Discours 2005-2013 26805

À S.E. M. GERÓNIMO NARVÁEZ TORRES, NOUVEL AMBASSADEUR DU PARAGUAY PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 26 août 2005

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À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à l'occasion de cette rencontre, au cours de laquelle vous me remettez vos Lettres de Créance en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Paraguay près le Saint-Siège. Je vous remercie des paroles aimables que vous m'avez adressées, ainsi que du salut cordial du Président de la République, M. Nicanor Duarte Frutos, dont vous vous êtes fait l'interprète, et je vous prie également de lui transmettre mes meilleurs voeux de paix et de bien-être personnel, ainsi que mes voeux pour la prospérité et le développement de la chère nation paraguayenne. Je vous prie par ailleurs de lui faire parvenir ma plus sincère gratitude pour le geste sincère de respect et de proximité à l'égard de mon vénéré prédécesseur en envoyant de hauts Représentants des Institutions de l'Etat à la cérémonie de ses funérailles; ainsi qu'à mon égard, à travers votre présence comme Mandataire Suprême, lors de la célébration liturgique qui a solennellement marqué le début de mon Pontificat comme Successeur de Pierre.

2. Quelques années après la célébration du bicentenaire de l'indépendance et de la création du Paraguay en tant qu'Etat souverain, vous avez aujourd'hui - comme vous l'avez bien souligné dans vos paroles - la grande opportunité d'avancer dans le dialogue et dans la coexistence sereine entre tous les citoyens et avec les autres pays, pour surmonter toute forme de conflit et de tension. Il n'y pas de meilleur moment pour le faire que le moment actuel, au cours duquel, une fois rétablie la légitimité de la Magistrature Suprême de l'Etat - comme cela a eu lieu lors des dernières élections générales -, se sont créées les bases qui laissent espérer une plus grande stabilité institutionnelle. C'est pourquoi je vous invite à l'exercice d'une véritable démocratie, c'est-à-dire celle que conduit, avec la participation du peuple, le gouvernement d'une nation quand il s'inspire des valeurs suprêmes et immuables et qu'il permet que le patrimoine culturel des personnes et le développement progressif de la société répondent aux exigences de la dignité humaine. A cet égard, il faut réaffirmer que la paix "est le bien suprême et premier d'une société; qu'elle suppose la justice, la liberté, l'ordre, et qu'elle rend possible tous les autres biens de la vie humaine" (Paul VI, Message de Noël, 23 décembre 1965).

C'est dans ce sens que l'Encyclique Centesimus annus de Jean-Paul II avertissait qu'"une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire" (n. 46), étant donné que, sans une vérité ultime qui guide et oriente l'action politique, "les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir" (ibid.).

3. Comme je l'ai exposé au Corps diplomatique le 12 mai dernier, l'Eglise proclame et défend sans cesse les droits fondamentaux, malheureusement parfois violés dans différentes parties de la terre, et elle s'efforce de parvenir à la reconnaissance des droits de chaque personne humaine: au droit à la vie depuis sa conception, à l'alimentation, au logement, au travail, à l'assistance médicale, à la protection de la famille et à la promotion du développement social, dans le plein respect de la dignité de l'homme et de la femme, créés à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Les gouvernants, qui ont reçu la charge de protéger et de diffuser ces mêmes droits, ne doivent pas se lasser de poursuivre, quelle que soit l'ampleur des difficultés, leur engagement pour les mettre en pratique. C'est ce que demande chaque personne qui fait partie de votre nation.

4. L'Eglise qui est au Paraguay, à travers mes frères Evêques, est consciente de l'exigence de répondre fidèlement à l'appel du Christ, pour que tous puissent vivre, dans un climat d'espérance et de paix, l'expérience de l'amour de Dieu comme signe distinctif de chaque communauté de croyants. C'est dans ce but qu'est organisée une consultation nationale qui a pour thème Parle Seigneur, ton Eglise écoute, dans l'intention d'établir des lignes d'action pastorale communes, ainsi que de prendre conscience que l'édification de la patrie est un engagement de chaque citoyen.

Tous doivent se sentir concernés par ce projet merveilleux de transformation et d'édification de leur propre pays en un peuple de frères. C'est pourquoi l'Eglise, avec l'expérience humaine qu'elle possède, sans jamais rechercher en aucune manière à intervenir dans la politique des Etats, "ne vise qu'un seul but: continuer, sous l'impulsion de l'Esprit consolateur, l'oeuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi" (Gaudium et spes
GS 3).

5. Pour conclure cette rencontre, permettez-moi, Monsieur l'Ambassadeur, de vous présenter mes félicitations et de vous exprimer mes meilleurs voeux pour que votre séjour à Rome soit agréable et que votre mission diplomatique produise des fruits abondants d'entente mutuelle et d'étroite collaboration, en développant les bonnes relations déjà existantes entre votre pays et le Saint-Siège.

Avec ces voeux, que j'étends à votre famille et à vos collaborateurs, je vous prie de transmettre mon salut cordial au gouvernement du Paraguay, en particulier à votre Président, et de vous faire le porte-parole de ma proximité et de mon affection auprès du peuple paraguayen, pour lequel j'implore la protection maternelle de Notre-Dame de Caacupé, de même que j'invoque sur tous d'abondantes Bénédictions divines.


À S.E. M. FRANCISCO SALAZAR ALVARADO, NOUVEL AMBASSADEUR DE L'EQUATEUR PRÈS LE SAINT-SIÈGE Lundi 29 août 2005

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À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec joie que je reçois de vos mains les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de l'Equateur près le Saint-Siège et, en vous remerciant sincèrement des paroles courtoises que vous avez bien voulu m'adresser, je vous souhaite une cordiale bienvenue à l'occasion de cette rencontre solennelle par laquelle commence la mission que vous a confiée votre gouvernement, et que vous avez déjà remplie avec un grand succès de 1984 à 1988.

J'apprécie particulièrement la confiance qu'a placée en vous le Président de la République, M. Alfredo Palacio González, à qui je vous prie de faire parvenir mes meilleurs voeux de paix, de bien-être et de prospérité pour le développement intégral de cette nation si chère.

2. En vous recevant, je ne peux que rappeler l'agréable visite qu'en tant qu'Archevêque de Munich et Freising, j'ai rendue dans votre pays en 1978 pour présider, en tant qu'Envoyé extraordinaire, le III Congrès marial national à Guayaquil. En cette occasion, j'ai également pu visiter les circonscriptions ecclésiastiques de Cuenca, Ambato et, brièvement, Quito. Ce fut une expérience très positive qui me permit de constater le patrimoine de foi et l'adhésion à l'Eglise catholique qui caractérisent le peuple équatorien, qui me reçut avec de grandes démonstrations de ferveur et de respect en tant que représentant du Pape.

3. L'Equateur, comme de nombreux autres pays, est également à la merci de problèmes d'ordre économique, social et politique. La recherche de moyens pour les résoudre est une tâche difficile qui requiert toujours la bonne volonté et la collaboration de tous les citoyens des différentes couches sociales, en particulier des responsables des diverses instances politiques et socio-économiques. Il est ensuite urgent qu'existe une union d'intentions et de volontés pour rendre possible une action continue des gouvernants, face aux défis d'un univers mondialisé qui doivent être affrontés avec une solidarité authentique.

Cette vertu, comme le dit mon prédécesseur Jean-Paul II de vénérée mémoire, doit inspirer l'action des individus, des gouvernements, des organismes et des institutions internationaux et de tous les membres de la société civile, les engageant à travailler pour une juste croissance des peuples et des nations, en ayant pour objectif le bien de tous et de chacun (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 40).

4. Monsieur l'Ambassadeur, dans vos paroles vous avez fait référence au souhait de votre gouvernement de combattre la corruption sous toutes ses formes, de réduire les inégalités entre ceux qui possèdent tout et ceux qui manquent des biens fondamentaux, tels que l'éducation, la santé et la nourriture, en lançant des initiatives pour continuer à construire une nation meilleure. De fait, la transparence et l'honnêteté dans la gestion publique favorisent un climat de crédibilité et de confiance des citoyens dans leurs représentants, et constituent la base d'un développement durable et juste. Je connais également les initiatives qui sont organisées actuellement, à partir d'enseignements de la doctrine sociale de l'Eglise, invitant les instances administratives à mettre en pratique le principe de subsidiarité comme moyen efficace pour affronter de nombreuses nécessités concrètes.

Pour effectuer ces tâches, les responsables des Institutions officielles trouveront dans l'Eglise qui est en Equateur, malgré la pauvreté de ses moyens mais avec la force de ses solides convictions, la collaboration adaptée pour la recherche de solutions justes, reconnaissant les efforts pour développer la conscience et la responsabilité des citoyens et susciter la participation de tous. L'effort pour répondre aux nécessités des plus déshérités doit être considéré comme une priorité fondamentale. Un grand nombre de ceux qui souffrent appartiennent aux populations autochtones, la plupart affrontant à la fois la pauvreté et l'exclusion.

5. Monsieur l'Ambassadeur, vous savez bien que toute l'Eglise catholique offre sans réserve sa collaboration zélée pour faire face au terrible problème de l'émigration. Il faut se féliciter de la reconnaissance et du respect que le gouvernement lui offre dans ce domaine. L'éloignement de sa propre patrie, due au désir légitime de trouver de meilleures conditions de vie, entraîne toute une suite d'incertitudes, de difficultés et de douleurs pour les familles, en particulier lorsqu'elles laissent derrière elles des enfants en bas âge. C'est pourquoi, en plus de soutenir une amélioration économique, il est nécessaire de conserver et de développer les riches valeurs culturelles et religieuses qui font partie du bagage avec lequel les immigrés partirent un jour.

Parmi ces valeurs, est profondément enracinée dans le coeur des fidèles équatoriens la dévotion à la Mère de Dieu. Comme vous l'avez rappelé c'est précisément l'année prochaine que sera célébrée le centenaire du "miracle" de l'image de la Vierge des Douleurs du Collège, à Quito. Au cours des années, diverses personnalités de la politique, de la culture et de l'art ont manifesté publiquement leur dévotion à la Vierge qui porte ce titre. Je désire également mentionner ici l'amour de vos concitoyens pour Mariana de Jesus, la première sainte Equatorienne, dont la statue de marbre sera placée prochainement dans un endroit déjà déterminé de la basilique Saint-Pierre, comme l'expression de la ferme adhésion de l'Equateur au Siège apostolique.

6. Monsieur l'Ambassadeur, à la fin de cette rencontre, je désire former les meilleurs voeux pour l'heureux déroulement de votre mission. Je vous prie de transmettre mon salut au Président de la République, ainsi que l'assurance de ma prière à tout le peuple équatorien, pour qu'il progresse de manière sereine et pacifique. Je demande au Très-Haut qu'il vous assiste toujours dans la mission que vous commencez aujourd'hui, et j'invoque d'abondantes Bénédictions sur vous, sur votre noble famille, ainsi que sur les gouvernants et les citoyens de l'Equateur.




AUX ÉVÊQUES MEXICAINS (1er GROUPE - RÉGION "NORTE OCCIDENTE") EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle des Suisses (Castel Gandolfo) Jeudi, 8 septembre 2005

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Chers frères dans l'épiscopat,

Je vous fais part de ma profonde joie de vous recevoir, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum" pour vénérer les tombes des Apôtres Pierre et Paul et renforcer également les liens de communion avec le Successeur de Pierre. Je vous remercie des paroles que Mgr José Fernández Arteaga, Archevêque de Chihuaha, m'a adressées en votre nom à tous, Pasteurs des provinces ecclésiastiques de Chihuahua, Durango, Guadalajara et Hermosillo. Je désire à présent réfléchir sur plusieurs thèmes d'un intérêt particulier pour l'Eglise qui est en pèlerinage au Mexique.

Les moments de rencontre entre les Evêques constituent une précieuse occasion pour vivre et approfondir l'unité. C'est pourquoi, la Conférence de l'épiscopat mexicain est également appelée à être un signe vivant de la communion ecclésiale, visant à faciliter le ministère des Evêques et à renforcer la collégialité. Aujourd'hui, plus que jamais, il est nécessaire d'unir les forces et d'échanger les expériences, car, comme l'a souligné le Concile Vatican II: "Il n'est pas rare que les évêques ne puissent accomplir leur charge convenablement et avec fruit, s'ils ne réalisent pas avec les autres évêques une concorde chaque jour plus étroite et une action plus coordonnée" (Christus Dominus
CD 37). Je les encourage donc à poursuivre le long de cette voie en vue d'une action toujours plus efficace et féconde.

La nation mexicaine est née d'une rencontre de peuples et de cultures dont la physionomie a été marquée par la présence vivante de Jésus Christ et par la médiation de Marie, "Mère du Dieu véritable pour lequel nous vivons" (Nican Mopohua). La richesse de l'"Evénement de Guadalupe" a uni dans une nouvelle unité des personnes, des histoires et des cultures différentes, à travers lesquelles le Mexique a développé son identité et sa mission.

Aujourd'hui, le Mexique vit un processus de transition, caractérisé par l'apparition de groupes qui, parfois de façon plus ou moins ordonnée, cherchent de nouveaux espaces de participation et de représentation. Un grand nombre d'entre eux prônent avec une force particulière la revendication en faveur des pauvres et des personnes exclues du développement, en particulier des autochtones. La profonde aspiration à consolider une culture des institutions démocratiques, économiques et sociales, qui reconnaissent les droits de l'homme et les valeurs culturelles du peuple, doit trouver un écho et une réponse claire dans l'action pastorale de l'Eglise.

La préparation au grand Jubilé a contribué à faire en sorte que les catholiques mexicains connaissent, acceptent et aiment leur histoire en tant que peuple et communauté de croyants. Je désire rappeler ici l'exhortation de mon prédécesseur: "Pour les individus comme pour les peuples, il faut une sorte de "purification de la mémoire", afin que les maux d'hier ne se reproduisent plus. Il ne s'agit pas d'oublier ce qui est arrivé, mais d'en faire une relecture avec des sentiments nouveaux et d'apprendre, par les expériences subies, que seul l'amour construit tandis que la haine engendre dévastations et ruines" (Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1 janvier 1997).

Il s'agit d'un défi qui requiert une formation intégrale, dans tous les domaines de l'Eglise, qui aide chaque fidèle à vivre l'Evangile dans les diverses dimensions de la vie. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut témoigner de sa propre espérance (cf. 1P 3,15). Les façons traditionnelles de vivre la foi, transmises de façon sincère et spontanée à travers les traditions et les enseignements familiaux, doivent mûrir dans un choix personnel et communautaire. Cette formation est particulièrement nécessaire pour les jeunes qui, lorsqu'ils cessent de fréquenter la communauté ecclésiale après les Sacrements de l'initiation, se trouvent face à une société marquée par un pluralisme culturel et religieux croissant. En outre, ils sont confrontés, étant parfois seuls et désorientés, à des courants de pensée selon lesquels l'homme, n'ayant pas besoin de Dieu et s'opposant même à Dieu, atteint sa plénitude à travers le pouvoir technologique, politique et économique. Il est donc nécessaire d'accompagner les jeunes et de les inviter avec enthousiasme afin que, à nouveau intégrés dans la communauté ecclésiale, ils assument l'engagement de transformer la société comme exigence fondamentale de la "sequela" du Christ.

De la même façon, les familles demandent un accompagnement adapté pour pouvoir découvrir et vivre leur dimension d'"Eglise domestique". Le père et la mère ont besoin de recevoir une formation qui les aide à être les "premiers évangélisateurs" de leurs enfants; ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront se réaliser comme la première école de la vie et de la foi. Toutefois, la seule connaissance des contenus de la foi ne remplace jamais l'expérience de la rencontre personnelle avec le Seigneur. La catéchèse dans les paroisses et l'enseignement de la religion et de la morale dans les écoles d'inspiration chrétienne, ainsi que le témoignage vivant de ceux qui ont rencontré le Christ et le transmettent, dans le but de susciter l'aspiration à le suivre et à le servir de tout son coeur et de toute son âme, doivent favoriser cette expérience de connaissance et de rencontre avec le Christ.

Une manifestation de la richesse ecclésiale est l'existence de plus de quatre cents Instituts de Vie consacrée, en particulier de femmes, un grand nombre d'entre eux ayant été fondés au Mexique, qui évangélisent dans tout le pays et dans les divers milieux, cultures et lieux. Un grand nombre d'entre eux se consacrent à l'éducation à tous les niveaux, en particulier dans certaines Universités; d'autres travaillent parmi les plus pauvres, unissant l'évangélisation et la promotion humaine; dans les hôpitaux, dans les domaines des moyens de communication sociale, dans le domaine de l'art et des lettres, en assistant des professionnels du monde de l'économie et de l'entreprise dans la formation spirituelle et professionnelle. Il faut ajouter à tout cela une plus grande participation des fidèles laïcs à travers diverses initiatives qui mettent en évidence leur vocation et leur mission dans la société. On observe également une présence croissante de mouvements laïcs nationaux et internationaux, qui promeuvent le renouveau de la vie matrimoniale et familiale, ainsi qu'une plus grande expérience communautaire.

L'Eglise qui est au Mexique reflète le pluralisme de la société elle-même, façonnée par de nombreuses réalités différentes, certaines très positives et prometteuses, d'autres plus complexes. Face à cela, et dans le respect des réalités locales et régionales, les Evêques doivent favoriser certains processus pastoraux organiques, qui donnent un sens plus profond aux manifestations dérivant d'une simple tradition ou d'une coutume. Ces processus doivent tout d'abord viser à intégrer les directives du Concile avec les défis pastoraux que présentent les diverses situations concrètes.

La situation actuelle interroge et observe l'Eglise, exigeant cohérence et courage dans la foi. Des signes visibles de la crédibilité seront constitués par le témoignage de vie, l'unité des croyants, le service aux pauvres et l'inlassable promotion de leur dignité. Dans la tâche d'évangélisation, il faut être créatifs, toujours fidèles à la Tradition de l'Eglise et de son magistère. Puisque nous vivons dans une nouvelle culture caractérisée par les moyens de communication sociale, l'Eglise qui est au Mexique doit profiter, à ce propos, de la collaboration de ses fidèles, de la préparation de nombreux hommes de culture et des opportunités que les Institutions publiques accordent dans ce domaine (cf. Jean-Paul II, Ecclesia in America ). Montrer le visage du Christ dans ce milieu médiatique requiert un sérieux effort de formation et d'apostolat auquel on ne peut surseoir, la contribution de tous étant nécessaire dans ce but.

Chers frères, nous célébrons aujourd'hui la fête de la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie. Unis en un seul coeur et une seule âme, je vous confie à ses soins maternels, avec les prêtres, les communautés religieuses et les fidèles de vos diocèses. Apportez à tous le salut et l'expression d'amour du Pape; dans le même temps, je vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique.


AU 31e ESCADRON DE L’AÉRONAUTIQUE ITALIENNE Samedi 10 septembre 2005

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Chers membres du 31 escadron de l'Aéronautique militaire italienne!

La rencontre d'aujourd'hui est la première occasion pour moi de rencontrer votre groupe au complet. J'en suis véritablement heureux, et je vous remercie de cette visite et du service que vous accomplissez. Je salue de tout coeur également vos familles qui vous accompagnent. Je suis reconnaissant au Commandant sortant, le Colonel Giuseppe Coco, pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées, et je désire lui exprimer ma profonde reconnaissance pour le travail apprécié qu'il a accompli. Je salue le Colonel Giuseppe Gimondo, qui s'apprête à prendre la direction de l'escadron, et je lui présente mes meilleurs voeux pour cette nouvelle fonction. Je suis également reconnaissant pour l'hommage cordial qui m'a été fait d'un splendide tableau.

Depuis que le Seigneur m'a appelé à accomplir le ministère d'Evêque de Rome, j'ai déjà eu l'occasion de profiter souvent de vos services, me rendant compte du professionnalisme avec lequel vous travaillez, et dans le même temps, de l'esprit chrétien qui vous anime. En tant que croyants vous est offerte la possibilité de mettre à disposition de l'Eglise vos capacités et le bagage de compétences et d'expériences que vous avez acquises, coopérant ainsi, de la manière qui vous est propre, au ministère du Successeur de Pierre.

Ma gratitude, ainsi que celle de mes collaborateurs, désire s'exprimer également à travers certains signes de distinction, que j'ai la joie de remettre en cette occasion. Mais je tiens avant tout à vous assurer que je suis proche de vous à travers la prière, confiant à Dieu chacune de vos intentions et de vos projets. Vous rencontrer aujourd'hui, avec vos familles, est pour moi un encouragement à rappeler au Seigneur la famille de chacun de vous, afin qu'Il illumine par sa grâce les bons moments comme les moments difficiles, enrichissant les uns et les autres de valeurs surnaturelles. Je confie dès à présent cette intention, ainsi que celles particulières que vous portez dans votre coeur, à l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie. Je vous souhaite un travail serein, et je donne de tout coeur ma Bénédiction, à vous tous ici présents, en l'étendant volontiers à tous ceux qui vous sont chers et qui n'ont pas pu se joindre à nous en cette occasion.


AUX ÉVÊQUES MEXICAINS (2ème GROUPE - RÉGION "NORESTE CENTRO") EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

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Salle du Consistoire (Castel Gandolfo) Jeudi 15 septembre 2005
Chers frères dans l'épiscopat,

Je suis profondément heureux de vous recevoir à l'occasion de votre visite ad limina, à travers laquelle vous manifestez votre communion et votre amour pour le Successeur de Pierre. Je remercie Mgr Alberto Suárez Inda, Archevêque de Morelia, pour son salut cordial en votre nom, pasteurs des circonscriptions ecclésiastiques de Monterrey, Morelia et San Luis Potosi.

Le Mexique est confronté au défi de transformer ses structures sociales afin qu'elles soient plus conformes à la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux. Les catholiques sont également appelés à collaborer à cette tâche, eux qui constituent encore la majorité de sa population, en découvrant leur engagement de foi et la signification unitaire de leur présence dans le monde. Etant donné que, dans le cas contraire, "le divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d'un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps" (Gaudium et spes
GS 43).

Le fait que dans certains milieux, par soif de pouvoir, les formes saines de coexistence et la gestion des affaires publiques se soient détériorées et qu'aient également augmenté les phénomènes de la corruption, de l'impunité, du trafic de drogue et du crime organisé, continue d'être un motif de profonde préoccupation. Tout cela conduit à diverses formes de violence, à l'indifférence et au mépris de la valeur inviolable de la vie. A ce propos, l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America dénonce clairement les "péchés sociaux" de notre époque, qui manifestent "une crise profonde due à la perte du sens de Dieu et à l'absence des principes moraux qui doivent guider la vie de tout homme. Sans références morales, on tombe dans la soif illimitée de la richesse et du pouvoir, qui obscurcit toute vision évangélique de la réalité sociale" (n. 56).

Au Mexique également, on vit fréquemment dans une situation de pauvreté. On constate toutefois chez de nombreux fidèles une foi en Dieu, un sens religieux accompagné par des expressions riches d'humanité, d'hospitalité, de fraternité et de solidarité. Ces valeurs sont menacées par l'émigration à l'étranger, où de nombreuses personnes travaillent dans des conditions précaires, dans un état de vulnérabilité et en affrontant avec difficulté un contexte culturel différent de leur identité sociale et religieuse. Là où les émigrants trouvent un bon accueil dans une communauté ecclésiale qui les assiste dans leur insertion dans la nouvelle réalité, ce phénomène est dans un certain sens positif et favorise également l'évangélisation d'autres cultures.

En approfondissant le thème de l'émigration, l'Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour l'Amérique a contribué à découvrir que, au-delà des facteurs économiques et sociaux, il existe une unité appréciable qui provient d'une foi commune et qui favorise la communion fraternelle et solidaire. Tout cela est le fruit des diverses formes de présence et de rencontre avec Jésus Christ vivant, qui ont existé et qui existent dans l'histoire de l'Amérique. La mobilité humaine est donc une priorité pastorale dans les rapports de coopération avec les Eglises d'Amérique du Nord.

De nombreux baptisés, influencés par d'innombrables modèles de pensée et de coutumes, sont indifférents aux valeurs de l'Evangile et se voient même poussés à des comportements contraires à la vision chrétienne de la vie, ce qui rend difficile l'appartenance à une communauté ecclésiale. Tout en se professant catholiques, ils vivent de fait loin de la foi, abandonnant les pratiques religieuses et perdant progressivement leur identité de chrétiens, avec des conséquences morales et spirituelles de diverses natures. Chers frères, ce défi pastoral vous a poussés à rechercher des solutions non seulement pour signaler les erreurs que ces propositions contiennent et défendre les contenus de la foi, mais également et surtout pour proposer la richesse transcendante du christianisme comme événement qui confère un véritable sens à la vie et une capacité de dialogue, d'écoute et de collaboration avec tous.

Tout cela, uni à l'activité des sectes et des nouveaux groupes religieux en Amérique, loin de vous laisser indifférents, doit stimuler vos Eglises particulières à offrir aux fidèles une attention religieuse plus personnalisée, en consolidant les structures de communion et en proposant une religiosité populaire purifiée, afin de rendre plus vivante la foi de tous les catholiques (cf. ibid., n. 73).

C'est un devoir urgent que de former de façon responsable la foi des catholiques, pour les aider à vivre avec joie et avec courage dans le monde. "La perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté" (Novo millennio ineunte NM 30). Il s'agit d'une action prioritaire de l'évangélisation permanente des baptisés. C'est pourquoi la catéchèse, avec l'enseignement de la religion et de la morale, doit être toujours plus à la base de l'expérience et de la connaissance de Jésus Christ, à travers le témoignage vivant de ceux qui l'ont rencontré, afin de susciter le désir de le suivre et de le servir de tout son coeur et de toute son âme. "Il importe toutefois que ce que nous nous proposerons, avec l'aide de Dieu, soit profondément enraciné dans la contemplation et dans la prière" (ibid., n. 15).

Tout cela implique, dans la pratique pastorale, le besoin de revoir notre mentalité, nos attitudes et nos comportements, et d'élargir nos horizons, en nous engageant à partager et à travailler avec enthousiasme en vue de répondre aux grandes interrogations de l'homme d'aujourd'hui. En tant qu'Eglise missionnaire, nous sommes tous appelés à comprendre les défis que la culture post-moderne pose à la nouvelle évangélisation du continent. Le dialogue de l'Eglise avec la culture de notre temps est vitale pour l'Eglise elle-même et pour le monde.

Avant de conclure, je demande au Seigneur que cette rencontre consolide votre unité comme Pasteurs de l'Eglise qui est au Mexique. Dans le même temps, je vous demande de transmettre mon salut affectueux aux prêtres, aux communautés religieuses, aux agents de la pastorale et à tous les fidèles diocésains, les encourageant à apporter toujours un témoignage authentique de vie chrétienne dans la société actuelle. A Notre-Dame et Mère de Guadalupe, je confie votre oeuvre pastorale, et dans le même temps, je vous donne avec joie ma Bénédiction apostolique.


AUX GRANDS RABBINS D'ISRAËL Vendredi 15 septembre 2005

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Messieurs,

C'est avec un coeur sincère que je vous souhaite aujourd'hui la bienvenue, et je vous fais part de mon appréciation pour le fait que votre visite a pour but de souligner les résultats positifs qui ont découlé de la Déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II, dont nous fêtons cette année le 40 anniversaire. Je considère votre visite comme une étape supplémentaire dans le processus d'édification de relations religieuses plus profondes entre catholiques et juifs, un processus qui a reçu un nouvel élan et une nouvelle énergie de Nostra Aetate et des nombreuses formes de contact, de dialogue et de coopération, qui trouvent leur origine dans les principes et dans l'esprit de ce document. L'Eglise continue d'accomplir tous les efforts possibles pour appliquer la vision du Concile d'une nouvelle ère de plus grande compréhension réciproque, de respect et de solidarité entre nous.

Nostra Aetate s'est révélée être une pierre milliaire sur la voie vers la réconciliation des chrétiens avec le peuple juif. Elle affirme clairement que "les juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l'appel sont sans repentance" (n. 4).

Aujourd'hui, nous devons continuer de rechercher les moyens de répondre à cette responsabilité, dont je parlais au cours de ma récente visite à la Synagogue de Cologne, "de transmettre aux jeunes le flambeau de l'espérance qui a été donnée par Dieu aux juifs comme aux chrétiens, pour que plus jamais les forces du mal n'arrivent au pouvoir et que les générations futures, avec l'aide de Dieu, puissent construire un monde plus juste et plus pacifique dans lequel tous les hommes aient un droit égal de citoyen" (Discours lors de la visite à la Synagogue de Cologne, 19 août 2005).

Les yeux du monde sont constamment tournés vers la Terre Sainte, la Terre qui est considérée comme sainte par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Malheureusement, notre attention est trop souvent attirée par des actes de violence et de terreur, qui provoquent une douleur immense à tous ceux qui vivent là-bas. Nous devons continuer d'insister sur le fait que la religion et la paix vont de pair.

A cette occasion, mes pensées se tournent également vers les communautés chrétiennes de Terre Sainte, qui constituent là-bas une présence vivante et un témoignage depuis l'aube du christianisme, à travers tous les événements de l'histoire. Aujourd'hui, nos frères et soeurs dans la foi doivent affronter de nouveaux et croissants défis. Alors que nous sommes heureux que les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l'Etat d'Israël aient conduit à des formes plus solides et plus stables de coopération, nous attendons avec impatience la mise en place de l'Accord fondamental sur des questions qui restent en suspens.

Chers Grands Rabbins, en tant que responsables religieux, nous avons devant Dieu une grave responsabilité en ce qui concerne l'enseignement que nous donnons et les décisions que nous prenons. Puisse le Seigneur nous soutenir dans le service à la grande cause de promouvoir le caractère sacré de la vie humaine et de défendre la dignité humaine de chaque personne, afin que la justice et la paix puissent se développer dans le monde.




Discours 2005-2013 26805