Discours 2005-2013 26115

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE POLOGNE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Samedi 26 novembre 2005

26115

Loué soit Jésus Christ!

Chers frères dans le ministère épiscopal, je vous souhaite une cordiale bienvenue. Je suis heureux de pouvoir vous accueillir au cours de cette visite "ad limina Apostolorum".

J'ai écouté avec attention vos rapports sur la vie de l'Eglise dans les diocèses dont vous êtes responsables. Je vous remercie du travail que vous effectuez chaque jour en tant que pasteurs du troupeau du Seigneur, en animant avec votre autorité apostolique le ministère pastoral des prêtres, la réalisation des charismes des communautés religieuses et le développement spirituel des fidèles laïcs. Je rends grâce à Dieu pour chaque fruit qui est produit sur ce chemin commun vers la maison du Père, sur les traces du Christ, à la lumière et dans la puissance de l'Esprit Saint. Votre présence ici est le signe du lien spirituel de l'Eglise qui est en Pologne avec le Siège apostolique et avec le Successeur de saint Pierre. Je me rappelle avec émotion de la grande prière avec laquelle les Polonais ont accompagné Jean-Paul II au cours de tout son Pontificat, et de manière particulière au cours des journées du passage à la gloire du Seigneur. Je suis reconnaissant de pouvoir compter sur le même soutien de prière. C'est un don que j'apprécie beaucoup et que je demande sans cesse.

1. L'éducation des jeunes

Au cours de nos entretiens, de nombreux thèmes ont été traités. Parmi ceux-ci, j'ai choisi aujourd'hui la question de l'éducation chrétienne. C'est en effet l'un des devoirs les plus fondamentaux inscrits de manière stable dans la mission salvifique de l'Eglise et dans notre service épiscopal.

Jean-Paul II, dans l'Exhortation apostolique Ecclesia in Europa sollicitait avec ardeur l'Eglise de notre continent à consacrer une attention toujours plus grande à l'éducation des jeunes à la foi (n. 61). Nous savons qu'il ne s'agit pas seulement là de la didactique, du perfectionnement des méthodes de transmission du savoir, mais qu'il s'agit d'une éducation fondée sur la rencontre directe et personnelle avec l'homme, sur le témoignage - c'est-à-dire sur la transmission authentique de la foi, de l'espérance et de la charité, et des valeurs qui dérivent directement de celles-ci - de personne à personne. Il s'agit donc d'une rencontre authentique avec une autre personne, qui doit tout d'abord être écoutée et comprise. Jean-Paul II a été pour nous un modèle parfait de cette rencontre avec l'homme.

L'accomplissement fidèle et fructueux de la mission de l'éducation, face à laquelle l'Eglise se trouve aujourd'hui, demande une évaluation appropriée de la situation de jeunes qui sont l'objet de cette mission. Il faut tout d'abord évaluer leur situation familiale, car la famille reste le berceau fondamental de la formation de la personne humaine. Je suis conscient que les difficultés économiques, le taux de chômage qui reste élevé et l'effort pour garantir l'existence matérielle influent sur la forme de vie de nombreuses familles polonaises. Il n'est pas possible de former des attitudes véritablement authentiques sans tenir compte de ces problèmes, qui concernent également les jeunes.

100 Il faut également remarquer de nombreux phénomènes positifs qui soutiennent et aident l'éducation à la foi. De très nombreux jeunes manifestent une profonde sensibilité à l'égard des besoins d'autrui, en particulier ceux des pauvres, des malades, des personnes seules, handicapées. C'est pourquoi, ils entreprennent diverses initiatives pour apporter de l'aide à ceux qui en ont besoin. Il existe également un intérêt authentique pour les questions de foi et de religion, le besoin d'être avec les autres au sein de groupes organisés ou dans des groupes informels, ainsi qu'un profond désir de faire l'expérience de Dieu. C'est ce dont témoigne la participation nombreuse des jeunes polonais aux exercices spirituels, aux Rencontres européennes des jeunes ou aux Journées mondiales de la Jeunesse. Tout cela constitue une bonne base pour l'attention pastorale au développement spirituel de la jeunesse.

L'éducation à la foi doit tout d'abord consister à développer ce qui est bon dans l'homme. Le développement du volontariat, inspiré par l'esprit de l'Evangile, offre une grande occasion éducative. Il vaudrait sans doute la peine de créer des groupes de jeunes de la Caritas, dans les paroisses ou dans les écoles. Parmi les initiatives éducatives de l'Eglise, il serait également opportun d'aller à la rencontre de l'intérêt pour les questions de foi, en entreprenant toute initiative servant à habituer les enfants et les jeunes au goût de la prière. L'occasion peut en être donnée par les exercices spirituels, en particulier ceux qui sont effectués dans un silence total, par les journées de retraite pour divers groupes, et également par les écoles de prière gérées de façon systématique dans les paroisses. Une très belle occasion pour cela se présente lors des exercices spirituels à l'école, au cours de la période de l'Avent ou du Carême. Il faut également oeuvrer pour que naissent des centres d'exercices spirituels et d'autres lieux de prière et de recueillement, afin qu'effectivement, sans se soucier du coût matériel, ils deviennent des centres de formation spirituelle accessibles à tous ceux qui cherchent un contact plus profond avec Dieu.

Parmi les diverses formes de prière, une place particulière revient à la liturgie. En Pologne, les jeunes participent en grand nombre et activement à la Messe du dimanche. Il faut encore intensifier les efforts afin que la sollicitude des prêtres pour la célébration appropriée de la liturgie, pour la beauté de la parole, du geste, de la musique, soient toujours davantage le signe lisible du Mysterium salvifique qui s'accomplit en celle-ci. Il faut également que les jeunes, à travers une participation active à la préparation de la Liturgie, à travers la participation à la Liturgie de la Parole, le service à l'autel, ou dans le domaine de la musique, soient insérés dans l'action liturgique. Ils sentiront alors qu'ils participent au Mystère, qui introduit dans le monde de Dieu et, dans le même temps, l'oriente vers le monde des personnes attirées par le même amour pour le Christ.

Au cours des trente dernières années, de nombreux jeunes se sont formés selon cette orientation dans le cadre de l'activité du mouvement des "oasis", appelé "Lumière et Vie". La spiritualité de ce mouvement est centrée sur la rencontre avec Dieu dans l'Ecriture Sainte et dans l'Eucharistie, c'est pourquoi celui-ci est profondément lié à la paroisse et à sa vie liturgique. Chers frères dans l'épiscopat, je vous prie de soutenir ce mouvement comme étant particulièrement efficace dans l'oeuvre de l'éducation à la foi, sans naturellement négliger les autres mouvements.

Je sais qu'au cours de la dernière visite "ad limina", Jean-Paul II vous a exhorté à faire renaître en Pologne l'Action catholique et l'Association catholique des Jeunes. Cette tâche a été accomplie du point de vue structurel. Il faut toutefois faire tout le possible afin que l'Action catholique et l'Association catholique des Jeunes aient un programme toujours plus clair et mûr, et afin que leur profil spirituel particulier soit défini.

2. La collaboration éducative avec la famille et avec les milieux des laïcs

La formation de la jeune génération est une tâche qui revient aux parents, à l'Eglise et à l'Etat. C'est pourquoi, en respectant une autonomie opportune, il y a besoin d'une collaboration très étroite de l'Eglise avec l'école, avec les universités et avec les autres institutions laïques qui s'occupent de l'éducation de la jeunesse.

Grâce aux transformations qui ont eu lieu en 1989, et à toutes les conséquences qui en ont dérivé, cette collaboration a acquis de nouvelles dimensions. Ont été mis en place: le Directoire polonais de la Catéchèse, les Bases de programmation de la catéchèse et, dans certains centres en Pologne, ont été préparés des programmes et des livres de texte pour l'enseignement de la religion. Ce pluralisme de programmes peut, il est vrai, tout à fait servir l'évangélisation et l'éducation religieuse à l'école et dans les paroisses, mais il vaut aussi la peine de réfléchir pour savoir si la variété des programmes et des livres de texte ne rend pas difficile aux élèves d'acquérir une connaissance religieuse systématique et ordonnée.

Quant à l'enseignement de la religion et à la catéchèse à l'école, on ne peut pas réduire ces matières à la dimension de "religionologie" ou des sciences de la religion, même si telle serait l'attente de certains milieux. L'enseignement de la religion à l'école, effectué par des enseignants clercs et laïcs, soutenu par le témoignage des enseignants chrétiens, doit conserver son authentique dimension évangélique de transmission et de témoignage de la foi.

Je souhaite vous exprimer ma satisfaction pour avoir entrepris la tâche de la catéchèse paroissiale, qui complète l'enseignement de la religion à l'école. Il s'agit généralement de la catéchèse des enfants et des jeunes qui se préparent à recevoir les sacrements de l'initiation chrétienne. Elle ne doit toutefois pas se limiter à ces groupes. Il faut en particulier faire en sorte que la jeunesse qui étudie en dehors du cadre de sa propre paroisse, participe activement à la vie paroissiale.

3. La catéchèse des adultes

101 La collaboration à l'oeuvre de l'éducation de la part des parents et des autres laïcs exige une préparation personnelle et un approfondissement permanent de la connaissance religieuse, de la spiritualité et de l'amélioration des comportements, sur la base de l'Evangile et du Magistère. Vous qui êtes Evêques, je vous exhorte donc avec ferveur: intensifiez les efforts pour organiser la catéchèse des adultes là où elle manque et pour soutenir les milieux qui entreprennent déjà un enseignement de ce type. Cette catéchèse devrait se fonder sur les Ecritures et sur le Magistère. Pour l'exercer on peut s'appuyer sur le catéchisme de l'Eglise catholique, sur le Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, ou bien sur le Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique, récemment publié. Une aide particulière à la catéchèse des adultes peut être apportée par l'abondant magistère de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II. Au cours de ses nombreux pèlerinages en Pologne, il a laissé un riche patrimoine de sagesse qui naît de la foi, qui - semble-t-il - n'a pas été jusqu'à présent entièrement assimilé. Dans ce contexte, comment ne pas rappeler les Encycliques, les Exhortations, les Lettres et les nombreuses autres interventions qui constituent une source inépuisable de la sagesse chrétienne?

4. La pastorale universitaire

L'augmentation du nombre de jeunes qui choisissent les écoles supérieures et de passer le baccalauréat et de ceux qui entreprennent des études universitaires est un défi lancé aux pasteurs de l'Eglise qui est en Pologne, pour rechercher sans cesse de nouvelles formes de pastorale universitaire.

Après des années d'absence de liberté, l'Eglise a pu instituer en Pologne de nouvelles universités et facultés de théologie, la plupart d'entre elles étant insérées dans les structures des universités publiques. De nombreux théologiens éminents et qualifiés travaillent dans les facultés de théologie. Leur travail de recherche fondé sur la Révélation est la proposition de la vérité que Dieu est Amour, que le monde est Son don, que l'homme n'est pas seulement le maître du monde créé, mais qu'il est également appelé à un monde nouveau dans le royaume de Dieu. Chers frères dans l'épiscopat, je vous exhorte à soutenir les milieux scientifiques ecclésiaux, à vous occuper de l'instruction et du développement du personnel appartenant au clergé et au laïcat et à leur fournir une base matérielle adaptée.

5. La pastorale du monde de la culture et des moyens de communication de masse

La contribution de l'Eglise dans le processus de l'éducation s'exprime également dans les initiatives en faveur de la culture. Au siège de l'UNESCO, à Paris, Jean-Paul II disait: "La culture est un mode spécifique de l'"exister" et de l'"être" de l'homme [...]. La culture est ce par quoi l'homme en tant qu'homme devient davantage homme [...] L'homme, et l'homme seul, est "acteur", ou "artisan", de la culture [...] l'homme s'exprime en elle et trouve en elle son propre équilibre" (2 juin 1980).

La Pologne a reçu des générations précédentes un riche patrimoine culturel fondé sur les valeurs chrétiennes. Elle est entrée avec ce patrimoine au sein de l'Union européenne. Face à un processus, qui s'intensifie, de sécularisation et d'abandon des valeurs chrétiennes, la Pologne ne doit pas perdre ce patrimoine. Au contraire, les attitudes négatives et les menaces à la culture chrétienne, visibles également en Pologne, constituent pour l'Eglise un appel à fournir un effort supplémentaire en faveur d'une constante évangélisation de la culture. Il s'agit d'imprégner les catégories de la pensée des contenus et des valeurs de l'Evangile, des critères, des évaluations et des normes du comportement humain, que ce soit dans la dimension individuelle ou sociale.

Aujourd'hui, dans le monde de la culture, les moyens de communication de masse jouent un rôle particulier. On sait qu'ils n'informent pas seulement, mais qu'ils forment également l'esprit de leurs destinataires. Ils peuvent donc constituer un précieux instrument d'évangélisation. Les hommes de l'Eglise, en particulier les chrétiens laïcs, sont appelés à promouvoir à une échelle encore plus grande les valeurs évangéliques à travers la presse, la radio, la télévision et internet. L'une des tâches importantes des pasteurs de l'Eglise est toutefois de faire preuve d'attention non seulement à la préparation professionnelle des agents des mass media, mais également à leur formation spirituelle, humaine ou éthique. Chers frères dans l'épiscopat, je vous encourage à établir un contact bienveillant avec les milieux des journalistes et des autres professionnels des médias. Il pourrait être opportun d'organiser pour eux un secteur spécifique de la pastorale.

Je désire également confier à vos soins particuliers, chers frères, la question de l'institution et de l'usage dans l'oeuvre de l'évangélisation de la culture, de chaînes catholiques de radio et de télévision, que ce soit au niveau local, régional ou national. Celles-ci peuvent accomplir une oeuvre précieuse pour la nouvelle évangélisation et la diffusion de l'enseignement social de l'Eglise. Qu'elles proclament la vérité de Dieu, en sensibilisant le monde actuel au patrimoine des valeurs chrétiennes; que leur objectif principal soit de se rapprocher du Christ, de construire la communauté de l'Eglise dans l'esprit de la recherche de la vérité, de l'amour, de la justice et de la paix, tout en respectant l'autonomie du domaine politique. Il sera en tous les cas de leur devoir, dans la mesure où ils accomplissent une action pastorale, d'entretenir des relations ouvertes et confiantes avec les Evêques, en ce qui concerne la responsabilité qui leur est propre dans ce domaine.

On ne peut manquer de mentionner la presse catholique nationale, diocésaine et paroissiale, qui contribue dans une très large mesure à la diffusion de la culture de la vérité, du bien et de la beauté. L'attention au développement de la presse catholique signifie non seulement la conduire à un niveau plus élevé, mais concerne également l'extension de son rayon d'action. Les responsables doivent donc se soucier de lui donner un caractère élevé, digne de la tradition culturelle catholique de la Pologne.

Conclusion

102 Au terme de cette réflexion, et en conclusion, je désire rappeler les paroles du Concile Vatican II, qui enseignait dans la déclaration Gravissimum educationis: "Devenus créatures nouvelles, en renaissant de l'eau et de l'Esprit Saint, appelés enfants de Dieu et l'étant en vérité, tous les chrétiens ont droit à une éducation chrétienne. Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la maturité ci-dessus décrite de la personne humaine (...) mais principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients de ce don de la foi qu'ils ont reçu (...) C'est pourquoi, le Concile rappelle aux pasteurs des âmes le grave devoir qui est le leur de tout faire pour que tous les fidèles bénéficient de cette éducation chrétienne, surtout les jeunes qui sont l'espérance de l'Eglise" (n. 2).

Cette exhortation est toujours actuelle, il se peut qu'elle demande plus d'efforts aujourd'hui, face aux nouveaux défis qui sont lancés par les phénomènes sociaux actuels. Je forme le voeu que la lumière de l'Esprit Saint vous accompagne, vous qui êtes ici présents ainsi que tous les évêques polonais, à persévérer dans la réalisation de celle-ci.

Que la bénédiction de Dieu vous soutienne, ainsi que vos diocèses, dans l'oeuvre de formation des esprits et des coeurs humains. Que Dieu vous assiste!



AU CARDINAL GABRIEL ZUBEIR WAKO, ARCHEVÊQUE DE KHARTOUM (SOUDAN) Lundi 28 novembre 2005



Votre Eminence,
Chers Frères dans l'épiscopat,
Chers visiteurs,

C'est pour moi une grande satisfaction de vous souhaiter la bienvenue au Vatican et, à travers vous, d'adresser mes salutations sincères au peuple de votre pays. J'apprécie beaucoup les sentiments qui sont à l'origine de votre visite et je désire vous assurer de mes prières et de ma profonde préoccupation pour le développement pacifique de la vie civile et ecclésiale dans votre nation.

La fin de la guerre civile et la promulgation d'une nouvelle Constitution ont apporté l'espérance au peuple du Soudan qui souffre depuis longtemps. Si le chemin qui mène à la réconciliation a été pavé de nombreux obstacles, en particulier la mort tragique de John Garang, il existe à présent une opportunité sans précédent, et même un devoir pour l'Eglise de contribuer de façon significative au processus de pardon et de reconstruction nationale. Bien que constituant une minorité, les catholiques peuvent offrir beaucoup à travers le dialogue interreligieux ainsi que l'offre de services sociaux vraiment nécessaires. Je vous encourage donc à prendre les initiatives nécessaires en vue de réaliser la présence réconfortante du Christ sur ces chemins.

L'horreur des événements qui ont lieu au Darfour, que mon bien-aimé prédécesseur le Pape Jean-Paul II a évoqués à plusieurs occasions, souligne le besoin d'une volonté internationale plus forte en vue de garantir la sécurité et les droits humains fondamentaux. Aujourd'hui, j'unis ma voix au cri des personnes qui souffrent, et je vous assure que le Saint-Siège, ainsi que le Nonce apostolique à Khartoum, continuera à faire tout son possible pour mettre un terme à la spirale de violence et de misère.

Chers amis, sur vous et votre peuple, j'invoque les Bénédictions divines de sagesse, de courage et de paix!



À S.E. M. ALI ABEID A. KARUME AMBASSADEUR DE TANZANIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

11205
Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui, tandis que vous présentez les Lettres qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Tanzanie près le Saint-Siège. Je vous offre l'assurance de mes prières pour le bien-être et la prospérité de votre nation, et je vous prie de remercier le Président M. Benjamin Mkapa pour ses chaleureuses salutations.

La Tanzanie, comme la plupart de l'Afrique, est connue pour sa beauté naturelle et possède une riche variété de cultures et de traditions. Il s'agit de coutumes qui soulignent l'importance de la communauté, du respect mutuel et de la dignité humaine, et qui peuvent beaucoup offrir à l'humanité tout entière. Les relations diplomatiques entre la Tanzanie et le Saint-Siège expriment notre conviction commune selon laquelle ces qualités sont essentielles pour promouvoir la compréhension entre les peuples et la paix dans le monde. Dans le même temps, le rôle diplomatique du Saint-Siège se distingue au sein de la Communauté internationale, dans la mesure où il est marqué par son dévouement au service du progrès des personnes et de la société à travers l'affirmation des valeurs de la paix, de la solidarité, de la justice et de la liberté (cf. Pape Jean-Paul II, Discours à la 50 Assemblée générale des Nations unies, New York, 5 octobre 1995, n. 18).

Ces valeurs centrales, fondées sur la dignité intrinsèque de chaque être humain, représentent également la clé pour développer et promouvoir des démocraties vivantes et prospères. A cet égard, je désire encourager votre gouvernement dans ses efforts en vue de garantir que le pays demeure ouvert à la richesse qu'offre la diversité politique. Les véritables démocraties exigent de résister aux intérêts égoïstes et aux efforts en vue de renforcer les positions de domination, afin que chaque citoyen puisse jouir du droit de choisir les responsables à travers des élections multipartites libres et responsables. Le respect pour la dignité humaine exige que "l'administration publique, à tous les niveaux - national, régional, communal - soit orientée vers le service de ses citoyens" qui, à leur tour, apportent une contribution précieuse à la nation en tant que partenaires authentiques du gouvernement (cf. Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 412).

Dans le même ordre d'idées, je suis heureux de constater que votre nation, en tant que membre fondateur de la "Communauté d'Afrique orientale", est engagée à oeuvrer avec d'autres nations dans le domaine de la création d'un marché commun. L'adoption d'une union douanière unique pour les pays-membres est un signe positif du progrès accompli dans cette importante entreprise. La solidarité communautaire à ce niveau non seulement contribue au développement intégral de la région, mais développe également un niveau de relations et de préoccupations mutuelles qui peuvent être très utiles pour répondre aux différences qui peuvent apparaître. De plus, la générosité dont votre pays a fait preuve en accueillant près d'un million de réfugiés qui fuyaient la violence et l'effusion de sang dues aux guerres dans leur terre natale, est digne de la plus grande estime. La nation peut certainement être fière de ces exemples de sollicitude pour le plus grand bien de tous; ceux-ci constituent des gestes significatifs qui font de la Tanzanie un modèle pour l'Afrique et pour le monde. Je suis également conscient du grand poids matériel que cette générosité fait peser sur votre pays, et j'encourage la Communauté internationale à continuer de vous soutenir dans vos efforts en vue d'aider les peuples marginalisés et déplacés.

Monsieur l'Ambassadeur, je désire vous assurer que l'Eglise catholique continuera d'aider votre gouvernement à répondre à ces nombreuses nécessités. En effet, elle peut offrir beaucoup à travers sa doctrine sociale, qui vise à accroître la conscience morale des exigences de justice et de solidarité, des exigences qui sont fondées sur la valeur incomparable et le caractère central de la personne humaine. Telle est la raison de ses efforts en vue de réconforter les pauvres et les personnes qui souffrent et de promouvoir la solidarité et la coopération parmi les peuples de Tanzanie. En effet, les initiatives encouragées par les Evêques catholiques se sont concentrées sur la mobilisation des pauvres eux-mêmes dans la lutte pour éradiquer la pauvreté et pour promouvoir le développement. Les efforts des Evêques sont bien plus qu'une expression éloquente de la préoccupation de l'Eglise à l'égard des pauvres. Ils constituent un exemple de leur désir ardent d'oeuvrer avec les Autorités du gouvernement pour le bien-être spirituel et matériel de chaque citoyen, quelles que soient sa race, sa religion ou son origine sociale.

Votre Excellence, au cours de votre mission en tant que Représentant de la Tanzanie près le Saint-Siège, les divers bureaux de la Curie romaine feront tout leur possible pour vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de vos efforts en vue de poursuivre les relations positives existant déjà entre nous, et je prie pour que Dieu tout-puissant vous accorde une abondance de Bénédictions, à vous et au bien-aimé peuple de Tanzanie.


À S.E. M. MADAN KUMAR BHATTARAI AMBASSADEUR DU NÉPAL PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

11215

Monsieur l'Ambassadeur,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue alors que j'accepte les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Népal près le Saint-Siège. Très reconnaissant pour les salutations et les voeux que vous me transmettez de la part de Sa Majesté le Roi Gyanendra Bir Bikram Shah, je réponds avec joie à ses sentiments cordiaux, et je vous prie de lui transmettre, ainsi qu'au gouvernement et au peuple du Népal, l'expression de mon estime et l'assurance de mes prières pour le bien-être et la prospérité de votre nation.

Votre pays et le Saint-Siège jouissent de relations d'amitié et de coopération qui sont renforcées par un engagement commun à oeuvrer pour la paix et la sécurité entre les peuples à tous les niveaux de la société. Cette tâche commune concerne tous les hommes et les femmes de bonne volonté, et vise à encourager et à promouvoir la solidarité internationale. En effet, sans celle-ci, il ne peut y avoir de véritable paix. Les pauvres comme les riches ont le droit d'avoir leur part des biens matériels de la terre et d'exercer la capacité de travail qui leur a été donnée par Dieu. Mon illustre prédécesseur le Pape Jean-Paul II a enseigné que nous avons le devoir solennel de créer un monde qui soit plus juste et prospère pour tous, affirmant dans son Encyclique Centesimus annus que "le progrès des pauvres est une grande chance pour la croissance morale, culturelle et même économique de toute l'humanité" (n. 28).

Tandis que cet appel en vue d'une plus grande solidarité est lancé à la Communauté internationale tout entière, il revêt une importance particulière pour les pays d'Asie. Comme vous en êtes bien conscient, les nations de votre continent devront continuer de travailler étroitement ensemble si elles veulent résoudre les difficultés causées par les conflits et la pauvreté. Il est indéniable que votre région compte de nombreux hommes et femmes possédant les capacités humaines et intellectuelles nécessaires pour répondre aux défis de notre temps. Tout effort visant à mobiliser ces talents de façon constructive contribue à promouvoir la coopération nécessaire en vue de soutenir les pays en difficulté. Je vous exhorte donc à continuer de travailler avec vos voisins pour garantir que les problèmes sur votre continent sont effectivement affrontés. Une plus grande coopération internationale dans l'analyse et l'évaluation des choix politiques et sociaux et dans la promotion de la paix et de la réconciliation renforcera l'influence de votre région aux yeux du reste du monde. Cela conduira également à une plus grande assistance en direction des nations les plus pauvres et à un plus grand respect pour leur souveraineté.

Je désire exprimer ma préoccupation pour les actes violents qui ont provoqué des conséquences dévastatrices dans votre pays. Je prie pour que toutes les parties mettent un terme à l'effusion de sang qui continue de causer tant de souffrances et empruntent en revanche le chemin du dialogue et de la négociation. Cela seul pourra permettre à tous les citoyens du Népal de jouir de la justice, de la tranquillité et de l'harmonie. En effet, ce n'est qu'à travers le dialogue que nous pouvons surmonter les formes de conflit et de tension qui entravent nos efforts en vue d'édifier une base solide pour la paix et la fraternité (cf. Discours au Corps diplomatique, 12 mai 2005). Le recours à la violence comme instrument de changement politique doit toujours être évité, tandis que l'édification de la compréhension mutuelle et l'échange constructif d'idées doivent toujours être promus. Les factions opposées doivent laisser le don du pardon apporter l'espérance de la paix future, en éliminant ainsi la douleur et en essuyant les larmes du passé. En insistant sur la grandeur et la dignité de la personne humaine et en diffusant un sens accru de l'unité de la famille humaine, nous pouvons éradiquer ensemble les causes de la violence et de l'injustice.

Pour sa part, l'Eglise catholique s'inspire également du noble principe de la solidarité dans son engagement en vue de servir le bien intégral de la personne humaine. Bien qu'en nombre restreint, les catholiques du Népal ont concentré leur attention sur le besoin de soutenir les pauvres dans leur lutte contre la pauvreté. Les efforts de l'Eglise ne sont pas uniquement une expression de sa préoccupation pour les plus défavorisés, mais illustrent son désir ardent de travailler avec les Autorités du gouvernement pour le bien-être matériel et spirituel de chaque citoyen.

L'Eglise est activement engagée dans la promotion du développement humain au Népal à travers sa présence dans les écoles, les orphelinats, les cliniques et les hôpitaux. Je suis certain que le soutien constant de la garantie juridique de la liberté religieuse permettra aux chrétiens de continuer à remplir leur mission de prêcher la Bonne Nouvelle du salut et d'en témoigner à travers des actions concrètes d'amour et de compassion. La communauté catholique continue à soutenir les principes du dialogue interreligieux et promet sa coopération constante avec les Autorités civiles dans leurs tentatives de promouvoir cet échange essentiel d'idées.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission renforcera les liens de compréhension et d'amitié entre nous. Vous pouvez être assurés que le Saint-Siège continuera d'être un partenaire dévoué du Népal dans ses efforts en vue de promouvoir son propre développement et de constituer une force de stabilité et de paix en Asie et dans la plus vaste communauté des nations. Sur vous et sur le bien-aimé peuple du Népal, j'invoque cordialement d'abondantes bénédictions de paix et d'harmonie.


À S.E. M. PEKKA OJANEN AMBASSADEUR DE FINLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

11225
Monsieur l'Ambassadeur!

C'est avec joie que je vous souhaite la bienvenue en cette heureuse occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Finlande près le Saint-Siège, et je vous remercie pour vos paroles cordiales. Dans le même temps, je vous prie de transmettre mes remerciements au Président de la République, Mme Tarja Halonen, pour les salutations qu'elles m'a adressées. Je lui transmets également mes meilleures salutations, ainsi qu'au peuple finlandais.

Monsieur l'Ambassadeur, je me réjouis des bonnes relations qui existent depuis longtemps entre votre pays et le Saint-Siège. Celles-ci ont permis sans aucun doute une collaboration constructive au niveau international, qui poursuit des objectifs multiples tels que la protection et la défense des droits de l'homme, la promotion d'un développement équitable et durable, et l'engagement pour la paix. Votre éminent pays, qui est fier de son indépendance, s'est rapproché par le passé de l'Union européenne, et en est désormais un membre de plein droit depuis dix ans. De cette façon, il peut jouer également un rôle actif et précieux dans l'élargissement de l'Union, en particulier en vue de l'entrée des Etats baltiques. Comme vous le savez, le Saint-Siège a accompagné cette ouverture de l'Union européenne aux pays de l'Europe de l'Est, étant donné que ceux-ci, au cours du siècle dernier, ont contribué à surmonter la division arbitraire de l'Europe, qui était contraire à l'identité authentique du continent. Aujourd'hui, il est important d'approfondir cette unité retrouvée. Celle-ci ne doit pas se limiter à l'ouverture d'un grand espace économique commun, mais doit, en particulier, viser à ce que le projet européen crée, à partir de son histoire séculaire et de ses racines culturelles philosophiques et religieuses, une force et une impulsion constantes pour son avenir même et pour sa fonction dans le monde.

L'Europe représente un espace de bien-être dans notre monde fragile et rempli de dangers. De même, d'un point de vue économique, il s'agit d'un continent riche qui attirera encore à l'avenir de nombreuses personnes pauvres, provenant en particulier des régions défavorisées de l'hémisphère sud. L'union européenne peut à juste titre revendiquer le droit d'être une union d'Etats démocratiques qui sont liés l'un à l'autre à travers une nouvelle forme. Cela représente pour les autres groupes d'Etat un modèle à imiter, car il apparaît toujours plus nécessaire de rassembler les forces constructives pour pouvoir répondre aux exigences de la mondialisation. La Finlande, qui a toujours visé à des rapports internationaux multilatéraux, peut contribuer, dans le cadre de l'Union européenne, à remplir les responsabilités de celle-ci au sein de la famille mondiale des nations. Le Saint-Siège, pour sa part, que ce soit au sein des Organisations internationales ou dans les lieux où règnent des tensions entre les peuples et les Etats, s'engagera sur une voie de dialogue pour coopérer de cette façon à la résolution des problèmes qui apparaissent entre des peuples ou des Etats. De même, seule une authentique politique de développement, fondée sur des relations équitables entre pays riches et pays pauvres, pourra apporter un remède aux innombrables et préoccupantes injustices, qui sont une cause de souffrance pour un grand nombre de nos semblables, et qui peuvent devenir très facilement un terrain fertile pour la violence et le terrorisme.
Le dialogue interreligieux, comme je l'ai rappelé avec vigueur au début de mon Pontificat, est une entreprise irréversible pour l'Eglise catholique qui "désire continuer à construire des ponts d'amitié avec les fidèles de toutes les religions dans le but de rechercher le bien authentique de chaque personne et de la société dans son ensemble" (Discours aux délégués des autres Eglises et communautés ecclésiales et des autres traditions religieuses). Au cours de mon voyage apostolique à l'occasion de la XX Journée mondiale de la Jeunesse à Cologne, j'ai à nouveau exprimé et approfondi ces réflexions face aux représentants de l'Islam: "Le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut pas se réduire à un choix passager. C'est en effet une nécessité vitale, dont dépend en grande partie notre avenir" (Rencontre avec les représentants des communautés musulmanes). Il est très important que tous les fidèles s'expriment avec détermination et clarté contre le fait que la religion devienne un prétexte pour justifier un comportement violent, qui viole la dignité de l'homme et se retourne, de cette façon, également contre le Créateur de toute la vie. Je vous assure, Monsieur l'Ambassadeur, que le Saint-Siège n'épargnera aucun effort en vue de s'engager à tous les niveaux pour la paix et la dignité de chaque être humain, créé à l'image de Dieu.

Je suis heureux de pouvoir également saluer à travers vous les croyants catholiques de Finlande, qui ont récemment célébré le 850 anniversaire de l'annonce du christianisme dans le pays, grâce à l'activité d'évangélisation de saint Henri, ainsi que le 50 anniversaire de l'érection du diocèse catholique d'Helsinki. La communauté catholique, peu nombreuse et toutefois bien intégrée dans la société finlandaise, poursuivra le dialogue oecuménique en vue de l'unité avec les chrétiens d'autres confessions et portera son attention, dans le même temps, sur le dialogue interreligieux, qui est un facteur important pour la paix dans nos sociétés modernes. A cet égard, le Saint-Siège a noté avec satisfaction la promulgation d'une nouvelle loi sur la liberté de religion en Finlande, qui garantit une réelle liberté de religion, une plus grande autonomie aux religions et la parité de traitement juridique, en particulier dans le domaine de la formation. De cette façon est promue la contribution que chacune d'entre elles peut apporter au bien-être de tout le peuple. Je suis certain que les catholiques et toutes les autres personnes de bonne volonté témoigneront de la dignité et de la grandeur de la vie humaine, qui doit être protégée, de son début jusqu'à sa mort naturelle. A travers leur comportement et leur engagement, les chrétiens de Finlande désirent témoigner également de la valeur du couple et de la famille, afin que toute la société reconnaisse dans cette dernière la cellule première de chaque communauté humaine, qui doit être protégée et soutenue pour permettre à tous, à l'avenir également, la possibilité d'une vie heureuse et gratifiante!

Monsieur l'Ambassadeur, au début de votre noble mandat, je vous présente mes voeux pour une mission bénéfique et, dans le même temps, je vous assure du soutien et de l'aide de mes collaborateurs.

Pour vous, Monsieur l'Ambassadeur, pour votre famille, et pour vos collaborateurs et collaboratrices à l'Ambassade, ainsi que pour tout le peuple finlandais, j'implore de tout coeur la protection de Dieu et ses abondantes Bénédictions.





Discours 2005-2013 26115