Discours 2005-2013 288

AUX PARTICIPANTS À LA RÉUNION DES "CHRISTIAN WORLD COMMUNIONS" Vendredi 27 octobre 2006

Chers amis,

"A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ" (Rm 1,7). C'est par ces mots que l'Apôtre Paul saluait les premières communautés chrétiennes de Rome, et avec cette même prière, je vous souhaite la bienvenue ici aujourd'hui, dans cette ville où Pierre et Paul ont accompli leur ministère et ont versé leur sang pour le Christ.

Depuis plusieurs décennies, la Conférence des Secrétaires des Communions chrétiennes mondiales offre un forum permettant des contacts féconds entre les différentes communautés ecclésiales. Cela a permis à leurs représentants d'édifier cette confiance réciproque nécessaire pour s'engager sérieusement à mettre la richesse des différentes traditions chrétiennes au service de l'appel commun à devenir des disciples. Je suis heureux de vous rencontrer tous ici aujourd'hui, et de vous encourager dans votre travail. Chaque pas vers l'unité des chrétiens sert à proclamer l'Evangile, et il est rendu possible par la grâce de Notre Seigneur Jésus Christ qui pria pour que ses disciples soient un, "afin que le monde croie" (Jn 17,21).

Il est clair pour nous tous que le monde d'aujourd'hui a besoin d'une nouvelle évangélisation, que les chrétiens rendent compte d'une manière renouvelée de l'espérance qui est en eux (cf. 1P 3,15). Pour le moment, ceux qui professent que Jésus Christ est Seigneur sont tragiquement divisés et ne peuvent pas toujours apporter un témoignage commun cohérent. Nous avons tous là une immense responsabilité.

Dans cette perspective, je suis heureux de voir que le thème de votre rencontre - Visions de l'unité chrétienne - se concentre sur une question oecuménique fondamentale. Les dialogues théologiques dans lesquels de nombreuses Communions chrétiennes mondiales sont engagés se caractérisent par une tentative d'aller au-delà des éléments qui divisent, en vue de l'unité dans le Christ que nous recherchons. Aussi décourageant que puisse sembler le chemin, nous ne devons pas perdre de vue le but final: la pleine communion dans le Christ et dans l'Eglise. Nous pouvons nous sentir découragés lorsque les progrès sont lents, mais l'enjeu est trop important pour que nous puissions revenir en arrière. Au contraire, il y a de bonnes raison pour aller de l'avant, comme mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II indiqua dans sa Lettre encyclique Ut unum sint sur l'engagement oecuménique de l'Eglise catholique, où il parle de fraternité retrouvée et d'une plus grande solidarité au service de l'humanité (nn. 41sqq).

La Conférence des Secrétaires des Communions chrétiennes mondiales continue d'oeuvrer sur les questions importantes relatives à son identité et son rôle spécifique dans le mouvement oecuménique. Prions pour que cette réflexion apporte une perspective renouvelée sur l'éternelle question oecuménique de la "réception" (cf. ibid., nn. 80sq) et qu'elle permette de renforcer le témoignage commun qui est aujourd'hui si nécessaire.

L'Apôtre nous assure que "l'Esprit vient au secours de notre faiblesse" (Rm 8,26). Malgré les nombreux obstacles qu'il reste à surmonter, nous croyons fermement que le Saint-Esprit est toujours présent et qu'il nous guidera sur la bonne voie. Poursuivons notre voyage avec patience et détermination car c'est à Dieu que nous offrons tous nos efforts, "par Jésus Christ, à lui soit la gloire aux siècles des siècles" (Rm 16,27).


AUX ÉVÊQUES D'IRLANDE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Samedi 28 octobre 2006

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Chers frères Evêques,

Reprenant les paroles d'un salut irlandais traditionnel, vous êtres cent mille fois les bienvenus, Evêques d'Irlande, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". Alors que vous priez auprès des tombes des Apôtres Pierre et Paul, puissiez-vous tirer votre inspiration du courage et de la vision de ces deux grands saints, qui ont guidé avec autant de fidélité le chemin de la mission de l'Eglise qui est de proclamer le Christ au monde. Aujourd'hui, vous êtes venus renforcer les liens de communion avec le Successeur de Pierre et j'exprime avec plaisir mon appréciation pour les paroles courtoises que S.Exc. Mgr Seán Brady, Président de votre Conférence épiscopale, m'a adressées en votre nom. Le témoignage constant de la foi dans le Christ et de la fidélité au Saint-Siège d'innombrables générations d'Irlandais a forgé l'Irlande au niveau le plus profond de son histoire et de sa culture. Nous sommes tous conscients de la contribution exceptionnelle que l'Irlande a apportée à la vie de l'Eglise, et du courage extraordinaire de ses fils et de ses filles missionnaires, qui ont apporté le message de l'Evangile bien au-delà de ses rivages. Pendant ce temps, la flamme de la foi a continué à briller avec courage dans votre pays, malgré toutes les épreuves que votre peuple a dû affronter au cours de son histoire. Selon les paroles du Psalmiste, "L'amour du Seigneur, sans fin je le chante; ta fidélité, je l'annonce d'âge en âge" (
Ps 89,1).

L'époque actuelle offre de nouvelles opportunités pour rendre témoignage au Christ et présente de nouveaux défis à l'Eglise qui est en Irlande. Vous avez parlé des conséquences sur la société du développement de la prospérité qui a eu lieu au cours des quinze dernières années. Après des siècles d'émigration, qui ont signifié la souffrance de la séparation pour tant de familles, vous faites l'expérience pour la première fois d'une vague d'immigration. La traditionnelle hospitalité irlandaise trouve des expressions nouvelles et inattendues. Comme le sage maître de maison qui extrait de son trésor "du neuf et de l'ancien" (Mt 13,52), votre peuple doit considérer les changements de la société avec discernement, et c'est pour cela qu'il se tourne vers vous pour trouver des guides. Aidez-le à reconnaître l'incapacité de la culture séculière et matérialiste à apporter une joie et une satisfaction authentiques. Soyez courageux en parlant de la joie que procure le fait de suivre le Christ et de vivre selon ses commandements. Rappelez-lui que notre coeur a été fait pour le Seigneur et qu'il ne trouvera pas de paix tant qu'il ne reposera pas en Lui (cf. saint Augustin, Confessions 1, 1).

Très souvent, le témoignage à contre courant de l'Eglise est mal interprété, comme quelque chose de dépassé et de négatif dans la société actuelle. C'est pourquoi il est important de souligner la Bonne Nouvelle, le message de l'Evangile qui donne et qui accroît la vie (cf. Jn 10,10). Bien qu'il soit nécessaire de s'exprimer avec force contre les maux qui nous menacent, nous devons corriger l'idée que le catholicisme n'est qu'"une série d'interdictions". Une solide catéchèse et une "formation du coeur" attentive sont ici nécessaires. A cet égard, en Irlande, vous êtes bénis par les solides ressources de votre réseau d'écoles catholiques et par de nombreux enseignants religieux et laïcs engagés, qui se consacrent avec sérieux à l'éducation des jeunes. Continuez à les encourager dans leur travail et assurez-vous que leurs programmes catéchétiques soient fondés sur le Catéchisme de l'Eglise catholique, ainsi que sur le nouveau Compendium.Il faut se garder de présentations superficielles de l'enseignement catholique, car seule la plénitude de la foi peut communiquer la force libératrice de l'Evangile. En exerçant votre vigilance sur la qualité des programmes d'étude et des livres de texte utilisés, et en proclamant la doctrine de l'Eglise dans sa totalité, vous exercez votre responsabilité d'annoncer "la Parole [...] à temps et à contre temps [...] avec une grande patience et avec le souci d'instruire" (2Tm 4,2).

Dans l'exercice de votre ministère pastoral, au cours des dernières années, vous avez dû faire face à de nombreux cas douloureux d'abus sexuels sur des mineurs. Ces faits sont encore plus tragiques lorsque c'est un ecclésiastique qui les commet. Les blessures causées par de tels actes sont profondes, et la tâche de rétablir la confiance lorsqu'elle a été lésée est urgente. Dans vos efforts permanents pour affronter ce problème de manière efficace, il est important d'établir la vérité sur ce qui est arrivé par le passé, de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise à l'avenir, d'assurer que les principes de justice soient pleinement respectés et, surtout, de soutenir les victimes et tous ceux qui sont victimes de ces crimes monstrueux. De cette façon, l'Eglise qui est en Irlande se fortifiera et sera toujours davantage capable de rendre témoignage de la force rédemptrice de la Croix du Christ. Je prie afin que, par la grâce de l'Esprit Saint, ce temps de purification permette à tout le peuple de Dieu qui est en Irlande de "conserver et d'achever par leur vie cette sanctification qu'ils ont reçue" (cf. Lumen gentium LG 40).

L'excellent travail et le généreux engagement de la plupart des prêtres et des religieux en Irlande ne doivent pas être obscurcis par les transgressions de certains de leurs frères. Je suis certain que les personnes le comprennent et qu'elles continuent à considérer leur clergé avec affection et estime. Encouragez vos prêtres à rechercher toujours un renouveau spirituel et à découvrir à nouveau la joie de prendre soin de leur troupeau au sein de la grande famile de l'Eglise. L'Irlande était autrefois bénie par une telle abondance de vocations sacerdotales et religieuses, que le monde a pu largement bénéficier de son oeuvre apostolique. Cependant, au cours des dernières années, le nombre des vocations a diminué de manière draconienne. Il est donc urgent d'écouter les paroles du Seigneur: "La moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson" (Mt 9,37-38). Je suis donc heureux d'apprendre qu'un grand nombre de vos diocèses ont adopté la pratique de la prière silencieuse pour les vocations devant le Très Saint Sacrement. Il faut l'encourager avec ferveur. Mais c'est surtout à vous, Evêques, et à votre clergé qu'il revient d'offrir aux jeunes une image inspiratrice et attirante du sacerdoce ordonné. Notre prière pour les vocations doit conduire à l'action, "afin que de notre coeur en prière jaillisse également l'étincelle de la joie en Dieu, de la joie pour l'Evangile, et qu'elle suscite en d'autres coeurs la disponibilité à prononcer leur "oui"" (Discours aux prêtres et aux diacres permanents, Freising, 14 septembre 2006). Même si dans certains milieux, l'engagement chrétien est considéré comme peu à la mode, de nombreux jeunes irlandais éprouvent une authentique soif spirituelle et le désir généreux de servir les autres. La vocation au sacerdoce ou à la vie religieuse offre l'opportunité de répondre à ce désir d'une manière qui apporte une joie profonde et une réalisation personnelle.

Permettez-moi d'ajouter une observation qui me tient beaucoup à coeur. Pendant de nombreuses années, les représentants chrétiens de toutes les confessions, les chefs politiques et de nombreux hommes et femmes de bonne volonté se sont engagés pour rechercher les moyens d'assurer un avenir plus lumineux à l'Irlande du Nord. Bien que le chemin soit difficile, de multiples progrès ont récemment été accomplis. Je prie afin que l'engagement des personnes concernées conduise à l'édification d'une société caractérisée par un esprit de réconciliation, de respect réciproque et de coopération pleine de bonne volonté pour le bien de tous.

Alors que vous vous préparez à retourner dans vos diocèses, je confie votre ministère apostolique à l'intercession de tous les saints d'Irlande et je vous assure de ma profonde affection et de ma prière constante pour vous et pour le peuple irlandais. Puisse Notre-Dame de Knock veiller sur vous et vous protéger toujours! Je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux et aux fidèles laïcs de votre île bien-aimée, ma Bénédiction apostolique en gage de paix et de joie dans le Seigneur Jésus Christ.


AUX ÉVÊQUES DE GRÈCE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Lundi 30 octobre 2006



Vénérés frères dans l'épiscopat,

290 Vous qui provenez d'une terre tant aimée de l'Apôtre des Nations, je suis heureux de vous saluer à travers ses propres paroles: "Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus, car vous avez été comblés en lui de toutes les richesses" (1Co 4-5). Je suis heureux de vous accueillir en tant que Successeur de Pierre, l'Apôtre auquel le Christ confia de façon particulière la responsabilité de promouvoir l'unité de l'Eglise, l'Epouse pour laquelle Il versa son sang sur la croix. La visite ad limina que vous accomplissez constitue un événement d'une importance particulière dans l'approfondissement de la communion qui, par la grâce de Dieu, existe entre nous. Il s'agit d'un don de Dieu dont nous sommes conscients et dont nous nous proposons d'être les gardiens fidèles.

Au cours des rencontres que j'ai eues avec chacun d'entre vous, j'ai pu percevoir la préoccupation commune pour la rapide évolution de la configuration de vos communautés. Les événements politiques et sociaux, qui ont eu lieu dans la région où sont situées les Eglises qui vous sont confiées, ont ouvert des questions pastorales qui exigent des solutions urgentes. En particulier, l'afflux important de catholiques provenant des Nations voisines présente, pour vous et pour votre clergé, de nouvelles exigences de service ministériel auxquelles il n'est pas facile de répondre. Je comprends donc vos préoccupations apostoliques à l'égard d'un troupeau qui s'est accru et diversifié de manière importante, en raison de la présence de fidèles de différentes langues et de différents rites. Je pense que le développement d'un dialogue constructif avec les autres épiscopats est plus que jamais opportun, précisément à la lumière de la nouvelle situation. De cette confrontation découleront certainement des décisions providentielles pour trouver aussi bien les saints ministres nécessaires, que les ressources sur lesquelles compter. Certes, il faudra tenir compte du respect des identités spécifiques, mais sans sacrifier pour cela la vie et les programmes des Eglises que le Christ vous a confiées. Vous êtes les Pasteurs du Peuple de Dieu sur la terre grecque: il ne s'agit pas seulement d'un titre honorifique, mais d'une véritable responsabilité comprenant des devoirs précis.

A cet égard, je vous exhorte cordialement à persévérer dans vos efforts en vue de promouvoir la pastorale des vocations: il faut, d'une part, cultiver avec soin les germes de vocation que Dieu continue de placer dans le coeur des jeunes garçons et des jeunes filles également à notre époque; d'autre part, il faudra inviter les communautés chrétiennes à prier avec plus d'intensité le "Maître de la moisson", afin qu'il suscite de nouveaux ministres et de nouvelles personnes consacrées pour l'accomplissement adéquat des divers devoirs exigés par le Corps mystique du Christ. Je souhaite quoi qu'il en soit que, avec un dévouement généreux de la part de tous, on puisse, également dans la situation présente, répondre aux besoins spirituels des nombreux immigrés qui ont trouvé un accueil digne et cordial dans votre pays. Tel est le style caractéristique de votre peuple, qui a su depuis toujours s'ouvrir à un contact constructif avec les peuples voisins. Grâce également à cette prérogative innée, vous saurez assurément identifier la juste approche dans le dialogue avec les autres épiscopats catholiques des divers rites, afin d'organiser des fonctions pastorales adéquates pour un témoignage évangélique fructueux sur votre terre.

La Providence vous a placés en contact étroit avec nos frères orthodoxes qui, par leur nombre, représentent la majorité de vos concitoyens. Tous ont le désir profond de participer ensemble à l'unique autel sur lequel on offre, sous les voiles du Sacrement, l'unique Sacrifice du Christ! Nous voulons intensifier notre prière afin qu'arrive bientôt le jour béni où il nous sera donné de partager ensemble le Pain et de boire ensemble à la même Coupe, dans laquelle se trouve le prix de notre salut. Dans ce contexte, je souhaite que s'ouvrent des perspectives toujours plus grandes pour un dialogue constructif entre l'Eglise orthodoxe de Grèce et l'Eglise catholique et que se multiplient les initiatives communes d'ordre spirituel, culturel et pratique. J'ai également plaisir à adresser une pensée bienveillante à Sa Béatitude l'Archevêque Christodoulos d'Athènes et de toute la Grèce, en demandant au Seigneur de soutenir sa clairvoyance et sa prudence dans l'accomplissement du service délicat qui lui a été confié par le Seigneur. A travers lui, je voudrais saluer avec une profonde affection le Saint Synode de l'Eglise orthodoxe de Grèce et tous les fidèles qu'elle sert avec amour et dévouement apostolique. Je suis certain, vénérés frères, que vous offrirez votre collaboration efficace au Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens et aux membres du Collège épiscopal de l'Eglise orthodoxe de Grèce pour favoriser des progrès supplémentaires sur la voie de la pleine unité si désirée.

Dans les entretiens que j'ai eus avec vous, j'ai également perçu vos désirs de voir défini, de la part de l'Etat, le droit de posséder un statut juridique approprié et reconnu. Sur cette question est en cours - comme vous le savez bien - un dialogue dans lequel le Siège apostolique ne joue pas un rôle de premier plan. Il s'agit en effet d'un sujet interne, auquel le Saint-Siège est toutefois très attentif, car il désire une solution appropriée des problèmes en jeu, sur la base non seulement de la législation locale en vigueur et des directives européennes, mais également du droit international et de la pratique désormais consolidée de relations bilatérales cordiales et fructueuses. Dans ce domaine, la persévérance, outre le dialogue, est nécessaire. Il est inutile d'ajouter que l'Eglise catholique ne recherche aucun privilège, mais qu'elle demande uniquement de voir reconnue son identité et sa mission, afin de pouvoir apporter de façon efficace sa contribution au bien-être intégral du noble peuple grec, dont vous faites partie intégrante. Avec patience et dans le respect des procédures légitimes, il sera possible de parvenir, grâce à l'engagement de tous, à l'entente souhaitée.

Vénérés frères, avec une profonde participation, j'ai appris de vos bouches les difficultés de nombreuses communautés en raison des déplacements intérieurs des fidèles. Un grand nombre d'entre eux sont dispersés sur le territoire, entraînant pour conséquence de graves difficultés dans les rapports avec leurs pasteurs respectifs. C'est également à la lumière de ces phénomènes que se révèle toute l'importance de votre unité affective et effective, vous qui êtes Evêques, à travers une coordination intérieure toujours plus efficace. L'analyse faite ensemble des problèmes communs conduit à des solutions partagées et à un parcours ecclésial, dans lequel chacun est appelé à offrir sa contribution aux besoins de l'autre, afin d'édifier ensemble le Royaume de Dieu. Le devoir du ministre de Dieu, en effet, est de faire tout ce qui est en son pouvoir afin que les dons accordés par Dieu à chacun servent à l'édification de tous, rendant ainsi gloire à l'unique Seigneur.

Très chers amis, l'Esprit du Christ vous a placés dans l'Eglise comme Pasteurs et Maîtres. Ne craignez pas les difficultés, mais en toute chose rendez grâce à Dieu, en coopérant avec lui pour le salut des âmes. Soyez certains que la Providence ne vous abandonnera pas dans vos efforts. De retour dans vos sièges respectifs, apportez mon salut cordial à vos prêtres, aux religieux et à tous les fidèles, en les assurant de ma prière fervente et de mon affection constante. Tandis que j'invoque sur chacun l'intercession céleste de Marie, Reine des Apôtres, je vous donne, ainsi qu'à tous ceux qui sont confiés à vos soins pastoraux, une Bénédiction particulière, en gage des réconforts abondants du Seigneur.


AUX MEMBRES DES ASSOCIATIONS PRO PETRI SEDE ET ETRENNES PONTIFICALES Lundi 30 octobre 2006



Chers amis,

Je vous accueille avec joie, vous qui êtes venus à Rome pour manifester, particulièrement en cet instant, votre attachement au Siège apostolique.

Le sens de la communion ecclésiale qui vous habite s’exprime chaque année par un geste généreux de solidarité, destiné à secourir nos frères les plus démunis. Déjà au temps des Apôtres, les membres de la jeune communauté chrétienne «mettaient tout en commun» (Ac 2,44-45) et saint Paul avait le souci d’organiser dans chaque communauté qu’il fondait ce service de la collecte en faveur des autres Églises (cf. 1Co 16,1). Comme je l’ai rappelé dans l’Encyclique Deus caritas est, «la charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer» (n. 25). Et j’ajoutais : «L’Église est la famille de Dieu dans le monde. Dans cette famille, personne ne doit manquer du nécessaire» (idem).

291 Vous savez les besoins immenses de la solidarité, pour que nos frères soient respectés dans leur dignité fondamentale, qu’ils soient nourris, logés et éduqués; chaque année, vous y répondez généreusement en offrant au Pape le fruit de votre collecte. Soyez-en vivement remerciés, au nom de toutes les communautés chrétiennes que vos dons contribueront à aider, pour qu’elles soient toujours au service de la mission, en annonçant la Parole de Vie, en offrant les sacrements du salut et en mettant en oeuvre la charité du Christ.

En vous confiant, vous et vos familles, à l’intercession bienveillante et maternelle de la Mère de Dieu, Notre-Dame du Rosaire, je vous accorde de grand coeur une particulière Bénédiction apostolique, que j’étends à tous les membres de vos deux associations et à leurs proches.

                                                           Novembre 2006

VISITE DU SAINT-PÈRE A L'UNIVERSITÉ PONTIFICALE GRÉGORIENNE Vendredi 3 novembre 2006

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers Professeurs et chers étudiants!

Je suis heureux de vous rencontrer aujourd'hui. Un premier salut vous est tout d'abord destiné, chers étudiants, que je vois nombreux dans ce quadriportique élégant et austère, mais que je sais également présents dans plusieurs salles et en contact avec nous à travers des écrans et des hauts-parleurs. Chers jeunes, je vous remercie des sentiments exprimés par votre représentant et par vous-mêmes. L'Université est, d'une certaine manière, précisément la vôtre. Celle-ci, depuis le lointain 1551, lorsque saint Ignace de Loyola la fonda, existe pour vous, pour les étudiants. Toutes les énergies prodiguées par vos professeurs et vos enseignants, dans l'enseignement et dans la recherche, vous sont destinées. C'est à vous que s'adressent les préoccupations et les efforts quotidiens du Recteur Magnifique, des Vice-Recteurs, des Doyens et des Proviseurs. Vous en êtes conscients et je suis certain que vous en êtes aussi reconnaissants.

J'adresse ensuite un salut particulier au Cardinal Zenon Grocholewski. En tant que Préfet de la Congrégation pour l'Education catholique, il est le Grand Chancelier de cette Université et représente en son sein le Pontife Romain (cf. Statuta Universitatis, art. 6, 2). C'est précisément pour cela que mon prédécesseur Pie XI, de vénérée mémoire, déclarait l'Université grégorienne "plenissimo iure ac nomine" pontificale (cf. Lett. ap. Gregorianam studiorum, in AAS 24 [1932], 268). L'histoire même du Collège Romain et de l'Université grégorienne, son héritière, comme le rappelait le Recteur dans le salut qu'il m'a adressé, est à la base de ce statut tout à fait particulier. Je salue le R.P. Peter-Hans Kolvenbach, s.j., qui, en tant que Préposé général de la Compagnie de Jésus, est le Vice-Grand Chancelier de l'Université, et qui prend le plus directement soin de cette oeuvre, que je n'hésite pas à qualifier comme l'un des plus grands services que la Compagnie de Jésus rend à l'Eglise universelle.

Je salue les bienfaiteurs ici présents. La Freundeskreis der Gregoriana d'Allemagne, la Gregoriana University Foundation de New York, la Fondation "La Gregoriana" de Rome, ainsi que d'autres groupes de bienfaiteurs. Très chers amis, je vous suis reconnaissant de ce que vous accomplissez généreusement pour soutenir cette oeuvre que le Saint-Siège a confiée et continue à confier à la Compagnie de Jésus. Je salue les Pères jésuites qui dispensent ici leur enseignement avec un esprit d'abnégation et une austérité de vie louables; je salue également les autres professeurs, en étendant également ma pensée aux Pères et aux Frères de l'Institut pontifical biblique et de l'Institut pontifical oriental, qui, avec la Grégorienne, forment un consortium académique (cf. Pie XI, M.p. Quod maxime, 30 septembre 1928) prestigieux en ce qui concerne non seulement l'enseignement, mais également le patrimoine des livres des trois bibliothèques, qui possèdent des des fonds spécialisés uniques. Je salue enfin le personnel non enseignant de l'Université, qui a voulu faire entendre sa voix à travers celle du Secrétaire général, que je remercie. Le personnel non enseignant accomplit quotidiennement un service caché, mais très important pour la mission que la Grégorienne est appelée à accomplir sur mandat du Saint-Siège. J'adresse à chacun d'eux mon encouragement cordial.

C'est avec joie que je me trouve dans ce quadriportique, que j'ai traversé en diverses occasions. Je me rappelle en particulier du soutien de la thèse du Père Lohfink au cours du Concile, en présence de nombreux Cardinaux, et également de pauvres Experts comme moi. J'ai à coeur de rappeler de manière particulière le temps où, étant professeur ordinaire de dogmatique et d'histoire du dogme à l'Université de Ratisbonne, je fus invité en 1972 par le Recteur de l'époque, Hervé Carrier s.j., à dispenser un cours aux étudiants du II Cycle de spécialisation en théologie dogmatique. J'ai dispensé un cours sur la Très Sainte Eucharistie. Avec la même familiarité qu'alors, je vous dis, chers professeurs et étudiants, que l'effort de l'étude et de l'enseignement, pour posséder un sens en relation avec le Royaume de Dieu, doit être soutenu par les vertus théologales. En effet, l'objet direct de la science théologique, dans ses diverses spécificités, est Dieu lui-même, qui s'est révélé en Jésus Christ, Dieu avec un visage humain. Même lorsque, comme dans le Droit canonique et dans l'Histoire de l'Eglise, l'objet direct est le Peuple de Dieu dans sa dimension visible et historique, l'analyse approfondie de la matière renvoie à la contemplation, dans la foi, du mystère du Christ ressuscité. C'est Lui qui, présent dans son Eglise, la conduit à travers les événements du temps vers la plénitude eschatologique, un objectif vers lequel nous nous acheminons soutenus par l'espérance. Il ne suffit pas cependant de connaître Dieu; pour pouvoir réellement le rencontrer, il faut également l'aimer. La connaissance doit devenir amour. L'étude de la théologie, du droit canonique et de l'histoire de l'Eglise n'est pas seulement la connaissance des propositions de la foi dans leur formulation historique et dans leur application pratique, mais elle est également toujours la compréhension de celles-ci dans la foi, dans l'espérance et dans la charité. Seul l'Esprit scrute les profondeurs de Dieu (cf. 1Co 2,10), ce n'est donc que dans l'écoute de l'Esprit que l'on peut scruter la profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu (cf. Rm 11,33). L'Esprit s'écoute dans la prière, lorsque le coeur s'ouvre à la contemplation du mystère de Dieu, qui nous est révélé dans le Fils Jésus Christ, image du Dieu invisible (cf. Col Col 1,15), constitué Tête de l'Eglise et Seigneur de toute chose (cf. Ep Ep 1,10 Col 1,18).

292 L'Université grégorienne, dès ses origines sous le nom de Collège Romain, s'est distinguée par l'étude de la philosophie et de la théologie. Il serait trop long d'énumérer les noms des éminents philosophes et théologiens qui se sont succédé sur les chaires de ce centre universitaire; nous devrions y ajouter également ceux des célèbres canonistes et historiens de l'Eglise, qui ont prodigué leurs énergies entre ces murs prestigieux. Tous ont profondément contribué au progrès des sciences qu'ils ont cultivées et ils ont donc offert un service précieux au Siège apostolique dans l'accomplissement de sa fonction doctrinale, disciplinaire et pastorale. Avec l'évolution des temps, les perspectives changent nécessairement. Aujourd'hui, on est obligé de tenir compte de la confrontation avec la culture séculière qui, dans de nombreuses parties du monde, tend toujours davantage non seulement à nier tout signe de la présence de Dieu dans la vie de la société et de l'individu, mais qui, à travers divers moyens qui désorientent et obscurcissent la juste conscience de l'homme, cherche à corroder sa capacité de se mettre à l'écoute de Dieu. On ne peut pas non plus négliger la relation avec les autres religions, qui ne se révèle constructive que si l'on évite toute ambiguïté qui, d'une certaine manière, affaiblirait le contenu essentiel de la foi chrétienne en Christ, unique Sauveur de tous les hommes (cf. Ac Ac 4,12) et dans l'Eglise, Sacrement nécessaire de salut pour toute l'humanité (cf. Déclaration Dominus Iesus, nn. 13-15; 20-22: AAS 92 [2000], 742-765).

En ce moment, je ne peux pas oublier les autres sciences humaines qui sont enseignées dans cette éminente Université, dans le sillage de la glorieuse tradition académique du Collège Romain. Chacun connaît le grand prestige acquis par le Collège Romain dans le domaines des mathématiques, de la physique, de l'astronomie. Il suffit de rappeler que le calendrier appelé "Grégorien", car il fut voulu par mon prédécesseur Grégoire XIII, actuellement utilisé dans le monde entier, fut élaboré en 1582 par le P. Cristoforo Clavio, Professeur au Collège Romain. Il faut également mentionner le P. Matteo Ricci, qui apporta jusque dans la lointaine Chine, à travers son témoignage de foi, le savoir acquis comme disciple du P. Clavio. Aujourd'hui, ces disciplines ne sont plus enseignées à la Grégorienne, mais d'autres sciences humaines les ont remplacées, telles que la psychologie, les sciences sociales, la communication sociale. A travers celles-ci, on souhaite comprendre plus profondément l'homme, que ce soit dans sa dimension personnelle profonde, ou dans sa dimension extérieure de constructeur de la société, dans la justice et dans la paix, et de communicateur de la vérité. C'est précisément parce que ces sciences concernent l'homme qu'elles ne peuvent faire abstraction de la référence à Dieu. En effet, l'homme, que ce soit dans son intériorité ou dans son extériorité, ne peut pas être pleinement compris si on ne reconnaît pas qu'il est ouvert à la transcendance.

Privé de sa référence à Dieu, l'homme ne peut pas répondre aux questions fondamentales qui agitent et agiteront toujours son coeur à propos du but et donc du sens de son existence. En conséquence, il n'est pas non plus possible d'introduire dans la société ces valeurs éthiques qui seules peuvent garantir une coexistence digne de l'homme. Le destin de l'homme sans sa référence à Dieu ne peut être que la désolation de l'angoisse qui conduit au désespoir. Ce n'est qu'en référence au Dieu-Amour, qui s'est révélé en Jésus Christ, que l'homme peut trouver le sens de son existence et vivre dans l'espérance, même dans l'expérience des maux qui blessent son existence personnelle et la société dans laquelle il vit. L'espérance a pour effet que l'homme ne se referme pas dans un nihilisme paralysant et stérile, mais qu'il s'ouvre à un engagement généreux dans la société dans laquelle il vit afin de pouvoir l'améliorer. C'est la tâche que Dieu a confiée à l'homme en le créant à son image et à sa ressemblance, une tâche qui remplit chaque homme de la plus grande dignité, mais également d'une immense responsabilité.

C'est dans cette perspective que vous, professeurs et enseignants de la Grégorienne, êtes appelés à former les étudiants que l'Eglise vous confie. La formation intégrale des jeunes est l'un des apostolats traditionnels de la Compagnie de Jésus depuis ses origines; c'est pourquoi il s'agit d'une mission dont, dès le début, le Collège Romain s'est chargé. Avoir confié à la Compagnie de Jésus, à Rome auprès du Siège apostolique, le Collège germanique, le Séminaire romain; le Collège hongrois, lié au germanique, le Collège anglais, le Collège grec, le Collège écossais et le Collège irlandais, avait pour but d'assurer la formation du clergé de ces nations, dans lesquelles l'unité de la foi et la communion avec le Siège apostolique étaient brisées. Aujourd'hui encore, ces Collèges envoient, presque exclusivement ou en bon nombre, leurs élèves à l'Université grégorienne, en continuité avec cette mission originelle. A ces Collèges mentionnés, beaucoup d'autres se sont ajoutés au cours de l'histoire. Comme la tâche qui pèse sur vos épaules est donc exigeante, chers Professeurs et enseignants! Vous avez donc rédigé de manière opportune, après une profonde réflexion, une "Déclaration d'intentions", essentielle pour une institution comme la vôtre, car elle indique de manière synthétique sa nature et sa mission. C'est sur cette base que vous menez à bien le renouvellement des Statuts de l'Université et des Règlements généraux, ainsi que des Statuts et des Règlements des diverses facultés, instituts et centres. Cela contribuera à mieux définir l'identité de la Grégorienne, en permettant la rédaction de programmes académiques plus adaptés à l'accomplissement de la mission qui lui est propre. Une mission à la fois facile et difficile. Facile, parce que l'identité et la mission de la Grégorienne sont claires dès ses premières origines, sur la base des indications réaffirmées par de nombreux Pontifes Romains, dont seize furent des élèves de cette Université. Une mission dans le même temps difficile, parce qu'elle suppose une fidélité constante à la propre histoire et tradition, pour ne pas perdre ses racines historiques, et aussi une ouverture à la réalité actuelle pour répondre, après un discernement attentif, aux nécessités de l'Eglise et du monde d'aujourd'hui avec un esprit créatif.

En tant qu'Université pontificale ecclésiastique, ce Centre universitaire est engagé à "sentire in Ecclesia et cum Ecclesia". C'est un engagement qui naît de l'amour pour l'Eglise, notre Mère et Epouse du Christ. Nous devons l'aimer comme le Christ lui-même l'a aimée, en prenant sur nous les souffrances du monde et de l'Eglise pour compléter dans notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ (cf. Col Col 1,24). C'est ainsi que l'on peut former les nouvelles générations de prêtres, de religieux, de laïcs engagés. Il est en effet de notre devoir de nous demander à quel type de prêtre, à quel type de religieux ou de religieuses, de laïc ou de laïque l'on souhaite former les étudiants. Chers Professeurs et enseignants, votre intention est certainement de former des prêtres doctes, mais en même temps prêts à donner leur vie en servant d'un coeur indivis, dans l'humilité et l'austérité de vie, tous ceux que le Seigneur confiera à leur ministère. Vous entendez ainsi offrir une formation intellectuelle solide aux religieux et aux religieuses, afin qu'ils sachent vivre dans la joie la consécration dont Dieu leur a fait don, et se proposer comme signe eschatologique de cette vie future à laquelle nous sommes tous appelés. Vous voulez également préparer des laïcs et des laïques qui sachent accomplir avec compétence des services et des tâches au sein de l'Eglise et, tout d'abord, être le ferment du Royaume de Dieu dans le domaine temporel. C'est dans cette perspective que l'Université a précisément commencé cette année un programme interdisciplinaire pour former les laïcs à vivre leur vocation spécifiquement ecclésiale d'engagement éthique dans le domaine public.

Toutefois, chers étudiants, la formation est également votre responsabilité. Etudier demande assurément une ascèse et une abnégation constantes. Mais c'est précisément sur cette route que la personne se forme au sacrifice et au sens du devoir. En effet, ce que vous apprenez aujourd'hui est ce que vous transmettrez demain, quand l'Eglise vous confiera le ministère sacré, ou d'autres services et charges, pour le bien de la communauté. Ce qui, en toute circonstance, pourra apporter de la joie à votre coeur sera la conscience d'avoir toujours cultivé la rectitude d'intention, grâce à laquelle on a la certitude de n'avoir recherché et accompli que la volonté de Dieu. Tout cela demande bien sûr la purification du coeur et du discernement.

Chers fils de saint Ignace, encore une fois, le Pape vous confie cette Université, une oeuvre très importante pour l'Eglise universelle et pour les nombreuses Eglises particulières. Celle-ci constitue depuis toujours une priorité parmi les priorités des apostolats de la Compagnie de Jésus. C'est dans le milieu universitaire de Paris que saint Ignace de Loyola et ses premiers compagnons mûrirent le désir ardent d'aider les âmes en aimant et en servant Dieu en tout, pour sa plus grande gloire. Poussé par la motion intérieure de l'Esprit, saint Ignace vint à Rome, centre de la chrétienté, siège du Successeur de Pierre, et il fonda ici le Collège Romain, première Université de la Compagnie de Jésus. L'Université grégorienne est aujourd'hui le milieu universitaire dans lequel se réalise de manière complète et évidente, encore après 456 ans, le désir de saint Ignace et de ses premiers compagnons d'aider les âmes à aimer et à servir Dieu en tout, pour sa plus grande gloire. Je dirais qu'ici, entre ces murs, se réalise ce que le Pape Jules III fixait le 21 juillet 1550 dans la "formula Istituti", en établissant que chaque membre de la Compagnie de Jésus est tenu à "sub crucis vexillo Deo militare, et soli Domino ac Ecclesiae Ipsius sponsae, sub Romano Pontifice, Christi in terris Vicario, servire", en s'engageant "potissimum... ad fidei defensionem et propagationem, et profectum animarum in vita et doctrina christiana, per publicas praedicationes, lectiones et aliud quodcumque verbi Dei ministerium..." (Lett. ap. Exposcit debitum, n. 1). Cette spécificité charismatique de la Compagnie de Jésus, exprimée institutionnellement dans le quatrième voeu de disponibilité totale au Pontife Romain pour tout ce qu'Il désire commander "ad profectum animarum et fidei propagationem" (ibid., n. 3), trouve également sa réalisation dans le fait que le Préposé Général de la Compagnie de Jésus appelle du monde entier les Jésuites les plus adaptés pour qu'ils exercent la fonction de professeurs dans cette Université. L'Eglise, consciente que cela peut comporter le sacrifice d'autres oeuvres et services, pourtant valables pour les objectifs que la Compagnie se propose d'atteindre, lui est sincèrement reconnaissante et désire que la Grégorienne conserve l'esprit ignatien qui l'anime, exprimé à travers sa méthode pédagogique et l'organisation des études.

Très chers amis, c'est avec une affection de Père que je vous confie tous, vous qui êtes les membres vivants de l'Université grégorienne - professeurs et enseignants, étudiants, personnel non enseignant, bienfaiteurs et amis - à l'intercession de saint Ignace de Loyola, de saint Roberto Bellarmino et de la Bienheureuse Vierge Marie, Reine de la Compagnie de Jésus, qui, sur le blason de l'Université, est indiquée sous le titre de Sedes Sapientiae. Avec ces sentiments, je donne à tous ma Bénédiction apostolique, propitiatoire d'abondantes faveurs célestes.



Discours 2005-2013 288