Angelus Benoit XVI 387

APPEL


Chers frères et soeurs,

Je suis avec beaucoup d’appréhension les épisodes dramatiques et croissants de violence en Syrie. Au cours des derniers jours, ils ont provoqué de nombreuses victimes. Je rappelle dans la prière les victimes, parmi lesquelles on compte également des enfants, les blessés et tous ceux qui souffrent des conséquences d’un conflit toujours plus préoccupant. Je renouvelle en outre mon appel pressant à mettre fin à la violence et à l’effusion de sang. Enfin, j’invite chacun — et avant tout les autorités politiques de Syrie — à privilégier la voie du dialogue, de la réconciliation et de l’engagement pour la paix. Il est urgent de répondre aux aspirations légitimes des différentes composantes du pays, ainsi qu’aux souhaits de la communauté internationale, préoccupée par le bien commun de la société tout entière et de la région.
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À l'issue de l'Angélus

Aujourd’hui, chers frères et soeurs francophones, la Parole de Dieu nous invite à agir comme des hommes et des femmes libres. À la suite de Saint Paul les chrétiens sont invités à promouvoir la liberté et la charité. Jésus, par sa vie, sa souffrance, sa mort et sa Résurrection est venu purifier l’homme tout entier afin de le rendre libre. Il est venu nous ouvrir à la Vie. Chacun de nous est invité à proclamer les merveilles de Dieu et à répandre la Bonne-Nouvelle. Puissions-nous avec la Vierge Marie rendre gloire à notre Dieu, par toute notre vie et en toute liberté ! Bon dimanche et bonne semaine à tous !

Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne semaine ! Dimanche prochain sans neige ! Tous mes voeux de bon dimanche.
Fête de la Chaire de saint Pierre

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Dimanche 19 février 2012




Chers frères et soeurs!

Ce dimanche est particulièrement joyeux ici, au Vatican, en raison du consistoire, qui a eu lieu hier, au cours duquel j’ai créé 22 nouveaux cardinaux. Avec eux, j’ai eu la joie, ce matin, de concélébrer l’Eucharistie, dans la basilique de Saint-Pierre, autour de la tombe de l’apôtre que Jésus a appelé à être la «pierre» sur laquelle construire l’Eglise (Mt 16,18). C’est pourquoi je vous invite tous à unir également votre prière pour ces vénérés frères, qui, maintenant, sont encore plus engagés à collaborer avec moi dans la conduite de l’Eglise universelle, et à apporter le témoignage de l’Evangile jusqu’au sacrifice de leur vie. C’est ce que signifie la couleur rouge de leur habit: la couleur du sang et de l’amour. Certains d’entre eux travaillent à Rome, au service du Saint-Siège, d’autres sont pasteurs d’importantes Eglises diocésaines; d’autres se sont distingués par une activité d’étude et d’enseignement longue et appréciée. Ils font à présent partie du Collège qui collabore plus étroitement avec le Pape, dans son ministère de communion et d’évangélisation: nous les accueillons avec joie, en rappelant ce que Jésus a dit à ses douze apôtres: «Celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude» (Mc 10,44-45).

Cet événement ecclésial se situe dans le contexte liturgique de la fête de la Chaire de saint Pierre, anticipée à aujourd’hui, car le 22 février prochain — date de cette fête — sera le mercredi des cendres, début du carême. La «chaire» est le siège réservé à l’évêque, dont dérive le nom «cathédrale» donné à l’église dans laquelle, précisément, l’évêque préside la liturgie et enseigne le peuple. La Chaire de saint Pierre, représentée dans l’abside de la basilique vaticane par une sculpture monumentale du Bernin, est le symbole de la mission spéciale de Pierre et de ses successeurs de paître le troupeau du Christ en le maintenant uni dans la foi et dans la charité. Déjà au début du deuxième siècle, saint Ignace d’Antioche attribuait à l’Eglise qui est à Rome une primauté singulière, la saluant, dans sa lettre aux Romains, comme celle qui «préside dans la charité». Ce devoir particulier de service revient à la communauté romaine et à son Evêque, du fait qu’en cette Ville, les apôtres Pierre et Paul ont versé leur sang, aux côtés de nombreux autres martyrs. Nous revenons, ainsi, au témoignage du sang et de la charité. La Chaire de Pierre, est donc bien un signe d’autorité, mais de celle du Christ, fondée sur la foi et sur l’amour.

Chers amis, confions les nouveaux cardinaux à la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, afin qu’elle les assiste toujours dans leur service ecclésial et les soutienne dans les épreuves. Que Marie, Mère de l’Eglise, m’aide, ainsi que mes collaborateurs, à oeuvrer inlassablement à l’unité du peuple de Dieu et à annoncer à tous les peuples le message du salut, en accomplissant humblement et courageusement le service de la vérité dans la charité.

A l'issue de l'Angélus :

J’accueille avec joie les pèlerins francophones, en particulier les pèlerins de Belgique et tous ceux qui sont venus accompagner les nouveaux Cardinaux. Je salue également les jeunes des collèges Charles-Péguy de Paris et de Bobigny. C’est aujourd’hui, au Vatican, la fête du rappel de la mission que le Christ a confiée à Pierre et à ses successeurs sur la Chaire épiscopale de Rome. Je vous invite à prier pour que l’Église demeure fidèle à l’enseignement du Christ qui a choisi Pierre, pour faire paître ses brebis. Mercredi commencera le Carême. Sachons profiter de ce temps de grâce et de conversion pour revenir vers Dieu, par l’aumône, la prière et le jeûne ! À tous, je souhaite un bon dimanche, un bon pèlerinage à Rome et une bonne entrée en Carême !

Dimanche 26 février 2012


Chers frères et soeurs !

389 En ce premier dimanche de carême, nous rencontrons Jésus qui, après avoir reçu le baptême dans le fleuve Jourdain des mains de Jean-Baptiste (cf. Mc Mc 1,9), subit la tentation dans le désert (cf. Mc Mc 1,12-13). Le récit de saint Marc est concis, privé des détails que nous lisons dans les deux autres Evangiles de Matthieu et de Luc. Le désert dont on parle possède diverses significations. Il peut indiquer l’état d’abandon et de solitude, le « lieu » de la faiblesse de l’homme, où il n’existe ni soutien, ni sécurité, où la tentation devient plus forte. Mais il peut aussi indiquer un lieu de refuge et un abri, comme il le fut pour le peuple d’Israël qui avait échappé à l’esclavage d’Egypte, où l’on peut faire l’expérience de façon particulière de la présence de Dieu. Jésus « était dans le désert durant quarante jours, tenté par Satan » (Mc 1,13). Saint Léon le Grand commente que « le Seigneur a voulu subir l’attaque du tentateur pour nous défendre par son aide et pour nous instruire par son exemple » (TractatusXXXIX, 3 De ieiunio quadragesimae: CCL 138/A, Turnholti 1973, 214-215).

Que peut nous enseigner cet épisode ? Comme nous le lisons dans le livre de L’Imitation du Christ, « l'homme, tant qu'il vit, n'est jamais entièrement à l'abri des tentations (…) mais la patience et la véritable humilité nous rendent plus forts que tous nos ennemis » (Liber i, c.XIII, Cité du Vatican 1982, 37), avec la patience et l’humilité de suivre chaque jour le Seigneur, nous apprenons à construire notre vie non pas en dehors de lui et comme s’il n’existait pas, mais en Lui et avec Lui, parce qu’il est la source de la vraie vie. La tentation de supprimer Dieu, de mettre de l’ordre tout seuls en nous-mêmes et dans le monde, en comptant uniquement sur nos propres capacités, est toujours présente dans l’histoire de l’homme.

Jésus proclame que « le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche » (Mc 1,15), il annonce qu’en Lui a lieu quelque chose de nouveau: Dieu s’adresse à l’homme de façon inattendue, dans une proximité unique concrète, pleine d’amour; Dieu s’incarne et entre dans le monde de l’homme pour prendre sur lui le péché, pour vaincre le mal et ramener l’homme dans le monde de Dieu. Mais cette annonce est accompagnée par la demande de correspondre à un don aussi grand. En effet, Jésus ajoute : « Repentez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15) ; c’est une invitation à avoir foi en Dieu et à convertir chaque jour notre vie à sa volonté, en orientant chacune de nos actions et de nos pensées vers le bien. Le temps du carême est le moment propice pour renouveler et rendre plus solide notre relation avec Dieu, grâce à la prière quotidienne, les gestes de pénitence, les oeuvres de charité fraternelle.

Supplions avec ferveur la Très Sainte Vierge Marie afin qu’elle accompagne notre chemin quadragésimal par sa protection et qu’elle nous aide à graver les paroles de Jésus Christ dans notre coeur et dans notre vie, pour nous convertir à Lui. Je confie, en outre, à votre prière la semaine d’Exercices spirituels que je commencerai ce soir avec mes collaborateurs de la Curie romaine.

À l'issue de l'Angélus :

Chers frères et soeurs,
En ce premier dimanche de Carême je suis heureux de vous accueillir. Le temps du Carême est exigeant car il nous invite à revenir vers Dieu. Jésus après son baptême, au début de sa mission, est conduit au désert. Avec Lui, expérimentons ce temps de désert et de solitude. Sachons rejeter tout ce qui peut nous conduire loin de Dieu et profitons de ce Carême pour revenir vers Lui. Prenons avec courage les chemins de la prière. Redécouvrons l’importance de notre relation à Dieu et « faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les oeuvres bonnes » (He 10,24). Que la Vierge Marie nous aide à faire totalement la volonté de notre Dieu ! Bon Carême pour vous tous !

Dimanche 4 mars 2012




Chers frères et soeurs,

Ce dimanche, deuxième dimanche de carême, est le dimanche de la Transfiguration du Christ. En effet, dans l’itinéraire quadragésimal, la liturgie, après nous avoir invités à suivre Jésus dans le désert, pour affronter et vaincre avec Lui les tentations, nous propose de gravir avec Lui la « montagne » de la prière, pour contempler sur son visage humain la lumière glorieuse de Dieu. L’épisode de la transfiguration du Christ est attesté de manière concordante par les évangélistes Matthieu, Marc et Luc. On y trouve deux éléments essentiels : tout d’abord, Jésus monte avec les disciples Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne, où « il fut transfiguré devant eux » (Mc 9,2), son visage et ses vêtements resplendirent d’une lumière fulgurante, tandis qu’à côté de Lui apparurent Moïse et Elie ; deuxièmement, une nuée couvrit le sommet de la montagne et d’elle sortit une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le » (Mc 9,7). Il y a donc la lumière et la voix : la lumière divine qui resplendit sur le visage de Jésus, et la voix du Père céleste qui témoigne pour Lui et ordonne de l’écouter.

390 On ne saurait détacher le mystère de la Transfiguration de son contexte, qui est le chemin que Jésus est en train de parcourir. Celui-ci est désormais résolu à aller jusqu’au bout de sa mission, pourtant il sait bien que, pour atteindre la résurrection, il devra passer par la passion et la mort sur la croix. C’est de cela qu’il a parlé ouvertement aux disciples, mais ceux-ci n’ont pas compris, et ils ont même refusé cette perspective, car ils ne raisonnent pas selon Dieu mais selon les hommes (cf. Mt Mt 16,23). Aussi Jésus emmène-t-il avec lui sur la montagne trois d’entre eux et il révèle sa gloire divine, splendeur de Vérité et d’Amour. Jésus veut que cette lumière puisse éclairer leurs coeurs quand ils traverseront l’obscurité profonde de sa passion et de sa mort, quand le scandale de la croix sera, pour eux, insupportable. Dieu est lumière, et Jésus veut offrir à ses amis les plus intimes l’expérience de cette lumière, qui demeure en Lui. Ainsi, après cet événement, Il sera en eux cette lumière intérieure qui saura les protéger de l’assaut des ténèbres. Même dans la nuit la plus sombre, Jésus est une lampe qui ne s’éteint jamais. Saint Augustin résume ce mystère en utilisant cette très belle expression, il dit : « Ce qu’est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l’est pour les yeux du coeur » (Sermons 78, 2 : pl 38, 490).

Chers frères et soeurs, nous avons tous besoin de lumière intérieure pour surmonter les épreuves de la vie. Cette lumière vient de Dieu, et c’est le Christ qui nous la donne, Lui en qui habite la plénitude de la divinité (cf. Col Col 2,9). Gravissons avec Jésus la montagne de la prière et, en contemplant son visage plein d’amour et de vérité, laissons-nous remplir intérieurement de sa lumière. Demandons à la Vierge Marie, notre guide sur le chemin de la foi, de nous aider à vivre cette expérience en ce temps de Carême, trouvant chaque jour un moment pour prier en silence et pour écouter la Parole de Dieu.

À l'issue de l'Angélus :

Je suis heureux de saluer les jeunes de Dambach-la-Ville et d’Epfig et les lycéens de Saint-Vincent de Paul à Loos-les-Lille. Chers jeunes francophones, n’ayez pas honte d’être chrétiens et de vivre le Carême dans vos lieux de vie. Offrez chaque jour au Seigneur un temps de prière ; montrez-vous bons et charitables avec qui est dans le besoin ; et privez-vous, non de nourriture terrestre nécessaire à votre âge mais, de ce qui vous éloigne de Dieu et du prochain. Il existe d’innombrables manières de jeûner qui sont adaptées à tout âge. À l’exemple de la Vierge Marie, accueillez en vous la vie de Dieu, enracinez votre vie en Dieu ! Je souhaite à tous une belle montée vers Pâques !


Dimanche 11 mars 2012

11032 Chers frères et soeurs,

L’Evangile de ce troisième dimanche de carême rapporte — dans le récit de saint Jean — le célèbre épisode de Jésus qui chasse du temple de Jérusalem les vendeurs d’animaux et les changeurs (cf. Jn
Jn 2,13-25). L’événement, rapporté par tous les évangélistes, eut lieu à l’approche de la fête de Pâques et suscita une profonde impression tant parmi la foule que parmi les disciples. Comment devons-nous interpréter ce geste de Jésus ? Il faut d’abord souligner qu’il ne provoqua aucune répression de la part des gardiens de l’ordre public, car il fut considéré comme un acte typiquement prophétique: en effet, au nom de Dieu, les prophètes dénonçaient souvent les abus et ils le faisaient parfois à travers des gestes symboliques. Le problème éventuel était leur autorité. Voilà pourquoi les juifs demandèrent à Jésus : « Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi ? » (Jn 2,18), prouve-nous que tu agis vraiment au nom de Dieu.

La scène des vendeurs chassés du temple a été également interprétée dans un sens politique et révolutionnaire, situant Jésus dans la ligne du mouvement des zélotes. Ceux-ci étaient, précisément, « zélés » pour la loi de Dieu et prêts à utiliser la violence pour la faire respecter. A l’époque de Jésus, ils attendaient un Messie qui libère Israël de la domination des Romains. Mais Jésus déçut cette attente, au point que certains disciples l’abandonnèrent et Judas Iscariote ira même jusqu’à le trahir. En réalité, il est impossible de voir Jésus comme une personne violente ; la violence est contraire au Royaume de Dieu, c’est l’instrument de l’antéchrist. La violence ne sert jamais l’humanité ; au contraire, elle la déshumanise.

Ecoutons alors les paroles que prononça Jésus en accomplissant ce geste : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce ». Et les disciples se rappelèrent alors de ce qui est écrit dans un psaume : « Le zèle de ta maison me dévore » (Ps 69,10). Ce psaume est un appel à l’aide dans une situation de danger extrême à cause de la haine des ennemis: c’est la situation que Jésus vivra au cours de sa passion. Son zèle pour son Père et pour sa maison le conduira à la croix : son zèle est celui de l’amour qui paye de sa personne, et non pas de celui qui voudrait servir Dieu par la violence. En effet, le « signe » que Jésus donnera comme preuve de son autorité sera justement sa mort et sa résurrection. « Détruisez ce sanctuaire — dit-il — et en trois jours je le relèverai ». Et saint Jean observe : « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps » (Jn 2,20-21). Avec la Pâque de Jésus commence un nouveau culte, le culte de l’amour, et un nouveau sanctuaire qui est Lui-même, le Christ ressuscité, à travers lequel chaque croyant peut adorer Dieu le Père « en esprit et en vérité » (Jn 4,23).

Chers amis, l’Esprit Saint a commencé à construire ce nouveau sanctuaire dans le sein de la Vierge Marie. Par son intercession, prions pour que chaque chrétien devienne une pierre vivante de cet édifice spirituel.

À l'issue de l'Angélus :

Chers frères et soeurs, ma pensée va tout d’abord aux chères populations de Madagascar, qui ont été récemment frappées par de violentes catastrophes naturelles, provoquant de graves dommages touchant les personnes, les infrastructures et les cultures. Tandis que j’assure de ma prière pour les victimes et pour les familles les plus touchées, j’appelle de mes voeux et j’encourage le secours généreux de la communauté internationale.

Soyez les bienvenus, chers frères et soeurs de langue française. En ce troisième dimanche de Carême le Seigneur nous invite à nous convertir. Ce temps du Carême est un temps de grâce qui nous est accordé afin que nous puissions purifier nos coeurs et nos esprits et nous libérer de nos peurs et de nos doutes. En toute confiance, laissons-nous transformer par le Christ et n’ayons pas peur de changer nos habitudes et nos comportements. Que la Vierge Marie nous aide à prendre du temps pour la prière, car dans la fécondité du silence et de la prière Dieu nous donnera d’expérimenter le vrai bonheur ! Que Dieu vous bénisse !

Dimanche 18 mars 2012

18032 Chers frères et soeurs !

Dans notre itinéraire vers Pâques, nous sommes parvenus au quatrième dimanche de carême. C’est un chemin avec Jésus à travers le « désert », c’est-à-dire un temps au cours duquel écouter davantage la voix de Dieu et également démasquer les tentations qui s’expriment en nous. À l’horizon de ce désert, se profile la Croix. Jésus sait qu’elle est le point culminant de sa mission : en effet, la Croix du Christ est le sommet de l’amour, qui nous donne le salut. Il le dit lui-même dans l’Evangile d’aujourd’hui : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle » (
Jn 3,14-15). Il est fait référence à l’épisode au cours duquel, pendant l’exode d’Égypte, les juifs furent attaqués par des serpents venimeux, et beaucoup moururent. Dieu commanda alors à Moïse de fabriquer un serpent de bronze et de le dresser au sommet d’un mât : si quelqu’un était mordu par les serpents, en regardant le serpent de bronze, il était guéri (Nb 21,4-9). Jésus aussi sera élevé sur la Croix, afin que quiconque qui est en danger de mort à cause du péché, en se tournant avec foi vers Lui, qui est mort pour nous, soit sauvé. « Car Dieu — écrit saint Jean — n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).

Saint Augustin commente : « Ainsi le médecin s’approche du malade, pour lui rendre, autant que possible, la santé. Mais le malade se donne à lui-même la mort, s’il refuse d’observer les prescriptions du médecin. Le Sauveur est venu en ce monde […] Tu refuses le salut qu’il t’apporte ? Tu seras jugé d’après ta conduite » (Traité sur l’Evangile de saint Jn 12,12, PL 35, 1190). Donc, si l’amour miséricordieux de Dieu, qui est allé jusqu’à donner son Fils unique en rançon pour notre vie, est infini, notre responsabilité elle aussi est grande: chacun, en effet, doit reconnaître qu’il est malade, pour pouvoir être guéri; chacun doit confesser son péché, afin que le pardon de Dieu, déjà donné sur la Croix, puisse avoir un effet dans son coeur et dans sa vie. Saint Augustin écrit encore : « Dieu accuse tes péchés ; si tu en fais autant, tu te joins à lui […] quand ce que tu as fait commencera à te déplaire, alors tu commenceras à faire le bien, puisque tu accuses tes mauvaises oeuvres. Le commencement du bien n’est autre chose que la confession du mal » (ibid., 13 : PL 35, 1191). Parfois, l’homme aime davantage les ténèbres que la lumière, parce qu’il est lié à ses péchés. Mais ce n’est qu’en s’ouvrant à la lumière, et en confessant sincèrement ses fautes à Dieu, que l’on trouve la vraie paix et la vraie joie. Il est alors important de s’approcher avec régularité du sacrement de la pénitence, en particulier durant le carême, pour recevoir le pardon du Seigneur et accentuer notre chemin de conversion.

Chers amis, demain, nous célébrerons la fête solennelle de saint Joseph. Je remercie de tout coeur tous ceux qui auront pour moi une pensée dans leur prière, le jour de ma fête. Je vous demande de prier en particulier pour mon voyage apostolique au Mexique et à Cuba, que j’accomplirai à partir de vendredi prochain. Confions-le à l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie, tant aimée et vénérée dans ces deux pays que je m’apprête à visiter.

À l'issue de l'Angélus :

Hier, s’est conclu, à Marseille, le vie Forum mondial de l’eau, et jeudi prochain sera célébrée la Journée mondiale de l’eau, qui souligne cette année le lien fondamental d’une telle ressource précieuse et limitée avec la sécurité alimentaire. Je souhaite que ces initiatives contribuent à garantir à tous un accès équitable, sûr et adéquat à l’eau, en promouvant ainsi les droits à la vie et à la nourriture de chaque être humain, de même qu’une utilisation responsable et solidaire des biens de la terre, au bénéfice des générations présentes et futures.

Que ce temps du Carême, chers pèlerins francophones, nous donne de recentrer toute notre vie sur le Christ, qui a pris sur Lui nos souffrances et nos peines. Je Lui confie la douleur des parents belges qui, à cause de l’accident tragique en Suisse, ont perdu leur enfant, et celle de ceux qui se sont vus privés d’un proche. Je les assure de ma proximité et de ma prière. Demain, nous célèbrerons la fête de Saint-Joseph : puisse le Seigneur, par l’intercession de mon saint patron de baptême, me donner la force de confirmer mes frères et soeurs dans la foi ! Comme Saint Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, qu’elle vous montre son Fils, le Christ notre Sauveur ! Que Dieu vous bénisse !



VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA (23-29 MARS 2012)


Parc des expositions du Bicentenaire, León - Dimanche 25 mars 2012

25032 Chers frères et soeurs,

Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus parle du grain de blé qui tombe en terre, meurt et se multiplie, en répondant à quelques grecs qui se sont approchés de l’apôtre Philippe pour lui demander : « Nous voulons voir Jésus » (
Jn 12,21). Nous invoquons aujourd’hui Marie la très Sainte et nous la supplions : « Montre-nous Jésus ».

En priant maintenant l’Angelus, nous souvenant de l’Annonciation du Seigneur, nos yeux se dirigent également en esprit vers la montagne de Tepeyac, le lieu où la Mère de Dieu, sous le titre de la toujours vierge sainte Marie de Guadalupe, est honorée avec ferveur depuis des siècles comme un signe de réconciliation et de l’infinie bonté de Dieu pour le monde.

Mes prédécesseurs sur la Chaire de saint Pierre l’ont honorée avec des titres si chargés de profonde vénération comme Dame du Mexique, Patronne céleste de l’Amérique Latine, Mère et Impératrice de ce continent. Ses fils fidèles à leur tour, expérimentant son aide, l’invoquent pleins de confiance avec des noms aussi affectueux et familiers que Rose du Mexique, Dame du Ciel, Vierge Noire, Mère de Tepeyac, Noble Petite Indienne.

Chers frères, n’oubliez-pas que la véritable dévotion à la Vierge Marie nous rapproche toujours de Jésus et « ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité ; la vraie dévotion procède de la vraie foi, qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus » (Lumen gentium LG 67). L’aimer, c’est s’engager à écouter son Fils ; vénérer la Guadalupana, c’est vivre selon les paroles du fruit béni de son sein.

En ces moments où tant de familles se trouvent divisées ou forcées à émigrer, où d’autres innombrables souffrent à cause de la pauvreté, de la corruption, de la violence domestique, du narcotrafic, de la crise des valeurs ou de la criminalité, recourons à Marie en recherche de consolation, de force et d’espérance. Elle est la Mère du vrai Dieu qui invite à demeurer avec la foi et la charité sous son sombre pour dépasser ainsi tout mal et instaurer une société plus juste et solidaire.

C’est avec ces sentiments que je désire de nouveau déposer ce pays, toute l’Amérique latine et les Caraïbes sous le doux regard de Notre Dame de Guadalupe. Je confie chacun de leurs fils à l’Étoile de la première et de la nouvelle évangélisation qui a animé de son amour maternel leur histoire chrétienne, donnant une expression propre à leurs gestes patriotiques, à leurs initiatives communautaires et sociales, à la vie familiale, à la dévotion personnelle et à laMisión continental qui se développe aujourd’hui en ces nobles terres. En des temps d’épreuve et de douleur, elle a été invoquée par tant de martyrs qui, au cri de « Vive le Christ Roi et Marie de Guadalupe », ont donné un témoignage ferme de fidélité à l’évangile et de don à l’Église. Je la supplie maintenant de faire en sorte que sa présence dans cette chère Nation continue à appeler au respect, à la défense et à la protection de la vie humaine, et à la stimulation de la fraternité, évitant la vengeance inutile et déracinant la haine qui divise. Que Sainte Marie de Guadalupe nous bénisse et nous obtienne, par son intercession, d’abondantes grâces du ciel.


XXVIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE - Dimanche des Rameaux, 1er avril 2012

10412 Chers frères et soeurs,

Au terme de cette célébration, je désire adresser un salut cordial à toutes les personnes présentes: aux cardinaux, aux frères évêques, aux prêtres, aux religieux et religieuses et à tous les fidèles. J’adresse un salut spécial au Comité organisateur de la dernière JMJ de Madrid et à celui qui organise la prochaine, à Rio de Janeiro; je salue également les délégués de la Rencontre internationale sur les Journées mondiales de la jeunesse, organisée par le Conseil pontifical pour les laïcs, représenté ici par son président, le cardinal Rylko, et son secrétaire, Mgr Clemens.

Saludo cordialmente a los jóvenes y demás peregrinos de lengua española, que participan en la liturgia del Domingo de Ramos y en la Jornada Mundial de la Juventud de este año. En particular, a los jóvenes madrileños acompañados por su Pastor, el Cardenal Antonio María Rouco Varela. En el comienzo de la Semana Santa os invito a todos a participar con fe y devoción en la celebración anual de los misterios de la Pasión y Resurrección de Jesucristo y experimentar la grandeza de su amor, que nos libra del pecado y de la muerte, y nos abre las puertas a la auténtica alegría. Feliz Domingo. Feliz Semana Santa.

Quero agora dirigir a minha saudação amiga aos jovens e demais peregrinos de língua portuguesa, que participam nesta celebração do Domingo de Ramos. De modo particular, saúdo o Arcebispo Dom Orani Tempesta, o Governador e o Prefeito do Rio de Janeiro e demais autoridades e membros do comitê responsável pela organização da próxima Jornada Mundial da Juventude, no ano que vem. Nos trabalhos preparatórios da mesma, procurai viver segundo o convite que hoje nos foi feito: «Alegrai-vos sempre no Senhor». Deste modo, o espírito alegre e acolhedor, conatural aos brasileiros, será sublimado pela alegria que nasce da união com Cristo, o Único Redentor. Assim, podereis de braços abertos – como a Estátua do Cristo que domina a paisagem carioca - receber os jovens que virão de todos os cantos do mundo para a vossa cidade. A todos desejo uma feliz e santa Páscoa!

Chers amis francophones, je suis heureux de vous accueillir en ce dimanche des Rameaux et de la Passion. En ce jour, nous célébrons également la Journée Mondiale de la Jeunesse, je vous invite à ouvrir toutes grandes les portes de vos coeurs au Christ. En cette Semaine Sainte nous allons contempler le Christ dans sa Passion, offrons Lui les souffrances de notre monde et confions Lui plus particulièrement les jeunes qui connaissent la maladie, le handicap, la détresse morale, la désespérance, les incertitudes face à l’avenir. Que la Vierge Marie, accompagne chacun de vous, tout au long de votre vie, afin que vous puissiez trouver en Dieu une source de confiance et de réconfort !

Dear brothers and sisters, today is Palm Sunday: as we remember Our Lord’s welcome into Jerusalem, I am pleased to greet all of you, especially the many young people who have come here to pray with me. This Holy Week, may we be moved again by Christ’s passion and death, put our sins behind us and, with God’s grace, choose a life of love and service to our brethren. God’s blessings upon you!

Ganz herzlich grüße ich alle Pilger und Besucher deutscher Sprache, besonders die Jugendlichen anläßlich des 27. Weltjugendtags. Dieser Tag steht unter dem Leitwort aus demPhilipperbrief: „Freut euch im Herrn zu jeder Zeit!“ (4,4). Der Wunsch nach Freude und nach einem erfüllten Leben ist tief in jedes Menschenherz eingeschrieben. Christus will uns mit seiner Gegenwart wahre und echte Freude schenken. In den kommenden Kartagen schauen wir auf ihn, unseren Herrn und König. Durch sein Leiden und Kreuz hat er uns vom Tod befreit, damit wir in ihm Leben haben. Euch allen wünsche ich eine gesegnete Karwoche!

Pozdravljam maturante Škofijske klasicne gimnazije v Šentvidu in njihove profesorje! Naj Gospod poživi vašo vero, upanje in ljubezen in naj bo z vami moj blagoslov!

Pozdrawiam Polaków, szczególnie mlodych tu obecnych oraz zebranych w rodzimych diecezjach i parafiach. Mottem dzisiejszego Dnia Mlodziezy jest wezwanie sw. Pawla: „Radujcie sie zawsze w Panu!” (Flp 4,4). Radosc plynaca ze swiadomosci, ze Bóg nas kocha, jest centralnym elementem doswiadczenia chrzescijanskiego. W swiecie czesto naznaczonym smutkiem i niepewnoscia jest ona waznym swiadectwem piekna i pewnosci wiary. Badzcie radosnymi swiadkami Chrystusa! Niech Bóg wam blogoslawi!

Saluto infine con grande affetto i pellegrini italiani, specialmente i giovani, tra i quali è presente un numeroso gruppo della Diocesi di Brescia. Cari amici, prego perché nel vostro cuore abiti la vera gioia, quella che deriva dall’amore e che non viene meno nell’ora del sacrificio.

Je souhaite à tous une belle Semaine Sainte et une bonne Pâque! Merci.


Lundi de l'Ange, 9 avril 2012

30412 Chers frères et soeurs !

Le lundi après Pâques est dans de nombreux pays un jour férié, au cours duquel faire une promenade dans la nature, ou encore aller rendre visite à des parents qui habitent un peu loin pour se retrouver ensemble en famille. Mais je voudrais que soit toujours présent dans l’esprit et dans le coeur des chrétiens le motif de ce jour de vacance, c’est-à-dire la Résurrection de Jésus, le mystère décisif de notre foi. En effet, comme l’écrit saint Paul aux Corinthiens, « mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (
1Co 15,14). C’est pourquoi, en ces jours, il est important de relire les récits de la résurrection du Christ que nous trouvons dans les quatre Évangiles. Il s’agit de récits qui, de façons diverses, présentent les rencontres des disciples avec Jésus ressuscité, et nous permettent ainsi de méditer sur cet événement merveilleux qui a transformé l’histoire et donne un sens à l’existence de tout homme.

L’événement de la résurrection en tant que tel n’est pas décrit par les évangélistes : celui-ci demeure mystérieux, non pas dans le sens de moins réel, mais de caché, au-delà de la portée de notre connaissance : comme une lumière si éblouissante qu’on ne peut l’observer avec nos yeux, sinon elle les aveuglerait. Les récits commencent en revanche le moment où, à l’aube du jour après le sabbat, les femmes se rendirent au sépulcre et le trouvèrent ouvert et vide. Saint Matthieu parle également d’un tremblement de terre et d’un ange fulgurant qui fit rouler la grande pierre tombale, sur laquelle il s’assit (cf. Mt Mt 28,2). Ayant reçu de l’ange l’annonce de la résurrection, les femmes, emplies de peur et de joie, coururent apporter la nouvelle aux disciples et, précisément à cet instant, rencontrèrent Jésus, se prosternèrent à ses pieds et l’adorèrent; et il leur dit : « Ne craignez point ; allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront » (Mt 28,10). Dans tous les Évangiles, les femmes occupent une place importante dans les récits des apparitions de Jésus ressuscité, comme du reste également dans celles de la passion et de la mort de Jésus. À cette époque, en Israël, le témoignage des femmes n’avait aucune valeur officielle ni juridique, mais les femmes ont vécu une expérience de lien particulier avec le Seigneur, qui est fondamental pour la vie concrète de la communauté chrétienne, et cela toujours, à toute époque, pas seulement au début du chemin de l’Église.

Le modèle sublime et exemplaire de cette relation avec Jésus, de façon particulière dans son Mystère pascal, est naturellement Marie, la Mère du Seigneur. C’est précisément à travers l’expérience transformante de la Pâque de son Fils, que la Vierge Marie devient également Mère de l’Église, c’est-à-dire de chacun des croyants et de leur communauté tout entière. Nous nous adressons à présent à Elle, en l’invoquant comme Regina Caeli, avec la prière que la tradition nous fait réciter à la place de l’Angélus pendant tout le temps pascal. Que Marie nous obtienne de faire l’expérience vivante du Seigneur ressuscité, source d’espérance et de paix.

À l'issue du Regina Coeli :

395 Le Christ est vraiment ressuscité, alléluia ! Avec cette affirmation, je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins de langue française. À la suite de Pierre et des apôtres, nous sommes invités à témoigner de notre foi en la Résurrection du Christ. Soyez sans crainte, allez annoncer cette bonne nouvelle à tous vos frères. Renouvelés par la foi de notre baptême, nous participons déjà à la victoire pascale du Christ. Proclamons à notre monde, qu’il est présent et vivant au milieu de nous. Avec la Vierge Marie, soyons les porteurs de l’espérance et de la joie pascales ! À tous, je souhaite de saintes fêtes de Pâques !



Angelus Benoit XVI 387