jeune fille comme Marie, promise en mariage au juste Joseph. Elle non plus n'y aurait jamais pensé, et pourtant, dans son coeur, l'attente du Sauveur était si grande, sa foi et son espérance étaient si ardentes, qu'Il a pu trouver en elle une mère digne. Du reste, Dieu lui-même l'avait préparée, avant tous les siècles. Il y a une correspondance mystérieuse entre l'attente de Dieu et celle de Marie, la créature «pleine de grâce», totalement transparente au dessein d'amour du Très Haut. Apprenons d'elle, la Femme de l'Avent, à vivre les gestes quotidiens avec un esprit nouveau, avec le sentiment d'une profonde attente, que seule la venue de Dieu peut combler.

En ce premier dimanche de l'Avent, chers pèlerins francophones, une nouvelle Année liturgique commence. Elle nous rappelle que Jésus Christ, éternellement présent dans notre vie, accomplit pour nous son oeuvre de Rédemption dans les actions liturgiques de l'Eglise. En ces jours où nous prions particulièrement pour le respect de la vie naissante, puisse la Vierge Marie qui a accueilli en son sein le Verbe de Dieu, nous aider à ouvrir nos coeurs à la lumière de son Fils qui vient sauver l'humanité tout entière! Je souhaite à tous un bon dimanche et joyeux temps de l'Avent!

Je souhaite à tous un dimanche serein et un bon chemin de l’Avent.



II Dimanche de l'Avent, 5 décembre 2010


Chers frères et soeurs!

L'Evangile de ce deuxième dimanche de l'Avent (
Mt 3,1-12) nous présente la figure de saint Jean le Baptiste qui, selon une célèbre prophétie d'Isaïe (cf. 40, 3), se retira dans le désert de Judée et, par sa prédication, appela le peuple à la conversion pour être prêt à la venue imminente du Messie. Saint Grégoire le Grand expliqua que Jean-Baptiste «prêche une foi droite et de bonnes oeuvres... pour que la force de la grâce pénètre, la lumière de la vérité resplendisse, les routes vers Dieu se redressent et que naissent dans l'âme d'honnêtes pensées après l'écoute de la Parole qui mène au bien» (Hom. in Evangelia, XX, 3, CCL 141, 155). Le Précurseur de Jésus, placé entre l'Ancienne et la Nouvelle Alliance, est comme une étoile qui précède le lever du Soleil, du Christ, de Celui, donc, sur lequel — selon une autre prophétie d'Isaïe — «reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur» (Is 11,2).

Pendant le temps de l'Avent, nous sommes nous aussi appelés à écouter la voix de Dieu qui résonne dans le désert du monde à travers les Saintes Ecritures, spécialement quand elles sont prêchées avec la force de l'Esprit Saint. La foi, en effet, se renforce d'autant plus qu'on se laisse éclairer par la Parole divine, par «tout ce qui — comme nous le rappelle l'apôtre Paul — a été écrit dans le passé... pour notre instruction, afin que la constance et la consolation que donnent les Ecritures nous procurent l'Espérance» (Rm 15,4). Le modèle de l'écoute est la Vierge Marie: «Contemplant chez la Mère de Dieu une existence totalement modelée par la Parole, nous découvrons que nous sommes, nous aussi, appelés à entrer dans le Mystère de la foi par laquelle le Christ vient demeurer dans notre vie. Chaque chrétien qui croit, nous rappelle saint Ambroise, conçoit et engendre en un certain sens, le Verbe de Dieu en lui-même» (Exhort. apost. post-synodale Verbum Domini, n. 28).

Chers amis, «notre salut repose sur une venue», a écrit Romano Guardini (La santa notte. Dall’Avvento all’Epifania, Brescia 1994, p. 13). «Le Sauveur est venu de la liberté de Dieu... Ainsi la décision de la foi consiste-t-elle à accueillir Celui qui vient» (ibid., p. 14). «Le Rédempteur — ajoute-t-il — vient auprès de chaque homme: dans ses joies et ses angoisses, dans ses certitudes, dans ses doutes et ses tentations, dans tout ce qui constitue sa nature et sa vie» (ibid., p. 15).

Demandons à la Vierge Marie, dans le sein duquel le Fils du Très Haut a demeuré et que nous célébrerons mercredi prochain, 8 décembre, lors de la solennité de l'Immaculée Conception, de nous soutenir sur ce chemin spirituel, pour accueillir avec foi et avec amour la venue du Seigneur.

APPEL


312 En ce temps de l'Avent, où nous sommes appelés à nourrir notre attente du Seigneur et à l'accueillir au milieu de nous, je vous invite à prier pour toutes les situations de violence, d'intolérance, de souffrance qu'il y a dans le monde, afin que la venue de Jésus apporte réconfort, réconciliation et paix. Je pense aux nombreuses situations difficiles, comme les attentats continus que l'on relève en Irak contre des chrétiens et des musulmans, aux affrontements en Egypte où il y a eu des morts et des blessés, aux victimes de trafiquants et de criminels, comme le drame des otages érythréens et d'autres nationalités, dans le désert du Sinaï. Le respect des droits de tous est une base de la coexistence civile. Puissent notre prière au Seigneur et notre solidarité apporter une espérance à ceux qui souffrent.
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A l'issue de l'Angélus

Je vous salue avec joie, chers pèlerins francophones! Présentant la figure du prophète Jean-Baptiste, l'Evangile de ce jour nous enseigne à vivre l'humilité, la sobriété et la disponibilité à la grâce divine. C'est une invitation à ne pas laisser les préoccupations matérielles entraver notre marche vers Noël. Puisse l'Esprit Saint nous aider à purifier nos aspirations à un monde meilleur et nous fortifier dans notre quête d'une vie toujours plus chrétienne! Bon dimanche à tous!



SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE


Mercredi 8 décembre 2010




Chers frères et soeurs!

Aujourd'hui, notre rendez-vous pour la prière de l'Angélus revêt une lumière spéciale dans le contexte de la solennité de l'Immaculée Conception de Marie. L'Evangile de l'Annonciation (Lc 1,26-38) est proclamé dans la liturgie de cette fête, contenant précisément le dialogue entre l'ange Gabriel et la Vierge. «Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi» — dit le messager de Dieu, et il révèle de cette manière l'identité plus profonde de Marie, le «nom», pour ainsi dire, par lequel Dieu la connaît: «pleine de grâce». Cette expression, qui nous est si familière depuis l'enfance parce que nous la prononçons chaque fois que nous récitons l'«Ave Maria», nous offre l'explication du mystère que nous célébrons aujourd'hui. Marie, en effet, dès le moment où elle fut conçue par ses parents, a été l'objet d'une prédilection singulière de la part de Dieu qui, dans son dessein éternel, l'a choisie pour être la mère de son Fils fait homme et, par conséquent, l'a préservée du péché originel. C'est pourquoi l'ange s'adresse à elle par ce nom qui signifie littéralement «comblée de l'amour de Dieu depuis toujours», de sa grâce.

Le mystère de l'Immaculée Conception est source de lumière intérieure, d'espérance et de réconfort. Au milieu des épreuves de la vie et particulièrement des contradictions que l'homme expérimente en lui et autour de lui, Marie, la Mère du Christ, nous dit que la Grâce est plus grande que le péché, que la miséricorde de Dieu est plus forte que le mal et sait le transformer en bien. Malheureusement, nous faisons chaque jour l'expérience du mal qui se manifeste de nombreuses manières dans les relations et dans les événements, mais qui a sa racine dans le coeur de l'homme, un coeur blessé, malade et incapable de guérir tout seul. L'Ecriture Sainte nous révèle qu'il y a, à l'origine de tout mal, la désobéissance à la volonté de Dieu et que la mort a pris le dessus parce que la liberté humaine a cédé à la tentation du Malin. Mais Dieu ne manque pas à son dessein d'amour et de vie: à travers un long et patient chemin de réconciliation, il a préparé l'alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang de son Fils qui, pour s'offrir lui-même en expiation, est «né d'une femme» (Ga 4,4). Cette femme, la Vierge Marie, a bénéficié par avance de la mort rédemptrice de son Fils et, dès la conception, a été préservée de la contamination de la faute. C'est pourquoi, elle nous dit par son coeur immaculé: remettez-vous à Jésus, Il vous sauvera.

Chers amis, je renouvellerai cet après-midi l'hommage traditionnel à la Vierge Immaculée devant le monument qui lui est consacré place d'Espagne. Par cet acte de dévotion, je me fais l'interprète de l'amour des fidèles de Rome et du monde entier pour la Mère que le Christ nous a donnée. Je confie à son intercession les besoins les plus urgents de l'Eglise et du monde. Qu'Elle nous aide surtout à avoir foi en Dieu, à croire en sa Parole, à toujours rejeter le mal et à choisir le bien.

313 A l'issue de l'Angélus

En cette fête d'aujourd'hui, j'ai la joie de saluer l'Académie pontificale de l'Immaculée. Chers amis, j'invoque sur chacun de vous la protection maternelle de la Vierge Marie et je confie votre activité à son intercession. Je vous remercie pour votre travail généreux.

J'adresse aussi une pensée spécifique à l'Action catholique italienne qui renouvelle aujourd'hui, dans beaucoup de paroisses, son engagement dans l'Eglise. En rappelant la grande fête vécue ensemble avec les jeunes, ici place Saint-Pierre, fin octobre, j'exprime à tous ses membres mon affection et ma proximité. Je les encourage à marcher sur le chemin de la sainteté, en apportant la lumière de l'Evangile dans les lieux de la vie quotidienne.
***


La prière de l'Angelus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones! La Solennité de l'Immaculée Conception nous rappelle la coopération de Marie au Mystère de la Rédemption. Préfiguration de l'Eglise et prototype de l'humanité rachetée, Marie nous apprend à cultiver en nous la joie de ceux qui sont aimés, pardonnés et sauvés par Dieu. Puisse-t-elle nous aider à faire de nos coeurs et de nos corps des demeures dignes de son Fils! Bonne fête à tous!



III Dimanche de l'Avent, 12 décembre 2010


Chers frères et soeurs,

En ce troisième dimanche de l'Avent, la liturgie propose un passage de la Lettre de saint Jacques qui s'ouvre sur cette exhortation: «Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'Avènement du Seigneur» (
Jc 5,7). Il me semble d'autant plus important, de nos jours, de souligner la valeur de la constance et de la patience, des vertus qui appartenaient au bagage normal de nos pères, mais qui sont aujourd'hui moins populaires, dans un monde qui exalte plutôt le changement, et la capacité de s'adapter toujours à des situations nouvelles et différentes. Sans rien enlever à ces aspects, qui sont aussi des qualités de l'être humain, l'Avent nous appelle à affermir cette ténacité intérieure, cette résistance de l'âme qui nous permettent de ne pas désespérer dans l'attente d'un bien qui tarde à venir, mais de l'attendre, plus encore, de préparer sa venue avec une confiance active.

«Voyez le laboureur, écrit saint Jacques: il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu'aux pluies de la première et de l'arrière-saison. Soyez donc patients, vous aussi; affermissez vos coeurs, car l'Avènement du Seigneur est proche » (Jc 5,7-8). La comparaison avec le paysan est très éloquente: qui a semé dans le champ a devant lui des mois d'attente patiente et constante, mais il sait que la semence pendant ce temps-là accomplit son cycle, grâce aux pluies d'automne et de printemps. L'agriculteur n'est pas fataliste, mais il est le modèle d'une mentalité qui unit de façon équilibrée foi et raison, parce que d'une part il connaît les lois de la nature et il accomplit bien son travail, et de l'autre, il s’en remet à la Providence, parce que certaines choses fondamentales ne sont pas entre ses mains, mais dans les mains de Dieu. La patience et la constance sont justement la synthèse entre l'engagement humain et la confiance en Dieu.

314 «Affermissez vos coeurs» dit l'Ecriture. Comment pouvons-nous faire cela? Comment pouvons-nous rendre plus forts nos coeurs qui sont par nature plutôt fragiles et qui sont rendus encore plus instables par la culture dans laquelle nous sommes plongés? L'aide ne nous manque pas: c'est la Parole de Dieu. En effet, alors que tout passe et change, la Parole du Seigneur ne passe pas. Si les événements de la vie nous font nous sentir perdus et que toute certitude semble s'écrouler, nous avons une boussole pour nous orienter, nous avons une ancre pour ne pas aller à la dérive. Et ici, le modèle qui nous est offert, c'est celui des prophètes, c'est-à-dire de ces personnes que Dieu a appelées pour qu'elles parlent en son nom. Le prophète trouve sa joie et sa force dans la Parole du Seigneur, et, alors que les hommes cherchent souvent le bonheur sur des chemins qui se révèlent erronés, il annonce la véritable espérance, celle qui ne déçoit pas, parce qu'elle est fondée sur la fidélité de Dieu. Tout chrétien, par la force de son baptême, a reçu la dignité de prophète: puisse chacun la redécouvrir et la nourrir, avec une écoute assidue de la Parole divine. Que nous l'obtienne la Vierge Marie, que l'Evangile appelle bienheureuse parce qu'elle a cru dans l'accomplissement des paroles du Seigneur (cf. Lc Lc 1,45).

A l'issue de l'Angélus

Mes premières salutations vont aujourd’hui aux enfants et aux jeunes de Rome, venus pour la traditionnelle bénédiction des «Enfants-Jésus » destinés à leurs crèches. Chers jeunes amis, lorsque vous placerez l’Enfant Jésus dans la grotte ou dans la cabane, dites une prière pour le Pape et à ses intentions. Merci! Je salue également vos parents, vos enseignants et vos catéchistes; je remercie le Centre des aumôneries romaines de cette initiative, ainsi que les amis du dispensaire pédiatrique «Santa Marta».

Je souhaite ensuite rappeler que dans l’après-midi du jeudi 16 décembre, dans la basilique Saint-Pierre, je célébrerai la liturgie des vêpres avec les professeurs et les étudiants des universités romaines, en préparation de Noël.
***


Je salue cordialement les pèlerins francophones! Ce troisième dimanche de l'Avent est celui de la joie car le Seigneur est proche: il vient inaugurer une humanité nouvelle. Notre allégresse est appelée à anticiper la joie plénière que nous vivrons avec le Christ dans l'éternité. Puisse la Vierge Marie aider tous les peuples de la Terre et particulièrement les chrétiens, à ouvrir les portes au Christ et à son Evangile de paix et de joie, de fraternité et de justice! Bon dimanche et bon pèlerinage à tous!



IV Dimanche de l'Avent, 19 décembre 2010




Chers frères et soeurs !

En ce quatrième dimanche de l'Avent, l'Evangile de saint Matthieu raconte la naissance de Jésus en se plaçant du point de vue de saint Joseph. Il était l'époux promis à Marie qui, «avant qu'ils eussent mené vie commune, se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint» (Mt 1,18). Le Fils de Dieu, réalisant une ancienne prophétie (cf. Is Is 7,14), se fait homme dans le sein d'une vierge, et ce mystère manifeste à la fois l'amour, la sagesse et la puissance de Dieu en faveur de l'humanité blessée par le péché. Saint Joseph est présenté comme un «homme juste» (Mt 1,19), fidèle à la loi de Dieu, disponible pour accomplir sa volonté. C'est pourquoi il entre dans le mystère de l'Incarnation après qu'un ange du Seigneur, qui lui apparaît en songe, lui annonce: «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint; elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» (Mt 1,20-21). Ayant abandonné l'idée de répudier Marie en secret, il la prend avec lui, parce que maintenant, ses yeux voient en elle l'oeuvre de Dieu.

315 Saint Ambroise explique que «Joseph garde le mérite et fait figure de juste, ce qui relève son témoignage » (Exp. Ev. sec. Lucam II, 5: CCL 14,32-33). «Il n'a pu profaner le Temple de l'Esprit Saint, la Mère du Seigneur, le sein consacré par le mystère», poursuit saint Ambroise (ibid., II, 6: CCL 14, 33). Tout en ayant été troublé, Joseph agit «comme l'ange du Seigneur lui avait prescrit», certain d'accomplir une chose juste. En donnant le nom de “Jésus” à cet Enfant qui gouverne tout l'univers, il se place à la suite des serviteurs humbles et fidèles, semblable aux anges et aux prophètes, semblable aux martyrs et aux apôtres — comme le chantent d'anciens hymnes orientaux. Saint Joseph annonce les prodiges du Seigneur, témoignant de la virginité de Marie, de l'action gratuite de Dieu, et protégeant la vie terrestre du Messie. Nous vénérons donc le père légal de Jésus (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, CEC 532), parce qu'en lui se profile l'homme nouveau, qui regarde avec confiance et courage vers l'avenir, ne suit pas son propre projet, mais se confie totalement à l'infinie miséricorde de Celui qui accomplit les prophéties et ouvre le temps du salut.

Chers amis, je désire confier à saint Joseph, patron universel de l'Eglise, tous les pasteurs, les exhortant à offrir «aux fidèles chrétiens et au monde entier l'offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ» (Lettre d'indiction de l'Année sacerdotale). Puisse notre vie adhérer toujours plus à la Personne de Jésus, justement parce que «Celui qui est le Verbe assume lui-même un corps, il vient de Dieu comme un homme et attire à lui toute l'existence humaine, la porte dans la Parole de Dieu» (Jésus de Nazareth, Milan 2007, 383). Invoquons avec confiance la Vierge Marie, pleine de grâce «ornée de Dieu», afin que, pour ce Noël désormais très proche, nos yeux s'ouvrent et voient Jésus, et que notre coeur se réjouisse de cette admirable rencontre d'amour.

A l'issue de l'Angélus

Je vous salue avec joie, chers pèlerins francophones! En cette dernière semaine de l'Avent, notre préparation à Noël se fait plus intense. Comme Joseph et Marie, son épouse, puissions-nous offrir l'hospitalité à Dieu qui vient chez nous sous la figure d'un enfant humble et fragile, plein d'amour et de tendresse pour tous les hommes! Bonne préparation aux fêtes de la Nativité!

Je souhaite à tous un bon dimanche et un Noël serein dans la lumière et dans la paix du Seigneur.



FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE DE NAZARETH



Fête de saint Étienne Protomartyr

Place Saint-Pierre

Dimanche 26 décembre 2010



Chers frères et soeurs!

L’Evangile selon Luc rapporte que les pasteurs de Bethléem, après avoir reçu de l’ange l’annonce de la naissance du Messie, «se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire» (2, 16). Aux premiers témoins oculaires de la naissance de Jésus se présenta donc la scène d’une famille: mère, père et fils nouveau-né. C’est pourquoi la liturgie nous fait célébrer, le premier dimanche après Noël, la fête de la sainte Famille. Cette année, celle-ci tombe précisément le lendemain de Noël et, prenant le pas sur celle de saint Etienne, elle nous invite à contempler cette «icône» dans laquelle le petit Jésus apparaît au centre de l’affection et des attentions de ses parents. Dans la pauvre grotte de Bethléem — écrivent les pères de l’Eglise — resplendit une lumière très vive, reflet du profond mystère qui enveloppe cet Enfant, et que Marie et Joseph conservent dans leurs coeurs et laissent transparaître dans leurs regards, dans leurs gestes, en particulier dans leurs silences. En effet, ceux-ci gardent eu eux les paroles de l’annonce de l’ange à Marie: «Celui qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (cf. Lc Lc 1,35).

316 Pourtant, la naissance de chaque enfant contient en elle quelque chose de ce mystère! Les parents qui le reçoivent comme un don et qui en parlent souvent ainsi le savent bien. A nous tous il est arrivé d’entendre un père et une mère dire: «Cet enfant est un don, un miracle!». En effet, les êtres humains ne vivent pas la procréation comme un simple acte de reproduction, mais ils en perçoivent la richesse, ils comprennent que chaque créature humaine qui apparaît sur la terre est le «signe» par excellence du Créateur et Père qui est dans les cieux. Comme il est donc important que chaque enfant, en venant au monde, soit accueilli par la chaleur d’une famille! Les commodités extérieures n’ont pas d’importance: Jésus est né dans une étable et comme premier berceau il a eu une mangeoire, mais l’amour de Marie et de Joseph lui a fait ressentir la tendresse et la beauté d’être aimés. C’est de cela dont on besoin les enfants: de l’amour du père et de la mère. C’est cela qui leur donne la sécurité et qui, dans la croissance, permet la découverte du sens de la vie. La sainte Famille de Nazareth a traversé de nombreuses épreuves, comme celle — rappelle l’Evangile selon saint Matthieu — du «massacre des innocents», qui obligea Joseph et Marie à émigrer en Egypte (cf. 2, 13-23). Mais, confiant dans la Divine Providence, ils trouvèrent leur stabilité et assurèrent à Jésus une enfance sereine et une solide éducation.

Chers amis, la sainte Famille est certainement particulière et unique, mais dans le même temps elle représente un «modèle de vie» pour chaque famille, car Jésus, vrai homme, a voulu naître dans une famille humaine, et ainsi il l’a bénie et consacrée. Nous confions donc à la Vierge et à saint Joseph toutes les familles, afin qu’elles ne se découragent pas face aux épreuves et aux difficultés, mais qu’elles cultivent toujours l’amour conjugal et se consacrent avec confiance au service de la vie et de l’éducation.

APPEL


En ce temps de Noël, le désir et l’invocation du don de la paix se font encore plus intenses. Mais notre monde continue à être marqué par la violence, en particulier contre les disciples du Christ. J’ai appris avec une grande tristesse l’attentat dans une église catholique aux Philippines, alors que l’on célébrait les rites du jour de Noël, ainsi que l’attaque contre des Eglises chrétiennes au Nigeria. La terre s’est encore tachée de sang dans d’autres parties du monde, comme au Pakistan. Je désire exprimer mes sincères condoléances pour les victimes de ces violences absurdes, et je renouvelle encore une fois l’appel à abandonner le chemin de la haine pour trouver des solutions pacifiques aux conflits et apporter aux chères populations la sécurité et la sérénité. En ce jour où nous célébrons la sainte Famille, qui vécut l’expérience dramatique de la fuite en Egypte à cause de la furie homicide d’Hérode, rappelons également tous ceux qui — en particulier les familles — sont obligés d’abandonner leurs maisons à cause de la guerre, de la violence et de l’intolérance. Je vous invite donc à vous unir à moi dans la prière pour demander avec force au Seigneur qu’il touche le coeur des hommes et apporte l’espérance, la réconciliation et la paix.
* * *


A l'issue de l'Angelus

Je salue cordialement les pèlerins de langue française! Célébrant aujourd’hui la fête de la Sainte Famille, nous nous rappelons que chaque famille humaine doit être le reflet de la beauté de l’amour divin et au fondement d’une civilisation de l’amour. Rendons grâce à Dieu pour nos familles, demandons-Lui de les bénir et de les garder toujours unies par les liens de son amour! Bonne fête à tous!

Je souhaite à tous de vivre ces journées dans la sérénité et l’harmonie, en partageant la joie profonde qui naît de la naissance du Christ. Bon dimanche!








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BENOÎT XVI ANGELUS 2011



SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

XLIVe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX




Place Saint-Pierre

Samedi 1er janvier 2011




Chers frères et soeurs!

En ce premier Angelus de 2011, je vous adresse à tous mes voeux de paix et de bien en les confiant à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, que nous célébrons aujourd’hui en tant que Mère de Dieu. Au début d’une année nouvelle, le peuple chrétien se rassemble spirituellement devant la grotte de Bethléem, où la Vierge Marie a mis Jésus au monde. Nous demandons à la Mère sa bénédiction et celle-ci nous bénit en nous montrant son Fils: en effet, Il est la Bénédiction en personne. En nous donnant Jésus, Dieu nous a tout donné: son amour, sa vie, la lumière de la vérité, le pardon des péchés; il nous a donné la paix. Oui, Jésus Christ est notre paix (cf. Ep. Ep 2,14). Il a apporté au monde la semence de l’amour et de la paix, plus forte que la semence de la haine et de la violence; plus forte parce que le Nom de Jésus est au-dessus de tout autre nom, contient toute la seigneurie de Dieu, comme le prophète Michée l’avait annoncé: «Et toi, Bethléem (…), c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner (…). Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu (…). Lui-même, il sera la paix!» (5, 1-4).

C’est pourquoi, devant l’icône de la Vierge Mère, l’Eglise demande à Dieu en ce jour, par l’intercession de Jésus Christ, le don de la paix: c’est la Journée mondiale de la paix, une occasion propice pour réfléchir ensemble aux grands défis que notre époque pose à l’humanité. L’un d’eux, dramatiquement urgent de nos jours, est celui de la liberté religieuse; c’est pourquoi, j’ai voulu cette année consacrer mon Message à ce thème: «La liberté religieuse, chemin vers la paix». Nous assistons aujourd’hui à deux tendances opposées, deux extrêmes tous deux négatifs: d’un côté le laïcisme, qui, de façon souvent sournoise, marginalise la religion pour l’enfermer à l’intérieur de la sphère privée; de l’autre, le fondamentalisme, qui au contraire voudrait l’imposer à tous par la force. En réalité, «Dieu appelle à lui l'humanité dans un dessein d'amour qui, alors qu'il concerne la personne tout entière dans sa dimension naturelle et spirituelle, exige d'y répondre en termes de liberté et de responsabilité, de tout son coeur et de tout son être, individuel et communautaire» (Message, n. 8). Là où est concrètement reconnue la liberté religieuse, la dignité de la personne humaine est respectée à sa racine, et, à travers une recherche sincère du vrai et du bien, la conscience morale est fortifiée ainsi que les institutions et la coexistence civile (cf. Message, n. 5). C’est pour cela que la liberté religieuse est une voie privilégiée pour construire la paix.

Chers amis, tournons à nouveau notre regard vers Jésus dans les bras de Marie, sa Mère. En regardant vers lui, qui est le «Prince de la paix» (Is 9,5), nous comprenons que l’on n’atteint pas la paix par les armes, ni par le pouvoir économique, politique, culturel ou médiatique. La paix est l’oeuvre de consciences qui s’ouvrent à la vérité et à l’amour. Que Dieu nous aide à avancer sur cette voie, en cette année nouvelle qu’il nous donne de vivre.

A l’issue de l’Angélus

Chers frères et soeurs, dans le Message d’aujourd’hui pour la Journée mondiale de la paix, j’ai souligné la manière dont les grandes religions peuvent constituer un facteur important d’unité et de paix pour la famille humaine, et j’ai rappelé à cette occasion, qu’en cette année 2011, l’on fêtera le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix que le vénérable Jean-Paul II convoqua à Assise en 1986. C’est la raison pour laquelle, je me rendrai au mois d’octobre prochain comme pèlerin dans la ville de saint François, en invitant à s’unir à ce chemin nos frères chrétiens des diverses confessions, les autorités des traditions religieuses du monde, et de manière idéale, tous les hommes de bonne volonté, dans le but de rappeler ce geste historique voulu par mon prédécesseur et de renouveler solennellement l’engagement des croyants de chaque religion à vivre leur foi religieuse comme service pour la cause de la paix.

318 Celui qui est en chemin vers Dieu, ne peut pas ne pas transmettre la paix, celui qui construit la paix ne peut pas ne pas se rapprocher de Dieu. Je vous invite dès à présent à accompagner de vos prières cette initiative.

Je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins francophones présents ce matin, ainsi que les personnes qui nous rejoignent par la radio et la télévision! En ce premier jour de l’année, nous fêtons Sainte Marie, Mère de Dieu, et nous prions particulièrement pour la paix. Puisse la Vierge Marie, Mère du Prince de la Paix, aider chaque personne à renouveler son engagement pour construire un monde toujours plus fraternel où tous soient libres de professer leur religion ou leur foi. Bonne et heureuse Année à tous!





Dimanche 2 janvier 2011

Chers frères et soeurs,


Je renouvelle à tous mes voeux pour la nouvelle année et je remercie ceux qui m’ont envoyé des messages de proximité spirituelle. La liturgie de ce dimanche repropose le prologue de l’Evangile de saint Jean, proclamé solennellement le jour de Noël. Ce texte admirable exprime, sous la forme d’un hymne, le mystère de l’Incarnation, prêché par des témoins oculaires, les apôtres, en particulier par Jean, dont la fête, ce n’est pas un hasard, est célébrée le 27 décembre. Saint Chromace d’Aquilée affirme que «Jean était le plus jeune de tous les disciples du Seigneur; le plus jeune en âge, mais déjà âgé dans la foi» (Sermo II, 1 De Sancto Iohanne Evangelista, CCL 9a, 101). Lorsque nous lisons: «Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu» (Jn 1,1), l’Evangéliste — traditionnellement comparé à un aigle — s’élève au-dessus de l’histoire humaine en scrutant les profondeurs de Dieu; mais très vite, suivant son Maître, il revient à la dimension terrestre, en disant: «Et le Verbe s’est fait chair» (Jn 1,14). Le Verbe est «une réalité vivante: un Dieu qui... se communique en se faisant Lui-même Homme» (J. Ratzinger, Théologie de la liturgie, Lv 2010, p. 618). En effet, Jean atteste, «il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire» (Jn 1,14). «Il s’est abaissé jusqu’à assumer l’humilité de notre condition — commente saint Léon le Grand — sans que sa majesté en soit diminuée» (Tractatus XXI, 2, CCL 138, 86-87). Nous lisons encore dans le prologue: «Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce» (Jn 1,16). «Quelle est la première grâce que nous avons reçue? — se demande saint Augustin — C’est la foi». La deuxième grâce, ajoute-il immédiatement, est la «vie éternelle» (Tractatus in Ioh. III, 8.9, CCL 36, 24.25).

Je m’adresse à présent en langue espagnole aux milliers de familles rassemblées à Madrid pour une grande manifestation. Je salue avec affection les nombreux pasteurs et fidèles réunis sur la Place de Colón, à Madrid, pour célébrer avec joie la valeur du mariage et de la famille avec la devise: «La famille chrétienne, espérance pour l’Europe». Chers frères, je vous invite à être forts dans l’amour et à contempler avec humilité le Mystère de la Nativité, qui continue à parler au coeur et qui se convertit en école de vie familiale et fraternelle. Le regard maternel de la Vierge Marie, la protection aimante de saint Joseph et la douce présence de l’Enfant Jésus sont une image claire de ce que doivent être chaque famille chrétienne, authentique sanctuaire de fidélité, de respect et de compréhension, dans lesquelles la foi est transmise, l’espérance est fortifiée et la charité enflammée. J’encourage chacun à vivre avec un enthousiasme renouvelé la vocation chrétienne au sein du foyer, comme d’authentiques serviteurs de l’amour qui accueille, qui accompagne et qui défend la vie. Faites de vos maisons une véritable pépinière de vertus et un lieu serein et lumineux de confiance, où guidés par la grâce de Dieu l’on peut sagement discerner l’appel du Seigneur, qui continue à nous inviter à le suivre. Avec ces sentiments, je confie avec ferveur à la Sainte Famille de Nazareth, les intentions et les fruits de cette rencontre, pour que les familles dans lesquelles règnent la joie, le don mutuel et la générosité soient toujours plus nombreuses. Que Dieu vous bénisse toujours!

A la Vierge Marie que le Seigneur a confié en tant que Mère au «disciple qu’Il aimait», nous demandons la force de nous comporter comme des fils «nés de Dieu» (cf. Jn Jn 1,13), en nous accueillant les uns les autres et en manifestant ainsi l’amour fraternel.

A l'issue de l'angélus:

Hier matin, nous avons appris avec douleur la nouvelle du grave attentat contre la communauté chrétienne copte accompli à Alexandrie, en Egypte. Ce geste lâche de mort, comme celui de mettre à présent des bombes également près des maisons des chrétiens en Irak, pour les obliger à partir, offense Dieu et l’humanité tout entière, qui précisément hier a prié pour la paix et qui a commencé avec espérance une nouvelle année. Devant cette stratégie de violences, qui a pour objectif les chrétiens et qui a des conséquences sur toute la population, je prie pour les victimes et les familles et j’encourage les communautés ecclésiales à persévérer dans la foi et dans le témoignage de non violence qui nous vient de l’Evangile. Je pense également aux nombreux agents de pastorale tués en 2010 dans différentes parties du monde: à eux également va notre souvenir affectueux devant le Seigneur. Restons unis dans le Christ, notre espérance et notre paix!


Angelus Benoit XVI 310