Discours 2005-2013 30146

RENCONTRE AVEC LE PATRIARCHE ARMÉNIEN D'ISTANBUL ET DE TOUTE LA TURQUIE, S.B. MESROB II Cathédrale arménienne apostolique Sainte-Marie d'Istanbul Jeudi 30 novembre 2006

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Cher frère dans le Christ,

Je suis heureux d'avoir cette occasion de rencontrer Votre Béatitude, dans le lieu même où le Patriarche Shnork Kalustian accueillit mes prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Jean-Paul II. Je salue avec une grande affection la communauté arménienne apostolique tout entière, que vous présidez en tant que son pasteur et père spirituel. J'étends également mon salut fraternel à Sa Sainteté Karékine II, Patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens, et à la hiérarchie de l'Eglise arménienne apostolique. Je rends grâce à Dieu pour la foi et le témoignage chrétien du peuple arménien, transmis de génération en génération, souvent dans des circonstances véritablement tragiques, telles que celles vécues au cours du siècle dernier.

Notre rencontre est plus qu'un simple geste de courtoisie oecuménique et d'amitié. C'est un signe de notre espérance commune dans les promesses de Dieu et de notre désir de voir exaucée la prière que Jésus éleva pour ses disciples à la veille de sa passion et de sa mort: "Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé" (
Jn 17,21). Jésus a donné sa vie sur la Croix pour rassembler dans l'unité les fils dispersés de Dieu, pour abattre les murs de division. A travers le sacrement du Baptême, nous avons été incorporés dans le Corps du Christ, l'Eglise. Les divisions tragiques qui, au cours du temps, sont apparues parmi les fidèles du Christ contredisent ouvertement la volonté du Seigneur, elles constituent une cause de scandale pour le monde et nuisent à la cause la plus sainte, la prédication de l'Evangile à chaque créature (cf. Unitatis redintegratio UR 1). Précisément en vertu du témoignage de leur foi et de leur amour, les chrétiens sont appelés à offrir un signe lumineux d'espérance et de réconfort dans ce monde, tellement marqué par les conflits et les tensions. Nous devons donc continuer à faire tout notre possible pour guérir les blessures de la séparation et hâter l'oeuvre de reconstruction de l'unité des chrétiens. Puissions-nous être guidés dans cette tâche urgente par la lumière et la force de l'Esprit Saint.

A cet égard, je ne peux qu'élever une action de grâce sincère au Seigneur pour la relation fraternelle toujours plus profonde qui s'est développée entre l'Eglise arménienne apostolique et l'Eglise catholique. Au XIII siècle, Nerses de Lambron, l'un des grands Docteurs de l'Eglise arménienne, écrivit ces paroles d'encouragement: "A présent, puisque nous avons tous besoin de la paix avec Dieu, faisons en sorte que l'harmonie entre les frères en soit le fondement. Nous avons prié le Seigneur pour la paix et nous continuons de le faire. Voilà, il nous l'offre maintenant en don: accueillons-la! Nous avons demandé au Seigneur de rendre sa sainte Eglise solide et il a répondu favorablement à notre invocation. Gravissons donc la montagne de la foi de l'Evangile" (Discours synodal). Ces paroles de Nerses n'ont rien perdu de leur force. Continuons à prier ensemble pour l'unité de tous les chrétiens, afin que, en recevant ce don d'en haut avec un coeur disponible, nous puissions être des témoins toujours plus convaincants de la vérité de l'Evangile et de meilleurs serviteurs de la mission de l'Eglise.



REMERCIEMENT À LA FIN DE LA CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE Cathédrale du Saint-Esprit, Istanbul Vendredi 1er décembre 2006

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Je remercie toute la population d’Istanbul et des autres villes de Turquie pour l’accueil cordial qui m’a partout été réservé. Mes remerciements sont d’autant plus profonds que je sais que ma présence a créé, durant ces jours, de nombreux désagréments au déroulement de la vie quotidienne des personnes. Merci aussi de tout coeur pour la compréhension et pour la patience dont vous avez fait preuve.



HOMMAGE DU SAINT-PÈRE À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D'ESPAGNE

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PRIÈRE Vendredi 8 décembre 2006

O Marie, Vierge Immaculée,

Cette année encore, nous nous retrouvons, avec un amour filial, au pied de ta statue, pour te renouveler l'hommage de la communauté chrétienne et de la ville de Rome. Nous nous recueillons ici en prière, en poursuivant la tradition inaugurée par les papes précédents, en ce jour solennel où la liturgie célèbre ton Immaculée Conception, mystère qui est source de joie et d'espérance pour tous les rachetés. Nous te saluons et t'invoquons avec les paroles de l'Ange: "Comblée de grâce" (
Lc 1,28), le plus beau nom, par lequel Dieu lui-même t'a appelée depuis toute éternité.

Marie, tu es "comblée de grâce", comblée de l'amour divin depuis le premier instant de ton existence, providentiellement prédestinée à être la Mère du Rédempteur, et intimement associée à Lui dans le mystère du salut. Dans ton Immaculée Conception resplendit la vocation des disciples du Christ, appelés à devenir, avec sa grâce, saints et immaculés dans l'amour (cf. Ep Ep 1,4). En toi brille la dignité de tout être humain, qui est toujours précieux aux yeux du Créateur. Celui qui tourne son regard vers toi, O Mère Très Sainte, ne perd pas la sérénité, quelle que soit la difficulté des épreuves de la vie. Même si l'expérience du péché, qui défigure la dignité de fils de Dieu, est triste, celui qui a recours à toi redécouvre la beauté de la vérité et de l'amour, et retrouve le chemin qui conduit à la maison du Père.

Marie, tu es "comblée de grâce", toi qui en accueillant les projets du Créateur par ton "oui", nous as ouvert la voie du salut. A ton école, apprends-nous à prononcer nous aussi notre "oui" à la volonté du Seigneur. Un "oui" qui s'unit à ton "oui" sans réserve et sans ombre, dont le Père céleste a voulu avoir besoin pour engendrer l'Homme nouveau, le Christ, unique Sauveur du monde et de l'histoire. Donne-nous le courage de dire "non" aux pièges du pouvoir, de l'argent, du plaisir; aux gains malhonnêtes, à la corruption, à l'hypocrisie, à l'égoïsme et à la violence. "Non" au Malin, prince trompeur de ce monde. "Oui" au Christ, qui détruit la puissance du mal par la toute puissance de l'amour. Nous savons que seuls des coeurs convertis à l'Amour, qui est Dieu, peuvent construire un avenir meilleur pour tous.

Marie, tu es "comblée de grâce"! Ton nom est pour toutes les générations un gage d'espérance sûre. Oui! Parce que, comme l'écrit le grand poète Dante, pour nous mortels, Tu "es la vraie fontaine d'espérance" (Par., XXXIII, 12). Pèlerins confiants, nous venons encore une fois puiser la foi et le réconfort, la joie et l'amour, la sécurité et la paix, à cette source, la source de ton Coeur immaculé.

Vierge "comblée de grâce", montre-toi comme une Mère tendre et douce pour les habitants de cette ville qui est la tienne, afin que les comportements soient animés et orientés par un authentique esprit évangélique; montre-toi comme une Mère et une gardienne vigilante pour l'Italie et pour l'Europe, afin que les peuples sachent puiser aux antiques racines chrétiennes une nouvelle sève pour construire leur présent et leur avenir; montre-toi comme une Mère prévoyante et miséricordieuse pour le monde entier, afin que, dans le respect de la dignité humaine et le rejet de toute forme de violence et d'exploitation, soient fixées des bases solides pour la civilisation de l'amour. Montre-toi comme une Mère en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin: les sans défense, les laissés-pour-compte et les exclus, les victimes d'une société qui trop souvent sacrifie l'homme au profit d'autres buts et intérêts.

Montre-toi comme une Mère pour tous, O Marie, et donne-nous le Christ, l'espérance du monde! Monstra Te esse Matrem, O Vierge Immaculée, comblée de grâce! Amen!


AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS NATIONAL D'ÉTUDES DE L'UNION DES JURISTES CATHOLIQUES ITALIENS Salle des Bénédictions Samedi 9 décembre 2006

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Chers frères et soeurs,

Bienvenus à cette rencontre, qui a lieu dans le cadre de votre Congrès national d'études consacré au thème "La laïcité et les laïcités". J'adresse à chacun de vous mon salut cordial, en commençant par le Président de votre Association de grand mérite, le Professeur Francesco D'Agostino. Je lui suis également reconnaissant de s'être fait l'interprète des sentiments communs et de m'avoir brièvement illustré les finalités de votre action sociale et apostolique. Le Congrès affronte un thème, celui de la laïcité, qui est d'un grand intérêt, car il souligne la façon dont la laïcité, dans le monde d'aujourd'hui, est comprise de différentes manières: il n'existe pas une seule, mais plusieurs laïcités, ou mieux, il existe de multiples façons de comprendre et de vivre la laïcité, des façons parfois opposées et même contradictoires entre elles. Avoir consacré ces journées à l'étude de la laïcité et des différentes façons de la comprendre et de la réaliser vous a conduits dans le vif du débat en cours, un débat qui apparaît toujours plus utile pour les spécialistes du droit.

Pour comprendre la signification authentique de la laïcité et expliquer ses acceptions actuelles, il faut tenir compte du développement historique que ce concept a connu. La laïcité, née pour indiquer la condition du simple fidèle chrétien, n'appartenant ni au clergé ni à l'état religieux, a revêtu au cours du Moyen Age la signification d'opposition entre les pouvoirs civils et les hiérarchies ecclésiastiques et, à l'époque moderne, elle a assumé celle d'exclusion de la religion et de ses symboles de la vie publique, à travers leur limitation au domaine du privé et de la conscience individuelle. C'est ainsi qu'au terme de laïcité a été attribuée une acception idéologique contraire à celle qu'il avait à l'origine.

En réalité , aujourd'hui, la laïcité est communément comprise comme l'exclusion de la religion des divers domaines de la société et comme sa restriction au domaine de la conscience individuelle. La laïcité s'exprimerait dans la séparation totale entre l'Etat et l'Eglise, cette dernière n'ayant aucun titre pour intervenir sur des thèmes relatifs à la vie et au comportement des citoyens; la laïcité comprendrait même l'exclusion des symboles religieux des lieux publics destinés au déroulement des fonctions propres de la communauté politique: des bureaux, des écoles, des tribunaux, des hôpitaux, des prisons, etc. Sur la base de ces multiples façons de concevoir la laïcité, on parle aujourd'hui de pensée laïque, de morale laïque, de science laïque, de politique laïque. En effet, à la base de cette conception, il existe une vision areligieuse de la vie, de la pensée et de la morale: c'est-à-dire une vision où il n'y a pas de place pour Dieu, pour un Mystère qui transcende la pure raison, pour une loi morale de valeur absolue, en vigueur en tout temps et en toute situation. Ce n'est que si l'on se rend compte de cela que l'on peut mesurer le poids des problèmes contenus dans un terme comme laïcité, qui semble être presque devenu l'emblème caractérisant la post-modernité, en particulier la démocratie moderne.

Il est alors du devoir de tous les croyants, en particulier les croyants dans le Christ, de contribuer à élaborer un concept de laïcité qui, d'une part, reconnaisse à Dieu et à sa loi morale, au Christ et à son Eglise la place qui leur revient dans la vie humaine, individuelle et sociale et, de l'autre, qui affirme et respecte la "légitime autonomie des réalités terrestres", en entendant par cette expression, comme le répète le Concile Vatican II, que "les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leurs lois et leurs valeurs propres, que l'homme doit peu à peu apprendre à connaître, à utiliser et à organiser" (Gaudium et spes
GS 36). Cette autonomie est une "exigence [...] pleinement légitime: non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur. C'est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques. L'homme doit respecter tout cela et reconnaître les méthodes particulières à chacune des sciences et techniques" (Ibid.). Si, au contraire, par l'expression d'"autonomie des réalités temporelles", on veut dire que les "choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l'homme peut en disposer sans référence au Créateur", alors la fausseté d'une telle opinion ne peut échapper à quiconque croit en Dieu et à sa présence transcendante dans le monde créé (cf. Ibid.).

Cette affirmation conciliaire constitue la base doctrinale de la "saine laïcité" qui implique l'autonomie effective des réalités terrestres, non pas de l'ordre moral, mais du domaine ecclésiastique. Ce n'est donc pas l'Eglise qui peut indiquer quelle organisation politique ou sociale il faut préférer, mais c'est le peuple qui doit décider librement des façons les meilleures et les plus adaptées d'organiser la vie politique. Toute intervention directe de l'Eglise dans ce domaine serait une ingérence indue. D'autre part, la "saine laïcité" implique que l'Etat ne considère pas la religion comme un simple sentiment individuel, qui pourrait être limité au seul domaine privé. Au contraire, la religion, étant également organisée en structures visibles, comme cela a lieu pour l'Eglise, doit être reconnue comme présence communautaire publique. Cela comporte en outre qu'à chaque confession religieuse (à condition qu'elle ne soit pas opposée à l'ordre moral et qu'elle ne soit pas dangereuse pour l'ordre public), soit garanti le libre exercice des activités de culte - spirituelles, culturelles, éducatives et caritatives - de la communauté des croyants. A la lumière de ces considérations, l'hostilité à toute forme d'importance politique et culturelle accordée à la religion, et à la présence, en particulier, de tout symbole religieux dans les institutions publiques, n'est certainement pas une expression de la laïcité, mais de sa dégénérescence en laïcisme. De même que nier à la communauté chrétienne et à ceux qui la représentent de façon légitime, le droit de se prononcer sur les problèmes moraux qui interpellent aujourd'hui la conscience de tous les êtres humains, en particulier des législateurs et des juristes, n'est pas non plus le signe d'une saine laïcité. En effet, il ne s'agit pas d'une ingérence indue de l'Eglise dans l'activité législative, propre et exclusive de l'Etat, mais de l'affirmation et de la défense des grandes valeurs qui donnent un sens à la vie des personnes et qui en préservent la dignité. Ces valeurs, avant d'être chrétiennes, sont humaines, c'est-à-dire qu'elle ne laissent pas indifférente et silencieuse l'Eglise, qui a le devoir de proclamer avec fermeté la vérité sur l'homme et sur son destin.

Chers juristes, nous vivons une période historique exaltante en raison des progrès que l'humanité a accomplis dans de nombreux domaines du droit, de la culture, de la communication, de la science et de la technologie. Dans le même temps, toutefois, il existe de la part de certains la tentative d'exclure Dieu de tous les domaines de la vie, en le présentant comme antagoniste de l'homme. C'est à nous, chrétiens, qu'il revient de montrer qu'au contraire, Dieu est amour et qu'il veut le bien et le bonheur de tous les hommes. Il est de notre devoir de faire comprendre que la loi morale qu'Il nous a donnée, et qui se manifeste à nous à travers la voix de la conscience, a pour but non pas de nous opprimer, mais de nous libérer du mal et de nous rendre heureux. Il s'agit de montrer que sans Dieu, l'homme est perdu et que l'exclusion de la religion de la vie sociale, en particulier la marginalisation du christianisme, mine les bases mêmes de la coexistence humaine. Avant d'être d'ordre social et politique, ces bases sont en effet d'ordre moral.

En vous remerciant une fois de plus, chers amis, pour votre visite d'aujourd'hui, j'invoque sur vous et sur votre Association la protection maternelle de Marie. Avec ces sentiments, je donne à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière, que j'étends volontiers à vos familles et aux personnes qui vous sont chères.


VISITE PASTORALE À LA PAROISSE ROMAINE SAINTE MARIE ÉTOILE DE L’ÉVANGÉLISATION


AUX MEMBRES DE LA JEUNESSE ARDENTE MARIALE AVANT LA CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE II Dimanche de l'Avent, 10 décembre 2006

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Chers frères et soeurs, bonjour!

Merci de votre présence et de votre affection. Je suis heureux de célébrer ce dimanche avec vous. Hélas, il fait un peu froid, mais le Seigneur nous aidera en ce moment où, avec une grande joie, nous voulons consacrer cette église, pour qu'elle soit le centre spirituel et humain de ce quartier. Que le Seigneur nous unisse à Lui et nous accorde aussi l'unité entre nous. Je salue cordialement les responsables, les enfants et les familles de la Jeunesse ardente mariale (GAM) de Rome, qui cette nuit ont veillée dans la Chapelle adjacente qui est leur siège diocésain, dans l'attente de cette rencontre de prière et de fête.

Très chers amis, je vous exhorte à poursuivre votre oeuvre de formation pour la mission, toujours fidèles à ceux que vous aimez définir les "trois amours blancs": l'Eucharistie, la Très Sainte Vierge Marie et le Successeur de l'Apôtre Pierre.

Je vous bénis volontiers, ainsi que vos intentions d'évangélisation et votre nouveau siège diocésain. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.


SALUT AUX ENFANTS DE LA PAROISSE II Dimanche de l'Avent, 10 décembre 2006

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Chers enfants, garçons et filles!

Je vous remercie de cette bienvenue! On me dit que cette salle sera la salle "Benoît XVI", nous sommes donc à la maison! Merci de votre présence! On me dit que vous vous préparez à la Première Communion et à la Confirmation, mais auparavant nous devons encore célébrer Noël. Noël est le jour où Dieu nous a fait un grand don, pas quelque chose de matériel, mais son don a été de se donner lui-même. Il nous a donné son Fils et, ainsi, Noël est devenu la fête des dons.

Nous voulons imiter Dieu, ne pas vivre seulement pour nous, ne pas penser seulement à moi, mais penser à l'autre, faire un don à l'autre, également à nos parents, à nos frères et soeurs et ainsi de suite. Et, ici aussi, le plus beau don est d'être bon avec les autres, de faire preuve de bonté, de justice, d'amour. Tel est le don ultime. Les autres dons expriment uniquement cette signification, cette volonté d'être bon l'un avec l'autre. Et en faisant ce véritable don, dans lequel nous imitons Dieu, nous nous préparons également à la Première Communion et à la Confirmation. Car dans la Première Communion, Noël devient, pour ainsi dire, parfait. Dans Noël, Dieu s'est donné lui-même, dans la Première Communion il fait ce don à chacun de nous individuellement, il vient à chacun de nous. Sous l'apparence d'un petit morceau de pain, c'est Lui-même qui se donne, il veut entrer dans notre coeur. Si on attend un hôte important chez soi, on se donne du mal pour nettoyer, préparer, et ainsi de suite, afin qu'il trouve la maison accueillante. Ainsi, sachant que Dieu lui-même veut entrer en moi, dans mon coeur, faisons tout notre possible pour que ce coeur soit un coeur bon et beau, la joie en sera plus grande.

Et la Confirmation répète, dans un certain sens, ce même geste de Dieu. L'Esprit Saint vient pour nous accompagner au cours de toute notre vie. Dans la vie se présentent de nombreuses complications, dans lesquelles nous avons besoin d'aide: l'Esprit Saint nous aide, nous accompagne et nous montre la route.

Ainsi, dans ce sens, nous allons vers Noël, remplis de joie, car Dieu est là, Dieu me connaît, car Dieu veut me connaître et venir à moi dans mon coeur.

Je souhaite à tous un Bon Noël dès maintenant, et de belles semaines de préparation à la Première Communion. Je vous fais tous mes compliments pour cette belle église, qui vous aidera à posséder la joie de Dieu, la joie d'être catholiques, d'avoir la foi. Tous mes voeux!


À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC SA BÉATITUDE CHRISTODOULOS, ARCHEVÊQUE D'ATHÈNES ET DE TOUTE LA GRÈCE Jeudi 14 Décembre 2006

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«À vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ» (
1Co 1,3)

Béatitude,

Chers Frères dans le Christ qui accompagnez le vénérable Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce à l’occasion de notre rencontre fraternelle, je vous salue dans le Seigneur.

Avec une joie profonde, je suis heureux de vous accueillir avec la même formule que saint Paul adressait «à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ» (1Co 1,2). Au nom du Seigneur et avec une affection sincère et fraternelle, je vous souhaite la bienvenue parmi nous, dans l’Église de Rome, et je remercie Dieu qui nous donne de vivre ce moment de grâce et de joie spirituelle.

Votre présence ici ravive en nous la grande tradition chrétienne qui est née et qui s’est développée dans votre bien-aimée et glorieuse Patrie. À travers la lecture des Épîtres de Paul et des Actes des Apôtres, cette tradition nous rappelle quotidiennement les premières communautés chrétiennes qui se sont formées à Corinthe, à Thessalonique et à Philippes. Nous nous souvenons ainsi de la présence et de la prédication de saint Paul à Athènes, et de sa courageuse proclamation de la foi au Dieu inconnu et révélé en Jésus Christ, et du message de la résurrection, difficile à entendre pour ses contemporains.

Dans la première épître aux chrétiens de Corinthe qui ont été les premiers à connaître des difficultés et de graves tentations de division, nous pouvons voir un message actuel pour tous les chrétiens. En effet, un danger réel apparaît lorsque des personnes ont la volonté de s’identifier à tel ou tel groupe en disant: Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Céphas. C’est alors que Paul pose la redoutable question: «Le Christ est-il divisé ?» (1Co 1,13).

La Grèce et Rome intensifièrent leurs relations dès l’aube du christianisme et poursuivirent leurs rapports, qui ont donné vie aux différentes formes de communautés et de traditions chrétiennes dans les régions du monde qui aujourd’hui correspondent à l’Europe de l’Est et à l’Europe de l’Ouest. Ces intenses relations ont également contribué à créer une sorte d’osmose dans la formation des institutions ecclésiales. Cette osmose – dans la sauvegarde des particularités disciplinaires, liturgiques, théologiques et spirituelles des deux traditions romaine et grecque – a rendu fructueuse l’action évangélisatrice de l’Église et l’inculturation de la foi chrétienne.

Aujourd’hui, nos relations reprennent lentement mais en profondeur et avec un souci d’authenticité. Elles sont pour nous l’occasion de découvrir toute une gamme nouvelle d’expressions spirituelles riches en signification et en engagement mutuel. Nous en rendons grâce à Dieu.

La visite mémorable de mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, à Athènes, dans le cadre de son pèlerinage sur les pas de saint Paul, en 2001, demeure un point déterminant dans l’intensification progressive de nos contacts et de notre collaboration. Au cours de ce pèlerinage, le Pape Jean-Paul II fut accueilli avec honneur et respect par Votre Béatitude et par le Saint-Synode de l’Église de Grèce, et nous nous souvenons en particulier de l’émouvante rencontre à l’Aréopage où saint Paul prêcha. Des échanges de délégations de prêtres et d’étudiants ont ensuite eu lieu.

De même, je ne voudrais ni ne pourrais oublier la fructueuse collaboration qui s’est établie entre l’Apostolikì Diakonia et la Bibliothèque Apostolique Vaticane.

De telles initiatives contribuent à une connaissance concrète réciproque et je ne doute pas qu’elles auront leur part dans la promotion de relations nouvelles entre l’Église de Grèce et l’Église de Rome.

Si nous tournons notre regard vers l’avenir, Béatitude, nous avons devant les yeux un vaste champ où pourra grandir notre collaboration culturelle et pastorale.

Les différents pays d’Europe travaillent à la création d’une nouvelle Europe, qui ne peut pas être une réalité exclusivement économique. Catholiques et orthodoxes sont appelés à offrir leur contribution culturelle et surtout spirituelle. Ils ont en effet le devoir de défendre les racines chrétiennes du Continent, qui l’ont façonné au cours des siècles, et de permettre ainsi à la tradition chrétienne de continuer à se manifester et d’oeuvrer de toutes ses forces en faveur de la sauvegarde de la dignité de la personne humaine, du respect des minorités, en ayant soin d’éviter une uniformisation culturelle qui risquerait d’entraîner la perte d’immenses richesses de la civilisation ; de même, il convient de travailler à la sauvegarde des droits de l’homme, qui comprennent le principe de liberté individuelle, en particulier de la liberté religieuse; ces droits sont à promouvoir et à défendre dans l’Union européenne et dans chaque pays qui en est membre.

En même temps, il convient de développer une collaboration entre chrétiens dans chaque pays de l’Union européenne, de manière à faire face aux nouveaux risques auxquels est confrontée la foi chrétienne, à savoir la sécularisation croissante, le relativisme et le nihilisme, qui ouvre la voie à des comportements et même à des législations qui portent atteinte à la dignité inaliénable des personnes et qui mettent en cause des institutions aussi fondamentales que le mariage. Il est urgent d’entreprendre des actions pastorales communes, qui constitueront pour nos contemporains un témoignage commun et nous disposeront à rendre compte de l’espérance qui est en nous.

Votre présence ici, à Rome, Béatitude, est le signe de cet engagement commun. Pour sa part, l’Église catholique a une volonté profonde d’entreprendre tout ce qui sera possible pour notre rapprochement, en vue de parvenir à la pleine communion entre catholiques et orthodoxes, et, pour l’heure, en faveur d’une collaboration pastorale à tous les niveaux possibles, afin que l’Évangile soit annoncé et que le nom de Dieu soit béni.

Béatitude, je vous renouvelle mes voeux de bienvenue, à vous-même et aux frères bien-aimés qui vous accompagnent dans votre visite. En vous confiant à l’intercession de la Théotokos, je demande au Seigneur de vous combler de l’abondance des Bénédictions célestes.



DISCOURS DE SA BÉATITUDE CHRISTODOULOS, ARCHEVÊQUE D'ATHÈNES ET DE TOUTE LA GRÈCE

Sainteté Évêque et Pape de Rome,

Avec joie, nous venons aujourd’hui de l’Église apostolique d’Athènes en pèlerinage aux monuments des saints, tout particulièrement de saint Paul l’apôtre des nations, fondateur de notre Église, situés dans la célèbre ville de l’Ancienne Rome. Nous venons nous prosterner sur le tombeau du saint apôtre Pierre et rendre hommage aux martyrs des catacombes et aux saints grecs Cyrille et Méthode, égaux aux Apôtres. Nous venons prier pour que la vérité du Christ brille dans le monde, en nous appliquant « à garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix »(1) et pour que « nous grandissions à tous égards vers celui qui est la tête, Christ »(2). Avec joie, nous venons, en qualité de Primat de la très sainte Église de Grèce, Vous rendre visite pour la première fois en votre qualité d’Évêque de cette ville, sur votre courtoise invitation. Nous venons vers vous, l’éminent théologien et l’universitaire, le chercheur assidu de la pensée grecque antique et des Pères grecs de l’Orient ; mais aussi le visionnaire de l’unité des chrétiens et de la coopération des religions pour assurer la paix du monde entier. Nous nous souvenons de notre précédente rencontre, le 8 avril 2005, jour des funérailles du bienheureux pape Jean-Paul II. La visite que ce grand Pape d’éternelle mémoire avait rendue à Athènes et notre rencontre, le 4 mai 2001, au cours de laquelle nous avions eu l’occasion d’échanger des paroles d’amour et de vérité, a marqué notre désir commun de poser la pierre angulaire pour y édifier la compréhension, le pardon, la réconciliation et la purification de la mémoire de l’Église.

Aujourd’hui, nous rendons grâces à Dieu de l’occasion prodiguée d’échanger avec Votre Sainteté le baiser fraternel de charité. De franchir ainsi une nouvelle étape sur le parcours commun de nos Églises pour affronter les problèmes du monde actuel. La pérennisation par nos Églises de la vénération des saintes reliques a souvent été soulignée lors de la remise courtoise par l’Église de Rome de telles reliques à divers diocèses métropolitains et lieux de pèlerinage de notre Église. Nous sommes dans l’attente de recevoir, dans les heures qui suivent, un fragment des chaînes du saint apôtre Paul qui sera précieusement et pieusement conservé en la très sainte Église d’Athènes.

Avec grande satisfaction, nous rappelons que des délégations officielles de l’Église de Grèce se sont rendues au Saint-Siège, notamment à partir de 2002, chargées d’approfondir la connaissance mutuelle, d’informer et de coopérer dans le domaine social, culturel, éducatif, écologique et bioéthique. Nous évoquons, entre autres, les délégations officielles envoyées à l’Église de Grèce, conduites par Son Éminence le cardinal Walter Kasper en 2003, et les autres dirigées respectivement par Leurs Éminences les cardinaux Jean-Louis Tauran, Dionigi Tettamanzi et Angelo Scola. Nous évoquons aussi les visites que nous ont rendues Son Excellence l’évêque Vincenzo Apicella, à la tête d’une délégation d’ecclésiastiques de l’évêché de Rome, et Son Excellence l’évêque Josef Homayer, président émérite de comece(3), qui a souligné l’importance d’une collaboration suivie de la délégation de notre Église dans l’Union européenne avec ladite commission pour donner, grâce à cette coopération, un témoignage crédible à l’Européen du XXIe siècle par l’évangile de vie, de grâce et de liberté.

Nous devons citer les nombreux membres de notre Église, ecclésiastiques et laïcs, qui ont fait des études supérieures dans les établissements éducatifs catholiques romains, ayant bénéficié des bourses octroyées par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. À notre tour, en guise d’antidoron à ce don fraternel, durant ces deux dernières années, nous avons attribué à cinquante ecclésiastiques et novices catholiques romains, qui font leurs études à Rome, des bourses leur permettant d’apprendre le grec, de se familiariser avec la culture grecque et la tradition orthodoxe. Nous avons surtout le désir de continuer ce programme de connaissance et de coopération.

À cette occasion, nous désirons souligner plus particulièrement, la bonne collaboration instaurée entre nos Églises pour publier le fac-similé du ménologe de Basile II, un des plus importants manuscrits byzantins enluminés, conservé à la Bibliothèque apostolique vaticane.

Le souvenir de tout ceci, ainsi que la vive espérance de transcender les obstacles dogmatiques qui entravent le chemin de l’unité dans la foi, enrichissent notre prière et renforcent notre volonté de vivre par le consensus la pleine unité, et de communier au Corps et au Sang précieux du Seigneur dans la même Coupe de Vie. À cet effet, nous souhaitons à la Commission mixte internationale, chargée du dialogue entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine, de réussir dans ses travaux.

Les conditions qui, aujourd’hui, informent le nouveau visage du monde, de l’Europe plus particulièrement, requièrent de notre part – en notre qualité de pères spirituels des membres pieux de nos Églises – de la vigilance pour signaler à temps tout ce qui menace les valeurs et les structures de la civilisation européenne profondément imprégnées de la foi chrétienne : le courant prônant la déchristianisation progressive de l’Europe, visant l’exclusion de l’Église de la vie publique et sa marginalisation sociale ; les problèmes créés par le déplacement de milliers de réfugiés et de migrants de toute origine ; les dangers issus du fanatisme religieux ; les développements présomptueux, touchant les limites de l’offense[L$D4H] au sens grec ancien du terme, de la biotechnologie en matière de génétique ; le fossé qui se creuse davantage entre riches et pauvres ; les risques auxquels la jeunesse est exposée ; l’éventualité d’un conflit de civilisations et de religions ; le besoin de préserver l’identité spirituelle et culturelle des citoyens européens et de la famille, cellule de la société ; l’avilissement et la dévalorisation de l’être humain, de surcroît souvent sous le couvert des droits de l’homme ; la frénésie de consommation cultivée par tous les moyens et, son corollaire, la production d’un mode de vie conditionné dont le plaisir est l’unique valeur quel qu’en soit le prix psychique. Bref, de nombreux problèmes sociaux, dont Vous avez souvent parlé, sont pour nous des véritables défis que nous sommes prêts à relever dans l’esprit vrai de la vie en Christ. En l’occurrence, la contribution du discours orthodoxe, théologique et pastoral, est absolument nécessaire. L’Église se doit de tendre la main pour tirer et sauver les noyés du torrent de Baal. Elle sent que, dans le monde contemporain extrêmement médiatisé, elle doit adopter les moyens de communication modernes et parler le langage actuel à l’homme de notre temps. Cela, sans que ces moyens techniques n’altèrent Son discours ni que Son message ne se plie à la technique communicationnelle. Elle se sent obligée de s’opposer à l’État et aux superpuissances de ce monde, lorsqu’elle considère que leurs décisions entament l’image vivante de Dieu sur terre. Cela, sans céder à la tentation de se sentir elle-même une puissance de ce monde.

Or, en invoquant l’intercession des saints Apôtres Pierre et Paul, ainsi que celle de nos saints prédécesseurs athéniens, Anaclet, Hygeinos, Sixte II, nous Vous souhaitons personnellement, Sainteté, santé et longue vie. « Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même et Dieu notre Père, qui nous a aimés et nous a donné, par grâce, une consolation éternelle et une bonne espérance, vous consolent et vous affermissent dans tout ce que vous faites et tout ce que vous dites pour le bien »(4).

(1) Ep 4, 3.
(2) Cf. Ep 4, 15.
(3) Commission des Episcopats de la Communauté européenne.
(4) II Th 2, 16-17.


Discours 2005-2013 30146