Angelus Benoit XVI 367


VOYAGE APOSTOLIQUE AU BÉNIN

18-20 NOVEMBRE 2011



Stade de l'Amitié, Cotonou

Dimanche 20 novembre 2011




Chers frères et soeurs,

368 Au terme de cette solennelle célébration eucharistique, unis par le Christ, nous nous tournons avec confiance vers sa Mère, pour prier l’Angélus. Après vous avoir remis l’Exhortation apostolique Africae Munus, je désire confier à la Vierge Marie, Notre Dame d’Afrique, la nouvelle étape qui s’ouvre pour l’Église sur ce continent, afin qu’elle accompagne l’avenir de l’évangélisation de l’Afrique tout entière, et particulièrement celle de cette terre du Bénin.

Marie a accepté joyeusement l’invitation du Seigneur à devenir la Mère de Jésus. Qu’elle nous entraîne à répondre à la mission que Dieu nous confie aujourd’hui ! Marie est cette femme de notre terre qui a reçu le privilège d’enfanter le Sauveur du monde. Qui mieux qu’elle sait la valeur et la beauté de la vie humaine ? Que jamais ne cesse notre émerveillement devant le cadeau de la vie ! Qui mieux qu’elle sait nos besoins d’hommes et de femmes encore en pèlerinage sur la terre ? Au pied de la Croix, unie à son Fils crucifié, elle est la Mère de l’espérance. Cette espérance nous permet d’assumer le quotidien avec la force que donne la vérité manifestée par Jésus.

Chers frères et soeurs d’Afrique, terre hospitalière pour la Sainte Famille, continuez à cultiver les valeurs familiales chrétiennes. Alors que tant de familles sont séparées, exilées, endeuillées par des conflits sans fin, soyez les artisans de la réconciliation et de l’espérance. Avec Marie, la Vierge du Magnificat, puissiez-vous toujours demeurer dans la joie. Que cette joie soit au coeur de vos familles et de vos pays !

Avec les paroles de l’Angélus, tournons-nous maintenant vers notre Mère bien-aimée. Confions-lui les intentions que nous portons dans nos coeurs, et prions-la pour l’Afrique et le monde entier.






II Dimanche de l'Avent, 4 décembre 2011





Chers frères et soeurs,

Ce dimanche marque la deuxième étape du Temps de l’Avent. Cette période de l’année liturgique met en relief les deux figures qui ont eu un rôle de première importance dans la préparation de la venue du Seigneur Jésus: la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste. Aujourd’hui, le texte de l’Evangile de Marc se concentre précisément sur celui-ci. Il décrit en effet la personnalité et la mission du Précurseur du Christ (cf. Mc
Mc 1,2-8). En commençant par son aspect extérieur, Jean est présenté comme une figure très ascétique: vêtu d’une peau de chameau, il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage, qu’il trouve dans le désert de Judée (cf. Mc Mc 1,6). Une fois, Jésus lui-même le mit en opposition avec ceux qui «sont dans les palais des rois» et sont «vêtus d’habits luxueux» (Mt 11,8). Le style de Jean-Baptiste devrait rappeler à tous les chrétiens de choisir comme style de vie la sobriété, en particulier pendant la préparation à la fête de Noël où le Seigneur — comme le dirait saint Paul — «de riche qu’il était s’est fait pauvre pour vous, afin que vous deveniez riches grâce à sa pauvreté» (2Co 8,9).

Pour ce qui est de la mission de Jean, elle a été un appel extraordinaire à la conversion: son baptême «est lié à un appel enflammé pour un nouveau mode de pensée et d’action, lié surtout à l’annonce du jugement de Dieu» (Jésus de Nazareth, I, Paris, 2007, p. 34) et à l’imminente apparition du Messie, défini comme «celui qui est plus fort que moi» et qui «baptisera dans l’Esprit Saint» (Mc 1,7 Mc 1,8). L’appel de Jean va donc au-delà de la sobriété du style de vie, et plus en profondeur: il appelle à un changement intérieur, à partir de la reconnaissance et de la confession du péché personnel. Alors que nous nous préparons à Noël, il est important que nous rentrions en nous-mêmes, et que nous fassions sincèrement une révision de vie. Laissons-nous éclairer par un rayon de la lumière qui vient de Bethléem, la lumière de celui qui est «le plus Grand» et qui s’est fait petit, «le plus Fort», et qui s’est fait faible.

Les quatre évangélistes décrivent la prédication de Jean-Baptiste en faisant référence à un passage du prophète Isaïe: «Une voix crie: Préparez dans le désert une voie pour le Seigneur, aplanissez dans la steppe une route pour notre Dieu» (Is 40,3). Marc insère également une citation d’un autre prophète, Malachie, qui dit: «Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer la route» (Mc 1,2 cf. Ml Ml 3,1). Ces renvois aux Ecritures de l’Ancien Testament «parlent de l’intervention salvifique de Dieu qui sort de son silence pour juger et sauver. C’est à lui qu’il faut ouvrir la porte, c’est pour lui qu’il faut préparer le chemin» (Jésus de Nazareth 1P 34).

369 Nous confions notre chemin à la rencontre du Seigneur qui vient, à l’intercession maternelle de Marie, la Vierge de l’attente, alors que nous poursuivons notre itinéraire de l’Avent, pour préparer dans notre coeur et dans notre vie la venue de l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous.

A l’issue de l’Angelus

On célébrera ces prochains jours, à Genève et dans d’autres villes, le 60e anniversaire de l’institution de l’Organisation mondiale pour les migrations, le 60e anniversaire de la Convention sur le statut des réfugiés et le 50e anniversaire de la Convention sur la réduction des cas d'apatridie. Je confie au Seigneur ceux qui, souvent contre leur gré, doivent quitter leur pays ou sont dépourvus de nationalité. J’encourage la solidarité à leur égard, et je prie pour tous ceux qui se prodiguent pour protéger et assister ces frères qui se trouvent dans des situations d’urgence, en s’exposant également à de graves difficultés et dangers.

Chers pèlerins francophones, la prière de l’Angelus me donne la joie de vous accueillir. A la suite de Jean-Baptiste, n’ayons pas peur de vivre dans l’espérance. Dans notre monde traversé par l’incertitude et la violence, que ce temps de l’Avent et de l’attente de la venue du Prince de la Paix, nous donne de méditer la Parole de Dieu. Evitons de nous endormir et préparons avec détermination le chemin du Seigneur, source de paix et de joie, d’amour et d’espérance, qui vient sans cesse consoler son peuple. Avec la Vierge Marie, soyons les messagers impatients de l’espérance dont notre monde a tant besoin! Bonne et sainte préparation à la fête de Noël!



SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION


Jeudi 8 décembre 2011





Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui l’Eglise célèbre solennellement la conception immaculée de Marie. Comme le bienheureux Pie IX l’a déclaré dans sa lettre apostolique Innefabilis Deus de 1854, Elle «fut préservée par une grâce et un privilège particulier du Dieu Tout-Puissant, exempte de toute marque du péché originel, en prévision des mérites de Jésus Christ Sauveur du genre humain». Cette vérité de foi est contenue dans les paroles de la salutation que lui a adressée l’archange Gabriel: «Réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec toi» (Lc 1,28). L’expression «pleine de grâce» indique l’oeuvre merveilleuse de l’amour de Dieu, qui a voulu nous redonner la vie et la liberté, perdues avec le péché, grâce à son Fils Unique incarné, mort et ressuscité. C’est pour cela que, depuis le IIe siècle, en Orient et en Occident, l’Eglise invoque et célèbre la Vierge qui, par son «oui», a rapproché le Ciel de la terre, en devenant «Mère de Dieu et nourrice de notre vie», comme l’exprime saint Romain le Mélode dans un cantique ancien (Canticum XXV in Nativitatem B. Mariae Virginis, in J.B. Pitra, Analecta Sacra T. I, Paris 1876, 198). Au VIIe siècle, saint Sophrone de Jérusalem fait l’éloge de la grandeur de Marie parce que l’Eprit Saint a établi sa demeure en Elle et dit: «Tu surpasses tous les dons que la magnificence de Dieu ait jamais répandu sur une personne humaine. Plus que tous, tu es riche par la possession de Dieu qui demeure en toi» (Oratio II, 25 in SS. Deiparae Annuntiationem: PG 87, 3, 3248 AB). Et saint Bède le Vénérable explique: «Marie est bénie entre les femmes, parce que, par l’honneur de la virginité, elle a joui de la grâce d’être la Mère d’un Fils qui est Dieu» (Hom I, 3: CCL 122, 16).

A nous aussi est donnée la «plénitude de la grâce» que nous devons faire resplendir dans notre vie, parce que «le Père de Notre Seigneur Jésus Christ — écrit Saint Paul — nous a bénis de toute bénédiction spirituelle… et il nous a choisis avant la création du monde pour être saints et immaculés… nous prédestinant à être pour lui des fils adoptifs» (Ep 1,3-5). Cette filiation, nous la recevons par l’Eglise, le jour de notre baptême. A ce propos, sainte Hildegarde de Bingen écrit: «L’Eglise est donc la Vierge Mère de tous les chrétiens. Dans la force secrète de l’Esprit Saint, elle les conçoit et elle les met au monde en les offrant à Dieu de façon à ce qu’ils soient aussi appelés enfants de Dieu» (Scivias, visio III, 12: CCL Continuatio Mediaevalis XLIII, 1978, 142). Et enfin, parmi tous les chantres de la beauté spirituelle de la Mère de Dieu, se distingue saint Bernard de Clairvaux, qui affirme que l’invocation «Je vous salue Marie pleine de grâce» «plaît à Dieu, aux anges et aux hommes: aux hommes, grâce à sa maternité, aux anges, grâce à sa virginité, à Dieu, grâce à son humilité» (Sermo XLVII, De Annuntiatione Dominica: SBO VI, 1, Rome 1970, 266).

Chers amis, dans l’attente de rendre hommage, cet après-midi, comme c’est la coutume, à Marie Immaculée, place d’Espagne, adressons maintenant notre fervente prière vers Celle qui intercède auprès de Dieu, afin qu’Elle nous aide à célébrer avec foi la Nativité de notre Seigneur, désormais proche.

370 A l’issue de l’Angélus

Chers amis! J’adresse un salut particulier à l’Académie pontificale de l’Immaculée, avec un souvenir pieux et affectueux pour le regretté cardinal Andrzej Deskur, qui l’a présidée pendant tant d’années. Chers amis, que la Vierge vous assiste toujours, dans chacune de vos activités.

La prière de l’Angelus me donne la joie de saluer les francophones présents ici place Saint-Pierre ou qui nous sont unis par la radio et la télévision. En cette solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, portons notre regard vers la servante du Seigneur, resplendissante de beauté et de pureté. Prenons-la pour modèle. A son exemple demeurons attentifs à Dieu. Vigilants dans la prière, nous serons plus disponibles pour dire notre «Oui» quotidien à son amour. Avec Marie, soyons confiants et remplis de sérénité car le Seigneur vient pour sauver son peuple! Avec ma Bénédiction.




III dimanche de l'Avent «Gaudete», 11 décembre 2011


Chers frères et soeurs,


Les textes liturgiques de cette période de l’Avent sont une invitation renouvelée à vivre dans l’attente de Jésus, à ne pas cesser d’attendre sa venue, afin que nous restions dans une attitude d’ouverture et de disponibilité pour Le rencontrer. La vigilance du coeur, que le chrétien est toujours appelé à exercer dans sa vie quotidienne, caractérise en particulier cette période durant laquelle nous nous préparons avec joie au mystère de Noël (cf. Préface de l’Avent ii). Le climat extérieur propose les habituels messages de type commercial, même si la crise économique les a peut-être fait baisser d’un ton. Le chrétien est invité à vivre l’Avent sans se laisser distraire par les lumières, mais en sachant donner aux choses leur juste valeur, pour fixer le regard intérieur sur le Christ. En effet, si nous persévérons en étant «vigilants dans la prière et heureux de chanter sa louange» (ibid.), nos yeux seront capables de reconnaître en Lui la vraie lumière du monde, qui vient éclaircir nos ténèbres.

En particulier, la liturgie de ce dimanche, appelé «Gaudete», nous invite à la joie, à une vigilance qui n’est pas triste, mais heureuse. «Gaudete in Domino semper» — écrit saint Paul: «Soyez toujours dans la joie du Seigneur» (
Ph 4,4). La vraie joie n’est pas le fruit du divertissement, entendu dans le sens étymologique du terme di-vertere, c’est-à-dire sortir des engagements de sa vie et de ses responsabilités. La vraie joie est liée à quelque chose de plus profond. Certes, dans les rythmes quotidiens, souvent frénétiques, il est important de trouver des espaces de temps pour le repos, la détente, mais la vraie joie est liée à la relation avec Dieu. Qui a rencontré le Christ dans sa vie, éprouve dans son coeur une sérénité et une joie que personne ni aucune situation ne saurait faire disparaître. Saint Augustin l’avait très bien compris: dans sa recherche de la vérité, de la paix, de la joie, après avoir cherché en vain dans de multiples choses, il conclut par la célèbre expression que le coeur de l’homme est inquiet, ne trouve pas de sérénité et de paix tant qu’il ne trouve pas de repos en Dieu (cf. Les Confessions, i, 1, 1). La vraie joie n’est pas un simple état d’âme passager, ni quelque chose que l’on atteint de ses propres forces, mais elle est un don, elle naît de la rencontre avec la personne vivante de Jésus, de la place que nous lui accordons en nous, de l’accueil que nous réservons à l’Esprit Saint qui guide notre vie. C’est l’invitation de l’apôtre Paul, qui dit: «Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu'il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ» (1Th 5,23). En ce temps de l’Avent, fortifions cette certitude que le Seigneur est venu parmi nous et qu’il renouvelle continuellement cette présence de réconfort, d’amour et de joie. Ayons confiance en lui; comme le dit encore saint Augustin, à la lumière de son expérience: le Seigneur est plus proche de nous que nous ne le sommes de nous-mêmes — «interior intimo meo et superior summo meo» (Les Confessions, III, 6, 11).

Confions notre chemin à la Vierge Immaculée, dont l’esprit a exulté en Dieu notre Sauveur. Qu’elle guide nos coeurs dans l’heureuse attente de la venue de Jésus, une attente riche de prières et de bonnes actions.

A l’issue de l’Angélus

371 Chers frères et soeurs, aujourd’hui, mes premières salutations sont réservées aux enfants de Rome, venus pour la traditionnelle bénédiction des «Enfants Jésus», organisée par le Centre des aumôneries de Rome. Merci à vous tous! Chers enfants, quand vous prierez devant votre crèche, pensez aussi à moi, comme moi je pense à vous. Je vous remercie, et Bon Noël!

Je suis heureux de saluer les représentants du Mouvement pour la vie de nombreux pays européens, venus à l’occasion du prix pour la vie «Mère Teresa de Calcutta» remis à la mémoire de Chiara Lubich. Chers amis, en l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, rappelons-nous que le droit à la vie est le premier de tous les droits. Je forme les meilleurs voeux pour votre activité.

Je souhaite par ailleurs inviter les universitaires des facultés de Rome à la célébration des vêpres, en préparation à Noël: le rendez-vous est fixé à jeudi prochain, 15 décembre, en la basilique Saint-Pierre.

Je vous salue cordialement chers pèlerins francophones. En ce troisième dimanche de l’Avent, Dieu nous invite à la joie. Comme Jean-Baptiste, le serviteur humble et le témoin de la lumière divine qui vient nous visiter, nous sommes invités à devenir des enfants de lumière. N’ayons pas peur de rayonner de cette joie profonde qui doit illuminer notre monde. Saint-Paul nous exhorte: «Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance, n’éteignez pas l’Esprit». Avec la Vierge Marie, Notre Dame de la Joie, préparons-nous à accueillir l’Emmanuel, Dieu avec nous! Avec ma Bénédiction apostolique!




IV Dimanche de l'Avent, 18 décembre 2011





Chers frères et soeurs,

En ce quatrième et dernier dimanche de l’Avent, la liturgie nous présente cette année le récit de l’Annonce de l’Ange à Marie. En contemplant l’icône magnifique de la Sainte Vierge, au moment où elle reçoit le message divin et donne sa réponse, nous sommes intérieurement éclairés par la lumière de la vérité qui émane, toujours nouvelle, de ce mystère. Je voudrais m’arrêter brièvement en particulier sur l’importance de la virginité de Marie, et, plus précisément, du fait qu’elle a conçu Jésus tout en demeurant vierge.

Sur la toile de fond de l’événement de Nazareth, il y a la prophétie d’Isaïe. «Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel» (
Is 7,14). Cette promesse ancienne s’est accomplie de façon surabondante dans l’Incarnation du Fils de Dieu. En effet, non seulement la Vierge Marie a conçu, mais elle l’a fait par l’opération du Saint Esprit, c’est-à-dire de Dieu lui-même. L’être humain qui commence à vivre en son sein prend la chair de Marie, mais son existence découle totalement de Dieu. Il est pleinement homme, fait de glaise — pour utiliser le symbole biblique — mais il vient d’en-haut, du Ciel. Le fait que Marie conçoive en restant vierge est donc essentiel pour la connaissance de Jésus et pour notre foi, parce que cela témoigne que l’initiative vient de Dieu et surtout révèle qui a été enfanté. Comme le dit l’Evangile: «C’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1,35). En ce sens, la virginité de Marie et la divinité de Jésus se garantissent réciproquement.

Voilà pourquoi l’unique question que Marie, «toute troublée», fait à l’ange, est si importante: «Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme?» (Lc 1,34). Dans sa simplicité, Marie est pleine de sagesse: elle ne doute pas de la puissance de Dieu, mais elle veut mieux comprendre sa volonté, pour se conformer entièrement à cette volonté. Marie est infiniment dépassée par le mystère, pourtant elle occupe parfaitement la place qui, au centre de celui-ci, lui a été assignée. Son coeur et son esprit sont parfaitement humbles, et, justement en raison de son humilité extraordinaire, Dieu attend le «oui» de cette jeune fille pour réaliser son dessein. Il respecte sa dignité et sa liberté. Le «oui» de Marie engage l’ensemble de sa maternité et de sa virginité, elle désire que tout en elle soit pour la gloire de Dieu, et que le fils qui naîtra d’elle puisse être entièrement don de la grâce.

372 Chers amis, la virginité de Marie est absolument unique et sans pareille; mais sa signification spirituelle concerne chaque chrétien. Sa signification, en substance, est liée à la foi: en effet, celui qui s’en remet profondément à l’amour de Dieu, accueille en lui Jésus, sa vie divine, par l’action du Saint Esprit. C’est cela le mystère de Noël! Je vous souhaite à tous de le vivre avec une joie profonde.

A l’issue de l’Angélus

Chers frères et soeurs,

Hier, à Madrid, vingt-deux missionnaires oblats de Marie Immaculée et un laïc ont été proclamés bienheureux. Ils ont été tués en 1936 pour le seul fait d’avoir été des témoins zélés de l’Evangile. A la joie de leur béatification s’unit l’espérance que leur sacrifice porte encore beaucoup de fruits de conversion et de réconciliation.

Je désire assurer de ma proximité les populations du sud des Philippines touchées par une violente tempête tropicale. Je prie pour les victimes, en grande partie des enfants, pour les sans-abri et les nombreux disparus.

Chers frères et soeurs francophones, en ce dernier dimanche de l’Avent l’Evangile nous invite à contempler la Vierge Marie. Alors que s’approche la fête de Noël beaucoup se demandent comment accueillir dignement le Fils de Dieu qui vient demeurer parmi nous. Comme Marie écoutons et accueillons la Parole, faisons silence et laissons Dieu vivre en nous. Soyons sans crainte, acceptons de nous abandonner avec confiance entre les mains de notre Dieu et avec Marie redisons: «Que tout se passe pour moi selon ta parole»! Que le bruit et l’agitation de la préparation de Noël n’empêchent pas de voir et de comprendre l’essentiel: Dieu vient sauver son peuple! Avec ma Bénédiction apostolique!



FÊTE DE SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR


Lundi 26 décembre 2011



Chers frères et soeurs !

Au lendemain de la liturgie solennelle de la Nativité du Seigneur, nous célébrons aujourd’hui la fête de saint Etienne, diacre et premier martyr de l’Eglise. L’historien Eusèbe de Césarée le définit comme le « parfait martyr » (Die Kirchengeschichte, v, 2, 5 : gcs ii, 1, Leipzig 1903, 430) parce qu’il est écrit dans les Actes des Apôtres : « Etienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple » (6, 8). Saint Grégoire de Nysse commente ainsi : « C’était un homme honnête et plein d’Esprit Saint : avec bonté, il remplissait sa charge de nourrir les pauvres et avec liberté de parole et par la force de l’Esprit Saint, il fermait la bouche aux ennemis de la vérité » (Sermo in Sanctum Stephanum ii : gno x, 1, Leiden 1990, 98). Homme de prière et d’évangélisation, Etienne, dont le nom signifie « couronne » a reçu de Dieu le don du martyre. En effet, « plein d’Esprit Saint (…), il vit la gloire de Dieu » (Ac 7,55) et alors qu’il était lapidé, il priait : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Ac 7,59). Puis, tombé à genoux, il suppliait pour le pardon de ses accusateurs : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7,60). C’est pourquoi l’Eglise orientale chante dans les hymnes : « Les pierres sont devenues pour toi des marches et des échelles pour l’ascension céleste… et tu t’es approché, joyeux, de l’assemblée des anges en fête » (mhnaia t. II, Rome 1889, 694.695).

373 Après la génération des apôtres, les martyrs acquièrent une place de premier plan dans la considération de la communauté chrétienne. Aux temps des grandes persécutions, leur éloge fortifie le chemin difficile des fidèles et encourage ceux qui sont à la recherche de la vérité à se convertir au Seigneur. C’est pourquoi, par une disposition divine, l’Eglise vénère les reliques des martyrs et les honore par des surnoms comme « maîtres de vie », « témoins vivants », « piliers animés », « messagers silencieux » (Grégoire de Nazianze, Oratio 43, 5 : C).

Chers amis, la véritable imitation du Christ, c’est l’amour, que certains écrivains chrétiens ont défini comme « le martyre secret ». A ce propos, saint Clément d’Alexandrie écrit : « Ceux qui mettent en pratique les commandements du Seigneur lui rendent témoignage dans toutes leurs actions, puisqu’ils font ce que lui veut, et qu’ils invoquent fidèlement le nom du Seigneur » (Stromatum iv, 7, 43, 4 :
SC 463, Paris 2001, 130). Comme dans l’antiquité, aujourd’hui aussi l’adhésion sincère à l’Evangile peut requérir le sacrifice de la vie et de nombreux chrétiens dans différentes régions du monde sont exposés à la persécution, et parfois au martyre. Mais le Seigneur nous rappelle que « celui qui aura tenu bon jusqu'au bout sera sauvé » (Mt 10,22).

Nous adressons notre prière à la Très Sainte Vierge Marie, Reine des martyrs, afin de garder intacte notre volonté de faire le bien, surtout à l’égard de ceux qui s’opposent à nous. Aujourd’hui, nous confions en particulier à la miséricorde divine les diacres de l’Eglise, afin qu’éclairés par l’exemple de saint Etienne, ils collaborent, selon la mission qui leur est propre, à la tâche d’évangélisation (cf. Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, 94).



À l'issue de l'Angélus:

Chers frères et soeurs,

Noël nous pousse, de façon encore plus forte, à prier Dieu afin que s’arrête la main des violents qui sèment la mort et que la justice et la paix puissent régner dans le monde. Mais notre terre continue à être irriguée du sang des innocents. J’ai appris avec une profonde tristesse la nouvelle des attentats qui, cette année aussi, le jour de la naissance de Jésus, ont apporté le deuil et la douleur dans plusieurs églises du Nigeria. Je désire manifester à la communauté chrétienne ma proximité sincère et affectueuse, ainsi qu’à tous ceux qui ont été frappés par ce geste absurde et j’invite à prier le Seigneur pour les nombreuses victimes. Je lance un appel afin qu’avec le concours des différentes composantes sociales, on retrouve la sécurité et la sérénité. En cet instant, je veux répéter encore une fois et avec force : la violence est un chemin qui ne conduit qu’à la douleur, à la destruction et à la mort; le respect, la réconciliation et l’amour sont l’unique chemin pour atteindre la paix.
***


Chers pèlerins de langue française, au lendemain de Noël l’Eglise fête le premier témoin du Christ ressuscité. Saint Etienne a vécu, jusqu’à sa mort, le message de salut que le Christ a apporté à notre monde. La naissance du Fils de Dieu nous encourage à témoigner de sa présence au milieu de son peuple même dans l’adversité. Pensons à tous les chrétiens persécutés à travers le monde, qui, suivant l’exemple de ce saint, offrent leur vie à cause de leur foi. Le Pape ne les oublie pas. Que Dieu les remplisse de courage et de force et que la Vierge Marie soit leur soutien ! Avec ma Bénédiction apostolique !

Bonnes fêtes à vous tous. Merci !










SOLENNITÉ DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE MÈRE DE DIEU

XLV JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX



374
Place Saint-Pierre

Dimanche 1\2er\0 janvier 2012




Chers frères et soeurs,

Dans la liturgie de ce premier jour de l’année, résonne la triple bénédiction biblique: «Que le Seigneur te bénisse et te garde! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix!» (Nb 6,24-26).

Nous pouvons contempler le visage de Dieu, il s’est rendu visible, il s’est révélé en Jésus: Il est l’image visible du Dieu invisible. Et ceci grâce à la Vierge Marie, dont nous célébrons aujourd’hui le plus grand titre, celui par lequel elle participe de façon unique à l’histoire du salut: être la Mère de Dieu. Dans son sein, le Fils du Très-Haut a assumé notre chair, et nous pouvons contempler sa gloire (Jn 1,14), sentir la présence de Dieu-avec-nous.

Nous commençons ainsi la nouvelle année 2012 en fixant le regard sur le visage de Dieu qui se révèle dans l’Enfant Jésus de Bethléem, et sur sa Mère Marie, qui a accueilli dans un humble abandon le dessein divin. Grâce à son «oui» généreux, la lumière véritable qui illumine tout homme est apparue dans le monde (Jn 1,9) et le chemin de la paix nous a été rouvert.

Chers frères et soeurs, comme c’est désormais l’heureuse coutume, nous célébrons en ce jour la 45e Journée mondiale de la paix. Dans le message que j’ai adressé aux chefs d’Etat, aux représentants des nations et à tous les hommes de bonne volonté — qui a pour thème «Eduquer les jeunes à la justice et à la paix» —, j’ai voulu rappeler la nécessité et l’urgence d’offrir aux nouvelles générations des parcours éducatifs adéquats pour une formation intégrale de la personne, y compris par la dimension morale et spirituelle (cf. n. 3). J’ai voulu souligner, en particulier, l’importance d’éduquer aux valeurs de la justice et de la paix. Aujourd’hui, les jeunes regardent l’avenir avec une certaine appréhension, manifestant des aspects de leur vie qui méritent attention, comme «le désir de recevoir une formation qui les prépare de façon approfondie à affronter la réalité, la difficulté à former une famille et à trouver un emploi stable, la capacité effective de contribuer au monde de la politique, de la culture et de l’économie pour la construction d’une société au visage plus humain et solidaire» (n. 1). Je vous invite tous à avoir la patience et la persévérance pour rechercher la justice et la paix, pour l’éducation au goût de ce qui est juste et vrai (cf. n. 5). La paix n’est jamais un bien totalement acquis, mais un but auquel tous doivent aspirer et pour lequel tous doivent oeuvrer.

Prions afin que, malgré les difficultés qui parfois rendent le chemin difficile, cette profonde aspiration se traduise en gestes concrets de réconciliation, de justice et de paix. Prions aussi pour que les responsables des pays renouvellent la disponibilité et l’engagement pour accueillir et favoriser cette aspiration inextinguible de l’humanité. Confions ces souhaits à l’intercession de la Mère du «Roi de la Paix», afin que l’année qui commence soit un temps d’espérance et de coexistence pacifique pour le monde entier.

A l’issue de l’Angélus :

Chers frères et soeurs, ces jours-ci j’ai reçu de nombreux messages de voeux: je remercie chacun avec affection, en particulier pour le don de la prière. Je souhaite adresser des voeux respectueux à Monsieur le président de la République italienne, tandis que je formule pour tout le peuple italien mes meilleurs voeux de paix et de prospérité pour l’année à peine commencée.

375 J’exprime mon appréciation pour les nombreuses initiatives de prière pour la paix et de réflexions sur le thème que j’ai proposé dans mon Message pour cette Journée mondiale de la paix. Je cite en particulier la Marche nationale qui s’est déroulée hier soir à Brescia, comme celle de ce matin à Rome et dans d’autres villes du monde, organisée par la Communauté de Sant’Egidio. Je salue en outre les jeunes de l’OEuvre Don Orione et les familles du Mouvement de l’amour familial, qui ont veillé en prière cette nuit, place Saint-Pierre.

A vous tous, chers amis francophones, présents ici place Saint-Pierre ou unis à nous par la radio et la télévision, je souhaite une bonne et une sainte année 2012. En ce premier jour de l’année nous célébrons la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, et la Journée mondiale de la paix. Dans notre monde si agité, tournons-nous vers Marie avec confiance. Reine de la Paix, regarde avec tendresse tous tes enfants meurtris par la violence, la guerre, les persécutions, et qui sont à la recherche d’un monde plus fraternel! Sois notre étoile et notre guide sur les chemins de la réconciliation, de la justice et de la paix! Avec ma Bénédiction apostolique!

Je souhaite à tous de commencer la nouvelle année dans la lumière et dans la paix du Christ Sauveur. Meilleurs voeux de bonne année à tous!

SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR


Vendredi 6 janvier 2012




Chers frères et soeurs !

Aujourd’hui, en la solennité de l’Epiphanie du Seigneur, j’ai ordonné, dans la basilique Saint-Pierre, deux nouveaux évêques et ainsi pardonnez ce retard. Cette fête de l’Epiphanie est une fête très ancienne, qui a ses origines dans l’Orient chrétien et met en relief le mystère de la manifestation de Jésus Christ à tous les peuples, représentés par les Mages qui sont venus adorer le Roi des Juifs, qui vient de naître à Bethléem, comme le raconte l’Evangile de Matthieu (cf. 2, 1-12). Cette « lumière nouvelle » qui s’est allumée la nuit de Noël (cf.Préface de Noël 1), commence aujourd’hui à resplendir sur le monde, comme le suggère l’image de l’étoile, signe céleste qui a attiré l’attention des Mages et les a guidés dans leur voyage vers la Judée.

Toute la période de Noël et de l’Epiphanie est caractérisée par le thème de la lumière, lié aussi au fait que, dans l’hémisphère Nord, après le solstice d’hiver, le jour recommence à s’allonger par rapport à la nuit. Mais, au-delà de leur position géographique, la parole du Christ vaut pour tous les peuples : « Je suis la Lumière du monde; qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie » (Jn 8,12). Jésus est le soleil apparu à l’horizon de l’humanité pour éclairer l’existence personnelle de chacun de nous, et pour nous conduire tous ensemble vers le but de notre pèlerinage, vers la terre de la liberté et de la paix où nous vivrons pour toujours en pleine communion avec Dieu et entre nous.

L’annonce de ce mystère de salut a été confié par le Christ à son Eglise. « Il vient d'être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l'Esprit — écrit saint Paul — : les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l'Evangile » (Ep 3,5-6). L’invitation que le prophète Isaïe adressait à la cité sainte de Jérusalem peut être appliquée à l’Eglise : « Debout ! Resplendis ! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yahvé. Tandis que les ténèbres s'étendent sur la terre et l'obscurité sur les peuples, sur toi se lève Yahvé, et sa gloire sur toi paraît » (Is 60,1-2). Et ainsi, comme le dit le Prophète : le monde et toutes ses ressources, n’est pas en mesure de donner à l’humanité la lumière qui oriente son chemin. Nous le constatons aussi de nos jours : la civilisation occidentale semble avoir perdu l’orientation, elle navigue à vue. Mais l’Eglise, grâce à la Parole de Dieu, voit à travers ces brouillards. Elle ne possède pas de solutions techniques, mais elle garde le regard tourné vers le but, et elle offre la lumière de l’Evangile à tous les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur nation ou culture.

C’est aussi la mission des représentants pontificaux auprès des Etats et des organisations internationales. Et justement ce matin — comme je l’ai déjà dit — j’ai eu la joie de conférer l’ordination épiscopale à deux nouveaux nonces apostoliques. Confions à la Vierge Marie leur service et l’oeuvre d’évangélisation de toute l’Eglise.

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ANNONCE DE CONSISTOIRE


POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX



Angelus Benoit XVI 367