Discours 2005-2013 11225

À S.E. M. GILBERT RAMEZ CHAGOURY, NOUVEL AMBASSADEUR DE SAINTE-LUCIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Votre Excellence,

C'est avec plaisir que je vous accueille au Vatican aujourd'hui et que j'accepte les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Sainte-Lucie près le Saint-Siège. Je vous demande de bien vouloir transmettre au Gouverneur général, Mme Pearlette Louisy, et au Premier ministre, M. Kenny Anthony, mes remerciements pour leurs voeux. J'y réponds avec joie en offrant en retour au gouvernement et au peuple de Sainte-Lucie l'assurance de mes prières pour la prospérité de la nation.

Les relations diplomatiques de l'Eglise, entretenues de façon féconde avec votre pays depuis plus de vingt ans, forment une partie de sa mission au service de la Communauté internationale. Elles visent de façon spécifique à promouvoir la dignité de la personne humaine et à encourager la paix et l'harmonie entre les peuples du monde. Ces conditions essentielles pour le progrès en vue d'atteindre le développement intégral des personnes et des nations trouvent leur signification la plus profonde dans l'ordre moral établi par Dieu le Créateur, qui s'efforce de conduire tous les hommes et les femmes à la plénitude de sa vie. C'est pour cette raison que le Saint-Siège parle avec tant d'insistance et de ferveur du respect pour la dignité humaine et de l'importance fondamentale du soutien de la famille comme "cellule première et vitale de la société" (Concile oecuménique Vatican II, Décret sur l'Apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem AA 11).

Monsieur l'Ambassadeur, l'institution sacrée du mariage est vitale pour le bien-être de chaque nation, y compris Sainte-Lucie. Il s'agit du fondement indispensable de la vie familiale et de la source première de la cohésion au sein des communautés. Face aux valeurs et aux tendances qui peuvent dévaluer et même miner le mariage, un effort déterminé est nécessaire de la part des Autorités civiles et religieuses, à travers un travail commun, afin de garantir la pleine promotion et la défense de la vie de famille stable et fidèle. En effet, toute espérance de renouveau de la société qui n'adhèrerait pas au dessein de Dieu à l'égard du mariage et de la famille, est destinée à s'épuiser, car c'est là que se réalise en premier lieu la dignité donnée par Dieu de chaque personne et que l'on acquiert et nourrit l'estime de soi nécessaire pour bâtir des relations mûres et adultes (cf. Exhortation apostolique Familiaris Consortio FC 3).

L'engagement de votre gouvernement en vue de la diversification économique et du développement des infrastructures sociales offre, en particulier aux jeunes générations, un avenir de confiance et d'optimisme. A cet égard, la création d'opportunités éducatives est cruciale. Lorsque les écoles fonctionnent de façon professionnelle et sont pourvues de personnel intègre, une espérance est offerte à tous et en particulier aux jeunes. L'instruction religieuse fait partie intégrante de cette formation. La connaissance éclairée par la foi, loin de diviser les communautés, relie les personnes dans leur recherche commune de la vérité qui définit tout être humain comme celui qui vit de croyance (cf. Fides et ratio FR 31). A cet égard, le principe de la liberté religieuse, lorsqu'il est appliqué au programme de l'instruction religieuse dans les écoles, doit inclure le droit d'enseigner le contenu de la foi catholique et de faciliter la participation à ses différentes pratiques (cf. Concile oecuménique Vatican II, déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae DH 4).

106 L'aspect moral du développement économique authentique est également d'une importance fondamentale pour le bien-être et le progrès pacifique d'une nation. C'est ici qu'est satisfaite l'exigence de la justice (cf. Sollicitudo Rei Socialis, n. 10). Le droit à un travail digne, et à un niveau de vie acceptable, l'assurance d'une juste distribution des biens et des richesses et l'utilisation responsable des ressources naturelles dépendent toutes d'un concept de développement qui ne se limite pas seulement à satisfaire des nécessités matérielles. Au contraire, un tel concept doit également valoriser la dignité de la personne humaine - qui est le véritable objet de tout progrès - et mettre ainsi en valeur le bien commun de toute l'humanité. Tandis qu'un tel objectif exige assurément le soutien de toute la Communauté internationale, il est également vrai que l'on peut faire beaucoup au niveau des initiatives régionales. Cela exige que le nationalisme exacerbé soit mis de côté afin que la valeur profonde de la solidarité communautaire puisse trouver une expression dans les accords locaux qui conduisent à la coopération économique et sociale régionale.

Comme Votre Excellence l'a observé, l'Eglise qui est à Sainte-Lucie sert la nation de manière importante à travers son vaste apostolat dans le domaine éducatif et social. Fidèle à sa mission spirituelle et humanitaire, elle recherche activement à contribuer au progrès des peuples. Parmi les nombreuses initiatives dans lesquelles elle est engagée figure la lutte contre le trafic et la consommation de la drogue. La volonté de débarrasser le tissu social de cette menace insidieuse qui engendre le crime et la violence et qui contribue à la destruction physique et morale de nombreuses personnes et familles, exige une ferme résolution politique, une coopération internationale, et le soutien de la communauté tout entière. J'encourage votre gouvernement dans ses efforts en vue d'affronter ce fléau et je vous assure qu'il peut compter sur le soutien total des fidèles catholiques.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que la mission que vous commencez aujourd'hui contribuera à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre Sainte-Lucie et le Saint-Siège. Tandis que vous assumez vos nouvelles responsabilités, je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


À S.E. M. FRANCISCO A. SOLER, NOUVEL AMBASSADEUR DU SALVADOR PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Salvador près le Saint-Siège. Je vous remercie de vos aimables paroles et pour les salutations cordiales que vous m'avez transmises de la part de M. Elías Antonio Saca, Président de la République. Je vous prie de lui transmettre mes meilleurs voeux de paix et de bien-être personnel, ainsi que mes souhaits pour la prospérité et le développement de votre bien-aimé nation.

2. Votre Excellence a mentionné les Accords de Paix signés en 1992 après un long conflit fratricide. Vous avez également souligné qu'au cours des dernières années, des progrès ont été accomplis dans le processus de pacification et de démocratisation. Il est réconfortant de constater les efforts de votre gouvernement en vue de l'édification d'une société plus juste, qui protège les couches les plus faibles et pauvres de la société. A cet égard, l'Eglise qui est au Salvador est consciente que l'édification et l'amélioration du bien-être de la patrie est un devoir qui revient à chaque citoyen, et elle continue de collaborer afin que tous puissent vivre dans un climat d'espérance et de paix. L'Eglise, avec son expérience d'humanité et sans la volonté de s'immiscer dans la politique des Etats, "ne vise qu'à un seul but: continuer, sous l'impulsion de l'Esprit consolateur, l'oeuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi" (Gaudium et spes GS 3).

3. Le Salvador possède une forte empreinte religieuse, qui manifeste la foi de son peuple, plus de cinq siècles après son évangélisation. A cet égard, l'Eglise catholique place tout son engagement en faveur du développement intégral de l'être humain et de la défense de sa dignité, en contribuant à la consolidation des valeurs et des bases fondamentales afin que la société puisse jouir de stabilité et d'harmonie. De même, elle continue de collaborer dans des domaines importants comme l'enseignement, l'assistance aux plus défavorisés, les services médicaux et la promotion de la personne en tant que citoyen et fils de Dieu.

C'est pourquoi les pasteurs du Salvador ne cessent d'offrir leur Parole qui jaillit d'une connaissance profonde de la réalité humaine, interprétée à la lumière de la Bonne Nouvelle. De plus, leur mission d'ordre religieux ne les empêche pas d'encourager un dialogue national avec les responsables de la vie sociale. D'autre part, comme Votre Excellence l'a souligné, ce dialogue doit contribuer à édifier un avenir plus humain avec la collaboration de tous, en évitant l'appauvrissement de la société. A cet égard, il est opportun de rappeler que les progrès sociaux ne s'atteignent pas seulement en appliquant simplement les instruments techniques nécessaires, mais en promouvant également des réformes sur une base humaine et morale prenant en compte l'aspect éthique de la personne, de la famille et de la société.

4. La promotion constante de valeurs morales fondamentales, telles que l'honnêteté, l'austérité, la responsabilité pour le bien commun, la solidarité, l'esprit de sacrifice et la culture du travail peut faciliter un meilleur développement de tous les membres de la société, car la violence et l'égoïsme personnel et collectif n'ont jamais été des sources de progrès ni de bien-être.

Sur cette base, les Salvadoriens, avec les riches qualités qui les distinguent, doivent être les principaux acteurs et les artisans du progrès du pays, en promouvant une stabilité politique qui permette la participation de tous à la vie publique. C'est pourquoi chacun est appelé, selon ses qualités et ses possibilités, à coopérer au bien de la patrie. A cet égard, je suis heureux d'apprendre que les Autorités sont fermement déterminées à oeuvrer en vue d'établir un ordre social toujours plus juste et qui fasse participer chacun, et je forme tous mes voeux afin que cette intention soit mise en oeuvre, surmontant ainsi les graves difficultés qui touchent principalement les couches les plus faibles de la société.

107 5. D'autre part, le douloureux et vaste problème de la pauvreté, qui conduit un grand nombre de Salvadoriens à emprunter la voie périlleuse de l'émigration, avec toutes ses conséquences dans le domaine familial et social, provoque de graves effets dans le domaine de l'éducation, de la santé et du logement, et constitue un défi urgent pour les gouvernants et les responsables des Autorités publiques, afin de garantir à tous un accès aux biens fondamentaux et aux instruments indispensables qui permettent leur promotion et leur développement intégral.

L'Eglise, à travers sa doctrine sociale, s'efforce d'encourager et de promouvoir des initiatives appropriées visant à surmonter les situations de marginalisation qui frappent tant de frères et soeurs dans le besoin, en s'efforçant d'éliminer les causes de la pauvreté et accomplissant ainsi sa mission, étant donné que la préoccupation dans le domaine social est une partie de son action évangélisatrice (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 41).

6. Monsieur l'Ambassadeur, avant de conclure cette rencontre, je voudrais vous présenter mes meilleurs voeux pour que la mission que vous commencez aujourd'hui porte de nombreux fruits. Je vous demande une fois de plus de transmettre mes sentiments et mes espérances à S.E. M. le Président de la République et aux autres Autorités de votre pays, tandis que j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu sur votre distinguée famille et sur vos collaborateurs, et en particulier sur les bien-aimés fils et filles du Salvador.


À S.E. M. STEN ERIK MALMBORG LILHOLT, NOUVEL AMBASSADEUR DU DANEMARK PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Danemark près le Saint-Siège. Je vous remercie de vos aimables paroles et des salutations que vous me transmettez de la part de la Reine Margrethe II. Je vous prie de transmettre à Sa Majesté mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour la prospérité de votre nation.

Depuis 1982, le Saint-Siège et le Danemark bénéficient de relations diplomatiques officielles. Cela a conduit à un niveau encourageant de contact et de coopération au service de la paix et de la justice, en particulier dans les pays en voie de développement. A cet égard, je suis heureux de noter que votre pays continue de faire preuve d'une grande générosité dans ses efforts en vue de réduire la pauvreté dans le monde et de promouvoir le développement international. Le Saint-Siège apprécie l'importance que le gouvernement danois attache à la réalisation des Objectifs de Développement pour le Millénaire, en particulier en ce qui concerne la contribution de 0,7% du Produit national brut des pays les plus riches au budget de l'aide l'internationale. Je vous offre tous mes encouragements pour poursuivre de façon résolue ce chemin vers une plus juste distribution des ressources mondiales et je prie pour que de nombreuses autres nations soient inspirées par l'exemple que votre pays a montré à cet égard.

A côté de la pauvreté matérielle dont souffrent nos frères et soeurs dans les pays en voie de développement, il existe d'autres formes de pauvreté qui représentent une source de préoccupation pour la société moderne. Au Danemark, comme dans de nombreux pays européens, de nombreux débats sont actuellement en cours sur les problèmes liés à l'immigration. J'exhorte les Danois à accueillir les nouveaux arrivants parmi eux, et je suis également certain que ceux qui ont trouvé un foyer au Danemark feront preuve de respect pour les valeurs et la sensibilité de la nation qui les accueille. L'intégration des peuples exige que chaque groupe trouve un juste équilibre entre l'affirmation de sa propre identité et l'acceptation de celle des autres (cf. Message pour la Journée mondiale des Migrants et des Réfugiés 2005, n. 2) et je sais que votre gouvernement apprécie l'importance de concilier ces éléments différents. Je prie pour que les divers groupes représentés dans la société danoise continuent de vivre ensemble de façon pacifique, en montrant l'exemple aux autres nations de l'enrichissement mutuel que les pays d'accueil et les immigrants peuvent offrir les uns aux autres.

Cette coopération est particulièrement importante dans les domaines de l'oecuménisme et du dialogue interreligieux. Bien que la communauté catholique au Danemark ne représente qu'un faible pourcentage de la population, je peux vous assurer qu'elle désire apporter sa contribution à ces efforts importants. Je forme le voeu fervent que le dialogue oecuménique en cours avec l'Eglise luthérienne débouchera sur des progrès significatifs et je suis certain que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour encourager cela. De plus, dans la perspective du phénomène de l'immigration, le dialogue interreligieux acquiert également une signification croissante. L'Eglise catholique désire apporter la contribution de sa grande expérience et de ses connaissances dans ce domaine, afin de promouvoir le respect et la compréhension mutuels entre les disciples des différentes traditions religieuses dans votre pays.

Comme dans la majeure partie de l'Europe aujourd'hui, la société danoise est confrontée à une tendance à la sécularisation croissante.L'Eglise a le droit et le devoir d'indiquer les dangers qui naissent lorsque l'origine divine et le destin de l'homme sont ignorés ou niés. La tradition de foi chrétienne dans votre pays, qui remonte à mille ans, a contribué à créer son aspect actuel. En effet, les principes qui ont formé la civilisation occidentale découlent de la vision sous-jacente du monde que proclame la foi chrétienne. Il est essentiel de rappeler que leur nature obligatoire est fondée non sur la base d'un simple consensus, mais sur la révélation divine.

C'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'examiner avec attention tous les nouveaux développements sociaux qui apparaissent, même s'ils bénéficient d'un large consensus ou s'ils semblent contenir la promesse de succès significatifs. La défense de la vie, de sa conception à la mort naturelle, par exemple, ainsi que la stabilité du mariage et de la vie de famille, sont des biens qu'il faut protéger dans toutes les sociétés, même face à la voix puissante des forces qui tentent de les affaiblir. Ces biens font partie de l'ordre moral objectif, et ne peuvent jamais être écartés sans porter gravement atteinte au bien commun. De même, les progrès scientifiques et technologiques devraient toujours être évalués selon de stricts critères éthiques, et rien de ce qui menace la dignité inhérente à la personne humaine ne devrait être toléré. Ce n'est qu'en adhérant fidèlement à ces vérités immuables que la société peut créer les conditions dans lesquelles les êtres humains peuvent se développer et prospérer.

108 Votre Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui renforcera ultérieurement les relations déjà fructueuses qui existent entre le Saint-Siège et votre pays. Je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister et à vous soutenir dans l'accomplissement de vos fonctions. Avec mes sincères meilleurs voeux, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple du Danemark, une abondance de Bénédictions divines.


À S.E. M. IDRISS JAZAÏRY, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République algérienne démocratique et populaire auprès du Saint-Siège.

Je vous remercie vivement, Monsieur l’Ambassadeur, pour les salutations cordiales que vous venez de m’adresser en votre nom et au nom du Président de la République, ainsi qu’au nom du gouvernement et du peuple algériens. J’ai été très sensible aux marques de sympathie parvenues d’Algérie à l’occasion du décès du Pape Jean-Paul II, notamment, lors de la célébration des obsèques, à la présence de Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika. Je vous saurais gré en retour de lui transmettre les voeux que je forme pour sa personne, particulièrement pour sa santé, et pour l’accomplissement de sa haute mission au service de ses concitoyens. Je prie le Très-Haut de bénir les efforts du peuple algérien dans l’oeuvre d’édification d’une nation toujours plus fraternelle et plus solidaire.

Vous avez évoqué, Monsieur l’Ambassadeur, les graves violences que votre pays a dû affronter au cours de ces dernières années. Seule une authentique réconciliation peut permettre aux hommes de vivre en harmonie et en paix entre eux. Le renoncement à la vengeance et l’engagement résolu sur le chemin du pardon sont les moyens dignes de l’homme pour renforcer les liens de fraternité et de solidarité. Ainsi que l’affirmait mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, «la capacité de pardonner est à la base de tout projet d’une société à venir plus juste et plus solidaire» (Message pour la Journée mondiale de la paix 2002, n. 9). Le pardon conduit la personne vers une humanité plus profonde et plus riche, éveillant en chacun le meilleur de lui-même. Mais une telle attitude, qui grandit l’homme, est nécessairement associée aux exigences de la justice. Le pardon n’est pas une marque de faiblesse et il ne peut ignorer les revendications légitimes des victimes de l’injustice, qui demandent que leurs droits soient reconnus et que les dommages subis soient réparés. Le pardon est en quelque sorte le parachèvement de la justice humaine fragile et imparfaite, permettant de cicatriser les blessures qui ont marqué parfois durablement les personnes au plus profond d’elles-mêmes et de rétablir au mieux les relations humaines qui ont été déstabilisées.

Pour défendre la valeur sacrée de la personne humaine et favoriser le respect de l’autre et la liberté religieuse, il est donc nécessaire que l’esprit de réconciliation et de justice soit inculqué aux jeunes générations, notamment dans la famille et dans l’éducation. C’est ainsi que les sociétés pourront progresser dans la solidarité et dans la fraternité, de telle sorte que la violence ne soit pas encouragée comme solution aux problèmes auxquels elles sont affrontées et que la religion ne soit jamais utilisée pour justifier un tel choix ni pour créer des inégalités entre les personnes.

Monsieur l’Ambassadeur, vous avez rappelé les grandes figures de paix et de réconciliation entre les communautés qui ont marqué l’histoire ancienne et contemporaine de votre pays. Tout récemment encore, l’Église a honoré de manière particulière Charles de Foucauld, qui a vécu sur votre terre, voulant se faire proche de tous, comme le «frère universel». Ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire, l’Église catholique entend poursuivre avec les croyants des autres religions un dialogue ouvert et sincère, à la recherche du véritable bien de l’homme et de la société. Je me réjouis donc de connaître la qualité des relations entretenues dans votre pays entre la communauté catholique et la communauté musulmane. La rencontre en vérité entre les croyants des différentes religions est un défi exigeant pour l’avenir de la paix dans le monde, et cela demande beaucoup de persévérance. Pour dépasser l’ignorance et les préjugés réciproques, il est important de créer des liens de confiance entre les personnes, notamment à travers le partage de la vie quotidienne et le travail réalisé en commun, en sorte que la libre expression des différences confessionnelles ne soit pas un motif d’exclusion mutuelle mais plutôt une occasion pour apprendre à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre.

Par votre entremise, Monsieur l’Ambassadeur, je suis heureux de pouvoir saluer avec affection la communauté catholique d’Algérie unie autour de ses Évêques. Au cours des dernières années, elle a partagé courageusement les épreuves du peuple algérien, offrant un témoignage significatif de fraternité universelle et désirant poursuivre avec générosité sa mission pour le bien du pays tout entier.

Monsieur l’Ambassadeur, vous inaugurez aujourd’hui la noble mission de représenter votre pays auprès du Saint-Siège. Veuillez accepter les voeux très cordiaux que je forme pour son heureuse réussite et soyez sûr de toujours trouver auprès de mes collaborateurs la compréhension et le soutien nécessaires!

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs, sur tous ses compatriotes et sur leurs dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines


À S.E. M. PETROS TSEGGAI ASGHEDOM, NOUVEL AMBASSADEUR D'ERYTHRÉE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Erythrée près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les salutations que vous me transmettez de la part de votre Président, S.E. M. Isaias Afwerki, et je vous prie de lui transmettre l'expression de ma gratitude et de mon respect et de l'assurer de mes prières constantes pour le bien-être de votre nation.

Le Saint-Siège attache beaucoup d'importance à ses relations diplomatiques avec votre pays, qui lui permettent de coopérer avec votre gouvernement pour les intérêts de la paix et de la stabilité au sein du bien-aimé peuple de la Corne d'Afrique. L'Eglise partage avec toutes les personnes de bonne volonté une responsabilité "à réaliser une société pacifique, pour vaincre la tentation d'affrontement entre des cultures, des ethnies et des mondes différents" (Discours au Corps diplomatique, 12 mai 2005). Vous avez fait la triste expérience du terrible tribut en vies humaines de la guerre; je vous assure que le Saint-Siège désire faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir la Communauté internationale dans ses efforts en vue d'éviter une escalade militaire supplémentaire et de résoudre les conflits qui demeurent dans votre région d'Afrique.

Les principales victimes de la guerre sont toujours les personnes, dont les vies sont très gravement perturbées par la violence et la destruction. Un grand nombre d'entre elles sont contraintes de fuir leurs foyers, ou de chercher refuge dans les Etats voisins. L'Eglise est proche des réfugiés et des personnes déplacées, "non seulement à travers sa présence pastorale et son soutien matériel, mais également à travers son engagement en vue de défendre leur dignité humaine" (Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 505). Dans votre pays, où aux effets de la guerre s'ajoute le fardeau supplémentaire de la sécheresse et de la famine, la pauvreté des habitants a atteint des proportions préoccupantes; l'Eglise catholique est engagée à leur témoigner sa solidarité dans leurs souffrances et à offrir son assistance concrète. Tandis que les dirigeants mondiaux deviennent de plus en plus conscients du besoin d'apporter une aide efficace à l'Afrique, l'Eglise est heureuse d'être associée à leur lutte contre la faim, la pauvreté et la maladie.

Bien qu'ils ne constituent qu'une petite partie de la population de l'Erythrée, les catholiques peuvent apporter une contribution importante à la vie nationale, à travers leur témoignage chrétien et leur engagement en vue de promouvoir le bien commun. Fidèle à sa nature et à sa mission, l'Eglise cherche toujours à venir en aide aux pauvres et aux malades, et à oeuvrer inlassablement pour promouvoir la dignité de la personne humaine, créée à l'image de Dieu. C'est pour cette raison qu'elle accueille avec joie l'opportunité de coopérer avec le gouvernement d'Erythrée et de placer ses ressources considérables en personnel et en expérience au service de votre peuple. Je suis certain que le gouvernement désirera à son tour faciliter les efforts humanitaires de l'Eglise, en accueillant les missionnaires qui arrivent de l'étranger et en soutenant le clergé et les religieux originaires du pays, qui consacrent toute leur vie à la prière et au ministère pastoral. Je demande en particulier que leur droit à l'exemption du service militaire soit respecté: ils pourront mieux servir l'Erythrée s'ils sont libres de suivre leur appel chrétien et leurs vocations respectives.

En effet, j'exprime mon espoir afin que des mesures concrètes soient prises pour appliquer aussi largement que possible la garantie constitutionnelle de la liberté religieuse de votre pays. Comme l'enseigne le Concile Vatican II, il s'agit d'un droit fondé sur "la dignité même de la personne humaine telle que l'ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même" (Dignitatis humanae DH 2). L'Eglise catholique se préoccupe donc profondément du fait que tous les citoyens soient libres de pratiquer leur foi et que personne ne se sente l'objet de quelque menace ou contrainte que ce soit à cet égard. Elle cherche également à promouvoir le dialogue respectueux et la fraternité entre les différentes traditions chrétiennes et entre les différentes religions, et à contribuer de cette façon à la coexistence pacifique de tous les groupes qui composent la société érythréenne. En recherchant la liberté d'accomplir sa mission d'amour parmi votre peuple, l'Eglise souhaite ardemment hâter le jour où tous les citoyens de votre pays pourront vivre ensemble dans la paix, la prospérité et l'harmonie.

Votre Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous commencez aujourd' hui renforcera les bonnes relations qui existent entre l'Etat d'Erythrée et le Saint-Siège. En vous offrant mes meilleurs voeux pour les années à venir, je vous assure que les différents bureaux de la Curie Romaine seront toujours heureux de vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple d'Erythrée, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu.




À S.E. M. FÉLIX KODJO SAGBO, NOUVEL AMBASSADEUR DU TOGO PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 1 décembre 2005

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l’Ambassadeur,

Il m’est agréable d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Togo près le Saint-Siège.

110 Je vous remercie des aimables paroles que vous m’avez adressées, faisant mémoire de mon vénéré Prédécesseur le Pape Jean-Paul II, ainsi que des salutations que vous m’avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Faure Gnassingbé, Président de la République togolaise. Je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer en retour mes voeux les meilleurs. Je salue aussi très cordialement le peuple togolais tout entier, lui souhaitant bonheur et prospérité.

Dans votre discours, Monsieur l’Ambassadeur, vous évoquez le processus démocratique engagé dans votre pays, en vue de l’instauration d’un état de droit. J’y suis particulièrement sensible. En effet, dès le début de mon Pontificat, j’ai voulu me faire proche des populations du Togo qui traversaient alors une situation douloureuse (cf. Regina Caeli, 1er mai 2005). Je souhaite vivement que les blessures ouvertes, notamment au cours des derniers mois, puissent être guéries grâce à une authentique réconciliation entre tous les fils de la nation. La violence ne peut être le moyen approprié pour construire une société juste et solidaire. Pour parvenir à une existence réconciliée où chacun pourra vivre dans la paix et dans la sécurité, où les personnes déplacées pourront revenir chez elles sans crainte, la mise en place d’instances de dialogue entre toutes les composantes de la nation est essentielle. Cela permet à toutes les sensibilités de s’exprimer, d’être entendues et d’être associées à l’édification du pays. C’est alors que progressivement la confiance reviendra entre tous, pour le bien de la nation.

Pour qu’un développement harmonieux de la société puisse se réaliser, il est nécessaire, en effet, que s’établissent entre tous des relations fondées sur le droit et la justice. La recherche du bien commun doit être une priorité qui engage de manière particulière les responsables, à tous les niveaux de la société, pour favoriser le plein épanouissement humain et spirituel de chacun, dans le respect et la promotion des personnes et de leurs droits fondamentaux, ainsi que des principes moraux essentiels. Car le bien commun n’est pas un simple bien-être socio-économique. Il revêt aussi une dimension transcendante, parce que Dieu est la fin ultime de ses créatures.

Le développement intégral des personnes et de la société, souvent entravé par des maux nombreux et profonds, dont les causes sont multiples et complexes, doit être résolument favorisé et soutenu par la solidarité internationale. Mais il est aussi vrai que c’est d’abord sur les citoyens et sur leurs dirigeants que repose la responsabilité première d’y oeuvrer, ainsi que de faire régner la paix et la réconciliation.

Comme vous le savez, Monsieur l’Ambassadeur, l’Église catholique se veut pleinement engagée dans ce combat pour le développement intégral de l’homme, pour la promotion d’un avenir de justice et de paix au profit de toute la population, sans distinctions, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. Toutefois, pour accomplir cette mission, elle doit pouvoir librement s’exprimer, dans le respect de l’autonomie des responsables de la société civile. La mission que l’Église a reçue du Christ n’est pas d’ordre politique, économique ou social: la fin qui lui est assignée est d’ordre religieux. L’Église ne recherche aucun avantage particulier pour elle-même, mais, comme le souligne le Concile Vatican II, elle «n’a pas de souhait plus ardent que de pouvoir se développer librement, au service du bien de tous, sous n’importe quel régime qui reconnaît les droits fondamentaux de la personne et de la famille, ainsi que les exigences du bien commun» (Constitution pastorale Gaudium et Spes
GS 42)

Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer par votre intermédiaire les catholiques de votre pays. Je souhaite qu’unis à leurs Évêques, à qui a été remise la charge de gouverner l’Église de Dieu, ils soient des témoins ardents du message évangélique, et qu’avec leurs concitoyens, ils travaillent généreusement à l’établissement d’une société fraternelle et solidaire.

Au moment où commence votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez sûr que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs l’accueil attentif et la compréhension cordiale dont vous pourrez avoir besoin.

J’invoque de grand coeur sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs, sur sa famille, sur le peuple togolais et sur ses dirigeants, l’abondance des Bénédictions divines.




Discours 2005-2013 11225