Discours 2005-2013 190

190 Depuis qu'en 1859, mon prédécesseur, le bienheureux Pape Pie IX, confia à la fondation de "Santa Maria dell'Anima", la direction d'un collège de prêtres, cet Institut accomplit une fonction particulière de liaison avec l'Eglise. Les prêtres, mais également les séminaristes qui résident à "Santa Maria dell'Anima" peuvent apprendre la grandeur et la beauté de l'Eglise universelle, ainsi que sa catholicité, et trouver goût à la "romanitas Ecclesiae". Je souhaite que la direction de cette Institution allemande et dans le même temps romaine, transmette aux résidents et aux hôtes un amour particulier pour les Successeurs de l'Apôtre Pierre et pour le Saint-Siège.

La communauté de langue allemande de Rome peut trouver sa patrie dans l'église Santa Maria dell'Anima. Celle-ci offre aux catholiques des pays de langue allemande la possibilité de prier, de chanter et de recevoir les Sacrements dans leur propre langue. J'invite les prêtres et tous les responsables à toujours donner à la vie sacramentelle dans la communauté de "Santa Maria dell'Anima" la priorité par rapport à toutes les autres activités. Là où les catholiques de langue allemande à Rome cherchent et trouvent leur patrie spirituelle, Jésus Christ, Seigneur de l'Eglise, voudrait se sentir chez lui dans les coeurs. Si le Seigneur se trouve au centre de votre vie paroissiale, votre communauté deviendra toujours plus une communauté apostolique et missionnaire qui rayonne sur le milieu qui vous entoure et surtout parmi les nombreux visiteurs de cette Eglise.

Chers amis! Les commémorations du 600 anniversaire de l'érection canonique de Santa Maria dell'Anima doivent constituer pour vous tous un fécond jubilé spirituel En vous remerciant pour votre affection, je vous donne de tout coeur à tous ma Bénédiction apostolique, à travers l'intercession de Marie la Sainte Vierge et Mère de Dieu.


À S.E. M. VALENTIN VASSILEV BOZHILOV AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE BULGARIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Samedi 13 mai 2006



Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la remise des lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Bulgarie près le Saint-Siège.

En vous remerciant des voeux chaleureux que vous m’avez adressés à l’occasion du premier anniversaire de mon pontificat, ainsi que des salutations que vous m’avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Georgi Parvanov, Président de la République, je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer en retour les souhaits cordiaux que je forme pour sa personne, ainsi que pour l’ensemble du peuple bulgare. Je prie le Seigneur en particulier pour les populations récemment éprouvées par d’importantes inondations, afin qu’elles retrouvent rapidement des conditions de vie normales et qu’elles soient entourées par l’ensemble de la communauté nationale.

Comme vous l’avez rappelé, Excellence, l’exemple des deux frères, les saints Cyrille et Méthode, premiers évangélisateurs de votre pays, est aujourd’hui encore un modèle de dialogue entre les cultures. Grâce à leur zèle apostolique, la Bonne Nouvelle du Christ a rejoint les habitants de l’Europe centrale et orientale dans leur propre langue, et une culture nouvelle, nourrie de l’Évangile et de la tradition chrétienne, a pu naître et se développer sous leur impulsion, à travers la liturgie, le droit et les institutions, jusqu’à devenir le bien commun des peuples slaves. Ces deux apôtres, dépassant les rivalités et les dissensions de l’époque, nous ont montré les chemins du dialogue et de l’unité toujours à construire et, pour cette raison, ils sont devenus, eux aussi, saints patrons de l’Europe. Chaque année, à l’occasion de leur fête, une délégation de votre pays rend visite à l’Évêque de Rome pour en faire mémoire et pour continuer de tisser, à leur exemple et à leur suite, des liens de fraternité et de paix.

Votre pays, Monsieur l’Ambassadeur, se prépare aujourd’hui à adhérer à l’Union européenne. En raison de son histoire et de sa culture, le peuple bulgare, qui continue de faire fructifier son héritage chrétien, est invité à jouer un rôle important pour contribuer à redonner à notre continent l’élan spirituel qui lui fait trop souvent défaut. Je pense notamment à la situation de la jeunesse de nos pays, qui témoigne si volontiers de ses nobles aspirations lors de grands rassemblements comme les Journées mondiales de la Jeunesse, mais qui trouve difficilement sa place dans nos sociétés trop exclusivement centrées sur la consommation des biens matériels et sur la recherche parfois individualiste du bien-être, alors même que les jeunes ont besoin des valeurs spirituelles et morales, pour édifier leur personnalité et pour se préparer à participer à la construction de la société. Votre pays saura apporter sa pierre originale à l’édifice commun, pour qu’il ne soit pas seulement un grand marché d’échanges des biens matériels toujours plus abondants, mais qu’il ait également une âme, une véritable dimension spirituelle, qui reflète l’héritage de tant de témoins du passé et qui soit un terreau porteur de vie et de créativité, pour susciter l’homme européen de demain. Ainsi les jeunes générations pourront retrouver confiance en l’avenir et s’engager sans crainte dans des projets à long terme, donnant naissance à de nouvelles familles, solidement édifiées sur le mariage et ouvertes à l’accueil des enfants, apprenant à se mettre au service du bien commun de la société par l’activité politique, économique et sociale, portant également le souci de la solidarité avec les plus démunis comme avec les migrants qui viennent d’autres horizons pour chercher un refuge ou une chance nouvelle.

Dans le monde incertain et troublé qui est le nôtre, l’Europe peut devenir témoin et messager du dialogue nécessaire entre les cultures et les religions. L’histoire du vieux continent, profondément marqué par ses divisions et ses guerres fratricides mais aussi par ses efforts pour les vaincre, l’invite en effet à accomplir cette mission, afin de répondre aux attentes de tant d’hommes et de femmes qui aspirent encore, dans bien des pays du monde, au développement, à la démocratie et à la liberté religieuse. Le Saint-Siège, vous le savez, ne cesse d’agir, pour promouvoir, à la place qui est la sienne, un véritable dialogue entre les nations comme entre les responsables des religions. Il s’agit d’abord de faire reculer la violence, qui se développe aujourd’hui dangereusement, en brisant notamment les murs de l’ignorance et de la méfiance qui peuvent l’engendrer. Et, parce que l’Europe ne peut se replier sur elle-même, il convient également de favoriser un meilleur partage des richesses dans le monde et de susciter un véritable développement de l’Afrique, qui puissent corriger les injustices du déséquilibre actuel entre le Nord et le Sud, facteur de tensions et de menaces pour la paix. Je ne doute pas que votre gouvernement saura s’employer à se faire, lui aussi, messager de tolérance et de respect mutuel dans le concert des nations, comme vous l’avez vous-même souligné.

Je suis heureux, Monsieur l’Ambassadeur, de pouvoir saluer, par votre intermédiaire, la communauté catholique qui vit en Bulgarie. Elle garde le souvenir précieux du Bienheureux Pape Jean XXIII, qui fut un Délégué apostolique apprécié dans votre pays, et de la visite mémorable de mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II. Je sais la part importante que prend l’Église catholique dans le développement du pays, notamment grâce aux oeuvres sociales sous la conduite de la Caritas, et j’encourage chacun à continuer de se dépenser activement au service du bien commun du pays. J’invite les fidèles catholiques, unis autour de leurs pasteurs, à avoir le souci de collaborer chaque fois que c’est possible avec leurs frères de l’Église orthodoxe bulgare, dont je salue également les pasteurs, pour que resplendisse l’Évangile de Dieu. Qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur les encouragements et sur la prière du Successeur de Pierre, afin qu’ils trouvent dans le témoignage qu’ils rendent au Christ une joie et une vitalité toujours renouvelées!

191 Monsieur l’Ambassadeur, au moment où s’inaugure officiellement votre mission auprès du Saint-Siège, je forme les souhaits les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez sûr de toujours trouver auprès de mes collaborateurs un accueil attentif et une compréhension cordiale.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs de l’Ambassade et sur le peuple bulgare tout entier, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.


AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE PLENIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE Salle Clémentine Samedi 13 mai 2006



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

C'est pour moi un motif de joie de vous rencontrer au terme de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Famille, créé par mon vénéré Prédécesseur le Pape Jean-Paul II le 9 mai 1981, et qui célèbre ces jours-ci son 25 anniversaire. J'adresse à chacun de vous un salut cordial, avec une pensée particulière pour le Cardinal Alfonso López Trujillo, que je remercie de s'être fait l'interprète de vos sentiments communs. Votre réunion vous a donné l'occasion d'examiner les défis et les projets pastoraux concernant la famille, considérée à juste titre comme Eglise domestique et sanctuaire de la vie. Il s'agit d'un domaine apostolique vaste, complexe et délicat, auquel vous consacrez de l'énergie et de l'enthousiasme, dans l'intention de promouvoir l'"Evangile de la famille et de la vie". Comment ne pas rappeler, à ce propos, la vision ample et clairvoyante de mes prédécesseurs, et de manière particulière de Jean-Paul II, qui ont promu, avec courage, la cause de la famille, la considérant comme une réalité décisive et irremplaçable pour le bien commun des peuples?

La famille fondée sur le mariage constitue un "patrimoine de l'humanité", une institution sociale fondamentale; elle est la cellule vitale et le pilier de la société et cela concerne les croyants et les non-croyants. Elle est une réalité pour laquelle tous les Etats doivent avoir la plus haute considération, car, comme aimait à le répéter Jean-Paul II, "l'avenir de l'humanité passe par la famille" (Familiaris consortio FC 86). En outre, dans la vision chrétienne, le mariage, élevé par le Christ à la très haute dignité de sacrement, confère une plus grande splendeur et profondeur au lien conjugal, et engage plus profondément les époux qui, bénis par le Seigneur de l'Alliance, se promettent fidélité jusqu'à la mort dans l'amour ouvert à la vie. Pour eux, le centre et le coeur de la famille est le Seigneur, qui les accompagne dans leur union et les soutient dans la mission d'éduquer les enfants vers l'âge mûr. De cette manière, la famille chrétienne coopère avec Dieu non seulement en engendrant la vie naturelle, mais également en cultivant les germes de la vie divine donnée dans le Baptême. Tels sont les principes bien connus de la vision chrétienne du mariage et de la famille. Je les ai rappelés encore une fois jeudi dernier, en m'adressant aux membres de l'Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille.

Dans le monde actuel, dans lequel se répandent certaines conceptions équivoques sur l'homme, sur la liberté, sur l'amour humain, nous ne devons jamais nous lasser de présenter à nouveau la vérité sur l'institution familiale, telle qu'elle a été voulue par Dieu dès la création. Malheureusement, le nombre des séparations et des divorces s'accroît, rompant l'unité familiale et créant de nombreux problèmes aux enfants, victimes innocentes de ces situations. La stabilité de la famille est aujourd'hui particulièrement menacée; pour la sauvegarder, il faut souvent aller à contre-courant de la culture dominante, et cela exige de la patience, des efforts, des sacrifices et une recherche incessante de la compréhension mutuelle. Mais aujourd'hui aussi, il est possible aux conjoints de surmonter les difficultés et de rester fidèles à leur vocation, en ayant recours au soutien de Dieu à travers la prière et en participant assidûment aux sacrements, en particulier à l'Eucharistie. L'unité et la solidité de la famille aide la société à respirer les valeurs humaines authentiques et à s'ouvrir à l'Evangile. C'est à cela que contribue l'apostolat de nombreux Mouvements, appelés à oeuvrer dans ce domaine dans une entente harmonieuse avec les diocèses et les paroisses.

Ensuite, un thème plus que jamais délicat de nos jours est le respect dû à l'embryon humain, qui devrait toujours naître d'un acte d'amour et être déjà traité comme une personne (cf. Evangelium vitae EV 60). Les progrès de la science et de la technique dans le domaine de la bioéthique se transforment en menace lorsque l'homme perd le sens de ses limites et, en pratique, prétend se substituer à Dieu créateur. L'Encyclique Humanae vitae réaffirme avec clarté que la procréation humaine doit toujours être le fruit de l'acte conjugal, avec sa double signification unitive et procréative (cf. n. 12). C'est ce qu'exige la grandeur de l'amour conjugal selon le projet divin, comme je l'ai rappelé dans l'Encyclique Deus caritas est: "L'eros rabaissé simplement au "sexe" devient une marchandise, une simple "chose" que l'on peut acheter et vendre; plus encore, l'homme devient une marchandise... En réalité, nous nous trouvons devant une dégradation du corps humain" (n. 5). Grâce à Dieu, de nombreuses personnes, en particulier parmi les jeunes, redécouvrent la valeur de la chasteté, qui apparaît toujours davantage comme la garantie sûre de l'amour authentique. Le moment historique que nous vivons demande aux familles chrétiennes de témoigner avec une cohérence courageuse que la procréation est le fruit de l'amour. Un tel témoignage ne manquera pas d'encourager les hommes politiques et les législateurs à sauvegarder les droits de la famille. En effet, on voit que l'on accorde toujours plus de crédit aux solutions juridiques pour ce qu'on appelle les "unions libres" qui, bien que refusant les obligations du mariage, prétendent jouir de droits équivalents. En outre, on veut parfois parvenir à une nouvelle définition du mariage pour légaliser des unions homosexuelles, en leur attribuant également le droit d'adopter des enfants.

192 De vastes zones du monde subissent ce qu'on appelle l'"hiver démographique", avec le vieillissement progressif de la population qui s'ensuit; les familles apparaissent parfois menacées par la peur de la vie, de la paternité et de la maternité. Il faut leur redonner confiance, pour qu'elles puissent continuer à accomplir leur noble mission de procréer dans l'amour. Je suis reconnaissant à votre Conseil pontifical car, lors de diverses rencontres continentales et nationales, il cherche à dialoguer avec ceux qui ont des responsabilités politiques et législatives à ce propos, de même qu'il s'efforce de tisser un vaste réseau de dialogue avec les Evêques, en offrant aux Eglises locales l'opportunité de cours ouverts aux responsables de la pastorale. Je profite ensuite de l'occasion pour réitérer l'invitation faite à toutes les communautés diocésaines de participer avec leurs délégations à la V Rencontre mondiale des Familles, qui aura lieu en juillet prochain à Valence, en Espagne, et à laquelle, si Dieu le veut, j'aurai la joie de participer en personne.

Merci encore pour le travail que vous accomplissez; que le Seigneur continue à le rendre fécond! Je vous assure pour cela de mon souvenir dans la prière, alors que, en invoquant la protection maternelle de Marie, je vous donne à tous ma Bénédiction, que j'étends volontiers aux familles, afin qu'elles continuent à construire leur foyer sur l'exemple de la Sainte Famille de Nazareth.


AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DU "BUND DER BAYERISCHEN GEBIRGSSCHÜTZEN" Samedi 13 mai 2006



Eminence,
Monsieur l'Ambassadeur,
chers "Gebirgsschützen",

C'est pour moi une joie de vous saluer dans le cadre de votre pèlerinage en l'honneur de la Patrona Bavariae, ici, au Vatican. Je vous remercie, Monsieur le Cardinal, qui êtes lié à moi de façon particulière en tant que mon successeur immédiat comme Archevêque de Munich et Freising, pour les paroles cordiales que vous m'avez adressées au nom de toutes les personnes présentes.

Il y a exactement quatre-vingt-dix ans, mon Prédécesseur le Pape Benoît XV, sur la prière du dernier roi de Bavière, Ludwig III, confirma à travers l'institution de la fête ecclésiale de la Patrona Bavariae la décision du Duc Maximilien de Bavière, qui 300 ans auparavant, en 1616, avait déjà placé son duché sous la protection de Marie Vierge et Mère de Dieu. Le 14 mai 1916, fut célébrée pour la première fois sa fête liturgique à Munich. Ce fut alors un signe important d'encouragement et d'espérance pour un pays qui, dans le tumulte de la Première Guerre mondiale, craignait pour son précieux patrimoine culturel et religieux. Dans le même temps, ce fut pour ainsi dire le couronnement de douze siècles de vénération mariale en Bavière: en effet, lorsqu'en 724, saint Corbinien arriva à Freising, il existait déjà une église dédiée à Marie, le bourgeon de l'actuelle Cathédrale de Freising.

Avec la célébration annuelle de la journée en l'honneur de la Patrona Bavariae, le premier dimanche de mai, au sein du "Bund der Bayerischen Gebirgsschützen-Kompanien", vous vous placez sous la protection de la grande Patronne de notre patrie commune, mais également à son service. Vous n'avez plus le devoir, comme au cours des siècles passés, de défendre, les armes à la main, le pays contre les ennemis extérieurs, mais aujourd'hui, il existe des dangers sous doute encore plus graves car souvent, ils ne sont pas reconnus comme tels.

Après deux conflits mondiaux, il existe de nombreuses personnes, qui sont d'une certaine façon "déracinées", qui n'ont jamais connu la signification du terme "patrie", ni combien l'appartenance à celle-ci peut conférer à l'homme une sécurité intérieure, car cela va au-delà du simple fait géographique. Pour nous, il s'agit dans le même temps d'un enracinement dans la foi chrétienne qui a profondément formé la Bavière et toute l'Europe et qui confère à notre vie son sens authentique. Cette foi s'est exprimée sur notre terre comme dans d'autres régions sous des formes particulières, allant du style baroque de nos églises aux humbles crucifix dans les campagnes, des joyeuses processions du Corpus Domini aux petits pèlerinages dans les nombreux sanctuaires, de la grande musique sacrée aux chants populaires des territoires alpins.

Vous avez accompli votre devoir de protéger et de défendre la culture populaire bavaroise. L'héritage culturel que vous désirez protéger et dont vous voulez prendre soin ne constitue pas une fin en soi, mais doit contribuer à l'enracinement des personnes, là où celui-ci a disparu, les reconduire à travers les signes aux contenus, à ce qui peut offrir un soutien et une orientation à leur vie. La culture populaire bavaroise, sous ses multiples expressions, rend visible la joie profonde et indestructible que Jésus Christ a voulu donner lorsqu'il a dit: "Je suis venu pour qu'ils aient la vie, et qu'ils l'aient en abondance" (Jn 10,10).

193 Je désire vous encourager à demeurer solidement ancrés à la fidélité aux valeurs chrétiennes qui représentent le fondement particulier de la Bavière. Que Marie, la Très Sainte Vierge et Mère de Dieu, Patrona Bavariae, garde sa main protectrice sur vous tous. A travers son intercession, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES MIGRANTS ET DES PERSONNES EN DÉPLACEMENT Salle Clémentine Lundi 15 mai 2006



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement. Je salue tout d'abord Monsieur le Cardinal Renato Raffaele Martino, que je remercie des paroles avec lesquelles il a présenté notre rencontre. Je salue également le Secrétaire, les membres et les Consulteurs de ce Conseil pontifical, de manière particulière ceux récemment nommés, et j'adresse à tous une pensée cordiale avec le voeu d'un travail fructueux.

Le thème choisi pour cette Assemblée - "Migration et déplacement des pays et vers les pays à majorité islamique" - concerne une réalité sociale qui devient toujours plus actuelle. La mobilité concernant les pays musulmans mérite donc une réflexion spécifique, non seulement en raison de l'importance quantitative du phénomène, mais surtout parce que l'identité islamique est une identité caractéristique, tant du point de vue religieux que culturel. L'Eglise catholique ressent avec une conscience croissante que le dialogue interreligieux fait partie de son engagement au service de l'humanité dans le monde contemporain. Cette conviction est devenue, comme on dit, le "pain quotidien" en particulier pour ceux qui oeuvrent au contact des migrants, des réfugiés et des diverses catégories de personnes en déplacement. Nous vivons une époque dans laquelle les chrétiens sont appelés à cultiver un style de dialogue ouvert sur les problèmes religieux, en ne renonçant pas à présenter à leurs interlocuteurs la proposition chrétienne de manière cohérente avec leur propre identité. Ensuite, on ressent toujours plus l'importance de la réciprocité dans le dialogue, une réciprocité que l'Instruction Erga migrantes caritas Christi définit à juste titre comme un "principe" de grande importance. Il s'agit d'une "relation fondée sur le respect réciproque" et, plus encore, d'une "attitude du coeur et de l'esprit" (n. 64). Les efforts que l'on accomplit dans de nombreuses communautés pour tisser avec les immigrés des relations de connaissance et d'estime mutuelles, qui apparaissent plus que jamais utiles pour surmonter les préjugés et les barrières mentales, témoignent de combien cet engagement est important et délicat.

Dans son action d'accueil et de dialogue avec les migrants et les personnes en déplacement, la communauté chrétienne a comme point de référence constant le Christ, qui a laissé à ses disciples, comme règle de vie, le commandement nouveau de l'amour. L'amour chrétien est, de par sa nature, prévenant. Voilà pourquoi chaque chrétien est appelé à ouvrir ses bras et son coeur à chaque personne, quel que soit le pays dont elle provient, en laissant ensuite aux autorités responsables de la vie publique le soin d'établir dans ce domaine les lois considérées comme opportunes pour une saine coexistence. Sans cesse incités à témoigner cet amour que le Seigneur Jésus a enseigné, les chrétiens doivent ouvrir leur coeur, en particulier aux petits et aux pauvres, en qui Jésus lui-même est présent de manière singulière. En agissant ainsi, ils manifestent le caractère le plus spécifique et caractéristique de l'identité chrétienne: l'amour que le Christ a vécu et transmet sans cesse à l'Eglise à travers l'Evangile et les Sacrements. Il faut bien sûr espérer que les chrétiens qui émigrent vers les pays à majorité islamique y trouvent l'accueil et le respect de leur identité religieuse.

Chers frères et soeurs, je saisis volontiers cette occasion pour vous remercier de ce que vous accomplissez en faveur d'une pastorale organique et efficace pour les migrants et les personnes en déplacement, en donnant au service de cette tâche votre temps, vos compétences et votre expérience. Il n'échappe à personne qu'il s'agit là d'une frontière significative de la nouvelle évangélisation dans l'univers actuel mondialisé. Je vous encourage à poursuivre votre travail avec un zèle renouvelé, alors que, pour ma part, je vous suis avec attention et je vous accompagne par ma prière, afin que l'Esprit Saint rende fructueuse chacune de vos initiatives pour le bien de l'Eglise et du monde. Que veille sur vous la Très Sainte Vierge Marie, qui a vécu sa foi comme une pérégrination dans les diverses circonstances de son existence terrestre. Que la Sainte Vierge aide chaque homme et chaque femme à connaître son Fils Jésus et à recevoir de Lui le don du salut. Avec ce souhait, je vous donne à tous ma Bénédiction, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères.


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES NOUVEAUX AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 mai 2006



Excellences,

Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays: le Tchad, l'Inde, le Cap-Vert, la Moldova et l'Australie. Je vous remercie de m'avoir transmis les paroles courtoises de vos Chefs d'État, vous sachant gré de leur faire part en retour de mes salutations et de mes souhaits déférents pour leurs personnes et pour leur haute mission au service de leur pays. À travers vous, je tiens à saluer les Autorités civiles et religieuses de vos nations, ainsi que tous vos compatriotes, pensant de manière particulière aux communautés catholiques.

Vous appartenez à la grande famille des diplomates qui, dans le monde entier, s'efforcent de créer des ponts entre les pays, dans la perspective de l'instauration et de l'affermissement de la paix et de relations plus fortes entre les peuples, tant sur le plan de la solidarité fraternelle que des échanges économiques et culturels, pour le bien-être de toutes les populations de la planète. Cela suppose, de votre part comme de la part des Autorités légitimes des différents pays du globe et des différentes instances internationales une volonté assurée, ainsi qu'une largeur de vue, pour ne pas réduire les décisions à prendre aux simples urgences de l'instant.

En effet, il ne suffit pas de décider de la paix ou de la collaboration entre les nations pour y parvenir. Encore faut-il que chacun s'y engage concrètement, acceptant de ne pas regarder uniquement l'intérêt de ses proches ou d'une classe particulière de la société, au détriment de l'intérêt général, mais en visant avant tout le bien commun des populations du pays et plus largement de l'humanité entière. À l'ère de la mondialisation, il importe que la gestion de la vie politique ne soit pas guidée de manière prépondérante ou uniquement par des considérations d'ordre économique, par la recherche d'une rentabilité croissante, par une utilisation inconsidérée des ressources de la planète, au détriment des populations, notamment de celles qui sont les plus défavorisées, et en risquant d'hypothéquer à long terme l'avenir du monde.

De même, la paix s'enracine dans le respect de la liberté religieuse, qui est un aspect fondamental et primordial de la liberté de conscience des personnes et de la liberté des peuples. Il est important que, partout dans le monde, toute personne puisse adhérer à la religion de son choix et la pratiquer librement et sans crainte, car nul ne peut fonder son existence uniquement sur la recherche d'un bien-être matériel. Accepter une telle démarche personnelle et communautaire aura sans aucun doute des effets bénéfiques sur la vie sociale. En effet, aimer le Tout-Puissant et l'accueillir invite chacun à se mettre au service de ses frères et à construire la paix.

J'encourage donc les Responsables des nations et tous les hommes de bonne volonté à s'engager toujours plus résolument dans la construction d'un monde libre, fraternel et solidaire, où l'attention envers les personnes prime sur les simples aspects économiques. Il est de notre devoir d'accepter d'être responsables les uns des autres, et de la marche de l'ensemble du monde. Car nul ne peut dire comme Caïn à la question de Dieu dans le livre de la Genèse: "Suis-je le gardien de mon frère ?"

Au moment où vous commencez votre mission auprès du Saint-Siège, permettez-moi, Messieurs les Ambassadeurs, de vous adresser mes voeux les meilleurs; je demande au Tout-Puissant de faire descendre les bienfaits divins sur vous-mêmes, sur vos proches, sur vos collaborateurs et sur tous les habitants de vos pays.


À S.E. M. MOUKHTAR WAWA DAHAB AMBASSADEUR DU TCHAD PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 mai 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur,

195 Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Tchad près le Saint-Siège.

Sensible à vos aimables paroles, je vous remercie des salutations cordiales que vous m'avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Idriss Deby Itno, Président de la République, ainsi que du Gouvernement et du peuple tchadiens. En retour, vous voudrez bien assurer Son Excellence le Président de la République des souhaits de bonheur et de prospérité que je forme pour sa personne et pour tous les Tchadiens, demandant au Tout-Puissant de garder la Nation dans la paix et dans la concorde.

Ainsi que vous l'avez souligné, Monsieur l'Ambassadeur, votre pays est engagé dans la consolidation du processus démocratique. Il s'agit d'une démarche de longue haleine, qui nécessite en particulier l'acceptation par tous d'un certain nombre de valeurs, comme la dignité de la personne humaine, le respect des droits de l'homme, le bien commun comme fin et critère de régulation de la vie politique et sociale (cf. Compendium de la doctrine sociale de l'Église, n. 407). En effet, la personne humaine doit être au centre de toute la vie sociale. Les responsables de l'État et l'ensemble des Autorités civiles ont pour mission de servir les citoyens, en recherchant et en mettant en oeuvre ce qui peut contribuer à la bonne marche de la société, selon les principes de la justice. Aussi est-il essentiel que la richesse produite par l'exploitation des ressources naturelles soit gérée de manière toujours plus transparente, afin qu'elle soit effectivement utilisée pour le développement intégral et solidaire de la population, et pour l'amélioration de ses conditions de vie.

En faisant allusion à la situation difficile que connait actuellement votre pays, vous avez souhaité, Monsieur l'Ambassadeur, qu'une véritable paix s'y instaure de façon définitive. La paix est une aspiration profonde, présente au coeur de tout homme. Il est donc indispensable que tous se sentent engagés à la réaliser de manière authentique et durable, sur des bases solides et justes. Pour cela, le dialogue et la concertation entre toutes les parties concernées sont essentiels. Ils favorisent le bien commun de la nation, en évitant de recourir aux armes pour surmonter les différends, que la violence ne peut jamais régler. En effet, le dialogue est un acte de confiance en tout homme, qui porte en lui la capacité de dépasser les divisions, et c'est lorsque le dialogue n'existe pas que la paix est menacée.

L'Église catholique, quant à elle, consciente que l'engagement à édifier la paix et la justice fait partie de la mission qu'elle a reçue de son Fondateur, entend contribuer, par les moyens qui lui sont propres, à l'établissement et à la consolidation de la paix dans les sociétés et entre les peuples. Pour elle, une paix véritable n'est possible que par le dialogue fondé sur le pardon et la réconciliation, ainsi que sur le respect des droits de chacun. Toutefois, elle est aussi convaincue que cela n'exclut pas la nécessité de tenir compte des exigences de la justice et de la vérité, qui sont des conditions d'une authentique réconciliation.

Je souhaite donc vivement, Monsieur l'Ambassadeur, que, dans votre pays, par un véritable dialogue entre toutes les parties concernées, cessent toutes les violences et arrive le temps de la réconciliation, afin de donner à tous les Tchadiens de vivre paisiblement et de construire ensemble une société toujours plus fraternelle et plus solidaire. Pour y parvenir, je souhaite aussi que tous les gouvernants de la région mettent au centre de leurs préoccupations une détermination ferme et assurée en faveur de la paix et de la justice pour le bien de leurs peuples et favorisent entre ceux-ci des relations de bon voisinage et de solidarité.

En cette circonstance solennelle, à travers votre personne, Monsieur l'Ambassadeur, je voudrais aussi saluer la communauté catholique du Tchad, appréciant l'attention que vous portez à sa mission spirituelle et à son action dans la société. Avec ses Évêques elle témoigne généreusement de l'amour que les disciples du Christ doivent avoir pour tous. Je l'invite à demeurer unie autour de ses Pasteurs et à travailler ardemment à la réconciliation et à la paix.

Alors que vous inaugurez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez assuré qu'auprès de mes collaborateurs, vous trouverez toujours l'accueil attentif et la compréhension cordiale dont vous pourrez avoir besoin.

J'invoque de grand coeur sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs, sur sa famille, sur le peuple tchadien et sur ses dirigeants, l'abondance des Bénédictions divines.



Discours 2005-2013 190