Discours 2005-2013 270

AUX ÉVÊQUES PARTICIPANT A UN SÉMINAIRE D'ÉTUDES PROMU PAR LA CONGRÉGATION POUR L'ÉVANGÉLISATION DES PEUPLES


Salle des Suisse, Castelgandolfo Samedi 23 septembre 2006



Monsieur le Cardinal,
271 Chers frères dans l'épiscopat,

Je suis heureux de pouvoir vous rencontrer à l'occasion du séminaire de mise à jour organisé par la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples, et j'adresse à chacun de vous la plus cordiale bienvenue. Je salue tout d'abord Monsieur le Cardinal Ivan Dias, Préfet du dicastère missionnaire depuis quelques mois à peine, et je le remercie pour les aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom également. Je salue ensuite et je remercie tous ceux qui ont prêté leur collaboration au succès de ce cours de formation. J'étends ma pensée affectueuse à vos communautés diocésaines, jeunes et pleines d'enthousiasme, dans lesquelles l'évangélisation montre des signes prometteurs de développement, même dans un contexte parfois dur et difficile. Ces journées de coexistence fraternelle vous seront assurément utiles pour la mission pastorale à leur service, qui vous a été confiée depuis peu par le Seigneur.

Vous êtes appelés à être des Pasteurs parmi des populations qui, pour la plupart, ne connaissent pas encore Jésus Christ. Comme premiers responsables de l'annonce évangélique, vous devez donc faire des efforts importants afin que soit donnée à tous la possibilité de l'accueillir. Vous ressentez toujours plus l'exigence d'inculturer l'Evangile, d'évangéliser les cultures et d'alimenter un dialogue sincère et ouvert avec tous, afin qu'ensemble, l'on édifie une humanité plus fraternelle et solidaire. Ce n'est que poussés par l'amour du Christ qu'il est possible de mener à bien cet effort apostolique, qui exige l'ardeur intrépide de ceux qui, pour le Seigneur, ne craignent ni la persécution, ni la mort. Comment ne pas rappeler les nombreux prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui, au cours des siècles passés et à notre époque, ont scellé par le sang dans les territoires de mission leur fidélité au Christ et à l'Eglise? Ces derniers jours, au nombre de ces témoins héroïques de l'Evangile s'est ajouté le sacrifice de soeur Leonella Sgorbati, missionnaire de la Consolata, sauvagement assassinée à Mogadiscio, en Somalie. Ce martyrologe illustre, hier comme aujourd'hui, l'histoire de l'Eglise et, même dans la souffrance et dans l'appréhension, il maintient vivante dans notre âme la confiance dans une floraison glorieuse de foi chrétienne car, comme l'affirme Tertullien, "le sang des martyrs est semence de nouveaux chrétiens".

A vous, Pasteurs du troupeau de Dieu, est confié le mandat de préserver et de transmettre la foi dans le Christ, qui nous a été confiée dans la tradition vivante de l'Eglise et pour laquelle tant de personnes ont donné leur vie. Pour remplir ce devoir, il est essentiel que vous soyez les premiers un "exemple de bonne conduite: pureté de doctrine, dignité, enseignement sain, irréprochable" (
Tt 2,7-8). "L'homme contemporain - a dit mon vénéré prédécesseur de vénérée mémoire, le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI - écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s'il écoute les Maîtres, c'est parce qu'ils sont des témoins" (Evangelii nuntiandi EN 41). Voilà pourquoi il est nécessaire que vous accordiez une importance primordiale dans votre ministère épiscopal à la prière et à la tension incessante vers la sainteté. Il est important que vous vous préoccupiez de la formation sérieuse des séminaristes et de la mise à jour permanente des prêtres et des catéchistes. Chers frères dans l'épiscopat, un autre service précieux qui vous est demandé est de conserver l'unité de la foi dans la diversité de ses expressions culturelles. Cela exige que vous soyez unis au troupeau, à l'exemple du Christ, Bon Pasteur, et que le troupeau marche toujours uni à vous. Comme sentinelles du Peuple de Dieu, évitez avec fermeté et courage les divisions, en particulier lorsqu'elles sont dues à des motivations ethniques et socio-culturelles. En effet, elles portent atteinte à l'unité de la foi et affaiblissent l'annonce et le témoignage de l'Evangile du Christ, qui est venu dans le monde pour faire de l'humanité tout entière un peuple saint et une seule famille où Dieu est le Père de tous.

C'est un motif de joie et de réconfort de constater que, dans un grand nombre de vos Eglises, on assiste à une floraison constante de vocations au sacerdoce et à la vie religieuse, don merveilleux de Dieu qu'il faut accueillir et promouvoir avec gratitude et zèle. Que votre préoccupation soit de doter les séminaires d'un nombre suffisant de formateurs, choisis et préparés avec soin, qui soient avant tout des exemples et des modèles pour les séminaristes. De plus, vous le savez bien, le séminaire est le coeur du diocèse et c'est précisément pour cela que l'Evêque le suit personnellement. C'est de la préparation des futurs prêtres et de tous les autres agents de la pastorale, en particulier des catéchistes, que dépend l'avenir de vos communautés et celui de l'Eglise universelle.

Vénérés et chers frères, enrichis par votre séjour de formation à Rome, dans quelques jours, vous retournerez dans vos diocèses. Je continuerai à me sentir spirituellement uni à vous et je vous demande d'assurer de mon affection et de ma proximité dans la prière également vos communautés, sur lesquelles j'invoque la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, Etoile de l'évangélisation, et l'intercession de saint Pio de Pietrelcina, dont nous fêtons aujourd'hui la mémoire liturgique. Avec ces sentiments, je vous donne à tous ma Bénédiction apostolique, en l'étendant volontiers à tous ceux qui sont confiés à vos soins de Pasteurs, en particulier aux enfants, aux jeunes et aux personnes âgées, aux malades, aux pauvres et aux personnes qui souffrent.


AUX AMBASSADEURS DE 21 PAYS À MAJORITÉ MUSULMANE PRÈS LE SAINT-SIÈGE ET À QUELQUES REPRÉSENTANTS DES COMMUNAUTÉS MUSULMANES EN ITALIE Salle des Suisses, Castelgandolfo Lundi 25 septembre 2006


Monsieur le Cardinal,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis musulmans,

272 Je suis heureux de vous accueillir pour cette rencontre que j’ai souhaitée afin de consolider les liens d’amitié et de solidarité entre le Saint-Siège et les communautés musulmanes du monde. Je remercie Monsieur le Cardinal Paul Poupard, Président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, pour les paroles qu’il vient de m’adresser, ainsi que vous tous qui avez répondu à mon invitation.

Les circonstances qui ont suscité notre rencontre sont bien connues. J’ai déjà eu l’occasion de m’y arrêter au cours de la semaine écoulée. Dans ce contexte particulier, je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans, rappelant les propos du Concile Vatican II qui sont pour l’Église catholique la Magna Charta du dialogue islamo-chrétien : «L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes et aux décrets duquel, même s’ils sont cachés, ils s’efforcent de se soumettre de toute leur âme, comme s’est soumis à Dieu Abraham, à qui la foi islamique se réfère volontiers» (Déclaration Nostra aetate
NAE 3). Me situant résolument dans cette perspective, dès le début de mon pontificat, j’ai eu l’occasion d’exprimer mon souhait de continuer d’établir des ponts d’amitié avec les adhérents de toutes les religions, manifestant particulièrement mon appréciation de la croissance du dialogue entre musulmans et chrétiens (cf. Discours aux représentants des Églises et Communautés chrétiennes, et aux autres traditions religieuses, 25 avril 2005). Comme je l’ai souligné à Cologne, l’an dernier, «le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut se réduire à un choix passager. Il est en effet une nécessité vitale, dont dépend en grande partie notre avenir» (Discours aux représentants de Communautés musulmanes, 20 août 2005). Dans un monde marqué par le relativisme et excluant trop souvent la transcendance de l’universalité de la raison, nous avons impérativement besoin d’un dialogue authentique entre les religions et entre les cultures, capable de nous aider à surmonter ensemble toutes les tensions, dans un esprit de collaboration fructueuse. Poursuivant l’oeuvre entreprise par mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, je souhaite donc vivement que les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans depuis de nombreuses années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours plus vraie qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun et qui, avec loyauté, respecte les différences.

Le dialogue interreligieux et interculturel est une nécessité pour bâtir ensemble le monde de paix et de fraternité ardemment souhaité par tous les hommes de bonne volonté. En ce domaine, nos contemporains attendent de nous un témoignage éloquent pour montrer à tous la valeur de la dimension religieuse de l’existence. Aussi, fidèles aux enseignements de leurs propres traditions religieuses, chrétiens et musulmans doivent-ils apprendre à travailler ensemble, comme cela arrive déjà en diverses expériences communes, pour se garder de toute forme d’intolérance et s’opposer à toute manifestation de violence; et nous, Autorités religieuses et Responsables politiques, nous devons les guider et les encourager en ce sens. En effet, «même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés sont nées entre chrétiens et musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à pratiquer sincèrement la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les biens de la morale, la paix et la liberté» (Déclaration Nostra aetate NAE 3). Les leçons du passé doivent donc nous aider à rechercher des voies de réconciliation, afin de vivre dans le respect de l’identité et de la liberté de chacun, en vue d’une collaboration fructueuse au service de l’humanité tout entière. Comme le déclarait le Pape Jean-Paul II dans son discours mémorable aux jeunes, à Casablanca au Maroc, « le respect et le dialogue requièrent la réciprocité dans tous les domaines, surtout en ce qui concerne les libertés fondamentales et plus particulièrement la liberté religieuse. Ils favorisent la paix et l’entente entre les peuples» (n. 5).

Chers amis, je suis profondément convaincu que, dans la situation que connaît le monde aujourd’hui, il est impératif que chrétiens et musulmans s’engagent ensemble pour faire face aux nombreux défis qui se présentent à l’humanité, notamment pour ce qui concerne la défense et la promotion de la dignité de l’être humain ainsi que des droits qui en découlent. Alors que grandissent les menaces contre l’homme et contre la paix, en reconnaissant le caractère central de la personne, et, en travaillant avec persévérance pour que sa vie soit toujours respectée, chrétiens et musulmans manifestent leur obéissance au Créateur, qui veut que tous vivent dans la dignité qu’il leur a donnée.

Chers amis, je souhaite de tout coeur que Dieu miséricordieux guide nos pas sur les chemins d’une compréhension réciproque toujours plus vraie. Au moment où pour les musulmans commence la démarche spirituelle du mois de Ramadan, je leur adresse à tous mes voeux cordiaux, souhaitant que le Tout-Puissant leur accorde une vie sereine et paisible. Que le Dieu de la paix vous comble de l’abondance de ses Bénédictions, ainsi que les communautés que vous représentez!


À S.E. M. HANS-HENNING HORSTMANN AMBASSADEUR D'ALLEMAGNE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Castelgandolfo Jeudi 28 september 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Monsieur l'Ambassadeur!

Je profite volontiers de la présentation des Lettres qui vous accréditent aujourd'hui officiellement en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale d'Allemagne près le Saint-Siège pour vous souhaiter la bienvenue et, en vous félicitant de votre nomination, pour vous transmettre mes meilleurs voeux pour votre nouvelle et importante mission. Je vous remercie également pour les aimables paroles que vous m'avez adressées au nom du Président fédéral, M. Horst Köhler, et du gouvernement fédéral allemand. Pour ma part, j'adresse mes salutations au chef de l'Etat, aux membres du gouvernement fédéral et à tout le peuple allemand. Qu'au cours des pochaines années, les bonnes relations entre la République fédérale d'Allemagne, ma patrie bien-aimée, et le Saint-Siège deviennent encore plus fructueuses pour le bien de l'homme!

Au cours de ces derniers jours, j'ai repensé avec gratitude à ma visite pastorale en Bavière qui a eu pour thème: "Celui qui croit n'est jamais seul!". J'ai voulu unir le souvenir de personnes et de lieux auxquels je me sens lié pour des raisons personnelles à des rencontres dans la communauté de foi. J'ai pu annoncer aux nombreuses personnes qui ont participé à la Messe le message de l'amour libérateur et salvifique de Dieu. A cette occasion, je désire remercier une fois de plus les Autorités publiques de l'Etat fédéral et du Land de la Bavière, ainsi que les innombrables volontaires pour le grand soutien apporté, à travers lequel ils ont contribué au bon déroulement de mon voyage apostolique. Les messages que j'ai reçus au cours des derniers jours de la part des participants aux Messes en Bavière et également des téléspectateurs de l'Allemagne et d'autres pays démontrent qu'une communion authentique a eu lieu au cours de ces journées. Je pense que tout cela revêt également une importance sociale: lorsque la société croît et que les personnes se renforcent dans le bien, grâce au message de la foi, la coexistence sociale en bénéficie et les citoyens renforcent leur disponibilité à assumer leur responsabilité pour le bien commun.

Monsieur l'Ambassadeur! La mission du Saint-Siège est universelle. L'attention et la sollicitude du Pape et de ses collaborateurs au sein de la Curie Romaine concernent, pour autant que possible, tous les hommes et tous les peuples. Naturellement, le Saint-Siège s'adresse avant tout aux chrétiens dans les divers pays de la terre, mais il attribue une profonde signification au bien de tous les hommes, indépendamment de leur culture, de leur langue et de leur appartenance religieuse. C'est pourquoi le Saint-Siège tente de collaborer avec tous les hommes de bonne volonté au service de la dignité, de l'intégrité et de la liberté de l'homme. Son salut tient au coeur de l'Eglise catholique. C'est pourquoi la personne, et les communautés auxquelles il appartient et dans lesquelles il vit, sont au centre des activités du Saint-Siège. Son action, également sur la scène internationale, démontre que l'Eglise est du côté de l'homme, ici en Europe et partout dans le monde. En effet, l'Eglise partage "les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent" (Gaudium et spes GS 1). Etant donné que, par sa foi, l'Eglise s'occupe de "sauver l'homme et édifier la société humaine", au centre de sa sollicitude pastorale se trouve l'homme "dans son unité et sa totalité, corps et âme, coeur et conscience, pensée et volonté" (cf. ibid. n. 3). Toutefois, l'Eglise ne s'impose pas. Elle n'oblige personne à accueillir le message de l'Evangile. En effet, la foi en Jésus Christ annoncée par l'Eglise ne peut exister que dans la liberté. C'est pourquoi la tolérance et l'ouverture culturelle doivent caractériser la rencontre avec l'autre. Mais la tolérance ne doit bien sûr jamais être confondue avec l'indifférence, car toute forme d'indifférence est radicalement contraire au profond intérêt chrétien pour l'homme et pour son salut. L'authentique tolérance présuppose également toujours le respect de l'autre, de l'homme, de la créature qui appartient à Dieu et dont Dieu a voulu l'existence. La tolérance dont notre monde a besoin, comme je l'ai également évoqué à Munich, "comprend la crainte de Dieu, le respect de ce qui est sacré pour l'autre. Mais ce respect pour ce que les autres considèrent comme sacré présuppose que nous aussi apprenions à nouveau la crainte de Dieu. Ce sens du respect ne peut être régénéré dans le monde occidental que si croît à nouveau la foi en Dieu" (Homélie, 10 septembre 2006 à Munich).

273 Monsieur l'Ambassadeur! Dans votre discours, vous avez souligné à juste titre les rapports excellents qui existent entre la République fédérale d'Allemagne et le Saint-Siège, ainsi que l'heureuse coopération de ces deux Etats dans certains domaines. Dans ces bonnes relations se reflète certainement également le rapport solide entre l'Etat et l'Eglise en Allemagne. Au cours d'occasions précédentes, nous avons indiqué à plusieurs reprises la bonne co-opération qui existe entre eux dans divers domaines pour le bien de l'homme dans notre patrie. Il est souhaitable que cette collaboration, qui a fait ses preuves entre l'Eglise et l'Etat en Allemagne, puisse se poursuivre et se développer également dans les conditions politiques changeantes au niveau européen.

Comme dans chaque nation, en Allemagne également, la relation entre l'Etat et l'Eglise est étroitement liée à la législation. C'est la raison pour laquelle le Saint-Siège suit avec un vif intérêt les développements et les tendances dans la Fédération et les Länder. Dans le cadre de cette intervention, je ne peux souligner que certains domaines jugés importants par l'Eglise catholique à qui, comme je l'ai déjà dit, tiennent à coeur avant tout l'homme et son salut. Je cite en premier lieu la Protection du mariage et de la famille, qui est reconnue par la Loi fondamentale, mais qui est menacée d'une part par le changement d'interprétation de l'union matrimoniale qui est présente dans l'opinion publique et, d'autre part, par de nouvelles formes prévues par le législateur, qui s'éloignent de celle de la famille naturelle. L'interruption de grossesse, qui est absolument injustifiable et qui coûte la vie, comme cela a toujours été le cas, à de nombreux enfants innocents, demeure une préoccupation douloureuse pour le Saint-Siège et pour toute l'Eglise. Sans doute le débat actuel des responsables politiques sur les interruptions de grossesse à un stade avancé peut renforcer la conscience du fait que le diagnostic d'handicap chez l'enfant ne peut être un motif pour avorter, car la vie avec un handicap est elle aussi voulue et appréciée par Dieu et parce que personne sur cette terre ne peut jamais avoir la certitude de vivre sans limites physiques ou spirituelles. C'est pourquoi l'Eglise ne se lassera jamais d'indiquer aux Institutions européennes spécialisées et aux nations les problèmes éthiques contenus dans le cadre de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires et ce que l'on appelle les "nouvelles thérapies".

Monsieur l'Ambassadeur,

L'Allemagne a offert une nouvelle patrie et un abri aux réfugiés et à de nombreuses personnes qui, dans leur patrie d'origine, sont menacées de persécution pour des motifs tant politiques que religieux. Le réseau d'aide et de solidarité, qui comprend également des étrangers dans le besoin, représente en effet un ordre social humain. La capacité de ce réseau dépend de la contribution de tous. Il est donc souhaitable que le droit d'asile soit garanti selon l'intention du législateur, en conformité aux directives juridiques et selon le principe de justice. Il est nécessaire de tenir compte du fait que, pour de nombreux réfugiés, trouver refuge en Allemagne est une question vitale. A cet égard, le Saint-Siège demande aux Institutions spécialisées de l'Etat de ne pas renvoyer les chrétiens étrangers dont la vie et le bien-être sont menacés à cause de leur foi et de faciliter leur intégration en Allemagne.

L'Allemagne est à juste titre fière de sa grande tradition culturelle. La transmission de la culture aux générations successives représente l'un des devoirs importants de l'Etat. Toutefois, le savoir doit aller de pair avec les valeurs, afin que la formation soit authentique. Dans la majorité des Länder allemands, l'Etat partage ce grand défi avec l'Eglise, qui est présente dans les écoles à travers le cours de religion, en tant que matière appartenant au cursus scolaire. Dans de nombreux endroits, les étudiants qui n'appartiennent à aucune confession religieuse suivent une leçon d'éthique "neutre du point de vue religieux". Cette leçon d'éthique ne peut et ne doit en aucun cas être "neutre du point de vue des valeurs". Elle doit permettre aux étudiants de se familiariser avec la grande tradition de l'esprit occidental qui a façonné l'histoire et la culture de l'Europe et qui continue à les inspirer.

L'Eglise considère qu'il est important que cette leçon d'éthique soit donnée parallèlement à celle de la religion d'appartenance, sans toutefois la remplacer sous aucune forme.

Monsieur l'Ambassadeur,

L'Allemagne est un pays ouvert au monde. Notre patrie occupe aujourd'hui une place solide et reconnue dans la communauté des Etats et des peuples européens. En outre, l'Allemane, au-delà des questions d'intérêt national, n'oublie pas les questions de nombreux pays pauvres ailleurs dans le monde. Les oeuvres d'assistance ecclésiales internationales de l'Eglise catholique, qui sont présentes sur le sol allemand, peuvent compter sur la générosité authentique de la population. Dans de nombreuses questions relatives aux droits de l'homme, humanitaires et internationales, le Saint-Siège peut compter sur une collaboration fondée sur la confiance de la part du gouvernement fédéral allemand. Pour toutes ces raisons, l'Eglise et moi-même sommes sincèrement reconnaissants. Monsieur l'Ambassadeur, grâce à votre longue expérience diplomatique au service de la République fédérale d'Allemagne, vous pouvez faire en sorte que cette collaboration se renforce toujours plus et qu'elle soit placée au service de l'homme. J'implore de tout coeur sur Vous, sur votre famille et sur tous les membres de l'Ambassade, la protection constante de Dieu, ainsi que ses abondantes Bénédictions.


À S.E. M. PEDRO RROK LOGU AMBASSADEUR D'ALBANIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Palais Apostolique de Castelgandolfo Vendredi 29 septembre 2006

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE


Monsieur l'Ambassadeur,

274 En vous souhaitant la bienvenue au début de votre mission, je vous remercie des paroles courtoises que vous m'avez adressées et des sentiments de profonde estime que vous avez voulu manifester à l'égard du Saint-Siège. Je vous prie de transmettre à Monsieur le Président de la République que je réponds cordialement à ses salutations, en étendant ma pensée à tout le peuple albanais, chez qui même la longue et pénible dictature communiste, dont vous êtes sortis il y a quelques années, n'a pas réussi à effacer l'aspiration à la vérité et à la liberté, comme vous l'avez observé de façon opportune. Pour croître dans un climat d'authentique liberté, un cadre éthique et spirituel adéquat est nécessaire, fondé sur une conception de l'homme et du monde qui en reflète la nature et la vocation. L'Europe, avec son très riche patrimoine d'idées et d'institutions, a certainement représenté au cours de ces deux millénaires un laboratoire privilégié de civilisation, bien qu'au prix de nombreuses difficultés. Combien de guerres! Jusqu'à celles du siècle dernier, qui ont revêtu des proportions mondiales. L'Albanie aspire à s'intégrer également sur le plan institutionnel avec les nations européennes, se sentant déjà liée à elles pour des raisons non seulement géographiques, mais surtout historiques et culturelles. Je ne peux que souhaiter qu'une telle aspiration trouve une pleine et précieuse réalisation et qu'elle puisse offrir sa propre contribution spécifique au processus harmonieux d'unification de l'Europe.

Monsieur l'Ambassadeur, j'ai beaucoup apprécié le fait que vous ayez souligné, tant en référence au passé qu'au présent, combien ont été importantes la présence et l'oeuvre de l'Eglise catholique en Albanie, pour la promotion de la foi et des valeurs spirituelles, ainsi que pour le soutien de nombreuses situations de besoin. A cet égard, je voudrais rappeler Mère Teresa, proclamée bienheureuse en 2003 par mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II. A travers le témoignage d'une vie évangélique et le courage désarmant de ses gestes, de ses paroles et des ses écrits, cette fille élue de l'Albanie a annoncé à tous que Dieu est amour et qu'il aime tout homme, en particulier celui qui est pauvre et abandonné. En réalité, c'est précisément l'amour qui est la véritable force révolutionnaire qui transforme le monde et le fait avancer vers son accomplissement; c'est de cet amour que l'Eglise entend témoigner, à travers ses oeuvres d'éducation et d'assistance, ouvertes non seulement aux catholiques, mais à tous. Tel est le style qu'a enseigné Jésus Christ: le bien doit être fait pour lui-même et non pas à d'autres fins. En soulignant cet engagement de l'Eglise dans l'exercice de l'amour évangélique, je désire rappeler qu'une forme éminente de charité est l'activité politique vécue comme service à la polis, à la "chose publique", dans l'optique du bien commun. C'est ce service que se sentent appelés à accomplir les catholiques, en particulier les fidèles laïcs, dans le respect de l'autonomie légitime de la politique et en collaborant avec les autres citoyens en vue de l'édification d'une nation prospère, fraternelle et solidaire. L'Albanie doit affronter de nombreux défis en ce moment. Je voudrais citer, entre autres problèmes, celui de l'émigration d'un grand nombre de ses fils. Si, d'une part, il est nécessaire de combattre les causes d'un tel phénomène, il faut également créer les conditions afin que ceux qui le désirent puissent retourner dans leur patrie. Je suis heureux de rendre ici hommage aux Albanais qui, fidèles aux plus hautes valeurs de leur tradition, savent se faire apprécier en Italie, en Europe et dans d'autres pays du monde.

En ce qui concerne ensuite les relations officielles entre l'Eglise catholique et l'Etat, j'exprime mon appréciation pour la réglementation - à laquelle vous avez fait référence - approuvée afin de rendre effectif l'Accord de 2002 entre le Saint-Siège et la République d'Albanie, et je souhaite que des ententes opportunes suivent pour réglementer également les aspects économiques qui revêtent une grande importance. Le Saint-Siège veut de cette façon contribuer au processus de consolidation de l'état de droit en Albanie, ainsi que du cadre juridique nécessaire pour le réel exercice des droits des citoyens dans le domaine religieux. Cela favorisera également la coexistence entre les diverses confessions religieuses présentes dans le pays, qui ont su jusqu'à présent offrir un exemple de respect et de collaboration réciproques, qu'il faut conserver et promouvoir.

Monsieur l'Ambassadeur, je forme mes meilleurs voeux pour une mission sereine et utile, en vous assurant de la collaboration cordiale de tous ceux qui travaillent dans les divers Bureaux du Siège apostolique. J'ai à coeur de rappeler, au terme de ces réflexions, le souhait que le serviteur de Dieu Jean-Paul II adressa au bien-aimé peuple albanais au cours de la visite historique du 25 avril 1993, c'est-à-dire de "persévérer unis et fermes sur le chemin [...] qui conduit à la pleine liberté, dans le respect de tous, et en suivant les traces, à vous familières, de la coexistence pacifique, de la collaboration et de l'entente ouvertes entre toutes les composantes ethniques, culturelles et spirituelles" (Discours lors de la cérémonie de bienvenue, n. 3; Insegnamenti de Jean-Paul II, XVI, 1 [1993]). Sur ce chemin, l'Albanie pourra compter sur le soutien de l'Eglise catholique et, en particulier, du Saint-Siège. Je vous en assure, ainsi que de mon souvenir dans la prière, tandis que j'invoque les Bénédictions célestes sur vous et sur votre famille, sur le Président de la République et sur le peuple albanais tout entier.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU MALAWI EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi, 29 septembre 2006



Chers frères Evêques,

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, Evêques du Malawi, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum", et je vous remercie des paroles courtoises que Mgr Tarcisius Ziyaye, Président de la Conférence épiscopale, m'a adressées en votre nom. Votre visite manifeste les liens profonds de communion et d'affection qui lient vos Eglises locales d'Afrique orientale au Siège de Rome. Simon Pierre fut appelé à affermir ses frères (cf. Lc 22,32) et à nourrir le troupeau du Seigneur (cf. Jn 21,17), et vous aussi avez été constitués comme responsables et Pasteurs de votre peuple pour l'instruire, le sanctifier et le gouverner au nom du Seigneur. Alors que vous vous recueillez sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul, je prie afin que, à travers leur intercession, vous soyez fortifiés et nourris pour votre ministère parmi les habitants du Malawi et que vous continuiez à proclamer sans crainte l'Evangile de Jésus Christ, qui est venu "pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante" (Jn 10,10).

La joie exubérante avec laquelle les peuples d'Afrique rendent grâce à Dieu dans les célébrations liturgiques est connue dans le monde entier et l'Eglise qui est au Malawi ne fait pas exception. Leur joyeuse célébration exprime la grande vitalité de vos communautés chrétiennes et reflète la prédominance des jeunes dans votre population. Continuez à les guider avec une authentique sollicitude paternelle vers une connaissance plus approfondie de leur Seigneur crucifié et ressuscité, en leur dispensant toujours une saine catéchèse dans la foi. Dans ce but, il est important que les enseignants et les catéchistes reçoivent une bonne préparation pour leur noble tâche car, comme vous le savez, ils jouent un rôle important en aidant l'Evêque dans sa responsabilité d'enseigner avec l'autorité du Christ. Ils devraient donc recevoir une bonne formation dans la foi et être en mesure de communiquer aussi bien les joies que les difficultés à suivre le Christ. Je souhaite que l'Université catholique du Malawi, qui vient d'être inaugurée, réussisse à offrir une contribution significative dans ce domaine et je vous encourage à faire tout votre possible pour lui fournir toutes les ressources dont elle a besoin et lui permettre de conserver un haut niveau d'enseignement, en fidélité au Magistère de l'Eglise.

Dans un monde dominé par des valeurs séculières et matérielles, il peut être difficile de conserver ce style de vie à contre-courant de la culture dominante et qui est tellement nécessaire au sacerdoce et à la vie religieuse. Le clergé de votre pays, comme du reste les fidèles qu'il assiste, se trouve parfois dans des situations de besoin, ne possédant pas les moyens nécessaires pour "assurer au clergé un niveau de vie suffisant et soutenir les oeuvres d'apostolat et de charité" (Presbyterorum ordinis PO 17). Je suis certain que vous ferez tout votre possible pour répondre aux nécessités légitimes de vos collaborateurs et, en même temps, que vous les mettrez en garde contre un intérêt excessif pour les biens matériels. Aidez votre clergé à ne pas tomber dans le piège de considérer le sacerdoce comme un instrument de promotion sociale, en lui rappelant que "l'unique, légitime ascension au ministère pastoral est la Croix" (cf. Homélie d'ordination, 7 mai 2006). Les responsables de la formation au séminaire doivent enseigner aux étudiants qu'un prêtre est appelé à vivre pour les autres et non pour lui-même, à l'image du Christ, qui est venu "non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (Mc 10,45). C'est surtout l'exemple d'un ministère véritablement centré sur le Christ de la part de l'Evêque qui peut inspirer ses prêtres. Mes chers frères Evêques, vivez comme des disciples authentiques du Christ et faites en sorte que votre "sequela" soit à la base de l'autorité que vous exercez. Je prie afin que, de cette façon, vous puissiez renforcer les liens de charité fraternelle au sein du presbyterium de chacune de vos Eglises locales.

Je constate avec joie que vous continuez à exercer votre tâche magistérielle en vous exprimant sur des questions d'ordre social. En effet, votre Lettre pastorale de Pentecôte, "Renouveler nos vies et la société avec le pouvoir de l'Esprit Saint", que vous avez publiée au début de cette année, attire l'attention sur plusieurs problèmes sociaux et moraux qui frappent ce pays. La sécurité alimentaire est menacée non seulement par la sécheresse, mais également par une gestion de l'agriculture inefficace et injuste. La diffusion du SIDA augmente en raison de l'incapacité à rester fidèles à un unique partenaire dans le mariage ou à pratiquer l'abstinence; les droits des femmes, des enfants et des enfants à naître sont violés de manière cynique par le trafic d'êtres humains, par la violence domestique et par ceux qui défendent l'avortement. Ne cessez jamais de proclamer la vérité, et insistez sur celle-ci "à temps et à contretemps" (2Tm 4,2) car "la vérité vous libérera" (Jn 8,32). Le Bon Pasteur, qui ne laisse jamais son troupeau sans gardien, veille sur ses brebis et les protège toujours. Suivant son exemple, continuez à guider votre peuple loin des dangers qui le menacent et conduisez-le vers des pâturages sûrs. Je prie afin que votre peuple suive vos conseils dans le but de renouveler le visage de la Terre (cf. Ps Ps 104,30) et que l'Esprit de Dieu puisse vraiment conserver l'unité de votre nation dans le lien de la paix (cf. Ep Ep 4,3).

En concluant mes réflexions d'aujourd'hui, je désire vous rappeler l'image des Apôtres réunis au Cénacle avec Marie, la Mère du Seigneur, priant pour la venue de l'Esprit Saint, la même scène que vous décrivez de manière magnifique dans le paragraphe de conclusion de votre dernière Lettre pastorale. Dans ce document, vous avez encouragé votre peuple à se réunir pour prier, en famille et au sein de petites communautés chrétiennes. Je sais que vous continuerez vous aussi à prier ensemble et en communion avec le clergé et le laïcat, pour les dons de l'Esprit à l'Eglise de votre pays. L'Esprit est une force "qui transforme le coeur de la Communauté ecclésiale, afin qu'elle soit, dans le monde, témoin de l'amour du Père, qui veut faire de l'humanité, dans son Fils, une unique famille" (Deus caritas est ). Je prie moi aussi afin que l'Esprit puisse se répandre en abondance sur vous tous et, alors que je vous confie, ainsi que votre clergé, les religieux et les laïcs, à l'intercession de Marie, Mère de l'Eglise, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, en gage de grâce et de force dans Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.



Discours 2005-2013 270