Discours 2005-2013 60707

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE CROATE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Jeudi 6 juillet 2006

60707

Monsieur le Cardinal,
Vénérés Frères dans l'épiscopat!

C'est avec une grande joie que je vous souhaite une cordiale bienvenue dans la maison de Pierre, en reprenant les paroles de l'Apôtre Paul: "Je rends toujours grâce à mon Dieu quand je fais mention de vous: chaque fois que je prie pour vous tous, c'est toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l'Evangile en communion avec moi" (
Ph 1,3-5). Votre engagement dans l'annonce de la Bonne Nouvelle, dans un esprit de communion ecclésiale convaincue, est également confirmé par votre visite "ad limina", à travers laquelle vous désirez témoigner de l'adhésion sincère de l'Eglise qui est en Croatie à la Chaire de Pierre. Je suis reconnaissant à Monsieur le Cardinal Josip Bozanic qui, en tant que Président de la Conférence épiscopale croate, m'a adressé des paroles de salut, se faisant l'interprète de vous tous et du troupeau que Dieu a confié à chacun.

Les rencontres fraternelles et les entretiens fructueux de ces jours derniers, au cours desquels vous avez partagé avec moi les résultats positifs et les espérances de vos diocèses, ainsi que leurs difficultés et leurs inquiétudes, ont été l'occasion de me faire mieux connaître la situation de l'Eglise dans vos régions. Vous êtes fiers, à juste titre, de quatorze siècles d'héritage chrétien et de la foi de votre peuple, mais vous êtes dans le même temps bien conscients que faire le choix de Dieu n'est pas seulement le fruit d'un passé, mais constitue un acte personnel qui engage chaque individu devant Dieu, quelle que soit la génération à laquelle il appartient. Pour permettre aux âmes dont vous avez soin une connaissance plus approfondie de Jésus Christ et une rencontre personnelle avec Lui, vous avez préparé de nombreux projets pastoraux, qui témoignent de votre profond engagement et qui justifient l'espérance et l'optimisme. Vos initiatives pour une solide préparation aux Sacrements et pour une participation appropriée à la liturgie sont particulièrement importantes.

J'ai également observé l'engagement pour la formation religieuse et pour une catéchèse de qualité, tant dans les écoles que dans les paroisses. Comment ne pas remarquer, ensuite, l'attention aux dévotions traditionnelles et aux fréquents pèlerinages, en particulier aux sanctuaires mariaux? Il faut également mentionner l'ouverture prudente aux nouvelles impulsions de l'Esprit, qui distribue ses charismes et rend prêt à assumer des responsabilités et des charges, utiles au renouveau et au plus grand développement de l'Eglise. Je souhaite de tout coeur que, ayant confiance dans la promesse du Seigneur de rester toujours présent parmi nous, vous continuiez à marcher avec vos populations sur la voie d'une adhésion cohérente à l'Evangile du Christ.

Votre pays, la Croatie, vit depuis toujours dans le cadre de la civilisation européenne, c'est pourquoi il désire à juste titre être reconnu en tant que partie de l'Union européenne. Son désir est de coopérer, à travers son entrée dans cette Institution, au bien de tous les habitants du Continent.

La nation pourra ainsi entrer en relation, avec des sentiments de respect et de dialogue, avec les autres peuples européens en apportant la contribution de sa culture et de ses traditions, dans la recherche commune de la pleine vérité sur l'homme. Il est en effet essentiel que l'édification de la maison commune européenne soit toujours fondée sur la vérité de l'homme, en s'appuyant donc sur l'affirmation du droit de chacun à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle; sur la reconnaissance de la composante spirituelle de l'être humain, dans laquelle s'enracine sa dignité inaliénable; sur le respect des choix religieux de chacun, dans lesquels apparaît l'irrépressible ouverture au transcendant. A propos de ces valeurs, il est possible de trouver également le consensus de ceux qui, bien que n'adhérant pas à l'Eglise catholique, acceptent la voix de la raison, sensibles aux indications de la loi naturelle. Je sais que vous êtes actuellement engagés dans cette perspective, avec vos prêtres et vos fidèles. En vous encourageant à persévérer, je vous assure du soutien du Saint-Siège, qui a toujours considéré la Croatie avec estime et affection. Les liens entre le Siège apostolique et votre nation, déjà solides par le passé, ont continué à se renforcer, comme le démontre également la récente approbation des Accords bilatéraux. Le Saint-Siège, également à l'avenir, sera à vos côtés et suivra et soutiendra avec attention les efforts de votre peuple sur la voie du progrès authentique.

Il faut toutefois se rendre compte que les parcours vers des objectifs bons et souhaitables ne sont pas exempts des menaces des courants culturels actuels, tels que la sécularisation et le relativisme. Il est donc nécessaire d'annoncer inlassablement les valeurs évangéliques, afin que les fidèles puissent éviter ces dangers. En suivant l'exemple et les enseignements des grandes figures de vos Eglises particulières - je pen-se en particulier au bienheureux Alojzije Stepinac, Evêque et martyr - n'ayez pas peur de leur indiquer ce que l'Evangile enseigne, en les mettant en garde contre ce qui est contraire à celui-ci, afin que vos communautés soient un exemple pour la société tout entière à poursuivre le bien commun et à être attentif à l'égard des plus indigents. En ce moment, ma pensée se tourne vers les familles nombreuses, vers ceux qui, malgré leur dur travail, vivent dans une situation de précarité, les chômeurs, les personnes âgées et les malades. Votre pays subit encore malheureusement les effets du récent conflit, dont on constate les effets négatifs non seulement sur l'économie, mais également sur les âmes des habitants, qui ressentent parfois le poids de cet héritage. Soyez toujours des annonciateurs de réconciliation et des artisans de paix entre les citoyens de votre pays, en les encourageant sur la voie de la réconciliation chrétienne: le pardon libère tout d'abord celui qui a le courage de l'accorder.

Vénérés frères, les défis pastoraux sont nombreux et l'époque à laquelle nous vivons n'est pas privée de difficultés. Toutefois, nous sommes certains de l'aide d'en Haut. C'est à cet égard que le service de l'Evêque apparaît encore plus important. Pour donner à tous un témoignage crédible, il ne doit penser à rien d'autre qu'au service du Christ. Soyez donc généreux en servant l'Eglise et votre peuple, persévérants dans la prière et pleins de zèle dans l'annonce. Suivez avec une attention particulière la formation des prêtres, vos collaborateurs; promouvez les vocations sacerdotales et veillez attentivement sur vos séminaristes. Je vous exhorte à guider dans l'amour et dans un esprit de collaboration réciproque les communautés religieuses et les mouvements, tant de vie consacrée que laïcs. Continuez à promouvoir dans les familles l'amour fidèle, l'harmonie et la prière quotidienne, en les encourageant à une généreuse ouverture à la vie. Comment ne pas voir, ensuite, l'importance de la présence des catholiques dans la vie publique, ainsi que dans les moyens de communication? Il dépend également d'eux de faire en sorte que l'on puisse toujours entendre une voix de vérité sur les problèmes du moment. Je prie afin que chacun sache oeuvrer pour la gloire de Dieu et en faveur des hommes, de façon à ce que partout retentisse l'action de grâce au Dispensateur de tout bien, selon les paroles de l'Apôtre: "Gloire à celui qui a le pouvoir de réaliser en nous par sa puissance infiniment plus que nous ne pouvons demander ou même imaginer, gloire à lui dans l'Eglise et dans le Christ Jésus pour toutes les générations, dans les siècles des siècles!" (Ep 3,20-21).

Vénérés frères, soyez certains de mon soutien et de ma prière pour l'oeuvre que Dieu vous a confiée en faveur de vos communautés. Votre visite "ad limina" a révélé que vous êtes "un seul coeur et une seule âme" avec vos fidèles et que vous cultivez un profond sens de communion avec le Successeur de Pierre et donc avec l'Eglise universelle. En invoquant sur vous et sur votre ministère l'intercession de Marie, la Vierge du Grand Voeu baptismal croate, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction, ainsi qu'à vos prêtres, aux personnes consacrées et au peuple croate tout entier. Loués soient Jésus et Marie!


VOYAGE APOSTOLIQUE À VALENCE (ESPAGNE) À L'OCCASION DE LA Ve RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES


CÉRÉMONIE D'ARRIVÉE - Aéroport de Manises Samedi 8 juillet 2006

8706

Majestés,
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres des Autorités,
Messieurs les Cardinaux et chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers Frères et Soeurs,

1. Avec une grande émotion, j’arrive aujourd’hui à Valence, dans la noble et la toujours bien-aimée Espagne, qui m’a laissé tant de souvenirs heureux lors de mes précédentes visites à l’occasion de congrès et de réunions.

2. Je vous salue tous cordialement, vous qui êtes ici présents et vous tous qui suivez cet événement à travers les moyens de communication.

Je remercie Sa Majesté le Roi Juan Carlos de sa présence ici, avec Sa Majesté la Reine, lui exprimant ma gratitude toute spéciale pour les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées au nom du peuple espagnol.

J’exprime aussi ma reconnaissance déférente à Monsieur le Chef du Gouvernement et à toutes les Autorités de la Nation, de la région autonome et de la municipalité, leur manifestant ma gratitude pour la collaboration qu’ils ont apportée, afin que cette cinquième Rencontre mondiale se déroule dans les meilleures conditions possibles.

Je salue affectueusement Monseigneur Agustín García-Gasco, Archevêque de Valence, et ses Auxiliaires, ainsi que tout l’Archidiocèse levantin, qui m’a chaleureusement accueilli dans le cadre de cette Rencontre mondiale et qui accompagne en ces jours, dans la douleur, les familles qui pleurent des êtres chers, victimes d’un tragique accident, et qui demeure proche aussi de tous les blessés.

Mes salutations affectueuses vont aussi au Président du Conseil pontifical pour la Famille, le Cardinal Alfonso López Trujillo, ainsi qu’aux autres Cardinaux, au Président et aux membres de la Conférence épiscopale espagnole, aux prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs.

3. Le motif de cette visite attendue est de participer à la cinquième Rencontre mondiale des Familles, dont le thème est : «La transmission de la foi dans la famille». Mon désir est de proposer le caractère central, pour l’Église et pour la société, de la famille fondée sur le mariage. C’est une institution irremplaçable selon le projet de Dieu, dont l’Église ne peut cesser d’annoncer et de promouvoir la valeur fondamentale, pour qu’elle soit toujours vécue avec le sens de sa responsabilité et avec joie.

4. Mon Vénéré Prédécesseur et grand ami de l’Espagne, le cher Jean-Paul II, a convoqué cette Rencontre. Mû par la même sollicitude pastorale, j’aurai demain la joie de la conclure avec la célébration de la Sainte Messe dans la ville des Arts et des Sciences.

Uni à tous les participants, j’implorerai le Seigneur, par l’intercession de notre Mère très sainte et de l’Apôtre Jacques, pour qu’il accorde aux familles d’Espagne et du monde entier de nombreuses grâces.

Que le Seigneur répande sur vous et sur vos chères familles l’abondance de ses bénédictions!



RENCONTRE DE PRIÈRE - Cité des Arts et des Sciences Samedi 8 juillet 2006

8716

Chers Frères et Soeurs,

C’est pour moi un grand bonheur de participer à cette rencontre de prière, au cours de laquelle on célèbre dans la joie le don divin de la famille. Dans la prière et dans l’espérance dans le Christ ressuscité, qui donne force et lumière même dans les moments de plus grande détresse humaine, je me sens très proche de tous ceux qui ont récemment vécu un deuil dans cette ville.

Unis dans la même foi au Christ, nous sommes ici rassemblés, venus du monde entier, comme une communauté qui rend grâce et qui témoigne joyeusement que l’être humain a été créé à l’image et la ressemblance de Dieu pour aimer et qu’il ne peut se réaliser pleinement lui-même que lorsqu’il se donne sincèrement aux autres. La famille est le lieu privilégié où toute personne apprend à donner et à recevoir de l’amour. C’est pourquoi l’Église manifeste constamment sa sollicitude pastorale envers ce milieu essentiel pour la personne humaine. Elle l’enseigne ainsi dans son Magistère: « Dieu, qui est amour et qui a créé l’homme par amour, l’a appelé à aimer. En créant l’homme et la femme, il les a appelés, dans le Mariage, à une intime communion de vie et d’amour entre eux, "à cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul" (
Mt 19,6) » (Catéchisme de l’Église catholique. Compendium, n. 337).

Telle est la vérité que l’Église proclame inlassablement au monde. Mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II affirmait que « l’homme est devenu "image et ressemblance" de Dieu non seulement à travers sa propre humanité, mais aussi à travers la communion de personnes que l’homme et la femme constituent dès le début. L’homme devient image de Dieu au moment de la communion plus qu’au moment de la solitude » (Audience générale du 14 novembre 1979). Aussi ai-je confirmé la convocation de cette cinquième Rencontre mondiale des Familles en Espagne, et plus précisément à Valence, riche de ses traditions et fière de sa foi chrétienne qui se vit et qui se cultive dans de nombreuses familles.

La famille est une institution intermédiaire entre l’individu et la société, et rien ne peut la remplacer totalement. Elle s’appuie elle-même par-dessus tout sur une relation interpersonnelle profonde entre l’époux et l’épouse, soutenue par l’affection et la compréhension mutuelles. Pour y parvenir, elle reçoit l’aide abondante de Dieu dans le sacrement du mariage, qui comporte une vocation véritable à la sainteté. Puissent leurs enfants contempler davantage les moments d’harmonie et d’affection de leurs parents, plutôt que les moments de discorde ou d’éloignement, puisque l’amour entre le père et la mère offre aux enfants une grande sécurité et leur enseigne la beauté de l’amour fidèle et durable.

La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un fondement indispensable pour la société et un grand trésor pour les époux durant toute leur vie. C’est un bien irremplaçable pour les enfants, qui doivent être le fruit de l’amour, du don total et généreux de leurs parents. Proclamer la vérité intégrale de la famille, fondée sur le mariage comme Église domestique et sanctuaire de la vie, est une grande responsabilité pour tous.

Le père et la mère se sont dit un «oui» total devant Dieu, un «oui» qui constitue la base du sacrement qui les unit; de même, pour que la relation au sein de la famille soit totale, il est nécessaire qu’ils disent aussi un «oui» d’acceptation à leurs enfants, à ceux qu’ils ont engendrés ou à ceux qu’ils ont adoptés, qui possèdent leur propre personnalité et leur propre caractère. Ainsi, les enfants grandiront dans un climat d’acceptation et d’amour, et il est à souhaiter que, lorsqu’ils parviendront à une maturité suffisante, ils pourront donner à leur tour un «oui» à ceux qui leur ont donné la vie.

Les défis de la société actuelle, marquée par la dispersion que l’on observe particulièrement dans le milieu urbain, rendent nécessaire de garantir que les familles ne demeurent pas isolées. Un petit noyau familial peut rencontrer des obstacles difficiles à dépasser s’il est isolé du reste de sa parenté et de ses amis. C’est pourquoi la communauté ecclésiale a la responsabilité d’offrir un accompagnement, des encouragements et une nourriture spirituelle qui fortifient la cohésion familiale, surtout dans les épreuves ou dans les moments critiques. Dans cet esprit, le travail des paroisses, comme celui des divers mouvements ecclésiaux, est très important, eux qui sont appelés à collaborer comme des réseaux de soutien et comme la main tendue de l’Église pour la croissance de la famille dans la foi.

Le Christ a révélé ce qui est toujours la source suprême de la vie pour tous et donc aussi pour la famille : « Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,12-13). L’amour de Dieu lui-même a été répandu sur nous par le Baptême. À partir de là, les familles sont appelées à vivre une qualité d’amour, puisque que le Seigneur est celui qui se porte garant que cela est possible pour nous à travers l’amour humain, sensible, affectueux et miséricordieux comme l’amour du Christ.

Outre la transmission de la foi et de l’amour du Seigneur, une des tâches les plus importantes de la famille consiste à former des personnes libres et responsables. C’est pourquoi les parents doivent faire accéder leurs enfants à la liberté, dont ils sont, durant quelque temps, les tuteurs. Si les enfants voient que leurs parents – et en général les adultes qui les entourent – vivent avec joie et enthousiasme, même dans les difficultés, grandira plus facilement en eux la joie profonde de vivre qui les aidera à dépasser avec succès les obstacles possibles et les difficultés que comporte la vie humaine. De plus, quand la famille ne se renferme pas sur elle-même, les enfants apprennent que chaque personne est digne d’être aimée, et qu’il existe une fraternité fondamentale universelle entre tous les êtres humains.

Cette cinquième Rencontre mondiale nous invite à réfléchir sur un thème qui revêt une particulière importance et qui comporte une grande responsabilité pour nous: « La transmission de la foi dans la famille ». Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime très bien : « Comme une mère apprend à ses enfants à parler, et par-là même à comprendre et à communiquer, l’Église, notre Mère, nous apprend le langage de la foi pour nous introduire dans l’intelligence et la vie de la foi » (n. 171).

Comme cela est manifesté symboliquement dans la liturgie du Baptême, par la remise du cierge allumé, les parents sont associés au mystère de la vie nouvelle comme fils de Dieu, vie qui se reçoit par l’eau baptismale.

Transmettre la foi à ses enfants, avec l’aide d’autres personnes et d’autres institutions comme la paroisse, l’école ou les mouvements catholiques, est une responsabilité que les parents ne peuvent oublier, négliger ou déléguer totalement. « La famille chrétienne est appelée Église domestique parce qu’elle manifeste et révèle la nature de l’Église comme famille de Dieu, qui est d’être communion et famille. Chacun de ses membres, selon son rôle propre, exerce le sacerdoce baptismal, contribuant à faire de la famille une communauté de grâce et de prière, une école de vertus humaines et chrétiennes, le lieu de la première annonce de la foi aux enfants » (Catéchisme de l’Église catholique, Compendium, n. 350). De plus, « les parents, participants de la paternité divine, sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants et les premiers à leur annoncer la foi. Ils ont le devoir d’aimer et de respecter leurs enfants comme personnes et comme fils de Dieu... En particulier, ils ont pour mission de les éduquer à la foi chrétienne » (ibid., n. 460).

Le langage de la foi s’apprend dans les foyers où cette foi grandit et se fortifie à travers la prière et la pratique chrétiennes. Dans la lecture du Deutéronome, nous avons écouté la prière répétée constamment par le peuple élu, le Shema Israel, que Jésus écoutait et répétait dans son foyer de Nazareth. Lui-même rappellera cette prière durant sa vie publique, comme nous l’indique l’Évangile de Marc (12,29). Telle est la foi de l’Église qui provient de l’amour de Dieu, par l’intermédiaire de vos familles. Vivre l’intégralité de cette foi, dans sa merveilleuse nouveauté, est un grand don. Mais, lorsque à certains moments le visage de Dieu semble se cacher, croire est difficile et coûte un grand effort.

Notre rencontre donne un nouveau souffle pour continuer d’annoncer l’Évangile de la famille, réaffirmer sa vigueur et son identité fondée sur le mariage ouvert au don généreux de la vie, et où l’on accompagne les enfants dans leur croissance physique et spirituelle. Ainsi, on s’oppose à un hédonisme très répandu, qui banalise les relations humaines et qui les vide de leur valeur et de leur beauté authentiques. Promouvoir les valeurs du mariage n’empêche pas de goûter pleinement le bonheur que l’homme et la femme rencontrent dans leur amour mutuel. La foi et l’éthique chrétiennes, par conséquent, ne prétendent pas étouffer l’amour, mais le rendre plus sain, plus fort et réellement plus libre. C’est pourquoi l’amour humain a besoin d’être purifié et de mûrir pour être pleinement humain et pour être le principe d’un bonheur vrai et durable (cf. Discours à Saint-Jean de Latran, 5 juin 2006).

J’invite donc les gouvernants et les législateurs à réfléchir sur le bien évident que les foyers en paix et en harmonie assurent à l’homme, à la famille, centre névralgique de la société, comme le rappelle le Saint-Siège dans la Charte des droits de la famille. L’objet des lois est le bien intégral de l’homme, la réponse à ses besoins et à ses aspirations. C’est une aide notable à la société, dont on ne peut se passer, et cela demeure pour les peuples une sauvegarde et une purification. De plus, la famille est une école d’humanisation de l’homme, pour qu’il grandisse jusqu’à devenir pleinement homme. Dans cette perspective, l’expérience d’être aimés par leurs parents conduit les enfants à avoir conscience de leur dignité de fils.

La créature conçue devra être éduquée dans la foi, aimée et protégée. Les enfants, avec le droit fondamental à naître et à être éduqués dans la foi, ont droit à un foyer qui ait pour modèle celui de Nazareth et à être préservés de toute embûche et de toute menace. Je suis le grand-père du monde, avons-nous entendu.

Je souhaite m’adresser maintenant aux grands-parents, si importants dans les familles. Ils peuvent être – et souvent ils sont – les garants de l’affection et de la tendresse que tout être humain a besoin de donner et de recevoir. Ils donnent aux plus jeunes la sens du temps, ils sont la mémoire et la richesse des familles. Qu’ils ne soient, sous aucun prétexte, exclus du cercle familial! Ils sont un trésor que nous ne pouvons pas soustraire aux nouvelles générations, surtout quand ils donnent un témoignage de foi à l’approche de la mort.

Je souhaite maintenant reprendre une partie de la prière que vous avez prononcée en demandant que cette Rencontre mondiale des Familles porte de bons fruits :

Mon Dieu, qui, dans la Sainte Famille,
nous as laissé un modèle parfait de vie familiale,
vécue dans la foi et dans l’obéissance à ta volonté,
Aide-nous à être exemples de foi et d’amour selon tes commandements.
Viens à notre secours dans notre mission de transmettre la foi à nos enfants.
Ouvre leur coeur pour que grandisse en eux
la semence de la foi qu’ils ont reçue au Baptême.
Fortifie la foi de nos jeunes,
afin que se fortifie en eux la connaissance de Jésus.
Augmente l’amour et la fidélité dans tous les foyers,
spécialement dans ceux qui connaissent des moments de souffrance ou de difficulté.
(. . .)
Unis à Joseph et à Marie,
Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.



CÉRÉMONIE DE CONGÉ - Aéroport de Manises Dimanche 9 juillet 2006

9706

Majestés,
Monsieur le Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres des Autorités,
Messieurs les Cardinaux et chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers Frères et Soeurs,

1. Au terme de mon agréable séjour à Valence à l'occasion de la cinquième Rencontre mondiale des Familles, j'exprime ma vive gratitude à leurs Altesses Royales d'Espagne, aux Autorités de la Nation, de la Région autonome de la commune et de la province, ainsi qu'à Monseigneur l'Archevêque et à vous tous, pour l'aimable hospitalité dont vous m'avez gratifié et pour les marques d'affection que vous m'avez témoignées tout au long de ma visite dans cette terre levantine florissante.

2. Je suis sûr que, avec l’aide du Très-Haut et la maternelle protection de la Vierge Marie, cette Rencontre continuera de résonner comme un hymne joyeux à l’amour, à la vie et à la foi partagée par les familles, aidant le monde d’aujourd’hui à comprendre que l’alliance matrimoniale, par laquelle le mari et la femme établissent un lien permanent, est un grand bien pour toute l’humanité.

3. Merci de votre présence ici. Vous êtes venus de tous les continents du monde, non sans avoir fait des sacrifices que vous avez offerts au Seigneur. Je vous porte dans mon coeur. Mes sentiments s’associent à ma prière pour que le Tout-Puissant vous bénisse maintenant et toujours.


DISCOURS LETTRE DU SAINT-PÈRE AUX ÉVÊQUES ESPAGNOL

8726
Chers Frères dans l’Épiscopat,

Le coeur rempli de joie, je rends grâce au Seigneur d’avoir pu venir en Espagne comme Pape, pour participer à la Rencontre mondiale des Familles à Valence. Je vous salue affectueusement, Évêques de ce cher Pays, et je vous remercie de votre présence et des nombreux efforts que vous avez réalisés à l’occasion de sa préparation et de sa célébration. J’apprécie particulièrement l’important travail mené à bien par l’Archevêque de Valence et par ses Auxiliaires, pour que cet événement particulièrement significatif pour l’Église tout entière porte les fruits désirés, contribuant à donner un nouvel élan à la famille comme sanctuaire de l’amour, de la vie et de la foi.

En réalité, votre sollicitude à tous a rendu possible la création d’un esprit de famille entre les collaborateurs et les participants provenant des différentes régions d’Espagne. C’est un élément prometteur répondant aux désirs que vous aviez exprimés dans votre message commun concernant cette Rencontre mondiale; c’est aussi une invitation à en recevoir les fruits, pour poursuivre une pastorale familiale soutenue et forte dans vos diocèses, qui fasse entrer dans chaque foyer le message évangélique, qui fortifie et qui donne de nouvelles dimensions à l’amour, aidant ainsi à dépasser les difficultés qui peuvent se faire jour en chemin.

Vous savez que je suis de près et avec beaucoup d’intérêt les événements de l’Église dans votre pays, qui a de profondes racines chrétiennes, Église qui a tant donné et qui est appelée à donner un témoignage de foi et à le répandre dans de nombreuses autres parties du monde. Maintenez vivant et vigoureux cet esprit, qui a accompagné la vie des Espagnols dans leur histoire, pour qu’il continue à nourrir et à donner vitalité à l’âme de votre peuple.

Je connais et j’encourage l’impulsion que vous êtes en train de donner à l’action pastorale, en une période de sécularisation rapide qui affecte parfois même la vie interne des communautés chrétiennes. Continuez donc à proclamer sans vous décourager que se passer de Dieu, agir comme s’il n’existait pas ou reléguer la foi dans la sphère purement privée, détruit la vérité de l’homme et hypothèque l’avenir de la culture et de la société. Au contraire, diriger son regard vers le Dieu vivant, garant de notre liberté et de la vérité, est une promesse pour accéder à une humanité nouvelle. Le monde a aujourd’hui particulièrement besoin qu’on annonce et qu’on témoigne de Dieu, qui est amour et aussi l’unique lumière qui, en définitive, illumine l’obscurité du monde et nous donne la force de vivre et d’agir (cf. Deus caritas est ).

Dans les moments ou dans les situations difficiles, rappelez-vous les paroles de l’Épître aux Hébreux: «Nous courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix [...] et vous ne serez pas accablés par le découragement» (12, 1-3). Proclamez que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (
Mt 16,16), celui qui a les paroles de la vie éternelle (cf. Jn 6,68), et ne nous lassez pas de rendre compte de l’espérance qui est en vous (cf. 1 P 3,15).

Poussés par votre sollicitude pastorale et par l’esprit de pleine communion dans l’annonce de l’Évangile, vous avez orienté la conscience chrétienne de vos fidèles vers divers aspects de la réalité devant laquelle ils se trouvent, aspects qui, en certaines occasions, perturbent la vie ecclésiale et la foi des gens simples. De même, vous avez mis l’Eucharistie comme thème central de votre Plan pastoral, afin de « donner une nouvelle vigueur à la vie chrétienne à partir de ce qui en est le coeur, puisqu’en pénétrant dans le mystère eucharistique, nous entrons dans le coeur de Dieu » (n. 5). Certainement, dans l’Eucharistie se réalise « l’acte central de transformation qui est seul en mesure de renouveler vraiment le monde » (Homélie à Marienfeld, Cologne, 21 août 2005).

Chers Frères dans l’Épiscopat, je vous exhorte instamment à maintenir et à fortifier votre communion fraternelle, témoignage et exemple de la communion ecclésiale qui doit régner dans tout le peuple fidèle qui vous a été confié. Je prie pour vous, je prie pour l’Espagne. Je vous demande de prier pour moi et pour toute l’Église. J’invoque la sainte Vierge Marie, si vénérée dans votre terre, pour qu’elle vous protège et qu’elle vous accompagne dans votre ministère pastoral, et je vous accorde une très affectueuse Bénédiction apostolique.

Valencia, le 8 juillet 2006


ANGELUS Plaza de la Virgen Samedi 8 juillet 2006

8736
Chers Frères et Soeurs,

À mon arrivée à Valence, j’ai voulu avant tout visiter le lieu qui représente le coeur de cette Église particulière, très ancienne et florissante, cette Église qui me reçoit: sa belle cathédrale, où j’ai prié devant le Saint-Sacrement et où je me suis recueilli devant la fameuse relique du Saint Calice. Là, j’ai salué les Évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, qui, selon leur ministère et leur charisme propres, s’efforcent de maintenir vive la lumière de la foi.

Puis, devant la Vierge des Délaissés, que les habitants de Valence vénèrent avec une grande ferveur et une profonde dévotion, j’ai imploré pour qu’elle soutienne leur foi et qu’elle remplisse d’espérance tous leurs enfants. À cet endroit, accompagnant les familles des victimes du métro, j’ai aussi prié avec elles le Notre Père, pour le repos éternel de leurs chers défunts.

Je désire maintenant vous saluer avec affection, chers séminaristes, accompagnés de vos proches, qui vivent avec joie le cheminement de votre vocation. L’amour, le don mutuel et la fidélité de vos parents, de même que la concorde en famille, tel est le cadre propice pour écouter l’appel de Dieu et pour accueillir le don de la vocation. Vivez intensément vos années de préparation au sein du séminaire, avec le soutien et le discernement de vos formateurs, avec la docilité et la confiance totales des Apôtres, qui ont suivi Jésus avec promptitude. Apprenez de la Vierge Marie comment il convient d’accueillir sans réserve un tel appel, avec joie et générosité. Nous le rappelons et nous le demandons précisément dans la belle prière de l’Angélus, que nous allons réciter tous ensemble, priant aussi «le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson» (
Mt 9,38).

Maintenant, avec un amour filial et dans la langue de Valence, je m’adresse à la Vierge, votre sainte patronne.

"Davant della Cheperudeta vullc dirli: Ampareumos nit it giorno in totes essi necessitats, puix che sou, Verge María, Mare dels Desamparats".

Traduction en français:

«Devant la ‘Jorobadita’, je désire dire: ‘Protège-nous jour et nuit dans toutes les occasions, toi qui es, Vierge Marie, la Mère des Délaissés’».




Discours 2005-2013 60707