Discours 2005-2013 14136

DÉCLARATION COMMUNE ENTRE LE PAPE BENOÎT XVI ET SA BÉATITUDE CHRISTODOULOS, ARCHEVÊQUE D'ATHÈNES ET DE TOUTE LA GRÈCE

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1. Nous, Benoît XVI, Pape et Évêque de Rome, et Christodoulos, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, en ce lieu sacré de Rome, rendu illustre par la prédication évangélique et le martyre des Apôtres Pierre et Paul, nous avons le désir de vivre toujours plus intensément notre mission de donner un témoignage apostolique, de transmettre la foi à ceux qui sont proches comme à ceux qui sont loin et de leur annoncer la Bonne Nouvelle de la naissance du Sauveur, que nous allons les uns et les autres célébrer prochainement. Il est aussi de notre responsabilité commune de dépasser, dans l’amour et la vérité, les multiples difficultés et les expériences douloureuses du passé, pour la gloire de Dieu, Trinité Sainte, et de sa sainte Église.

2. Notre rencontre dans la charité nous rend davantage conscients de notre tâche commune : parcourir ensemble le chemin ardu du dialogue dans la vérité en vue de rétablir la pleine communion de foi dans le lien de l’amour. C’est ainsi que nous obéirons au commandement divin et que nous réaliserons la prière de notre Seigneur Jésus Christ, et que, éclairés par le Saint Esprit qui accompagne et n’abandonne jamais l’Église du Christ, nous poursuivrons notre engagement dans cette voie, suivant l’exemple apostolique et faisant preuve d’amour mutuel et d’esprit de réconciliation.

3. Nous reconnaissons les pas importants accomplis dans le dialogue de la charité et par les décisions du Concile Vatican II en matière de relations entre nous. En outre, nous espérons que le dialogue théologique bilatéral mettra à profit ces éléments positifs pour formuler des propositions acceptées de part et d’autre dans un esprit de réconciliation, à l’instar de notre illustre Père de l’Église, saint Basile le Grand, qui, durant une période de multiples divisions du corps ecclésial, se disait persuadé « qu’avec la communication réciproque plus durable et les discussions sans esprit de querelle, s’il faut que soit ajouté quelque nouvel éclaircissement, le Seigneur y pourvoira, lui qui fait coopérer toutes choses au bien de ceux qui l’aiment » (Lettre 113).

4. Nous affirmons unanimement la nécessité de persévérer dans le chemin d’un dialogue théologique constructif. Car, en dépit des difficultés constatées, cette voie est une des voies essentielles dont nous disposons pour rétablir l’unité tant désirée du corps ecclésial autour de l’autel du Seigneur, de même que pour renforcer la crédibilité du message chrétien dans une période de bouleversements dans les sociétés, que nous vivons, mais aussi de grandes recherches spirituelles, chez bon nombre de nos contemporains, qui sont aussi inquiets face à la mondialisation croissante, qui menace parfois l’homme, même dans son existence et dans sa relation à Dieu et au monde.

5. De manière toute spéciale, nous renouvelons solennellement notre désir d’annoncer au monde l’Évangile de Jésus Christ, et notamment aux nouvelles générations, car « l’amour du Christ nous presse » (
2Co 5,14) de leur faire découvrir le Seigneur venu dans notre monde pour que tous aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Cela est particulièrement important dans nos sociétés où de nombreux courants de pensée éloignent de Dieu et ne donnent pas le sens à l’existence. Nous voulons annoncer l’Évangile de grâce et d’amour afin que tous les hommes soient, eux aussi, en communion avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit et que leur joie soit parfaite.

6. Nous pensons que les religions ont un rôle à jouer pour assurer le rayonnement de la paix dans le monde et qu’elles ne doivent nullement être des foyers d’intolérance ni de violence. En tant que chefs religieux chrétiens, nous exhortons ensemble tous les chefs religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue interreligieux, et à travailler pour créer une société de paix et de fraternité entre les personnes et entre les peuples. Telle est une des missions des religions. C’est dans ce sens que les chrétiens travaillent et veulent continuer à travailler dans le monde, avec tous les hommes et femmes de bonne volonté, dans un esprit de solidarité et de fraternité.

7. Nous voulons rendre hommage aux progrès impressionnants réalisés dans tous les domaines de la science, notamment dans ceux qui concernent l’homme, invitant cependant les Responsables et les scientifiques au respect du caractère sacré de la personne humaine et de sa dignité, car sa vie est un don divin. Nous sommes inquiets de voir que les sciences pratiquent des expérimentations sur l’être humain, qui ne respectent ni la dignité ni l’intégrité de la personne dans toutes les étapes de son existence, de la conception à sa fin naturelle.

8. En outre nous demandons de faire davantage preuve de sensibilité pour protéger plus efficacement, dans nos pays, en Europe et au niveau international, les droits fondamentaux de l’homme, fondés sur la dignité de la personne créée à l’image de Dieu.

9. Nous souhaitons une féconde collaboration pour faire redécouvrir à nos contemporains les racines chrétiennes du Continent européen, qui ont forgé les différentes nations et contribué au développement de liens toujours plus harmonieux entres elles. Cela les aidera à vivre et à promouvoir les valeurs humaines et spirituelles fondamentales pour les personnes comme pour le développement des sociétés elles-mêmes.

10. Nous reconnaissons les mérites des progrès de la technologie et de l’économie pour un grand nombre de sociétés modernes. Cependant, nous invitons aussi les pays riches à une plus grande attention envers les pays en voie de développement et les pays les plus pauvres, dans un esprit de partage solidaire et reconnaissant que tous les hommes sont nos frères et qu’il est de notre devoir de venir en aide aux plus petits et aux plus pauvres, qui sont les bien-aimés du Seigneur. En ce sens, il importe aussi de ne pas exploiter de manière abusive la création, qui est l’oeuvre de Dieu. Nous en appelons aux personnes qui ont des responsabilités dans la société et à tous les hommes de bonne volonté pour que tous s’engagent dans une gestion raisonnable et respectueuse de la création, afin qu’elle soit correctement gérée, avec le souci de solidarité, notamment envers les peuples qui sont dans des situations de famine, et pour laisser aux générations futures une terre vraiment habitable pour tous.

11. En raison de nos convictions communes, nous redisons notre désir de collaborer au développement de la société, dans une coopération constructive, pour le service de l’homme et des peuples, en donnant un témoignage de la foi et de l’espérance qui nous animent.

12. Pensant tout spécialement aux fidèles orthodoxes et catholiques, nous les saluons et les confions au Christ Sauveur, pour qu’ils soient des témoins inlassables de l’amour de Dieu, et nous élevons une fervente prière pour que le Seigneur fasse à tous les hommes le don de la paix, dans la charité et l’unité de la famille humaine.

Au Vatican, le 14 décembre 2006.
Benedictus PP. XVI


S. B. Christodoulos




À S.E. M. LARS MØLLER NOUVEL AMBASSADEUR DU DANEMARK PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle du Consistoire Jeudi 14 décembre 2006

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Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous recevoir et d'accepter les Lettres de Créance qui vous accréditent comme Ambassadeur et Ministre plénipotentiaire du Danemark près le Saint-Siège. Je vous remercie pour le message de salutations que vous me transmettez de la part de la Reine Margrethe II. Je me souviens avec plaisir de ma rencontre avec Sa Majesté au printemps dernier, et je vous demande de bien vouloir lui transmettre mes salutations cordiales, ainsi que mes meilleurs voeux dans la prière pour le bonheur et la prospérité du peuple danois.

En ce vingt-cinquième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Danemark, je désire exprimer l'estime du Saint-Siège pour les efforts de votre pays en vue de promouvoir une solidarité effective avec les nations les plus pauvres, en soutenant le développement intégral et en oeuvrant en vue de soulager la situation tragique de pauvreté, de violence, de faim et de maladie, qui pèse sur une si grande partie de la famille humaine. Le Danemark est au premier rang des efforts internationaux en vue de réaliser les Objectifs de Développement du Millénaire, et a contribué avec générosité à l'établissement de processus de sécurité et de pacification dans les régions du monde frappées par des conflits armés. Ces initiatives louables ont été inspirées par une conscience sérieuse selon laquelle les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales. La coordination entre les gouvernements nationaux, les diverses institutions et organismes de la Communauté internationale, et les nombreuses agences régionales et locales engagées à renforcer le tissu social, représentent un chemin sûr en vue d'accroître le respect pour les droits humains fondamentaux et la promotion de la justice et de la paix à tous les niveaux.

Je vous remercie de vos paroles d'appréciation pour la présence et la contribution du Saint-Siège au sein de la Communauté internationale. Ce service à la paix est enraciné dans la ferme conviction, inspirée par la foi, de l'unité de la famille humaine et de la dignité et des droits de chaque personne, conférés par Dieu. La paix, dans les paroles du prophète Isaïe (32, 17), est le fruit de la justice, mais elle est aussi le fruit de l'amour qui dépasse ce que la justice seule ne peut garantir (cf. Gaudium et spes
GS 78). Dans sa proclamation de l'Evangile, et dans son service à la charité, l'Eglise désire coopérer avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté dans l'édification d'une communauté mondiale dans laquelle la haine et l'intolérance, l'injustice et la violence puissent laisser la place à la compréhension, la réconciliation et la généreuse coopération réciproques, dans la poursuite du bien commun. Seule, une telle coopération, capable de transcender les frontières nationales, ethniques et religieuses, peut prévaloir en définitive sur les nombreuses menaces actuelles contre la paix, y compris le fléau du terrorisme international et les idéologies qui l'inspirent.

Tandis que le peuple danois affronte des questions politiques et éthiques complexes qui détermineront l'avenir de votre société, le riche héritage de la foi chrétienne peut servir de source de sagesse et d'inspiration dans la tâche exigeante de respecter l'identité caractéristique et l'héritage culturel du Danemark, tout en répondant aux défis du temps présent. Une vie publique vigoureuse peut trouver un bénéfice dans la contribution des croyants et dans un dialogue créatif avec la tradition et les valeurs religieuses d'une nation, car une démocratie saine exige une base éthique solide et le respect de la "structure morale de la liberté" (cf. Ecclesia in Europa, n. 98). Pour sa part, l'Eglise est prête "à contribuer à la purification de la raison et au réveil des forces morales, sans lesquelles des structures justes ne peuvent ni être construites, ni être opérationnelles à long terme" (Deus caritas est ). Je vous assure que la communauté catholique du Danemark, bien que numériquement peu nombreuse, désire jouer son rôle, en coopérant avec les autres croyants chrétiens dans ce travail de discernement et d'élaboration de politiques sociales avisées et clairvoyantes. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le rôle et la mission fondamentaux de la famille fondée sur le mariage, l'éducation des enfants, le respect pour le don de la vie provenant de Dieu, de la conception à la mort naturelle, et pour la protection responsable de l'environnement.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous commencez votre mission, je vous présente mes meilleurs voeux pour le travail que vous entreprenez au service de votre nation, et je vous assure de la disponibilité constante des divers bureaux de la Curie romaine en vue de l'accomplissement de vos responsabilités. Je suis assuré que votre mandat aidera à consolider les bonnes relations existant entre le Saint-Siège et le Danemark. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur tout le bien-aimé peuple danois, j'invoque cordialement les Bénédictions divines de joie et de paix.


À S.E. M. MARATBEK SALIEVIC BAKIEV NOUVEL AMBASSADEUR DU KIRGHIZSTAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle du Consistoire Jeudi 14 décembre 2006

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Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec plaisir que je vous accueille au Vatican aujourd'hui et que j'accepte les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Kirghizstan près le Saint-Siège. En cette occasion significative, je vous prie de bien vouloir transmettre mes salutations cordiales à Son Excellence le Président Kurmanbek Bakiyev et à la population de votre pays. Veuillez les assurer de ma gratitude pour leurs voeux et de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission au service de la Communauté internationale. Son engagement au sein de la société civile est fondé sur la conviction que la tâche d'édifier un monde plus juste doit reconnaître et prendre en compte la vocation surnaturelle de l'homme. Le Saint-Siège s'efforce donc de promouvoir une conception de la personne humaine qui "reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien" (Centesimus annus
CA 38). A partir de cette conception, l'Eglise aide la vaste gamme des cultures et des nations qui composent notre monde à organiser et protéger les valeurs universelles qui préservent la dignité de chaque personne et servent le bien commun.

L'extraordinaire beauté naturelle du Kirghizstan est une bénédiction pour votre nation. Une telle manifestation spectaculaire de la main du Créateur réjouit le coeur de votre peuple et l'aide à éléver ses pensées vers le Tout-puissant. En effet, le peuple du Kirghizstan connaît bien l'importance de la liberté religieuse et comprend que si la dimension spirituelle de la personne est réprimée ou même niée, c'est l'âme de la nation qui est écrasée. Au cours de la tragique période d'intimidation dans l'histoire de l'Asie centrale, alors que la suprématie de la force persistait, les fidèles religieux de votre pays ont nourri des espérances de liberté et de justice, et d'un avenir dans lequel la suprématie de la vérité sur la personne humaine et les objectifs de la société prévaudrait. Aujourd'hui, cet espoir se manifeste sous de nombreuses formes, y compris la tolérance, manifestée entre les diverses communautés religieuses et ethniques, le respect pour le rôle de la famille au coeur de votre société et la floraison des arts dans votre nation. De tels traits et valeurs, qui caractérisent en réalité depuis longtemps votre histoire, revêtent une importance régionale accrue lorsque l'on considère la situation géographique unique du Kirghizstan en tant que carrefour culturel.

Tandis que la République du Kirghizstan continue de forger son identité nationale, il faut garder à l'esprit que le facteur important du développement économique comporte un aspect moral d'une importance cruciale pour le bien-être et le progrès pacifique d'une nation. C'est là que l'exigence de justice est satisfaite (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 10). Le droit à un travail raisonnable, et à un niveau de vie acceptable, l'assurance d'une juste distribution des biens et des richesses, et l'utilisation responsable des ressources naturelles dépendent tous d'un concept de croissance qui ne se limite pas à satisfaire simplement les nécessités matérielles. Au contraire, une telle notion doit également souligner la dignité de toute personne humaine - le sujet propre de tout progrès - et donc promouvoir le bien commun de toute l'humanité.

Les aspirations légitimes du développement économique sont intrinsèquement liées aux principes et aux pratiques qui favorisent la stabilité civile nécessaire à la prospérité. Votre pays a déjà adopté certaines mesures en vue de protéger les droits fondamentaux des citoyens et de promouvoir les pratiques démocratiques. La gouvernance responsable et transparente, privée de toute interférence, le maintien de la loi et de l'ordre, la liberté de la presse et la participation publique aux Institutions civiles au service du développement authentique de la nation, tous ces facteurs ont un rôle particulier à jouer pour contribuer à une culture de la paix et de la collaboration. J'encourage votre gouvernement dans ses efforts en vue de garantir que ce processus ne se ralentisse pas, mais soit au contraire renforcé.

Monsieur l'Ambassadeur, les membres de l'Eglise catholique dans votre pays sont très peu nombreux. Bénéficiant de relations amicales avec les communautés musulmanes et orthodoxes, ils ont le désir de pouvoir assister de façon impartiale toutes les populations du Kirghizstan. Leur activité caritative s'étend déjà de l'enseignement à l'Université aux visites dans les prisons et à l'assistance des personnes handicapées. Cela forme une partie de l'engagement d'amour pratique et concret de l'Eglise à l'égard de tout être humain et en particulier des pauvres. En apportant ces services, elle ne recherche ni le pouvoir ni les privilèges, mais uniquement la liberté d'exprimer sa croyance dans "le lien inséparable entre l'amour de Dieu et l'amour du prochain" (Deus caritas est ) à travers les oeuvres de bien, de justice et de paix. Je suis certain que lorsque de nouveaux besoins sociaux et spirituels apparaîtront dans votre pays, la communauté catholique y répondra de façon généreuse et sage.

Excellence, tandis que vous entrez dans la communauté diplomatique accréditée auprès du Saint-Siège, je vous assure de la disponibilité des divers bureaux et institutions de la Curie Romaine. Vous avez aimablement souligné que les relations existant entre la République du Kirghizstan et le Saint-Siège sont amicales et fondées sur le respect mutuel et la coopération. Puisse votre mission servir à renforcer ces liens de coopération. Avec mes voeux sincères, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tous vos concitoyens une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


À S.E. M. CARLOS DOS SANTOS NOUVEL AMBASSADEUR DU MOZAMBIQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle du Consistoire Jeudi 14 décembre 2006

Excellence,

327 C'est avec un plaisir particulier que je vous souhaite la bienvenue au Vatican, en tant que premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Mozambique près le Saint-Siège. En cette occasion significative, je vous prie de transmettre mes salutations cordiales à Monsieur le Président Armando Guebuza, au gouvernement et au peuple de votre pays. Assurez-le de ma gratitude pour les voeux qu'il a formulés et de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

L'activité diplomatique de l'Eglise fait partie de sa mission de service à la Communauté internationale. Elle vise de façon explicite à promouvoir la dignité de la personne humaine et à encourager la paix et l'harmonie au sein des nations et entre les peuples du monde. Ces conditions essentielles pour progresser dans la réalisation d'un développement authentique trouvent leur signification la plus profonde dans l'ordre moral établi par Dieu, qui cherche à attirer tous les hommes et les femmes à la plénitude de sa vie. C'est pour cette raison que le Saint-Siège s'exprime avec tant d'insistance et de ténacité en faveur du respect des personnes, de l'importance vitale de la famille comme cellule de base et vitale de la société, et de la nécessité d'une bonne gouvernance qui garantisse la promotion des droits humains fondamentaux et des aspiration légitimes.

Le peuple du Mozambique sait bien que "la paix est une aspiration profonde et irrépressible présente dans le coeur de toute personne" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2006; n. 6). Au cours des années de la guerre civile, qui a dévasté votre nation, les blessures, physiques et psychologiques d'innombrables hommes, femmes et enfants innocents ont laissé un souvenir douloureux de conflit et d'agression. Au cours des dernières années, la destruction provoquée par la guerre a laissé la place, grâce à Dieu, à un accord de paix. En construisant sur une réconciliation durable, qui découle du pardon et de la décision d'aller de l'avant, les habitants du Mozambique vivent aujourd'hui dans l'espoir d'un avenir de plus grande sérénité. En effet, votre nation bénéficie déjà d'une stabilité politique et d'un progrès économique significatif, ainsi que du début d'un recul de la pauvreté. La paix est plus qu'une simple absence de guerre. La paix contient une vérité intrinsèque et invincible qui provient d'un ordre préparé et voulu par Dieu (cf. ibid., n. 3). Ainsi, pour atteindre ce but, l'exercice des plus hautes responsabilités à tous les niveaux est nécessaire. Il revient à tous les citoyens - en particulier aux Autorités civiles, politiques et religieuses -, de contribuer par tous les moyens possibles au respect de la personne humaine et à la promotion de la justice et de l'égalité, afin que les personnes et les communautés puissent croître, libérées de la menace de l'oppression et de la corruption et de l'offense de la pauvreté, de la dette ou de la discrimination.

Monsieur l'Ambassadeur, votre gouvernement a introduit de nombreuses mesures destinées à accroître le niveau de vie des citoyens de la nation. La priorité accordée à la promotion de projets sociaux et commerciaux capables de créer une société plus juste et de donner un travail aux personnes les plus indigentes, a constitué un encouragement, en dépit des difficultés de ce défi pour tous ceux qui sont en charge de responsabilités et travaillent dans le domaine des affaires. Un développement authentique exige un programme coordonné de progrès national, qui respecte les aspirations légitimes de toutes les couches de la société. C'est pourquoi, l'histoire humaine nous enseigne de façon répétée que si ces programmes visent à une amélioration durable, ils doivent être fondés sur l'exercice d'un gouvernement responsable et transparent, et doivent être accompagnés par un système juridique impartial, en vue de la liberté politique et d'une presse pleinement indépendante. En l'absence de ces fondements communs à toutes les sociétés civilisées, les espérances de progrès, auquel tout être humain aspire, demeurent illusoires.

Tout au long des générations, les cultures africaines ont célébré avec une grande joie la place du mariage au coeur de la société. Comme introduction aux lois sur la famille, votre gouvernement a voulu protéger cette vérité et cette valeur fondamentale qui demeurent la base de toutes les civilisations. Toutefois, on trouve encore sur le continent africain des tendances à vider le mariage de son contenu. L'institution du mariage, établie par le Créateur avec une nature et une finalité propres, est préservée par le droit moral naturel, et ne peut être modifiée pour satisfaire les intérêts de groupes particuliers. Le mariage implique nécessairement une complémentarité entre le mari et la femme qui participent à l'oeuvre de création de Dieu à travers le fait d'engendrer des enfants. C'est pourquoi les époux garantissent la survie de la société et de la culture et, comme le reconnaît le Mozambique, méritent à juste titre la reconnaissance spécifique de l'Etat.

Comme Votre Excellence a eu la délicatesse de le souligner, l'Eglise qui est au Mozambique sert la nation à travers un vaste apostolat éducatif et social. Fidèle à sa mission spirituelle et humanitaire, elle s'efforce activement de contribuer au progrès de la population. Parmi les différentes oeuvres de charité dans lesquelles elle est engagée, figurent l'assistance aux orphelins, dont le nombre augmente en raison de la tragédie du SIDA, des cliniques, des projets de développement intégral, des écoles et une Université. Je suis certain que les Communautés catholiques continueront de répondre généreusement aux nécessités sociales et spirituelles des habitants du Mozambique qui peu à peu se font jour.

Monsieur l'Ambassadeur, la mission que vous commencez aujourd'hui contribuera beaucoup à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre nous et j'espère que l'Accord entre le Saint-Siège et le Mozambique, en phase d'étude depuis quelques années, sera bientôt conclu. Alors que vous assumez vos nouvelles responsabilités, je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine vous assisteront dans l'accomplissement de vos fonctions. J'invoque sur vous, Excellence, sur votre famille et sur vos concitoyens, une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.




À S.A.R. LA PRINCESSE ELIZABETH BAGAYA NOUVEL AMBASSADEUR D'OUGANDA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle du Consistoire Jeudi 14 décembre 2006

Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Ouganda près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations que vous m'avez transmises de la part de S.E. M. Yoweri Museveni, Président de la République, et j'y réponds volontiers à travers mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour Son Excellence et le peuple d'Ouganda.

328 Votre pays, situé au coeur de la Région des Grands Lacs, partage un grand nombre des caractéristiques présentes dans la culture africaine. Certaines de ces merveilleuses valeurs viennent naturellement à l'esprit: le respect qui devrait être porté à toute vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle, la place de la famille en tant que pierre d'angle de la société; et un sens transcendant du sacré.

J'ai suivi de près les défis auxquels le continent africain est confronté, dont certains se présentent avec des degrés divers d'urgence dans votre terre natale. Malheureusement, ces événements dérivent souvent de l'orgueil humain et de la violence. Tandis que les populations de votre nation aspirent à un avenir de stabilité pacifique, votre gouvernement est confronté à l'obligation pressante de répondre de façon décisive aux besoins de tous ceux qui souffrent des effets tragiques de la persistance de la violence dans le nord. La Communauté internationale est forcée de porter une attention adaptée à la grave crise humanitaire qui frappe plus d'un million de personnes dans la région. De nombreux Ougandais et certaines Organisations internationales ont oeuvré avec diligence, souvent au prix de grands risques pour leur vie, afin d'assister ces personnes déplacées et marginalisées, mais la situation exige une coopération accrue afin d'assurer un environnement sûr et stable.

L'Ouganda peut accomplir des progrès en vue du développement intégral authentique tout en demeurant fidèle à ses racines. A cet égard, votre nation doit continuer de rechercher un mélange équilibré d'ancien et de nouveau, en promouvant toujours le respect pour la famille et la communauté en général, le progrès matériel et l'enrichissement culturel, ainsi que la liberté individuelle et la solidarité nationale. L'une des clés en vue de garantir le succès de la démocratie réside dans la participation et l'encouragement à un dialogue sincère et fructueux. Les échanges mutuels d'opinions et d'idées ne sont pas toujours faciles. La bonne gouvernance exige toutefois que les personnes ayant des opinions différentes soient écoutées, respectées et intégrées dans le processus de décision. Ce n'est que dans un tel climat de compréhension et de coopération que le progrès véritable et durable peut être réalisé et poursuivi. Dans ce contexte, je souhaite que les personnes chargées de responsabilités fassent tout ce qui est en leur pouvoir afin d'assurer que l'Eglise demeure un partenaire important dans cet échange d'idées, en lui conférant les garanties juridiques qui reconnaissent sa liberté en vue d'accomplir la mission divine qui lui a été confiée. Son désir est de promouvoir l'espérance et le courage à travers la proclamation de la Bonne Nouvelle à tous les peuples de Dieu (cf. Ecclesia in Africa ).

Je vous assure une fois de plus que l'Eglise catholique s'engage sincèrement à soutenir tous les efforts en vue de promouvoir la paix. Comme le Concile Vatican II nous l'a rappelé, le devoir de l'Eglise est de favoriser et de souligner tout ce qui se trouve de vrai, de bon, et de beau dans la communauté humaine en renforçant la paix parmi les hommes pour la gloire de Dieu (cf. Gaudium et spes
GS 76). A cet égard, le Saint-Siège souhaite que le II Sommet de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, qui commence aujourd'hui, suscite des espérances pour un avenir de sécurité fondé sur le dialogue et la coopération. Dans les divers conflits, des accords ont été atteints et un certain nombre de soldats en exercice sont rentrés chez eux, bénéficiant du nouveau climat de réconciliation. Je suis certain que cette dynamique régionale sera soutenue et que les personnes investies d'une autorité feront tout leur possible pour garantir que les attentes suscitées dans le coeur de tant de personnes soient réalisées. Je prie pour que Dieu tout-puissant accorde une sagesse et un courage renouvelés à tous les responsables, afin que toutes les parties reprennent le dialogue et la recherche de solutions pacifiques et durables.

Il est encourageant d'apprendre le progrès que votre pays accomplit dans la promotion d'un développement à long terme, à travers l'éducation et la réduction de la pauvreté et l'accroissement des opportunités en matière d'éducation. La forte proportion de jeunes dans votre population confère une grande vitalité et un espoir renouvelé à la nation. La collaboration entre l'Eglise et la société civile a produit de nombreux fruits bénis en Ouganda, en particulier dans le domaine de l'éducation, de la santé et dans la lutte contre le HIV/SIDA, où les statistiques confirment la valeur concrète d'une politique de prévention fondée sur l'abstinence et la promotion de la fidélité au sein du mariage. Je souhaite sincèrement que le peuple d'Ouganda continue à recevoir des bénéfices croissants de ce soutien.

Excellence, je vous assure de mes prières pour le succès de votre mission en tant que représentant de l'Ouganda auprès du Saint-Siège. Soyez assurée que les divers bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister. J'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant sur vous et sur le bien-aimé peuple d'Ouganda.


À S.E. M. MAKRAM OBEID NOUVEL AMBASSADEUR DE SYRIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle du Consistoire Jeudi 14 décembre 2006

Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République arabe de Syrie près le Saint-Siège. Je vous remercie pour vos paroles et pour les salutations que vous me transmettez de la part de votre Président, M. Bachar Al Assad. Je vous prie de l'assurer de mes prières constantes pour le bien-être et la prospérité de votre nation.

Comme vous l'avez indiqué, depuis les temps anciens, la Syrie a connu une grande floraison de civilisations et de religions. Votre capitale, Damas, est chère aux chrétiens comme le lieu du baptême de saint Paul, à la suite de la spectaculaire expérience de sa conversion au cours de son voyage à cet endroit. Et de nombreux grands saints ont conduit des vies de sainteté exemplaire sur le sol syrien. Depuis de nombreux siècles désormais, des relations harmonieuses existent entre les communautés chrétiennes et musulmanes dans votre pays. La Syrie occupe donc une position unique pour offrir au monde un exemple de coexistence pacifique et de tolérance entre les fidèles de différentes religions. A cet égard, je vous assure du soutien du Saint-Siège pour les efforts que votre gouvernement a accomplis dans le pays et à l'étranger pour promouvoir le dialogue entre les religions et les cultures. Comme j'ai eu l'occasion de le réaffirmer récemment, "tous les hommes sont profondément solidaires et [il faut] les inviter à mettre en valeur leurs différences historiques et culturelles non pour s'affronter mais pour se respecter mutuellement" (Discours au Corps diplomatique, Ankara, 28 novembre 2006).


Discours 2005-2013 14136