Discours 2005-2013 329

329 Vous avez évoqué la préoccupation de votre gouvernement à l'égard de l'annexion du plateau du Golan par Israël en 1967. Avec une profonde peine dans le coeur, je note qu'un grand nombre de contentieux territoriaux et d'autres natures ont conduit récemment à des conflits armés et menacent la paix et la stabilité de tout le Moyen-Orient. J'ai exhorté à plusieurs reprises à la cessation de la violence au Liban, en Terre Sainte et en Irak. Le monde assiste avec une grande tristesse à la spirale de morts et de destruction, tandis que des personnes innocentes continuent de souffrir et que des civils sont enlevés ou assassinés. Comme bon nombre d'observateurs neutres, le Saint-Siège considère que des solutions sont possibles dans le cadre du droit international, à travers la mise en oeuvre des résolutions appropriées des Nations unies. A cet égard, j'ai fréquemment exhorté à soutenir les diverses nations du Moyen-Orient dans leurs aspirations en vue de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues au niveau international.

Comme vous le savez, l'Eglise rejette avec vigueur la guerre comme moyen de résoudre les conflits internationaux, et elle a souvent souligné que celle-ci ne conduit qu'à de nouveaux conflits encore plus complexes. Malheureusement, la situation actuelle au Moyen-Orient montre avec évidence que c'est effectivement le cas. En particulier, le fléau du terrorisme accroît la peur et l'insécurité ressenties par de si nombreuses personnes dans la région aujourd'hui (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2006, n. 9) et à cet égard, je suis heureux de noter vos paroles à propos de l'engagement du gouvernement syrien en vue de combattre cette menace croissante contre la paix et la stabilité. Le monde se tourne en particulier vers les pays ayant une influence importante au Moyen-Orient dans l'attente confiante de signes de progrès en vue de la résolution de ces conflits de longue date.

La communauté catholique de Syrie, comme vous le savez, désire jouer son rôle dans la vie nationale, en coopération avec les chrétiens des différentes Eglises orientales qui y sont représentées. Votre pays constitue certainement un terrain fertile pour les relations oecuméniques entre les disciples du Christ et je voudrais assurer de l'engagement constant de l'Eglise catholique en vue de cette tâche importante. J'ai pu d'ailleurs récemment le faire publiquement, lorsque j'ai eu la joie de rendre visite au Patriarche oecuménique au Phanar; ensemble, nous avons signé une Déclaration commune exprimant l'engagement des Eglises catholique et orthodoxe en vue d'oeuvrer de toutes les façons possibles à l'objectif de la communion pleine et visible. J'apprécie en particulier la récente législation mise en place par le gouvernement syrien en vue de reconnaître le statut juridique des Eglises catholiques présentes dans votre pays, conformément aux normes du droit canonique. Cette étape laisse espérer un avenir de compréhension réciproque croissante entre les membres des différentes Eglises et des différentes religions en Syrie. De plus, elle jette les bases d'une coopération croissante entre l'Eglise et le gouvernement, qui devrait faciliter la recherche d'une solution des différends, telles que la question des biens de l'Eglise confisqués par l'Etat. Pouvoir discuter de ces questions de façon ouverte, honnête et dans le respect réciproque est un signe de réelle maturité dans les relations.

Votre Excellence, je suis certain que la noble mission que vous commencez aujourd'hui consolidera ces bonnes relations entre la République arabe syrienne et le Saint-Siège. En vous offrant mes meilleurs voeux pour le succès de votre mission, je voudrais vous assurer que les divers bureaux de la Curie romaine seront toujours heureux de vous apporter une assistance et un soutien dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple de Syrie, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu.


À S.E. M. MAKASE NYAPHISI NOUVEL AMBASSADEUR DU LESOTHO PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle du Consistoire Jeudi 14 décembre 2006

Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au début de votre mission et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Lesotho près le Saint-Siège. Je vous remercie pour vos aimables paroles et pour les salutations que vous me transmettez de la part du Roi Letsie III. Je vous prie de transmettre à Sa Majesté mes vieux respectueux et l'assurance de mes prières pour le bien-être de votre nation.

Comme vous l'avez observé, vous commencez votre mandat peu de temps après la célébration du quarantième anniversaire de l'indépendance de votre pays. En vous renouvelant mes félicitations pour cette étape importante dans l'histoire du Lesotho, je voudrais réaffirmer le soutien et l'encouragement du Saint-Siège à l'égard de votre gouvernement dans ses efforts en vue de renforcer les bases de la démocratie et de promouvoir la paix et la stabilité dans toute la région. A cet égard, la récente décision d'adopter un nouveau drapeau symbolisant une nation "en paix avec elle-même et ses voisins" exprime un engagement louable en vue de ces nobles objectifs. De plus, je suis conscient que le peuple du Lesotho lui-même a eu plus d'une occasion, au cours des quarante dernières années, de démontrer sa résistance et sa détermination à poursuivre le chemin de la paix et de la démocratie, quelles que soient les pressions contraires qu'il ait pu rencontrer.

Malheureusement, les graves défis de la pauvreté et du manque de nourriture, auxquels est actuellement confronté votre peuple, présentent de sérieux obstacles à la réalisation des objectifs de votre pays. L'activité économique revêt un caractère moral et, dans la mesure où chaque personne est responsable de l'autre, les nations les plus riches ont un devoir de solidarité et de justice en vue de promouvoir le développement de tous (cf. Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 333). Dans un monde où les communications et le commerce ont acquis une dimension mondiale, ce devoir est d'autant plus évident que les moyens de l'accomplir existent. Comme vous le savez, le Saint-Siège s'engage à soutenir les efforts de la Communauté internationale en vue de réaliser les Objectifs de Développement pour le Millénaire et, de même, toutes les initiatives visant à une distribution plus équitable des ressources et des opportunités de croissance économique. Dans le même temps, il continue d'exhorter les gouvernements qui reçoivent une assistance à cultiver un sens de responsabilité, d'honnêteté et de respect de la règle du droit comme conditions nécessaires pour assurer que l'aide qu'ils reçoivent est utilisée au bénéfice de ceux qui en ont le plus besoin (cf. Ecclesia in Africa ). A cet égard, Excellence, j'ai plaisir à entendre vos paroles concernant la haute priorité que le Royaume du Lesotho accorde à la lutte contre la corruption, et je vous assure tous mes encouragements dans ces efforts de grand mérite.

La plaie du SIDA, qui frappe plusieurs millions de personnes sur le continent africain, a apporté d'indicibles souffrances à la population de votre pays. Soyez assuré de la profonde préoccupation de l'Eglise catholique en vue de faire tout son possible pour soulager toutes les personnes frappées par cette cruelle maladie, ainsi que leurs familles. Dans les visages des personnes malades et mourantes, les chrétiens reconnaissent le visage du Christ, et c'est lui que nous servons lorsque nous apportons notre aide et notre réconfort aux personnes qui souffrent (cf. Mt 25,31-40). Dans le même temps, il est d'une importance vitale de transmettre le message selon lequel la fidélité au sein du mariage et l'abstinence en dehors du mariage sont les meilleurs moyens d'éviter l'infection et de mettre un terme à la diffusion du virus. En effet, les valeurs qui découlent d'une compréhension authentique du mariage et de la vie de famille constituent la seule base sûre pour une société stable.

330 A cet égard, Excellence, je voudrais vous assurer de la disponibilité de la communauté catholique du Lesotho à continuer de jouer son rôle dans l'éducation des futures générations de citoyens aux valeurs qui soutiennent et promeuvent un environnement social sain. Comme nous l'a rappelé le Concile Vatican II, les écoles catholiques visent à guider la formation humaine de leurs élèves dans "une atmosphère animée d'un esprit évangélique de liberté et de charité" (Gravissimum Educationis GE 8). Elles ont pour but de former et d'orienter les idéaux des jeunes d'une façon qui leur permettra d'assumer leurs responsabilités d'adultes avec générosité et intégrité, pour le bien de toute la société. Je sais que le gouvernement du Lesotho apprécie le travail accompli par les éducateurs catholiques et continuera de leur apporter l'encouragement dont ils ont besoin alors qu'ils se consacrent à cette noble tâche au nom de Notre Seigneur Jésus Christ.

Excellence, je prie pour que la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui renforce encore plus les relations déjà fructueuses qui existent entre le Saint-Siège et votre pays. Soyez assuré que les différents bureaux de la Curie Romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Avec mes voeux sincères, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple du Lesotho, une abondance de Bénédictions de Dieu.


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES NOUVEAUX AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 14 décembre 2006

Excellences,

C’est avec joie que je vous accueille pour la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays: le Danemark, le Kirghizstan, le Mozambique, l’Ouganda, la Syrie et le Lesotho. En vous remerciant des paroles courtoises que vous m’avez adressées de la part de vos Chefs d’État, je vous saurais gré de leur transmettre en retour mes salutations cordiales et mes souhaits déférents pour leurs personnes et pour leur haute mission au service de leur nation. Par votre intermédiaire, je voudrais aussi saluer toutes les Autorités civiles et religieuses de vos pays, ainsi que tous vos compatriotes, avec une pensée particulière pour les communautés catholiques, qui oeuvrent au milieu de leurs frères et en collaboration avec eux.

L’année qui se termine a vu de nombreux conflits dans les différents Continents. En tant que diplomates, vous êtes sans aucun doute préoccupés par les situations et les foyers de tension qui ne cessent de se développer, au détriment des populations locales, faisant un grand nombre de victimes innocentes. Pour sa part, le Saint-Siège partage aussi une telle inquiétude, qui risque de mettre en danger la survie de certaines populations et fait peser sur les plus pauvres le fardeau de la souffrance et du manque des biens les plus essentiels.

Pour endiguer de tels phénomènes, les Autorités et toutes les personnes qui ont des responsabilités dans la société civile doivent se mettre toujours davantage à l’écoute de leur peuple, cherchant les solutions les plus appropriées pour répondre aux situations de détresse et de pauvreté, et pour un partage le plus équitable possible, au sein de chaque nation comme au niveau de la communauté internationale.

Il est en effet du devoir des Responsables de la société de ne pas créer ni d’entretenir dans un pays ou dans une région des situations d’insatisfactions graves, sur le plan politique, économique ou social, qui laisseraient penser aux personnes qu’elles sont mises à l’écart de la société, des lieux de décision et de gestion, et qu’elles n’ont pas le droit de bénéficier des fruits du produit national. De telles injustices ne peuvent qu’être source de désordres et engendrer une sorte d’escalade de la violence. La recherche de la paix, de la justice et de la bonne entente entre tous doit être un des objectifs prioritaires, exigeant des personnes qui exercent des responsabilités d’être attentif aux réalités concrètes du pays, s’attachant à supprimer tout ce qui s’oppose à l’équité et à la solidarité, notamment la corruption et le manque de partage des ressources.

Cela suppose donc que les personnes qui détiennent une autorité dans la Nation aient le souci constant de considérer leur engagement politique et social comme un service des personnes et non comme la recherche de bénéfices pour un petit nombre, au détriment du bien commun. Je sais qu’il faut un certain courage pour maintenir le cap au milieu des difficultés, en ayant comme objectif le bien des individus et de la communauté nationale. Cependant, dans la vie publique, le courage est une vertu indispensable pour ne pas se laisser guider par des idéologies partisanes, ni par des groupes de pression, ni encore par le désir du pouvoir. Comme le rappelle la Doctrine sociale de l’Église, le bien des personnes et des peuples doit toujours rester le critère primordial des décisions dans la vie sociale.

Alors que vous commencez votre mission auprès du Saint-Siège, je tiens à vous adresser, Madame et Messieurs les Ambassadeurs, mes voeux les plus cordiaux pour le succès de votre travail. Que le Très-Haut vous accompagne, vous-mêmes, vos proches, vos collaborateurs et tous les habitants de vos pays, et qu’il comble chacun de l’abondance de ses bénédictions.

AU TERME DE LA CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE POUR LES UNIVERSITAIRES ROMAINS Basilique Vaticane Jeudi 14 décembre 2006

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Chers amis!

Cette année également, j'ai le plaisir de pouvoir rencontrer le monde universitaire romain, et d'échanger avec vous les voeux pour le Saint Noël désormais proche. Je salue le Cardinal Camillo Ruini, qui a présidé la Célébration eucharistique et vous a guidés dans la réflexion sur les textes liturgiques. Je remercie également le Recteur de l'Université "Rome 3" et la jeune étudiante, qui se sont faits les porte-parole de votre assemblée de qualité. J'adresse à tous et à chacun mon salut affectueux.

Nous nous rencontrons à l'approche de Noël, qui est la fête des dons, comme je le rappelais dimanche dernier, en visitant la nouvelle paroisse romaine dédiée à Sainte Marie, Etoile de l'Evangélisation. Les dons de Noël nous rappellent le don par excellence, le don de lui-même que le Fils de Dieu nous a fait dans l'Incarnation. C'est pourquoi Noël est souligné à juste titre par les nombreux dons que les personnes s'échangent en ces jours. Il est toutefois important de ne pas oublier le Don principal dont les autres dons ne sont qu'un symbole. Noël est le jour où Dieu s'est donné à l'humanité et son don devient, pour ainsi dire, parfait dans l'Eucharistie. Sous l'aspect d'un petit morceau de pain - disais-je aux enfants de la paroisse romaine que j'ai évoquée, qui se préparaient à la première communion et à la confirmation - c'est Jésus lui-même qui se donne et qui veut entrer dans notre coeur. Chers jeunes, cette année, vous réfléchissez précisément sur le thème de l'Eucharistie, en suivant l'itinéraire spirituel et pastoral préparé par le diocèse de Rome. Le Mystère eucharistique constitue le point de convergence privilégié entre les divers domaines de l'existence chrétienne, y compris celui de la recherche intellectuelle. Rencontré dans la liturgie et contemplé dans l'adoration, Jésus-Eucharistie est comme un "prisme" à travers lequel on peut mieux pénétrer dans la réalité, tant d'un point de vue ascétique et mystique qu'intellectuel et spéculatif, ou encore historique et moral. Dans l'Eucharistie, le Christ est réellement présent et la Messe est le mémorial vivant de sa Pâque. Le Très Saint Sacrement est le centre qualitatif de l'univers et de l'histoire. C'est pourquoi il constitue une source inépuisable de pensée et d'action pour quiconque se place à la recherche de la vérité et désire coopérer avec elle. Il s'agit, pour ainsi dire, d'un "concentré" de vérité et d'amour. Il illumine non seulement la conscience, mais également, et surtout, l'action de l'homme, sa façon de vivre "selon la vérité dans la charité" (
Ep 4,15), comme le dit saint Paul, dans l'engagement quotidien de se comporter comme Jésus lui-même s'est comporté. L'Eucharistie donc, alimente dans la personne, qui s'en nourrit assidûment et avec foi, une unité féconde entre contemplation et action.

Chers amis, nous entrons dans le mystère de Noël désormais proche, à travers la "porte" de l'Eucharistie: dans la grotte de Bethléem, nous adorons le même Seigneur qui, dans le Sacrement eucharistique, a voulu devenir notre nourriture spirituelle pour transformer le monde de l'intérieur, à partir du coeur de l'homme. Je sais que pour un grand nombre d'entre vous, universitaires de Rome, c'est désormais une tradition, au début de l'année académique, d'accomplir un pèlerinage diocésain spécial à Assise et je sais que récemment aussi, vous y avez participé nombreux. Eh bien, saint François et sainte Claire n'ont-ils pas été tous deux "conquis" par le mystère eucharistique? Dans l'Eucharistie, ils ont fait l'expérience de l'amour de Dieu, ce même amour qui, dans l'Incarnation, a poussé le Créateur du monde à se faire petit, et même le plus petit et le serviteur de tous. Chers amis, en vous préparant au Saint Noël, ayez en vous les mêmes sentiments que ces grands saints, si chers au peuple italien. Comme eux, fixez votre regard sur l'enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche (cf. Lc 2,7 Lc 2,12 Lc 2,16).

Placez-vous à l'école de la Vierge Marie, la première qui a contemplé l'humanité du Verbe incarné, l'humanité de la Divine Sagesse. Dans l'Enfant Jésus, avec lequel elle entretenait d'infinis et silencieux dialogues, Elle reconnaissait le Visage humain de Dieu, de sorte que la Sagesse mystérieuse du Fils s'est imprimée dans l'esprit et dans le coeur de la Mère. C'est pourquoi Marie est devenue le "Siège de la Sagesse", et, sous ce titre, est vénérée de manière particulière par la communauté académique romaine. A la Sedes Sapientiae est consacrée une Icône spéciale, qui de Rome, s'est déjà rendue en pèlerinage dans plusieurs pays, à travers les Institutions universitaires. Aujourd'hui, elle est présente ici, car elle passe de la délégation provenant de Bulgarie à celle venue ici d'Albanie. Je salue avec affection les représentants de ces deux nations et je souhaite que, per Mariam, leur communautés académiques respectives puissent avancer toujours plus dans la recherche de la vérité et du bien, à la lumière de la Sagesse divine. J'adresse ce voeu de tout coeur à chacun de vous ici présents, et je l'accompagne d'une Bénédiction particulière, que j'étends volontiers à vous tous et à toutes les personnes qui vous sont chères. Bon Noël!


À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC SA BÉATITUDE ANTONIOS NAGUIB PATRIARCHE D'ALEXANDRIE DES COPTES CATHOLIQUES Vendredi 15 décembre 2006

Béatitude,
Vénérés Frères dans l'Épiscopat,
Chers Fils et Filles de l'Église copte catholique,

Après votre élection au siège patriarcal d'Alexandrie des Coptes catholiques, Béatitude, votre première visite officielle au Successeur de Pierre est un moment de grâce pour l'Église. Je vous remercie des paroles que vous venez de m’adresser concernant votre Patriarcat et de votre prière pour mon ministère. Je me réjouis de vous rencontrer ici, entouré des Évêques de votre patriarcat, de prêtres et de fidèles, pour célébrer la «communio ecclesiastica» que j'ai eu la joie de vous accorder le 6 avril dernier. Je vous salue tous chaleureusement, vous qui êtes venus participer à ce grand moment de communion fraternelle et d'unité de l'Église copte catholique avec le Siège apostolique. Je profite de cette occasion, pour saluer Sa Béatitude le Cardinal Stéphanos II, Patriarche émérite, que je suis heureux d’accueillir, lui qui a consacré sa vie au service de Dieu et de l'Église copte catholique.

332 C’est dans la célébration de la Divine Liturgie que se manifeste le mieux la communion dans le Christ, qui fait de nous des frères. C’est là que s’exprime en plénitude la communion entre tous les catholiques, autour du Successeur de Pierre. Vous êtes, Béatitude, le Père et le Chef de l'Église copte catholique d'Alexandrie, siège prestigieux honoré au cours des cinq premiers siècles comme premier patriarcat après Rome. Votre communauté patriarcale est porteuse d'une riche tradition spirituelle, liturgique et théologique – la tradition alexandrine –, dont les trésors font partie du patrimoine de l'Église : elle a été bénéficiaire de la prédication de l'évangéliste saint Marc, interprète de l'Apôtre Pierre ; un lien particulier de fraternité lie ainsi votre Patriarcat au Siège de Pierre. Je veux donc vous assurer de ma prière et de mon soutien pour «la charge particulière» que le Concile oecuménique Vatican II confiait aux Églises orientales catholiques : «Faire progresser l’unité de tous les chrétiens, surtout des chrétiens orientaux» (Orientalium ecclesiarum OE 24), notamment avec vos frères de l’Église copte orthodoxe. De même, vous avez un rôle important dans le dialogue interreligieux, pour développer la fraternité et l’estime entre chrétiens et musulmans, et entre tous les hommes.

Béatitude, en devenant Patriarche, vous avez conservé votre prénom, Antonios, qui rappelle le grand courant du monachisme, né en Égypte et que la tradition rattache à l’oeuvre de saint Antoine, puis à celle de saint Pacôme. Grâce à l’apport occidental de saint Benoît, le monachisme est devenu un arbre géant qui a porté des fruits abondants et magnifiques dans le monde entier. En évoquant l’Église copte, comment ne pas penser aux écrivains, aux exégètes et aux philosophes, tels Clément d'Alexandrie et Origène, mais aussi aux grands patriarches, confesseurs et docteurs de l'Église, tels Athanase et Cyrille, dont les noms illustres scandent à travers les siècles la foi d'un peuple fervent. Vous avez sans cesse à suivre leurs traces, en développant la recherche théologique et spirituelle propre à votre tradition.

Dans le monde actuel, votre mission est d'une grande importance pour vos fidèles et pour tous les hommes, auxquels l'amour du Christ nous presse d'annoncer la Bonne Nouvelle. Je salue, en particulier, votre attention à l'éducation humaine, spirituelle, morale et intellectuelle de la jeunesse à travers un réseau scolaire et catéchétique de qualité, qui constitue un service de la société tout entière. Je souhaite vivement que cet engagement éducatif soit toujours davantage reconnu, afin que les valeurs fondamentales soient transmises, dans le souci de l’identité propre des écoles catholiques; les jeunes d'aujourd'hui pourront ainsi devenir des hommes et des femmes responsables dans leurs familles et dans la société, et désireux de construire une plus grande solidarité et une plus ardente fraternité entre toutes les composantes de la nation. Transmettez aux jeunes toute mon estime et toute mon affection, en leur rappelant que l'Église et la société tout entière ont besoin de leur enthousiasme et de leur espérance.

Je vous invite à intensifier la formation des prêtres et des nombreux jeunes qui souhaitent se consacrer au Seigneur. La vitalité des communautés chrétiennes dans le monde d’aujourd’hui réclame des pasteurs selon le coeur de Dieu, qui soient de vrais témoins du Verbe de Dieu et des guides pour aider les fidèles à enraciner, toujours plus profondément, leur vie et leur mission dans le Christ !

Je sais la place que tient la vie consacrée dans votre Église. Que la pauvreté, la chasteté et l’obéissance vécues selon les conseils évangéliques soient un témoignage et un appel à la sainteté pour le monde d’aujourd’hui ! Puissent les membres des Instituts consacrés poursuivre leurs missions, notamment auprès des jeunes et des personnes les plus délaissées dans la société.

Au terme de notre rencontre, je vous adresse, Béatitude, des voeux fraternels pour que 1'Esprit Saint vous éclaire dans l'exercice de votre charge, qu’il vous console dans les difficultés et qu’il vous procure la joie de voir grandir en ferveur et en nombre votre Église patriarcale. Au début de votre ministère, je veux vous redire à tous les paroles du Christ aux disciples: «Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume» (Lc 12,32). Tandis que j'adresse à travers vous mes chaleureuses salutations à l’ensemble du peuple égyptien, je vous confie tous à l'intercession de la Vierge Marie et de tous les saints coptes. De grand coeur, je vous accorde, ainsi qu'aux Évêques et à tous les fidèles de votre patriarcat, une affectueuse Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL PROMU POUR LE V CENTENAIRE DES MUSÉES DU VATICAN Salle Clémentine Samedi 15 décembre 2006



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Mesdames et Messieurs!

333 C'est pour moi un honneur et un plaisir d'accueillir aujourd'hui une représentation aussi qualifiée de responsables des plus grands Musées du monde entier. J'adresse à chacun de vous mon plus cordial salut, accompagné de ma sincère gratitude pour votre visite d'aujourd'hui. En premier lieu, je salue le Président du Gouvernorat de l'Etat de la Cité du Vatican, S.Exc. Mgr Giovanni Lajolo, que je remercie également de s'être fait l'interprète des sentiments de toutes les personnes présentes. Je salue le Cardinal, les Evêques, les personnalités et les spécialistes venus de tous les continents. J'adresse un remerciement particulier au Directeur des Musées du Vatican et à ses collaborateurs, ainsi qu'à ceux qui ont préparé et organisé ce Congrès, qui conclut un riche calendrier d'initiatives commémorant le V Centenaire des Musées du Vatican. Les multiples manifestations, qui ont eu lieu au cours de toute l'année, n'avaient pas seulement pour but de commémorer des événements du passé, mais également de créer de nouvelles opportunités d'approfondissement pour les nombreux visiteurs qui fréquentent chaque jour les Musées. On a ainsi souligné l'intérêt que suscite une réalité concernant un Musée au parcours historique aussi riche.

Je me réjouis donc de ce Symposium, dont l'attention porte sur une thématique d'un intérêt évident: l'identité et le rôle du musée aujourd'hui et ses perspectives futures. Précisément parce qu'elle est consacrée à l'étude de la fonction et des objectifs de l'institution du "musée" dans la société contemporaine, l'initiative du Congrès n'a pas simplement prévu une présentation de comptes-rendus de la part de spécialistes. Vous avez plutôt voulu vous confronter à travers des études théoriques, des interventions spécifiques, des échanges d'expériences et un dialogue franc, pour faire apparaître des éléments qui permettent de mieux cerner la fonction, que nous pourrions définir "éducative", du musée dans le contexte de la société actuelle mondialisée. L'Eglise soutient et promeut depuis toujours le monde de l'art, considérant son langage comme un véhicule privilégié de progrès humain et spirituel. Cela vaut la peine de rappeler également, en cette circonstance, l'inscription que mon vénéré Prédécesseur Benoît XIV fit placer sur la porte d'entrée du Musée chrétien: "Ad augendum Urbis splendorem et asserendam religionis veritatem - Pour promouvoir la splendeur de la ville de Rome et affirmer la vérité de la religion chrétienne".

Le développement dans le temps des Musées du Vatican montre que ces finalités sont toujours restées bien présentes dans l'engagement des Souverains Pontifes. En recevant le mois dernier le personnel de cette importante Institution, j'observais que dans son "code génétique" est inscrite la vérité suivante: la grande civilisation classique et la civilisation judéo-chrétienne ne s'opposent pas entre elles, mais convergent dans l'unique dessein de Dieu. Et j'ajoutais qu'il s'agit d'une logique propre au Musée tout entier, qui dans cette perspective apparaît vraiment comme un tout unitaire dans l'articulation complexe de ses sections. En définitive, on pourrait dire que les Musées du Vatican peuvent représenter une opportunité extraordinaire d'évangélisation, car, à travers les diverses oeuvres exposées, ils offrent aux visiteurs un témoignage éloquent du lien permanent qui existe entre le divin et l'humain dans la vie et dans l'histoire des peuples. Le nombre important de personnes qui, chaque jour, les visitent révèle l'intérêt croissant à l'égard de ces chefs-d'oeuvre de l'art et de ces témoignages historiques, qui constituent une merveilleuse synthèse de l'Evangile et de la culture.

Précisément à partir de l'expérience des Musées du Vatican, se révèle très approprié le choix effectué par les organisateurs du Congrès, qui se sont proposés de ne pas se limiter à analyser les institutions muséographiques dans leur organisation actuelle. Ils ont demandé aux participants de s'interroger plutôt sur le rôle que les Musées peuvent jouer à l'avenir, sur la fonction qu'ils sont appelés à remplir à l'époque contemporaine, marquée par de rapides transformations sociales et dans laquelle le réseau des communications innerve le tissu tout entier de l'humanité. Assurément, comme on l'a noté au cours des travaux, la fonction du Musée a aujourd'hui sensiblement changé: de privilège, le Musée est devenu un droit, de centre réservé aux artistes, aux spécialistes et aux seuls hommes de la culture, il est actuellement toujours plus la "maison" de tous, répondant de cette façon à une exigence diffuse de formation de la société. On accorde ensuite, à juste titre, une attention spéciale aux nouvelles générations qui, dans les Musées, peuvent reconnaître les racines de leur histoire et de leur culture. Chaque opportunité pour favoriser l'intégration et la rencontre entre les individus et les peuples est, sans aucun doute, à encourager. Dans cette perspective, les musées, tout en tenant compte des conditions sociales qui ont changé, peuvent aussi devenir des lieux de médiation artistique, des anneaux de raccord entre le passé, le présent et l'avenir, un carrefour d'hommes et de femmes des divers continents, ainsi que des ateliers de recherche et des creusets d'enrichissement culturel et spirituel. Le dialogue, grâce à Dieu, toujours plus souhaité entre cultures et religions ne peut que faciliter la connaissance réciproque et rendre plus fructueux les efforts pour construire un avenir commun de progrès solidaire et de paix pour toute l'humanité. Les Musées pourront contribuer à diffuser la culture de la paix si, en conservant leur nature de temples de la mémoire historique, ils savent également être des lieux de dialogue et d'amitié entre tous.

Mesdames et Messieurs, je renouvelle à chacun de vous mes remerciements cordiaux pour votre visite d'aujourd'hui et je souhaite que votre travail quotidien contribue à transmettre aux générations de demain l'amour pour cette beauté qui, comme l'écrit Dostoïevski, "sauvera le monde" (cf. L'idiot, chap. V). Avec ces sentiments, alors que je forme des voeux fervents pour les prochaines Fêtes de Noël, j'invoque sur vous tous et sur vos familles l'abondance des Bénédictions de Dieu.


AUX MEMBRES DE LA DÉLÉGATION DE LA B'NAI B'RITH INTERNATIONAL Lundi 18 décembre 2006





Chers amis,

Je suis heureux de saluer votre délégation du B'nai B'rith International à l'occasion de sa visite au Vatican. A la suite de la promulgation de la Déclaration du Concile Vatican II Nostra Aetate, en 1965, les responsables du B'nai B'rith ont rendu visite au Saint-Siège en de nombreuses occasions. Aujourd'hui, dans l'esprit de compréhension, de respect et d'appréciation mutuelle qui se développe entre nos communautés, je vous souhaite la bienvenue et, à travers vous, à tous ceux que vous représentez.

Beaucoup a été accompli au cours des quatre dernières décennies de relations entre juifs et catholiques, et nous devons rendre grâce à Dieu pour la remarquable transformation qui a eu lieu sur la base de notre patrimoine spirituel commun. C'est ce riche héritage de foi qui permet à nos communautés non seulement d'entrer en dialogue, mais également d'être des partenaires en vue d'oeuvrer ensemble au bien de la famille humaine. Notre monde en difficulté a besoin du témoignage de personnes de bonne volonté inspiré par la vérité, révélée dans la première page des Ecritures, selon laquelle tous les hommes et toutes les femmes sont créés à l'image de Dieu (cf. Gn 1,26-27) et possèdent donc une dignité et une valeur inaliénables.

Les juifs et les chrétiens sont appelés à oeuvrer ensemble à la guérison du monde, en promouvant les valeurs spirituelles et morales enracinées dans nos convictions religieuses. Si nous donnons un exemple clair de coopération fructueuse, notre voix, en répondant aux besoins de la famille humaine, sera d'autant plus convaincante.

A l'occasion de votre visite, je réitère mon espérance et ma prière inlassables pour la paix en Terre Sainte. La paix ne peut être réalisée que si elle devient à la fois la préoccupation des juifs, des chrétiens et des musulmans, exprimée dans un dialogue interreligieux authentique et des gestes concrets de réconciliation. Tous les croyants sont appelés à montrer que ce n'est pas la haine ni la violence, mais la compréhension et la coopération pacifique qui ouvrent la porte à un avenir de justice et de paix qui représente la promesse et le don de Dieu.


Discours 2005-2013 329