Angelus Benoit XVI 319

319 La prière de l’Angelus me donne la joie de vous saluer, chers pèlerins francophones! En ce temps de Noël, le Seigneur fait briller sur nous la splendeur de son amour qui dissipe toute ténèbre. Soyons dans la joie en union avec les pays qui célèbrent aujourd’hui l’Epiphanie du Seigneur. Par l’intercession de la Vierge Marie, laissons-nous guider vers son Fils Jésus, lumière née de la lumière! Bon dimanche et bonne année à tous!



SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR


Jeudi 6 janvier 2011




Chers frères et soeurs!

Nous avons célébré dans la Basilique la fête de l'Epiphanie — veuillez excuser mon retard —, Epiphanie signifie manifestation de Jésus à tous les peuples, représentés aujourd’hui par les Mages, qui arrivèrent à Bethléem de l'Orient pour rendre hommage au Roi des Juifs dont ils avaient appris la naissance par l'apparition d'une nouvelle étoile dans le ciel (cf. Mt Mt 2,1-12). En effet, avant l'arrivée des Mages, la connaissance de cet événement avait peu dépassé le cercle familial: outre Marie et Joseph, et probablement d'autres proches, il était connu des pasteurs de Bethléem qui, ayant entendu l'annonce joyeuse, avaient accouru pour voir l'enfant alors qu'il se trouvait encore dans la mangeoire. La venue du Messie, celui qui était attendu par les peuples et que les Prophètes avaient prédit, demeurait ainsi au début caché. Jusqu'à ce que ces mystérieux personnages, les Mages, arrivent précisément à Jérusalem pour demander des nouvelles du «roi des Juifs», né depuis peu. Evidemment, s'agissant d'un roi, ils se rendirent au palais royal où résidait Hérode. Mais celui-ci ne savait rien de cette naissance et, très préoccupé, il convoqua immédiatement les prêtres et les scribes qui, sur la base de la célèbre prophétie de Michée (cf. 5, 1), affirmèrent que le Messie devait naître à Bethléem. Et en effet, repartis dans cette direction, les Mages virent de nouveau l'étoile qui les guida jusqu'au lieu où se trouvait Jésus. Une fois entrés, ils se prosternèrent et l'adorèrent, lui offrant des dons symboliques: de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Voilà l'épiphanie, la manifestation: la venue et l'adoration des Mages est le premier signe de l'identité singulière du fils de Dieu qui est aussi l'enfant de la Vierge Marie. Dès lors commença à se diffuser la question qui accompagnera toute la vie du Christ et qui, de diverses manières, traverse les siècles: qui est ce Jésus?

Chers amis, c'est la question que l'Eglise veut susciter dans le coeur de tous les hommes: qui est Jésus? C'est le souci spirituel qui pousse la mission de l'Eglise: faire connaître Jésus, son Evangile, pour que chaque homme puisse découvrir sur son visage humain le visage de Dieu, et être éclairé par son mystère d'amour. L'Epiphanie préannonce l'ouverture universelle de l'Eglise, son appel à évangéliser tous les peuples. Mais l'Epiphanie nous dit aussi de quelle manière l'Eglise réalise cette mission: en reflétant la lumière du Christ et en annonçant sa Parole. Les chrétiens sont appelés à imiter le service que rendit l'étoile aux Mages. Nous devons resplendir comme des enfants de lumière, pour attirer le monde à la beauté du Royaume de Dieu. Et à tous ceux qui cherchent la vérité, nous devons offrir la Parole de Dieu qui conduit à reconnaître Jésus «le Dieu véritable et la Vie éternelle» (1Jn 5,20).

Encore une fois, nous ressentons en nous une profonde reconnaissance pour Marie, la Mère de Jésus. Elle est l'image parfaite de l'Eglise qui donne au monde la lumière du Christ: elle est l'Etoile de l'évangélisation. Respice Stellam, nous dit saint Bernard: regarde l'Etoile, toi qui cherches la vérité et la paix; tourne ton regard vers Marie et Elle te montrera Jésus, lumière pour chaque homme et pour tous les peuples.

A l'issue de l'angélus:

J'adresse de tout coeur mon salut et mes voeux les plus fervents aux frères et soeurs des Eglises orientales qui célèbreront Noël demain. Que la bonté de Dieu, apparue en Jésus Christ, Verbe incarné, renforce en tous la foi, l'espérance et la charité et apporte réconfort aux communautés éprouvées.

Je rappelle ensuite que l'Epiphanie est la Journée missionnaire des enfants, proposée par l'OEuvre pontificale de la sainte enfance. Nombreux sont les enfants et les jeunes, dans les paroisses et dans les écoles, qui forment un réseau spirituel et de solidarité pour aider les jeunes de leur âge en difficulté. Il est très beau et important que les enfants grandissent avec une mentalité ouverte au monde, avec des sentiments d'amour et de fraternité, dépassant l'égocentrisme et le consumérisme. Chers enfants et chers jeunes, par votre prière et votre engagement, vous collaborez à la mission de l'Eglise. Je vous remercie pour cela et je vous bénis!
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320 Je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins de langue française! En la solennité de l'Epiphanie, nous contemplons le Verbe Incarné comme notre Sauveur et notre Roi. Rendons-lui grâce pour les signes de sa présence et les marques de sa grâce dans nos vies, et marchons allègrement vers la claire vision de sa splendeur éternelle. Que la Vierge Marie, sa Mère, nous y accompagne! Bonne fête à tous!



FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR


Dimanche 9 janvier 2011

Chers frères et soeurs!

L'Eglise célèbre aujourd'hui le Baptême du Seigneur, fête qui conclut le temps liturgique de Noël. Ce mystère de la vie du Christ montre visiblement que sa venue dans la chair est l'acte sublime d'amour des Trois Personnes divines. Nous pouvons dire qu'à partir de cet événement solennel, l'action créatrice, rédemptrice et sanctificatrice de la Très Sainte Trinité, sera toujours plus manifeste dans la mission publique de Jésus, dans son enseignement, dans ses miracles, dans sa passion, sa mort et sa résurrection. Nous lisons en effet dans l'Evangile selon saint Matthieu que «dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour”» (3, 16-17). L'Esprit Saint «demeure» sur le Fils et témoigne de sa divinité, alors que la voix du Père, venant des cieux, exprime la communion d'amour. «Dans la conclusion de la scène du baptême, il nous est dit que Jésus a reçu la véritable “onction”, qu'Il est l'Oint attendu » (Benoît XVI, Jésus de Nazareth ,Flammarion, 2007, p. 45), ce qui confirme la prophétie d'Isaïe: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j'ai mis toute ma joie» (Is 42,1). C'est vraiment le Messie, le Fils du Très-Haut qui, en sortant des eaux du Jourdain, institue la régénération dans l'Esprit et ouvre à ceux qui le veulent la possibilité de devenir fils de Dieu. Ce n'est pas en effet par hasard que chaque baptisé acquiert le «caractère » de fils à partir du nom de chrétien, signe indubitable que l'Esprit Saint fait naître «de nouveau» l'homme du sein de l'Eglise. Le bienheureux Antonio Rosmini affirme que «le baptisé subit une opération secrète mais très puissante par laquelle il est élevé à l'ordre surnaturel, il est mis en communication avec Dieu» (Du principe suprême de la Méthode, [Del principio supremo della metodica], Turin 1857, n. 331). Tout cela s'est réalisé à nouveau ce matin, au cours de la célébration eucharistique, dans la chapelle Sixtine, où j'ai conféré le sacrement du baptême à 21 nouveau-nés.

Chers amis, le baptême est le début de la vie spirituelle, qui trouve sa plénitude grâce à l'Eglise. A l'heure propice du sacrement, alors que la communauté ecclésiale prie et confie à Dieu un nouvel enfant, les parents et les parrains s'engagent à accueillir le nouveau-baptisé en le soutenant dans la formation et dans l'éducation chrétienne. Et c'est une grande responsabilité, qui découle d'un grand don! C'est pourquoi je désire encourager tous les fidèles à redécouvrir la beauté d'être baptisés et à donner un joyeux témoignage de leur foi, afin qu'elle porte des fruits de bien et de concorde.

Nous le demandons par l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie, Auxiliaire des chrétiens, à laquelle nous confions les parents qui se préparent au baptême de leurs enfants, ainsi que les catéchistes. Que toute la communauté participe à la joie de la renaissance de l'eau et de l'Esprit Saint!

A l'issue de l'angélus:

Dans le cadre de cette prière mariale, je désire adresser mon souvenir particulier à la population d’Haïti, un an après le terrible tremblement de terre qui a hélas été suivi par une terrible épidémie de choléra. Le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor Unum, se rend aujourd'hui dans l'île des Caraïbes pour exprimer ma proximité constante et celle de toute l'Eglise.

Je salue le groupe des parlementaires italiens ici présents et je les remercie de leur engagement, partagé avec leurs autres collègues, en faveur de la liberté religieuse. Avec eux, je salue aussi les fidèles coptes ici présents auxquels je redis ma proximité.

321 Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones! Le Baptême du Seigneur que nous célébrons aujourd'hui clôt le cycle de Noël et nous introduit dans le temps ordinaire. Nous revivons notre propre naissance en Jésus Christ qui fait de nous ses frères, et nous comble de l'amour de son Père. Ouvrons nos coeurs au souffle de l'Esprit Saint pour rester fidèles à notre vocation de fils de Dieu. Que la Vierge Marie intercède pour nous! Bon dimanche à tous!



Dimanche 16 janvier 2011

Chers frères et soeurs!

On célèbre ce dimanche la Journée mondiale du migrant et du réfugié qui est une invitation chaque année à réfléchir sur l'expérience de tant d'hommes et de femmes, et de tant de familles, qui quittent leur pays à la recherche de meilleures conditions de vie. Cette migration est parfois volontaire, d’autres fois malheureusement forcée par les guerres ou les persécutions, et se déroule souvent — comme nous le savons — dans des conditions dramatiques. C'est pour cette raison que fut fondé, il y a 60 ans, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Le jour de la fête de la Sainte Famille, juste après Noël, nous avons rappelé que les parents de Jésus aussi furent contraints de fuir leur pays et de se réfugier en Egypte pour sauver la vie de leur enfant: le Messie, le Fils de Dieu, a été un réfugié. Depuis toujours l'Eglise vit en son sein l'expérience de la migration. Les chrétiens sont parfois malheureusement contraints de quitter, dans la souffrance, leur terre, appauvrissant ainsi les pays dans lesquels ont vécu leurs ancêtres. D'autre part, les déplacements volontaires des chrétiens, pour diverses raisons, d'une ville à l'autre, d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre, sont une occasion pour faire croître le dynamisme missionnaire de la Parole de Dieu et font que le témoignage de la foi circule davantage dans le Corps mystique du Christ, traversant les peuples et les cultures, atteignant de nouvelles frontières, de nouveaux milieux.

«Une seule famille humaine»: tel est le thème du Message que j'ai envoyé pour cette Journée. Un thème qui indique l'objectif, le but du grand voyage de l'humanité à travers les siècles: former une unique famille, naturellement avec toutes les différences qui l'enrichissent, mais sans barrières, en nous reconnaissant tous frères. Le Concile Vatican II affirme: «Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre» (Décl. Nostra aetate NAE 1). L'Eglise — dit encore le Concile — «est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain» (Const. Lumen gentium LG 1). C’est pourquoi il est fondamental que les chrétiens, même s'ils sont dispersés à travers le monde entier et, par conséquent, différents de par leur culture et leurs traditions, soient un, comme le veut le Seigneur. C'est le but de la «Semaine de prière pour l'unité des chrétiens», qui aura lieu dans les prochains jours, du 18 au 25 janvier. Elle s'inspire cette année d'un passage des Actes des Apôtres: «Unis dans l'enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière» (Ac 2,42). L'octave pour l'unité des chrétiens est précédée, demain, par la Journée du dialogue judéo-chrétien: un rapprochement très significatif, qui rappelle l'importance des racines communes qui unissent juifs et chrétiens.

En nous adressant à la Vierge Marie à travers la prière de l'Angélus, confions à sa protection tous les migrants et ceux qui s'engagent dans un travail pastoral parmi eux. Que Marie, Mère de l'Eglise, nous obtienne par ailleurs d'avancer sur le chemin de la pleine communion de tous les disciples du Christ.

A l'issue de l'angélus:

Chers frères et soeurs, comme vous le savez, le 1er mai prochain j'aurai la joie de proclamer bienheureux le vénérable Pape Jean-Paul II, mon bien-aimé prédécesseur. La date choisie est très significative: ce sera en effet le deuxième dimanche de Pâques, qu'il a lui-même dédié à la Divine Miséricorde, et c'est lors de la vigile du Dimanche de la Miséricorde qu'a pris fin sa vie terrestre. Ceux qui l'ont connu, ceux qui l'ont estimé et aimé ne pourront pas ne pas se réjouir avec l'Eglise pour cet événement. Nous sommes heureux!

Je désire assurer de mon souvenir particulier dans la prière les populations de l'Australie, du Brésil, des Philippines et du Sri Lanka, récemment frappées par des inondations dévastatrices. Que le Seigneur accueille les âmes des défunts, donne la force aux personnes déplacées et soutienne l'engagement de ceux qui se prodiguent pour soulager les souffrances et les difficultés.
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322 Chers pèlerins francophones, mardi s'ouvrira la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. N'ayons pas peur d'être ensemble «Unis dans l'enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière». Puisse l'Esprit-Saint ouvrir les coeurs et donner à son Eglise le don de l'unité! L'Evangile de ce jour nous invite à rendre témoignage et à accueillir le Christ parmi nous. Il est celui qui nous accompagne avec tendresse. A l'exemple de la Vierge Marie soyons vigilants dans la prière! Bon dimanche et bonne semaine à tous!



Dimanche 23 janvier 2011



Chers frères et soeurs!

Ces jours-ci, du 18 au 25 janvier, se déroule la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Cette année, elle a pour thème un passage du livre des Actes des Apôtres, qui résume en quelques mots la vie de la première communauté ecclésiale de Jérusalem: «Unis dans l'enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière» (Ac 2,42). Il est très significatif que ce thème ait été proposé par les Eglises et les Communautés chrétiennes de Jérusalem, réunies dans un esprit oecuménique. Nous savons combien d'épreuves doivent affronter nos frères et soeurs de Terre Sainte, et du Moyen-Orient. Leur service est donc encore plus précieux, reposant sur un témoignage qui, dans certains cas, est allé jusqu'au sacrifice de la vie. C'est pourquoi, alors que nous accueillons avec joie les pistes de réflexion offertes par les communautés qui vivent à Jérusalem, nous nous rassemblons autour d'elles et cela devient pour tous un nouveau facteur de communion.

Aujourd'hui aussi, pour être dans le monde un signe et un instrument de l'union intime avec Dieu et d'union entre les hommes, nous, chrétiens, nous devons fonder notre vie sur ces quatre «piliers»: la vie fondée sur la foi des apôtres transmise dans la Tradition vivante de l’Eglise, la communion fraternelle, l'Eucharistie et la prière. Ce n'est qu'ainsi, en restant solidement unie au Christ, que l'Eglise peut accomplir efficacement sa mission, en dépit des limites et des manques de ses membres, en dépit des divisions, que l'Apôtre Paul a déjà dû affronter dans la communauté de Corinthe, comme il le rappelle dans la seconde lecture biblique de ce dimanche, où il dit: «Je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus-Christ à être tous vraiment d'accord; qu'il n'y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et de sentiments» (1, 10). En effet, l'apôtre avait su que des discordes et des divisions étaient nées dans la communauté chrétienne de Corinthe; c'est pourquoi, avec une grande fermeté, il ajoute: «Le Christ est-il donc divisé?» (1, 13). En parlant ainsi, il affirme que toute division dans l'Eglise est une offense au Christ; et en même temps, que c'est toujours en Lui, l'unique Chef et Seigneur, que nous pouvons nous retrouver unis, par la force inépuisable de sa grâce.

Voilà, alors, le rappel toujours actuel de l'Evangile d'aujourd'hui: «Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche» (Mt 4,17). Un sérieux engagement de conversion au Christ est la voie qui conduit l'Eglise, selon les temps que Dieu décide, à l'unité pleine et visible. Les rencontres oecuméniques qui se multiplient dans le monde entier ces jours-ci en sont un signe. Ici, à Rome, non seulement il y a la présence de nombreuses délégations oecuméniques, mais demain commencera une session de rencontre de la Commission pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et les Antiques Eglises orientales. Et après-demain, nous conclurons la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens par la célébration solennelle des vêpres en la fête de la Conversion de saint Paul. Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, nous accompagne toujours sur ce chemin.

A l’issue de l'Angélus:

Chers pèlerins francophones, soyez les bienvenus pour la prière de l'Angélus. Je suis particulièrement heureux de saluer les responsables de la Communauté de Sant 'Egidio, venant notamment d'Afrique et d'Amérique latine, dont les membres oeuvrent avec courage pour l'annonce de l'Evangile. Mardi prochain, fête de la conversion de saint Paul, s'achèvera la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Nous sommes invités, à la suite de l'enseignement de saint Paul, à abandonner le scandale de nos divisions et à porter à tous le message du Christ Ressuscité. Prions Dieu de hâter le jour où son Eglise sera pleinement réunie. Que la Vierge Marie nous guide sur les chemins de l'unité! Avec ma Bénédiction Apostolique!

Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne semaine.



323
Place Saint-Pierre

Dimanche 30 janvier 2011


Chers frères et soeurs!

En ce quatrième dimanche du temps ordinaire, l'Evangile présente le premier grand discours que le Seigneur adresse à la foule sur les douces collines qui entourent le lac de Galilée «Voyant les foules — écrit saint Matthieu —, Jésus gravit la montagne: quand il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et prenant la parole, il les enseignait» (Mt 5,1-2). Jésus, nouveau Moïse, «prend place sur la “chaire” de la montagne» (Jésus de Nazareth) et proclame «bienheureux » les pauvres en esprit, les affligés, les miséricordieux, ceux qui ont faim de justice, les coeurs purs, les persécutés (cf. Mt Mt 5,3-10). Il ne s'agit pas d'une nouvelle idéologie, mais d'un enseignement qui vient d'en haut et touche la condition humaine, celle, justement, que le Seigneur a voulu assumer en s'incarnant pour la sauver. C'est pourquoi «le Discours sur la montagne est adressé à tout le monde, dans le présent et dans l'avenir... et ne peut être compris et vécu qu'à la suite de Jésus, en marchant avec Lui» (Jésus de Nazareth ). Les Béatitudes sont un nouveau programme de vie pour se libérer des fausses valeurs du monde et s'ouvrir aux biens véritables, présents et futurs. Quand, en effet, Dieu console, rassasie la faim de justice, essuie les larmes des affligés, cela signifie que, en plus de récompenser chacun de manière sensible, il ouvre le Royaume des Cieux. «Les Béatitudes sont la transposition de la croix et de la résurrection dans l'existence des disciples» (ibid.). Elles reflètent la vie du Fils de Dieu qui se laisse persécuter, mépriser jusqu'à la condamnation à mort, afin que le salut soit donné aux hommes.

Un ancien ermite affirme: «Les Béatitudes sont des dons de Dieu, et nous devons rendre abondamment grâces pour elles et pour les récompenses qui en dérivent, c'est-à-dire le Royaume des Cieux dans le siècle à venir, la consolation ici-bas, la plénitude de tout bien et la miséricorde de la part de Dieu... une fois devenus des images du Christ sur la terre » (Pierre de Damas, in Philocalie, vol. 3, Turin 1985, p. 79). L'Evangile des Béatitudes s'explique par l'histoire même de l'Eglise, l'histoire de la sainteté chrétienne, parce que — comme l'écrit saint Paul — «ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est» (1Co 1,27-28). C'est pourquoi l'Eglise ne craint pas la pauvreté, le mépris, la persécution dans une société souvent attirée par le bien-être matériel et par le pouvoir du monde. Saint Augustin nous rappelle qu'il «n'est pas utile de souffrir de ces maux», mais qu'il faut «les supporter pour le nom de Jésus, non seulement avec une âme sereine, mais aussi avec joie» (De sermone Domini in monte, I, 5, 13: CCL 35, 13).

Chers frères et soeurs, invoquons la Vierge Marie, la Bienheureuse par excellence, en lui demandant la force de chercher le Seigneur (cf. So So 2,3) et de le suivre toujours, avec joie, sur le chemin des Béatitudes.

A l'issue de l'Angélus:

Nous célébrons en ce dimanche la «Journée mondiale des malades de la lèpre», promue dans les années 1950 du siècle dernier par Raoul Follereau et reconnue officiellement par l'ONU. La lèpre, tout en étant en recul, touche malheureusement encore beaucoup de personnes en situation de grande pauvreté. J'assure à tous les malades une prière spéciale, que j'étends à ceux qui les assistent et, de diverses manières, s'engagent pour vaincre la maladie de Hansen. Je salue en particulier l'Association italienne des amis de Raoul Follereau qui fête 50 ans d'activité.

Au cours des jours prochains, dans plusieurs pays d'Extrême-Orient, sera célébré le nouvel an lunaire avec joie, particulièrement dans l'intimité des familles. A tous ces grands peuples, je souhaite de tout coeur sérénité et prospérité.

Nous fêtons aussi aujourd'hui la «Journée internationale d'intercession pour la paix en Terre Sainte». Je m'associe au patriarcat latin de Jérusalem et au custode de Terre Sainte pour inviter tout le monde à prier le Seigneur afin qu'il fasse converger les esprits vers des projets concrets de paix.

324 Je suis heureux d'adresser un chaleureux salut aux jeunes de l'Action catholique du diocèse de Rome guidés par le cardinal vicaire Agostino Vallini. Chers jeunes, cette année encore, vous êtes venus nombreux, au terme de votre «Caravane de la Paix» dont le thème était: «Nous comptons sur la paix!». Ecoutons maintenant le message que vos amis, ici à mes côtés, nous liront.

Je salue les pèlerins francophones et plus particulièrement les Scouts Unitaires de France, qui célèbrent cette année leur quarantième anniversaire. Que la marche-relais, que vous entreprenez à la suite du Christ, soit pour vous une source de bonheur et de joie. Vous pourrez ensuite en partager les fruits, notamment lors des prochaines Journées mondiales de la jeunesse, à Madrid, où j'invite tous les jeunes francophones à venir très nombreux m'y rejoindre. Que Marie soit notre guide sur les sentiers qui nous conduisent à vivre en vérité les Béatitudes! Bon dimanche et bonne semaine à tous!

Et maintenant, avec les jeunes de l'Action catholique, relâchons les colombes, symbole de paix.



Place Saint-Pierre

Dimanche 6 février 2011



Chers frères et soeurs!

Dans l'Evangile de ce dimanche, le Seigneur Jésus dit à ses disciples: «Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde» (Mt 5,13 Mt 5,14). Grâce à ces images riches de signification, Il veut leur transmettre le sens de leur mission et de leur témoignage. Le sel, dans la culture du Moyen-Orient, évoque différentes valeurs telles que l'alliance, la solidarité, la vie et la sagesse. La lumière est la première oeuvre de Dieu Créateur, et elle est source de vie; la Parole de Dieu elle-même est comparée à la lumière, comme le proclame le psalmiste: «Ta Parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route» (Ps 119,105). Et, toujours dans la liturgie d'aujourd'hui, le prophète Isaïe dit: «Si tu te prives pour l'affamé et si tu rassasies l'opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et l'obscurité sera pour toi comme le milieu du jour» (58, 10). La sagesse résume en elle les effets bienfaisants du sel et de la lumière: en effet, les disciples du Seigneur sont appelés à donner une «saveur » nouvelle au monde, et à le préserver de la corruption, avec la sagesse de Dieu, qui resplendit pleinement sur le visage de son Fils, parce que Lui est la «lumière véritable qui éclaire tout homme» (Jn 1,9). Unis à Lui, les chrétiens peuvent diffuser au milieu des ténèbres de l'indifférence et de l'égoïsme, la lumière de l'amour de Dieu, vraie sagesse qui donne du sens à l'existence, et à l'action des hommes.

Le 11 février prochain, mémoire de la Bienheureuse Vierge de Lourdes, nous célébrerons la Journée mondiale du malade. Elle est une occasion propice pour réfléchir, pour prier et pour accroître la sensibilité des communautés ecclésiales et de la société civile, envers nos frères et soeurs malades. Dans mon Message pour cette Journée, inspiré par une expression de la Première lettre de Pierre : «Par ses blessures vous avez été guéris» (2, 24), je vous invite tous à contempler Jésus, le Fils de Dieu, qui a souffert, est mort, mais est ressuscité. Dieu s'oppose radicalement à la tyrannie du mal. Le Seigneur prend soin de l'homme en toute situation, partage sa souffrance, et ouvre son coeur à l'espérance. C'est pourquoi j'exhorte tous les professionnels de la santé à reconnaître dans le malade non seulement un corps marqué par la fragilité, mais avant tout une personne, à laquelle donner toute sa solidarité et offrir des réponses adéquates et compétentes. Dans ce contexte, je rappelle en outre que l’on célèbre aujourd'hui en Italie «la Journée pour la vie». Je souhaite que tous s'engagent pour faire croître la culture de la vie, pour placer au centre de toute chose, en toute circonstance, la valeur de l'être humain. Selon la foi et la raison, on ne peut réduire la dignité de la personne à ses facultés ou aux capacités qu'elle peut manifester, et par conséquent, celle-ci est toujours présente lorsque la personne elle-même est faible, invalide et a besoin d'aide.

Chers frères et soeurs, invoquons l'intercession maternelle de la Vierge Marie, afin que les parents, les grands-parents, les enseignants, les prêtres et ceux qui sont engagés dans l'éducation puissent former les jeunes générations à la sagesse du coeur, afin qu'elles atteignent la plénitude de la vie.


A l'issue de l'Angelus

325 Ces jours-ci, je suis avec attention la situation délicate de la chère nation égyptienne. Je demande à Dieu que cette Terre, bénie par la présence de la sainte Famille, retrouve la tranquillité et la coexistence pacifique dans l'engagement partagé pour le bien commun.

J'adresse une salutation cordiale aux délégations des Facultés de médecine et de chirurgie des universités de Rome, accompagnées par le cardinal-vicaire, à l'occasion du congrès promu par les services de gynécologie et d'obstétrique sur le thème de l'assistance médicale pendant la grossesse. Quand la recherche scientifique et technologique est guidée par d'authentiques valeurs éthiques on peut trouver des solutions adaptées pour l'accueil de la vie naissante et la promotion de la maternité. Puissent les nouvelles générations de professionnels de la santé être porteuses d'une culture renouvelée de la vie.

Je salue cordialement les pèlerins francophones. Dans l’Evangile de ce dimanche, le Christ affirme que nous sommes «la lumière du monde». Puissions-nous accueillir son message comme un appel et une mission qu’il nous confie aujourd’hui! Alors que nous venons de célébrer cette semaine la fête de la Présentation de Jésus au Temple qui est aussi la Fête de la Vie consacrée, je vous invite à prier et à rendre grâce pour toutes les personnes consacrées. Leur place essentielle dans l’Eglise témoigne que l’amour du Christ peut combler la vie humaine, et stimuler les chrétiens à marcher dans la joie vers la sainteté. Que la Vierge Marie nous accompagne sur ce chemin! Bon séjour à tous!

Je souhaite à tous un bon dimanche!



Dimanche 13 février 2011

13021 Chers frères et soeurs!

La lecture du «Discours sur la montagne» de Jésus se poursuit dans la liturgie de ce dimanche qui occupe les chapitres 5, 6 et 7 de l'Evangile de Matthieu. Après les «Béatitudes», qui sont son programme de vie, Jésus proclame la loi nouvelle, sa Torah comme l'appellent nos frères juifs. En effet, le Messie, avec sa venue, aurait dû apporter aussi avec lui la révélation définitive de la Loi, et c'est justement ce que Jésus déclare: «N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir mais accomplir». Et, s'adressant à ses disciples, il ajoute: «Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux» (
Mt 5,17 Mt 5,20). Mais en quoi consiste cette «plénitude» de la Loi du Christ, et cette justice «supérieure» qu'il exige?

Jésus l'explique à travers une série d'antithèses entre les anciens commandements et sa manière de les reproposer. Il commence chaque fois par: «Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres...», et affirme ensuite: «Moi je vous dis...». Par exemple: «Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres: Tu ne tueras point; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien, moi je vous dis: Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal» (Mt 5,21-22). Et cela par six fois. Cette manière de parler suscitait une grande impression sur la foule, qui était effrayée parce que ce «moi, je vous dis» revenait à revendiquer pour soi l'autorité de Dieu, source de la Loi. La nouveauté de Jésus consiste, essentiellement, dans le fait qu'il «remplit» lui-même les commandements par l'amour de Dieu, par la force de l'Esprit Saint qui habite en Lui. Et nous, à travers la foi dans le Christ, nous pouvons nous ouvrir à l'action de l'Esprit Saint qui nous rend capable de vivre l'amour divin. C'est pourquoi chaque précepte devient vrai comme exigence d'amour, et tous se rejoignent en un seul commandement: aime Dieu de tout ton coeur et aime ton prochain comme toi-même. «La charité est donc la Loi dans sa plénitude», écrit saint Paul (Rm 13,10). Face à cette exigence, par exemple, le triste cas des quatre enfants Roms, morts la semaine dernière à la périphérie de cette ville, dans l'incendie de leur baraquement, nous oblige à nous demander si une société plus solidaire et fraternelle, plus cohérente dans l'amour, c'est-à-dire plus chrétienne, n'aurait pas pu éviter cet événement tragique. Et cette question vaut pour toutes les autres circonstances douloureuses, plus ou moins connues, qui se produisent quotidiennement dans nos villes et dans nos pays.

Chers amis, ce n'est peut-être pas un hasard si la première grande prédication de Jésus s'appelle «Discours sur la montagne»! Moïse monta sur le Mont Sinaï pour recevoir la Loi de Dieu et l'apporter au peuple élu. Jésus est le Fils même de Dieu qui est descendu du Ciel pour nous apporter au Ciel, à la hauteur de Dieu, sur le chemin de l'amour. Plus encore, il est lui-même ce chemin: nous n'avons rien d'autre à faire que de le suivre, pour mettre en pratique la volonté de Dieu et entrer dans son Royaume, dans la vie éternelle. Une seule créature est déjà arrivée au sommet de la montagne: la Vierge Marie. Grâce à l'union avec Jésus, sa justice est parfaite: c'est pourquoi nous l'invoquons comme Speculum iustitiae. Confions-nous à elle, pour qu'elle guide aussi nos pas dans la fidélité à la Loi du Christ.

A l'issue de l'Angélus:

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les formateurs et les élèves du Collège Charles-Péguy de Paris! Vendredi dernier, nous avons célébré la Journée mondiale du malade. Je vous invite à être des promoteurs d’une civilisation qui aime la vie, la respecte et la protège selon la volonté du Créateur. Puissiez-vous préserver non seulement la santé de vos corps mais aussi celle de vos âmes! Avec ferveur, invoquons la Vierge Marie, Notre-Dame de Lourdes, pour les malades du monde entier et pour le personnel soignant qui les assiste! Bon dimanche et bon pèlerinage à tous!



Place Saint-Pierre

Dimanche 20 février 2011


Angelus Benoit XVI 319