Discours 2005-2013 12107

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Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur,
Chers fonctionnaires et agents!

Après les festivités solennelles de Noël et le début d'une nouvelle année, la rencontre avec vous, qui formez l'Inspectorat général de la Sécurité publique auprès du Vatican, représente un moment toujours agréable et familial. J'adresse à chacun de vous mes salutations cordiales et je suis heureux de cette occasion pour vous exprimer ma satisfaction et ma reconnaissance pour votre précieux service. Je remercie en particulier le Directeur général, Monsieur Vincenzo Caso, pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées; et j'adresse ma pensée reconnaissante également au chef de la Police, le Préfet Gianni De Gennaro, et au Préfet Salvatore Festa. Je suis heureux d'adresser à tous mes meilleurs voeux pour l'année qui vient de commencer.

Chers amis, ce rendez-vous nous offre non seulement toujours la joie de nous retrouver ensemble, mais également un motif de réflexion, et contribue à renforcer en vous les motivations de la tâche qui vous a été confiée. Je sais bien, également pour en avoir fait personnellement l'expérience, combien est importante pour les pèlerins et les touristes votre présence discrète dans les lieux qui constituent le coeur de la Rome chrétienne. Chacun d'eux, qui souhaite visiter la Basilique Saint-Pierre ou traverse l'imposante Colonnade du Bernin, croise vos visages et fait souvent appel à vos compétences. Je voudrais souligner aujourd'hui un aspect particulier de votre travail irremplaçable: c'est celui de la protection des lieux et de l'attention aux personnes. L'attention et la protection sont des éléments essentiels pour comprendre la signification réelle de l'engagement spécifique qui vous est demandé. Vous avez la tâche de garder et de surveiller des lieux qui ont une valeur inestimable pour la mémoire et la foi de millions de pèlerins; des lieux qui contiennent de grands trésors d'histoire et d'art, mais surtout où advient un insondable mystère, la rencontre vivante des fidèles avec le Seigneur Jésus. Le Peuple de Dieu, le pèlerin, chaque personne comprend, en passant à côté de vous, qu'elle jouit d'une protection particulière, rassurante. Puisse chacun se sentir aidé et protégé par votre présence, et qu'il soit ainsi encouragé à participer au grand patrimoine spirituel de la communauté chrétienne. En tant que membres de ce Corps spécial de Sécurité publique, ayez la sollicitude de veiller à ce que chaque personne puisse parvenir dans la tranquillité jusqu'au seuil des lieux saints; sous votre garde, que les pèlerins ouvrent leur coeur à la rencontre avec le Dieu véritable et vivifiant.

Chers frères et soeurs, il s'agit d'une réflexion qui vaut pour chacun de nous: nous sommes tous appelés à être des gardiens de notre prochain. Le Seigneur nous demandera compte de la responsabilité qui nous est confiée, du bien ou du mal que nous aurons accompli à l'égard de nos frères: si nous les avons accompagnés avec attention sur le chemin quotidien, en nous mettant à l'écoute des angoisses et des joies manifestées par leur coeur; si nous avons été à leurs côtés, de manière discrète mais constante, dans leur voyage et si nous les avons aidés et soutenus lorsque le chemin devenait plus exigeant et difficile.

Chers amis, nous portons ensemble le poids les uns des autres, en partageant la joie d'appartenir au Seigneur et de vivre constamment à la lumière de son Evangile, parole de vérité qui sauve. Nous demandons la protection maternelle de la Vierge Marie, au début de cette nouvelle année, en lui confiant toutes les tristesses, toutes les angoisses et toutes les espérances, afin qu'en toute circonstance de la vie, nous puissions aimer, nous réjouir et vivre dans la foi du Fils de Dieu qui pour nous s'est fait homme. Avec ces sentiments, tout en vous souhaitant un travail serein et fécond, j'invoque sur vous, sur vos familles et sur toutes les personnes qui vous sont chères, l'abondance des dons célestes, et je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.


À S.E. M. MUAMMER DOGAN AKDUR NOUVEL AMBASSADEUR DE TURQUIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 19 janvier 2007



Monsieur l'Ambassadeur,

342 J’accueille avec plaisir Votre Excellence au Vatican à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Turquie près le Saint-Siège.

Je vous remercie des paroles aimables que vous m'avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Ahmet Necdet Sezer, Président de la République, et je vous saurais gré de lui exprimer en retour mes voeux cordiaux pour sa personne et pour ses compatriotes. Je tiens, à cette occasion, à exprimer une fois encore ma gratitude aux Autorités et à la population turques pour l’accueil qu’elles m’ont réservé lors de mon voyage pastoral en décembre dernier.

L’expérience inoubliable qui m’a conduit, sur les pas de mes prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II, à Ankara, Éphèse et Istanbul, m’a permis de vérifier les bonnes relations, nouées depuis longtemps, entre votre pays et le Saint-Siège. Lors de mes différentes rencontres avec les Autorités politiques, j’ai voulu réaffirmer l’enracinement de l’Église catholique dans la société turque, grâce à l’héritage prestigieux des premières communautés chrétiennes d’Asie mineure et à la contribution irremplaçable à la vie de l’Église universelle des premiers conciles oecuméniques, mais aussi en raison de l’existence des communautés chrétiennes d’aujourd’hui, certes minoritaires, mais attachées à leur pays et au bien commun de toute la société, désirant apporter leur contribution à l’édification de la Nation. Jouissant de la liberté religieuse garantie à tous les croyants par la Constitution turque, l’Église catholique souhaite pouvoir bénéficier d’un statut juridique reconnu et voir se mettre en place une instance de dialogue officielle entre la Conférence des Évêques et les Autorités de l’État, afin de régler les différents problèmes qui peuvent se poser et de poursuivre les bonnes relations entre les deux parties. Je ne doute pas que votre Gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour avancer dans ce sens.

Au cours de mon voyage mémorable, j’ai manifesté à maintes reprises le respect de l’Église catholique pour l’Islam, et l’estime du Pape et des fidèles pour les croyants musulmans, notamment lors de ma visite à la Mosquée bleue d’Istanbul. Dans le monde actuel où les tensions semblent s’exacerber, la conviction du Saint-Siège, qui rejoint celle que vous venez d’exprimer, est que les croyants des différentes religions doivent s’efforcer d’oeuvrer ensemble en faveur de la paix, en commençant par dénoncer la violence, trop souvent utilisée dans le passé sous le prétexte de motivations religieuses, et en apprenant à mieux se connaître et à mieux se respecter pour édifier une société toujours plus fraternelle. Les religions peuvent aussi unir leurs efforts pour agir en faveur du respect de l’homme, créé à l’image du Tout-Puissant, et pour faire reconnaître les valeurs fondamentales qui régissent la vie des personnes et des sociétés. Le dialogue, nécessaire entre les Autorités religieuses à tous les niveaux, commence dans la vie de tous les jours par l’estime et le respect mutuels que se portent les croyants de chaque religion, partageant la même vie et oeuvrant ensemble pour le bien commun.

Comme je l’ai rappelé récemment à Ankara, le Saint-Siège reconnaît la place spécifique de la Turquie et sa situation géographique et historique de pont entre les continents asiatique et européen et de carrefour entre les cultures et les religions. Il apprécie l’engagement de votre pays au sein de la communauté internationale en faveur de la paix, notamment son action pour la reprise des négociations au Proche-Orient et son implication actuelle au Liban, pour aider à la reconstruction du pays dévasté par la guerre et pour permettre un dialogue constructif entre toutes les parties constitutives de la société libanaise. Le Saint-Siège suit toujours avec grande attention les discussions et les efforts entrepris par les nations pour régler entre elles, parfois avec l’aide de pays tiers et des Autorités régionales ou internationales, les situations conflictuelles héritées du passé, de même que les actions engagées pour rapprocher les pays entre eux, dans des associations ou des unions politiques, culturelles et économiques. La mondialisation des échanges, déjà manifeste au niveau économique et financier, doit évidemment s’accompagner d’engagements politiques communs, au niveau de la planète, pour garantir un développement durable et organisé qui n’exclue personne et qui assure un avenir équilibré aux personnes, aux familles et aux peuples.

Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer par votre intermédiaire les communautés catholiques de Turquie que j’ai eu la joie de visiter, en particulier à Éphèse et à Istanbul. Aux évêques, aux prêtres et à tous les fidèles, je redis l’affection du Successeur de Pierre et ses encouragements pour que l’Église catholique qui est en Turquie continue de témoigner humblement et fidèlement de l’amour de Dieu à travers le dialogue avec tous, particulièrement les croyants musulmans, et à travers son engagement au service du bien commun. Je salue aussi avec affection Sa Sainteté le Patriarche Bartholoméos Ier, les Évêques et tous les fidèles de l’Église orthodoxe, avec laquelle tant de liens de fraternité nous unissent déjà dans l’attente du jour béni où nous serons conviés à la même table du Christ.

Monsieur l’Ambassadeur, au moment où s’inaugure officiellement votre mission auprès du Saint-Siège, je forme les souhaits les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez sûr de toujours trouver auprès de mes collaborateurs un accueil attentif et une compréhension cordiale.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs de l’Ambassade, ainsi que sur les Autorités et sur le peuple turcs, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.


À LA DÉLÉGATION OECUMÉNIQUE DE FINLANDE Vendredi 19 janvier 2007



Chers Evêques Peura et Wróbel,
éminents amis,

343 C'est avec joie que je vous accueille, membres de la délégation oecuménique de Finlande, tandis que vous visitez Rome à l'occasion de la fête de saint Henrik, patron de votre nation.

Votre présence ici coïncide avec la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens de cette année. Le thème de la Semaine, "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (
Mc 7,37), illustre la façon dont Jésus nous libère tous de la surdité spirituelle, nous permettant d'écouter sa parole salvifique et de la proclamer aux autres. Cette mission de témoignage commun dans la parole et dans les actions nourrit notre chemin oecuménique. En nous rapprochant du Christ, en nous convertissant à sa vérité et à son amour, il nous rapproche les uns des autres.

Récemment, les relations entre les chrétiens en Finlande ont connu un développement qui offre une grande espérance pour l'avenir de l'oecuménisme. Ceux-ci prient et travaillent volontiers ensemble, en apportant un témoignage public commun de la Parole de Dieu. C'est précisément ce témoignage convaincant des vérités orientatrices et salvifiques de l'Evangile que chaque homme et femme désire ou a besoin d'entendre. Cela exige du courage de la part des chrétiens. En effet, comme je l'ai suggéré au cours des Vêpres oecuméniques lors de la ma visite en Bavière, derrière tout "affaiblissement du thème de la justification et du pardon des péchés se trouve, en définitive, un affaiblissement de notre relation avec Dieu. C'est pourquoi notre première tâche sera peut-être de redécouvrir de manière nouvelle le Dieu vivant dans notre vie, dans notre temps et dans notre société".

Dans la Déclaration commune sur la Justification, les luthériens et les catholiques ont parcouru une distance considérable du point de vue théologique. Il reste encore beaucoup de travail à faire, et il est donc encourageant que le dialogue nordique entre luthériens et catholiques en Finlande et en Suède affronte le thème de la "Justification dans la vie de l'Eglise". Je souhaite et je prie pour que ces débats contribuent de façon efficace à la recherche de l'unité pleine et visible, en offrant dans le même temps une réponse toujours plus claire aux questions fondamentales qui concernent la vie et la société.

Confiant dans la certitude que l'Esprit Saint est le véritable acteur de l'effort oecuménique (cf. Unitatis redintegratio UR 1,4), continuons de prier et d'oeuvrer à l'édification de liens plus étroits d'amour et de coopération entre les luthériens et les catholiques en Finlande. Sur vous et sur le bien-aimé peuple de Finlande, j'invoque de Dieu d'abondantes Bénédictions de paix et de joie.


À LA COMMUNAUTÉ DE L’"ALMO COLLEGIO CAPRANICA" DE ROME Salle du Consistoire Vendredi 19 janvier 2007



Monsieur le Cardinal, Vénérés frères,
Monseigneur le Recteur, chers élèves du "Collegio Capranica"!

Je suis heureux de vous accueillir dans l'imminence de la fête de votre Patronne, sainte Agnès. Je vous salue tous avec affection, à commencer par le Cardinal Vicaire Camillo Ruini et S.Exc. Mgr Pio Vigo, qui forment la Commission épiscopale préposée au Collège. Je salue le Recteur, Mgr Ermenegildo Manicardi. Je vous souhaite une bienvenue particulière, chers élèves, qui appartenez à la communauté du plus ancien collège ecclésiastique romain.

En effet, 550 années se sont écoulées depuis le 5 janvier 1457, lorsque le Cardinal Domenico Capranica, Archevêque de Fermo, fonda le Collège qui prit son nom, destinant à celui-ci tous ses biens et son palais de Santa Maria in Aquiro, afin qu'il puisse accueillir les jeunes étudiants appelés au sacerdoce. L'institution naissante était la première en son genre à Rome; réservée, au début, aux jeunes de Rome et de Fermi, elle étendit ensuite son hospitalité à des élèves d'autres régions italiennes et de diverses nationalités. Le Cardinal Capranica mourut moins de deux ans plus tard, mais sa fondation avait désormais commencé son chemin, qui s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui, ne subissant qu'une interruption de dix ans, de 1798 à 1807, au cours de la période dite de la République romaine. Deux Papes furent élèves du "Collegio Capranica": pendant presque quatre ans, le Pape Benoît XV, que vous considérez à juste titre "Parens alter" en raison de l'affection spéciale qu'il nourrit toujours pour votre maison, et ensuite, pendant une période plus brève, le Serviteur de Dieu Pie XII. Mes vénérés Prédécesseurs ont toujours fait preuve de leur bienveillance à l'égard de votre Collège, certains d'entre eux vous ayant rendu visite en des circonstances particulières.

344 Notre rencontre d'aujourd'hui se déroule également, outre que dans le souvenir de sainte Agnès, dans le contexte d'un anniversaire significatif pour votre institution. Dans cette perspective historique et spirituelle, il est utile de nous demander quelles sont les motivations qui ont poussé le Cardinal Capranica à fonder cette oeuvre providentielle, et quelles valeurs celles-ci conservent pour vous aujourd'hui. Il faut tout d'abord rappeler que le fondateur avait eu une expérience directe des collèges des Universités de Padoue et de Bologne, où il avait été étudiant, ainsi que de Sienne, de Florence et de Pérouse. Il s'agissait d'institutions nées pour recevoir les jeunes portés pour les études et qui n'appartenaient pas à des familles aisées. En reprenant plusieurs éléments de ces modèles, il en imagina un qui soit exclusivement destiné à la formation des futurs prêtres, avec une attention préférentielle pour les candidats les moins aisés. De cette façon, il anticipa de plus d'un siècle l'institution des "séminaires" réalisée par le Concile de Trente. Mais nous n'avons pas encore défini précisément la motivation de fond de cette initiative providentielle: celle-ci consiste dans la conviction que la qualité du clergé dépend du sérieux de sa formation. Or, à l'époque du Cardinal Capranica, il n'existait pas de sélection attentive des aspirants aux Ordres sacrés: ceux-ci étaient parfois interrogés sur la littérature et sur le chant, mais pas sur la théologie, sur la morale et le droit canonique, avec les répercussions négatives que l'on peut imaginer sur la Communauté ecclésiale. Voilà pourquoi, dans les Constitutions de son Collège, le Cardinal imposa aux étudiants de théologie d'étudier les meilleurs auteurs, en particulier Thomas d'Aquin; aux étudiants en droit d'étudier la doctrine du Pape Innocent III, et à tous l'étude de l'éthique aristotélicienne. Ne se contentant pas non plus des leçons du Studium Urbis, il organisa des cours supplémentaires tenus par des spécialistes directement au sein du Collège. Cette organisation des études était insérée dans le cadre d'une formation intégrale, centrée sur la dimension spirituelle, qui avait pour piliers les sacrements de l'Eucharistie - quotidienne - et de la Pénitence - au moins mensuelle - et qui était soutenue par les pratiques de piété prescrites ou suggérées par l'Eglise. Une grande importance était également accordée à l'éducation caritative, que ce soit dans la vie fraternelle ordinaire, ou dans l'assistance aux malades; ainsi que dans celle que nous appelons aujourd'hui "expérience pastorale". Il était en effet prévu que, les jours de fête, les élèves accomplissent leur service dans la cathédrale ou dans les autres églises du lieu. Une contribution précieuse à la formation était également apportée par le style communautaire lui-même, caractérisé par une forte participation commune aux décisions concernant la vie du Collège.

Nous trouvons ici la même orientation fondamentale qui caractérisera ensuite les séminaires diocésains, naturellement avec un sens plus accompli de leur appartenance à l'Eglise particulière; c'est-à-dire le choix d'une sérieuse formation humaine, culturelle et spirituelle, ouverte aux exigences propres des temps et des lieux. Chers amis, nous demandons au Seigneur, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie et de sainte Agnès, que l'"Almo Collegio Capranica" poursuive son chemin, fidèle à sa longue tradition et aux enseignements du Concile Vatican II. A vous, chers élèves, je souhaite de renouveler chaque jour du plus profond de votre coeur votre offrande à Dieu et à la sainte Eglise, en vous conformant toujours plus au Christ Bon Pasteur, qui vous a appelés à le suivre et à travailler dans sa vigne. Je vous remercie de cette visite appréciée et, alors que je vous assure de ma prière, je donne avec affection à vous tous et aux personnes qui vous sont chères, une Bénédiction apostolique spéciale.


À S.E. M. MARIUS GABRIEL LAZURCA, NOUVEL AMBASSADEUR DE ROUMANIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Samedi 20 janvier 2007



Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux d'accueillir Votre Excellence au Vatican pour la présentation solennelle des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Roumanie près le Saint-Siège. Je vous saurais gré de bien vouloir exprimer à Son Excellence Monsieur Traian Basescu, Président de la Roumanie, mes voeux cordiaux pour sa personne ainsi que pour le bonheur et la prospérité du peuple roumain. Je prie Dieu d'accompagner les efforts de chacun dans l'oeuvre d'édification d'une nation toujours plus fraternelle et plus solidaire.

Au début de cette année, Monsieur l’Ambassadeur, votre pays s’est légitimement réjoui d’être admis officiellement, après de longues années d’efforts, dans l’Union européenne. Le Saint-Siège, qui entretient depuis longtemps des rapports étroits et fructueux avec la Roumanie, comme vous l’avez vous-même souligné, a accueilli cette nouvelle situation avec satisfaction, car elle consacre chaque jour davantage l’unité retrouvée du continent européen, après la longue et triste période de la séparation de la guerre froide. Votre pays a une longue tradition chrétienne, vivante et féconde dans sa culture ainsi que dans le dynamisme des différentes Églises et communautés ecclésiales, et dans leur participation active à la vie sociale. Je me réjouis donc que la Roumanie, riche de cet «indéniable patrimoine chrétien, qui a largement contribué à modeler l’Europe des Nations et l’Europe des peuples» (Discours au Corps diplomatique, 8 janvier 2007), puisse apporter sa contribution originale à l’édifice européen, afin de permettre qu’il ne soit pas seulement une force économique et un grand marché de biens de consommation, mais qu’il puisse trouver un nouvel élan politique, culturel et spirituel, capable de construire un avenir prometteur pour les nouvelles générations. Comme je le rappelais tout récemment au Corps diplomatique, «c’est en respectant la personne humaine qu’il est possible de promouvoir la paix et c’est en bâtissant la paix que sont jetées les bases d’un authentique humanisme intégral. C’est ici que trouve réponse la préoccupation de tant de nos contemporains face à l’avenir» (ibidem).

Depuis des années, votre pays s’est engagé dans un profond travail de renouveau de la société, avec le souci de guérir les blessures du passé et de permettre à tous de jouir des libertés fondamentales et de bénéficier du progrès économique et social. Je m’en réjouis et j’encourage les responsables politiques à veiller avec attention aux exigences d’une solidarité active entre toutes les couches de la population, afin d’éviter qu’à l’heure de la mondialisation ne se creuse un fossé grandissant entre les citoyens qui accèdent légitimement aux bienfaits du développement économique et ceux qui se trouvent progressivement marginalisés, voire exclus de ce processus, comme on l’observe, hélas, dans beaucoup de sociétés modernes. Il importe également de garantir à tous l’accès équitable à une justice indépendante et transparente, capable de lutter efficacement contre ceux qui ne respectent pas le bien commun et qui détournent les lois à leur profit. Dans cette perspective, je souhaite aussi une attention renouvelée aux familles les plus pauvres, afin qu’elles puissent élever leurs enfants dans la dignité.

Je me réjouis également des progrès faits par votre gouvernement dans la gestion délicate de la restitution des biens confisqués aux communautés religieuses. C’est une oeuvre de longue haleine, commandée par la justice et l’équité, qui doit permettre à tous les cultes reconnus de trouver leur place légitime au sein de la société roumaine. Je souhaite également que les règles qui régissent la liberté religieuse, qui est une liberté fondamentale, soient pleinement respectées, notamment en ce qui concerne l’Église grecque-catholique. Je sais que l’Église catholique, pour sa part, est toujours prête à étudier avec les Autorités compétentes, dans un esprit de dialogue, les moyens de surmonter les éventuelles difficultés qui peuvent surgir dans les relations mutuelles. Cela aidera grandement à la paix sociale. À ce propos, je ne peux qu’exprimer mon inquiétude concernant l’affaire de la Cathédrale Saint-Joseph de Bucarest, en faveur de laquelle l’archevêché de Bucarest a effectué de nombreuses démarches auprès des instances compétentes de l’État, afin de préserver le patrimoine historique qu’elle constitue et les valeurs de foi qu’elle représente, non seulement pour la communauté catholique mais pour toute la population roumaine.

La visite du Pape Jean-Paul II dans votre pays, en 1999, a marqué, comme vous l’avez dit, «les coeurs et les esprits des Roumains». Elle a permis notamment un nouvel essor des relations entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe roumaine. En saluant cordialement, par votre intermédiaire, Sa Béatitude Teoctist, Patriarche orthodoxe de Roumanie, venu à son tour visiter l’Église de Rome en 2002, je forme le voeu que les fidèles catholiques et orthodoxes continuent de nouer des rapports toujours plus fraternels dans la vie quotidienne et que progressent également, à tous les niveaux, les occasions de dialogue. Je souhaite en particulier que la Rencontre oecuménique européenne, qui doit avoir lieu à Sibiu en septembre prochain, puisse constituer une étape importante sur ce chemin entrepris ensemble vers l’unité.

Permettez-moi de saluer également la communauté catholique de Roumanie, unie autour de ses pasteurs. Elle a eu, comme le rappelait mon prédécesseur, «l’opportunité providentielle de voir prospérer côte à côte, depuis des siècles, les deux traditions, latine et byzantine, qui embellissent ensemble le visage de l’unique Église» (Jean-Paul II, Discours aux Évêques de Roumanie en visite ad limina, 1er mars 2003), ce qui lui impose de témoigner particulièrement de l’unité catholique et qui la qualifie tout spécialement pour oeuvrer en faveur de l’oecuménisme. Je sais que les fidèles catholiques prennent part activement à la vie du pays, notamment sur le plan spirituel et social, et je les encourage vivement à témoigner avec courage de la place irremplaçable de la famille au sein de la société.

Au moment où Votre Excellence inaugure officiellement ses fonctions auprès du Saint-Siège, je forme les souhaits les meilleurs pour l’heureux accomplissement de sa mission. Soyez sûr, Monsieur l’Ambassadeur, de toujours trouver auprès de mes collaborateurs attention et compréhension cordiales.

345 Sur vous-même, sur votre famille, sur vos collaborateurs de l’Ambassade et sur le peuple roumain tout entier, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.


AUX PARTICIPANTS À LA PLÉNIÈRE DE LA COMMISSION PONTIFICALE POUR L’AMÉRIQUE LATINE Salle Clémentine Samedi 20 janvier 2007

Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l'épiscopat,

Je suis très heureux de recevoir et de saluer avec affection les Conseillers et les membres de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, à l'occasion de son Assemblée plénière. Je remercie son Président, le Cardinal Giovanni Battista Re, de ses paroles courtoises qui expriment vos sentiments à tous et le désir profond de renouveler votre engagement de servir, cum Petro et sub Petro, l'Eglise qui est en pèlerinage en Amérique latine, en suivant l'exemple du Christ, le Bon Pasteur, qui aime et qui se donne pour ses brebis.

En pensant aux défis qui, au début de ce troisième millénaire, se présentent à l'évangélisation, a été choisi comme thème de réflexion de cette rencontre: "La famille et l'éducation chrétienne en Amérique latine", qui correspond particulièrement bien à l'inoubliable rencontre mondiale des Familles qui a eu lieu l'été dernier à Valence, en Espagne. Ce fut un bel événement, que j'ai pu partager avec les familles catholiques du monde entier, dont un grand nombre de familles latino-américaines.

Votre présence ici me rappelle la V Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, que j'ai convoquée à Aparecida, au Brésil, et que j'aurai le plaisir d'inaugurer. Je demande à l'Esprit Saint, qui assiste toujours l'Eglise, que la gloire de Dieu notre Père miséricordieux et la présence pascale de son Fils illuminent et guident les travaux de cet important événement ecclésial, afin qu'il soit un signe, un témoignage et une force de communion pour toute l'Eglise en Amérique latine.

Cette Conférence, en continuité avec les quatre précédentes, est appelée à apporter un élan renouvelé à l'Evangélisation dans cette vaste région du monde éminemment catholique, dans laquelle vit une grande partie de la communauté des croyants. Il est nécessaire de proclamer dans son intégralité le Message du salut, afin qu'il puisse imprégner les racines de la culture et qu'il s'incarne dans le moment historique latino-américain actuel, pour mieux répondre à ses besoins et à ses aspirations légitimes.

Dans le même temps, il faut toujours reconnaître et défendre la dignité de chaque être humain comme critère fondamental des projets sociaux, culturels et économiques, afin qu'ils contribuent à construire l'histoire selon le dessein de Dieu. En effet, l'histoire latino-américaine offre de très nombreux témoignages d'hommes et de femmes qui ont fidèlement suivi le Christ, emplis de ce feu divin qui consume tout, d'une manière si radicale qu'ils ont forgé l'identité chrétienne de leurs peuples. Leur vie est un exemple et une invitation à suivre leurs pas.

L'Eglise en Amérique latine affronte d'immenses défis: le changement culturel engendré par une communication sociale qui conditionne les modes de penser et les coutumes de millions de personnes; les flux migratoires, avec de nombreuses répercussions sur la vie familiale et sur la pratique religieuse dans les nouveaux milieux; la réapparition d'interrogations sur la façon dont les peuples doivent assumer leur mémoire historique et leur avenir démocratique; la mondialisation, le sécularisme, la pauvreté croissante et la dégradation de l'environnement, en particulier dans les grandes villes, et également la violence et le trafic de drogue.

346 Face à tout cela, l'on observe le besoin urgent d'une nouvelle évangélisation, qui nous pousse à approfondir les valeurs de notre foi, afin qu'elles soient une sève et qu'elles définissent l'identité de ces peuples bien-aimés qui ont un jour reçu la lumière de l'Evangile. C'est pourquoi le thème choisi comme orientation pour les réflexions de cette Conférence apparaît adapté: Disciples et missionnaires de Jésus Christ, afin que nos peuples aient la vie en Lui. En effet, la V Conférence doit faire en sorte que chaque chrétien devienne un véritable disciple de Jésus Christ, envoyé par Lui comme apôtre, et, comme le disait le Pape Jean-Paul II, "non de réévangélisation mais d'une nouvelle évangélisation. Nouvelle par son ardeur, par ses méthodes; dans ses expressions" (Discours d'ouverture de la XIX Assemblée du Conseil de l'épiscopat latino-américain, Port-au-Prince, Haïti, 9 mars 1983).

Chers frères, les hommes et les femmes d'Amérique latine ont une grande soif de Dieu. Lorsqu'on éprouve dans la vie des communautés la sensation de se sentir orphelins par rapport à Dieu le Père, devient alors vitale l'oeuvre des Evêques, des prêtres et des autres agents de pastorale, qui rendent témoignage, comme le Christ, du fait que Dieu le Père est toujours Amour providentiel qui s'est révélé dans son Fils. Quand la foi n'est pas nourrie par la prière et la méditation de la Parole divine, quand la vie sacramentelle s'assoupit, c'est alors que prospèrent les sectes et les nouveaux groupes pseudo-religieux, provoquant l'éloignement de l'Eglise de la part de nombreux catholiques. En ne recevant pas de réponses à leurs aspirations les plus profondes, des réponses qu'ils pourraient trouver dans la vie de foi partagée, apparaissent également des situations de vide spirituel. Dans l'oeuvre évangélisatrice, il est fondamental de rappeler sans cesse que le Père et le Fils ont envoyé l'Esprit Saint lors de la Pentecôte, et que ce même Esprit Saint continue à donner une impulsion à la vie de l'Eglise. C'est pourquoi le sentiment d'appartenance ecclésiale, où le chrétien croît et mûrit dans la communion avec ses frères, fils d'un même Dieu et Père, est important.

"Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi" (
Jn 14,6). Comme l'a indiqué mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II dans son Exhortation apostolique Ecclesia in America, "Jésus Christ est bien la réponse définitive à la question sur le sens de la vie et aux interrogations fondamentales qui angoissent tant d'hommes et de femmes aujourd'hui sur le continent américain" (n. 10). Ce n'est qu'en vivant intensément leur amour pour Jésus Christ et en se consacrant généreusement au service de la charité, que ses disciples seront des témoins éloquents et crédibles de l'immense amour de Dieu pour chaque être humain. De cette façon, en aimant avec le même amour que Dieu, ils deviendront les artisans de la transformation du monde, en instaurant dans celui-ci une nouvelle civilisation, que le bien-aimé Pape Paul VI appelait justement "la civilisation de l'amour" (cf. Discours de clôture de l'Année sainte, 25 décembre 1975).

Pour l'avenir de l'Eglise en Amérique latine et dans les Caraïbes, il est important que les chrétiens approfondissent et assument le style de vie propre aux disciples de Jésus: simple et joyeux, avec une solide foi enracinée au plus profond de leur coeur et alimentée par la prière et par les sacrements. En effet, la foi chrétienne se nourrit surtout de la célébration dominicale de l'Eucharistie, dans laquelle se réalise une rencontre communautaire, unie et spéciale avec le Christ, avec sa vie et sa parole.

Le véritable disciple croît et mûrit dans la famille, dans la communauté paroissiale et diocésaine; il devient missionnaire quand il annonce la personne du Christ et son Evangile dans tous les milieux: l'école, l'économie, la culture, la politique et les moyens de communication sociale. Les fréquents phénomènes d'exploitation et d'injustice, de corruption et de violence, constituent en particulier un appel pressant afin que les chrétiens vivent avec cohérence leur foi et s'efforcent de recevoir une solide formation doctrinale et spirituelle, contribuant ainsi à l'édification d'une société plus juste, plus humaine et chrétienne.

C'est un devoir important que d'encourager les chrétiens afin que, animés par leur esprit de foi et de charité, ils se prodiguent inlassablement pour offrir de nouvelles opportunités à ceux qui vivent dans la pauvreté ou dans les zones périphériques les plus abandonnées, afin qu'ils puissent être les acteurs actifs de leur propre développement, en leur apportant un message de foi, d'espérance et de solidarité.

Pour conclure, je reviens au thème de votre rencontre de ces jours sur la famille chrétienne, milieu privilégié pour vivre et transmettre la foi et les vertus. C'est dans le foyer domestique que l'on conserve le patrimoine de la foi; dans celui-ci, les enfants reçoivent le don de la vie, se sentent aimés tels qu'ils sont et apprennent les valeurs qui les aideront à vivre comme des fils de Dieu. De cette façon, la famille, accueillant le don de la vie, devient le milieu propice pour répondre au don de la vocation (cf. Angelus, Valence, 8 juillet 2006), surtout en ce moment où l'on ressent tant le besoin que le Seigneur envoie des ouvriers pour sa moisson.

Nous demandons à Marie, modèle de la mère dans la Sainte Famille et Mère de l'Eglise, Etoile de l'Evangélisation, de guider par son intercession maternelle les communautés ecclésiales de l'Amérique latine et des Caraïbes et d'assister les participants à la V Conférence, afin qu'ils trouvent les voies les plus adaptées pour que ces peuples aient la vie dans le Christ et édifient, sur ce qu'on appelle le "Continent de l'espérance", un avenir digne pour chaque homme et chaque femme. Je vous encourage tous dans votre travail et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.



Discours 2005-2013 12107