Angelus Benoit XVI 27052


VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN ET VII\2e\0 RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES (1-3 JUIN 2012)

Parc de Bresso


Dimanche 3 juin 2012

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Chers frères et soeurs !


Je ne trouve pas de mots pour remercier pour cette fête de Dieu, pour cette communion de la famille de Dieu que nous sommes. Au terme de cette célébration, un grand merci à Dieu qui nous a donné cette grande expérience ecclésiale.

J’adresse personnellement mes sincères remerciements à tous ceux qui ont travaillé pour cet événement, à commencer par le cardinal Ennio Antonelli, président du Conseil pontifical pour la famille — merci, éminence ! —, et le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan — merci ! Merci aussi pour ce beau temple de Dieu que vous nous avez offert. Je remercie tous les responsables de l’organisation et tous les volontaires. Et je suis heureux d’annoncer que la prochaine rencontre mondiale des familles aura lieu en 2015, à Philadelphie, aux États-Unis d’Amérique. Je salue l’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, et le remercie dès maintenant pour la disponibilité offerte.

Je salue affectueusement les familles de langue française et surtout celles qui se sont déplacées à Milan. Je confie toutes les familles à la Sainte Famille de Nazareth afin qu’elles soient des lieux où s’épanouisse la vie, des familles où Dieu trouve toute sa place ! Aujourd’hui, je participe aussi spirituellement à la joie des fidèles de l’archidiocèse de Besançon qui sont rassemblés pour la célébration de la béatification du Père Marie Jean-Joseph Lataste, prêtre de l’ordre des prêcheurs, apôtre de la miséricorde et « apôtre des prisons ». Je suis heureux de vous annoncer que la prochaine rencontre mondiale des familles aura lieu dans la ville de Philadelphie, aux États-Unis d’Amérique, en 2015. Que par l’intercession de la Vierge Marie vous puissiez ouvrir vos coeurs et vos foyers au Christ !

Chères familles milanaises, lombardes, italiennes et du monde entier ! Je vous salue tous avec affection et vous remercie pour votre participation. Je vous encourage à être toujours solidaires avec les familles qui vivent de grandes difficultés : je pense à la crise économique et sociale, et au récent séisme dans la région d'Émilie-Romagne. Que la Vierge Marie vous accompagne et vous soutienne toujours ! Merci !


Dimanche 10 juin 2012 - Corpus Domini B

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Chers frères et soeurs !

Aujourd’hui, en Italie et dans de nombreux autres pays, on célèbre le Corpus Domini (Fête-Dieu), c’est-à-dire la fête solennelle du Corps et du Sang du Seigneur, l’Eucharistie. En ce jour, la tradition toujours vivante est d’effectuer des processions solennelles du Très Saint Sacrement, dans les rues et sur les places. À Rome, cette procession s’est déjà déroulée jeudi dernier au niveau diocésain, le jour précis de cette fête, qui chaque année renouvelle chez les chrétiens la joie et la gratitude pour la présence eucharistique de Jésus parmi eux.

La fête du Corpus Domini est un grand acte de culte public de l’Eucharistie, le sacrement dans lequel le Seigneur est présent également au-delà du temps de la célébration, pour être toujours avec nous, au fil des heures et des jours. Saint Justin, qui nous a laissé l’un des témoignages les plus anciens sur la liturgie eucharistique, affirme déjà que, après la distribution de la communion aux personnes présentes, le pain consacré était aussi apporté par les diacres aux absents (cf. Apologia, 1, 65). C’est pourquoi, dans les églises, le lieu le plus sacré est précisément celui dans lequel on conserve l’Eucharistie. À ce propos, je ne peux manquer de penser avec émotion aux nombreuses églises qui ont été gravement endommagées par le récent tremblement de terre en Émilie Romagne, au fait que le Corps eucharistique du Christ, dans le Tabernacle, est lui aussi resté sous les décombres dans certains cas. Je prie avec affection pour les communautés qui, avec leurs prêtres, doivent se réunir en plein air ou sous de grandes tentes pour la Messe ; je les remercie pour leur témoignage et pour ce qu’elles accomplissent en faveur de la population tout entière. C’est une situation qui souligne encore davantage l’importance d’être unis au nom du Seigneur, et la force qui provient du Pain eucharistique, appelé aussi « pain des pèlerins ». Du partage de ce pain naît et se renouvelle la capacité de partager également la vie et les biens, de porter les poids les uns des autres, d’être hospitaliers et accueillants.

La solennité du Corps et du Sang du Seigneur nous repropose aussi la valeur de l’adoration eucharistique. Le serviteur de Dieu Paul VI rappelait que l’Église catholique professe le culte de l’Eucharistie « non seulement durant la Messe mais aussi en dehors de sa célébration; elle conserve avec le plus grand soin les hosties consacrées et les présente aux fidèles pour qu'ils les vénèrent avec solennité » (Enc. Mysterium fidei
MF 62). La prière d’adoration peut être accomplie aussi bien de manière personnelle, en s’arrêtant pour se recueillir devant le tabernacle, que de façon communautaire, également avec des psaumes et des chants, mais toujours en privilégiant le silence, dans lequel écouter intérieurement le Seigneur vivant et présent dans le sacrement. La Vierge Marie est également la maîtresse de cette prière, car aucune autre personne n’a su plus et mieux qu’elle contempler Jésus avec un regard de foi et accueillir dans son coeur les échos intimes de sa présence humaine et divine. Par son intercession, que se diffuse et grandisse dans chaque communauté ecclésiale une foi authentique et profonde dans le Mystère eucharistique.

À l'issue de l’Angélus

Chers frères et soeurs,

Je voudrais tout d’abord rappeler que jeudi prochain, 14 juin, se déroulera la Journée mondiale des donneurs de sang, promue par l’Organisation mondiale de la santé. J’exprime ma vive appréciation à ceux qui pratiquent cette forme de solidarité, indispensable pour la vie de tant de malades.

En ce dimanche, chers pèlerins francophones et membres de l’Aumônerie mauricienne de Paris, de nombreux pays célèbrent la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Je vous invite à rencontrer régulièrement et à adorer le Christ-Eucharistie. Pour cela, notre monde à besoin de prêtres, ministres de l’Eucharistie. Prions pour que dans les familles, et ailleurs, puissent s’épanouir, à l’appel du Seigneur, des vocations sacerdotales. Que la Vierge Marie, Mère des prêtres, soutienne tous les ministres ordonnés et plus particulièrement ceux qui sont ordonnés au cours de cette année! Bon dimanche à tous!


Dimanche 17 juin 2012 - XIe dimanche Ordinaire B

17062 Chers frères et soeurs,

La liturgie d’aujourd’hui nous propose deux brèves paraboles de Jésus : celle de la semence qui grandit seule et celle du grain de sénevé (cf.
Mc 4,26-34). À travers des images tirées du monde de l’agriculture, le Seigneur présente le mystère de la Parole et du Royaume de Dieu, et indique les raisons de notre espérance et de notre engagement.

Dans la première parabole, l’attention porte sur le dynamisme des semailles : la semence qui est jetée en terre, que le paysan dorme ou qu’il veille, germe et grandit toute seule. L’homme sème avec la confiance que son travail ne sera pas stérile. C’est en effet la confiance dans la force de la semence et dans la qualité du terrain qui soutient l’agriculteur dans son labeur quotidien. Cette parabole rappelle le mystère de la création et de la rédemption, de l’oeuvre féconde de Dieu dans l’histoire. C’est lui le Seigneur du Royaume, l’homme est son humble collaborateur, qui contemple et se réjouit de l’action créatrice divine et en attend les fruits avec patience. La moisson finale nous fait penser à l’intervention conclusive de Dieu à la fin des temps, quand Il réalisera pleinement son Royaume. Le temps présent est un temps de semence, et la croissance du grain est assurée par le Seigneur. Aussi, chaque chrétien sait-il qu’il doit faire tout ce qu’il peut, mais que le résultat final dépend de Dieu: cette conscience le soutient dans l’effort de chaque jour, spécialement dans les situations difficiles. Saint Ignace de Loyola écrit à ce propos : « Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu » (cf. Pedro de Ribadeneira, La vie de saint Ignace de Loyola).

La seconde parabole aussi utilise l’image de la semence. Ici, cependant, il s’agit d’une semence particulière, le grain de sénevé, considéré comme la plus petite de toutes les graines. Mais bien que minuscule, elle est pleine de vie, de sa brisure naît un germe capable de rompre le sol, de sortir à la lumière du soleil et de grandir jusqu’à devenir « la plus grande de toutes les plantes potagères » (cf. Mc 4,32) : la faiblesse est la force de la semence, la brisure est sa puissance. Et le Royaume de Dieu est ainsi : une réalité humainement petite, composée de celui qui est pauvre de coeur, de celui qui ne s’en remet pas à ses pauvres forces, mais à celles de l’amour de Dieu, de celui qui n’est pas important aux yeux du monde; et pourtant c’est justement à travers lui que la force du Christ fait irruption et transforme ce qui est apparemment insignifiant.

L’image de la semence est particulièrement chère à Jésus, car elle exprime bien le mystère du Royaume de Dieu. Dans les deux paraboles d’aujourd’hui, elle représente une « croissance » et un « contraste » : la croissance qui se fait grâce à un dynamisme inscrit dans la semence même et le contraste qui existe entre la petitesse de la semence et la grandeur de ce qu’elle produit. Le message est clair : le Royaume de Dieu, même s’il exige notre collaboration, est avant tout un don du Seigneur, une grâce qui précède l’homme et son action. Notre petite force, apparemment impuissante face aux problèmes du monde, si elle plonge dans celle de Dieu ne craint pas les obstacles, parce qu’elle est certaine que la victoire appartient au Seigneur. C’est le miracle de l’amour de Dieu, qui fait germer et grandir chaque semence de bien répandue sur la terre. Et l’expérience de ce miracle de l’amour nous rend optimistes, malgré les difficultés, les souffrances et le mal que nous rencontrons. La semence germe et grandit, car c’est l’amour de Dieu qui la fait grandir. Que la Vierge Marie, qui a accueilli, parce que « bonne terre », la semence de la Parole divine, fortifie en nous cette foi et cette espérance.


À l'issue de l’Angélus :

Chers frères et soeurs,

La Journée mondiale du réfugié, promue par les Nations unies, aura lieu mercredi prochain, 20 juin. Elle entend attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation de nombreuses personnes, spécialement des familles, contraintes à fuir leurs terres, sous la menace de conflits armés et de graves formes de violence. Je vous assure de la prière et de la constante sollicitude du Saint-Siège pour ces frères et soeurs si durement mis à l’épreuve, et dans le même temps, je souhaite que leurs droits soient toujours respectés et qu’ils puissent être réunis rapidement avec ceux qui leur sont chers.

La célébration conclusive du Congrès eucharistique international — qui, durant cette semaine, a fait de Dublin la ville de l’Eucharistie, où de nombreuses personnes se sont rassemblées pour prier en présence du Christ dans le Sacrement de l’autel — aura lieu aujourd’hui, en Irlande. Dans le mystère de l’Eucharistie, Jésus a voulu rester avec nous, pour nous faire entrer en communion avec Lui et entre nous. Confions à la Très Sainte Vierge les fruits mûris durant ces jours de réflexion et de prière.

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones présents, ainsi que les personnes qui nous rejoignent par la radio ou la télévision. En ce dimanche, Jésus nous invite à vivre dans la confiance. Comme la semence qui germe et qui grandit toute seule, le don gratuit de l’Esprit-Saint - Esprit d’amour et de force - et la Bonne Nouvelle - annoncée avec courage - agissent dans notre monde pour nous faire grandir dans la vie même du Père. Ensemble, n’ayons pas peur de cheminer dans la foi car le Seigneur nous accompagne. Que la Vierge Marie nous montre le chemin qui nous conduit vers le Père de toute tendresse ! Bon dimanche et bonne semaine à tous !


Dimanche 24 juin 2012

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Chers frères et soeurs !


Aujourd’hui, 24 juin, nous célébrons la solennité de la naissance de saint Jean-Baptiste. À part la Vierge Marie, Jean-Baptiste est le seul saint dont la liturgie célèbre la naissance, et elle le fait parce que celle-ci est étroitement liée au mystère de l’incarnation du Fils de Dieu. Dès le sein maternel, en effet, Jean est le précurseur de Jésus : sa conception prodigieuse est annoncée par l’ange à Marie, comme le signe que « rien n’est impossible à Dieu » (
Lc 1,37), six mois avant le grand prodige qui nous donne le salut, l’union de Dieu avec l’homme par l’action du Saint- Esprit. Les quatre Évangiles donnent une grande importance à la figure de Jean-Baptiste en tant que prophète qui conclut l’Ancien Testament, et inaugure le Nouveau, indiquant en Jésus de Nazareth le Messie, le Consacré du Seigneur. En effet, Jésus lui-même parlera de Jean en ces termes : « Il est celui dont il est écrit : Voici que moi j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route devant toi. En vérité je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n'en a pas surgi de plus grand que Jean-Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui » (Mt 11,10-11).

Le père de Jean, Zacharie, mari d’Elisabeth, parente de Marie, était un prêtre du culte de l’Ancien Testament. Il n’a pas cru tout de suite à l’annonce d’une paternité qu’il n’espérait plus désormais, et c’est pour cette raison qu’il demeura muet jusqu’au jour de la circoncision de l’enfant auquel, avec sa femme, ils donnèrent le nom indiqué par Dieu, c’est-à-dire « Jean», ce qui signifie : « Le Seigneur fait grâce». Animé par l’Esprit Saint, Zacharie parla ainsi de la mission de son fils : « Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés » (Lc 1,76-77). Tout ceci se manifesta trente ans après, quand Jean se mit à baptiser dans le fleuve du Jourdain, en appelant les gens à se préparer, par ce geste de pénitence, à la venue imminente du Messie que Dieu lui avait révélée durant son séjour dans le désert de Judée. C’est pourquoi on l’appela « Baptiste », c’est-à-dire le « Baptiseur » (cf. Mt Mt 3,1-6).

Lorsqu’un jour, de Nazareth, Jésus lui-même vint se faire baptiser, Jean tout d’abord refusa, puis il consentit, et il vit l’Esprit Saint se poser sur Jésus et il entendit la voix du Père céleste qui le proclamait son Fils (cf. Mt Mt 3,13-17). Mais sa mission n’était pas encore achevée: peu après, il lui fut demandé de précéder Jésus aussi dans une mort violente. Jean fut décapité dans la prison du roi Hérode, et il rendit ainsi pleinement témoignage à l’Agneau de Dieu qu’il avait été le premier à connaître et à désigner publiquement.

Chers amis, la Vierge Marie a aidé sa parente âgée, Elisabeth, à porter à son terme sa grossesse de Jean. Qu’elle nous aide tous à suivre Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, que Jean-Baptiste a annoncé avec une grande humilité et ardeur prophétique.

À l'issue de l’Angélus :

En ce jour de la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste, je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones présents pour la prière de l’Angélus. Saint Jean-Baptiste, le plus grand des enfants des hommes, a su reconnaître le Seigneur. Après avoir baptisé Jésus dans les eaux du Jourdain et l’avoir désigné comme le Messie, il s’est effacé humblement devant lui. Son exemple nous invite à nous convertir, à témoigner du Christ et à l’annoncer à temps et à contre temps, en étant comme lui la voix qui crie dans le désert, et cela jusqu’au don de notre vie. Avec la Vierge Marie sachons rendre grâce à Dieu pour tous ses bienfaits ! Bon dimanche !


SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL Vendredi 29 juin 2012

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Chers frères et soeurs,


Nous célébrons avec joie la solennité liturgique des saints apôtres Pierre et Paul, une fête qui accompagne l’histoire bimillénaire du peuple chrétien. Ils sont appelés colonnes de l’Eglise naissante. Témoins insignes de la foi, ils ont enrichi le Royaume de Dieu avec leurs divers dons et, à l’exemple du divin Maître, ils ont scellé par le sang leur prédication évangélique. Leur martyre est un signe de l’unité de l’Eglise, comme le dit saint Augustin: «Un seul jour est consacré à la fête des deux apôtres. Mais c’est qu’ils sont aussi un. Bien qu’ils aient été martyrisés un jour différent, ils étaient un. Pierre a précédé, Paul a suivi» (Disc.295, 8: PL 38, 1352).

La basilique vaticane et cette place, si importantes pour la chrétienté, sont des signes éloquents du sacrifice de Pierre. Il reste aussi des traces significatives du martyre de Paul dans notre Ville, spécialement la basilique qui lui est dédiée sur la Via Ostiense. Rome porte inscrits dans son histoire les signes de la vie et de la mort glorieuse de l’humble pêcheur de Galilée et de l’apôtre des nations, qu’elle s’est justement choisis pour saints patrons. En faisant mémoire de leur témoignage lumineux, nous nous souvenons des vénérables commencements de l’Eglise, qui à Rome croit, prie et annonce le Christ rédempteur. Cependant les saints Pierre et Paul brillent non seulement dans le ciel de Rome, mais aussi dans le coeur de tous les croyants qui, éclairés par leur enseignement et par leur exemple, dans le monde entier, marchent sur le chemin de la foi, de l’espérance et de la charité.

Sur ce chemin de salut, la communauté chrétienne, soutenue par la présence de l’Esprit du Dieu vivant, se sent encouragée à poursuivre, forte et sereine sur la voie de la fidélité au Christ et de l’annonce de son Evangile aux hommes de tous temps. Dans cet itinéraire spirituel et missionnaire fécond, s’inscrit aussi la remise du pallium aux archevêques métropolitains, célébrée ce matin dans la basilique. Un rite toujours éloquent, qui met en relief la communion intime des pasteurs avec le Successeur de Pierre et le lien profond qui nous lie à la tradition apostolique. Il s’agit d’un double trésor de sainteté, sur lequel se fonde l’unité et la catholicité de l’Eglise: un trésor précieux à découvrir et à vivre avec un enthousiasme renouvelé et un engagement constant.

Chers pèlerins, réunis ici de toutes les parties du monde! En ce jour de fête, prions avec les paroles de la liturgie orientale: «Louange à Pierre et à Paul, ces deux grandes lumières de l’Eglise; ils brillent dans le firmament de la foi». Dans ce climat, je désire adresser une pensée particulière à la délégation du patriarcat de Constantinople qui, comme chaque année, est venue prendre part à nos célébrations traditionnelles. Que la Sainte Vierge conduise tous les croyants dans le Christ à l’objectif de la pleine unité!

À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs!

J’accueille avec joie les pèlerins francophones, et plus particulièrement ceux venus du Canada et de France, pour la prière de l’Angelus. J’ai eu la joie d’imposer le pallium aux nouveaux archevêques métropolitains, signe de leur lien particulier de communion avec le Successeur de Pierre. Que l’intercession des apôtres Pierre et Paul, fêtés aujourd’hui, nous obtienne de grandir dans une fidélité parfaite à l’enseignement de l’Eglise puisqu’elle reçut par eux la première annonce de la foi. Pierre et Paul ont travaillé, chacun à sa façon selon la grâce reçue, pour rassembler l’unique famille du Christ! Avec ma Bénédiction apostolique!

A tous je souhaite une bonne fête des saints apôtres Pierre et Paul! Bonne fête à tous. Merci!

Dimanche 1er juillet 2012

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Chers frères et soeurs,


Ce dimanche, l’évangéliste Marc nous présente le récit de deux guérisons miraculeuses que Jésus accomplit en faveur de deux femmes: la fille d’un des chefs de la synagogue, nommé Jaïre, et une femme qui souffrait d’hémorragie (cf.
Mc 5,21-43). Ces deux épisodes présentent deux niveaux de lecture; celui purement physique: Jésus se penche sur la souffrance humaine et guérit le corps; et celui spirituel: Jésus est venu pour guérir le coeur de l’homme, pour donner le salut et encourager la foi en Lui. Dans le premier épisode en effet, à la nouvelle que la petite fille de Jaïre est morte, Jésus dit au chef de la synagogue: «Sois sans crainte, aie seulement la foi» (v. 36), il le prend avec lui où repose l’enfant et s’exclame: «Fillette, je te le dis, lève-toi» (v. 41). Elle se leva et se mit à marcher. Saint Jérôme commente ces paroles, soulignant le pouvoir salvifique de Jésus: «Jeune fille, lève-toi par moi: non par un mérite de ta part, mais par ma grâce. Lève-toi par moi: le fait d’être guéri ne dépend pas de ta vertu» (Homélie sur l’Evangile de MarC 3). Le second épisode, celui de la femme souffrant d’hémorragies, met de nouveau en évidence le fait que Jésus est venu libérer l’être humain dans sa totalité. En effet, le miracle se déroule en deux temps: d’abord arrive la guérison physique, mais elle est étroitement liée à la guérison plus profonde, celle que la grâce de Dieu donne à celui qui s’ouvre à Lui avec foi. Jésus dit à la femme: «Ma fille, ta foi t’a sauvée; va en paix et sois guérie de ton infirmité» (Mc 5,34).

Ces deux récits de guérison sont pour nous une invitation à dépasser une vision purement horizontale et matérielle de la vie. Nous demandons à Dieu tant de guérisons de problèmes, de nécessités concrètes, et c’est juste, mais ce que nous devons demander avec insistance est une foi toujours plus solide, afin que le Seigneur renouvelle notre vie, et une confiance ferme dans son amour, dans sa providence qui ne nous abandonne pas.

Jésus qui est attentif à la souffrance humaine nous fait penser aussi à ceux qui aident les malades à porter leur croix, en particulier les médecins, les professionnels de la santé et ceux qui assurent l’assistance religieuse dans les maisons de soins. Ils sont des «réserves d’amour», qui apportent sérénité et espérance aux personnes qui souffrent. Dans l’encycliqueDeus caritas est, je soulignais que, pour ce précieux service, il faut avant tout la compétence professionnelle — une des premières nécessités fondamentales — mais à elle seule, elle ne peut suffire. Il s’agit, en effet, d’êtres humains, qui ont besoin d’humanité et de l’attention du coeur. «C’est pourquoi, en plus de la préparation professionnelle, il est nécessaire pour ces personnes d’avoir aussi et surtout une “formation du coeur”: il convient de les conduire à la rencontre avec Dieu dans le Christ, qui suscite en eux l’amour et qui ouvre leur esprit à autrui» (n. 31).

Demandons à la Vierge Marie d’accompagner notre chemin de foi et notre engagement d’amour concret spécialement pour celui qui est dans le besoin, tandis que nous invoquons son intercession maternelle pour nos frères qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit.

408 À l'issue de l’Angélus

Chers frères et soeurs,

Je salue avec joie les pèlerins de langue française, et tout particulièrement les Amis de Sainte-Véronique du Liban. Pendant cette période estivale, je vous invite à savoir prendre du temps pour Dieu. Sachez témoigner de sa présence au milieu de nous. Soyez des porteurs de sa miséricorde et de sa tendresse à chacun de ceux qu’il vous est donné de rencontrer, plus particulièrement à ceux qui souffrent. A l’exemple de la Vierge Marie, laissons de côté nos peurs et nos doutes et soyons fiers de témoigner de notre foi! Bon dimanche à tous!


Castel Gandolfo

Dimanche, 8 juillet 2012

Chers frères et soeurs!


Je voudrais m’arrêter brièvement sur le passage de l’Evangile de ce dimanche, un texte dont est tiré le célèbre dicton «Nemo propheta in patria», c’est-à-dire que nul prophète n’est bien accepté parmi les siens, dans le pays qui l’a vu grandir (cf. Mc Mc 6,4). En effet, après avoir quitté Nazareth, vers l’âge de 30 ans, et alors que depuis déjà quelque temps il prêchait et accomplissait des guérisons ailleurs, Jésus est revenu un jour chez lui et s’est mis à enseigner à la synagogue. Ses concitoyens «étaient frappés» par sa sagesse et, le connaissant comme étant «le fils de Marie», le «charpentier» qui avait vécu parmi eux, ils se scandalisèrent de lui au lieu de l’accueillir avec foi (cf. Mc Mc 6,2-3). Ce fait est compréhensible car la familiarité, sur le plan humain, n’aide pas à aller plus loin et à s’ouvrir à la dimension divine. Que ce Fils d’un charpentier soit Fils de Dieu est difficile à croire pour eux. Jésus lui-même prend l’exemple de l’expérience des prophètes d’Israël qui, dans leur propre patrie, ont été victimes de mépris, et il s’identifie à eux. A cause de cette fermeture spirituelle, Jésus n’a pu accomplir à Nazareth «aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains» (Mc 6,5). En effet, les miracles du Christ ne sont pas une démonstration de puissance, mais les signes de l’amour de Dieu qui agit là où il rencontre la foi de l’homme dans la réciprocité. Origène écrit: «Tout comme il existe une attirance naturelle pour les corps de la part de certains envers d’autres, comme l’aimant vers le fer… la foi aussi exerce une attirance sur la puissance divine» (Commentaire de l’Evangile de Mt 10,19).

Donc, il semble que Jésus se fasse — comme l’on dit — une raison du mauvais accueil qu’il rencontre à Nazareth. Par contre, à la fin du récit, nous trouvons une remarque qui dit précisément le contraire. L’évangéliste écrit que Jésus «s’étonna de leur manque de foi» (Mc 6,6). A la stupeur des concitoyens qui se scandalisent, correspond l’étonnement de Jésus. Lui aussi, en un certain sens, se scandalise! Bien qu’il sache qu’aucun prophète n’est bien accueilli dans sa patrie, la fermeture de coeur de son entourage reste pour lui obscure, impénétrable: comment est-il possible qu’ils ne reconnaissent pas la lumière de la Vérité? Pourquoi ne s’ouvrent-ils pas à la bonté de Dieu, qui a voulu partager notre humanité? En effet, l’homme Jésus de Nazareth est la transparence de Dieu, Dieu habite pleinement en Lui. Et tandis que nous recherchons toujours d’autres signes, d’autres miracles, nous ne nous apercevons pas que c’est Lui le vrai Signe, Dieu fait chair, que c’est Lui le plus grand miracle de l’univers: tout l’amour de Dieu renfermé dans un coeur humain, dans un visage d’homme.

Celle qui a vraiment compris cette réalité est la Vierge Marie, bienheureuse car elle a cru (cf. Lc Lc 1,45). Marie ne s’est pas scandalisée de son Fils: son admiration pour Lui est pleine de foi, pleine d’amour et de joie, à le voir à la fois si humain et si divin. Apprenons donc d’elle, notre Mère dans la foi, à reconnaître dans l’humanité du Christ la parfaite révélation de Dieu.

A l’issue de l’Angelus

409 Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous accueillir ici à Castel Gandolfo, où je suis arrivé il y a quelques jours. Je salue cordialement la communauté locale et souhaite à toutes les familles de pouvoir prendre un temps de repos et de retrouver une nouvelle énergie physique et spirituelle.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones et plus particulièrement les Soeurs adoratrices du Saint-Sacrement venant du Sénégal et du Congo, et les jeunes de l’aumônerie du Golfe de Saint-Tropez. En cette période estivale, ne mettez pas Dieu en vacances, pensez à prier et à aller à la Messe le dimanche! Que la Vierge Marie, modèle du coeur qui écoute, nous accompagne sur nos routes humaines! Bon dimanche et bonne semaine à tous!


Castel Gandolfo

Dimanche, 15 juillet 2012




Chers frères et soeurs,

Je vois que vous avez pardonné mon retard. j’ai célébré la Messe à Frascati et nous sommes restés en prière sans doute un peu trop longtemps... et ainsi je suis en retard.

Dans le calendrier liturgique, aujourd’hui, 15 juillet, est la mémoire de saint Bonaventure de Bagnoregio, franciscain, docteur de l’Eglise et successeur de saint François d’Assise à la tête de l’ordre des Frères mineurs. Il a écrit la première biographie officielle du Poverello et, à la fin de sa vie, il fut aussi évêque de ce diocèse d’Albano. Dans l’une de ses lettres, Bonaventure écrit: «Je confesse devant Dieu que la raison qui m’a fait aimer le plus la vie du bienheureux François est qu’elle ressemble aux débuts et à la croissance de l’Eglise» (Epistula de tribus quaestionibus, in Opere di San Bonaventura. Introduzione generale,Rome 1990, p. 29). Ces paroles nous renvoient directement à l’Evangile de ce dimanche, qui nous présente le premier envoi en mission des douze apôtres par Jésus. Jésus «appelle à lui les Douze, raconte saint Marc, et il se mit à les envoyer en mission deux à deux… Et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route qu’un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni menue monnaie pour la ceinture, mais: “Allez chaussés de sandales et ne mettez pas deux tuniques”» (Mc 6,7-9). Après sa conversion, François d’Assise a pratiqué cet Evangile à la lettre, devenant un témoin très fidèle de Jésus; et, associé de manière singulière au mystère de la Croix, il fut transformé en un «autre Christ», comme saint Bonaventure le présente précisément.

Toute la vie de saint Bonaventure, comme sa théologie, ont Jésus Christ au centre de leur inspiration. Nous retrouvons ce caractère central du Christ dans la seconde lecture de la Messe d’aujourd’hui (Ep 1,3-14), le célèbre hymne de la Lettre de saint Paul aux Ephésiens, qui commence ainsi: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ». L’apôtre montre ensuite la façon dont s’est réalisé ce dessein de bénédiction, dans quatre passages qui commencent tous par la même expression «en lui», référée à Jésus Christ. «En lui», le Père nous a choisis avant la création du monde; «en lui», nous avons la rédemption par son sang; «en lui», nous sommes devenus héritiers, prédestinés à être «louange de sa gloire»; «en lui», ceux qui croient en l’Evangile reçoivent le sceau de l’Esprit Saint. Cet hymne paulinien renferme la vision de l’histoire que saint Bonaventure a contribué à diffuser dans l’Eglise: toute l’histoire a pour centre le Christ qui garantit aussi la nouveauté et le renouveau à chaque époque. En Jésus, Dieu a tout dit et tout donné, mais étant donné qu’il est un trésor inépuisable, l’Esprit Saint n’a jamais fini de révéler et d’actualiser son mystère. C’est pourquoi l’oeuvre du Christ et de l’Eglise ne régresse jamais, mais progresse toujours.

Chers amis, invoquons la Sainte Vierge Marie que nous célébrerons demain comme la Vierge du Mont Carmel, afin qu’elle nous aide, à l’image de saint François et de saint Bonaventure, à répondre généreusement à l’appel du Seigneur, pour annoncer son Evangile de salut en paroles, et avant tout par notre vie.

410 À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs,

La prière de cet Angelus dominical me donne la joie de vous saluer, chers fidèles et touristes de langue française. Cette période estivale permet à certains d’entre nous de prendre du repos. Ce temps peut être pour chacun un moment favorable pour réfléchir sur sa propre vie et pour rendre son coeur disponible aux autres et à Dieu. Je vous invite aussi à être attentifs à tous ceux qui souffrent de la solitude et de l’abandon, qu’ils soient dans la rue, dans leur appartement, dans des établissements hospitaliers ou dans des maisons de retraite. N’hésitez pas à aller visiter ces personnes! A l’exemple de la Vierge Marie, soyons des porteurs de la Bonne Nouvelle!


Castel Gandolfo

Dimanche, 22 juillet 2012


Chers frères et soeurs,


La Parole de Dieu de ce dimanche nous repropose un thème fondamental et toujours fascinant de la Bible: elle nous rappelle que Dieu est le pasteur de l’humanité. Cela signifie que Dieu veut pour nous la vie, il veut nous guider vers de bons pâturages où nous pouvons nous nourrir et nous reposer. Il ne veut pas que nous nous perdions et que nous mourrions, mais que nous parvenions au but de notre chemin, qui est justement la plénitude de la vie. C’est ce que tout père et toute mère désire pour ses enfants: le bien, le bonheur, la réalisation. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus se présente comme un Pasteur des brebis égarées de la maison d’Israël. Son regard sur les gens est un regard pour ainsi dire «pastoral». Par exemple, dans l’Evangile de ce dimanche, il est dit qu’«en débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à les enseigner longuement» (Mc 6,34). Jésus incarne le Dieu Pasteur avec sa façon de prêcher et avec ses oeuvres, en prenant soin des malades et des pécheurs, de ceux qui sont «égarés» (cf. Lc Lc 19,10), pour les ramener en sécurité, dans la miséricorde du Père.

Parmi les «brebis égarées» que Jésus a conduites en sécurité, il y a aussi une femme nommée Marie, originaire du village de Magdala, sur le Lac de Galilée, et appelée pour cela Madeleine. C’est aujourd’hui sa mémoire liturgique dans le calendrier de l’Eglise. L’évangéliste Luc dit que Jésus fit sortir d’elle sept démons (cf. Lc Lc 8,2), c’est-à-dire qu’il l’a sauvée d’un asservissement total au malin. En quoi consiste cette guérison profonde que Dieu opère au moyen de Jésus? Elle consiste en une paix vraie, complète, fruit de la réconciliation de la personne en elle-même et dans toutes ses relations: avec Dieu, avec les autres, avec le monde. En effet, le malin cherche toujours à gâcher l’oeuvre de Dieu, en semant la division dans le coeur de l’homme, entre corps et âme, entre l’homme et Dieu, dans les rapports interpersonnels, sociaux, internationaux, et aussi entre l’homme et la création. Le malin sème la guerre; Dieu crée la paix. Plus encore, comme saint Paul l’affirme, le Christ «est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu'un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine» (Ep 2,14). Pour accomplir cette oeuvre de réconciliation radicale, Jésus, le Bon Pasteur, a dû devenir l’Agneau, «l’Agneau de Dieu… qui enlève le péché du monde» (Jn 1,29). Ce n’est qu’ainsi qu’il a pu réaliser l’étonnante promesse du psaume: «Oui, grâce et bonheur me pressent tous les jours de ma vie; ma demeure est la maison du Seigneur en la longueur des jours» (Ps 22/23, 6).

Chers amis, ces paroles font vibrer notre coeur, parce qu’elles expriment notre désir le plus profond, elles disent ce pour quoi nous sommes faits: la vie, la vie éternelle! Ce sont les paroles de qui, comme Marie Madeleine, a fait l’expérience de Dieu dans sa vie, et connaît sa paix. Des paroles plus vraies que jamais sur les lèvres de la Vierge Marie, qui vit déjà pour toujours dans les pâturages du Ciel, où l’a conduite l’Agneau Pasteur. Marie, Mère du Christ notre paix, prie pour nous!

A l’issue de l’Angélus


Angelus Benoit XVI 27052