Discours 2005-2013 159


VISITE AU SIÈGE DE RADIO VATICAN

À L'OCCASION DU 75 ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION

Vendredi 3 mars 2006
Salon de la Rédaction One-O-Five Studio "Card. Karol Wojtyla"

Chers frères et soeurs,

Je salue de tout coeur tous les auditeurs et les auditrices de Radio Vatican et je leur souhaite la paix et la joie du Seigneur. C'est pour moi une grande joie d'être ici. Nous savons tous qu'il y a 75 ans, le Pape Pie XI a inauguré Radio Vatican et qu'il a ainsi donné une nouvelle voix au Saint-Siège, et plus encore, à l'Eglise et au Seigneur. Une voix à travers laquelle puisse réellement être mis en oeuvre le mandat du Seigneur: "Annoncez l'Evangile à toute la création jusqu'aux confins de la terre". Entre-temps, je le vois bien, au cours de ces 75 ans, la technique s'est beaucoup perfectionnée. Aujourd'hui, la voix de Radio Vatican peut atteindre toutes les régions du monde, pénétrer dans d'innombrables maisons, et - comme il a été souligné - il existe surtout une belle réciprocité, qui ne consiste pas seulement à parler, mais à écouter les réponses, dans le cadre d'un véritable dialogue pour comprendre, pour répondre et pour construire ainsi la famille de Dieu. Voilà quelle est selon moi la signification d'un moyen de communication comme celui-ci: aider à construire cette grande famille qui ne connaît pas de frontières, dans laquelle, dans la multiplicité des cultures et des langues, tous sont frères et soeurs, et représentent ainsi une force pour la paix. Je voudrais souhaiter à tous ceux qui m'écoutent en ce moment de pouvoir réellement se sentir impliqués dans ce grand dialogue de la vérité. Dans le monde des moyens de communication, il ne manque pas non plus, comme nous le savons, de voix discordantes... Il est d'autant plus important qu'existe cette voix, qui veut réellement se mettre au service de la vérité, du Christ, et se mettre ainsi au service de la paix et de la réconciliation dans le monde. Je souhaite aux collaborateurs qu'ils puissent être d'efficaces instruments de cette grande oeuvre de paix du Seigneur. Je vous remercie pour tout ce que vous faites jour après jour, et peut-être aussi nuit après nuit. Je souhaite aux auditeurs que, impliqués eux-mêmes dans ce grand dialogue, ils deviennent eux aussi témoins de la vérité et de la force de la paix dans le monde.

*** Salle Marconi
160 Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

J'ai beaucoup de plaisir à me trouver parmi vous, dans ce beau siège du Palazzo Pio, que le Serviteur de Dieu Paul VI a bien voulu mettre à la disposition de Radio Vatican. Je vous salue tous cordialement et je vous remercie de votre accueil. Je salue en particulier le Révérend Préposé général de la Compagnie de Jésus, le Père Peter-Hans Kolvenbach, et je le remercie pour le service que depuis les origines de Radio Vatican, les jésuites rendent au Saint-Siège, fidèles au charisme de saint Ignace de total dévouement à l'Eglise et au Pontife Romain. Je salue le Cardinal Roberto Tucci et le Père Antonio Stefanizzi, ainsi que le Père Pasquale Borgomeo, contraint de s'absenter pour des engagements précédents, qui ont été Directeurs généraux de Radio Vatican. Je salue le Père Federico Lombardi, actuel Directeur général, et je lui suis reconnaissant pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je suis également reconnaissant à M. Candi, qui a interprété les sentiments du personnel laïc. Ma pensée va également aux employés retenus dans les autres sièges de la Radio - le Centre de Transmission "Santa Maria di Galeria", la "Palazzina Leone XIII" et la "Palazzina Marconi" - et qui prennent part à cette rencontre en liaison audio et vidéo. Je salue vos collègues déjà à la retraite, les nombreux collaborateurs, les parents et amis, et tous ceux qui auraient souhaité être présents, mais qui n'ont pas pu, en raison des limites de l'espace disponible. Mes salutations s'étendent en outre aux auditeurs de vos émissions, partout dans le monde.

Les images suggestives d'il y a 75 ans nous présentent la première station de Radio Vatican, qui peut aujourd'hui sembler modeste. Guglielmo Marconi savait toutefois que la route ouverte par la science et par la technique aurait une grande influence sur la vie de l'humanité. Mon vénéré Prédécesseur Pie XI était lui aussi bien conscient de l'importance que le nouvel instrument de communication, dont l'Eglise était en train de se doter, aurait pour la diffusion du Magistère pontifical dans le monde. Son premier radiomessage qui, le 12 février 1931, inaugura l'histoire de votre radio, était adressé avec une solennité particulière "à tous les peuples et à toutes les créatures". Dans les années qui suivirent, au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Serviteur de Dieu Pie XII, à travers ses radiomessages historiques, put faire entendre à tous les peuples des paroles de réconfort, des avertissements et des exhortations passionnées à l'espérance et à la paix. Et lorsque le communisme étendit sa domination sur diverses nations d'Europe centrale et orientale et sur d'autres régions de la terre, Radio Vatican multiplia les programmes et les langues de transmission, pour faire en sorte que le témoignage de la proximité du Pape et de l'Eglise universelle parvienne aux communautés chrétiennes oppressées par des régimes totalitaires. Avec le Concile Vatican II, l'on prit encore davantage conscience de l'importance que les instruments de la communication auraient eue dans la diffusion du message évangélique à notre époque, et votre station, à travers des moyens techniques valides et modernes, commença à développer une programmation radiophonique de plus en plus riche et élaborée. Enfin, aujourd'hui, grâce aux technologies les plus avancées, en particulier les satellites et internet, vous êtes en mesure de produire des programmes en différentes langues, qui sont enregistrés et retransmis par de nombreuses stations sur tous les continents, atteignant ainsi un nombre toujours plus vaste d'auditeurs.

Chers amis, nous ne pouvons manquer de rendre grâce au Seigneur de tout cela et, dans le même temps, de le prier pour qu'il continue de vous assister dans votre travail. Invoquez-le avec les paroles gravées sur la façade principale de votre siège: "Adsis Christe, eorumque aspira laboribus, qui pro tuo nomine certant - Assiste, ô Christ, et inspire les efforts de ceux qui combattent pour ton nom". Oui! Votre combat est "le bon combat de la foi", selon les paroles de l'Apôtre Paul (cf.
1Tm 6,12), en vue de diffuser l'Evangile du Christ. Il consiste, comme on le lit dans vos statuts, à "annoncer avec liberté, fidélité et efficacité le message chrétien et relier le centre de la catholicité avec les divers pays du monde: en diffusant la voix et les enseignements du Pontife Romain; en informant sur l'activité du Saint-Siège; en se faisant l'écho de la vie catholique dans le monde; en invitant à examiner les problèmes actuels à la lumière du magistère ecclésiastique et dans l'attention constante aux signes des temps" (n. 1.3).

C'est une mission qui demeure toujours actuelle, même si avec le temps les circonstances et les modalités en vue de la mettre en oeuvre changent. En effet, Radio Vatican n'est plus aujourd'hui une seule voix qui irradie à partir d'un seul point, comme c'était le cas à l'époque de la première station de Guglielmo Marconi. Il s'agit plutôt d'un choeur de voix, qui résonne en plus de quarante langues et qui peut dialoguer avec des cultures et des religions différentes; un choeur de voix qui parcourt les voies de l'éther grâce aux ondes électromagnétiques et se diffuse par capillarité pour aller s'inscrire tout au long des noeuds et des mailles de ce réseau télématique toujours plus étroit qui enveloppe la planète. Chers amis, continuez à oeuvrer au sein du grand aréopage de la communication moderne, en tirant profit de l'extraordinaire expérience que vous avez vécue pendant le Grand Jubilé de l'An 2000 et, plus encore, à l'occasion de la mort du bien-aimé Pape Jean-Paul II, un événement qui a montré combien l'humanité désire connaître la réalité de l'Eglise. Mais n'oubliez pas que pour mener à bien la mission qui vous est confiée, une formation technique et professionnelle adaptée est bien sûr exigée, mais il est surtout nécessaire que vous cultiviez sans cesse en vous un esprit de prière et d'adhésion fidèle aux enseignements du Christ et de son Eglise. Que vous aide et vous protège toujours la Vierge Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation. Tout en vous renouvelant mes sentiments de reconnaissance, je vous donne volontiers, chers frères et soeurs ici présents, ma Bénédiction, en l'étendant aux personnes qui vous sont chères et à tous les auditeurs et auditrices de Radio Vatican.


AUX MEMBRES DE L’UNION CHRÉTIENNE DES CHEFS D'ENTREPRISES (U.C.I.D.) Salle Paul VI Samedi 4 mars 2006





Messieurs les Cardinaux,
Chers amis de l'Union chrétienne des chefs d'entreprises!

161 Je suis heureux de vous accueillir et j'adresse mon salut cordial à chacun de vous. Une pensée particulière va au Cardinal Ennio Antonelli, qui a interprété vos sentiments communs. Je le remercie de son hommage, de même que je suis également reconnaissant au Président de l'UCID des paroles courtoises avec lesquelles il a ouvert notre rencontre, en présentant les motivations et le caractère de votre engagement personnel et associatif. J'ai en particulier été frappé par l'intention que vous avez manifestée de tendre vers une éthique qui aille au-delà de la simple déontologie professionnelle - même si, dans le contexte actuel, cela serait déjà beaucoup. Cela m'a fait penser au rapport entre justice et charité, auquel j'ai consacré une réflexion spéciale dans la deuxième partie de l'Encyclique Deus caritas est (nn. 26-29). Le chrétien est toujours appelé à rechercher la justice, mais il porte en lui l'élan de l'amour, qui va au-delà de la justice elle-même. Le chemin accompli par les laïcs chrétiens, à partir de la moitié du XIX siècle jusqu'à aujourd'hui, les a conduits à prendre conscience que les oeuvres de charité ne doivent pas se substituer à l'engagement pour la justice sociale. La doctrine sociale de l'Eglise et surtout l'action de nombreux mouvements d'inspiration chrétienne, comme le vôtre, révèlent combien de chemin a été parcouru par les communautés ecclésiales sur ce thème. Ces derniers temps, également grâce au magistère et au témoignage des Pontifes romains, et en particulier du bien-aimé Pape Jean-Paul II, il apparaît plus clairement en chacun de nous que la justice et la charité constituent deux aspects inséparables de l'unique engagement social du chrétien. Il revient de manière particulière aux fidèles laïcs d'oeuvrer pour un ordre juste dans la société, en participant en personne à la vie publique, en coopérant avec les autres citoyens sous leur responsabilité personnelle (cf. Deus caritas est ). En agissant de la sorte, ils sont précisément animés par la "charité sociale", qui les rend attentifs aux personnes en tant que personnes, aux situations de plus grande difficulté et de solitude, et également aux besoins non matériels (cf. ibid., 28b).

Il y a deux ans, grâce au Conseil pontifical "Justice et Paix", a été publié le Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise. Il s'agit d'un instrument de formation des plus utiles pour tous ceux qui entendent se laisser guider par l'Evangile dans leur travail et leur activité professionnelle. Je suis certain qu'il a été l'objet d'un examen attentif également de votre part et je souhaite que, pour chacun de vous et pour les sections locales de l'UCID, il devienne un point de référence constant lors de l'examen des questions, de l'élaboration des projets, de la recherche de solutions pour les problèmes complexes du monde du travail et de l'économie. En effet, c'est précisément dans ce domaine que vous réalisez une partie incontournable de votre mission de laïcs chrétiens, et donc de votre chemin de sanctification.

En outre, j'ai pris connaissance avec intérêt de la "Charte des valeurs" des jeunes de l'UCID et je me félicite de l'esprit positif et de confiance dans la personne humaine qui l'anime. A chaque "credo", elle unit un "je m'engage", en misant ainsi sur la cohérence entre une profonde conviction et un effort d'exécution consécutif. J'ai en particulier apprécié la proposition de valoriser chaque personne pour ce qu'elle est et ce qu'elle peut apporter, selon ses talents, en fuyant toute forme d'exploitation; ainsi que l'importance reconnue à la famille et à la responsabilité personnelle. Il s'agit malheureusement de valeurs qui, également à cause des difficultés économiques actuelles, risquent souvent de ne pas être suivies par les entrepreneurs qui sont privés d'une solide inspiration morale. C'est pourquoi l'apport de ceux qui puisent cette inspiration à leur formation chrétienne est indispensable; et celle-ci, à plus forte raison, ne doit jamais être considérée comme allant de soi, mais doit toujours être nourrie et renouvelée.

Chers amis, dans quelques jours, nous célébrerons la solennité de saint Joseph, Patron des travailleurs. Dans l'histoire de votre Association, sa vénération a assurément toujours été présente. Quant à moi, qui porte aussi son nom, je suis aujourd'hui heureux de pouvoir vous l'indiquer non seulement en tant que protecteur et intercesseur céleste pour toute initiative de grand mérite, mais plus encore comme confident de votre prière, de votre engagement ordinaire, certainement riche de satisfactions et de déceptions, de votre recherche quotidienne et, dirais-je, tenace, de la justice de Dieu dans les choses humaines. C'est précisément saint Joseph qui vous aidera à mettre en pratique l'exhortation exigeante de Jésus: "Cherchez tout d'abord son Royaume et sa justice" (
Mt 6,33). Que la Vierge Marie vous assiste également toujours, avec les grands témoins de la charité sociale qui ont diffusé l'Evangile de la charité à travers leur enseignement et leur action. Enfin, que vous accompagne ma Bénédiction apostolique, que je donne de tout coeur à vous tous ici présents, en l'étendant volontiers à tous vos membres et à vos proches.


AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL À L'OCCASION DU 40 ANNIVERSAIRE DU DÉCRET CONCILIARE "AD GENTES" Salle des Bénédictions Samedi 11 mars 2006

Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Je vous salue avec affection, vous tous qui avez participé au Congrès international organisé par la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples et par l'Université pontificale urbanienne, à l'occasion du 40 anniversaire du Décret conciliaire Ad gentes.Je salue en premier lieu le Cardinal Crescenzio Sepe, Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue les Evêques et les prêtres présents, ainsi que tous ceux qui ont pris part à cette initiative très opportune, car elle répond à l'exigence de continuer à approfondir les enseignements du Concile Vatican II, pour faire ressortir l'élan imprimé par cette assemblée conciliaire à la vie et à la mission de l'Eglise.

En effet, à travers l'approbation, le 7 décembre 1965, du Décret Ad gentes, un élan renouvelé a été donné à la mission de l'Eglise. Les fondements théologiques de l'engagement missionnaire ont été mieux identifiés; de même que sa valeur et son actualité face aux transformations du monde et aux défis que pose la modernité à la prédication de l'Evangile (cf. n. 1). L'Eglise a acquis une conscience encore plus claire de sa vocation missionnaire innée, en reconnaissant en elle un élément constitutif de sa nature même. En obéissance au commandement du Christ, qui envoya ses disciples pour annoncer l'Evangile à toutes les nations (cf. Mt 28,18-20), la communauté chrétienne, à notre époque également, se sent envoyée aux hommes et aux femmes du troisième millénaire, pour leur faire connaître la vérité du message évangélique et leur ouvrir de cette façon la voie du salut. Et cela, comme je le disais, ne constitue pas quelque chose de facultatif, mais la vocation propre du Peuple de Dieu, un devoir qui lui revient sur mandat du Seigneur Jésus Christ lui-même (cf. Evangelii nuntiandi EN 5). L'annonce et le témoignage de l'Evangile sont même le premier service que les chrétiens doivent rendre à chaque personne et au genre humain tout entier, appelés à transmettre à tous l'amour de Dieu qui se manifeste en plénitude dans l'unique Rédempteur du monde, Jésus Christ.

162 La publication du Décret conciliaire Ad gentes, sur lequel vous avez réfléchi de façon opportune, a permis de mieux mettre en évidence la racine originelle de la mission de l'Eglise, c'est-à-dire la voie trinitaire de Dieu, dont jaillit le mouvement d'amour qui, des Personnes Divines, se diffuse sur l'humanité. Tout jaillit du coeur du Père céleste, qui a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne meure pas, mais ait la vie éternelle (cf. Jn 3,16). A travers le mystère de l'Incarnation, le Fils unique a été constitué médiateur suprême et authentique entre le Père et les hommes. En Lui, mort et ressuscité, la tendresse providentielle du Père atteint tout homme dans les formes et les voies que Lui seul connaît. Le devoir de l'Eglise consiste à communiquer sans cesse cet amour divin, grâce à l'action vivifiante de l'Esprit Saint. C'est en effet l'Esprit qui transforme la vie des croyants, les libérant de l'esclavage du péché et de la mort, et les rendant capables de témoigner de l'amour miséricordieux de Dieu, qui veut faire de l'humanité, dans son Fils, une unique famille (cf. Deus caritas est ).

Dès ses origines, le Peuple chrétien a perçu clairement l'importance de transmettre la richesse de cet amour à ceux qui ne connaissaient pas encore le Christ, à travers une action missionnaire constante. Plus encore, au cours des dernières années, l'on a ressenti le besoin de réitérer cet engagement, car à l'époque moderne, comme l'observait mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II, la missio ad gentes semble parfois connaître une phase de ralentissement, en raison des difficultés dues au changement du cadre anthropologique, culturel, social et religieux de l'humanité. L'Eglise est appelée aujourd'hui à affronter des défis nouveaux et elle est prête à dialoguer avec des cultures et des religions diverses, en cherchant à construire avec toute personne de bonne volonté la coexistence pacifique des peuples. Le domaine de la missio ad gentes s'est ainsi sensiblement étendu et ne se définit pas seulement sur la base de considérations géographiques ou juridiques; en effet, les véritables destinataires de l'activité missionnaire du Peuple de Dieu ne sont pas seulement les peuples non-chrétiens et les terres lointaines, mais également les milieux socio-culturels et surtout les coeurs.

Il s'agit d'un mandat dont la réalisation fidèle exige patience et clairvoyance, courage et humilité, écoute de Dieu et discernement attentif des "signes des temps". Le Décret conciliaire Ad gentes montre combien l'Eglise est consciente que, pour que "ce qui a été accompli une fois en vue du salut de tous, obtienne son résultat chez tous au cours des âges" (n. 3), il est nécessaire de parcourir le même chemin que le Christ, chemin qui conduit jusqu'à la mort sur la croix. En effet, "c'est donc par la même route qu'a suivie le Christ lui-même, que, sous la poussée de l'Esprit du Christ", l'action évangélisatrice "doit marcher, c'est-à-dire par la route de la pauvreté, de l'obéissance, du service et de l'immolation de soi jusqu'à la mort, dont il est sorti victorieux par sa résurrection" (ibid., n. 5). Oui! L'Eglise est appelée à servir l'humanité de notre temps, en ayant confiance uniquement en Jésus, en se laissant éclairer par sa Parole, et en l'imitant dans le don généreux de soi à ses frères. Celle-ci constitue un instrument entre ses mains, et pour cela, accomplit ce qui lui est possible, consciente que celui qui réalise toute chose est toujours le Seigneur.

Chers frères et soeurs, merci de la réflexion que vous avez développée ces jours-ci, en approfondissant les contenus et les modalités de l'activité missionnaire à notre époque, en vous arrêtant en particulier pour mettre en lumière le devoir de la théologie, qui est également une exposition systématique des divers aspects de la mission de l'Eglise. Avec la contribution de tous les chrétiens, l'annonce de l'Evangile apparaîtra certainement toujours plus compréhensible et efficace. Que Marie, Etoile de l'évangélisation, aide et soutienne tous ceux qui, dans tant de régions du monde, oeuvrent aux frontières avancées de la mission. A cet égard, comment ne pas rappeler tous ceux qui, récemment encore, ont donné leur vie pour l'Evangile? Que leur sacrifice connaisse un nouveau printemps, riche de fruits apostoliques pour l'évangélisation. Pour cela, prions, en confiant au Seigneur tous ceux qui, de diverses façons, travaillent dans la grande vigne du Seigneur. Avec ces sentiments, je vous donne, à vous tous ici présents, la Bénédiction apostolique, en l'étendant de tout coeur aux personnes qui vous sont chères et aux communautés ecclésiales auxquelles vous appartenez.

CONCLUSION DES EXERCICES SPIRITUELS AU VATICAN Chapelle Redemptoris Mater Samedi 11 mars 2006



Monsieur le Cardinal,
Chers confrères,

Au terme de ces journées de grâce, le Pape a le devoir et le plaisir de vous dire: Merci! Grâce soit d'abord rendue au Seigneur, qui nous a accordé ce temps de souffle physique et spirituel. Merci à vous, Monsieur le Cardinal, qui nous avez conduits dans le sillage de saint Marc sur le chemin vers Jérusalem avec Jésus.

Dès le début, vous nous avez immédiatement fait comprendre le caractère profondément ecclésial de ce "sacramentum exercitii". Vous nous avez fait comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une retraite individuelle, privée. A travers le "sacramentum exercitii", nous réalisons notre solidarité avec l'Eglise dans l'"exercitium" sacramentel commun et, ainsi, nous répondons à notre responsabilité de pasteurs. Nous ne pouvons pas apporter au monde la joyeuse annonce, qui est le Christ en personne, si nous ne demeurons pas nous-mêmes en une profonde unité avec le Christ, si nous ne le connaissons pas profondément, personnellement, si nous ne vivons pas de sa Parole.

En plus du caractère ecclésiastique et ecclésial de ces Exercices, vous nous en avez montré également le caractère christologique. Vous nous avez rendus attentifs au Maître intérieur; vous nous avez aidés à écouter le Maître qui parle avec nous et en nous; vous nous avez aidés à répondre, à parler avec le Seigneur, en écoutant sa Parole. Vous nous avez guidés sur cette route "catéchuménale" qu'est l'Evangile de Marc, en un pèlerinage commun avec les disciples, vers Jérusalem, et vous nous avez donné à nouveau la certitude que dans notre barque - malgré toutes les tempêtes de l'histoire - se trouve le Christ. Vous nous avez enseigné à nouveau à voir sur le visage souffrant du Christ, sur le visage couronné d'épines la gloire du Ressuscité. Nous vous sommes reconnaissants, Monsieur le Cardinal, et nous pouvons avec une force nouvelle et une joie nouvelle nous mettre en pèlerinage avec le Christ et avec les disciples vers la Pâque.

163 Au cours de toutes ces journées, mon regard a inévitablement été tourné vers cette représentation de l'annonce faite à Marie. J'ai été fasciné par la chose suivante: l'Archange Gabriel tient à la main un rouleau, dont je pense qu'il symbolise l'Ecriture, la Parole de Dieu. Et Marie est agenouillée à l'intérieur du rouleau. Marie est dans le rouleau, c'est-à-dire qu'elle vit dans la Parole de Dieu, à travers toute son existence, elle vit au sein même de la Parole. Et elle est comme pénétrée par la Parole. Ainsi, toute sa pensée, sa volonté, son action sont pénétrées et façonnées par la Parole. En demeurant elle-même dans la Parole, elle peut également devenir la "Demeure" nouvelle de la Parole dans le monde.

En fin de compte, uniquement par ces indications, vous nous avez guidés silencieusement, Monsieur le Cardinal, sur un chemin marial. Ce chemin marial nous appelle à nous inscrire dans la Parole de Dieu, à placer notre vie à l'intérieur de la Parole de Dieu et à laisser notre existence être pénétrée par cette Parole, afin de pouvoir être des témoins de la Parole vivante, du Christ lui-même dans notre temps.

Ainsi, avec un courage nouveau, avec une joie nouvelle, nous nous acheminons vers la Pâque, vers la célébration du Mystère du Christ, qui est toujours davantage qu'une célébration ou un rite: elle est Présence et Vérité. Et nous prions le Seigneur afin qu'il nous aide à Le suivre et à être ainsi également des guides et des pasteurs du troupeau qui nous est confié.

Merci Monsieur le Cardinal!
Merci chers confrères!

RÉCITATION DU ROSAIRE AVEC LES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES

Aula Paul VI Samedi 11 mars 2006

Chers jeunes étudiants universitaires!

Au terme de la prière du saint Rosaire, c'est avec une grande joie que j'adresse un salut cordial à vous tous, réunis ici, au Vatican, et en même temps, à Madrid, Nairobi, Owerri, Abidjan, Dublin, Salamanque, Munich, Fribourg, Saint-Pétersbourg, Sofia, ainsi qu'à Antananarive et Bonn. Avec vous, je salue et je remercie les vénérés Pasteurs qui vous accompagnent et qui guident votre prière en liaison avec nous. Il s'agit d'un beau signe de communion de l'Eglise catholique. Je remercie également le choeur et l'orchestre, ainsi que tous les divers organismes qui ont collaboré à cet événement: le Centre de Télévision du Vatican, Radio Vatican, Telespace, les Ministères des Affaires étrangères et de l'Université, la Province et la Mairie de Rome.

Cette veillée mariale, chère au Pape Jean-Paul II, bâtit des ponts de fraternité entre les jeunes étudiants universitaires d'Europe, et ce soir, elle les prolonge jusqu'au coeur du grand continent africain, afin que croisse la communion entre les nouvelles générations et que se diffuse la civilisation de l'amour. C'est pourquoi je désire faire parvenir à nos amis qui sont reliés avec nous depuis l'Afrique un salut particulièrement affectueux, que je voudrais étendre à toutes les chères populations africaines.

Le Saint-Père s'est ensuite adressé aux étudiants du monde entier dans diverses langues:
[en espagnol]
164 Chers jeunes universitaires réunis à Madrid et à Salamanque! Que la Vierge Marie vous aide à témoigner de l'amour de Dieu parmi vos amis et vos compagnons d'étude.

[en anglais]
Mes chers amis, réunis à Nairobi, Owerri et Dublin; puisse Marie, Siège de la Sagesse, vous enseigner toujours à intégrer la vérité et l'amour dans vos études et dans vos vies!

[en allemand]
Chers jeunes de Munich et de Bonn! Puisez l'amour divin dans le coeur du Christ et exprimez-le à travers des oeuvres concrètes au service de vos frères et soeurs. Que la Vierge Marie vous accompagne et vous aide en cela!

[en français]
Chers étudiants de Fribourg et d'Abidjan! Sous la conduite maternelle de Marie, suivez toujours Jésus sur le chemin de l'amour, en faisant de votre vie un don généreux.

[en russe]
Chers amis de Saint-Pétersbourg! Que la Sainte Mère de Dieu accompagne votre itinéraire de formation afin que vous puissiez entreprendre votre activité professionnelle animés par l'amour chrétien.

[en bulgare]
Chers jeunes de Sofia! Dieu est amour: que cette vérité fondamentale de la foi chrétienne illumine toujours vos études et votre vie.

165 Chers amis, d'ici peu, je remettrai mon Encyclique Deus caritas est à quelques-uns de vos représentants. De cette façon, je voudrais la remettre symboliquement à tous les étudiants universitaires d'Europe et d'Afrique, avec le souhait que la vérité fondamentale de la foi chrétienne - Dieu est amour - illumine votre chemin à chacun et s'étende à travers votre témoignage à vos compagnons d'étude. Cette vérité sur l'amour de Dieu, origine, sens et fin de l'univers et de l'histoire, a été révélée par Jésus Christ, à travers sa parole et sa vie, au plus haut degré, dans sa Pâque de mort et de résurrection. Celle-ci est à la base de la sagesse chrétienne qui, comme un levain, est en mesure de développer toute culture humaine, afin qu'elle exprime le meilleur d'elle-même et qu'elle contribue à la croissance d'un monde plus juste et pacifique.

Chers étudiants universitaires, en vous remettant l'Encyclique, je vous propose également mon Message pour la XXI Journée mondiale de la Jeunesse, que nous célébrerons lors du prochain Dimanche des Rameaux. J'ai consacré ce Message à l'importance de la Parole de Dieu et pour cela, je lui ai donné pour titre un verset du Psaume 118, qui dit: "Une lampe sur mes pas, ta Parole, une lumière sur ma route". En préparation à la Journée des Rameaux, je vous invite au traditionnel rendez-vous pour tous les jeunes, qui aura lieu dans l'après-midi du jeudi 6 avril, Place Saint-Pierre. Nous accueillerons la Croix en pèlerinage provenant de Cologne, et nous rappellerons avec un coeur reconnaissant, à près d'un an de sa mort, mon grand prédécesseur Jean-Paul II.

Que Marie, Siège de la Sagesse, obtienne pour vous, en ce Carême, un profond renouveau spirituel, afin que vous puissiez toujours vivre et offrir vos études à la gloire de Dieu. A cette fin, ayez l'assurance que je continuerai de vous rappeler dans mes prières, tandis que je vous bénis tous de tout coeur, ainsi que les membres de vos familles.


AUX MEMBRES DE L’ "AMERICAN JEWISH COMMITTEE" Jeudi 16 mars 2006





Eminents membres de l'"American Jewish Committee",

Je vous accueille avec plaisir au Vatican, et je suis certain que cette rencontre encouragera ultérieurement vos efforts en vue de faire croître l'amitié entre le peuple juif et l'Eglise catholique.

La récente célébration du 40 anniversaire de la Déclaration du Concile Vatican II Nostra aetate, a accru notre désir commun de mieux nous connaître les uns les autres et de développer un dialogue caractérisé par le respect et l'amour réciproques. En effet, les juifs et les chrétiens possèdent un riche patrimoine commun. De nombreuses façons, cela confère une caractéristique unique à notre relation parmi les religions du monde. L'Eglise ne peut jamais oublier le peuple élu avec lequel Dieu a établi une sainte alliance (cf. Nostra aetate NAE 4).

Le judaïsme, le christianisme et l'islam croient en un Dieu unique, Créateur du ciel et de la terre. Il s'ensuit donc que les trois religions monothéistes sont appelées à coopérer les unes avec les autres pour le bien commun de l'humanité, en servant la cause de la justice et de la paix dans le monde. Cela est particulièrement important aujourd'hui, où il faut prêter une attention spéciale à l'enseignement du respect pour Dieu, pour les religions et leurs symboles, ainsi que pour les lieux saints et les lieux de culte. Les guides religieux ont une responsabilité dans l'oeuvre de la réconciliation à travers le dialogue authentique et les actes de solidarité humaine.

Chers amis, je prie pour que votre visite aujourd'hui puisse vous confirmer dans vos efforts en vue de bâtir des ponts de compréhension au-delà de toutes les barrières. Sur vous tous, j'invoque les dons divins de force et de réconfort.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES COMMUNICATIONS SOCIALES Salle Clémentine Vendredi 17 mars 2006



Eminences,
Excellences,
166 Chers frères et soeurs dans le Christ!

C'est avec un grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue au Vatican à l'occasion de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour les Communications sociales. Je désire avant tout remercier Mgr Foley, Président du Conseil, pour ses aimables paroles d'introduction, et remercier chacun de vous pour son engagement dans l'apostolat important des communications sociales, en tant que forme directe d'évangélisation, mais aussi en tant que contribution à la promotion de tout ce qui est bon et vrai pour chaque société humaine.

Dans mon premier Message pour la Journée mondiale des Communications sociales, j'ai choisi de réfléchir sur les médias en tant que réseau facilitant la communication, la communion et la coopération. Je l'ai fait en rappelant que le Décret du Concile Vatican II, Inter Mirifica, avait déjà reconnu l'immense pouvoir des médias dans la formation des consciences et de la façon de penser des personnes. Quarante ans plus tard, nous réalisons plus que jamais le besoin pressant d'utiliser ce pouvoir au bénéfice de l'humanité.

Saint Paul nous rappelle qu'à travers le Christ, nous ne sommes plus des étrangers, ni des hôtes, mais nous sommes citoyens des saints, membres de la maison de Dieu, grandissant en un temple saint, dans le Seigneur (cf. Ep
Ep 2,19-22). Cette image sublime de la vie de communion engage tous les aspects de notre vie en tant que chrétiens et vous indique, de façon particulière, le défi d'encourager les communications sociales et l'industrie du divertissement à être les protagonistes de la vérité et les promoteurs de la paix qui découle de vies vécues en accord avec cette vérité libératrice. Comme vous le savez bien, un tel engagement exige un courage et une détermination de principe de la part de ceux qui possèdent l'industrie extrêmement influente des médias, ou qui y travaillent, en vue de garantir que la promotion du bien commun ne soit jamais sacrifiée à la recherche égoïste du profit ou à un programme idéologique ayant un faible sens de responsabilité publique. En réfléchissant sur ces préoccupations, je suis certain que l'étude de la Lettre apostolique de mon bien-aimé prédécesseur Le progrès rapide, sera d'une grande aide.

J'ai également désiré, dans mon Message de cette année, attirer une attention particulière sur le devoir urgent de soutenir et de promouvoir le mariage et la vie de famille, fondement de toute culture et société. En coopération avec les parents, les communications sociales et les industries du divertissement peuvent contribuer à la vocation difficile, mais extrêmement gratifiante, d'élever les enfants en présentant des modèles édifiants de vie humaine et d'amour. Comme cela est décourageant et destructeur pour nous tous lorsque c'est le contraire qui se produit! Nos coeurs ne pleurent-ils pas, en particulier lorsque nos jeunes sont l'objet d'expressions d'amour fausses ou sans fondements, qui ridiculisent la dignité de la personne humaine donnée par Dieu et qui mine les intérêts de la famille?

En conclusion, je vous exhorte à renouveler vos efforts en vue d'aider tous ceux qui travaillent dans le monde des médias à promouvoir ce qui est bon et vrai, en particulier en ce qui concerne la signification de l'existence humaine et sociale, et à dénoncer tout ce qui est faux, en particulier les tendances néfastes qui nuisent au tissu d'une société civile digne de la personne humaine. Soyons encouragés par les paroles de saint Paul: le Christ est notre paix: en lui, nous ne sommes qu'un seul peuple (cf. Ep Ep 2,14)! Et oeuvrons ensemble, afin d'édifier la communion d'amour selon les desseins que le Créateur a fait connaître à travers son Fils! A vous tous, à vos collègues, et aux membres de vos familles, je donne de tout coeur une Bénédiction apostolique.



Discours 2005-2013 159