Discours 2005-2013 127

À S.E. M. FRANCIS MARTIN-XAVIER CAMPBELL NOUVEL AMBASSADEUR DE GRANDE-BRETAGNE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 23 décembre 2005

Votre Excellence,

128 Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord près le Saint-Siège. En vous remerciant des salutations que vous me transmettez de la part de Sa Majesté la Reine Elizabeth II et de son gouvernement, je vous prie de bien vouloir transmettre en retour mes meilleurs voeux respectueux, ainsi que mes prières pour la paix et la prospérité du royaume.

Le Saint-Siège apprécie beaucoup ses liens officiels avec votre pays, restaurés en 1914 et élevés au rang diplomatique en 1982. Ces relations ont permis un degré important de coopération au service de la paix et de la justice, en particulier dans les pays en voie de développement, où le Royaume-Uni a joué un rôle de premier plan dans les efforts internationaux en vue de combattre la pauvreté et la maladie. A travers des initiatives telles que l'"International Finance Facility", le gouvernement de Sa Majesté a adopté des mesures concrètes en vue de promouvoir la réalisation opportune des Objectifs de Développement pour le Millénaire. En Afrique, en particulier, de nombreuses personnes ont trouvé un réconfort dans les résolutions en matière d'assistance prises au cours du Sommet de Gleaneagles de juillet, lorsque les membres du G8 se sont réunis sous la présidence de la Grande-Bretagne. Je prie pour que cette solidarité effective à l'égard de nos frères et soeurs qui souffrent soit conservée et approfondie au cours des années à venir. Pour reprendre les paroles de mon vénéré prédécesseur le Pape Grégoire le Grand, "lorsque nous répondons aux besoins des indigents, nous leur donnons ce qui est à eux, pas à nous. Plus qu'accomplir une oeuvre de miséricorde, nous payons une dette de justice" (Règle pastorale, 3, 21, citée dans Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, 184).

Monsieur l'Ambassadeur, comme vous l'avez observé, votre pays connaît bien les querelles provoquées par les tristes divisions entre les chrétiens. Les blessures résultant de plus de quatre siècles de séparation ne peuvent pas être guéries sans des efforts déterminés, la persévérance et, par-dessus tout, la prière. Je rends grâce à Dieu pour les progrès qui ont été accomplis ces dernières années dans les divers dialogues oecuméniques, et j'encourage tous ceux qui sont engagés dans cette tâche à ne jamais se satisfaire de solutions partielles, et à ne jamais perdre de vue l'objectif de la pleine et visible unité parmi les chrétiens, qui correspond à la volonté du Seigneur pour son Eglise. L'oecuménisme n'est pas seulement un sujet de préoccupation interne aux communautés chrétiennes; il s'agit également d'un impératif de charité qui exprime l'amour de Dieu pour toute l'humanité et son dessein en vue d'unir tous les peuples dans le Christ (cf. Ut unum sint
UUS 99). Il s'agit d'un "signe lumineux d'espérance et de réconfort pour toute l'humanité" (Lettre du Pape Paul VI au Patriarche oecuménique Athénagoras I, 13 janvier 1970), et en tant que tel, il peut jouer un rôle essentiel en vue de surmonter les divisions entre les communautés et les nations.

A cet égard, je suis heureux de noter les progrès significatifs qui ont été accomplis au cours des dernières années vers l'obtention de la paix et de la réconciliation en Irlande du Nord. Les Eglises locales et les communautés ecclésiales ont accompli de nombreux efforts afin de surmonter les différences historiques entre les couches de la population et parmi les signes les plus visibles de la confiance mutuelle accrue figure l'abandon de la lutte armée de la part de l'IRA. Cela n'aurait pas été possible sans d'immenses efforts diplomatiques et politiques en vue de parvenir à une juste solution à ce conflit qui dure depuis longtemps, et cela confère un grand mérite à toutes les parties concernées.

Malheureusement, à la suite des attentats qui ont lieu à Londres en juillet dernier, votre pays doit encore faire face à des actes de violence indiscriminée contre la population. Je désire vous assurer du soutien permanent de l'Eglise tandis que vous recherchez des solutions aux tensions sous-jacentes qui ont donné lieu à de telles atrocités. La population catholique de Grande-Bretagne est caractérisée par un degré important de diversité ethnique et désire jouer le rôle qui est le sien dans la promotion de la réconciliation et de l'harmonie entre les différents groupes raciaux présents dans votre pays. Je sais que le gouvernement de Sa Majesté reconnaît l'importance du dialogue interreligieux et je salue l'ouverture dont le gouvernement a fait preuve en faisant participer les communautés religieuses au processus d'intégration des éléments toujours plus variés qui composent la société britannique.

La tolérance et le respect de la différence sont des valeurs que le Royaume-Uni a beaucoup contribué à promouvoir tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières, et ils découlent d'une reconnaissance de la dignité innée et des droits inaliénables de toute personne humaine. En tant que tels, ils sont profondément enracinés dans la foi chrétienne. Vous avez évoqué l'importance pour le Royaume-Uni de demeurer fidèle aux riches traditions de l'Europe, et cette fidélité comporte naturellement un profond respect pour la vérité que Dieu a révélée en ce qui concerne la personne humaine. Cela exige que nous reconnaissions et protégions la sainteté de la vie, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle. Cela exige que nous reconnaissions le rôle indispensable du mariage stable et de la vie de famille pour le bien de la société. Cela nous oblige à considérer avec attention les implications éthiques du progrès scientifique et technologique, en particulier dans le domaine de la recherche et de l'ingénierie génétique. Par-dessus tout, cela nous conduit à une correcte compréhension de la liberté humaine, qui ne peut jamais exister indépendamment de Dieu, mais uniquement en coopération avec son dessein d'amour pour l'humanité (cf. Homélie pour la fête de l'Immaculée Conception, 8 décembre 2005). Si l'on veut que la tolérance et le respect de la différence apportent un réel bénéfice à la société, ceux-ci doivent être édifiés sur le roc d'une authentique compréhension de la personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu, et appelée à partager sa vie divine.

Votre Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui contribuera à renforcer les bonnes relations qui existent entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège; En vous offrant mes meilleurs voeux pour les années à venir, je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous apporter aide et soutien dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur Votre Excellence et sur tout le peuple de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu.






AUX OUVRIERS-ARTISANS CHARGÉS DE LA RÉNOVATION DE L'APPARTEMENT PONTIFICAL Salle Clémentine Vendredi 23 décembre 2005

Chers collaborateurs et collaboratrices,

les nombreux engagements de ces derniers jours ne m'ont malheureusement pas permis de préparer un discours digne du travail que vous avez accompli. Je vous prie de m'en excuser. Je ne peux que parler, comme on le dit, de "manière improvisée". Mais ces paroles viennent réellement du coeur.

129 Je ne dirai pas grand chose. Seulement un mot. Mais ce mot, avec toute ma conviction, est un "merci" sincère qu vient du plus profond de mon coeur. En moins de trois mois, vous avez accompli un travail immense de rénovation de mon appartement. Je suis convaincu - car en Allemagne je me suis fait construire une petite maison pour moi - qu'ailleurs, ces travaux auraient duré au moins une année et probablement plus. J'ai ainsi constaté comment et avec quel dévouement vous avez travaillé, avec quelle compétence, dans une collaboration entre les divers services techniques engagés dans un tel travail que je ne peux qu'admirer, et qui, pour moi, est le témoignage d'un engagement intérieur à bien travailler et à servir le Saint-Siège et le Successeur de Pierre. Vous avez ainsi réellement donné l'exemple d'un travail responsable. Je ne peux qu'admirer les choses que vous avez faites, comme ces beaux sols. J'aime ensuite de manière particulière ma nouvelle bibliothèque, avec son plafond antique. Je me sens comme entouré par des amis, à présent que sont arrivées les étagères avec les livres; il y a ensuite le cabinet médical, et toutes les autres choses que je ne peux pas maintenant mentionner. Mais j'ai vu, bien que je ne sois pas très compétent en la matière, qu'au cours de ces trois mois vous avez travaillé, je dirais, presque jour et nuit, avec un dévouement incroyable. Je peux seulement vous assurer de ma profonde gratitude et de ma prière.
Il me vient à l'esprit que dans le Nouveau Testament, définissant la profession du Seigneur Jésus avant sa mission publique, apparaît le mot "tecton", que nous traduisons généralement par "menuisier", parce qu'à l'époque, les maisons étaient en général en bois. Mais, plus qu'un "menuisier" c'est un "artisan", qui doit pouvoir faire tout ce qui est nécessaire pour la construction d'une maison. Ainsi, dans ce sens, vous êtes des "collègues" de Notre Seigneur; vous avez précisément accompli ce qu'Il avait fait intentionnellement, selon son choix, avant d'annoncer au monde sa grande mission. Le Seigneur a ainsi voulu montrer la noblesse de ce travail. Dans le monde grec, seul le travail intellectuel était considéré digne d'un homme libre. Le travail manuel était laissé aux esclaves. La religion biblique est totalement différente. En elle, le Créateur - qui selon une belle image a créé l'homme avec ses mains - apparaît précisément comme l'exemple de l'homme qui travaille avec ses mains, et de cette manière travaille avec son cerveau et son coeur. L'homme imite le Créateur, pour que ce monde qui nous a été donné par Lui soit un monde habitable. Cela apparaît dans le récit biblique, dès le début. Mais enfin, la noblesse et la grandeur de ce travail apparaît avec force dans le fait que Jésus était "tecton", "artisan", travailleur.

Maintenant, à l'approche de la fête de Noël, le moment est venu de dire "merci" pour tout cela, pour votre travail qui, pour ma part, m'encourage à donner - comme vous qui avez tout donné -, en cette heure tardive de ma vie, tout ce que je peux donner.

Je salue vos proches et je donne à chacun de vous de tout coeur ma Bénédiction apostolique!

VISITE AU DISPENSAIRE PONTIFICAL "SAINTE-MARTHE"

Fête de la Sainte Famille de Nazareth Vendredi 30 décembre 2005



Chers amis!

C'est avec une grande affection que je vous salue tous, vous qui oeuvrez dans ce dispensaire qui porte le nom de sainte Marthe, soeur de Marie et de Lazare et modèle d'une grande disponibilité à l'égard du divin Maître. Je vous remercie de votre accueil si familial, ainsi que des paroles courtoises que, au nom de tous, l'un de vos représentants m'a adressées. Je salue Soeur Chiara et les autres soeurs, les médecins, les volontaires et chacune des familles qui trouvent ici une aide précieuse. Le service que vous accomplissez s'inspire de l'exemple de sainte Marthe, laquelle prenait soin de Jésus, qui en tant qu'homme avait des besoins humains: il avait faim et soif, il était fatigué du voyage, il avait besoin de moments de repos, de se retirer un peu des foules et de la ville de Jérusalem. Comme elle, vous aussi, vous vous efforcez de servir Jésus dans les personnes que vous rencontrez.

Ma visite revêt une signification particulière, car elle se déroule pendant la période de Noël: en ces jours, notre regard se pose sur l'Enfant Jésus. En venant ici, c'est précisément Lui que je retrouve dans les enfants que vous soignez avec amour. Ils sont l'objet de votre attention, de même que le Messie à peine né est au centre des soins de Marie et Joseph dans la crèche. En chacun d'eux, comme dans la Grotte de Bethléem, Jésus frappe à la porte de notre coeur, demande de lui faire de la place dans notre vie. Dieu est ainsi: il ne s'impose pas, il n'entre jamais par la force mais, comme un enfant, il demande à être accueilli. Dans un certains sens, Dieu aussi se présente en ayant besoin d'attention; il attend que nous lui ouvrions notre coeur et que nous prenions soin de Lui. Et chaque fois que nous nous tournons avec amour vers "l'un de ces plus petits de nos frères", comme l'a dit le Seigneur, c'est à Lui que nous rendons service (cf. Mt 25,40).

Nous célébrons aujourd'hui la fête de la Sainte Famille de Nazareth. Me trouvant parmi vous et voyant votre engagement pour les enfants et les parents, je désire souligner la vocation fondamentale de la famille à être le premier et principal lieu d'accueil de la vie. La conception moderne de la famille, également par réaction au passé, réserve une grande importance à l'amour conjugal, en soulignant ses aspects subjectifs de liberté dans le choix et dans les sentiments. On a en revanche plus de mal à percevoir et à comprendre la valeur de l'appel à collaborer avec Dieu dans la procréation de la vie humaine. En outre, les sociétés contemporaines, bien qu'elles soient dotées de nombreux moyens, ne réussissent pas toujours à faciliter la mission des parents, que ce soit sur le plan des motivations spirituelles et morales ou sur celui des conditions pratiques de vie. Il y a un besoin profond, tant d'un point de vue culturel que politique et législatif, de soutenir la famille, et des initiatives comme celles de votre dispensaire sont à cet égard plus utiles que jamais. Il s'agit de petites mais importantes réalités et, grâce à Dieu, l'Eglise en est riche et ne cesse de les mettre au service de tous.

Chers frères et soeurs, avant de vous quitter, je vous invite à prier avec moi pour toutes les familles de Rome et du monde, en particulier pour celles qui connaissent des situations difficiles, notamment parce qu'elles sont obligées de vivre loin de leurs terres d'origine. Prions pour ces parents qui ne réussissent pas à assurer à leurs enfants le nécessaire pour leur santé, pour leur éducation et pour mener une vie digne et sereine. Invoquons ensemble pour tous la protection maternelle de Marie: Ave Maria...

130 A présent, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, ainsi qu'à vos proches, en souhaitant à tous une nouvelle année pleine de paix et de tout bien.


AUX MEMBRES DE LA FÉDÉRATION DES PUERI CANTORES Vendredi 30 décembre 2005



Chers jeunes des Pueri Cantores,
Chers amis,

Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de votre Congrès à Rome; je remercie votre Président pour ses paroles chaleureuses, appréciant l’esprit dans lequel votre fédération réalise et entend poursuivre sa mission dans l’Église, au service de la liturgie, donnant de surcroît au monde entier un message de paix et de fraternité. Il est particulièrement opportun dans le temps de Noël de chanter les louanges du Seigneur et de lui exprimer notre joie, suivant ainsi l’exemple de la Vierge Marie, qui, la première, a rendu grâce au Seigneur pour le mystère de l’Incarnation, par son Magnificat, que l’Église reprend de génération en génération. Oui, nous sommes dans la joie; un Sauveur nous est né; il est venu nous libérer et nous appeler à entrer avec lui dans la gloire.

Le Concile Vatican II n’a pas manqué de rappeler combien l’Église apprécie le rôle de ceux qui, par leur chant, contribuent à la beauté de la liturgie. Car «le Christ est présent lorsque l’Église prie et chante», et nous sommes unis à l’Église du ciel (cf. Sacrosanctum Concilium SC 7-8). Vous avez donc une mission importante pour aider le peuple de Dieu à prier avec dignité, car la musique sacrée est une «fonction ministérielle» dans le service divin (ibid, n. 112). Rappelez-vous toujours que lorsque «l'Église prie, chante ou agit, la foi des participants est nourrie, les âmes sont élevées vers Dieu pour lui rendre un hommage spirituel et recevoir sa grâce avec plus d'abondance» (ibid., n. 33).

Je vous remercie donc, vous les jeunes, sachant que, outre la joie de chanter, votre engagement représente aussi une exigence et un renoncement. Je remercie les adultes qui vous accompagnent et qui vous encadrent. En vous assurant de ma prière, je vous accorde, ainsi qu’à tous les membres de la fédération des Pueri Cantores, une affectueuse Bénédiction apostolique.


AU CORPS DE LA GENDARMERIE DE L'ÉTAT DE LA CITÉ DU VATICAN Samedi 31 décembre 2005

Chers amis!

Je suis particulièrement heureux de vous rencontrer aujourd'hui, vous qui formez le Corps de la Gendarmerie de l'Etat de la Cité du Vatican. C'est une bonne occasion pour mieux vous connaître et pour vous exprimer mes sentiments d'estime et de gratitude. Je salue tout d'abord le Cardinal Edmund Casimir Szoka, Président de la Commission pontificale pour l'Etat de la Cité du Vatican, ainsi que Mgr Giulio Viviani, votre Assistant spirituel. Je salue et je remercie M. Camillo Cibin, Inspecteur général, qui s'est fait l'interprète des sentiments communs. J'étends ensuite mon salut à chacun de vous. Cette visite a lieu le dernier jour de l'année 2005, une année vraiment particulière pour l'Eglise. La maladie, la mort et les funérailles du bien-aimé Pape Jean-Paul II, la période de la vacance du Siège et du Conclave, mon élection comme Evêque de Rome sont des événements qui ont marqué de manière extraordinaire ceux qui vivent ici, au Vatican, tout comme les fidèles du monde entier. Pour vous, je le sais bien, il s'est agi d'une période de travail plus intense, que vous avez accompli avec zèle et esprit de sacrifice, selon les meilleures traditions du Corps de la Gendarmerie.

Merci, chers amis, pour ce que vous accomplissez jour avec abnégation et fidélité pour servir le Pape et ses collaborateurs, avec le Corps de la Garde Suisse pontificale, contribuant à assurer la sérénité et l'ordre dans la Cité du Vatican, à accueillir les pèlerins qui viennent auprès des tombes des Apôtres, ou rencontrer le Successeur de Pierre, en cherchant ensuite à résoudre les éventuels problèmes qui se présentent en chaque occasion, en particulier lors des célébrations liturgiques, des audiences au Vatican et des Visites apostoliques du Pape à Rome et ailleurs dans le monde. Votre activité est délicate et plus que jamais nécessaire, elle requiert du dévouement, de la prudence et une grande disponibilité. Je vous remercie de votre service!

131 Chers gendarmes! La liturgie de ce temps de Noël, en présentant la naissance du Sauveur, nous indique les pasteurs qui, alors qu'ils veillent et surveillent leurs troupeaux, accueillent l'annonce des Anges et se rendent en hâte pour l'adorer dans la Grotte de Bethléem. Nous sommes tous invités à chercher et à contempler, comme eux, notre Sauveur qui s'est fait homme pour nous et pour notre salut. Veiller et être toujours prêts à passer à l'action: voilà des attitudes de l'esprit qui s'appliquent également bien à votre travail, qui vous mobilise jour et nuit. Sachez être toujours vigilants, également dans le domaine proprement spirituel. Jésus adressa cette exhortation à tous ses disciples afin que, ne se laissant pas attirer par les divers appels du monde, ils marchent sans se lasser sur le sentier de l'Evangile et qu'ils n'égarent jamais le don précieux de la foi. C'est pourquoi il est indispensable de toujours prier, en conservant l'union intérieure avec le Seigneur. Lui seul donne son sens et sa valeur à notre existence. Que ce soit donc Lui qui nous soutienne à chaque instant et qui vous récompense pour les sacrifices que comporte votre service.

Dans quelques heures commencera une nouvelle année, que je souhaite sereine et riche de bénédictions pour chacun de vous et pour vos familles. Je vous assure dans ce but de ma prière et je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, en confiant au Seigneur tous les gendarmes en activité et ceux à la retraite, vos familles et les personnes qui vous sont chères. Par l'intercession de Marie, Mère de l'Eglise, et de saint Michel Archange, votre Patron, que l'Enfant Jésus que nous contemplons dans la crèche vous accorde une nouvelle année illuminée par sa joie et par son amour.

Merci! Bon travail et Bonne Année!



AUX MEMBRES DU COLLÈGE DES ATTACHÉS D'ANTICHAMBRE Salle Clémentine Jeudi 5 janvier 2006

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Chers amis,

Notre rencontre se déroule dans l'atmosphère suggestive du temps de Noël, au début de l'année 2006, et elle constitue une occasion plus que jamais propice pour présenter à chacun de vous mes meilleurs voeux pour une nouvelle année sereine et fructueuse. Je vous salue cordialement et je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de cette audience spéciale. Je peux dire que vous êtes ici chez vous, et je vous suis sincèrement reconnaissant pour le service d'honneur que vous prêtez, non sans sacrifices, car une disponibilité constante vous est demandée lors des audiences, des cérémonies et des rencontres officielles, lorsque le Pape rencontre les chefs d'Etat, les Premiers ministres et les Ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège. J'ai souhaité vous réserver cette rencontre pour vous dire que j'apprécie l'attention et la cordialité avec lesquelles vous accomplissez votre fonction particulière. En ces premiers mois de mon Pontificat, j'ai pu faire l'expérience d'encore plus près et de manière directe de l'esprit qui vous anime, ainsi que tous ceux qui prêtent service dans l'antichambre pontificale. Je connais également la dévotion que vous nourrissez pour le Successeur de Pierre et je vous en remercie également. Que Dieu vous en rende grâce. Je voudrais adresser un salut particulier à vos chères épouses qui vous accompagnent aujourd'hui, ainsi qu'à ceux qui ont voulu être présents à notre réunion, que nous pouvons bien qualifier de familiale.

Votre Collège digne d'éloges, coordonné par le Doyen, est placé sous la direction de la Préfecture de la Maison pontificale et possède une histoire qui remonte à plusieurs siècles. Les temps changent, les usages et les coutumes se transforment, mais cependant, l'esprit avec lequel chacun est appelé à oeuvrer aux côtés de celui que la Providence divine appelle à diriger l'Eglise universelle demeure le même. Etant donné que cette maison, la Maison pontificale, est la maison de tous les croyants, c'est aussi à vous qu'il revient, chers Attachés d'antichambre, de la rendre accueillante à quiconque vient rendre visite au Pape.

Très chers amis, votre service comporte également un engagement assidu de témoignage envers Celui qui est le véritable Seigneur et Maître de maison: Jésus Christ. Cela demande que l'on entretienne avec Lui un dialogue constant dans la prière, que l'on croisse dans son amitié et dans son intimité, prêts à témoigner de son amour accueillant à chaque personne que l'on rencontre. Si tel est l'esprit avec lequel vous accomplissez vos tâches - et je suis certain qu'il en est ainsi pour vous tous - celles-ci peuvent alors devenir un apostolat particulier, une occasion de transmettre avec courtoisie et cordialité la joie d'être des disciples du Christ dans toutes les situations et dans tous les moments de notre vie.

Nous célébrerons demain la solennité de l'Epiphanie et ma pensée se tourne vers Marie, qui présente l'Enfant Jésus aux Rois Mages venus de loin pour l'adorer. De même qu'elle présenta l'Enfant Jésus aux Rois Mages, la Vierge continue de l'offrir à l'humanité. Accueillons-le de ses mains: le Christ comble les attentes les plus profondes de notre coeur et donne tout son sens à chacun de nos projets et actions. Qu'Il soit présent dans les familles et qu'il règne partout avec la puissance de son amour. Que l'intercession maternelle de Marie vous permette de faire l'expérience chaque jour davantage de la communion profonde avec Lui, une communion qui commence sur la terre et qui parviendra à sa plénitude au ciel, où, comme le rappelle saint Paul, nous serons des "concitoyens des saints, de la maison de Dieu" (cf. Ep
Ep 2,19). Pour ma part, je désire vous assurer de mon souvenir dans la prière, afin que le Seigneur vous accompagne au cours de toute l'année qui vient de commencer, qu'il bénisse vos familles et qu'il rende riches en biens vos activités. Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends volontiers à toutes les personnes qui vous sont chères.

AUDIENCE AUX GENTILSHOMMES DE SA SAINTETÉ

Salle Clémentine du Palais Apostolique Samedi 7 janvier 2006

Chers amis,

C'est pour moi un motif de grande joie de vous accueillir ce matin en audience spéciale et de vous saluer avec une vive cordialité. Il s'agit d'une occasion propice pour mieux nous connaître et pour vous manifester mes sentiments reconnaissants pour le service que vous rendez au Successeur de Pierre. Je vous vois à l'occasion des cérémonies et des rencontres officielles, lorsque je rencontre des chefs d'Etat, des Premiers ministres, des Ambassadeurs et d'autres Autorités. Je vous suis sincèrement reconnaissant pour votre collaboration! Aujourd'hui, vous êtes venus en accompagnant non pas de hautes personnalités politiques, mais vos chères épouses, comme pour une réunion de famille. Je suis heureux de les accueillir elles aussi et de les saluer avec une affection paternelle.

133 Votre service, chers gentilshommes, est un service d'honneur qui s'insère dans la tradition séculaire de la Maison pontificale. Aujourd'hui, bien sûr, tout apparaît simplifié au sein de celle-ci, mais si par rapport au passé, les rôles et les fonctions ont changé, le but de ceux qui y travaillent demeure identique, c'est-à-dire celui de servir le Successeur de l'Apôtre Pierre. Nous nous rencontrons au terme du temps de Noël, alors que la nouvelle année vient de commencer. Au cours de cette période, notre regard était sans cesse tourné vers le Sauveur venu sur terre. C'est Lui qui, dans la simplicité désarmante de la Nuit Sainte, nous a apporté la richesse de la communion avec sa vie divine elle-même. Il est la lumière qui ne s'éteint jamais, le centre de notre existence, et nous, comme les pasteurs de Bethléem et les Rois Mages, venus d'Orient pour l'adorer, après nous être arrêtés en prière devant la crèche, nous repartons accomplir nos activités quotidiennes, en emportant dans notre coeur la joie d'avoir fait l'expérience de sa présence. Enveloppés par ce grand Mystère, nous commençons avec sérénité et confiance cette nouvelle année sous le signe de l'amour vivifiant de Dieu.

Dans cette perspective, chers amis, j'ai le plaisir de vous souhaiter une année 2006 bénéfique. Dans l'Eglise, chaque tâche est importante, car l'on coopère à la réalisation du Royaume de Dieu. La barque de Pierre, pour pouvoir avancer avec assurance, a besoin de nombreuses tâches cachées qui, avec d'autres plus apparentes, contribuent au déroulement régulier de la navigation. Il est indispensable de ne jamais perdre de vue l'objectif commun, c'est-à-dire le dévouement au Christ et à son oeuvre de salut. Je vous confie, ainsi que vos familles, à Marie, la Mère du Sauveur, pour qu'elle vous accompagne et vous soutienne dans tous les moments de la vie, alors que je vous souhaite de faire toujours davantage l'expérience de la joie de la présence du Christ dans votre existence. Et je vous bénis tous volontiers, en vous assurant d'un souvenir spécial dans ma prière.


POUR LES VOEUX AU CORPS DIPLOMATIQUE Lundi 9 janvier 2006



Excellences,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec joie que je vous accueille tous pour cette rencontre traditionnelle du Pape avec le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Après la célébration des grandes fêtes chrétiennes de Noël et de l’Épiphanie, l’Église vit encore de cette joie: c’est une grande joie, parce qu’elle provient de la présence de l’Emmanuel – Dieu avec nous –, mais c’est aussi une joie intérieure, parce qu’elle est vécue dans le cadre domestique de la Sainte Famille, dont l’Église, en ces jours, parcourt à nouveau l’histoire simple et exemplaire, en s’y associant intimement; en même temps, c’est une joie qu’il faut communiquer, parce que la vraie joie ne peut être isolée sans s’affaiblir ni s’éteindre. À vous tous donc, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, aux Peuples et aux Gouvernements que vous représentez dignement, à vos chères familles, à vos Collaborateurs, j’adresse mes voeux de joie chrétienne. Qu’elle soit la joie de la fraternité universelle apportée par le Christ, une joie riche des vraies valeurs et ouverte au partage généreux. Qu’elle vous accompagne et qu’elle grandisse chaque jour de l’année qui vient de commencer.

Votre Doyen, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, a exprimé les voeux du Corps diplomatique, interprétant vos sentiments avec délicatesse. À lui et à vous vont mes remerciements. Il a mentionné aussi certains des nombreux et graves problèmes qui agitent le monde d’aujourd’hui. Ils sont l’objet de votre sollicitude comme de celle du Saint-Siège et de l’Église catholique dans le monde entier, solidaire de toute souffrance, de toute espérance et de tout effort qui accompagne le chemin de l’homme. Nous nous sentons ainsi comme unis dans une mission commune, qui nous place toujours face à de nouveaux et formidables défis. Toutefois, nous les affrontons avec confiance, dans la volonté de nous soutenir mutuellement – chacun selon sa propre tâche –, tournés vers de grands buts communs.

J’ai dit «notre mission commune». Et quelle est-elle sinon la paix? L’Église ne fait rien d’autre que de répandre le message du Christ, venu – comme l’écrit l’Apôtre Paul dans la Lettre aux Éphésiens – pour annoncer la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient proches (cf. 2, 17). Et vous, éminents représentants diplomatiques de vos peuples, en raison de votre statut (cf. Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, 18 avril 1961, art. 3, 1, e), vous avez entre autres la noble tâche suivante: promouvoir des relations internationales amicales. C’est bien d’elles en réalité que la paix se nourrit.

La paix – nous le constatons douloureusement – reste en de nombreuses parties du monde entravée, blessée ou menacée. Quel est le chemin vers la paix? Dans le message que j’ai adressé pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix de cette année, j’ai estimé pouvoir affirmer: «Là où l’homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité, il entreprend presque naturellement le chemin de la paix» (n. 3). Dans la vérité, la paix.

Considérant la situation du monde d’aujourd’hui, où, parallèlement à de funestes scénarios de conflits armés, ouverts ou latents, ou seulement apaisés en apparence, on peut – grâce à Dieu – relever un effort courageux et tenace en faveur de la paix de la part de beaucoup d’hommes et de nombreuses institutions, je voudrais, à la manière d’un encouragement fraternel, proposer quelques réflexions, que je dégage en quelques simples énoncés.

Le premier: l’engagement pour la vérité est l’âme de la justice. Celui qui est engagé pour la vérité ne peut pas ne pas refuser la loi du plus fort, qui vit de mensonge et qui, au niveau national et international, a tant de fois émaillé de tragédies l’histoire des hommes. Le mensonge se revêt souvent d’une apparente vérité, mais en réalité il est toujours sélectif et tendancieux, orienté de manière égoïste vers une instrumentalisation de l’homme et, en définitive, vers sa soumission. Des systèmes politiques du passé, mais non seulement du passé, en sont une preuve amère. À l’opposé se situent la vérité et la véracité, qui portent à la rencontre d’autrui, à sa reconnaissance et à l’entente: par la splendeur qui lui est propre – la splendor veritatis –, la vérité ne peut pas ne pas se répandre; et l’amour du vrai est, par son dynamisme intrinsèque, tout tourné vers une compréhension impartiale et équitable, et vers le partage, en dépit de toutes sortes de difficultés.


Discours 2005-2013 127