Discours 2005-2013 33

AUX ÉVÊQUES DU MADAGASCAR EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM» Samedi 18 juin 2005



Monsieur le Cardinal,
Chers Frères dans l’Épiscopat,

C’est avec joie que je vous accueille alors que vous accomplissez votre visite ad limina auprès du tombeau des Apôtres Pierre et Paul, manifestant ainsi votre communion avec le Siège apostolique. Je remercie le Président de votre Conférence épiscopale, Mgr Fulgence Rabeony, Archevêque de Toliara, pour sa présentation de la situation de l’Église dans votre pays. Je souhaite au peuple malgache tout entier de vivre dans la paix de Dieu, et de poursuivre courageusement l’édification d’une société toujours plus respectueuse de l’homme et de sa dignité!

Dans la vie et le ministère de l’Évêque, la célébration du mystère pascal du Christ tient une place centrale. En cette année de l’Eucharistie, je vous invite particulièrement à renouveler votre attachement au Christ, qui ne cesse de se donner à nous dans ce sacrement. Par votre vie exemplaire et par votre enseignement, collaborant activement entre vous, conduisez les fidèles vers l’amitié avec le Christ, les incitant à vivre une charité toujours plus généreuse à l’égard de leurs frères! C’est ainsi que vous soutiendrez l’engagement des laïcs de vos diocèses dans la vie publique, en fidélité à la vocation qu’ils ont reçue. En effet, travaillant à l’établissement d’une société plus juste, luttant contre la corruption, l’insécurité et toutes formes d’exploitation des plus pauvres, ils expriment la sollicitude de l’Église pour le véritable bien de l’homme.

Notre ministère épiscopal exige que nous aidions les fidèles dont nous avons la charge à acquérir une foi éclairée, enracinée dans la rencontre intime avec le Christ. C’est lui qui doit être la mesure de tout, permettant de discerner où se trouve la vérité, afin d’affronter les problèmes d’aujourd’hui dans une authentique fidélité à son enseignement. Dans cette perspective, l’inculturation de la foi dans la culture malgache demeure un objectif important. L’accueil de la modernité n’exclut pas cet enracinement, mais au contraire l’exige. S’appuyer sur une foi éclairée est indispensable pour un progrès authentique dans la recherche de l’unité des disciples du Christ. L’établissement de relations fraternelles et confiantes entre eux doit cependant assumer les exigences de l’identité catholique dans la vérité, évitant tout geste qui pourrait non seulement troubler les fidèles, mais aussi conforter le relativisme religieux.

Dans votre ministère, les prêtres sont vos collaborateurs les plus immédiats. Vivant dans des conditions parfois difficiles, beaucoup sont généreux, proches de la population. Il est de votre responsabilité de les soutenir dans leurs difficultés, d’être pour chacun un père et un guide exigeant. L’annonce de l’Évangile requiert des prêtres de qualité tant au point de vue intellectuel que spirituel et moral, donnant par toute leur vie un témoignage d’attachement sans réserve à la personne du Christ et à son Église. Je vous encourage donc vivement à donner la priorité à une formation sérieuse dans les séminaires et à chercher à développer les moyens de la formation permanente des prêtres.

En achevant notre rencontre, je vous demande de saluer affectueusement les prêtres, les religieux, les religieuses, les catéchistes et tous les fidèles de vos diocèses. Je les encourage vivement dans le témoignage de foi et de charité qu’ils rendent au Christ, dans des conditions souvent très difficiles, appréciant aussi le travail généreux des missionnaires. Que l’Esprit du Seigneur soit leur espérance et leur donne de contribuer, chacun selon sa vocation, à l’annonce de l’Évangile! Vous confiant à l’intercession maternelle de la Vierge Marie et à la prière de votre bienheureuse compatriote Victoire Rasoamanarivo, j'accorde à tous la Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS À LA RÉUNION DES OEUVRES POUR L'AIDE AUX ÉGLISES ORIENTALES Jeudi 23 juin 2005

Votre Béatitude,
34 Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers membres et amis de la R.O.A.C.O.!

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir aujourd'hui, vous tous qui êtes réunis à Rome pour l'assemblée annuelle de la R.O.A.C.O. (Réunion des Oeuvres pour l'Aide aux Eglises orientales). J'adresse à chacun une cordiale bienvenue. Je salue le Cardinal Ignace Moussa Daoud, Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, avec le Secrétaire, Mgr Antonio Maria Vegliò, et les collaborateurs du dicastère. J'adresse un salut particulier à l'Archevêque majeur de Lviv, le Cardinal Lubomyr Husar, et à tous ceux qui prennent part à la R.O.A.C.O. en raison de l'attention réservée à leurs territoires, communautés et institutions.

Dès le début de l'annonce chrétienne, les communautés chrétiennes dans le besoin et les communautés pauvres ont bénéficié de formes de soutien de la part de celles plus riches. A l'époque actuelle, souvent marquée par l'individualisme, il apparaît encore plus nécessaire que les chrétiens offrent le témoignage d'une solidarité qui franchisse les frontières, pour édifier un monde dans lequel tous se sentent accueillis et respectés. Ceux qui accomplissent cette mission de façon personnelle diffusent un amour authentique, un amour qui libère le coeur et apporte partout la joie "que personne ne pourra jamais ôter" car elle vient du Seigneur. Je voudrais vous remercier, chers amis de la R.O.A.C.O., pour ce que vous faites en faveur des frères en difficulté et en particulier pour les efforts que vous accomplissez en vue de rendre tangible la charité qui lie les chrétiens de tradition latine et ceux de tradition orientale. Intensifier ces liens signifie rendre un service très précieux à l'Eglise universelle. Continuez donc dans cet engagement admirable, et élargissez même encore davantage les perspectives de votre action.

Ces jours-ci, vous avez examiné en particulier la situation de l'Eglise grecque-catholique en Ukraine, dont le développement constant, après le triste hiver du régime communiste, est un motif de joie et d'espérance, notamment parce que l'antique et noble héritage spirituel dont la communauté grecque-catholique est le gardien constitue un véritable trésor pour le progrès de tout le peuple ukrainien. Je vous dis donc: soutenez son chemin ecclésial et favorisez tout ce qui est bénéfique à la réconciliation et à la fraternité entre les chrétiens de la bien-aimée Ukraine.

Au cours de vos travaux, vous vous êtes arrêtés, en outre, sur la formation des prêtres, séminaristes et religieux appartenant aux diverses Eglises orientales catholiques, poursuivant leurs études à Rome et dans leurs pays d'origine. La présence auprès du Siège de Pierre d'environ cinq cents étudiants orientaux des Eglises catholiques constitue une opportunité à valoriser. Dans le même temps, vous considérez à juste titre qu'il faut développer avec le plus grand soin les Institutions de formation oeuvrant dans les Eglises catholiques elles-mêmes: à côté du soutien matériel, il faut donc encourager l'action de formation, qui, d'une part, approfondit la tradition locale authentique, tenant compte comme il se doit du progrès organique des Eglises orientales (cf. Orientalium Ecclesiarum
OE 6) et, de l'autre, réalise l'authentique mise à jour prévue par le Concile Vatican II, qui s'est conclu il y a précisément quarante ans. Chers membres de la R.O.A.C.O., Jérusalem et la Terre Sainte, envers laquelle tous les chrétiens ont une dette inoubliable (cf. Rm 12,27), jouissent toujours de votre sollicitude louable. Certains signes positifs, qui nous parviennent ces derniers mois, rendent plus solide l'espérance que vienne bientôt le jour de la réconciliation entre les diverses communautés oeuvrant en Terre Sainte; et c'est pour cela que nous ne cessons de prier avec confiance.

En conclusion, je voudrais vous renouveler l'expression de ma gratitude pour le travail louable que vous accomplissez. Que vous accompagnent, dans votre activité quotidienne, l'assistance divine constante et la protection maternelle de la Vierge Marie, Mère de l'Eglise. Tandis que je vous assure d'un souvenir spécial dans la prière, je donne de tout coeur à tous la Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers aux Organismes ecclésiaux que vous représentez et à vos familles.

VISITE

AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE

S.E. M. CARLO AZEGLIO CIAMPI

Palais du Quirinal Vendredi 24 juin 2005



Monsieur le Président!

J'ai la joie de vous rendre aujourd'hui la visite très cordiale que, en votre qualité de chef de l'Etat italien, vous avez voulu me rendre le 3 mai dernier, à l'occasion du nouveau service pastoral auquel le Seigneur m'a appelé. Je désire donc tout d'abord vous remercier et, à travers vous, remercier le Peuple italien pour l'accueil chaleureux qu'il m'a réservé dès le premier jour de mon service pastoral en tant qu'Evêque de Rome et Pasteur de l'Eglise universelle. Pour ma part, j'assure tout d'abord la population romaine, et également toute la Nation italienne, de mon engagement à travailler avec toutes les forces pour le bien religieux et civil de ceux que le Seigneur a confiés à mes soins pastoraux. L'annonce de l'Evangile, que je suis appelé à apporter à Rome et à l'Italie en communion avec les Evêques italiens, est non seulement au service de la croissance du Peuple italien dans la foi et dans la vie chrétienne, mais également de son progrès sur les voies de la concorde et de la paix. Le Christ est le Sauveur de tout l'homme, de son esprit et de son corps, de son destin spirituel et éternel et de sa vie temporelle et terrestre. Ainsi, lorsque son message est accueilli, la communauté civile devient également plus responsable, plus attentive aux exigences du bien commun et plus solidaire avec les personnes pauvres, abandonnées et exclues. Si l'on regarde l'histoire italienne, on est impressionné par les innombrables oeuvres de charité auxquelles l'Eglise, avec de grands sacrifices, a donné vie pour soulager tous les types de souffrance. C'est sur cette même voie que l'Eglise entend aujourd'hui poursuivre son chemin, sans aspirer au pouvoir ni demander des privilèges ou des statuts sociaux et économiques avantageux. L'exemple de Jésus Christ, qui "a passé en faisant le bien et en guérissant tous" (cf. Ac Ac 10,38), demeure pour elle la norme suprême de sa conduite parmi les peuples.

35 Les relations entre l'Eglise et l'Etat italien sont fondées sur le principe énoncé par le Concile Vatican II, selon lequel "la communauté politique et l'Eglise sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes" (Gaudium et spes GS 76). Il s'agit d'un principe qui est déjà présent dans les Accords du Latran et a ensuite été confirmé dans les Accords de modification du Concordat. Une saine laïcité de l'Etat en vertu de laquelle les réalités temporelles sont dirigées selon les normes qui leur sont propres est donc légitime, sans exclure toutefois les références éthiques qui trouvent leur fondement ultime dans la religion. L'autonomie du domaine temporel n'exclut pas une harmonie intime avec les exigences supérieures et complexes dérivant d'une vision intégrale de l'homme et de son destin éternel.

J'ai à coeur de vous assurer, Monsieur le Président, ainsi qu'à tout le Peuple italien, que l'Eglise désire conserver et promouvoir un esprit de collaboration et d'entente cordial au service de la croissance spirituelle et morale du pays, auquel elle est liée par des liens très particuliers, qu'il serait gravement nuisible, non seulement pour elle mais également pour l'Italie, de tenter d'affaiblir et de briser. La culture italienne est une culture profondément imprégnée de valeurs chrétiennes, comme il ressort des splendides chefs-d'oeuvre que la nation a produits dans tous les domaines de la pensée et de l'art. Mon souhait est que non seulement le Peuple italien ne renie pas l'héritage chrétien qui appartient à son histoire, mais qu'il le conserve jalousement et l'amène à porter encore des fruits dignes du passé. Je suis assuré que l'Italie, sous la direction sage et exemplaire de ceux qui sont appelés à la gouverner, continuera à accomplir dans le monde la mission civilisatrice dans laquelle elle s'est profondément distinguée au cours des siècles. En vertu de son histoire et de sa culture, l'Italie peut apporter une contribution très précieuse en particulier à l'Europe, en l'aidant à redécouvrir les racines chrétiennes qui lui ont conféré sa grandeur par le passé et qui peuvent aujourd'hui encore favoriser l'unité profonde du continent.

Monsieur le Président, comme vous pouvez bien le comprendre, de nombreuses préoccupations accompagnent le début de mon service pastoral sur la Chaire de Pierre. Parmi celles-ci, je voudrais en signaler certaines qui, en raison de leur caractère universellement humain, ne peuvent qu'intéresser également ceux qui ont la responsabilité du bien public. J'entends faire allusion au problème de la protection de la famille fondée sur le mariage, telle qu'elle est également reconnue par la Constitution italienne (art. 29), au problème de la défense de la vie humaine, de sa conception jusqu'à son terme naturel, et enfin, au problème de l'éducation et donc de l'école, terrain d'entraînement indispensable pour la formation des nouvelles générations. L'Eglise, habituée à sonder la volonté de Dieu inscrite dans la nature même de la créature humaine, voit dans la famille une valeur très importante qui doit être défendue de toute attaque visant à en miner la solidité et à remettre en question son existence elle-même. De plus, l'Eglise reconnaît dans la vie humaine un bien primordial, présupposé de tous les autres biens, et elle demande donc que celle-ci soit respectée, à son début comme à son terme, tout en soulignant le devoir de soins palliatifs adaptés rendant la mort plus humaine. Quant à l'école, sa fonction est liée à la famille comme expansion naturelle de la tâche de formation de cette dernière. A ce propos, tout en reconnaissant la compétence de l'Etat à dicter les normes générales de l'instruction, je ne peux qu'exprimer le voeu que soit respecté concrètement le droit des parents à un libre choix éducatif, sans devoir supporter pour cela le poids supplémentaire de nouveaux frais. J'ai l'assurance que les législateurs italiens, dans leur sagesse, sauront apporter aux problèmes qui viennent d'être évoqués des solutions "humaines", c'est-à-dire respectueuses des valeurs inviolables qui sont en jeu.

En exprimant, pour finir, le souhait d'un progrès constant de la nation sur la voie du bien-être spirituel et matériel, je m'associe à vous, Monsieur le Président, pour exhorter tous les citoyens et toutes les composantes de la société à vivre et à agir toujours dans un esprit de concorde authentique, dans un contexte de dialogue ouvert et de confiance mutuelle, dans l'engagement de servir et de promouvoir le bien commun et la dignité de chaque personne. J'ai à coeur de conclure, Monsieur le Président, en rappelant l'estime et l'affection que le Peuple italien nourrit pour votre personne, ainsi que la confiance totale que celui-ci a dans l'accomplissement des devoirs que votre très haute charge vous impose. J'ai la joie de m'associer à cette estime affectueuse et à cette confiance, alors que je vous confie, ainsi que votre épouse Franca et les responsables de la vie du pays et tout le Peuple italien, à la protection de la Vierge Marie, si intensément vénérée dans les innombrables sanctuaires qui lui sont consacrés. Avec ces sentiments, j'invoque sur tous la Bénédiction de Dieu, dispensatrice de tout bien désiré.


AUX MEMBRES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPAL DE PAPOUASIE-NOUVELLE GUINEE ET DES ILES SALOMOM EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Samedi 25 juin 2005



Chers frères Evêques,

1. Je vous souhaite une cordiale bienvenue dans l'amour de notre Seigneur, membres de la Conférence épiscopale de Papouasie-Nouvelle Guinée et des Iles Salomon, et je fais mien le salut de Pierre: "A vous grâce et paix en abondance" (1P 1,2). Je suis reconnaissant à Mgr Sarego des sentiments courtois qu'il m'a exprimés en votre nom. Je les lui rends avec affection et je vous assure de mes prières, ainsi que tous ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale. Franchissant de grandes distances pour vous rendre auprès des tombes des Apôtres Pierre et Paul, vous reconnaissez et appréciez "toujours davantage l'immense patrimoine de valeurs spirituelles et morales, que toute l'Eglise, en communion avec l'Evêque de Rome, a diffusé dans le monde entier" (Pastor Bonus, Annexe I, n. 3).

2. Jésus Christ continue à conduire les populations de vos deux îles à une foi et une vie toujours plus profonde en Lui. En tant qu'Evêques, vous répondez à sa voix en vous demandant de quelle façon l'Eglise peut devenir un instrument toujours plus efficace du Christ (cf. Ecclesia in Oceania, n. 4). La récente "Assemblée générale" nationale en Papouasie-Nouvelle Guinée et le "Séminaire" des Iles Salomon ont répondu à ce devoir. Ces deux événements ont fait apparaître des signaux clairs d'espérance, tels que la forte participation des jeunes à la mission de l'Eglise, la générosité exceptionnelle des missionnaires et la floraison de vocations locales. Dans le même temps, vous n'avez pas hésité à reconnaître les difficultés qui continuent à toucher vos diocèses. Face à celles-ci les fidèles se tournent vers vous afin que vous soyez les témoins courageux du Christ, attentifs à rechercher de nouvelles façons de transmettre la foi, afin que la force de l'Evangile puisse imprégner leur façon de penser, les critères de jugement et les normes de comportement (cf. Sapientia Christiana, Préambule).

3. Comme vous le savez les prêtres sont et doivent être les plus proches collaborateurs de l'Evêque (cf. Pastores gregis ). La signification particulière de la communio entre l'Evêque et ses prêtres exige que votre sollicitude pour leur bien-être soit de la plus grande importance pour vous. Cette relation particulière s'exprime de la manière la plus efficace à travers votre attention assidue pour soutenir l'identité unique de vos prêtres, encourager leur sanctification personnelle dans le ministère et promouvoir un approfondissement de leur engagement pastoral. L'identité sacerdotale ne doit jamais être comparée à aucun titre séculier ou confondue avec une charge civile ou politique. Au contraire, configuré au Christ qui se dépouilla lui-même en assumant la condition de serviteur (cf. Ph 2,7-8), le prêtre vit une vie de simplicité, de chasteté et d'humble service qui inspire les autres par l'exemple. Au centre du sacerdoce se trouve la célébration quotidienne et pieuse de la Messe. En cette année de l'Eucharistie, je m'adresse à vos prêtres: soyez fidèles à cet engagement, qui est le centre et la mission de la vie de chacun de vous (Message à l'occasion de la Missa pro Ecclesia, 20 avril 2005, n. 4).

La formation correcte des prêtres et des religieux fait absolument partie intégrante d'une évangélisation réussie (Pastores dabo vobis PDV 2). Je sais que depuis quelque temps vous affrontez cette question avec l'attention qui lui est due. Votre intérêt pour le développement humain, spirituel, intellectuel et pastoral de vos séminaristes et des religieux, hommes et femmes, en formation portera des fruits abondants dans vos diocèses. Je vous encourage donc à effectuer une sélection attentive des candidats, à superviser personnellement vos séminaires et à offrir des programmes réguliers de formation permanente, tout à fait nécessaire pour l'approfondissement de l'identité sacerdotale et religieuse et pour l'enrichissement d'un engagement joyeux au célibat. A ce propos, j'offre des prières pleines de gratitude à l'égard de ceux qui oeuvrent dans les séminaires et dans les maisons de formation. Je vous prie de leur faire savoir que le Saint-Père les remercie de leur générosité.

4. Chers frères, vos catéchistes ont fait leur, avec un grand zèle, la profonde conviction de saint Paul: "Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile!" (1Co 9,16). Au cours du Synode pour l'Océanie, beaucoup d'entre vous ont observé avec satisfaction qu'un nombre toujours plus élevé de fidèles laïcs parvient à une conscience plus profonde de leur devoir de participer à la mission d'évangélisation de l'Eglise (cf. Ecclesia in Oceania, n. 19). Si ce zèle doit réussir à convaincre un nombre toujours plus élevé de croyants du fait que "la foi porte en elle la capacité de façonner la culture elle-même en saisissant ses motivations jusqu'en son centre le plus profond" (ibid., n. 20), alors les priorités pastorales que vous avez définies, en particulier celles du mariage et de la stabilité de la vie de famille, demanderont des programmes appropriés de catéchèse pour adultes. De cette façon, je suis certain que les membres de votre peuple approfondiront leur compréhension de la foi, développeront leur capacité d'exprimer leur foi libératrice et répondront de l'espérance qui est en eux! (cf. 1P 3,15).

36 5. Je présente ces réflexions avec une affection fraternelle et je désire vous confirmer dans votre désir d'accueillir l'appel au témoignage et à l'évangélisation qui naissent de la rencontre avec le Christ, toujours intensifiée et approfondie dans l'Eucharistie (cf. Mane nobiscum Domine, n. 24). Unis dans votre proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, allez remplis d'espérance! En invoquant sur vous l'intercession du bienheureux Peter To Rot, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux et aux fidèles laïcs de vos diocèses.



PRÉSENTATION DU COMPENDIUM DU CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE Mardi 28 juin 2005


Très chers frères et amis,

1. "Puisse-t-il illuminer les yeux de votre coeur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints" (Ep 1,18).

Tel est le voeu que saint Paul élève au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la Gloire, dans le passage de l'Epître aux Ephésiens que nous venons d'entendre.

Nous ne rendrons jamais suffisamment grâce à Dieu, notre Père, pour cet immense trésor d'espérance et de gloire que, dans son Fils Jésus Christ, il nous a offert. Notre engagement constant est de nous laisser continuellement illuminer par Lui en vue de connaître toujours plus profondément ce don mystérieux qu'Il nous a fait.

Le Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique, que j'ai aujourd'hui la grande joie de présenter à l'Eglise et au monde, au cours de cette Célébration de prière, peut et doit constituer un instrument privilégié pour nous faire grandir dans la connaissance et dans l'accueil joyeux de ce don divin.

2. Il voit le jour après la publication du Catéchisme de l'Eglise catholique, qui eut lieu en 1992. Depuis s'était faite toujours plus présente et insistante l'exigence d'un catéchisme synthétique, concis, qui contienne uniquement, mais de façon exhaustive, les éléments essentiels et fondamentaux de la foi et de la morale catholique, formulés d'une manière simple, accessible à tous, claire et synthétique. Et c'est justement pour répondre à cette exigence que, ces vingt dernières années, ont été effectuées, dans différentes langues et divers pays, de nombreuses tentatives, plus ou moins réussies, de synthèse de ce Catéchisme, qui ont présenté différents problèmes, portant non seulement sur la fidélité et le respect de la structure de ses contenus, mais également sur la plénitude et l'intégrité de la doctrine catholique.

Par conséquent, se faisait sentir toujours plus la nécessité d'un texte qui fasse autorité, sûr, complet quant aux aspects essentiels de la foi de l'Eglise, en pleine harmonie avec le Catéchisme, approuvé par le Pape et destiné à toute l'Eglise.

3. En octobre 2002, les participants au Congrès catéchétique international s'étaient faits, en particulier, les interprètes de cette exigence largement répandue, présentant une requête explicite en ce sens au serviteur de Dieu Jean-Paul II.

Un peu plus de deux ans se sont écoulés depuis que mon vénérable Prédécesseurs décida, en février 2003, de la préparation de ce Compendium, en reconnaissant qu'il répondait au bien non seulement de l'Eglise universelle et des Eglises particulières, mais également du monde d'aujourd'hui, assoiffé de vérité. Ce furent deux années de travail intense et fructueux, qui a vu la participation de tous les Cardinaux et Présidents des Conférences épiscopales, qui, interpellés sur l'un des derniers projets du Compendium, ont exprimé, à une très large majorité, un avis très positif.

37 4. Aujourd'hui, à la veille de la solennité des saints Pierre et Paul, à quarante ans de la conclusion du Concile oecuménique Vatican II, j'éprouve une grande joie à remettre ce Compendium, que j'ai approuvé, non seulement à tous les membres de l'Eglise, représentés ici de manière significative, dans ses différentes composantes, par vous tous qui participez à cette rencontre solennelle; mais, à travers vous - vénérés frères Cardinaux, Evêques, prêtres, catéchistes et fidèles laïcs - je désire également remettre en esprit ce Compendium à toute personne de bonne volonté, qui souhaiterait connaître les insondables richesses du ministère salvifique de Jésus Christ.

Il ne s'agit assurément pas d'un nouveau Catéchisme, mais du Compendium qui reflète fidèlement le Catéchisme de l'Eglise catholique, lequel demeure par conséquent à la fois la source, où puiser pour mieux comprendre le Compendium lui-même, et le modèle, qu'il faut sans cesse regarder pour retrouver la présentation harmonieuse et authentique de la foi et l'élaboration des catéchismes locaux. Le Catéchisme de l'Eglise catholique conserve intactes toute son autorité et son importance, et il pourra trouver, dans cette synthèse, un encouragement précieux à être mieux connu et utilisé comme instrument fondamental d'éducation à la foi.

5. Ce Compendium est une annonce renouvelée de l'Evangile aujourd'hui. Egalement par l'intermédiaire de ce texte qui est sûr et fait autorité, la "foi que nous avons reçue de l'Eglise - comme l'affirme également saint Irénée, dont nous célébrons aujourd'hui la mémoire liturgique - nous la conservons avec soin, parce que sous l'action de l'Esprit de Dieu, celle-ci, comme un dépôt de grande valeur, renfermé dans un vase précieux, rajeunit continûment et fait également rajeunir le vase qui le contient" (Irénée de Lyon, Adversus haereses, 1, 10, 2:
SC 264,154-160).

C'est la foi de l'Eglise en Jésus Christ que présente le Compendium.En suivant la structure en quatre parties du Catéchisme de l'Eglise catholique, celui-ci présente en effet le Christ professé en tant que Fils Unique du Père, comme parfait Révélateur de la vérité de Dieu et comme Sauveur définitif du monde; le Christ célébré dans les sacrements, comme source et soutien de la vie de l'Eglise; le Christ écouté et suivi dans l'obéissance à ses commandements, comme source de l'existence nouvelle dans la charité et dans la concorde; le Christ imité dans la prière, comme modèle et maître de notre attitude de prière à l'égard du Père.

6. Cette foi est exposée, dans le Compendium sous une forme dialogique. L'on souhaite de cette manière "proposer à nouveau - ainsi que je l'ai écrit dans l'introduction au Compendium - un dialogue idéal entre le maître et le disciple, par une série constante de questions qui attirent le lecteur, l'invitant à avancer dans la découverte d'aspects toujours nouveaux de la vérité de sa foi. Le genre dialogique contribue aussi à abréger notablement le texte, le réduisant à l'essentiel, ce qui pourrait favoriser l'assimilation et la mémorisation éventuelle du contenu". La brièveté des réponses favorise la synthèse essentielle et la clarté de la communication.

7. Dans le texte sont également insérées des images au début de chaque partie ou section. Ce choix vise à illustrer le contenu doctrinal du Compendium: les images, en effet, "proclament le même message que l'Ecriture Sainte transmet à travers la parole, et elles aident à réveiller et à nourrir la foi des croyants" (Compendium, n. 240).

Image et parole s'éclairent ainsi réciproquement. L'art "parle" toujours, au moins implicitement, du divin, de la beauté infinie de Dieu, reflétée dans l'Icône par excellence: le Christ Seigneur, Image du Dieu invisible.

Les images sacrées, avec leur beauté, sont elles aussi une annonce évangélique et elles expriment la splendeur de la vérité catholique, en montrant l'harmonie suprême entre le bon et le beau, entre la via veritatis et la via pulchritudinis. Tout en témoignant de la tradition séculaire et féconde de l'art chrétien, elles engagent chacun, croyants ou non, à la découverte et à la contemplation de l'attraction inépuisable qu'exerce le mystère de la Rédemption, en donnant un élan toujours nouveau au processus vivant de son inculturation dans le temps.

Les mêmes images se retrouvent dans les différentes traductions du Compendium. Cela sera également un moyen pour identifier facilement et reconnaître ce texte dans les diverses langues: la foi unique est professée par chaque fidèle dans la multiplicité des contextes ecclésiaux et culturels.

8. Le texte contient également à la fin une Annexe réunissant plusieurs prières communes pour l'Eglise universelle et plusieurs formules catéchétiques de la foi catholique.

Le choix opportun d'ajouter diverses prières à la fin du Compendium invite à retrouver dans l'Eglise une manière commune de prier, non seulement au niveau personnel, mais également au niveau communautaire.

38 Dans chacune des traductions, la plupart des prières seront également présentées en langue latine. Leur apprentissage, dans cette langue également, facilitera la prière en commun de la part des fidèles chrétiens appartenant à des langues différentes, notamment lorsqu'ils se retrouveront ensemble à l'occasion de circonstances particulières. Comme je l'ai déjà dit, en 1997, lors de la présentation à mon vénéré Prédécesseur de l'édition type latine du Catéchisme de l'Eglise catholique, "dans la multiplicité des langues et des cultures, le latin, véhicule et instrument pendant de si nombreux siècles de la culture chrétienne, garantit justement non seulement la continuité avec nos racines, mais demeure plus que jamais important pour renforcer les liens de l'unité de la foi dans la communion de l'Eglise".

9. Je remercie de tout coeur tous ceux qui ont travaillé à la réalisation de cette oeuvre importante, en particulier les Cardinaux membres de la Commission spéciale, les rédacteurs, les experts: tous ont collaboré avec beaucoup de dévouement et de compétence. Que le Seigneur Dieu, qui voit toute chose, les récompensent et les bénissent dans son infinie bienveillance.

Puisse ce Compendium, fruit de leurs efforts, mais surtout don que Dieu fait à l'Eglise en ce troisième millénaire, donner un nouvel élan à l'évangélisation et aux catéchèses, dont dépendent "non seulement l'extension géographique et l'augmentation numérique mais aussi, et davantage encore, la croissance intérieure de l'Eglise, sa correspondance avec le dessein de Dieu" (Catéchisme de l'Eglise catholique
CEC 7).

Que la Très Sainte Vierge Marie et les saints Apôtres Pierre et Paul soutiennent par leur intercession ce souhait pour le bien de l'Eglise et de l'humanité.

Et je vous donne à tous et de tout coeur ma Bénédiction apostolique.


À LA FAMILLE DE DOM ORIONE LORS DE LA CÉLÉBRATION DE LA TRADITIONNELLE "FÊTE DU PAPE" Mardi 28 juin 2005



Chers frères et soeurs!

C'est avec un grand plaisir que je vous rencontre, en la veille de la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, et je vous salue tous cordialement. Je vous remercie de votre présence. Je salue, en premier lieu, Messieurs les Cardinaux, les Evêques, les prêtres, les autorités et les diverses personnalités présentes. Je salue en particulier Dom Flavio Peloso, pendant plusieurs années membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et à présent Supérieur général des Fils de la Divine Miséricorde, et Soeur Maria Irene Bazzotto, Mère générale des Petites Soeurs missionnaires de la Charité, ainsi que les représentants de l'Institut séculier et du Mouvement laïc de Dom Orione, qui ensemble, forment la Famille de Dom Orione, qui a organisé cette manifestation voulue il y a de nombreuses années par le fondateur lui-même, saint Luigi Orione, qui affirmait: "La fête de saint Pierre est la fête du Pape" (Lettres II, 488). Je salue également M. Ernesto Olivero, fondateur du SERMIG-Arsenal de la Paix, M. Guido Bertolaso, chef du département de la Protection civile italienne, et tous ceux qui, également à travers la télévision, s'unissent à ce témoignage de dévotion filiale pour le Pasteur de l'Eglise de Rome, appelé à "présider à la charité" (saint Ignace d'Antioche, Lettre aux Romains, 1,1).

Chers amis, ce soir, vous avez donné vie à une "fête du Pape" particulière, pour réunir, comme le disait Dom Orione, "tant de coeurs autour du coeur du Pape" et renouveler ainsi votre acte de foi et d'amour envers Celui que la Providence divine a voulu comme Vicaire du Christ sur terre. Avec le salut de Dom Flavio Peloso, que je remercie cordialement, j'ai pu écouter il y a quelques instants, les paroles de saint Luigi Orione. Il parle avec une affection vibrante de la personne du Pape, reconnaissant son rôle non seulement au sein de l'Eglise, mais également au service de toute la famille humaine.

"Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" (Mt 16,18). Avec ces paroles, Jésus s'adresse à Pierre après sa profession de foi. C'est le même disciple qui le reniera ensuite. Pourquoi alors est-il appelé "pierre"? Certainement pas en raison de sa solidité personnelle. "Pierre" est plutôt nomen officii: c'est-à-dire non pas un titre de mérite, mais de service, qui définit un appel et une fonction d'origine divine, à laquelle personne n'est habilité uniquement en vertu de son caractère et de ses forces. Pierre, qui, titubant, s'enfonce dans les eaux du Lac de Tibériade, devient le roc sur lequel le divin Maître bâtit son Eglise. Telle est la foi que vous voulez réaffirmer en renouvelant votre adhésion au Successeur de Pierre. Je suis certain que cette manifestation artistique et spirituelle joyeuse et variée qui vous a réunis de diverses nations du monde, vous aidera également à croître dans l'amour et la fidélité à l'Eglise et dans l'obéissance docile à ses pasteurs, en suivant les enseignements et l'exemple de votre saint Fondateur. Le Pape vous est reconnaissant pour vos prières, dont il a besoin, et pour votre affection, et il vous exprime sa reconnaissance pour les nombreuses initiatives de bien que vous accomplissez en Italie et dans le monde dans un esprit ecclésial. "Il faut des oeuvres de charité - affirmait saint Luigi Orione - celles-ci sont la meilleure apologie de la foi catholique" (Ecrits 4, 280). En effet, elles traduisent, et d'une certaine façon révèlent, dans l'histoire humaine, la grâce du salut, dont l'Eglise est le sacrement pour tout le genre humain.

Ce soir, vous avez voulu placer au centre de l'attention un aspect particulier du ministère du Successeur de Pierre, celui d'être un "messager de paix". Il s'agit d'un devoir spécifique qui est lié à la consigne de Jésus à ses Apôtres au Cénacle: "Je vous laisse ma paix; c'est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne" (Jn 14,27). L'engagement de l'Eglise en faveur de la paix est avant tout de nature spirituelle. Il consiste à indiquer la présence de Jésus, le Ressuscité, Prince de la paix, et à éduquer à la foi, aux sources desquelles jaillissent des énergies fécondes de paix et de réconciliation. Nous devons rendre grâce à Dieu pour les pensées et les oeuvres de paix que les Communautés chrétiennes, les Instituts religieux et les Associations de bénévolat développent avec tant de vitalité dans chaque partie du monde. Comment ne pas profiter de votre présence pour rendre hommage aux "artisans de paix" silencieux qui, à travers leur témoignage et leur sacrifice, se prodiguent pour promouvoir le dialogue entre les hommes, pour dépasser toute forme de conflit et de division, pour faire de notre terre une patrie de paix et de fraternité pour tous les hommes? "Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5,9). Combien cette béatitude est actuelle et nécessaire! Chers amis, continuez, chacun dans votre domaine et selon vos possibilités, à offrir votre collaboration pour la sauvegarde de la dignité de chaque homme, pour la défense de la vie humaine et au service d'une action décisive de paix authentique dans chaque milieu social. J'adresse cette invitation spécialement à vous, chers jeunes, que je vois nombreux. Merci pour votre engagement. Mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II, dont commence précisément en ce moment le procès de béatification, aimait répéter que vous, les jeunes, êtes l'espérance et l'avenir de l'Eglise et de l'humanité. Que croisse donc toujours plus dans le coeur de chacun la volonté de donner vie à un monde de paix véritable et stable.


Discours 2005-2013 33