Discours 2005-2013 87

BÉATIFICATION DES SERVITEURS DE DIEU: JOSEP TÀPIES ET SIX COMPAGNONS ET MARÍA DE LOS ÁNGELES GINARD MARTÍ

AU TERME DE LA CÉLÉBRATION Basilique Vaticane Samedi 29 octobre 2005



Chers frères et soeurs,

88 Au terme de cette célébration eucharistique, au cours de laquelle ont été béatifiés les martyrs Josep Tápies et six compagnons prêtres, et la martyre María de los Angeles Ginard Martí, je suis heureux de m'unir à vous tous qui êtes venus de divers lieux pour leur rendre hommage. Je salue avec affection mes Vénérés frères Evêques, les éminentes Autorités, et également les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles ici présents.

Les prêtres exemplaires du diocèse d'Urgell immolèrent leur vie au cours de la persécution religieuse en Espagne par fidélité à leur ministère sacerdotal, qu'ils exercèrent avec un grand dévouement dans les communautés paroissiales qui leur avaient été confiées. Rendant témoignage de leur condition sacerdotale et pardonnant à leurs persécuteurs, ils donnèrent leur vie en invoquant le Roi de l'Univers.

Qu'ils intercèdent pour le diocèse d'Urgell et les autres diocèses espagnols, pour les vocations sacerdotales et religieuses, et pour la croissance de tous les fidèles dans les vertus chrétiennes!

La nouvelle bienheureuse, née dans le diocèse de Majorque et appartenant aux Soeurs zélatrices du Culte eucharistique, subit le martyre à Madrid au cours de la même persécution. Entièrement dévouée au Seigneur dans la vie religieuse, elle passait de longues heures en adoration devant le Très Saint Sacrement, sans négliger son service à la communauté. Elle se prépara ainsi à offrir sa vie comme expression suprême d'amour pour le Christ.

Ces nouveaux bienheureux représentent pour nous tous un exemple vivant d'identité sacerdotale et de consécration religieuse. Nous rendons grâce à Dieu pour le grand don de ces témoins héroïques de la foi. Bienheureux Josep Tápies et compagnons, et bienheureuse María de los Angeles, priez pour les communautés ecclésiales d'Urgell, de Madrid, de Majorque et de toute l'Espagne! Amen.


AU CARDINAL FRANCIS ARINZE POUR LE 40 ANNIVERSAIRE DE SON ORDINATION ÉPISCOPALE Lundi 31 octobre 2005

Votre Eminence,

Je suis heureux de vous recevoir avec vos amis de la communauté nigériane de Rome, ainsi que d'autres visiteurs provenant de votre pays qui ont voulu s'unir à vous à l'occasion de la célébration du quarantième anniversaire de votre Ordination épiscopale. Je vous exprime volontiers mes sincères félicitations et mes meilleurs voeux à cette occasion.

Hier, dans l'Eglise "Santa Maria in Traspontina", vous avez célébré une Messe solennelle d'action de grâce à Dieu Tout-Puissant pour le don de quarante années de ministère épiscopal. Aujourd'hui, je suis heureux d'unir mes prières à vos intentions et je demande au Seigneur d'être votre guide et votre force alors que vous continuez à servir l'Eglise avec amour et avec zèle. En invoquant sur Votre Eminence, à travers l'intercession de Marie, la Mère de Dieu, les dons divins de joie et de paix, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à tous ceux qui participent à cette belle célébration, ma Bénédiction apostolique.




AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D'AUTRICHE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Samedi 5 novembre 2005

Cher Monsieur le Cardinal,
89 Chers Frères dans l'épiscopat!

La visite des pasteurs de l'Eglise qui est en Autriche auprès des tombes des saints Apôtres Pierre et Paul est un rendez-vous traditionnel et un moment de confirmation dans l'exercice de cette charge de grande responsabilité. Chers frères, c'est donc avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue ici, au Palais apostolique, à l'occasion de votre visite "ad limina". Ce pèlerinage consolide vos liens avec le Successeur de Pierre et, dans le même temps, permet de vivre à nouveau la communion de l'Eglise universelle en son coeur. Précisément au cours des événements des mois derniers, nous avons pu faire l'expérience de la vitalité de l'Eglise dans toute sa fraîcheur et son énergie missionnaire au niveau mondial, en particulier au cours de la XX Journée mondiale de la Jeunesse au mois d'août de cette année, à Cologne. Même si dans l'Eglise n'est pas toujours visible l'élan spirituel que Dieu nous donne en ces heures particulières de grâce, nous connaissons la promesse de notre Seigneur divin et Maître de tous les temps et de tous les lieux: "Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde" (
Mt 28,18). Nous savons donc que cette présence vitale du Seigneur ressuscité dans son Eglise est réalisée et, dans le même temps, actualisée à travers la célébration sacramentelle de son Sacrifice, à travers la Communion, dans laquelle nous recevons son Corps et son Sang, et à travers l'expérience qui nous est offerte dans l'adoration de sa présence réelle sous les espèces sacrées. L'Année de l'Eucharistie qui vient de se conclure avec le Synode des Evêques, a voulu rappeler l'attention des fidèles sur la source de la vie et de la mission de l'Eglise et sur ce qu'est le véritable sommet auquel doivent viser tous nos efforts pour conduire les hommes à leur Sauveur et pour les réconcilier en Lui avec le Dieu Un et Trine.

Sur la base de ces expériences, il est à présent nécessaire d'analyser avec confiance et sérénité la situation des diocèses autrichiens pour déterminer les points névralgiques qui requièrent notre engagement spécifique pour le salut et le bien du troupeau, "dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise par son sang" (Ac 20,28). Confiants dans la présence du Seigneur, nous envisageons avec courage la réalité sans que l'optimisme qui nous vient de la foi, qui doit toujours nous soutenir, puisse représenter un obstacle pour dire les choses telles qu'elles sont, en toute objectivité et sans les embellir.

Des faits douloureux se produisent aujourd'hui: le processus de sécularisation actuellement toujours plus important en Europe a également franchi les portes de l'Autriche catholique. L'identification avec l'enseignement de l'Eglise diminue chez de nombreux fidèles, entraînant la perte de la certitude de la foi et faisant disparaître la crainte révérentielle pour la loi de Dieu. Chers confrères dans l'épiscopat, avec ces quelques observations, je ne désire pas rappeler ici en détail les nombreux secteurs critiques de la vie sociale en général, ni de la situation ecclésiale en particulier, car je sais qu'il s'agit de préoccupations toujours vives pour vous. Je partage vos inquiétudes pour l'Eglise dans votre pays. Que pouvons-nous donc faire? Existe-t-il un instrument saint que Dieu a préparé pour l'Eglise de notre temps, afin que vous puissiez affronter avec courage les défis que vous rencontrerez le long de votre chemin dans le troisième millénaire chrétien? Il est sans aucun doute nécessaire, d'une part, de professer de manière claire, courageuse et enthousiaste la foi en Jésus Christ qui vit ici et aujourd'hui dans son Eglise et en qui, selon son essence, l'âme humaine tournée vers Dieu peut trouver son bonheur. D'autre part, de nombreuses mesures missionnaires, petites et grandes, sont nécessaires et devront être prises pour apporter un "changement de cap".

Comme vous le savez bien, la confession de la foi est l'un des premiers devoirs de l'Evêque. "Je ne me suis pas soustrait - dit saint Paul à Milet aux pasteurs de l'Eglise d'Ephèse - à la tâche de vous annoncer toute la volonté de Dieu" (Ap 20,27). Il est vrai que nous, Evêques, devons agir avec pondération. Toutefois, cette prudence ne doit pas nous empêcher de présenter la Parole de Dieu dans toute sa clarté, également ce que l'on écoute le moins volontiers ou qui suscite des réactions de protestation, voire de dérision. Chers frères dans l'épiscopat, vous savez bien qu'il existe des thèmes relatifs à la vérité de la foi, et surtout à la doctrine morale qui, dans vos diocèses, ne sont pas assez présents dans la catéchèse et dans l'annonce. Parfois, par exemple dans la pastorale pour les jeunes dans les paroisses ou les groupes, ils ne sont pas du tout affrontés, ou pas de la façon claire voulue par l'Eglise. Grâce à Dieu, il n'en est pas ainsi partout. Les responsables de l'annonce craignent peut-être que les personnes puissent s'éloigner si l'on parle trop clairement. Toutefois, l'expérience révèle en général que c'est précisément le contraire qui se produit. Ne vous faites pas d'illusions! Un enseignement catholique qui est offert de manière incomplète, est une contradiction en soi et ne peut être fécond à long terme. L'annonce du Royaume de Dieu va de pair avec l'exigence de la conversion et avec l'amour qui encourage, qui connaît le chemin, qui enseigne à comprendre que même ce qui semble impossible devient possible par la grâce de Dieu. Pensez à la façon dont, peu à peu, l'enseignement de la religion, la catéchèse aux divers niveaux et la prédication peuvent être améliorés, approfondis et pour ainsi dire complétés! Utilisez avec ardeur, je vous le demande, le Compendium et le Catéchisme de l'Eglise catholique! Faites en sorte que tous les prêtres et les catéchistes adoptent ces instruments, qu'ils soient présentés dans les paroisses, dans les groupes et dans les mouvements, et qu'ils soient utilisés dans les familles comme lecture importante! Face à l'incertitude de cette période historique et de cette société, offrez aux hommes la certitude de la foi intégrale de l'Eglise! La clarté et la beauté de la foi catholique rendent la vie de l'homme lumineuse aujourd'hui également! Et cela en particulier si elle est présentée par des témoins enthousiastes et enthousiasmants.

Le témoignage clair, public et ferme des Evêques, à partir duquel tous les fidèles - et notamment les prêtres vers lesquels se porte en particulier votre attention - peuvent s'orienter et qui donne le courage de renforcer la foi à travers sa propre attitude, doit être accompagné par de nombreuses mesures, pouvant apparaître insignifiantes et inutiles, mais qui ont un effet sur les fidèles. Des mesures ont été prises pour réveiller la sensibilité missionnaire des chrétiens dans vos diocèses. A ce propos, je pense par exemple à l'extraordinaire mission dans la Ville, à Vienne, et naturellement au Mitteleuropäischen Katholikentag, qui est un témoignage exceptionnel de la foi catholique des peuples face à l'opinion publique européenne. Il reste encore beaucoup à faire afin que l'Eglise en Autriche accomplisse encore mieux son mandat missionnaire. En réalité, ce sont souvent les mesures d'administration ordinaire, comme par exemple des décisions sages et correctes concernant les personnes, qui améliorent la situation de manière durable. Qu'il s'agisse de la participation à la Messe dominicale ou de la réception du Sacrement de la Pénitence, l'exemple et une parole d'encouragement sont souvent importants! C'est le commandement de l'amour qui nous pousse non seulement à fournir tel ou tel service social à notre prochain, mais également à l'aider à obtenir le plus grand bien: à s'adresser constamment au Dieu vivant, à la communion avec Jésus Christ, à la découverte de sa propre vocation à la sainteté, à s'ouvrir à la volonté de Dieu, à la joie d'une vie qui, dans un certain sens, anticipe déjà le bonheur de l'éternité!

Chers frères dans l'épiscopat! D'innombrables situations positives de la vie ecclésiale - comme par exemple la pratique et la redécouverte de l'adoration eucharistique dans les paroisses, la fidélité de nombreuses personnes et communautés à la récitation du Rosaire -, et la collaboration fructueuse entre Etat et Eglise pour le bien de l'homme caractérisent l'image de l'Eglise en Autriche, ainsi que la grande richesse culturelle de votre pays, qui a été béni par le Seigneur au cours de l'histoire chrétienne. L'étincelle du zèle chrétien peut se rallumer. Utilisez tous ces dons là où vous le pouvez, mais ne vous contentez pas d'une religiosité extérieure. Dieu ne se contente pas du fait que son peuple le vénère avec les lèvres, il veut notre coeur. Il nous donne sa grâce si nous ne nous éloignons pas, ou si nous ne nous séparons pas de lui. Je connais bien vos efforts de grand dévouement et ceux de nombreux prêtres, diacres, religieux et laïcs. Je suis certain que le Seigneur accompagnera et récompensera par sa bénédiction divine votre fidélité et votre zèle. Que la Magna Mater Austriae, la Mère de grâce de Marienzell et grande Patronne de l'Autriche, dont le sanctuaire m'est devenu si cher, puisse vous donner, ainsi qu'aux fidèles de votre pays, la force et la persévérance pour continuer avec courage et confiance la grande oeuvre de renouveau authentique de la vie de foi dans votre patrie, en fidélité aux directives de l'Eglise universelle. Par son intercession, je vous donne à tous, de tout coeur, pour votre service pastoral, ainsi qu'à tous les fidèles d'Autriche, ma Bénédiction apostolique.


AU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION LUTHÉRIENNE MONDIALE Lundi 7 novembre 2005



Cher Evêque Hanson,
Chers amis luthériens,

C'est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue, représentants de la Fédération luthérienne mondiale, à l'occasion de votre visite officielle à Rome. Je me rappelle avec gratitude de la présence de votre délégation aux funérailles du Pape Jean-Paul II et à l'inauguration solennelle de mon ministère d'Evêque de Rome.

90 Depuis de nombreuses années, l'Eglise catholique et la Fédération luthérienne mondiale entretiennent des relations étroites et participent à un intense dialogue oecuménique. Cet échange d'idées a été extrêmement fécond et prometteur. En effet, l'un des résultats de ce dialogue fécond a été la Déclaration commune sur la Doctrine de la Justification, qui constitue une pierre milliaire importante sur notre chemin commun vers l'unité pleine et visible. Il s'agit d'un résultat important. Pour construire à partir de celui-ci, nous devons accepter que des différences demeurent en ce qui concerne la question centrale de la justification; celles-ci doivent être affrontées, ainsi que les façons dont la grâce de Dieu est transmise dans l'Eglise et à travers celle-ci.

Comme je l'ai affirmé au cours de ma récente visite à Cologne, j'espère qu'à l'avenir, le progrès de notre dialogue sur ces questions ne sera pas seulement placé dans un contexte de questions "institutionnelles", mais prendra en considération la source authentique de tout le ministère dans l'Eglise. En effet, la mission de l'Eglise consiste à témoigner la vérité de Jésus Christ, le Verbe incarné. Parole et témoignage vont de pair: la Parole demande et façonne le témoignage. Le témoignage tire sa propre authenticité de la fidélité totale à la Parole, telle qu'elle est exprimée et vécue dans la communauté apostolique de foi sous la direction de l'Esprit Saint.

La Commission internationale luthérienne romaine catholique sur l'Unité conclura bientôt sa quatrième phase de dialogue et publiera ses résultats dans un document sur l'apostolicité de l'Eglise. Nous sommes tous conscients du fait que notre dialogue fraternel doit non seulement affronter la nécessité de vérifier l'accueil de ces formulations communes de la doctrine dans nos communions respectives, mais plus encore aujourd'hui, celui d'un climat général d'incertitude relatif à la vérité et aux principes éthiques chrétiens, qui auparavant n'étaient pas mis en doute. Dans certains cas, ce patrimoine commun est miné par des approches herméneutiques transformées.

Notre chemin oecuménique commun continuera à rencontrer des difficultés et exigera un dialogue patient. Toutefois, un profond encouragement nous vient de la solide tradition d'étude et d'échange sérieux qui a caractérisé les rapports entre les luthériens et les catholiques au cours des années. Nous sommes réconfortés par le fait que notre recherche d'unité est guidée par la présence du Seigneur Ressuscité et par l'inépuisable force de son Esprit: "le vent souffle où il veut" (
Jn 3,8). En nous préparant à célébrer le cinq centième anniversaire des événements de 1517, nous devrions intensifier nos efforts pour comprendre plus profondément ce que nous avons en commun et ce qui nous divise, ainsi que les dons que nous pouvons nous offrir réciproquement. En persévérant le long de cette voie, nous prions pour que le visage du Christ puisse resplendir avec toujours plus de luminosité parmi ses disciples, afin que nous soyons tous une seule chose pour que le monde croie (cf. Jn 17,21).

Nous rendons grâce à Dieu pour tout ce qui a été obtenu jusqu'à présent dans les relations entre luthériens et catholiques et nous prions afin que nous puissions continuer à avancer ensemble vers l'unité voulue par le Seigneur.


À S.E. M. FRANCIS ROONEY, NOUVEL AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Samedi 12 novembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE


Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur et Ministre plénipotentiaire des Etats-Unis d'Amérique près le Saint-Siège. Je vous remercie du message de salutations que vous m'avez transmis de la part du Président Bush; je vous demande de bien vouloir l'assurer de façon particulière de ma solidarité dans la prière avec toutes les personnes qui ont été frappées par les récents ouragans dans le sud de votre pays, ainsi que du soutien de mes prières pour tous ceux qui sont engagés dans l'oeuvre gigantesque d'aide et de reconstruction.

Dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix 2005, mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, a attiré l'attention sur la dimension éthique intrinsèque de toute décision politique, et a observé que la diffusion préoccupante des conflits sociaux, de la guerre, des injustices et de la violence dans notre monde ne peut être combattue, en ultime analyse, que par une reconnaissance et un respect renouvelés pour le droit moral universel, dont les principes découlent du Créateur lui-même (cf. nn. 2-3). Une reconnaissance du riche patrimoine de valeurs et de principes incarnés dans cette loi est essentiel pour l'édification d'un monde qui reconnaît et promeut la dignité, la vie et la liberté de chaque personne humaine, tout en créant les conditions de justice et de paix dans lesquelles les personnes et les communautés peuvent véritablement s'épanouir. C'est précisément la promotion et la défense de ces valeurs, qui doivent régir les relations entre les nations et les peuples dans la poursuite du bien commun de la famille humaine, qui inspirent la présence et l'activité du Saint-Siège au sein de la Communauté internationale. Comme l'a déclaré le Concile Vatican II, la mission religieuse universelle de l'Eglise ne lui permet pas d'être assimilée à un quelconque système politique, économique ou social particulier, et pourtant, dans le même temps, cette mission sert de source d'engagement, d'orientation et de force qui peut contribuer à établir et consolider la communauté humaine en accord avec la loi de Dieu (cf. Gaudium et spes GS 42).

C'est la raison pour laquelle j'apprécie votre référence cordiale aux efforts du Saint-Siège en vue de trouver des solutions efficaces à certains des problèmes les plus significatifs auxquels la Communauté internationale a dû faire face au cours des dernières années, tel que le scandale de la diffusion croissante de la faim, des maladies graves et de la pauvreté dans de nombreuses régions de notre planète. Une approche adéquate de ces problèmes ne peut se limiter aux considérations purement économiques ou techniques, mais exige une vision plus large, une solidarité concrète et des décisions courageuses à long-terme, en ce qui concerne les délicates questions éthiques; parmi celles-ci, je pense en particulier aux effets de la dette écrasante qui alimente la spirale de la pauvreté dans les nations les moins développées. Le peuple américain s'est longtemps distingué par sa générosité et sa charité à l'égard des personnes dans le besoin sur chaque continent. Dans un univers engagé dans une mondialisation croissante, je suis certain que votre nation continuera de servir de modèle, fondé sur un engagement infaillible aux valeurs de la liberté, de l'intégrité et de la détermination, tout en coopérant avec les diverses organisations internationales qui oeuvrent en vue de créer un véritable consensus et pour développer une action unifiée afin d'affronter les questions critiques pour l'avenir de toute la famille humaine.

Monsieur l'Ambassadeur, je profite de cette occasion pour rappeler qu'il y a un peu plus de deux décennies qu'ont été instaurées entre les Etats-Unis et le Saint-Siège de pleines relations diplomatiques, grâce aux efforts du Président Ronald Reagan et du défunt Pape Jean-Paul II. J'apprécie le dialogue et la coopération fructueuse que ces relations ont permis, et j'ai l'espoir que, dans les années à venir, celles-ci s'approfondissent et se consolident. Tandis que vous commencez votre mission, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière pour le travail que vous accomplissez au service de votre nation, et je vous assure de la disponibilité des bureaux du Saint-Siège dans l'accomplissement de vos responsabilités. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur tout le bien-aimé peuple américain, j'invoque cordialement une Bénédiction divine de prospérité, de joie et de paix.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE BULGARIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Samedi 12 novembre 2005

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Vénérés frères dans l'épiscopat!

Le premier sentiment spontané qui jaillit de mon esprit, en accueillant votre salut, est un sentiment de reconnaissance cordiale pour l'affection que vos communautés, par votre intermédiaire, manifestent à l'égard du Successeur de Pierre, en renouvelant l'assurance de leur adhésion fidèle au depositum reçu des Pères. J'ai été réconforté par les expressions de communion que, au cours de ces journées, chacun de vous m'a renouvelées au nom du clergé, des religieux et des fidèles confiés à votre responsabilité. Profondément conscient du ministère que je suis appelé à accomplir au service de la communion ecclésiale, je vous demande de vous faire les interprètes de ma sollicitude constante à l'égard de tous les croyants dans le Christ.

A travers les entretiens que j'ai eus avec chacun de vous, j'ai la conviction que l'Eglise catholique qui est en Bulgarie est vivante et animée du désir d'offrir avec enthousiasme son propre témoignage au Christ au sein de la société dans laquelle elle vit. Je vous encourage à poursuivre sur ce chemin, en vous efforçant de diffuser, dans la limite des forces à votre disposition, l'Evangile de l'espérance et de l'amour: le Seigneur sait toujours pallier à nos éventuelles lacunes et à la pauvreté des moyens à notre disposition. Ce qui compte n'est pas tant l'efficacité de l'organisation que la confiance inébranlable dans le Christ, car c'est précisément Lui qui guide, qui dirige et qui sanctifie son Eglise, également à travers votre ministère indispensable.

Dans ses desseins insondables, Dieu vous a destinés à exercer votre service ecclésial aux côtés de nos frères de l'Eglise orthodoxe bulgare. Je souhaite que les bonnes relations existant se développent toujours plus au bénéfice de l'annonce de l'Evangile du Fils de Dieu, principe et fin de toute action accomplie par le chrétien. Vénérés frères, à cet égard, je vous demande d'apporter mon salut cordial au Patriarche Maxim, premier Hiérarque de l'Eglise orthodoxe de Bulgarie. Veuillez vous faire les interprètes de mes voeux pour sa santé et pour l'heureuse reprise de son ministère. Je garde encore un vif souvenir de l'accueil respectueux et fraternel qu'il a réservé à mon Prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, au cours de la visite pastorale qu'il a accomplie dans votre pays. Il faut poursuivre le chemin entrepris, en intensifiant la prière afin que vienne bientôt l'heure à laquelle nous pourrons nous asseoir à l'unique Table, pour manger l'unique Pain du salut.

Je sais qu'un intense dialogue se poursuit avec les Autorités civiles sur des thèmes d'intérêt commun. J'en suis heureux, car à travers l'engagement de tous, on peut identifier les problèmes qui doivent être affrontés ensemble et les itinéraires à suivre selon les opportunités concrètes pour le bien supérieur de tout le peuple bulgare, qui se sent à juste titre membre de la grande famille du continent européen. Formée par diverses composantes culturelles et religieuses, la Bulgarie peut devenir un exemple de sage intégration, de collaboration et de coexistence pacifique. Et la Communauté catholique, bien qu'étant minoritaire dans le contexte du pays, peut jouer un rôle de témoignage généreux de la charité universelle de l'Eglise.

Après la triste période de l'oppression communiste, les catholiques qui ont persévéré avec une fervente fidélité dans leur adhésion au Christ ressentent à présent l'urgence d'affermir leur foi et de diffuser l'Evangile dans tous les milieux sociaux, en particulier là où le besoin de l'annonce chrétienne est le plus manifeste. Je pense, par exemple, à la forte dénatalité, au pourcentage élevé d'avortements, à la fragilité de tant de familles, au problème de l'émigration. Je suis heureux de savoir que l'Eglise catholique qui est en Bulgarie est profondément engagée dans le domaine social, pour subvenir aux nécessités des nombreux pauvres. Vénérés frères, je vous encourage à poursuivre sur ce chemin au service du peuple bulgare, qui m'est cher. N'ayez pas peur de proposer également aux jeunes générations l'idéal de la consécration totale au Christ, pour contribuer à faire croître toujours davantage le Royaume de Dieu. De la même façon, poursuivez votre effort pour doter vos communautés, également avec l'aide d'autres Eglises et organisations catholiques, des structures qui apparaissent utiles aux activités pastorales et à l'exercice du culte chrétien. A ce propos, j'ai appris avec une satisfaction particulière que l'on est en train de terminer la reconstruction de l'église-cathédrale latine de Sofia, consacrée à saint Joseph.

Vénérés confrères, assuré d'être rappelé au Seigneur dans votre prière, je vous assure à mon tour de ma prière spéciale à Celui qui est le véritable Epoux de l'Eglise, aimée, protégée et nourrie par Lui: Jésus notre Seigneur, unique Fils du Dieu vivant. Avec ces sentiments, je vous donne de grand coeur ma Bénédiction, ainsi qu'à vos prêtres, aux religieux et aux religieuses et à tout le peuple que Dieu vous a confié.


À SA BÉATITUDE EMMANUEL III DELLY ET AUX MEMBRES DU SYNODE DES ÉVÊQUES CHALDÉENS Samedi 12 novembre 2005

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Béatitude,
Vénérés et chers frères!

En vous saluant cordialement, je vous remercie de votre visite qui me permet de faire parvenir, à travers vous, une parole de fervent encouragement à vos communautés et à tous les citoyens de l'Irak. Ma parole de solidarité s'accompagne de l'assurance de mon souvenir dans la prière, afin que votre bien-aimé pays, malgré la difficile situation actuelle, sache ne pas se décourager et poursuivre sa route vers la réconciliation et la paix.

Au cours de votre séjour à Rome, vous avez célébré un Synode spécial, au cours duquel vous avez mené à bien le projet de révision des textes de la Divine liturgie en rite syro-oriental, préparant une réforme qui devrait permettre un nouvel élan de dévotion dans vos communautés. Ce travail a exigé des années d'études et des décisions quelquefois difficiles, mais il s'est agi d'une période au cours de laquelle l'Eglise chaldéenne a pu réfléchir plus à fond sur le grand don de l'Eucharistie.

Un autre domaine important sur lequel votre attention s'est concentrée a été l'analyse du projet du Droit particulier, qui devrait réglementer la vie interne de votre communauté. Une discipline canonique appropriée est nécessaire pour le déroulement ordonné de la mission que le Christ vous a confiée. Dans l'esprit synodal qui caractérise le gouvernement de l'Eglise chaldéenne, vous avez fait l'expérience d'une période d'intense communion, en gardant toujours à l'esprit le bien suprême de la salus animarum.

A présent, en retournant dans vos sièges respectifs, vous êtes affermis par cette expérience de communion vécue auprès des tombes des Apôtres Pierre et Paul. C'est une communion qui trouve une expression particulière ici, aujourd'hui, en élevant au Seigneur avec le Successeur de Pierre la prière commune de gratitude.

Très chers amis, je vous exhorte à poursuivre votre engagement pastoral et votre ministère d'espérance pour toute la nation irakienne. En confiant chacune de vos communautés à la douce protection de la Mère de Dieu, je vous donne bien volontiers, ainsi qu'à vos prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles, la Bénédiction apostolique, gage de paix et de réconfort du Ciel.


BÉATIFICATION DES SERVITEURS DE DIEU: CHARLES DE FOUCAULD, MARIA PIA MASTENA, MARIA CROCIFISSA CURCIO

AU TERME DE LA CÉLÉBRATION Basilique Vaticane Dimanche 13 novembre 2005

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Chers frères et soeurs,

En ce XXXIII dimanche du temps ordinaire nous avons la joie de vénérer trois nouveaux bienheureux: le prêtre Charles de Foucauld; Maria Pia Mastena, Fondatrice de la Congrégation des Soeurs de la Sainte-Face et Maria Crocifissa Curcio, Fondatrice des Soeurs carmélites de Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus, trois personnes qui, de manières diverses, ont consacré leur existence au Christ et qui reproposent à chaque chrétien l'idéal sublime de la sainteté. Chers amis, je vous salue tous cordialement, vous qui êtes venus de diverses parties du monde pour prendre part à cette solennelle manifestation de foi. Je salue de manière particulière le Cardinal José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, et je le remercie d'avoir présidé la célébration eucharistique, au cours de laquelle il a donné lecture de la Lettre apostolique par laquelle j'ai inscrit ces serviteurs de Dieu dans l'Album des bienheureux.

Chers frères et soeurs dans le Christ,

Rendons grâce pour le témoignage donné par Charles de Foucauld. Par sa vie contemplative et cachée à Nazareth, il a rencontré la vérité de l'humanité de Jésus, nous invitant à contempler le mystère de l'Incarnation; en ce lieu, il a appris beaucoup sur le Seigneur, qu'il voulait suivre avec humilité et pauvreté. Il a découvert que Jésus, venu nous rejoindre dans notre humanité, nous invite à la fraternité universelle, qu'il a vécue plus tard au Sahara, à l'amour dont le Christ nous a donné l'exemple. Comme prêtre, il a mis l'Eucharistie et l'Evangile au centre de son existence, les deux tables de la Parole et du Pain, source de la vie chrétienne et de la mission.

93 J'adresse un salut cordial à ceux qui sont ici réunis pour rendre hommage à la bienheureuse Maria Pia Mastena. Je salue de manière particulière les pèlerins de son village natal, Bovolone, et de la petite ville de San Fior, où est conservée sa dépouille mortelle, ainsi que les fidèles provenant des divers diocèses italiens, du Brésil et de l'Indonésie. Le charisme de la bienheureuse Maria Pia est plus que jamais actuel, elle qui, conquise par la Face du Christ, a assimilé les sentiments d'attention pleine de douceur du Fils de Dieu envers l'humanité défigurée par le péché, qui en a concrétisé les gestes de compassion et a ensuite projeté un institut ayant pour but de "diffuser, réparer, restituer l'image du doux Jésus dans les âmes". Que cette nouvelle bienheureuse obtienne pour tous ceux qui la vénèrent avec affection et dévotion le don d'une aspiration permanente à la sainteté.

Je salue à présent les pèlerins qui, de diverses régions d'Italie et du monde, sont venus pour honorer la bienheureuse Maria Crocifissa Curcio. J'adresse à tous et à chacun une pensée cordiale, en particulier à ceux qui appartiennent à la Famille spirituelle des Soeurs carmélites missionnaires de Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus. Cette nouvelle bienheureuse a placé au centre de sa vie la présence de Jésus miséricordieux, rencontré et adoré dans le Sacrement de l'Eucharistie. Une passion authentique pour les âmes a caractérisé l'existence de Mère Maria Crocifissa qui cultivait avec élan la "réparation spirituelle" afin de répondre à l'amour de Jésus pour nous. Son existence fut une prière perpétuelle même lorsqu'elle se rendait au service des personnes, en particulier des jeunes filles pauvres et indigentes. Que, du ciel, la bienheureuse Maria Crocifissa Curcio continue à veiller sur la Congrégation qu'elle a fondée et sur tous ses disciples.

Chers frères et soeurs, rendons grâce au Seigneur pour le don de ces nouveaux bienheureux et efforçons-nous d'en imiter les exemples de sainteté. Que leur intercession fasse que nous vivions en fidélité au Christ et à son Eglise. J'accompagne ces voeux de l'assurance d'un souvenir cordial dans la prière, alors que je donne à vous tous ici présents et aux personnes qui vous sont chères la Bénédiction apostolique.





Discours 2005-2013 87