Angelus Benoit XVI 395

Dimanche 15 avril 2012

Chers frères et soeurs,


Chaque année, en célébrant la Pâque, nous revivons l’expérience des premiers disciples de Jésus, l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité: l’Evangile de Jean raconte qu’ils le virent apparaître au milieu d’eux, au Cénacle, le soir du jour même de sa Résurrection, «premier jour de la semaine», puis «huit jours plus tard» (cf. Jn Jn 20,19 Jn Jn 20,26). Ce jour, appelé ensuite «dimanche», «Jour du Seigneur», est le jour de l’assemblée, de la communauté chrétienne qui se réunit pour son propre culte, c’est-à-dire l’Eucharistie, culte nouveau et distinct dès le début de celui célébré par les juifs le samedi. En effet, la célébration du Jour du Seigneur est une preuve très forte de la Résurrection du Christ, car seul un événement extraordinaire et bouleversant pouvait inciter les premiers chrétiens à commencer un culte différent de celui du sabbat juif.

Hier comme aujourd’hui, le culte chrétien n’est pas seulement une commémoration d’événements passés, ni même une expérience mystique intérieure particulière, mais essentiellement une rencontre avec le Seigneur ressuscité, qui vit dans la dimension de Dieu, au-delà du temps et de l’espace, et qui se rend toutefois réellement présent au sein de la communauté, qui nous parle dans les Saintes Ecritures et rompt pour nous le Pain de la vie éternelle. A travers ces signes, nous vivons l’expérience que firent les disciples, c’est-à-dire voir Jésus mais dans le même temps, ne pas le reconnaître; toucher son corps, un corps vrai, et pourtant délivré des liens terrestres.

Ce que rapporte l’Evangile est très important, c’est-à-dire que Jésus, lors de ses deux apparitions aux apôtres réunis au Cénacle, répéta plusieurs fois le salut «La Paix soit avec vous!» (Jn 20,19 Jn 20,21 Jn 20,26). Le salut traditionnel, par lequel on souhaite «shalom», la paix, revêt ici un nouvel aspect: il devient le don de la paix que Jésus seul peut donner, parce qu’il est le fruit de sa victoire radicale sur le mal. La «paix» que Jésus offre à ses amis est le fruit de l’amour de Dieu qui l’a conduit à mourir sur la croix, à verser tout son sang, tel un Agneau docile et humble, «plein de grâce et de vérité» (Jn 1,14). Voilà pourquoi le bienheureux Jean-Paul II a voulu dédier ce dimanche après Pâques à la Divine Miséricorde, avec une icône bien précise: celle du côté transpercé du Christ, d’où jaillissent sang et eau, selon le témoignage oculaire de l’apôtre Jean (cf. Jn Jn 19,34-37). Mais Jésus est désormais ressuscité, et de Lui vivant jaillissent les sacrements de Pâques du baptême et de l’Eucharistie: qui s’en approche avec foi reçoit le don de la vie éternelle.

Chers frères et soeurs, accueillons le don de la paix que nous offre Jésus ressuscité, laissons nos coeurs se remplir de sa miséricorde! De cette façon, avec la force de l’Esprit Saint, l’Esprit qui a ressuscité le Christ d’entre les morts, nous pouvons nous aussi apporter aux autres ces dons de Pâques. Que la très Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, l’obtienne pour nous.

À l'issue du Regina Caeli :

Chers frères et soeurs,

Je souhaite avant tout saluer les pèlerins qui ont participé à la Messe présidée par le cardinal-vicaire Agostino Vallini, en l’église Santo Spirito in Sassia — bienvenus! —, lieu privilégié du culte de la Divine Miséricorde, où l’on vénère de façon particulière également sainte Faustine Kowalska et le bienheureux Jean-Paul II. Je souhaite à tous d’être témoins de l’amour miséricordieux du Christ. Merci pour votre présence!

Je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins de langue française, en ce deuxième dimanche de Pâques où nous célébrons également la fête de la Divine Miséricorde. Le temps pascal nous invite, à la suite de la première communauté chrétienne, à exprimer notre confiance et notre joie d’être baptisés. Jésus nous invite à ne pas être incrédules, comme Thomas, mais croyants. N’ayons pas peur, ayons l’audace de témoigner de notre foi! Jeudi prochain, à l’occasion du septième anniversaire de mon élection au Siège de Pierre, je vous demande de prier pour moi, pour que le Seigneur me donne la force d’accomplir la mission qu’il m’a confiée! Que la Vierge Marie, Mère des croyants, nous aide à vivre dans la joie de Pâques!

Je salue cordialement tous les Polonais et de façon particulière les participants aux célébrations liturgiques du dimanche de la Divine Miséricorde au sanctuaire de Lagiewniki. C’est là, il y a dix ans, que le bienheureux Jean-Paul II a dit: «Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde. Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix et l’homme le bonheur! Je confie cette tâche … à tous les dévots de la Divine Miséricorde». Fidèles à cette exhortation, annonçons au monde le message de Jésus miséricordieux et soyons ses témoins. Je vous bénis de tout coeur.


Dimanche 22 avril 2012

22412
Chers frères et soeurs !

Aujourd’hui, troisième dimanche de Pâques, nous rencontrons — dans l’Évangile selon saint Luc — Jésus ressuscité qui se présente parmi ses disciples (cf
Lc 24,36) qui, incrédules et effrayés, croient voir un fantôme (cf. Lc Lc 24,37). Romano Guardini écrit : « Le Seigneur a changé. Il ne vit plus comme avant. Son existence… n’est pas compréhensible. Pourtant, elle est corporelle, elle comprend… tout ce qu’il a vécu durant sa vie, son destin, sa passion et sa mort. Tout est réalité. Bien que changée, cette réalité est toujours tangible » (Le Seigneur. Méditations sur la personne et la vie de N.S. Jésus Christ, Milan 1949, 433). Étant donné que la résurrection n’efface pas les signes de la crucifixion, Jésus montre à ses apôtres ses mains et ses pieds. Et pour les convaincre, il demande même quelque chose à manger. Ainsi, les disciples « lui présentèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux » (Lc 24,42-43). Saint Grégoire le Grand commente que « le poisson grillé au feu ne signifie pas autre chose que la passion de Jésus, Médiateur entre Dieu et les hommes. En effet, il a daigné se cacher dans les eaux du genre humain, acceptant d’être enserré dans le filet de notre mort et fut en quelque sorte soumis au feu par les douleurs subies au temps de la passion » (Hom. in Evang. XXIV, 5: ccl 141, Turnhout 1999, 201).

Grâce à ces signes très réalistes, les disciples surmontent leur doute initial et s’ouvrent au don de la foi ; et cette foi leur permet de comprendre les choses écrites sur le Christ « dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » (Lc 24,44). Nous lisons, en effet, que Jésus « leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures, et il leur dit : “Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations (...) De cela vous êtes témoins » (Lc 24,45-48). Le Sauveur nous assure de sa présence réelle parmi nous, au moyen de la Parole et de l’Eucharistie. De la même manière que les disciples d’Emmaüs reconnurent Jésus à la fraction du pain (cf. Lc Lc 24,35), ainsi nous aussi nous rencontrons le Seigneur dans la célébration eucharistique. Saint Thomas d’Aquin explique à ce sujet qu’« il faut absolument professer, selon la foi catholique, que le Christ tout entier est dans ce sacrement… Car la divinité n'a jamais abandonné le corps qu’elle a assumé dans l'Incarnation » (S.Th. III 76,1).

Chers amis, durant le temps pascal, l’Église administre habituellement la première communion aux enfants. J’exhorte, par conséquent, les prêtres, les parents et les catéchistes à bien préparer cette fête de la foi, avec grande ferveur mais aussi avec sobriété. « Ce jour reste justement gravé dans la mémoire comme le premier moment où... l'importance de la rencontre personnelle avec Jésus a été perçue » (Exhortation post-synodale Sacramentum caritatis, n. 19). Que la Mère de Dieu nous aide à écouter avec attention la Parole du Seigneur et à participer dignement à la Table du sacrifice eucharistique, pour devenir témoins de l’humanité nouvelle.



À l'issue du Regina Caeli :

Cari fratelli e sorelle,

Chers frères et soeurs,

397 Je suis heureux de rappeler qu’hier, au Mexique, a été béatifiée María Inés Teresa du Très Saint Sacrement, fondatrice des Missionnaires clarisses du Très Saint Sacrement, Rendons grâce à Dieu pour cette fille exemplaire de la terre mexicaine, que j’ai eu la joie de visiter récemment et que je garde toujours dans le coeur.

On célèbre aujourd’hui en Italie la Journée de l’Université catholique du Sacré-Coeur, qui cette année a pour thème : « L’avenir du pays dans le coeur des jeunes ». Il est important que les jeunes soient formés à travers des valeurs, et pas seulement à travers des connaissances scientifiques et techniques. C’est pour cela que le père Gemelli a fondé l’Université catholique, à laquelle je souhaite de s’adapter aux temps, mais aussi d’être toujours fidèle à ses origines.

Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. La Résurrection du Seigneur a rempli nos coeurs de lumière et de joie. Apparu à ses disciples, le Ressuscité leur a donné sa paix. Dans notre monde marqué par le mal et la souffrance, la douleur et la peur, il nous donne sa paix aujourd’hui encore, et nous ouvre à la vie et au bonheur. Il nous invite également à devenir ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Puissent nos esprits et nos coeurs s’ouvrir à l’intelligence des Écritures ! Que la Vierge Marie nous accompagne sur ce chemin ! Bonne semaine à tous !

Enfin, je salue avec affection les pèlerins de langue italienne, en particulier le groupe « Enfants en mission de paix », de l’unitalsi, accompagné par le maire de Rome, M. Gianni Alemanno. Merci pour votre joie. Je salue les fidèles de nombreuses paroisses, parmi lesquelles les paroisses romaines San Leonardo Murialdo et Santa Giovanna Antida Thouret ; je salue les nombreux jeunes, la Mission catholique italienne de Zurich et la délégation de Pordenone, pour laquelle je bénis la statue du bienheureux Marco d’Aviano. À tous, je souhaite un bon dimanche et une bonne semaine. Merci.

Dimanche 29 avril 2012



Chers frères et soeurs !

La célébration eucharistique au cours de laquelle j’ai ordonné neuf nouveaux prêtres du diocèse de Rome vient de se conclure dans la basilique Saint-Pierre. Rendons grâce à Dieu pour ce don, signe de son amour fidèle et providentiel pour l’Église ! Rassemblons-nous spirituellement autour de ces nouveaux prêtres et prions afin qu’ils accueillent pleinement la grâce du sacrement qui les a configurés à Jésus Christ, prêtre et pasteur. Prions aussi pour que tous les jeunes soient attentifs à la voix de Dieu qui leur parle dans l’intimité de leur coeur et les appelle à se détacher de tout pour le servir. C’est à ce but qu’est consacrée la Journée mondiale de prière pour les vocations de ce jour. En effet, le Seigneur appelle toujours, mais très souvent, nous n’écoutons pas. Nous sommes distraits par beaucoup de choses, par d’autres voix plus superficielles; et nous avons peur d’écouter la voix du Seigneur parce que nous pensons qu’elle pourrait nous ôter notre liberté. En réalité, chacun de nous est le fruit de l’amour: l’amour de nos parents, certainement mais, plus profondément, l’amour de Dieu. La Bible dit en effet : « Même si ta mère ne voulait pas de toi, moi, je te veux, parce que je te connais et je t’aime » (cf. Is Is 49,15). Lorsque je prends conscience de cela, ma vie change : elle devient une réponse à cet amour, plus grand que tout autre amour, et c’est ainsi que se réalise pleinement ma liberté.

Les jeunes que j’ai consacrés prêtres aujourd’hui ne sont pas différents des autres jeunes, mais ils ont été profondément touchés par la beauté de l’amour de Dieu, et ils n’ont pas pu faire autrement que de répondre par toute leur vie. Comment ont-ils rencontré l’amour de Dieu ? Ils l’ont rencontré en Jésus Christ : dans son Évangile, dans l’Eucharistie et dans la communauté qu’est l’Église. Dans l’Église, on découvre que la vie de chaque homme est une histoire d’amour. L’Écriture Sainte nous le montre clairement et le témoignage des saints nous le confirme. L’expression de saint Augustin est exemplaire lorsqu’il s’adresse à Dieu, dans lesConfessions, en lui disant : « Bien tard, je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t'ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors… Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi… Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité » (x, 27. 38).

Chers amis, prions pour l’Église — pour chaque communauté locale — pour qu’elle soit comme un jardin irrigué dans lequel puissent germer et mûrir toutes les graines de vocation que Dieu répand en abondance. Prions afin que partout ce jardin soit cultivé, dans la joie de se sentir tous appelés, dans la variété des dons. Que les familles, en particulier, soient le premier milieu dans lequel on « respire » l’amour de Dieu qui donne la force intérieure, même au coeur des difficultés et des épreuves de la vie. Ceux qui vivent dans leur famille l’expérience de l’amour de Dieu reçoivent un don inestimable qui porte du fruit en son temps. Que la Bienheureuse Vierge Marie, modèle de l’accueil libre et obéissant à l’appel divin et Mère de toute vocation dans l’Église, nous obtienne cela.

À l'issue du Regina Caeli

398 Chers frères et soeurs,

J’adresse un salut particulier aux pèlerins réunis dans la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs, où a été proclamé bienheureux, ce matin, Giuseppe Toniolo. Ayant vécu entre le XIXe et le XXe siècle, il était marié et père de sept enfants ; professeur d’université et éducateur des jeunes, économiste et sociologue, serviteur passionné de la communion dans l’Église. Il appliqua les enseignements de l’encyclique Rerum novarum du Pape Léon XIII ; il promut l’Action catholique, l’université catholique du Sacré-Coeur, les Semaines sociales des catholiques italiens et un Institut de droit international de la paix. Son message est d’une grande actualité, spécialement à notre époque : le bienheureux Toniolo indique le chemin du primat de la personne humaine et de la solidarité. Il écrivait : « Au-delà des biens et des intérêts légitimes de chaque nation et des États, il existe une caractéristique indissoluble qui les coordonne tous dans l’unité, c’est le devoir de la solidarité humaine ».

Aujourd’hui encore, à Coutances, en France, a été béatifié le prêtre Pierre-Adrien Toulorge, de l’ordre des Prémontrés, qui a vécu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Rendons grâce à Dieu pour ce lumineux « martyr de la vérité ».

Je salue les participants à la rencontre européenne des étudiants universitaires, organisée par le diocèse de Rome pour le premier anniversaire de la béatification du Pape Jean-Paul II.Chers jeunes, poursuivez avec confiance sur le chemin de la nouvelle évangélisation dans les universités. Demain soir, je m’unirai spirituellement à vous pour la veillée qui aura lieu à Tor Vergata, auprès de la grande croix de la Journée mondiale de la jeunesse de l’an 2000. Merci pour votre présence !

Chers pèlerins francophones, je vous exhorte aujourd’hui à prier pour les vocations. En Église et en famille, redécouvrez l’importance vitale du sacerdoce ministériel et de la vie consacrée. Chers jeunes, n’hésitez pas ! Écoutez l’appel de Dieu ! Je participe aussi spirituellement à la joie de tous les fidèles du Diocèse de Coutances et Avranches rassemblés pour la Béatification du Père Pierre-Adrien Toulorge, surnommé « le martyr de la vérité ». Que la Vierge Marie, modèle du coeur qui écoute, intercède pour que puisse éclore beaucoup de oui ! Bon dimanche !

Dimanche 6 mai 2012

Chers frères et soeurs,

L’Évangile d’aujourd’hui, cinquième dimanche du Temps pascal, s’ouvre par l’image de la vigne : « Jésus dit à ses disciples : “Je suis la vigne véritable, et mon Père est le vigneron” » (Jn 15,1). Souvent, dans la Bible, Israël est comparé à la vigne féconde lorsqu’il est fidèle à Dieu, mais, s’il s’éloigne de lui, il devient stérile, incapable de produire ce « vin qui réjouit le coeur de l’homme », que chante le psaume 104 (v. 15). La vraie vigne de Dieu, la vigne véritable, c’est Jésus qui, par son sacrifice d’amour, nous donne le salut, nous ouvre la voie pour faire partie de cette vigne. Et comme le Christ demeure dans l’amour de Dieu le Père, de même les disciples, sagement émondés par la Parole du Maître (cf. Jn Jn 15,2-4), se sont profondément unis à lui, devenant ainsi des sarments féconds qui produisent une récolte abondante. Saint François de Sales écrit : « Le sarment, uni et joint au cep, porte du fruit, non en sa propre vertu, mais en la vertu du cep. Or, nous sommes unis par la charité à notre Rédempteur comme les membres au chef,… les bonnes oeuvres, tirant leur valeur d’icelui, méritent la vie éternelle » (Traité de l’Amour de Dieu, xi, 6, Paris, 1984, 476).

Le jour de notre baptême, l’Église nous greffe comme des sarments sur le Mystère pascal de Jésus, sur sa personne même. De cette racine, nous recevons la précieuse sève pour participer à la vie divine. En tant que disciples, nous aussi, avec l’aide des Pasteurs de l’Église, nous grandissons dans la vigne du Seigneur liés par son amour. « Si le fruit que nous devons porter est l’Amour, cela présuppose précisément de “demeurer”, élément qui est profondément lié à la foi que nous laisse le Seigneur » (Jésus de Nazareth, Paris, 2007, p. 289). Il est indispensable de demeurer toujours unis à Jésus, dépendre de lui, parce que sans lui, nous ne pouvons rien faire (cf. Jn Jn 15,5). Dans une lettre écrite par Jean le Prophète, qui a vécu dans le désert de Gaza au ve siècle, un fidèle pose cette question : « Comment est-il possible de tenir ensemble la liberté de l’homme et le fait de ne rien pouvoir faire sans Dieu ? » Et le moine répond : « Si l’homme incline son coeur vers le bien et demande à Dieu de l’aider, il reçoit la force nécessaire pour accomplir son oeuvre ». C’est pourquoi la liberté de l’homme et la puissance de Dieu marchent ensemble. C’est possible parce que le bien vient du Seigneur, mais il est accompli grâce à ses fidèles (cf. Ep. Ep 763, sc 468, Paris 2002, 206). Le vrai « demeurer » dans le Christ garantit l’efficacité de la prière, comme le dit le bienheureux cistercien Guerric d’Igny : « O Seigneur Jésus… sans toi nous ne pouvons rien faire. Tu es en effet le véritable jardinier, le créateur, le cultivateur et le gardien de ton jardin, toi qui plantes par ton verbe, qui irrigues par ton esprit, qui fait croître par ta puissance » (Sermo ad excitandam devotionem in psalmodia , sc SC 202, 1973, 522).

Chers amis, chacun de nous est comme un sarment, qui vit seulement s’il fait grandir chaque jour dans la prière, dans la participation aux sacrements, dans la charité, son union avec le Seigneur. Et qui aime Jésus, la vraie vigne, produit des fruits de foi pour une récolte spirituelle abondante. Supplions la Mère de Dieu afin que nous restions solidement greffés en Jésus, et que chacune de nos actions ait en lui son commencement et en lui son accomplissement.

399 À l'issue du Regina Caeli :

Chers frères et soeurs,

Je désire avant tout vous rappeler que dans moins d’un mois aura lieu à Milan la VIIe Rencontre mondiale des familles. Je remercie le diocèse ambrosien et les autres diocèses lombards qui collaborent à la préparation de cet événement ecclésial promu par le Conseil pontifical pour la famille, présidé par le cardinal Ennio Antonelli. S’il plaît à Dieu, j’aurai moi aussi la joie d’y participer et c’est pour cela que je me rendrai à Milan du 1er au 3 juin.

Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, dont le groupe de la paroisse Notre-Dame de Bonne Nouvelle de Paris, ainsi que les nouveaux Gardes Suisses Pontificaux francophones et leurs familles venues pour la prestation de serment. Aujourd’hui, en prenant exemple sur la vigne, le Seigneur nous demande de rester greffés sur Lui pour demeurer en son amour afin de porter beaucoup de fruits. En ce mois de mai, que la Vierge Marie, Reine du monde et Étoile de l’Évangélisation, nous accompagne sur ce chemin ! Bon dimanche à vous tous!

VISITE PASTORALE À AREZZO, LA VERNA ET SANSEPOLCRO

(13 MAI 2012)

BENOÎT XVI

REGINA CAELI

Parc "Il Prato", Arezzo

Dimanche 13 mai 2012

Chers frères et soeurs!


Au terme de cette célébration liturgique, le moment de la prière mariale nous invite à nous rendre tous spirituellement devant l’effigie de Notre-Dame du Réconfort, conservée dans cette cathédrale.

En tant que Mère de l’Eglise, la Très Sainte Vierge veut toujours réconforter ses enfants au moment des grandes difficultés et souffrances. Et cette ville a très souvent fait l’expérience de son secours maternel. Par conséquent, aujourd’hui aussi, nous confions à son intercession toutes les personnes et les familles de votre communauté qui se trouvent en situation de grande nécessité.

Demandons également à Dieu, par l’intercession de Marie, le réconfort moral, pour que la communauté d’Arezzo, et l’Italie entière, réagissent à la tentation du découragement et, fortes de la grande tradition humaniste, pour qu’elles reprennent, avec une volonté ferme, la voie du renouveau spirituel et éthique, qui seule peut conduire à une authentique amélioration de la vie sociale et civile. Chacun, dans ce domaine, peut et doit apporter sa contribution.

400 O Marie, Notre-Dame du Réconfort, priez pour nous!

Dimanche 20 mai 2012



Chers frères et soeurs !

Quarante jours après la Résurrection — selon le livre des Actes des Apôtres — Jésus monta au ciel, c’est-à-dire qu’il retourna vers le Père, qui l’avait envoyé dans le monde. Dans de nombreux pays, ce mystère est célébré non pas jeudi, mais aujourd’hui, le dimanche suivant. L’Ascension du Seigneur marque l’accomplissement du salut qui a commencé avec l’Incarnation. Après avoir instruit pour la dernière fois ses disciples, Jésus monte au Ciel (cf. Mc 16,19). Mais « il ne s’est pas séparé de notre condition » (cf. Préface); en effet, dans son humanité, il a attiré à lui les hommes dans l’intimité du Père, révélant ainsi la destination finale de notre pèlerinage terrestre. De même que pour nous, il est descendu du Ciel, il a pâti et il est mort sur la croix, ainsi pour nous, il est ressuscité et remonté vers Dieu, qui n’est donc plus loin. Saint Léon le Grand explique que par ce mystère, « non seulement l’immortalité de l’âme mais aussi celle de la chair » sont proclamées. Aujourd’hui, en effet, non seulement nous sommes en possession du paradis, mais nous sommes entrés également en Jésus Christ dans les hauteurs des cieux » (De Ascensione Domini, Tractatus 73, 2.4 : ccl 138 A, 451.453). C’est pourquoi les disciples, en voyant leur Maître s’élever de terre et s’élever vers le haut, n’ont pas été pris par le découragement, comme on pourrait le penser, au contraire, ils éprouvèrent une grande joie et se sentirent poussés à proclamer la victoire du Christ sur la mort (cf. Mc Mc 16,20). Et le Seigneur ressuscité agissait avec eux, distribuant à chacun un charisme personnel. Saint Paul écrit encore : « Il a donné des dons aux hommes… C'est lui encore qui a donné aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs… en vue de la construction du Corps du Christ… dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ » (Ep 4,8 Ep 4,11-13).

Chers amis, l’Ascension nous dit qu’en Jésus Christ, notre humanité est portée à la hauteur de Dieu; ainsi, chaque fois que nous prions, la terre rejoint le Ciel. Et de même qu’en brûlant, s’élève la fumée de l’encens, ainsi, lorsque que nous élevons avec confiance notre prière en Jésus Christ, celle-ci traverse les cieux et arrive à Dieu lui-même et est écoutée et exaucée par Lui. Dans le célèbre ouvrage de saint Jean de la Croix, La montée du Carmel, nous lisons que « le meilleur moyen de voir se réaliser les désirs de notre coeur, est de mettre toute la force de notre prière en ce qui plaît le plus à Dieu. Lui, alors, ne nous donnera pas seulement ce que nous lui demandons, c’est-à-dire le salut, mais aussi ce qui, selon Lui, nous convient et qu’il juge bon pour nous, même si nous ne lui demandons pas » (Livre 3MC 44,2, Rome 1991, 335).

Supplions enfin la Vierge Marie, afin qu’elle nous aide à contempler les biens célestes que le Seigneur nous promet, et à devenir des témoins toujours plus crédibles de sa Résurrection, de la vraie Vie.



À l'issue du Regina Caeli

Chers frères et soeurs,

On célèbre aujourd’hui la Journée mondiale des communications sociales, sur le thème « Silence et Parole : chemin d’évangélisation ». Le silence et l’écoute font partie intégrante de la communication, ils sont un lieu privilégié pour une rencontre avec la Parole de Dieu et avec nos frères et soeurs. J’invite chacun à prier afin que la communication, sous toutes ses formes, serve toujours à instaurer avec son prochain un dialogue authentique, fondé sur le respect réciproque, sur l’écoute et le partage.

La journée du jeudi 24 mai est consacrée à la mémoire liturgique de la bienheureuse Vierge Marie, Aide des chrétiens, vénérée avec une grande dévotion au sanctuaire de Sheshan, à Shanghai : nous unissons nos prières à celles de tous les catholiques qui sont en Chine, afin qu’ils annoncent avec joie et humilité le Christ mort et ressuscité, qu’ils soient fidèles à son Église et au Successeur de Pierre et vivent leur vie quotidienne en cohérence avec la foi qu’ils professent. Que Marie, Vierge fidèle, soutienne la marche des catholiques chinois, qu’elle rende leur prière toujours plus intense et précieuse aux yeux du Seigneur, et renforce l’affection et la participation de l’Église universelle au chemin de l’Église qui est en Chine.

401 J’adresse un salut cordial aux milliers de membres du Mouvement pour la vie en Italie, réunis dans la salle Paul VI. Chers amis, votre mouvement s’est toujours engagé en défense de la vie, selon les enseignements de l’Église. Dans cette optique, vous avez annoncé une nouvelle initiative appelée « L’un de nous », pour soutenir la dignité et les droits de chaque être humain dès sa conception. Je vous encourage et je vous exhorte à être toujours des témoins et des artisans de la culture de la vie.

Je suis heureux de vous saluer chers pèlerins francophones, en particulier les jeunes de la paroisse Saint Étienne d’Ohain, en Belgique, et leurs accompagnateurs. En ce dimanche où, en Italie et dans de nombreux pays, est célébrée la solennité de l’Ascension, je vous invite à demeurer enracinés dans le Christ. Car nous ne pouvons pas l’annoncer si nous ne vivons pas pleinement de sa vie. Je prie pour tous ceux qui, en ces jours, reçoivent le Sacrement de la Confirmation : que l’Esprit-Saint les accompagne et les fortifie. Que la Vierge Marie, Mère des croyants, nous protège de son amour maternel ! Bon dimanche !

Je salue enfin, avec affection, les pèlerins de langue italienne, en particulier l’important groupe de jeunes qui font leur confirmation, de l’archidiocèse de Gênes. Je salue tous les groupes d’étudiants, et ici aujourd’hui je dois malheureusement rappeler les jeunes filles et jeunes garçons de l'école de Brindisi, victimes hier d’un lâche attentat. Prions ensemble pour les blessés, dont certains graves, et spécialement pour la jeune Melissa, victime innocente d’une violence brutale et pour ses proches qui sont plongés dans la souffrance. Ma pensée affectueuse va également aux chères populations de l’Émilie-Romagne, frappées il y a quelques heures par un tremblement de terre. Je suis proche spirituellement de toutes les personnes éprouvées par cette catastrophe : implorons de Dieu la miséricorde pour tous ceux qui sont morts et le réconfort dans la souffrance pour les blessés.

Je souhaite à tous un bon dimanche.

SOLENNITÉ DE PENTECÔTE - Place Saint-Pierre Dimanche 27 mai 2012

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Chers frères et soeurs,


Nous célébrons aujourd’hui la grande fête de Pentecôte, qui achève le temps pascal, cinquante jours après le dimanche de la Résurrection. Cette solennité nous rappelle et nous fait revivre l’effusion de l’Esprit Saint sur les apôtres et les autres disciples, réunis en prière avec la Vierge Marie au Cénacle (cf. Ac
Ac 2,1-11). Jésus, ressuscité et monté au ciel, envoie son Esprit à l’Eglise, afin que chaque chrétien puisse participer à sa vie divine et devenir son témoin efficace dans le monde. L’Esprit Saint, en faisant irruption dans l’histoire, vainc son aridité, ouvre les coeurs à l’espérance, stimule et favorise en nous la maturité intérieure, dans la relation avec Dieu et avec le prochain.

L’Esprit, qui «a parlé par les prophètes», avec les dons de la sagesse et de la science continue à inspirer les femmes et les hommes qui s’engagent à la recherche de la vérité, proposant des voies originales de connaissance et d’approfondissement du mystère de Dieu, de l’homme et du monde. Dans ce contexte, je suis heureux d’annoncer que le 7 octobre prochain, à l’ouverture de l’assemblée ordinaire du synode des évêques, je proclamerai saint Jean d’Avila et sainte Hildegarde de Bingen docteurs de l’Eglise universelle. Ces deux grands témoins de la foi ont vécu au cours de périodes historiques et dans des milieux culturels très divers. Hildegarde fut une moniale bénédictine au coeur de l’Allemagne médiévale, authentique maîtresse en théologie et experte érudite en sciences naturelles et en musique. Jean, prêtre diocésain dans les années de la Renaissance espagnole, participa au travail du renouveau culturel et religieux de l’Eglise et de la structure sociale, à l’aube de la modernité. Mais la sainteté de leur vie et la profondeur de leur doctrine les rendent toujours actuels: la grâce de l’Esprit Saint, en effet, les a introduits dans cette expérience de compréhension pénétrante de la révélation divine et de dialogue intelligent avec le monde qui constituent l’horizon permanent de la vie et de l’action de l’Eglise.

En particulier à la lumière du projet d’une nouvelle évangélisation, à laquelle sera consacrée l’assemblée du synode des évêques susmentionnée, et à la veille de l’Année de la foi, ces deux figures de saints et docteurs sont d’une très grande importance et d’une très grande actualité. Aujourd’hui aussi, à travers leur enseignement, l’Esprit du Seigneur ressuscité continue à faire résonner sa voix et à éclairer le chemin qui conduit à cette Vérité qui seule peut nous rendre libres et donner son sens plénier à notre vie.

En priant ensemble le Regina caeli — pour la dernière fois cette année —, invoquons l’intercession de la Vierge Marie afin qu’elle obtienne à l’Eglise d’être fortement animée par l’Esprit Saint, pour témoigner du Christ avec une franchise évangélique et s’ouvrir toujours plus à la plénitude de la vérité.

A l’issue du Regina caeli

Chers frères et soeurs,

Ce matin à Vannes, en France, Mère Saint-Louis, dans le siècle Louise-Elisabeth Molé, fondatrice des Soeurs de la charité de Saint-Louis, qui a vécu entre le XVIIIe et le XIXe siècle, a été proclamée bienheureuse. Rendons grâce à Dieu pour ce témoin exemplaire de l’amour pour Dieu et pour le prochain.

Je vous rappelle en outre que vendredi prochain, 1er juin, je me rendrai à Milan, où aura lieu la VIIe Rencontre mondiale des familles. Je vous invite tous à suivre cet événement et à prier pour son succès.

En ce jour de la fête de la Pentecôte, je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. Aujourd’hui, je participe aussi spirituellement à la joie des fidèles du diocèse de Vannes rassemblés pour la célébration de la béatification de Louise-Elisabeth Molé, Mère Saint-Louis. Fondatrice des Soeurs de la charité de Saint-Louis, elle nous apprend comment, avec l’aide de l’Esprit-Saint, nous pouvons ouvrir notre coeur avec douceur pour rejoindre les autres dans leur différence, leur fragilité et leur pauvreté. Laissons-nous guider nous aussi par l’Esprit pour annoncer au monde les merveilles de Dieu! Que la Vierge Marie nous aide à être des témoins de l’Esprit de vérité et de liberté! Bonne fête de la Pentecôte à tous!

Je souhaite à tous une bonne fête, un bon dimanche. Bonne fête!


Angelus Benoit XVI 395