Discours 2005-2013 195

À S.E. M. AMITAVA TRIPATHI AMBASSADEUR D'INDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 mai 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Votre Excellence,

196 Je suis heureux de vous accueillir au Vatican, alors que vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Inde près le Saint-Siège. Je vous remercie sincèrement pour les salutations que vous m'avez transmises de la part du gouvernement et du peuple indiens, et je vous prie de transmettre mes salutations au Président M. Abdul Kalam, ainsi que l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation et de ses citoyens.

Les efforts constants de l'Inde en vue d'édifier une société démocratique et libre reposent sur sa conviction du besoin de respecter la variété des cultures, des religions et des groupes ethniques qui composent la nation et façonnent les aspirations de ses fils et ses filles. Le peuple indien est à juste titre fier de la stabilité de ses Institutions politiques, tout en reconnaissant dans le même temps les immenses défis en vue de promouvoir la justice, combattre toutes les formes de violence et d'extrémisme, et établir un climat serein et respectueux de dialogue, de coopération et de bonne volonté entre les différentes composantes de sa société vaste et variée. Alors que la nation continue de bénéficier d'une croissance économique importante, ces valeurs démocratiques devraient servir d'inspiration et de fondement solide en vue de politiques sociales sérieuses visant à permettre à tous les citoyens de partager cette croissance et profiter de ses bénéfices.

A cet égard, je désire vous assurer que la communauté catholique d'Inde désire partager pleinement la vie de la nation, dans un esprit de collaboration et de préoccupation pour le bien commun. Vous avez reconnu la contribution que les héritiers spirituels de l'Apôtre saint Thomas et saint François-Xavier ont apportée à la croissance de l'Inde moderne, en particulier dans le domaine de l'éducation et du développement humain. L'Eglise considère ces contributions comme une partie fondamentale de sa mission de proclamer la dignité innée et les droits de chaque personne humaine, faite à l'image et à la ressemblance de Dieu, ainsi que comme un service important à l'édification d'une société juste, pacifique et pluraliste. Lorsque les dons et les talents de tous les citoyens, hommes et femmes, riches et pauvres, sont pris en considération et développés, la voie est ouverte pour un avenir de prospérité et d'harmonie sociale pour toute la nation.

J'apprécie beaucoup votre référence au riche héritage spirituel de l'Inde et à son engagement à la tolérance religieuse et au respect. Etant donné cet engagement, aucun citoyen d'Inde, en particulier les plus faibles et les plus défavorisés, ne devrait jamais avoir à souffrir de la discrimination pour quelque raison que ce soit, en particulier sur la base des origines ethniques ou religieuses ou encore de la position sociale. Le récent rétablissement du Conseil d'Intégration national et la création, cette année, du Ministère pour la question des Minorités offre des moyens concrets de défendre l'égalité garantie de façon constitutionnelle entre toutes les religions et groupes sociaux. Tout en protégeant le droit de chaque citoyen à professer et à pratiquer sa foi, ils facilitent également les efforts en vue d'édifier des ponts entre les communautés minoritaires et la société indienne tout entière, promouvant ainsi l'intégration nationale et la participation de tous au développement du pays. Les signes inquiétants d'intolérance religieuse qui ont agité certaines régions de la nation, y compris la tentative répréhensible de promulguer des lois restrictives manifestement discriminatoires sur le droit fondamental à la liberté religieuse, doivent être fermement rejetés, comme étant non seulement anticonstitutionnels, mais également contraires aux idéaux les plus élevés des pères fondateurs de l'Inde, qui croyaient en une nation de coexistence pacifique et de tolérance mutuelle entre les différentes religions et groupes ethniques.

Je ne peux manquer ici d'exprimer la satisfaction du Saint-Siège pour le désir de l'Inde de résoudre à travers la négociation et les moyens pacifiques les contentieux anciens avec le Pakistan voisin. Le tremblement de terre de l'an dernier au Cachemire, et les tragiques pertes de vie et destructions matérielles qui ont suivi, ont montré le besoin urgent d'unir les efforts en vue de répondre à la situation d'urgence, d'apporter des secours aux victimes et d'entreprendre l'immense tâche de la reconstruction. Le dialogue et la coopération accrue devraient également contribuer à répondre à de nombreux autres défis dans la région, y compris la menace de la violence liée à l'extrémisme politique et religieux. Comme le montre l'expérience, ce phénomène inquiétant, qui est souvent le fruit d'une situation de pauvreté, d'absence d'éducation, et du manque de respect pour les droits des autres, ne peut être combattu que par des efforts concertés en vue de résoudre les problèmes sociaux sous-jacents. Lorsque la dignité innée et la liberté de chaque homme et femme sont reconnues, respectées et promues à tous les niveaux de la société, c'est alors que sont jetées les bases d'un avenir de justice, de liberté et de paix.

Votre Excellence, alors que vous commencez la mission de Représentant de la République d'Inde près le Saint-Siège, je vous prie d'accepter mes meilleurs voeux personnels pour le succès de votre travail important. Soyez assurés de la collaboration des bureaux de la Curie romaine dans votre travail et de son assistance dans l'accomplissement de vos hautes responsabilités. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur tout le bien-aimé peuple indien, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


À S.E. M. DOMINGOS DIAS PEREIRA MASCARENHAS AMBASSADEUR DU CAP-VERT PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 mai 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE


Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec plaisir que j'accueille Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cap-Vert près le Saint-Siège.

Je vous remercie des paroles déférentes que vous venez de m'adresser, ainsi que des salutations que vous m'avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Pedro Verona Rodrigues Pires, Président de la République. Je vous saurais gré de bien vouloir lui faire part en retour de mes souhaits fervents de bonheur et de prospérité pour sa personne et pour l'ensemble du peuple capverdien.

197 Comme vous l'avez souligné dans votre discours, la présence de l'Église dans les îles du Cap-Vert remonte à plusieurs siècles, faisant de la foi chrétienne une composante essentielle de la culture et du patrimoine spirituel de la population. Aussi, est-il important que les relations entre l'Église et l'État se développent harmonieusement dans le respect de l'autonomie des deux parties, car toutes deux, bien que sur des registres différents, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes personnes, dans la recherche du bien commun. Vous le savez, Monsieur l'Ambassadeur, l'Église catholique est désireuse de contribuer au développement intégral des peuples. En effet, la pauvreté dans laquelle tant d'hommes et de femmes vivent ne peut qu'interpeller la conscience humaine. Elle pose à tous la question dramatique de la justice. Le sous-développement n'est pas une fatalité. Il doit être affronté avec détermination et persévérance. Car, comme l'a souvent rappelé le Magistère de l'Église, le développement n'est pas seulement une aspiration, mais un droit: "La collaboration au développement de tout l'homme et de tout homme est en effet un devoir de tous envers tous" (Encyclique Sollicitudo rei socialis, n. 32). Il est donc nécessaire qu'une authentique solidarité favorise des relations plus équitables entre les nations, ainsi que leur développement humain et spirituel. En effet, la solidarité doit s'exercer non seulement à l'intérieur de chaque société, mais aussi entre les peuples, car, pour créer un espace de paix et de stabilité qui permette la croissance économique et l'équilibre politique, une coopération confiante et courageuse est indispensable. Je souhaite donc vivement que la solidarité internationale, notamment en faveur de l'Afrique, connaisse un élan nouveau, afin que ce continent, si durement éprouvé, puisse s'engager résolument sur le chemin de son développement intégral, de la réconciliation et de la paix.

Par ailleurs, les multiples difficultés que connaît le continent africain contribuent à accentuer l'expansion du phénomène migratoire et les graves questions qui en découlent. Ainsi que vous l'avez souligné, Monsieur l'Ambassadeur, un nombre important de Capverdiens a été poussé à émigrer pour chercher de meilleures conditions de vie. Certes, il est du devoir des pays qui reçoivent des personnes immigrées de pratiquer un accueil fraternel et de légiférer pour favoriser leur digne insertion dans la société, tout en respectant leur identité légitime. Mais, il est aussi nécessaire de prendre en considération les déséquilibres socio-économiques, les risques d'une mondialisation sans règles, ou encore les situations de violence ou de violation des droits de la personne qui sont des facteurs importants de migrations. La solidarité internationale devrait permettre à chacun, dans son propre pays, de vivre dans la dignité et de mettre en oeuvre les dons qu'il a reçus du Créateur.

Par votre intermédiaire, Monsieur l'Ambassadeur, je voudrais aussi adresser mon cordial salut aux Évêques de votre pays, ainsi qu'à l'ensemble de la communauté catholique. La création récente du diocèse de Mindelo est un signe de sa vitalité. Je souhaite donc aux catholiques de poursuivre courageusement leur engagement avec l'ensemble de leurs concitoyens, pour bâtir une société toujours plus juste et plus fraternelle.

Au moment où Votre Excellence commence sa mission auprès du Saint-Siège, je Lui offre mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui L'attend. Auprès de mes collaborateurs, Elle trouvera toujours l'accueil attentif et la compréhension cordiale dont Elle pourra avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs, sur le peuple capverdien et sur ses dirigeants, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions du Très-Haut.


À S.E. M. VALERIU BOBUTAC AMBASSADEUR DE MOLDOVA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 18 mai 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE


Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Moldova près le Saint-Siège. Je vous remercie de vos paroles et des salutations que vous me transmettez de la part de votre Président, M. Vladimir Voronin. Je vous prie de lui transmettre mes meilleurs voeux et de l'assurer de mes prières constantes pour le bien-être de la nation.

Le Saint-Siège apprécie beaucoup ses liens diplomatiques avec votre pays, établis peu après l'indépendance de la Moldova en 1991, et se réjouit de continuer à bâtir sur les relations cordiales qui se sont développées depuis. Conscient des défis que représentent les efforts en vue d'assurer une transition pacifique vers la démocratie et de trouver une place au sein de la Communauté internationale pour le nouvel Etat indépendant, le Saint-Siège continue d'offrir son encouragement et son assistance de toutes les façons possibles. Bien que les catholiques ne représentent qu'une petite proportion de la population, ils sont fiers du riche héritage culturel de leur patrie et désirent jouer un rôle dans la vie nationale, apportant une contribution particulière dans le domaine de l'assistance sociale. Il faut souligner que cette activité découle de la nature et de la mission mêmes de l'Eglise, qui comporte l'engagement à promouvoir la dignité de la personne humaine et l'aide à ceux qui rencontrent des difficultés de tout gen-re. L'Eglise est engagée au plein respect de la liberté de conscience, et, en tant que telle, elle encourage les gouvernements à prendre des mesures en vue de garantir cette liberté précieuse à tous leurs citoyens. L'assurance que vous offrez en ce qui concerne la position de votre gouvernement à cet égard est très gratifiante. A travers vous, Monsieur l'Ambassadeur, j'aimerais saluer tous les habitants de Moldova, et en particulier la communauté catholique, placée sous la direction de l'Evêque de Chisinau, Mgr Anton Cosa.

En raison de sa préoccupation pour la paix et la justice, l'Eglise est tout naturellement concernée par le débat sur le statut de la Transnistrie. Tout en reconnaissant pleinement la complexité de la question, j'exhorte votre gouvernement à continuer à rechercher une solution pacifique et à oeuvrer en harmonie avec les organes de l'Union européenne, le Conseil de l'Europe et d'autres Organisations internationales en vue de résoudre le conflit. Je prie afin que votre pays continue d'accomplir des progrès vers le noble objectif de la paix, qui correspond aux aspirations et aux espérances les plus profondes des peuples partout dans le monde.

Le Saint-Siège salue l'intérêt manifesté par votre gouvernement en vue de faire progresser le dialogue avec tous les Etats d'Europe comme un signe d'espérance pour le continent. Pendant trop longtemps, la Moldova a souffert de l'imposition d'une utopie totalitariste de "justice sans liberté". L'Occident, en revanche, continue d'être exposé au danger d'une utopie alternative de "liberté sans vérité", découlant d'une fausse conception de la "tolérance". Si l'on veut véritablement servir le bien commun des citoyens européens, il est essentiel d'éviter ces deux visions partielles nuisibles et de redécouvrir la liberté authentique qui découle de notre héritage commun de foi en Jésus Christ, vivant dans son Eglise, source d'espérance pour l'Europe (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 98). La voix et l'expérience de votre peuple doit être entendue dans le débat européen, afin que l'on puisse tirer des leçons de l'expérience récente. De cette façon, un avenir plus radieux pourra être édifié, fondé sur l'engagement à la vérité et cela, comme je l'ai répété dans mon discours au Corps diplomatique au début de cette année (9 janvier 2006; cf. ORLF n. 2 du 10 janvier 2006), représente l'âme de la justice, et représente l'instrument qui établit et renforce le droit à la justice et qui ouvre la voie au pardon et à la réconciliation.

198 Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui renforcera les bonnes relations qui existent entre la République de Moldova et le Saint-Siège. En vous offrant mes meilleurs voeux pour les années à venir, je voudrais vous assurer que les divers bureaux de la Curie romaine seront heureux de vous apporter leur aide et leur soutien dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple de Moldova, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.

À S.E. Mme. ANNE MAREE PLUNKETT

AMBASSADEUR D'AUSTRALIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 18 mai 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE


Madame l'Ambassadeur,

C'est pour moi un plaisir de vous souhaiter une cordiale bienvenue aujourd'hui, tandis que j'accepte les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Australie près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les salutations que vous me transmettez de la part du Gouverneur général, du gouvernement et du peuple d'Australie. Je vous prie de leur transmettre en retour ma sincère reconnaissance et de les assurer de mes prières pour le bien-être de la nation.

La ferme résolution du Saint-Siège en vue de promouvoir la cause de la paix est située au coeur de son activité diplomatique. Avec une profonde conviction et dans un esprit de service, elle rappelle à tous les peuples que si l'on veut que la paix soit authentique et durable, celle-ci doit reposer sur les fondements de la vérité sur Dieu et sur l'homme. Par conséquent, l'aspiration irrépressible à la paix présente dans le coeur de toute personne, quelle que soit son identité culturelle particulière, ne peut être satisfaite que si elle est comprise comme le fruit d'un ordre fixé et voulu par l'amour de Dieu, implanté dans la société humaine par son Fondateur divin, et respecté par des hommes aspirant sans cesse à une justice plus parfaite (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2006, n. 3; cf. ORLF n. 50 du 13 décembre 2005).

Votre Excellence a indiqué à juste titre que l'engagement concret afin d'assurer l'autorité de la justice et de promouvoir la paix représente un trait caractéristique de votre population. Un signe tangible de cela peut être trouvé dans le rôle de premier plan que votre pays joue dans les opérations de maintien de paix, dans son aide généreuse aux projets d'assistance et dans sa disponibilité à contribuer aux exigences de la stabilité et de la sécurité internationales nécessaires au progrès social et économique dans le monde. Les missions de l'Australie dans les Iles Salomon, au Timor oriental et en Afghanistan font l'objet d'un grand respect de la part de la Communauté internationale et représentent un noble témoignage de la vérité selon laquelle tous les peuples sont membres d'une seule et même famille humaine, qui reçoivent leur dignité commune et essentielle de Dieu et qui sont capables de transcender toute frontière sociale et culturelle (cf. Centesimus annus CA 38).

La résolution louable d'oeuvrer pour la paix au niveau international doit aller de pair avec une détermination tout aussi profonde de parvenir à la justice au niveau local. Je sais que votre gouvernement a exprimé de façon assidue ses préoccupations concernant l'accueil des réfugiés, afin de garantir que les aspects humanitaires soient pris en compte dans les politiques de détention des immigrés et dûment contrôlés. En ce qui concerne le peuple aborigène de votre pays, il reste encore beaucoup à faire. Leur situation sociale est la cause d'une grande souffrance. Je vous encourage, ainsi que votre gouvernement, à continuer d'examiner avec compassion et détermination les causes profondes qui sont à la base de leurs souffrances. L'engagement à la vérité ouvre la voie à la réconciliation durable à travers le processus cicatrisant de la demande et de l'accord du pardon, qui sont deux éléments indispensables à la paix. De cette façon, notre mémoire est purifiée, nos coeurs sont rassérénés et notre avenir est empli d'une espérance fondée sur la paix qui jaillit de la vérité (cf. Discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 9 janvier 2006; cf. ORLF n. 2 du 10 janvier 2006).

Tandis que j'accueille Votre Excellence au Vatican, mes pensées se tournent avec joie vers la visite que j'accomplirai, si Dieu le veut, à Sydney, à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse 2008. A cet égard, je désire remercier le peuple d'Australie, et en particulier le Premier ministre et le gouvernement, pour l'enthousiasme dont ils ont fait preuve à l'annonce de cette visite et pour l'assistance pratique qui a déjà été apportée à son organisation. Plus qu'un événement, la Journée mondiale de la Jeunesse est un temps de profond renouveau ecclésial, en particulier parmi les jeunes, dont les fruits iront au bénéfice de toute votre société. Dans les pays comme le vôtre, où le processus inquiétant de sécularisation gagne rapidement du terrain, de nombreux jeunes en viennent eux-mêmes à réaliser que c'est l'ordre transcendant qui guide toute la vie le long du chemin de la liberté et du bonheur authentiques. A contre-courant du relativisme moral qui, ne reconnaissant rien comme définitif, enferme les personnes dans le piège de la recherche futile et insatiable de la nouveauté, la jeune génération est en train de redécouvrir la recherche satisfaisante de ce qui est bon et vrai. Ce faisant, les jeunes se tournent vers les responsables religieux et civils pour dissiper toute éclipse du sens de Dieu et pour permettre à la lumière de la vérité de briller, donnant un sens à toutes les vies et rendant la joie et la satisfaction possibles pour tous.

C'est ce même respect pour l'ordre transcendant qui a conduit les Australiens à reconnaître l'importance fondamentale du mariage et de la vie familiale stable au coeur de la société, et d'attendre des forces politiques et sociales - y compris les médias et l'industrie du divertissement - de reconnaître, soutenir et protéger la valeur irremplaçable des familles. Ils reconnaissent que les pseudo-formes de "mariages" déforment le dessein du Créateur et minent la vérité de notre nature humaine, confondant un faux sens de liberté avec la véritable liberté de choisir le don définitif du "oui" permanent que les époux se promettent réciproquement. J'encourage donc le peuple d'Australie à continuer d'affronter le défi de créer un mode de vie, tant sur le plan individuel que collectif, qui soit en harmonie avec le dessein bienveillant de Dieu pour toute l'humanité.

Pour sa part, l'Eglise catholique qui est en Australie continue de soutenir le mariage et la vie de famille, et de défendre les bases chrétiennes de la vie civile. Elle participe activement à la formation spirituelle et intellectuelle des jeunes, en particulier à travers ses écoles. De plus, son apostolat caritatif s'étend aux communautés d'immigrés et à ceux qui vivent en marge de la société et, à travers sa mission de service, elle répondra de façon généreuse aux nouveaux défis qui se présentent.

Excellence, j'ai la certitude que votre mission renforcera ultérieurement les liens d'amitié qui existent déjà entre l'Australie et le Saint-Siège. Au moment où vous entamez vos nouvelles respon-sabilités, soyez assuré que les divers bureaux de la Curie romaine sont à votre entière disposition pour vous assister dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE ITALIENNE Salle du Synode Jeudi 18 mai 2006

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Chers frères évêques italiens,

Je suis très heureux de vous rencontrer tous ce matin, à l'occasion de la réunion de votre Assemblée générale. Je salue votre Président, le Cardinal Camillo Ruini, et je le remercie des paroles cordiales qu'il m'a adressées en se faisant l'interprète des sentiments communs. Je salue les trois Vice-présidents, le Secrétaire général et chacun de vous, en vous exprimant à mon tour l'affection de mon coeur et la joie de notre communion réciproque.

L'objet principal de votre Assemblée porte sur la vie et le ministère des prêtres, dans la perspective d'une Eglise qui entend être toujours davantage tendue vers sa mission évangélisatrice fondamentale. Vous poursuivez ainsi le travail initié lors de l'Assemblée du mois de novembre dernier à Assise, au cours de laquelle vous avez concentré votre attention sur les séminaires et sur la formation au ministère presbytéral. En réalité, pour nous Evêques, il s'agit d'un devoir essentiel que d'être constamment proches de nos prêtres qui, à travers le Sacrement de l'Ordre, participent au ministère apostolique que le Seigneur nous a confié. Il faut tout d'abord procéder avec attention à une sélection attentive des candidats au sacerdoce, en vérifiant leurs prédispositions personnelles à assumer les engagements qui sont liés à leur futur ministère; cultiver ensuite la formation, non seulement pendant les années du séminaire, mais également dans les phases successives de leur vie; avoir à coeur leur bien-être matériel et spirituel; exercer notre paternité à leur égard dans un esprit fraternel; ne jamais les laisser seuls dans les difficultés du ministère, dans la maladie et dans la vieillesse, comme dans les inévitables épreuves de la vie. Chers frères Evêques, plus nous serons proches de nos prêtres, plus ils éprouveront à leur tour à notre égard affection et confiance, ils excuseront nos limites personnelles, ils accueilleront notre parole et se sentiront solidaires avec nous dans les joies comme dans les difficultés du ministère.

Au centre de notre rapport avec les prêtres, ainsi que de notre propre vie et de la leur, se trouve dans toute son évidence la relation avec le Christ, l'union intime avec Lui, la participation à la mission qu'il a reçue du Père. Le mystère de notre sacerdoce consiste dans cette identification avec Lui, en vertu de laquelle nous, faibles et pauvres êtres humains, par le Sacrement de l'Ordre, nous pouvons parler in persona Christi capitis. Tout le parcours de notre vie de prêtre ne peut tendre que vers cet objectif: nous configurer dans la réalité de l'existence et dans nos comportements quotidiens au don et au mystère que nous avons reçus. Les paroles de Jésus doivent nous guider et nous réconforter sur ce chemin: "Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon père, je vous l'ai fait connaître" (
Jn 15,15). Le Seigneur se place entre nos mains, il nous transmet son mystère le plus profond et le plus personnel, il veut que nous participions de son pouvoir de salut. Mais cela exige évidemment que nous soyons à notre tour véritablement des amis du Seigneur, que nos sentiments se conforment à ses sentiments, notre volonté à sa volonté (cf. Ph 2,5), et c'est là un chemin de chaque jour.

L'horizon de l'amitié à laquelle Jésus nous introduit est d'ailleurs l'humanité tout entière: en effet, il veut être pour tous le Bon Pasteur qui donne sa propre vie (cf. Jn 10,11), et il le souligne fortement dans le discours du Bon Pasteur, qui est venu réunir tous les hommes, non seulement le peuple élu, mais tous les fils de Dieu dispersés. C'est pourquoi notre sollicitude pastorale ne peut être qu'universelle. Bien sûr, nous devons nous préoccuper avant tout de ceux qui, comme nous, croient et vivent avec l'Eglise, - il est très important que, même dans cette dimension d'universalité, nous soyons attentifs avant tout à ces fidèles qui vivent chaque jour leur "être Eglise" avec humilité et amour - mais toutefois nous ne devons pas nous lasser de sortir, comme nous le demande le Seigneur, "dans les rues et le long des haies" (Lc 14,13), pour inviter au banquet que Dieu a préparé également pour ceux qui, jusqu'à présent, ne l'ont pas connu, ou peut-être ont préféré l'ignorer. Chers frères évêques italiens, je m'unis à vous pour remercier nos prêtres de leur dévouement constant et souvent caché et pour leur demander, dans un esprit fraternel, de se fier toujours au Seigneur et de marcher avec générosité et courage sur le chemin qui conduit à la sainteté, en nous confortant et en nous soutenant nous aussi, les Evêques, sur le même chemin.

Au sein de cette Assemblée, vous vous êtes également occupés du Congrès ecclésial désormais proche, qui se déroulera à Vérone et auquel j'aurai moi aussi, si Dieu le veut, la joie d'être présent. Sur le thème "Témoins du Christ ressuscité, espérance du monde", le Congrès constituera un grand moment de communion pour toutes les composantes de l'Eglise en Italie. Il sera possible de faire le point sur le chemin parcouru ces dernières années et surtout de regarder de l'avant, pour affronter ensemble la tâche fondamentale de conserver toujours vivante la grande tradition chrétienne qui est la principale richesse de l'Italie. Dans ce but, le choix de placer au centre du Congrès Jésus ressuscité, source d'espérance pour tous, est particulièrement heureux. En effet, c'est à partir du Christ et seulement à partir de Lui, de sa victoire sur le péché et sur la mort, qu'il est possible de répondre au besoin fondamental de l'homme, qui est le besoin de Dieu, non pas d'un Dieu lointain et générique, mais du Dieu qui en Jésus Christ s'est manifesté comme l'amour qui sauve. Et il est également possible de jeter une lumière nouvelle et libératrice sur les grandes problématiques du temps présent. Mais cette priorité de Dieu - nous avons besoin de Dieu avant toute chose - est d'une grande importance.

A Vérone, il faudra donc se concentrer avant tout sur le Christ parce qu'en Christ, Dieu est concret, il est présent, il se montre, et donc se concentrer sur la mission prioritaire de l'Eglise de vivre en sa présence et de rendre, le plus possible, cette même présence visible à tous. Sur ces bases, vous examinerez à juste titre les diverses dimensions de l'existence quotidienne au sein desquelles le témoignage des croyants doit rendre opérante l'espérance qui vient du Christ ressuscité: concrètement, la vie affective et la famille, le travail et la fête, la maladie et les diverses formes de pauvreté, l'éducation, la culture et les communications sociales, les responsabilités civiles et politiques. Il n'y a en effet aucune dimension de l'homme qui soit étrangère au Christ. Votre attention, chers frères Evêques, également lors de cette Assemblée, est particulièrement tournée vers les jeunes. Je suis heureux de rappeler avec vous l'expérience du mois d'août dernier à Cologne, lorsque les jeunes italiens, accompagnés par beaucoup d'entre vous et par vos prêtres, participèrent en très grand nombre et de façon intense à la Journée mondiale de la Jeunesse. Il s'agit à présent d'entamer l'itinéraire qui conduira au rendez-vous de 2008 à Sydney, en laissant la place à l'enthousiasme et au désir de participation des jeunes. Ainsi, ils pourront toujours mieux comprendre que l'Eglise est la grande famille dans laquelle, en vivant l'amitié du Christ, l'on devient véritablement libres et amis entre nous, en dépassant les divisions et les barrières qui éteignent l'espérance.

Je souhaite enfin partager avec vous la sollicitude qui vous anime au sujet du bien de l'Italie. Comme j'ai pu le noter dans l'Encyclique Deus caritas est (nn. 28-29), l'Eglise est bien consciente que "la distinction entre ce qui est à César et ce qui est à Dieu (cf. Mt 22,21)... appartient à la structure fondamentale du christianisme", c'est-à-dire la distinction entre l'Etat et l'Eglise, ou encore l'autonomie des réalités temporelles, comme l'a souligné le Concile Vatican II dans "Gaudium et spes". Non seulement l'Eglise reconnaît et respecte cette distinction et cette autonomie, mais elle s'en réjouit, comme d'un grand progrès de l'humanité et d'une condition fondamentale pour sa propre liberté et l'accomplissement de sa mission universelle de salut parmi tous les peuples. Dans le même temps, et précisément en vertu de cette même mission de salut, l'Eglise ne peut manquer au devoir de purifier la raison, à travers la proposition de sa propre doctrine sociale, argumentée "à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain", et de réveiller les forces morales et spirituelles, en ouvrant la volonté aux exigences authentiques du bien. De son côté, une saine laïcité de l'Etat implique sans aucun doute que les réalités temporelles s'appuient sur des normes qui leur sont propres, auxquelles appartiennent également toutefois les instances éthiques qui trouvent leur fondement dans l'essence même de l'homme et renvoient donc, en dernière analyse, au Créateur. Dans les circonstances actuelles, en rappelant la valeur qu'ont pour la vie non seulement privée mais surtout publique, certains principes éthiques fondamentaux, enracinés dans le grand héritage chrétien de l'Europe et en particulier de l'Italie, nous ne commettons donc aucune violation contre la laïcité de l'Etat, mais nous contribuons au contraire à garantir et à promouvoir la dignité de la personne et le bien commun de la société.

Très chers Evêques italiens, sur ces valeurs, nous sommes débiteurs d'un témoignage clair à tous nos frères en humanité: à travers celui-ci, nous ne leur imposons pas des poids inutiles, mais nous les aidons à avancer sur la voie de la vie et de la liberté authentique. Je vous assure de ma prière quotidienne pour vous, pour vos Eglises et pour toute la bien-aimée nation italienne et je donne avec une grande affection ma Bénédiction apostolique à chacun de vous, à vos prêtres, à chaque famille italienne, en particulier à ceux qui souffrent le plus et qui ressentent plus fortement le besoin de l'aide de Dieu.



Discours 2005-2013 195