Discours 2005-2013 30905

VISITE À L'HÔPITAL PÉDIATRIQUE "BAMBINO GESÙ" Vendredi 30 septembre 2005

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Messieurs les Administrateurs de l'Hôpital et éminentes Autorités!
Chers enfants!

Au terme de ma visite, je suis heureux de m'entretenir avec vous, en vous remerciant de votre accueil cordial. Je suis reconnaissant au Président de cet Hôpital pédiatrique "Bambino Gesù" des paroles qu'il m'a adressées au nom de vous tous, des paroles de foi et de véritable charité chrétienne. Je salue les Présidents de la Région et de la Province, le Maire de Rome et les autres Autorités ici présentes. Ma gratitude va ensuite aux administrateurs, aux Directeurs et aux coordinateurs des Services de l'Hôpital, ainsi qu'aux médecins, aux infirmiers et à tout le personnel. Je m'adresse en particulier à vous avec affection, chers enfants, et à vos familles qui sont à vos côtés avec une grande sollicitude. Je remercie de tout coeur votre représentant qui m'a offert un aimable hommage, au nom de toute la famille du "Bambino Gesú". Je suis proche de chacun de vous et je voudrais vous faire sentir le réconfort et la bénédiction de Dieu. Je désire transmettre les mêmes souhaits à tous ceux qui se trouvent dans les succursales de Palidoro et de Santa Marinella, dont je me sens également très proche.

Pour cette première visite à un hôpital, j'ai choisi le "Bambino Gesú" pour deux raisons: tout d'abord parce que cet Institut appartient au Saint-Siège, et qu'il est suivi avec sollicitude par le Cardinal-Secrétaire d'Etat, ici présent. En passant dans plusieurs services, ayant rencontré beaucoup de petits enfants qui souffrent, j'ai pensé spontanément à Jésus qui aimait tendrement les enfants et qui voulait qu'on les laisse aller à Lui. Oui, comme Jésus, l'Eglise manifeste aussi une prédilection particulière pour l'enfance, spécialement lorsqu'il s'agit d'enfants qui souffrent. Et voilà, alors, la deuxième raison pour laquelle je suis venu parmi vous: pour témoigner moi aussi de l'amour de Jésus pour les enfants, un amour qui jaillit spontanément du coeur et que l'esprit chrétien développe et renforce. Le Seigneur a dit: "Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (cf.
Mt 25,40 Mt 25,45). Dans chaque personne qui souffre, plus encore si elle est petite et sans défense, c'est Jésus qui nous accueille et qui attend notre amour.

Chers amis, le travail que vous accomplissez ici est donc important. Je pense aux interventions d'avant-garde qui font la réputation du "Bambino Gesú"; mais je pense aussi et surtout au travail ordinaire, de chaque jour: à l'accueil, à l'hospitalisation, aux soins attentifs donnés aux petits patients - et ils sont si nombreux! - qui s'adressent à vos structures médicales. Cela demande une grande disponibilité, une recherche constante pour multiplier les ressources disponibles; cela demande de l'attention, l'esprit de sacrifice, de la patience et un amour désintéressé, pour faire en sorte que les mères et les pères puissent trouver ici un lieu où l'on respire l'espérance et la sérénité, également dans les moments d'appréhension les plus intenses.

Laissez-moi dire encore un mot précisément sur la qualité de l'accueil et de l'attention qui doit être réservée à celui qui est malade. Votre préoccupation est ici d'assurer le meilleur traitement non seulement sous l'aspect médical, mais également d'un point de vue humain. Vous cherchez à donner une famille aux patients et aux personnes qui les accompagnent, et cela demande la contribution de chacun: des dirigeants, des médecins, des infirmiers et des agents dans les différents services, du personnel et des nombreuses organisations de volontariat dignes d'éloges, qui offrent quotidiennement leur précieux service. Ce style, qui vaut pour chaque Maison de soin, doit caractériser de manière particulière celles qui s'inspirent des principes évangéliques. De plus, on ne doit épargner aucune ressource pour les enfants. Au centre de chaque projet et programme, doit toujours se trouver le bien du malade, le bien de l'enfant malade.

Chers amis, merci de votre collaboration à cette oeuvre à la valeur humaine très élevée, qui représente également un apostolat très efficace. Je prie pour vous, sachant que votre mission n'est pas aisée. Je suis cependant certain que tout cela apparaîtra moins difficile si, en consacrant toutes vos énergies aux petits patients, vous savez reconnaître dans leur visage celui de Jésus. En m'arrêtant dans la Chapelle, j'ai rencontré les prêtres, les religieuses et ceux qui accompagnent votre travail avec leur dévouement, en particulier en assurant une animation spirituelle appropriée. Que l'Eglise soit précisément le coeur de l'Hôpital: à Jésus réellement présent dans l'Eucharistie, au doux Médecin des corps et des âmes, puisez la force spirituelle pour réconforter et soigner ceux qui sont hospitalisés.

Enfin, permettez-moi d'effectuer une réflexion purement pastorale, en tant qu'Evêque de Rome. L'hôpital "Bambino Gesú" est non seulement une oeuvre tangible et concrète du Saint-Siège pour les enfants malades, mais il représente un avant-poste de l'action évangélisatrice de la communauté chrétienne dans notre ville. On peut ici offrir un témoignage concret et efficace de l'Evangile au contact avec l'humanité qui souffre; on proclame ici par les faits la puissance du Christ qui, avec son esprit, guérit et transforme l'existence humaine. Nous prions afin que, avec les soins, l'amour de Jésus soit communiqué aux petits patients. Que la Très Sainte Vierge Marie, Salus infirmorum - Santé des malades, que nous sentons encore plus proche, en tant que Mère de l'Enfant Jésus et de tous les enfants, vous protège, chers malades, ainsi que vos familles, les dirigeants, les médecins et toute la communauté de l'Hôpital. Je donne à tous avec affection ma Bénédiction apostolique.



AUX RELIGIEUX PAULINIENS ET AUX COLLABORATEURS DE LA FAMILLE PAULINIENNE Samedi 1er octobre 2005

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Chers frères et soeurs,

Vous représentez aujourd'hui la famille paulinienne tout entière, venue rendre visite au Successeur de Pierre. Je suis très heureux de vous accueillir et je vous remercie de votre aimable visite. Je salue le Supérieur général de la Société Saint-Paul et je lui exprime ma vive reconnaissance pour les paroles courtoises à travers lesquelles il a présenté l'esprit de l'activité évangélisatrice que vous cherchez à accomplir ensemble. Je salue les Conseillers généraux et les autres Supérieurs, les nombreux Confrères et collaborateurs, et j'étends ma pensée cordiale à tout votre Institut, dans ses diverses branches masculines et féminines. Qu'à tous et à chacun parvienne mon appréciation pour le service que vous rendez à la diffusion de l'Evangile à travers les moyens de communication sociale modernes, en suivant l'exemple et les enseignements de votre Fondateur, le bienheureux Giacomo Alberione. Aujourd'hui sont en particulier présents ceux qui oeuvrent dans le domaine italien: je pense tout d'abord à la revue Famiglia Cristiana et aux autres périodiques, je pense aux Editions San Paolo et à vos célèbres librairies présentes dans toute l'Italie, ainsi qu'au secteur de l'audiovisuel et des plus modernes frontières de la communication. Votre apostolat est un apostolat d'avant-garde dans un domaine vaste et complexe, qui offre de nombreuses opportunités et qui comporte, dans le même temps, de nombreux problèmes; il s'agit d'une activité multiple qui exige une préparation et des compétences spécifiques avec une mise à jour permanente, si l'on veut répondre de manière effective aux défis du monde actuel, toujours davantage perçu comme un "village global".

Chers amis, proclamer l'Evangile en se servant des moyens de communication sociale modernes, - précisément ce que désire réaliser le périodique Famiglia Cristiana, en entrant dans les maisons de nombreux italiens dans leur patrie et à l'étranger - à côté de la formation professionnelle nécessaire, demande tout d'abord une solide adhésion personnelle au Divin Maître. Votre Fondateur a toujours été conscient de l'importance de cette exigence ascétique et spirituelle, lui qui, précisément pour cette raison, a placé l'Eucharistie, l'écoute de la Parole et un profond esprit de prière au coeur même de chaque oeuvre et de chaque maison de votre Institut. Dom Alberione, qui était tellement amoureux de Dieu, demandait à ses disciples, prêtres et laïcs, de cultiver une vie intérieure forte, riche d'équilibre et de discernement. Il indiquait à tous comme modèle l'Apôtre Paul, qui dans l'aréopage d'Athènes, guidé par l'Esprit Saint, sut adapter son annonce au contexte culturel dans lequel il se trouvait mais qui, dans le même temps, ne manqua pas de présenter avec une franchise courageuse la nouveauté absolue qu'est le Christ (cf. Ac
Ac 17,22-32). Le récent Chapitre général de la Société de Saint-Paul a reproposé à tous les Pauliniens comme programme indicatif l'exhortation de Dom Alberione à "être saint Paul aujourd'hui". Que chacun de vous fasse sien l'esprit et le style qui caractérisaient l'Apôtre des nations, en actualisant également à notre époque post-moderne son oeuvre missionnaire. Faites-le, en partageant avec le Successeur de Pierre et les Pasteurs des Eglises particulières, l'aspiration permanente à faire parvenir au coeur de tant de nos contemporains le message salvifique du Rédempteur.

Mes vénérés prédécesseurs n'ont pas manqué, en diverses occasions, d'exprimer leur estime et leur affection envers la Famille paulinienne digne d'éloges, l'encourageant à cheminer en restant fidèle au charisme qui la distingue et qui constitue une richesse pour la communauté ecclésiale tout entière. J'unis volontiers ma voix à la leur, souhaitant que votre Famille religieuse sache réaliser toujours plus sa mission, qui est celle de vivre et de donner au monde d'aujourd'hui le Christ Maître, Chemin, Vérité et Vie à travers les formes et les langages de la communication actuelle. A partir du Concile oecuménique Vatican II s'est diffusé toujours plus largement dans l'Eglise la conscience de la valeur et de l'intérêt élevé que revêtent les instruments de la communication pour la diffusion de l'Evangile et pour la formation des consciences. Je vous exhorte donc à renouveler l'engagement, qui vous est propre, d'être une présence éducative au service de la communauté chrétienne, afin que dans ses diverses articulations elle soit en mesure de développer une capacité communicative toujours meilleure, à l'image du Seigneur Jésus, en qui la communication entre Dieu et l'humanité a atteint sa perfection (cf. Lett. apos. Le progrès rapide, n. 5).

Je vous remercie encore de votre visite. J'assure chacun de vous de mon affection et je prie le Seigneur pour que vous poursuiviez fidèlement l'oeuvre commencée par le bienheureux Alberione, sous sa protection et sous celle des autres Bienheureux et Bienheureuses de la famille paulinienne. Que vous guide et vous accompagne en particulier la Très Sainte Vierge Marie, modèle de la façon d'accueillir la Parole divine pour la donner intégralement au monde. Avec ces sentiments, je vous bénis de tout coeur vous tous ici présents, vos familles, tous les lecteurs de Famiglia Cristiana et tous ceux que vous touchez dans vos multiples activités sociales et pastorales.

INTRODUCTION DES TRAVAUX DE LA XI ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES


MÉDITATION AU COURS DE LA CÉLÉBRATION DE L'HEURE TIERCE Lundi 3 octobre 2005

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Chers frères,

Ce texte de l'Heure Tierce d'aujourd'hui implique cinq impératifs et une promesse. Essayons de comprendre un peu mieux ce que l'Apôtre entend nous dire à travers ces paroles. Le premier impératif est extrêmement fréquent dans les Lettres de saint Paul, l'on pourrait même dire qu'il s'agit d'un "cantus firmus" de sa pensée: "gaudete".

Dans une vie si tourmentée comme l'a été la sienne, une vie emplie de persécutions, de faim, de souffrances en tous genres, un mot-clé demeure, toutefois, toujours présent: "gaudete".

Ici, une question s'élève: est-il possible de ressentir la joie en quelque sorte sur commande? La joie, pourrions-nous dire, vient ou ne vient pas, mais elle ne peut pas être imposée comme un devoir. Nous pouvons trouver une aide dans le texte sur la joie le plus connu des Lettres pauliniennes, celui du Dimanche "Gaudete", au coeur de la Liturgie de l'Avent: "gaudete, iterum dico gaudete quia Dominus prope est".

Dans ces Lettres, nous comprenons la raison pour laquelle saint Paul au milieu de toutes les souffrances, de toutes les tribulations, pouvait non seulement dire aux autres "gaudete": mais il pouvait le dire, parce qu'en lui-même la joie était présente. "Gaudete, Dominus enim prope est".

Si le bien-aimé, l'amour, le plus grand don de ma vie, m'est proche, si je peux être convaincu que celui qui m'aime est proche de moi, même dans des situations de tribulation, la joie demeure au fond de mon coeur, une joie plus grande que toutes les souffrances.

L'apôtre peut dire "gaudete" parce que le Seigneur est proche de chacun de nous. Ainsi, cet impératif est en réalité une invitation à percevoir la présence du Seigneur près de nous. C'est une sensibilisation à la présence du Seigneur parmi nous. L'Apôtre entend attirer notre attention sur cette présence du Christ - cachée mais très réelle - proche de chacun de nous. Pour chacun de nous sont vraies les paroles de l'Apocalypse: je frappe à ta porte, entends-moi, ouvre-moi.

Il s'agit donc également d'une invitation à être sensibles à cette présence du Seigneur qui frappe à ma porte. Ne pas être sourds à Son appel, parce que les oreilles de nos coeurs sont tellement emplies de tous les bruits du monde, que nous ne pouvons pas entendre cette présence silencieuse qui frappe à nos portes. Réfléchissons, en même temps, pour savoir si nous sommes réellement disponibles à ouvrir les portes de notre coeur; ou peut-être ce coeur est-il plein de tant d'autres choses qu'il n'y pas de place pour le Seigneur et que, pour le moment, nous n'avons pas de temps pour le Seigneur. Ainsi, insensibles, sourds à sa présence, emplis d'autres choses, nous n'entendons pas l'essentiel: Il frappe à la porte, Il nous est proche et ainsi la vraie joie est proche, une joie qui est plus forte que toutes les tristesses du monde, de notre vie.

Prions, donc, dans le cadre de ce premier impératif: Seigneur rends-nous sensibles à Ta présence, aide-nous à entendre, à ne pas être sourds à Ton appel, aide-nous à avoir un coeur libre, ouvert à Toi.

Le second impératif "perfecti estote", comme on le lit dans le texte latin, semble coïncider avec les paroles de résumé du Sermon sur la Montagne: "perfecti estote sicut Pater vester caelestis perfectus est".

Cette parole nous invite à être ce que nous sommes: des images de Dieu, des êtres créés en relation au Seigneur, "miroir" dans lequel se reflète la lumière du Seigneur. Ne pas vivre le christianisme à la lettre, ne pas entendre la Sainte Ecriture à la lettre est souvent difficile, discutable d'un point de vue historique, mais il faut aller au-delà de la lettre, de la réalité présente, vers le Seigneur qui nous parle et ainsi à l'union avec Dieu. Mais si nous regardons le texte grec, nous trouvons un autre verbe, "catartizesthe". Ce mot signifie refaire, réparer un instrument, lui rendre sa pleine fonctionnalité. L'exemple le plus fréquent pour les apôtres est celui de réparer un filet pour les pêcheurs qui n'est plus en bon état, qui a tant de trous qu'il ne peut plus servir, réparer le filet afin qu'il puisse à nouveau être un filet pour la pêche, revenir à sa perfection d'instrument destiné à ce travail. Un autre exemple: un instrument de musique à corde dont une corde est cassée, si bien que la musique ne peut pas être interprétée comme il le faudrait. Ainsi, dans cet impératif, notre âme apparaît comme un filet apostolique qui souvent, toutefois, ne fonctionne pas bien, parce qu'il est déchiré par nos intentions; ou comme un instrument de musique dont malheureusement quelque corde est cassée, et donc la musique de Dieu qu'il devrait interpréter au plus profond de notre âme ne peut pas bien résonner. Réparer cet instrument, découvrir ses déchirures, ses problèmes, ses défauts, à quel point il a été négligé, et faire que cet instrument soit parfait, soit complet afin qu'il serve à ce pour quoi il a été créé par le Seigneur.

Ainsi, cet impératif peut également être une invitation à un examen de conscience régulier, pour voir dans quel état se trouve cet instrument qui est le mien, dans quelle mesure il a été négligé, il ne fonctionne plus, pour essayer de lui faire retrouver son intégrité. C'est également une invitation au Sacrement de la Réconciliation, à travers lequel Dieu lui-même répare cet instrument et nous donne à nouveau la plénitude, la perfection, la fonctionnalité, afin qu'en cette âme-ci puisse à nouveau résonner la louange de Dieu.

78 Vient ensuite "exortamini invicem". Corriger son frère est une oeuvre de miséricorde. Aucun de nous ne se voit bien lui-même, ne voit bien ses défauts. Ainsi, il s'agit donc d'un acte d'amour, afin de se compléter l'un l'autre, pour nous aider à mieux nous voir, à nous corriger. Je pense que l'une des fonctions de la collégialité est précisément de nous aider, également au sens de l'impératif précédent, de connaître les défauts que nous-mêmes nous ne voulons pas voir - "ab occultis meis munda me" dit le Psaume - de nous aider afin que nous nous ouvrions et que nous puissions voir ces choses.

Naturellement cette grande oeuvre de miséricorde, qui consiste à nous aider les uns les autres afin que chacun puisse réellement parvenir à sa propre intégrité, à sa propre fonctionnalité comme instrument de Dieu, exige beaucoup d'humilité et d'amour. Uniquement si cela vient d'un coeur humble qui ne se place pas au-dessus de l'autre, qui ne se considère pas meilleur que l'autre, mais seulement comme un humble instrument afin de s'aider réciproquement. Uniquement si l'on sent cette profonde et véritable humilité, si l'on sent que ces paroles viennent de l'amour commun, de l'affection collégiale dans laquelle nous voulons ensemble servir Dieu, nous pouvons en ce sens nous aider avec un grand acte d'amour. Ici aussi le texte grec ajoute une nuance supplémentaire, le mot grec est "paracaleisthe"; c'est la même racine que l'on trouve également dans le mot "Paracletos, paraclesis", consoler. Non seulement corriger, mais également consoler, partager les souffrances de l'autre, l'aider dans les difficultés. Et cela aussi me semble un grand acte de véritable affection collégiale. Dans les si nombreuses situations difficiles qui naissent aujourd'hui dans notre pastorale, certains se trouvent réellement un peu désespérés, ne voyant pas comment aller de l'avant. C'est dans un moment semblable que l'on a besoin de consolation, l'on a besoin que quelqu'un soit à nos côtés dans la solitude intérieure et accomplisse l'oeuvre de l'Esprit Saint, du Consolateur: l'oeuvre de donner courage, de nous porter ensemble, de nous épauler ensemble, aidés par l'Esprit Saint lui-même qui est le grand Paraclet, le Consolateur, notre Avocat qui nous aide. C'est donc une invitation à nous faire nous-mêmes "ad invicem" l'oeuvre de l'Esprit Saint Paraclet.

"Idem sapite": nous comprenons derrière le mot latin, la parole "sapor", le "goût": Ayez le même goût pour les choses, ayez la même vision fondamentale de la réalité, avec toutes les différences qui sont non seulement légitimes, mais même nécessaires, mais ayez "eundem sapore", ayez la même sensibilité. Le texte grec dit "froneite", la même chose. C'est-à-dire ayez la même pensée d'un point de vue substantiel. Comment pourrions-nous avoir en substance une pensée commune qui nous aide à conduire ensemble la Sainte Eglise, si ce n'est en partageant la foi qu'aucun de nous n'a inventée, mais qui est la foi de l'Eglise, le fondement commun qui nous soutient, sur lequel nous reposons et nous travaillons? C'est donc une invitation à nous insérer d'une façon toujours nouvelle dans cette pensée commune, dans cette foi qui nous précède. "Non respicias peccata nostra sed fidem Ecclesiae tuae": telle est la foi de l'Eglise que le Seigneur cherche en nous et qui est aussi le pardon des péchés. Avoir cette même foi commune. Nous pouvons, nous devons vivre cette foi, chacun avec son originalité, mais en étant toujours conscients que cette foi nous précède. Et que nous devons communiquer à tous les autres cette foi commune. Cet élément nous amène au dernier impératif, qui nous apporte entre nous une paix profonde.

Parvenus à ce point, nous pouvons penser aussi au "touto froneite", un autre texte de la Lettre aux Philippiens, au début du grand hymne au Seigneur, dans laquelle l'Apôtre nous dit: ayez les mêmes sentiments que le Christ, entrez dans la "fronesis", dans le "fronein", dans la pensée du Christ. Donc nous pouvons avoir ensemble la foi de l'Eglise, parce qu'avec cette foi nous entrons dans les pensées, dans les sentiments du Seigneur. Penser ensemble avec le Christ.

Telle est la dernière estocade de l'avertissement de l'Apôtre: penser avec la pensée du Christ. Et nous pouvons le faire en lisant la Sainte Ecriture, dans laquelle les pensées du Christ se font Parole, nous parlent. En ce sens, nous devrons exercer la "Lectio Divina", sentir dans les Ecritures la pensée du Christ, apprendre à penser avec le Christ, à penser la pensée du Christ, pour avoir les sentiments du Christ, être capables de transmettre aux autres la pensée du Christ, les sentiments du Christ.

Ainsi, le dernier impératif "pacem habete" "eireneuete" est en quelque sorte le résumé des quatre impératifs précédents, car nous sommes alors en union avec Dieu qui est notre paix, avec le Christ qui nous a dit: "Pacem dabo vobis". Nous sommes dans la paix intérieure, car être dans la pensée du Christ unifie notre être. Les difficultés, les contrastes de notre âme s'unissent, nous sommes unis à l'original, à ce dont nous sommes l'image, par la pensée du Christ. Ainsi naît la paix intérieure, et ce n'est qu'en nous fondant sur une paix intérieure profonde que nous pourrons être aussi des personnes de paix dans le monde, et pour les autres.

Ici se pose une question: cette promesse est-elle soumise à des impératifs? Autrement dit, est-ce seulement dans la mesure où nous pouvons réaliser les impératifs que ce Dieu de la paix est avec nous? Quel est le rapport entre impératif et promesse?

Je dirais qu'il est bilatéral: la promesse précède les impératifs, elle les rend réalisables, et elle suit aussi la réalisation des impératifs. Autrement dit, avant tout ce que nous faisons, le Dieu d'amour et de paix s'est ouvert à nous, il est avec nous. Dans la Révélation, commencée dans l'Ancien Testament, Dieu est venu à notre rencontre avec son amour, avec sa paix.

Enfin, par son Incarnation, il s'est fait Dieu-avec-nous, l'Emmanuel, il est avec nous, ce Dieu de la paix qui s'est fait chair avec notre chair, sang de notre sang. Il est homme avec nous, et il embrasse tout l'être humain. Et dans la crucifixion et la descente dans la mort, il s'est fait totalement un avec nous, il nous précède avec son amour, il embrasse avant tout notre agir. Telle est notre grande consolation. Dieu nous précède. Il a déjà tout fait. Il nous a donné la paix, le pardon et l'amour. Il est avec nous. Et ce n'est que parce qu'il est avec nous, parce que dans le Baptême nous avons reçu sa grâce, dans la Confirmation l'Esprit Saint, dans le Sacrement de l'Ordre sa mission, que nous pouvons maintenant agir à notre tour, coopérer avec sa présence qui nous précède. Tout notre agir dont nous parlent les cinq impératifs consiste à coopérer, à collaborer avec le Dieu de paix qui est avec nous.

Mais d'autre part, cela vaut dans la mesure où nous entrons réellement dans cette présence qui nous a été donnée, dans ce don déjà présent dans notre être. Sa présence, son être avec nous, grandissent alors naturellement.

Prions le Seigneur pour qu'il nous apprenne a collaborer avec sa grâce qui précède, afin qu'il soit ainsi réellement toujours avec nous. Amen!



BÉATIFICATION DU SERVITEUR DE DIEU CLEMENS AUGUST GRAF VON GALEN

PAROLES À L'ISSUE DE LA CÉLÉBRATION Basilique Vaticane Dimanche 9 octobre 2005

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Au terme de cette célébration, au cours de laquelle a été inscrit dans l'album des bienheureux le Cardinal Clemens August Graf von Galen, j'ai la joie de m'unir à vous, qui êtes rassemblés nombreux dans la Basilique Saint-Pierre pour rendre hommage au nouveau bienheureux. J'adresse un salut cordial aux vénérés Frères Cardinaux et Evêques, aux éminentes Autorités et à toutes les personnes présentes.

Je salue avec une grande affection les Evêques et les prêtres, les représentants de la vie publique et les pèlerins venus à Rome de Münster et de toute l'Allemagne. Je m'unis avec joie à vous tous dans la vénération du nouveau bienheureux Clemens August Graf von Galen. Parmi la foule nombreuse des témoins du Christ du XX siècle, ressort sa figure de prêtre zélé et d'Evêque généreux. Le Seigneur lui donna un courage héroïque pour défendre les droits de Dieu, de l'Eglise et de l'homme, que le régime nazi violait de façon grave et systématique, au nom d'une aberrante idéologie néopaïenne. Aujourd'hui, sa béatification le repropose comme modèle de foi profonde et intrépide. Invoquons ensemble l'intercession du nouveau bienheureux: qu'il bénisse l'Eglise et la société humaine en Allemagne, en Europe et dans le monde entier!

Le Saint-Père bénissait alors les fidèles.



RENCONTRE DE CATÉCHÈSE AVEC LES ENFANTS QUI ONT EFFECTUÉ LEUR PREMIÈRE COMMUNION AU COURS DE L'ANNÉE Place Saint-Pierre Samedi, 15 octobre 2005

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CATÉCHÈSE DU SAINT-PÈRE

Andrea: "Cher Pape, quel souvenir as-tu du jour de ta première Communion?"

Je voudrais tout d'abord vous dire merci pour cette fête que vous m'offrez, pour votre présence et pour votre joie. Je vous remercie et je vous salue en réponse au baiser que plusieurs d'entre vous m'ont donné, un baiser qui, naturellement, vaut symboliquement pour vous tous. Quant à la question, je me souviens bien du jour de ma première Communion. C'était un beau dimanche de mars 1936, il y a donc 69 ans. C'était un jour ensoleillé, l'église était très belle, la musique aussi, il y avait beaucoup de belles choses dont je me rappelle. Nous étions une trentaine de garçons et de filles de notre petit village, qui ne comptait pas plus de 500 habitants. Mais au centre de mes beaux et joyeux souvenirs se trouve la pensée - et c'est également ce qu'a dit votre porte-parole - que j'ai compris que Jésus était entré dans mon coeur, m'avait rendu visite, précisément à moi. Et avec Jésus, Dieu lui-même est avec moi. Et cela est un don d'amour qui vaut réellement plus que tout ce qui peut être donné d'autre par la vie; et, ainsi, j'ai réellement été rempli d'une grande joie, car Jésus était venu à moi. Et j'ai compris que commençait alors une nouvelle étape de ma vie, j'avais 9 ans, et qu'il était à présent important de rester fidèle à cette rencontre, à cette Communion. J'ai promis au Seigneur, dans la mesure de mes possibilités: "Je voudrais être toujours avec toi" et je l'ai prié: "Mais toi, surtout, sois avec moi". Et je suis allé ainsi de l'avant dans ma vie. Grâce à Dieu, le Seigneur m'a toujours pris par la main, il m'a guidé également dans les situations difficiles. Et ainsi, cette joie de la Première Communion était le début d'un chemin accompli ensemble. J'espère que, également pour vous tous, la Première Communion que vous avez reçue en cette Année de l'Eucharistie sera le début d'une amitié pour toute la vie avec Jésus. Le début d'un chemin ensemble, car en allant avec Jésus, on suit la bonne route et la vie devient bonne.

Livia: "Saint-Père, avant le jour de ma Première Communion, je me suis confessée. Je me suis ensuite confessée d'autres fois. Mais je voudrais te demander: dois-je me confesser toutes les fois que je fais la Communion? Même lorsque j'ai fait les mêmes péchés? Car je me rends compte qu'il s'agit toujours des mêmes".

Je dirais deux choses: la première, naturellement, est que tu ne dois pas toujours te confesser avant la Communion, si tu n'a pas fait de péchés graves au point de devoir les confesser. Il n'est donc pas nécessaire de se confesser avant chaque Communion eucharistique. Voilà le premier point. Cela est seulement nécessaire dans le cas où tu as commis un péché réellement grave, où tu as profondément offensé Jésus, si bien que l'amitié est interrompue et que tu dois recommencer à nouveau. Ce n'est que dans ce cas, lorsqu'on est en état de "péché mortel", c'est-à-dire grave, qu'il est nécessaire de se confesser avant de faire la Communion. Voilà le premier point. Le deuxième: même si, comme je l'ai dit, il n'est pas nécessaire de se confesser avant chaque Communion, il est utile de se confesser avec une certaine régularité. Il est vrai que nos péchés sont généralement toujours les mêmes, mais nous nettoyons bien nos maisons, nos chambres, au moins chaque semaine, même si la saleté est toujours la même. Pour vivre dans la propreté, pour recommencer; autrement, la saleté ne se voit peut-être pas, mais elle s'accumule. Un processus semblable est également vrai pour l'âme, pour moi-même, si je ne me confesse jamais, l'âme est négligée et, à la fin, je suis toujours content de moi et je ne comprends plus que je dois aussi faire des efforts pour devenir meilleur, que je dois aller de l'avant. Et ce nettoyage de l'âme, que Jésus nous donne dans le Sacrement de la Confession, nous aide à avoir une conscience plus nette, plus ouverte et, aussi, à mûrir spirituellement en tant que personne humaine. Il y a donc deux choses: se confesser n'est nécessaire qu'en cas d'un péché grave, mais il est très utile de se confesser régulièrement pour cultiver la propreté, la beauté de l'âme et mûrir peu à peu dans la vie.

80 Andrea: "Ma catéchiste, en me préparant au jour de ma Première Communion, m'a dit que Jésus est présent dans l'Eucharistie. Mais comment? Je ne le vois pas!"

En effet, nous ne le voyons pas, mais il y a tant de choses que nous ne voyons pas et qui existent et sont essentielles. Par exemple, nous ne voyons pas notre raison, toutefois, nous avons la raison. Nous ne voyons pas notre intelligence, et pourtant nous l'avons. En un mot, nous ne voyons pas notre âme et toutefois, elle existe et nous en voyons les effets, car nous pouvons parler, penser, décider, etc. De même, nous ne voyons pas, par exemple, le courant électrique; toutefois, nous voyons qu'il existe, nous voyons que ce micro fonctionne, nous voyons les lumières. En un mot, ce sont précisément les choses les plus profondes, qui soutiennent réellement la vie et le monde, que nous ne voyons pas, mais nous pouvons en voir, en ressentir les effets. Nous ne voyons pas l'électricité, le courant, mais nous voyons la lumière. Et ainsi de suite. Nous ne voyons donc pas non plus le Seigneur ressuscité avec nos yeux, mais nous voyons que là où est Jésus, les hommes changent, deviennent meilleurs. Il se crée une plus grande capacité de paix, de réconciliation, etc. Nous ne voyons donc pas le Seigneur lui-même, mais nous en voyons les effets: c'est ainsi que nous pouvons comprendre que Jésus est présent; comme je l'ai dit, les choses invisibles sont précisément les plus profondes et les plus importantes. Allons donc à la rencontre de ce Seigneur invisible, mais fort, qui nous aide à bien vivre.

Giulia: "Sainteté, tout le monde nous dit qu'il est important d'aller à la Messe le dimanche. Nous irions volontiers, mais souvent, nos parents ne nous accompagnent pas, parce que le dimanche, ils dorment; le père et la mère d'un de mes amis travaillent dans un magasin et, quant à nous, nous partons souvent pour aller voir nos grands-parents. Pouvez-vous leur dire quelque chose pour qu'ils comprennent qu'il est important d'aller ensemble à la Messe, chaque dimanche?"

Je pense que oui, naturellement, avec un grand amour, avec un grand respect pour les parents qui, certainement, ont tant de choses à faire. Mais toutefois, avec le respect et l'amour d'une fille, on peut dire: chère maman, cher papa, il serait important pour nous tous, pour toi aussi, que nous rencontrions Jésus. Cela nous enrichit, cela apporte un élément important dans notre vie. Ensemble trouvons un peu de temps, nous pouvons trouver une possibilité. Peut-être là où habite votre grand-mère peut-on trouver la possibilité. En un mot, je dirais, avec un grand amour et respect pour les parents: Comprenez que cela n'est pas important seulement pour moi, ce n'est pas uniquement les catéchistes qui le disent, cela est important pour nous tous; et ce sera une lumière du dimanche pour toute notre famille.

Alessandro: "A quoi sert-il d'aller à Messe et de recevoir la communion pour la vie de tous les jours?"

Cela sert à trouver le centre de la vie. Nous la vivons au milieu de tant de choses. Et les personnes qui ne vont pas à l'église ne savent pas que c'est précisément Jésus qui leur manque. Ils sentent cependant qu'il manque quelque chose dans leur vie. Si Dieu reste absent dans ma vie, si Jésus est absent de ma vie, il me manque un guide, il me manque une amitié essentielle, il me manque également une joie qui est importante pour la vie. La force aussi de grandir en tant qu'homme, de surmonter mes vices et de mûrir humainement. Nous ne voyons donc pas immédiatement l'effet d'être avec Jésus quand nous allons communier; on le voit avec le temps. De même, au cours des semaines, des années, on ressent toujours davantage l'absence de Dieu, l'absence de Jésus. C'est une lacune fondamentale et destructrice. Je pourrais à présent facilement parler des pays où l'athéisme a régné pendant des années; comment les âmes ont été détruites à cause de cela, de même que la terre. Ainsi, nous pouvons voir qu'il est important, je dirais même fondamental, de se nourrir de Jésus dans la communion. C'est Lui qui nous donne la lumière, qui nous offre un guide pour notre vie, un guide dont nous avons besoin.

Anna: "Cher Pape, peux-tu nous expliquer ce que voulait dire Jésus quand il a dit aux gens qui le suivaient: "Je suis le pain de la vie"?"

Nous devons peut-être avant tout expliquer ce qu'est le pain. Nous avons aujourd'hui une cuisine raffinée et riche d'aliments très divers, mais dans les situations plus simples, le pain est la base de la nourriture et si Jésus s'appelle le pain de la vie, le pain est, disons, le signe, une façon de résumer toute la nourriture. Et comme nous avons besoin de nous nourrir physiquement pour vivre, l'esprit, l'âme qui est en nous, la volonté ont aussi besoin de se nourrir. En tant que personnes humaines, nous n'avons pas seulement un corps, mais également une âme; nous sommes des personnes qui pensent avec une volonté, une intelligence, et nous devons nourrir également l'esprit, l'âme, afin qu'elle puisse mûrir, pour qu'elle puisse réellement atteindre sa plénitude. Donc, si Jésus dit je suis le pain de la vie, cela veut dire que Jésus lui-même est cette nourriture de notre âme, de l'homme intérieur dont nous avons besoin, parce que l'âme aussi doit se nourrir. Et les éléments techniques, même si ils sont très importants, ne suffisent pas. Nous avons précisément besoin de cette amitié de Dieu, qui nous aide à prendre les décisions justes. Nous avons besoin de mûrir humainement. En d'autres termes, Jésus nous nourrit afin que nous devenions réellement des personnes mûres et que notre vie devienne bonne.

Adriano: "Saint-Père, on nous a dit qu'aujourd'hui, aura lieu l'adoration eucharistique. Qu'est-ce que c'est? En quoi cela consiste-t-il? Peux-tu nous l'expliquer? Merci."

Nous verrons tout de suite ce qu'est l'adoration et comment elle se déroule, car tout est bien préparé: nous prierons, nous chanterons, nous nous agenouillerons, nous nous présenterons ainsi devant Jésus. Mais, naturellement, ta question exige une réponse plus approfondie: pas seulement comment se déroule l'adoration, mais quel est son sens. Je dirais que l'adoration signifie reconnaître que Jésus est mon Seigneur, que Jésus me montre le chemin à prendre, me fait comprendre que je ne vis bien que si je connais la route qu'Il m'indique. Adorer, c'est donc dire: "Jésus, je suis tout à toi et je te suis dans ma vie, je ne voudrais jamais perdre cette amitié, cette communion avec toi". Je pourrais également dire que l'adoration, dans son essence, est un baiser à Jésus, dans lequel je dis: "Je suis à toi et je prie afin que toi aussi, tu demeures toujours avec moi".




Discours 2005-2013 30905