Discours 2005-2013 27

À S.E. M. ELCHIN OKTYABR OGLU AMIRBAYOV, NOUVEL AMBASSADEUR D'AZERBAÏDJAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 16 juin 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Votre Excellence,

C'est avec un plaisir particulier que je vous accueille au Vatican en tant que premier Ambassadeur d'Azerbaïdjan près le Saint-Siège. En cette occasion propice, je vous prie de bien vouloir transmettre mes salutations cordiales au Président, S.E. M. Aliev, ainsi qu'au gouvernement et au peuple de votre noble pays. Je vous prie de les assurer de ma gratitude pour leurs voeux et de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.

Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission de service à la Communauté internationale. Son engagement à l'égard de la société civile est enraciné dans la conviction selon laquelle la tâche d'édifier un monde plus juste doit reconnaître et tenir compte de la vocation surnaturelle de l'homme. Le Saint-Siège s'efforce donc de promouvoir une compréhension de la personne humaine qui "reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien" (Lettre encyclique Centesimus annus CA 38). C'est sur cette base que l'Eglise applique les valeurs universelles qui sauvegardent la dignité de chaque personne et servent le bien commun représenté par une vaste gamme de cultures et de nations qui constituent notre monde.

Le peuple d'Azerbaïdjan sait parfaitement que, si la dimension spirituelle des personnes est réprimée ou même niée, c'est l'âme de la nation qui est anéantie. Au cours de la tragique époque d'intimidation dans l'histoire de l'Europe de l'Est, alors que prévalait la suprématie de la force, les communautés de foi monothéiste présentes depuis des siècles dans votre pays ont conservé l'espérance de la justice et de la liberté, et d'un avenir dans lequel la suprématie de la vérité l'emporterait. Aujourd'hui, elles proposent à nouveau cela. En effet, lorsque mon bien-aimé prédécesseur le Pape Jean-Paul II a rencontré, en novembre dernier, les chefs religieux d'Azerbaïdjan représentant les communautés musulmanes, russes orthodoxes et juives, il a souligné que cette rencontre constituait un symbole pour le monde de la façon dont la tolérance entre les communautés de foi prépare le terrain pour un développement humain, civil et social plus vaste dans une plus grande solidarité.

Tandis que l'Azerbaïdjan continue de s'engager dans la tâche difficile de forger son identité nationale, c'est vers les communautés de foi que les autorités politiques et civiles peuvent se tourner pour un engagement déterminé en vue de la formation d'un ordre social en accord avec le bien commun. Un tel engagement exige que la liberté religieuse, qui protège le caractère distinctif de chaque communauté de foi, soit reconnue comme un droit civil fondamental, et soit protégée par un cadre solide de principes juridiques qui respectent les droits et les devoirs propres aux communautés religieuses (cf. Concile oecuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis Humanae DH 2). Un tel soutien concret de la liberté religieuse par les responsables politiques devient un instrument efficace pour l'authentique progrès social et la paix. A cet égard, je reconnais avec gratitude le rôle du Président Aliev et de votre gouvernement pour faciliter la reconstruction de l'Eglise catholique de Bakou, ainsi que la construction d'un foyer pour les personnes dans le besoin.

Monsieur l'Ambassadeur, les citoyens d'Azerbaïdjan aspirent depuis longtemps à un solide développement économique. Il s'agit également d'un droit auquel correspond le devoir de contribuer, chacun selon ses possibilités, au véritable progrès de la communauté. La priorité de promouvoir des projets sociaux et commerciaux capables de créer une société plus équitable représente un défi difficile, mais stimulant pour tous ceux qui règlementent et travaillent dans le secteur commercial.

28 Votre pays a déjà pris certaines mesures en vue d'assurer les droits fondamentaux de ses citoyens et de promouvoir des pratiques démocratiques. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. Ce n'est qu'en respectant la dignité inviolable de la personne humaine et en promouvant les libertés individuelles qui en découlent que l'on peut édifier une société civile qui contribue au bien-être de tous ses citoyens. Soyez assuré que la communauté de l'Eglise catholique, bien que peu nombreuse en Azerbaïdjan, continuera, pour sa part, de contribuer généreusement à la promotion de la justice et de la protection des pauvres.

Votre Excellence, j'ai l'assurance que la mission diplomatique que vous entamez aujourd'hui renforcera plus encore les relations déjà fructueuses qui existent entre le Saint-Siège et votre pays. Soyez assuré que les divers bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Avec mes sincères meilleurs voeux, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur le peuple d'Azerbaïdjan, une abondance de Bénédictions divines.


À S.E. M. EL HADJ ABOUBACAR DIONE, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 16 juin 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée près le Saint-Siège. Sensible aux paroles courtoises que vous m’avez adressées en faisant mémoire de mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, je vous remercie des voeux cordiaux que vous m’avez transmis de la part de Son Excellence le Général Lansana Conté, Président de la République, ainsi que du Gouvernement et du peuple guinéens. En retour, vous voudrez bien assurer Son Excellence le Président de la République des souhaits de bonheur et de prospérité que je forme pour sa personne et pour tous les Guinéens.

Vous m’avez fait part, Monsieur l’Ambassadeur, de l’attachement de votre pays aux idéaux de paix et de fraternité, particulièrement entre les peuples de votre région, si éprouvés au cours des dernières années. En effet, c’est seulement par un dialogue confiant que les tensions et les conflits peuvent être désamorcés, au profit du bien-être de tous. Pour répondre durablement aux aspirations des peuples à la paix véritable, don qui nous vient de Dieu, nous avons aussi le devoir de nous engager à la construire sur les fondements solides que sont la vérité, la justice et la solidarité.

Parmi les conséquences des violences que connaît votre région, on assiste malheureusement au développement du drame des populations déplacées, qui crée des situations d’urgence humanitaire. Votre pays a généreusement répondu à cette détresse, en donnant notamment l’hospitalité à un nombre important de réfugiés, souvent au prix de grands sacrifices. C’est avant tout le drame d’hommes et de femmes dont il faut soulager les souffrances et à qui il faut rendre l’espoir. Mais ce sont les causes de ces drames qu’il faut éradiquer, car c’est la dignité humaine d’êtres que Dieu a créés qui est gravement atteinte. Je souhaite que les Gouvernants des nations n’oublient pas les réfugiés qui, dans plusieurs pays d’Afrique, attendent avec impatience qu’une attention soit portée à leur sort et que la communauté internationale s’engage avec une ferme détermination en faveur de la paix et de la justice.

L’établissement de la paix commence à l’intérieur de chaque pays, par la recherche de relations d’amitié et de collaboration entre les différentes communautés ethniques, culturelles, religieuses. La foi authentique ne peut engendrer la violence, elle favorise au contraire la paix et l’amour. Malgré les difficultés, l’Église catholique s’est engagée à poursuivre ses efforts pour encourager la compréhension et le respect entre les croyants des différentes traditions religieuses. Je me réjouis donc de savoir qu’en Guinée chrétiens et musulmans travaillent ensemble au bien commun de la société. En développant des relations de confiance, dans le respect des droits légitimes de chaque communauté, les croyants, en union avec tous les hommes de bonne volonté, contribuent à édifier une société libérée de toute forme de dégradation morale et sociale, afin que chacun puisse vivre dans la dignité et la solidarité.

Par votre intermédiaire, Monsieur l’Ambassadeur, je voudrais saluer avec affection les fidèles catholiques de Guinée ainsi que leurs Évêques. Je les encourage vivement à marcher généreusement sur les chemins de la paix et de la fraternité avec tous leurs compatriotes. Forts de l’assistance de l’Esprit de Dieu, qu’ils soient pour leur peuple des signes d’espérance et des témoins ardents de l’amour du Seigneur !

Au moment où Votre Excellence commence sa mission auprès du Siège apostolique, je Lui offre mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui L’attend. Auprès de mes collaborateurs, Elle trouvera toujours l’accueil attentif et la compréhension cordiale dont Elle pourra avoir besoin.

J’invoque de grand coeur sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs, sur sa famille, sur le peuple guinéen et sur ses dirigeants, l’abondance des Bénédictions divines.


À S.E. M. DAVID DOUGLAS HAMADZIRIPI, NOUVEL AMBASSADEUR DU ZIMBABWE PRÈS LE SAINT-SIÈGE


29 Jeudi 16 juin 2005
Votre Excellence,

Tandis que j'accepte les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur et Ministre plénipotentiaire de la République du Zimbabwe, je vous souhaite une cordiale bienvenue au Vatican. Je vous prie de bien vouloir transmettre au Président Mugabe mes salutations et mes meilleurs voeux dans la prière pour votre nation et son peuple.

Après les élections du 31 mars 2005, le Zimbabwe a pris un nouveau départ pour affronter les graves problèmes sociaux qui ont frappé la nation au cours des dernières années. Je forme le voeu fervent afin que les élections contribuent non seulement à atteindre les objectifs immédiats de pacification et de reprise économique, mais conduisent également à la reconstruction morale de la société et à la consolidation d'un ordre démocratique engagé à mettre en place des politiques dictées par une préoccupation authentique en vue du bien commun et du développement intégral de chaque individu et de chaque groupe social. En cette heure importante de l'histoire de votre pays, une attention particulière doit être portée aux pauvres, aux personnes privées du droit de vote et aux jeunes, qui ont été les premières victimes de l'instabilité politique et sociale, et qui exigent d'authentiques réformes visant à répondre à leurs besoins fondamentaux et à leur offrir un avenir d'espérance. Le grand défi de la réconciliation nationale exige également qu'en plus de reconnaître et de surmonter les injustices du passé, on accomplisse tous les efforts possibles à l'avenir pour agir avec justice et respect pour la dignité et les droits des autres.

A cet égard, je ne peux qu'exprimer mon accord avec les observations faites par les Evêques du Zimbabwe la veille des récentes élections sur le besoin urgent d'un "gouvernement responsable et fiable", caractérisé par la vérité, l'esprit de service à l'égard des autres, la gestion honnête des biens publics, l'engagement en vue de l'autorité de la loi et de la promotion du droit et du devoir de chaque citoyen de participer à la vie de la société. Le noble objectif d'atteindre le bien commun à travers l'ordre dans la vie sociale ne peut être obtenu que si les responsables politiques se consacrent à garantir le bien-être des personnes et des groupes dans un esprit d'intégrité et d'équité. En considérant le rôle futur de l'Afrique au sein de la Communauté internationale, mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, a insisté sur le fait qu'"un monde meilleur n'adviendra que s'il est construit sur les fondations solides de sains principes éthiques et spirituels" (Ecclesia in Africa ).

Je suis reconnaissant à Votre Excellence pour la référence positive que vous avez faite à l'apostolat religieux, éducatif et caritatif de l'Eglise dans votre pays, et je vous assure du désir des catholiques de la nation en vue de soutenir les aspirations légitimes du peuple du Zimbabwe. A travers son réseau d'institutions éducatives, d'hôpitaux, de dispensaires et d'orphelinats, l'Eglise se place au service des peuples de toutes les religions. Elle s'efforce d'offrir une contribution spécifique à l'avenir de la nation, en éduquant les personnes à acquérir les aptitudes pratiques et les valeurs spirituelles qui serviront de base pour le renouveau de la société. Pour sa part, l'Eglise ne demande que la liberté de pouvoir accomplir la mission qui lui est propre, au service de l'avènement du Royaume de Dieu à travers son témoignage prophétique de l'Evangile et la transmission de son enseignement moral. L'Eglise oeuvre ainsi à l'édification d'une société harmonieuse et juste, tout en respectant et en encourageant dans le même temps la liberté et la responsabilité des citoyens à participer au processus politique et à la poursuite du bien commun.

Votre Excellence, tandis que vous vous apprêtez à entamer votre mission de représentant de la République du Zimbabwe près le Saint-Siège, je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de votre travail. Soyez assuré que vous pourrez toujours compter sur les bureaux de la Curie Romaine pour vous assister et vous soutenir dans l'accomplissement de vos hautes responsabilités. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur tous vos concitoyens, j'invoque cordialement d'abondantes Bénédictions de Dieu tout-puissant.


À S.E. M. JEAN-FRANÇOIS KAMMER, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 16 juin 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir, à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Confédération Suisse près le Saint-Siège et je vous remercie de vos aimables paroles. Je vous saurais gré de transmettre à Monsieur le Président de la Confédération Suisse et au Conseil fédéral, mes remerciements pour leurs courtoises salutations, et de leur exprimer en retour mes souhaits cordiaux pour tous les habitants de la Suisse.

Comment ne pas évoquer, au début de notre rencontre, la visite de mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, dans votre pays, et sa rencontre mémorable avec les jeunes, signe d’espérance pour tous les catholiques de Suisse? Je me réjouis en même temps des cordiales relations diplomatiques existant entre votre pays et le Saint-Siège. Je me félicite également du dialogue ouvert entre les représentants de la Confédération Suisse et les Évêques du pays pour trouver des solutions satisfaisantes, au niveau fédéral ou cantonal, aux éventuelles difficultés qui pourraient subsister dans les relations mutuelles.

30 À l’instar de la plupart des pays de l’Europe occidentale, la société suisse a connu une évolution considérable des moeurs et, sous la pression conjuguée des progrès techniques et de la volonté d’une partie de l’opinion publique, des lois nouvelles ont été proposées dans plusieurs domaines touchant au respect de la vie et à la famille. Cela concerne les questions délicates de la transmission de la vie, de la maladie et de la fin de la vie, mais aussi la place de la famille et le respect du mariage. Sur toutes ces questions ayant trait aux valeurs fondamentales, l’Église catholique s’est exprimée clairement par la voix de ses Pasteurs, et elle continuera de le faire, autant que nécessaire, afin de rappeler sans cesse la grandeur inaliénable de la dignité humaine, qui demande le respect des droits humains et d’abord du droit à la vie.

Je voudrais encourager la société suisse à demeurer ouverte sur le monde qui l’entoure, pour tenir sa place dans le monde et en Europe et aussi pour mettre ses talents au service de la communauté humaine, notamment des pays les plus pauvres qui ne pourront se développer sans cette aide. De même, je souhaite que votre pays continue à être ouvert à ceux qui sont venus chez vous chercher du travail ou une protection, convaincu que l’accueil de l’autre est aussi sa richesse. Dans le monde où se développent encore de nombreux conflits, il importe que le dialogue entre les cultures ne soit pas seulement le fait des dirigeants des nations, mais qu’il soit mis en oeuvre par tous, dans les familles, dans les lieux d’éducation, dans le monde du travail et dans les relations sociales, afin de construire une véritable culture de paix.

Permettez-moi, Excellence, de saluer par votre entremise les Pasteurs et les fidèles de l’Église catholique qui vivent en Suisse. Je sais qu’ils ont le souci de garder le lien vital de la communion avec le Successeur de Pierre et de vivre en bonne harmonie avec leurs frères chrétiens d’autres traditions.

Comme vous l’avez remarqué, Excellence, vos jeunes compatriotes de la Garde suisse pontificale soulignent ce lien entre la Suisse et le Saint-Siège, rendant le témoignage d’un grand sens du service.

Au moment où vous inaugurez votre mission, recevez, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux les meilleurs, avec l’assurance de toujours trouver auprès de mes collaborateurs accueil et compréhension.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs et sur le peuple suisse tout entier, j’invoque l’abondance des Bénédictions de Dieu.




À S.E. M. ANTONIO GANADO, NOUVEL AMBASSADEUR DE MALTE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 16 juin 2005

Monsieur l'Ambassadeur!

J'ai la joie de vous accueillir en ce début de mon service à l'Eglise sur la Chaire de Rome: soyez le bienvenu! Vous me présentez aujourd'hui les Lettres par lesquelles le Président de la République de Malte vous accrédite en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. En vous accueillant, j'adresse une pensée reconnaissante à Monsieur le Président de la République pour les aimables paroles qu'il m'a adressées à travers vous et qui témoignent de la solidité du lien qui unit, depuis les temps de saint Paul Apôtre, la communauté de Malte à l'Eglise de Rome. Monsieur l'Ambassadeur, je vous prie de transmettre à Monsieur le Président et à sa famille l'expression de mes sentiments d'amitié et de proximité spirituelle, ainsi que mes voeux fervents pour la nation tout entière.

Je me sens proche du peuple de Malte qui, au cours des derniers siècles, a toujours manifesté un attachement particulier et sincère au Successeur de Pierre, Evêque de Rome et Pasteur de l'Eglise universelle. Je connais bien la fidélité à l'Evangile et à l'Eglise qui caractérise, Monsieur l'Ambassadeur, les chrétiens du pays que vous représentez. Cohérents avec leurs racines chrétiennes, ils comprennent l'importance de leur mission également en cette phase délicate de l'histoire européenne et mondiale. Le peuple de Malte sait qu'il est une partie intégrante du grand espace appelé Europe et en harmonie avec les nobles traditions spirituelles et culturelles qui l'ont toujours caractérisé au cours des siècles. Il veut se prodiguer afin que la communauté européenne du troisième millénaire ne perde pas le patrimoine de valeurs culturelles et religieuses de son passé. En effet, ce n'est qu'à ces conditions que l'on pourra construire avec une solide espérance un avenir de solidarité et de paix.

Donner vie à une Europe unie et solidaire représente un engagement de tous les peuples qui la composent. En effet, l'Europe doit savoir conjuguer les intérêts légitimes de chaque nation avec les exigences du bien commun du continent tout entier. Je vous suis reconnaissant, Monsieur l'Ambassadeur, d'avoir exprimé la volonté renouvelée de votre pays de jouer un rôle actif en cette nouvelle période historique du Continent, contribuant à consolider ses capacités de dialogue, de défense et de promotion de la famille fondée sur le mariage, les traditions chrétiennes, l'ouverture et la rencontre avec des cultures et des religions différentes.

31 Telles sont, Monsieur l'Ambassadeur, quelques-unes des réflexions qui s'élèvent spontanément de mon âme à l'occasion de cette première rencontre. Je vous assure de la pleine et sincère disponibilité de la part de mes collaborateurs à poursuivre avec vous un dialogue constructif en vue de faciliter l'accomplissement de la haute mission qui vous a été confiée. Permettez-moi, enfin, de renouveler l'expression de ma haute considération à l'égard des citoyens de Malte, un pays cher à mes vénérés prédécesseurs ainsi qu'à moi-même. Je forme de tout coeur mes meilleurs voeux pour le bien-être de la population, que j'accompagne d'une Bénédiction apostolique particulière, et d'une prière pour vous, pour les Autorités, pour les personnes qui vous sont chères et pour les citoyens de votre illustre Nation.




À S.E. M. JOSEPH BONESHA, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU RWANDA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 16 juin 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Rwanda près le Saint-Siège. Je remercie Votre Excellence de m’avoir transmis les salutations de Son Excellence Monsieur Paul Kagamé, Président de la République. Je lui saurais gré de bien vouloir lui transmettre en retour les voeux que je forme pour sa mission et pour le peuple rwandais tout entier.

Vous soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, la disponibilité de votre gouvernement à développer toujours davantage les relations qui existent entre la République du Rwanda et le Saint-Siège, dont l’année 2004 a marqué le quarantième anniversaire de l’établissement. Cette collaboration est fondée sur la volonté commune, dans le respect des prérogatives de chacun, que soient offertes à tous les habitants sans exception les conditions d’un vivre ensemble qui les rende toujours plus participants au progrès humain et spirituel de leur pays, marqué par son histoire récente.

L’an dernier se sont en effet déroulées les cérémonies de commémoration du génocide, rappelant aux Rwandais et au monde entier le terrible drame survenu en 1994, qui a laissé de profondes déchirures dans le tissu social, économique, culturel et familial du pays. Comment ne pas se sentir aujourd’hui appelés à travailler sans relâche à la paix et à la réconciliation, afin de préparer un avenir serein pour les générations présentes et futures ! Cela suppose tout d’abord de s’interroger en conscience sur les causes profondes de cette tragédie, afin d’enraciner dans les mémoires et dans les coeurs le devoir impérieux d’apprendre à vivre en frères et de refuser la barbarie sous toutes ses formes. Cela requiert aussi que soient assurées les conditions de sécurité qui permettent un fonctionnement harmonieux des institutions démocratiques. Il importe également de garantir les droits fondamentaux de tous les citoyens et de les faire accéder à une justice équitable, rendue dans des délais convenables, qui serve la vérité et qui bannisse la peur, la vengeance, l’impunité et les inégalités. Il faut espérer que les efforts en cours pour mettre en oeuvre une justice véritablement réconciliatrice serviront à la consolidation de l’unité nationale et détermineront les choix politiques, économiques et sociaux, qui favoriseront un développement durable du pays, une dignité recouvrée pour tous ses habitants, et un surcroît de stabilité pour la région des Grands Lacs.

J’ai été sensible aux paroles par lesquelles Votre Excellence soulignait le rôle positif joué par l’Église catholique dans le processus de reconstruction nationale. L’Église s’est en effet fortement impliquée sur le chemin de la réconciliation et du pardon, par les prises de parole de ses Évêques, que j’ai rencontrés ici récemment, par ses nombreuses oeuvres dans le domaine caritatif, éducatif et sanitaire, ainsi que par une pastorale attachée à guérir les coeurs et à faire découvrir la joie de vivre en frères. En cette année de l’Eucharistie, les fidèles et les pasteurs sont particulièrement attachés à la possibilité de célébrer, le dimanche, le Sacrement de l’unité, dans lequel ils trouvent une vigueur nouvelle pour devenir artisans de communion et d’espérance. Comme je le rappelais au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, l’Église «ne demande aucun privilège pour elle-même, mais uniquement les conditions légitimes de liberté et d’action à sa mission » (12 mai 2005). Il est souhaitable qu’un dialogue suivi avec les Autorités de votre pays fasse toujours mieux percevoir le désir de l’Église catholique de participer activement au développement humain et spirituel de tous les Rwandais. Ces liens de collaboration confiante lui sont nécessaires pour exercer toujours plus efficacement sa mission et pour travailler à la fraternité et à la paix, dans le respect de la spécificité des communautés humaines et religieuses qui composent la nation. L’élaboration en cours des Conventions sur l’éducation et sur la santé témoignent du souci commun d’oeuvrer, dans le respect de la mission de chacun, à la construction d’une nation plus unie et plus solidaire.

Au moment où vous inaugurez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez assuré qu’auprès de mes collaborateurs vous trouverez toujours l’accueil attentif et compréhensif dont vous aurez besoin.

Sur votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs ainsi que sur tout le peuple rwandais et ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES NOUVEAUX AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 16 juin 2005

Excellences,

32 Je suis heureux de vous accueillir au moment où vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs de vos pays respectifs: Azerbaïdjan, Guinée, Malte, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Suisse et Zimbabwe. Je vous demande de remercier vos Chefs d’État pour leurs messages déférents et de leur transmettre mes salutations respectueuses.

À travers vous, c’est tous les peuples que vous représentez que je veux saluer fraternellement et auxquels je veux adresser mes voeux les plus chaleureux et les plus fervents, redisant aux hommes et aux femmes de tous vos pays que je suis proche d’eux et que je prie pour eux. Je les invite à s’engager pour créer une humanité toujours plus fraternelle, dans une attention renouvelée à tous, en particulier aux personnes qui sont les plus pauvres et à celles qui sont exclues de la société. Dans ce sens, notre monde est confronté à de nombreux défis qu’il doit surmonter pour que l’homme l’emporte toujours sur la technique, et que la juste destinée des peuples constitue le souci primordial de ceux qui ont accepté de gérer les Affaires publiques, non pour eux-mêmes, mais en vue du bien commun. Notre coeur ne peut être en paix tant que nous voyons des frères souffrir, par manque de nourriture, de travail, de toit ou d’autres biens fondamentaux.

Pour apporter une réponse concrète à l’appel que nous lancent nos frères en humanité, nous avons à faire face au premier des défis: celui de la solidarité entre générations, de la solidarité entre pays et entre continents, pour un partage toujours plus équitable des richesses de la planète entre tous les hommes. C’est un des services essentiels que les hommes de bonne volonté doivent rendre à l’humanité. La terre a en effet la capacité de nourrir tous ses habitants, à condition que les pays riches ne gardent pas pour eux ce qui appartient à tous.

L’Église ne cessera de rappeler que tous les hommes doivent être attentifs à une fraternité humaine faite de gestes concrets, au niveau des individus comme au niveau des Gouvernements et des Institutions internationales. Ayant pour sa part inscrit le partage au coeur de sa vie depuis les temps apostoliques, l’Église continuera sur tous les continents à venir en aide aux populations, avec le soutien de ses communautés locales et de tous les hommes de bonne volonté, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et des biens fondamentaux. Je sais qu’en tant que diplomates, vous êtes particulièrement sensibles à cet aspect de la vie en société et que la diplomatie a un rôle important à jouer.

Au moment où vous commencez votre mission auprès du Siège apostolique, je vous exprime mes souhaits les meilleurs et j’invoque l’abondance des Bénédictions divines, sur vous-mêmes ainsi que sur vos familles, sur vos collaborateurs et sur les nations que vous représentez.


AU RÉV. SAMUEL KOBIA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL MONDIAL DES ÉGLISES DE GENÈVE Jeudi 16 juin 2005



Cher Secrétaire général,

"A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ" (Ph 1,2). Avec ces paroles de saint Paul, je vous accueille avec joie, ainsi que les membres de la délégation du Conseil mondial des Eglises. Après votre élection en tant que Secrétaire général, vous aviez prévu de rendre visite à mon bien-aimé prédécesseur, le Pape Jean-Paul II. Bien que cet espoir n'ait pu se réaliser, je vous remercie d'avoir représenté le Conseil mondial des Eglises à ses funérailles, et j'exprime ma gratitude pour le message que vous m'avez envoyé à l'occasion de l'inauguration solennelle de mon ministère en tant qu'Evêque de Rome.

Les relations entre l'Eglise catholique et le Conseil mondial des Eglises se sont développées lors du Concile Vatican II, au cours duquel deux observateurs de Genève ont été présents lors des quatre sessions. Cela conduisit, en 1965, à l'établissement du Groupe de Travail commun en tant qu'instrument de contact et de coopération permanents, qui devait tenir compte de la tâche commune de l'unité, en réponse à la prière du Seigneur "afin que tous soient un" (Jn 17,21). En novembre prochain, une importante consultation sur l'avenir du Groupe de Travail commun aura lieu pour célébrer le 40 anniversaire de sa fondation. Je forme des voeux et des prières afin que son objectif et que sa méthode de travail soient ultérieurement clarifiés, en vue d'une compréhension, d'une coopération et d'un progrès oecuméniques toujours plus efficaces.

Au tout début de mon Pontificat, j'ai déclaré que je prenais comme "premier engagement de travailler sans épargner mes forces à la reconstruction de l'unité pleine et visible de tous les fidèles du Christ". En plus de bonnes intentions, cela exige "des gestes concrets [...] qui pénètrent les âmes et remuent les consciences, appelant chacun à cette conversion intérieure qui est le présupposé de tout progrès sur la voie de l'oecuménisme" (Missa pro Ecclesia, n. 5).

Le Pape Jean-Paul II a souvent rappelé que le coeur de la recherche de l'unité des chrétiens est l'"oecuménisme spirituel". Il considérait que son essence était d'être dans le Christ: "Croire au Christ signifie vouloir l'unité; vouloir l'unité signifie vouloir l'Eglise; vouloir l'Eglise signifie vouloir la communion de grâce qui correspond au dessein du Père de toute éternité. Tel est le sens de la prière du Christ: "Ut unum sint"" (Lettre encyclique Ut unum sint UUS 9).

33 J'espère que votre visite au Saint-Siège a été fructueuse et a renforcé les liens de compréhension et d'amitié entre nous. L'engagement de l'Eglise catholique en vue de la recherche de l'unité chrétienne est irréversible. Je souhaite donc vous assurer qu'elle désire poursuivre la coopération avec le Conseil mondial des Eglises. Je vous renouvelle, Monsieur le Secrétaire général, mes encouragements particuliers, ainsi qu'aux membres du Comité central et à tout le personnel, dans votre travail de diriger et de renouveler cet important organisme oecuménique. Je vous prie de croire en l'assurance de mes prières et de ma bienveillance constante. "A vous grâce et paix en abondance" (2P 1,2).



Discours 2005-2013 27