Discours 2005-2013 18

À S.E. M. VLADO BUCHKOVSKI, PREMIER MINISTRE DE L'EX-RÉPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE Lundi 23 mai 2005

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs,

C'est avec une grande joie que je vous salue, en la fête des saints Cyrille et Méthode, et je vous exprime ma gratitude pour cette visite de bienvenue. Je salue de façon particulière le Premier ministre et toutes les personnes qui l'accompagnent. C'est avec la même affection que je souhaite la bienvenue à la Délégation ecclésiastique. Je profite volontiers de cette occasion pour transmettre mes meilleurs voeux à tous les habitants de votre bien-aimé pays.

Lorsque j'ai reçu le nouvel Ambassadeur, il y a quelques jours, j'ai voulu mentionner combien les traditions et la culture du peuple de Macédoine font écho aux valeurs qui imprègnent l'esprit de l'Europe. Les saints frères Cyrille et Méthode, Apôtres des peuples slaves, ont contribué de façon significative à sa formation. Leur activité humaine et chrétienne a laissé des traces indélébiles dans l'histoire de votre pays. Le pèlerinage que vous accomplissez chaque année sur la tombe de saint Cyrille est une occasion de retourner aux racines de votre histoire. Cyrille et Méthode, originaires de Salonique, envoyés en mission parmi les peuples slaves par l'Eglise de Byzance, ont jeté les bases d'une authentique culture chrétienne et, dans le même temps, ont créé de façon concrète les conditions de la paix parmi les différentes populations. Ces valeurs de paix et de fraternité, que ces saints patrons de l'Europe, avec saint Benoît, ont inlassablement défendues, demeurent des éléments indispensables pour construire des communautés de solidarité, ouvertes au progrès humain intégral, respectant la dignité de chaque être humain et de tout l'être humain.

Je suis convaincu que la façon de donner vie à une société véritablement attentive au bien commun est de rechercher dans l'Evangile les racines de valeurs communes, comme le montre l'expérience des saints Cyrille et Méthode. Tel est le désir ardent de l'Eglise catholique, dont l'unique intérêt est de diffuser et de témoigner du message d'espérance et d'amour de Jésus Christ, du message de vie qui, au fil des siècles, a inspiré de nombreux martyrs et confesseurs de la foi. Je souhaite sincèrement que votre pèlerinage d'aujourd'hui contribue à garder vivants dans toute la nation ces nobles idéaux chrétiens et humains. Je prie également pour que votre pays s'ouvre avec confiance à l'Europe, contribuant ainsi de façon significative à édifier son avenir, inspiré par votre héritage religieux et culturel inestimable.

J'aimerais ajouter l'assurance de mes prières pour le bien-aimé peuple de Macédoine, afin qu'il puisse progresser vers un avenir d'espérance toujours plus forte, assisté en cela par toutes les composantes de la société civile et religieuse. J'invoque donc la bénédiction céleste des saints Cyrille et Méthode. Puisse Dieu toujours accorder sa bénédiction et sa protection à votre pays et à tout son peuple.


AUX ÉVÊQUES DU BURUNDI EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM» Samedi 28 mai 2005

19 Chers Frères dans l'Épiscopat,

Je vous accueille avec une grande joie, vous les Pasteurs de l'Église au Burundi, venus en pèlerinage à Rome pour vous recueillir sur le tombeau des Apôtres, et pour rencontrer le Successeur de Pierre et ses collaborateurs. Je souhaite que cette expérience de communion dans la charité vous encourage dans votre mission de serviteurs de l'Évangile du Christ, pour l'espérance du monde. J'exprime ma gratitude à Mgr Jean Ntagwarara, Évêque de Bubanza, Président de votre Conférence épiscopale, pour les aimables paroles qu'il vient d'exprimer en votre nom. Elles manifestent la vitalité spirituelle et missionnaire de vos communautés diocésaines, auxquelles j'adresse, ainsi qu'à tous les Burundais, mes affectueuses salutations. Avec vous, je souhaite aussi faire mémoire de Mgr Michael A. Courtney, qui a été fidèle jusqu'au don de sa vie à la mission que le Saint-Père lui avait confiée au service de votre cher pays et de l'Église locale.

Dans vos rapports quinquennaux, vous faites apparaître la part active que l'Église catholique prend à la promotion de la paix et de la réconciliation dans le pays, spécialement en cette période d'échéances électorales. Les souffrances endurées à l'occasion des heures sombres de la guerre, au cours de laquelle, il faut le redire, de nombreux chrétiens ont témoigné de manière héroïque de leur foi, n'ont pas éteint le désir de travailler à la fraternité et à l'unité entre tous, à la suite du Christ et en son nom. Je souhaite que le plan d'action pastorale élaboré à cet effet, ainsi que les synodes diocésains qui le mettront en oeuvre localement, contribuent à annoncer l'Évangile, à guérir les mémoires et les coeurs, à favoriser la solidarité entre tous les Burundais, en proscrivant l'esprit de vengeance et de ressentiment, et en invitant sans se lasser au pardon et à la réconciliation.

Nous célébrons cette année le dixième anniversaire de l'exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, promulguée par mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II. Puisse-t-elle demeurer la charte de votre engagement dans la mission qui vous est confiée, en communion avec les autres Église locales ! Je vous encourage en particulier à porter une attention renouvelée à tous les fidèles, afin qu'il vivent toujours plus intensément les exigences de leur Baptême. Beaucoup connaissent la grande pauvreté et la détresse intérieure, et sont tentés de retourner à des pratiques anciennes non purifiées par l'Esprit du Seigneur ou de se tourner vers les sectes. Prenez soin d'eux, en dispensant une solide formation chrétienne, sans négliger les efforts d'inculturation, notamment dans le domaine de la traduction de la Bible et des textes du Magistère. Cela permettra d'"assimiler toujours mieux le message évangélique, restant cependant fidèles à toutes les valeurs africaines authentiques" (Ecclesia in Africa ).

Au terme de notre rencontre, chers Frères dans l'Épiscopat, l'occasion m'est donnée de rendre grâce pour les efforts apostoliques déployés, souvent dans des conditions difficiles, par les prêtres, les religieux et les religieuses de vos diocèses, autochtones ou venus d'ailleurs. Je n'oublie pas les catéchistes, précieux auxiliaires de l'apostolat, ainsi que tous les fidèles qui participent au développement de l'homme et de la société, dans le cadre des oeuvres de l'Église pour la promotion sociale, pour le service dans le monde de l'éducation et de la santé. En invoquant sur vous tous, ainsi que sur vos diocésains, l'Esprit qui rend ferme dans la foi, qui ravive l'espérance et qui soutient la charité, je vous accorde bien volontiers une affectueuse Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE ITALIENNE Salle du Synode Lundi 30 mai 2005



Chers frères Evêques italiens,

je suis heureux de vous rencontrer ici ce matin, alors que vous êtes réunis à l'occasion de votre Assemblée générale, après avoir célébré hier avec un grand nombre d'entre vous, à Bari, la Messe de conclusion du Congrès eucharistique national. Je salue votre Président, le Cardinal Camillo Ruini, et je le remercie des paroles chaleureuses qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue les trois Vice-Présidents, le Secrétaire général et chacun de vous, et je désire vous exprimer à mon tour mes sentiments de profonde communion et d'affection sincère.

Quelques semaines seulement se sont écoulées depuis mon élection et les sentiments qui nous ont unis au cours des jours de la souffrance et de la mort de mon vénéré Prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, qui fut pour chacun de nous un père, un exemple et un ami, restent bien vivants en nous. Je vous suis particulièrement reconnaissant, car je sens que vous m'accueillez avec le même esprit que celui avec lequel vous l'avez accompagné au cours des vingt-six années de son Pontificat.

Chers frères, notre lien possède par ailleurs une racine précise, qui est celle qui unit tous les Evêques du monde au Successeur de Pierre, mais qui dans ce pays acquiert une vigueur particulière car le Pape est l'Evêque de Rome et le Primat d'Italie. L'histoire a montré, depuis désormais vingt siècles, quels grands fruits de bien ce lien particulier a portés, autant pour la vie de foi et la floraison de la civilisation du peuple italien que pour le ministère du Successeur de Pierre lui-même. Je commence donc le service nouveau et inattendu auquel le Seigneur m'a appelé en me sentant intimement réconforté par votre proximité et par votre solidarité: ensemble, nous pourrons accomplir la mission que Jésus Christ nous a confiée, ensemble, nous pourrons témoigner du Christ et le rendre présent aujourd'hui, tout autant qu'hier, dans les maisons et dans les âmes des italiens.

20 En effet, le rapport de l'Italie avec la foi chrétienne non seulement remonte à la génération apostolique, à la prédication et au martyre de Pierre et de Paul, mais il est encore profond et vivant à l'heure actuelle. Il est vrai que la forme de culture fondée sur une rationalité purement fonctionnelle, qui contredit et tend à exclure le christianisme et en général les traditions religieuses et morales de l'humanité, est présente et active en Italie comme un peu partout en Europe. Ici, cependant, son hégémonie n'est pas du tout absolue et encore moins indiscutée: en effet, nombreuses sont les personnes qui, même parmi ceux qui ne partagent pas ou ne pratiquent pas notre foi, ressentent combien une telle forme de culture constitue en réalité une dangereuse mutilation de l'homme et de sa raison. On peut surtout constater qu'en Italie, l'Eglise conserve une présence ramifiée, parmi les personnes de tous les âges et de toutes les conditions, et qu'elle peut donc proposer le message de salut que le Seigneur lui a confié dans les situations les plus diverses.

Chers frères, je connais votre engagement pour conserver vivante cette présence et pour accroître son dynamisme missionnaire. Dans les Orientations pastorales que vous avez remises aux diocèses italiens pour cette première décennie du nouveau siècle, en reprenant l'enseignement de Jean-Paul II dans Novo millennio ineunte, vous placez à juste titre à la base de tout la contemplation de Jésus Christ et, en Lui, du vrai visage de Dieu le Père, le rapport vivant et quotidien avec Lui. En effet, c'est là que se trouve l'âme et la force secrète de l'Eglise, la source efficace de notre apostolat. C'est surtout dans le mystère de l'Eucharistie que nous-mêmes, nos prêtres et tous nos fidèles pouvons vivre en plénitude ce rapport avec le Christ: dans ce mystère, il devient tangible parmi nous, se donne toujours à nouveau, devient nôtre afin que nous devenions siens et apprenions son amour. L'Année de l'Eucharistie et le Congrès qui vient d'être célébré à Bari constituent des encouragements qui nous aident à entrer plus profondément dans ce Mystère.

En contemplant le visage du Christ, et dans le Christ le visage du Père, la Très Sainte Vierge nous précède, nous soutient et nous accompagne. L'amour et la dévotion pour la Mère du Seigneur, si diffusées et enracinées dans le peuple italien, sont un héritage précieux que nous devons toujours cultiver et une grande ressource également en vue de l'évangélisation. Chers frères, sur ces bases, nous pouvons vraiment proposer à nous-mêmes et à nos fidèles la vocation à la sainteté, comme "haut degré de la vie chrétienne ordinaire", selon l'heureuse expression de Jean-Paul II dans Novo millennio ineunte (n. 37): l'Esprit Saint vient en effet en nous, par le Christ et le Père, précisément pour nous introduire dans le mystère de la vie et de l'amour de Dieu, au-delà de toute force et de toute attente humaine.

La présence de l'Eglise au sein de la population italienne, se caractérise tout d'abord concrètement par le réseau étroit des paroisses et par la vitalité que celles-ci expriment encore aujourd'hui, même face aux grands changements de la société et de la culture. Dans votre récente Note pastorale (Le visage missionnaire des paroisses dans un monde qui change), vous vous êtes donc préoccupés avec sagesse de soutenir les paroisses, en réaffirmant leur valeur et leur fonction et en encourageant ainsi en particulier les prêtres qui ont la lourde responsabilité d'être curés. Mais vous avez également mis en lumière la nécessité que les paroisses assument une attitude davantage missionnaire dans la pastorale quotidienne et s'ouvrent donc à une plus intense collaboration avec les forces vives dont l'Eglise dispose aujourd'hui. Il est très important, à ce propos, que soit renforcée la communion entre les structures paroissiales et les diverses réalités "charismatiques" apparues au cours des dernières décennies et largement présentes en Italie, afin que la mission puisse atteindre tous les milieux de vie. Dans ce même objectif, une contribution précieuse est assurément apportée par la présence des communautés religieuses, encore nombreuses en Italie malgré le manque de vocations.

Un terrain décisif, pour l'avenir de la foi et pour l'orientation globale de la vie d'une nation, est certainement celui de la culture. Je vous demande donc de poursuivre le travail que vous avez entrepris pour que la voix des catholiques soit constamment présente dans le débat culturel italien, et, plus encore, pour que se renforcent les capacités d'élaborer rationnellement, à la lumière de la foi, les multiples interrogations qui se présentent dans les différents domaines du savoir et dans les grands choix de vie. Aujourd'hui, la culture et les modèles de comportement sont en outre toujours plus conditionnés et caractérisés par les représentations qu'en proposent les médias: c'est pourquoi l'effort de votre Conférence pour acquérir, à ce niveau également, une capacité d'expression adaptée, de façon à pouvoir offrir à tous une interprétation chrétienne des événements et des problèmes, est méritoire.

La situation effective de l'Eglise en Italie confirme et justifie donc l'attention et les attentes qu'ont envers celle-ci de nombreuses Eglises soeurs en Europe et dans le monde. Comme l'a plusieurs fois souligné mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II, l'Italie peut et doit avoir un grand rôle dans le témoignage commun de Jésus Christ, notre unique Sauveur, et pour qu'en Christ soit trouvée la mesure du véritable humanisme, que ce soit pour la conscience des personnes ou pour établir les bases de la vie sociale.

Une question névralgique, qui demande notre plus grande attention pastorale, est celle de la famille. En Italie, encore davantage que dans d'autres pays, la famille représente vraiment la cellule fondamentale de la société, elle est profondément enracinée dans le coeur des jeunes générations et prend en charge de multiples problèmes, offrant son soutien et des remèdes à des situations autrement désespérées. Toutefois, en Italie la famille est également exposée, dans le climat culturel actuel, à de nombreux risques et menaces que nous connaissons tous. A la fragilité et à l'instabilité au sein de nombreuses unions conjugales s'ajoute, en effet, la tendance diffuse dans la société et dans la culture, à contester le caractère unique et la mission propre de la famille fondée sur le mariage. De plus, l'Italie est précisément l'un des pays où le phénomène de la baisse de la natalité est le plus grave et persistant, entraînant des conséquences déjà lourdes pour le corps social tout entier. C'est pourquoi, vous, Evêques italiens, avez depuis longtemps uni votre voix à celle de Jean-Paul II, tout d'abord pour défendre le caractère sacré de la vie et la valeur de l'institution matrimoniale, mais également pour promouvoir le rôle de la famille dans l'Eglise et dans la société, en demandant des mesures économiques et législatives qui soutiennent les nouvelles familles dans la procréation et l'éducation des enfants. Dans le même esprit, vous êtes actuellement engagés à éclairer et à motiver les choix des catholiques et de tous les citoyens à propos des référendums désormais imminents concernant la loi sur la procréation assistée: précisément en raison de sa clarté et de son caractère concret, votre engagement est le signe de la sollicitude des pasteurs pour chaque être humain, qui ne peut jamais être réduit à un moyen, mais qui est toujours une fin, comme nous l'enseigne Notre Seigneur Jésus Christ dans son Evangile et comme nous le dit la raison humaine elle-même. Dans cet engagement, et dans toute l'oeuvre variée qui fait partie de la mission et du devoir des pasteurs, je suis proche de vous à travers la parole et la prière, confiant dans la lumière et dans la grâce de l'Esprit qui agit dans les consciences et dans les coeurs.

Cette même sollicitude pour le bien véritable de l'homme qui nous pousse à prendre soin du sort des familles et du respect de la vie humaine s'exprime dans l'attention aux pauvres qui sont parmi nous, aux malades, aux immigrés, aux peuples décimés par les maladies, les guerres et la faim. Chers frères Evêques italiens, je désire vous remercier, ainsi que vos fidèles, pour l'ampleur de votre charité, qui contribue à faire concrètement de l'Eglise un peuple nouveau dans lequel personne n'est étranger. Rappelons-nous toujours des paroles du Seigneur: ce que vous avez fait "à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (
Mt 25,40).

Au mois d'août, comme vous le savez, je me rendrai à Cologne pour la Journée mondiale de la Jeunesse, et je suis certain de rencontrer à nouveau beaucoup d'entre vous, accompagnés par un grand nombre de jeunes italiens. Précisément à propos des jeunes, de leur formation, de leur rapport avec le Seigneur et avec l'Eglise, je voudrais ajouter une dernière parole. En effet, comme l'a affirmé à plusieurs reprises Jean-Paul II, ils sont l'espérance de l'Eglise, mais ils sont également, dans le monde d'aujourd'hui, particulièrement exposés au danger d'être "ballottés et emportés à tout vent de la doctrine" (cf. Ep Ep 4,14). Ils ont donc besoin d'être aidés à croître et à mûrir dans la foi: tel est le premier service qu'ils doivent recevoir de l'Eglise, et en particulier de nous, Evêques, et de nos prêtres. Nous savons bien qu'un grand nombre d'entre eux ne sont pas en mesure de comprendre et d'accueillir immédiatement tout l'enseignement de l'Eglise, c'est pourquoi il est justement important de réveiller en eux l'intention de croire avec l'Eglise, ainsi que la confiance que cette Eglise, animée et guidée par l'Esprit, est le sujet véritable de la foi, et qu'en nous y insérant, nous entrons et participons dans la communion de la foi. Afin que cela puisse se produire, les jeunes doivent se sentir aimés par l'Eglise, aimés concrètement par nous, Evêques et prêtres. Ils pourront ainsi faire l'expérience, dans l'Eglise, de l'amitié et de l'amour que le Seigneur a pour eux, ils comprendront que dans le Christ, la vérité coïncide avec l'amour et ils apprendront à leur tour à aimer le Seigneur et à avoir confiance dans son corps, qui est l'Eglise. Chers frères Evêques italiens, tel est aujourd'hui le point central du grand défi de la transmission de la foi aux jeunes générations.

Pour vos personnes et pour vos Eglises, pour toute la bien-aimée nation italienne, pour son présent et pour son avenir chrétien, pour la tâche qu'elle est appelée à accomplir en Europe et dans le monde, je vous assure de ma prière quotidienne et je vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique spéciale, ainsi qu'à vos prêtres et à chaque famille italienne.


LORS DE LA CÉLÉBRATION MARIALE POUR LA CONCLUSION DU MOIS DE MAI AU VATICAN Mardi 31 mai 2005

21
Grotte de Lourdes dans les Jardins du Vatican

Chers frères et soeurs!

C'est avec une grande joie que je m'unis à vous au terme de cette rencontre de prière, organisée par le Vicariat de la Cité du Vatican. Je constate avec plaisir que vous vous êtes réunis nombreux dans les Jardins du Vatican pour la conclusion du mois de mai. En particulier, il y a parmi vous de nombreuses personnes qui vivent ou travaillent au Vatican, avec leurs familles. Je vous salue tous cordialement; notamment Messieurs les Cardinaux et les Evêques, à commencer par Mgr Angelo Comastri, qui a guidé cette rencontre de prière. Je salue ensuite les prêtres, les religieux, les religieuses ici présents, avec également une pensée pour les Soeurs contemplatives du Monastère Mater Ecclesiae qui sont spirituellement unies à nous.

Chers amis, vous êtes montés à la Grotte de Lourdes en récitant le Rosaire, répondant en quelque sorte à l'invitation de la Vierge à élever l'Esprit vers le Ciel. La Vierge nous accompagne chaque jour dans notre prière. En cette Année de l'Eucharistie que nous sommes en train de vivre, Marie nous aide avant tout à découvrir toujours mieux le grand sacrement de l'Eucharistie. Le bien-aimé Pape Jean-Paul II, dans sa dernière Encyclique - Ecclesia de Eucharistia - nous l'a présentée comme "femme eucharistique" tout au long de sa vie (cf. n. 53). "Femme eucharistique" en profondeur, en commençant par son attitude intérieure: depuis l'Annonciation, lorsqu'elle fit le don d'elle-même pour l'incarnation du Verbe de Dieu, jusqu'à la croix et la résurrection; "femme eucharistique" au cours de la période qui a suivi la Pentecôte, lorsqu'elle reçut dans le Sacrement ce Corps qu'elle avait conçu et porté dans son sein.

Aujourd'hui en particulier, à travers la liturgie, nous nous arrêtons pour méditer le mystère de la Visitation de la Vierge à sainte Elisabeth. Marie se rend chez sa cousine âgée Elisabeth, que tous disaient stérile et qui en revanche était parvenue au sixième mois d'une grossesse donnée par Dieu (cf.
Lc 1,36), alors qu'elle porte dans son sein Jésus qui vient d'être conçu. C'est une jeune fille qui n'a pas peur, parce que Dieu est avec elle, Dieu est en elle. D'une certaine façon, nous pouvons dire que son voyage a été - nous sommes heureux de le souligner en cette Année de l'Eucharistie - la première "procession eucharistique" de l'histoire. Marie, tabernacle vivant de Dieu fait chair, est l'arche de l'Alliance, dans laquelle le Seigneur a visité et racheté son peuple. La présence de Jésus la comble d'Esprit Saint. Quand elle entre dans la maison d'Elisabeth, son salut déborde de grâce: Jean frémit dans le sein de sa mère, comme percevant la présence de Celui qu'il devra bientôt annoncer à Israël. Les fils exultent, les mères exultent. Cette rencontre imprégnée par la joie de l'Esprit, trouve son expression dans le chant du Magnificat.

N'est-ce pas également la joie de l'Eglise, qui sans cesse accueille le Christ dans la sainte Eucharistie et l'apporte dans le monde à travers le témoignage de la charité active, emplie de foi et d'espérance? Oui, accueillir Jésus et l'amener aux autres est la véritable joie du chrétien! Chers frères et soeurs, suivons et imitons Marie, une âme profondément eucharistique, et toute notre vie pourra devenir un Magnificat (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 58), une louange de Dieu. Que ceci soit la grâce qu'ensemble, nous demandons tous à la Très Sainte Vierge, en conclusion du mois de mai. Je vous donne à tous ma Bénédiction.






AUX PÈLERINS DU DIOCÈSE DE VÉRONE Salle Paul VI Samedi 4 juin 2005

Chers frères et soeurs du diocèse de Vérone!

Je vous remercie de votre enthousiasme. Je vous remercie de votre joie qui est l'expression et le fruit de la foi. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de votre pèlerinage auprès des tombes des Apôtres. Je salue chacun de vous cordialement, à commencer par votre Evêque, que je remercie de s'être fait l'interprète des sentiments communs. Je salue les prêtres, les religieux et les religieuses, les responsables des associations et des mouvements ecclésiaux, ainsi que les Autorités civiles qui ont voulu être présentes à cette rencontre. A travers le pèlerinage d'aujourd'hui au Siège apostolique, vous souhaitez exprimer, au terme du Synode diocésain, les liens de communion qui unissent la communauté diocésaine de Vérone à l'Eglise de Rome, et réaffirmer votre pleine adhésion au Magistère du Successeur de Pierre, constitué par le Christ "pasteur de tous les fidèles envoyé pour assurer le bien commun de l'Eglise universelle et le bien de chacune des Eglises" (Décr. Christus Dominus CD 2). Vous êtes venus pour être confirmés dans la foi et je suis heureux, moi qui suis depuis peu appelé à cette lourde tâche, de saluer à travers vous une antique et noble Communauté ecclésiale telle que l'est celle de saint Zénon, profondément vénéré également dans ma terre, et de vous encourager à persévérer dans l'engagement du témoignage chrétien dans le monde d'aujourd'hui.

22 Votre Synode, qui a commencé il y a trois ans, a atteint son sommet en l'Année de l'Eucharistie. Cette heureuse coïncidence aide à mieux comprendre que c'est l'Eucharistie qui est le coeur de l'Eglise et de la vie chrétienne. "Ecclesia de Eucharistia" - "l'Eglise vit de l'Eucharistie" -, c'est ce que nous a laissé par écrit le Serviteur de Dieu Jean-Paul II dans sa dernière Encyclique. Votre diocèse doit vivre de l'Eucharistie dans toutes ses expressions: des familles, petites Eglises domestiques, à chaque articulation sociale et pastorale des paroisses et du territoire. "Dans l'Eucharistie - ai-je voulu rappeler à Bari dimanche dernier, au terme du Congrès eucharistique national - le Christ est réellement présent parmi nous. Sa présence n'est pas une présence statique. C'est une présence dynamique, qui nous saisit pour nous faire siens, pour nous assimiler à Lui. Le Christ nous attire à Lui, il nous fait sortir de nous-mêmes pour faire de nous tous une seule chose avec Lui. De cette façon, Il nous insère également dans la communauté des frères, et la communion avec le Seigneur est toujours également une communion avec les soeurs et avec les frères". C'est vrai: notre vie spirituelle dépend essentiellement de l'Eucharistie. Sans elle la foi et l'espérance s'éteignent, la charité se refroidit. C'est pourquoi, chers amis, je vous exhorte à prendre soin toujours davantage de la qualité des célébrations eucharistiques, en particulier des célébrations dominicales, afin que le dimanche soit véritablement le Jour du Seigneur et confère en plénitude leur signification aux événements et aux activités de tous les jours, en montrant la joie et la beauté de la foi.

La famille est à juste titre l'un des thèmes principaux de votre Synode, comme elle l'est dans les orientations pastorales de l'Eglise, en Italie et dans le monde entier. En effet, dans votre diocèse, comme du reste ailleurs, les divorces et les unions irrégulières ont augmenté, ce qui constitue pour les chrétiens un rappel urgent à proclamer et à témoigner dans sa totalité l'évangile de la vie et de la famille. La famille est appelée à être "une intime communauté de vie et d'amour" (Const. past. Gaudium et spes
GS 48), car elle est fondée sur le mariage indissoluble. Malgré les difficultés et les conditionnements sociaux et culturels du moment historique actuel, les époux chrétiens ne doivent pas cesser d'être dans leur vie le signe de l'amour fidèle de Dieu; ils doivent activement collaborer avec les prêtres dans la pastorale des fiancés, des jeunes couples, des familles et dans l'éducation des nouvelles générations.

Chers frères et soeurs, nous avons célébré hier la solennité du Sacré-Coeur de Jésus: ce n'est qu'à cette source intarissable d'amour que vous pourrez puiser l'énergie nécessaire pour votre mission. Du coeur du Rédempteur, de son côté transpercé est née l'Eglise, qui se renouvelle sans cesse à travers les Sacrements. Que votre souci soit de vous nourrir spirituellement par la prière et par une intense vie sacramentelle; approfondissez la connaissance personnelle du Christ et tendez de toutes vos forces à cette "mesure élevée de la vie chrétienne" qu'est la sainteté, comme aimait à le dire le cher Jean-Paul II. Que la Très Sainte Vierge Marie, dont nous fêtons aujourd'hui le Coeur Immaculé, obtienne en don pour tous les membres de votre diocèse la totale fidélité au Christ et à son Eglise. Je confie à l'intercession de la Mère céleste du Rédempteur et au soutien des saints et des bienheureux de votre terre le chemin post-synodal qui vous attend. Quant à moi, je vous assure de mon souvenir dans la prière, alors qu'avec affection je donne à votre Evêque, à vous et à toute la communauté diocésaine une Bénédiction apostolique spéciale.


À L’OUVERTURE DU CONGRÈS ECCLÉSIAL DIOCÉSAIN DANS LA BASILIQUE SAINT-JEAN-DE-LATRAN Lundi 6 juin 2005

Chers frères et soeurs,

J'ai accueilli bien volontiers l'invitation à inaugurer par une réflexion notre Congrès diocésain, avant tout parce que cela me permet de vous rencontrer et d'avoir un contact direct avec vous, mais également parce que je peux vous aider à approfondir le sens et le but du chemin pastoral que l'Eglise de Rome parcourt actuellement.



Je salue avec affection chacun de vous, Evêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses et en particulier vous, laïcs et familles qui assumez de façon consciente ces devoirs d'engagement et de témoignage chrétien qui trouvent leur racine dans le sacrement du baptême et, pour ceux qui sont mariés, dans celui du mariage. Je remercie de tout coeur le Cardinal-Vicaire et les époux Luca et Adriana Pasquale pour les paroles qu'ils m'ont adressées au nom de tous.



Ce Congrès, ainsi que l'année pastorale dont il fournira les lignes directrices, constituent une nouvelle étape du parcours que l'Eglise de Rome a commencé, sur la base du Synode diocésain, avec la Mission dans la Ville voulue par notre bien-aimé Pape Jean-Paul II, en préparation au grand Jubilé de l'An 2000. Dans cette mission, toutes les réalités de notre diocèse, - paroisses, communautés religieuses, associations et mouvements - se sont mobilisées, non seulement pour une mission auprès du peuple de Rome, mais pour être elles-mêmes un "peuple de Dieu en mission", en mettant en pratique l'heureuse expression de Jean-Paul II, "paroisse, cherche-toi, et trouve-toi hors de toi-même": c'est-à-dire dans les lieux où vivent les personnes. Ainsi, au cours de cette mission dans la Ville, plusieurs milliers de chrétiens de Rome, en grande partie des laïcs, sont devenus missionnaires et ont apporté la parole de la foi d'abord dans les familles des divers quartiers de la ville, puis dans les divers lieux de travail, dans les hôpitaux, dans les écoles et dans les Universités, dans les milieux de la culture et du temps libre.



Après l'Année Sainte, mon bien-aimé prédécesseur vous a demandé de ne pas interrompre ce chemin et de ne pas disperser les énergies apostoliques suscitées et les fruits de grâce recueillis. C'est pourquoi, depuis 2001, l'objectif pastoral fondamental du diocèse a été de donner une forme permanente à la mission, en conférant un sens missionnaire plus fort à la vie et aux activités de la paroisse et de toute autre activité ecclésiale. Je voudrais vous dire avant tout que j'entends confirmer pleinement ce choix: en effet, celui-ci se révèle toujours plus nécessaire et sans alternative, dans un cadre socio-culturel où sont à l'oeuvre de multiples forces qui tendent à nous éloigner de la foi et de la vie chrétienne.



Depuis désormais deux ans, l'engagement missionnaire de l'Eglise de Rome s'est consacré surtout sur la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale est aujourd'hui confrontée à de multiples difficultés et menaces et a donc particulièrement besoin d'être évangélisée et soutenue de façon concrète, mais également parce que les familles chrétiennes constituent une ressource décisive pour l'éducation à la foi, l'édification de l'Eglise comme communion et sa capacité de présence missionnaire dans les situations de vie les plus diverses, ainsi que pour apporter un ferment chrétien à la culture diffuse et aux structures sociales. Nous poursuivrons également ces orientations au cours de la prochaine année pastorale, c'est pourquoi le thème de notre Congrès est: "Famille et communauté chrétienne: formation de la personne et transmission de la foi".




Discours 2005-2013 18