Discours 2005-2013 523

AUX MEMBRES DE LA COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE Salles des Papes Vendredi 5 octobre 2007



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
524 Illustres professeurs et chers collaborateurs,

C'est avec une joie particulière que je vous accueille, au terme des travaux de votre Assemblée plénière annuelle. Je désire tout d'abord vous exprimer, Monsieur le Cardinal, mes sincères remerciements pour les paroles d'hommage qu'au nom de tous, en qualité de Président de la Commission théologique internationale, vous m'avez adressées. Les travaux de ce septième "quinquennat" de la Commission théologique internationale ont déjà porté un fruit concret, comme vous l'avez rappelé, Monsieur le Cardinal, avec la publication du document "L'espérance de salut pour les enfants qui meurent sans baptême". Dans celui-ci, le thème est traité dans le contexte de la volonté salvifique universelle de Dieu, de l'universalité de la médiation unique du Christ, du primat de la grâce divine et du caractère sacré de l'Eglise. Je suis certain qu'un tel document peut constituer un point de référence utile pour les Pasteurs de l'Eglise et pour les théologiens, et également une aide et une source de réconfort pour les fidèles qui ont souffert dans leurs familles de la mort soudaine d'un enfant, avant qu'il ne reçoive le bain de la régénération. Vos réflexions pourront également constituer des occasions d'approfondissement supplémentaire et de recherches sur l'argument. Il faut en effet pénétrer toujours plus à fond dans la compréhension des diverses manifestations de l'amour de Dieu, qui nous a été révélé dans le Christ, à l'égard de tous les hommes, en particulier des plus petits et des plus pauvres.

Je vous félicite des résultats déjà obtenus et, dans le même temps, je vous encourage à poursuivre avec application l'étude des autres thèmes proposés pour ce quinquennat et sur lesquels vous avez déjà travaillé au cours des années passées et de cette Assemblée plénière. Il s'agit, comme vous l'avez rappelé, Monsieur le Cardinal, des fondements de la loi morale naturelle et des principes de la théologie et de sa méthode. A l'occasion de l'audience du 1 décembre 2005, j'ai présenté quelques orientations fondamentales du travail que le théologien doit accomplir en communion avec la voix vivante de l'Eglise sous la direction du Magistère. Je voudrais à présent m'arrêter de manière particulière sur le thème de la loi morale naturelle. Comme vous le savez probablement, à l'initiative de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi se sont déroulés, ou sont en train d'être organisés par divers centres universitaires et associations, des symposiums ou des journées d'études dans le but de déterminer des lignes de convergence utiles pour un approfondissement constructif et efficace de la doctrine sur la loi morale naturelle. Cette invitation a jusqu'à présent trouvé un accueil positif et un écho important. C'est donc avec un grand intérêt que l'on attend la contribution de la Commission théologique internationale, qui vise surtout à justifier et à illustrer les fondements d'une éthique universelle, appartenant au grand patrimoine de la sagesse humaine, qui constitue d'une certaine manière une participation de la créature rationnelle à la loi éternelle de Dieu. Il ne s'agit donc pas d'un thème de type exclusivement ou principalement confessionnel, même si la doctrine sur la loi morale naturelle est illuminée et développée en plénitude à la lumière de la Révélation chrétienne et de l'accomplissement de l'homme dans le mystère du Christ.

Le Catéchisme de l'Eglise catholique résume bien le contenu central de la doctrine sur la loi naturelle, en soulignant que celle-ci "énonce les préceptes premiers et essentiels qui régissent la vie morale. Elle a pour pivot l'aspiration et la soumission à Dieu, source et juge de tout bien, ainsi que le sens d'autrui comme égal à soi-même. Elle est exposée en ses principaux préceptes dans le Décalogue. Cette loi est dite naturelle non pas en référence à la nature même des êtres irrationnels, mais parce que la raison qui l'édicte appartient en propre à la nature humaine" (n. 1995). Avec cette doctrine, l'on parvient à deux finalités essentielles: d'une part, on comprend que le contenu éthique de la foi chrétienne ne constitue pas une imposition dictée de l'extérieur à la conscience de l'homme, mais qu'il s'agit d'une norme qui a son fondement dans la nature humaine elle-même; d'autre part, en partant de la loi naturelle accessible en soi à toute créature rationnelle, on établit avec celle-ci la base pour entrer en dialogue avec tous les hommes de bonne volonté et, de manière plus générale, avec la société civile et séculière.

Mais c'est précisément en raison de l'influence de facteurs d'ordre culturel et idéologique, que la société civile et séculière d'aujourd'hui se trouve dans une situation d'égarement et de confusion: on a perdu l'évidence originelle des fondements de l'être humain et de son action éthique, et la doctrine de la loi morale naturelle s'oppose aux autres conceptions qui en sont la négation directe. Tout cela a des conséquences immenses et graves dans l'ordre civil et social. Chez de nombreux penseurs, semble aujourd'hui dominer une conception positiviste du droit. Selon eux, l'humanité ou la société, ou de fait la majorité des citoyens, devient la source ultime de la loi civile. Le problème qui se pose n'est donc pas la recherche du bien, mais celle du pouvoir, ou plutôt de l'équilibre des pouvoirs. A la racine de cette tendance se trouve le relativisme éthique, dans lequel certains voient même l'une des conditions principales de la démocratie, car le relativisme garantirait la tolérance et le respect réciproque des personnes. Mais s'il en était ainsi, la majorité d'un moment deviendrait la source ultime du droit. L'histoire démontre avec une grande clarté que les majorités peuvent se tromper. La véritable rationalité n'est pas garantie par le consensus d'un grand nombre, mais seulement par la compréhension qu'a la raison humaine de la Raison créatrice et par l'écoute commune de cette Source de notre rationalité.

Lorsque les exigences fondamentales de la dignité de la personne humaine, de sa vie, de l'institution familiale, de la justice, de l'organisation sociale, c'est-à-dire les droits fondamentaux de l'homme, sont en jeu, aucune loi faite par les hommes ne peut renverser la règle écrite par le Créateur dans le coeur de l'homme, sans que la société elle-même ne soit dramatiquement frappée dans ce qui constitue sa base incontournable. La loi naturelle devient ainsi la véritable garantie offerte à chacun pour vivre libre et respecté dans sa dignité et à l'abri de toute manipulation idéologique et de toute décision arbitraire ou d'abus du plus fort. Personne ne peut se soustraite à cet appel. Si, en raison d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme et le relativisme éthique parvenaient à effacer les principes fondamentaux de la loi morale naturelle, l'ordre démocratique lui-même serait radicalement blessé dans ses fondements. Contre cet obscurcissement, qui est à la base de la crise de la civilisation humaine, avant même que chrétienne, il faut mobiliser toutes les consciences des hommes de bonne volonté, laïcs ou appartenant à des religions différentes du christianisme, pour qu'ensemble et de manière concrète, ils s'engagent à créer, dans la culture et dans la société civile et politique, les conditions nécessaires pour une pleine conscience de la valeur inaliénable de la loi morale naturelle. C'est en effet du respect de celle-ci que dépend le développement des individus et de la société sur la voie de l'authentique progrès, conformément à la juste raison, qui est une participation à la Raison éternelle de Dieu.

Très chers amis, c'est avec reconnaissance que j'exprime à tous mon appréciation pour le dévouement qui vous caractérise et mon estime pour le travail que vous avez accompli et que vous accomplissez. En vous présentant mes voeux pour vos travaux à venir, je vous donne avec affection ma Bénédiction.


AUX MEMBRES DU CHAPITRE DE LA BASILIQUE DU VATICAN Salle Clémentine Lundi 8 octobre 2007



Chers membres du Chapitre vatican!

Je désirais vous rencontrer depuis longtemps et je profite volontiers de cette occasion pour vous manifester en personne mon estime et mon affection. J'adresse à chacun de vous un salut cordial. En particulier, je salue l'Archiprêtre, Mgr Angelo Comastri, que je remercie pour les paroles avec lesquelles il a présenté cette antique et vénérable institution. Avec lui, je salue le Vicaire, Mgr Vittorio Lanzani, les chanoines et les coadjuteurs. J'ai apprécié, Monsieur l'Archiprêtre, que vous ayez rappelé la présence ininterrompue de clergé en prière dans la Basilique vaticane dès l'époque de saint Grégoire le Grand: une présence constante, volontairement discrète, mais fidèle et persévérante.

525 Toutefois, vous le savez bien, chers chanoines, votre Chapitre vit précisément le jour en 1053, lorsque le Pape Léon IX confirma à l'Archiprêtre et aux chanoines de Saint-Pierre, qui s'étaient établis dans le monastère de saint Etienne le Majeur, les possessions et les privilèges accordés par ses prédécesseurs. Ce fut ensuite sous le Pontificat d'Eugène IV (1145-1153) que le Chapitre acquit les caractéristiques d'une communauté bien structurée et autonome. Il y eut, en substance, un passage long et graduel d'une structure monastique, placée au service de la Basilique, à l'actuelle structure canoniale. Sous la direction de l'Archiprêtre, l'activité du Chapitre vatican s'est orientée dès les origines vers plusieurs domaines d'engagement: le domaine liturgique, pour la célébration commune et pour le soin quotidien des services liés au culte; le domaine administratif pour la gestion du patrimoine de la Basilique et des Eglises affiliées; le domaine pastoral, dans lequel le soin du quartier Borgo était confié au Chapitre; le domaine caritatif, dans lequel le Chapitre accomplissait des formes d'assistance propres et de collaboration avec l'hôpital "Santo Spirito" et d'autres institutions. Depuis le XI siècle jusqu'à aujourd'hui, on compte au moins onze Papes qui ont fait partie du Chapitre vatican et parmi ceux-ci, il me plaît de rappeler en particulier les Papes du XX siècle Pie XI et Pie XII. A partir du XVI siècle, alors que commença la construction de la nouvelle Basilique - nous avons célébré l'an dernier le V centenaire de la pose de la première pierre - l'histoire du Chapitre vatican se mêle à celle de la Fabrique de Saint-Pierre, deux institutions séparées, mais unies dans la personne de l'Archiprêtre, qui se préoccupe d'assurer une collaboration réciproque fructueuse.

Au siècle dernier, en particulier au cours des dernières décennies, l'activité du Chapitre dans la vie de la Basilique vaticane s'est progressivement orientée vers la redécouverte de ses véritables fonctions originelles, qui consistaient avant tout dans le ministère de la prière. Si la prière est fondamentale pour tous les chrétiens, pour vous, chers frères, il s'agit d'un devoir pour ainsi dire "professionnel". Comme j'ai eu l'occasion de le dire au cours de mon récent voyage en Autriche, la prière est le service au Seigneur, qui mérite d'être toujours loué et adoré, et, dans le même temps, un témoignage pour les hommes. Et là où Dieu est loué et adoré avec fidélité, la bénédiction ne manque pas (cf. Discours à Heiligenkreuz, 9 septembre 2007). Voilà quelle est la nature propre au Chapitre vatican et la contribution que le Pape attend de vous: rappeler par votre présence orante auprès de la tombe de Pierre que rien ne doit être placé avant Dieu; que l'Eglise est entièrement orientée vers Lui, vers sa gloire; que le primat de Pierre est au service de l'unité de l'Eglise et que celle-ci, à son tour, est au service du dessein salvifique de la Très Sainte Trinité.

Chers et vénérés frères, j'ai une grande confiance en vous et en votre ministère afin que la Basilique Saint-Pierre puisse être un authentique lieu de prière, d'adoration et de louange au Seigneur. Dans ce lieu sacré, où arrivent chaque jour des milliers de pèlerins et de touristes du monde entier, il est nécessaire plus qu'en tout autre lieu qu'auprès de la tombe de saint Pierre, il y ait une communauté stable de prière, qui garantisse la continuité avec la tradition et, dans le même temps, intercède pour les intentions du Pape dans l'aujourd'hui de l'Eglise et du monde. Dans cette perspective, j'invoque sur vous la protection de saint Pierre, de saint Jean Chrysostome, dont les reliques sont conservées précisément dans votre Chapelle, et des autres Saints et Bienheureux présents dans la Basilique. Que veille sur vous la Vierge Immaculée, dont l'image que vous vénérez dans la Chapelle du Choeur fut couronnée par le Bienheureux Pie IX en 1854 et entourée d'étoiles cinquante ans plus tard, en 1904, par saint Pie X. Je vous remercie une fois de plus pour le zèle avec lequel vous remplissez votre devoir et, tandis que je vous assure de mon souvenir particulier dans la Messe, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à vos proches, la Bénédiction apostolique.


À S.E. M. JI-YOUNG FRANCESCO KIM, NOUVEL AMBASSADEUR DE CORÉE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 11 octobre 2007

Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres par lesquelles le Président de la République de Corée vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. Je profite de cette occasion pour renouveler l'expression de mon respect et de mon affection cordiale pour le peuple coréen, et je vous prie de transmettre au Président Roh Moo-hyun, ainsi qu'à tous vos concitoyens, mes meilleurs voeux dans la prière pour la paix et la prospérité de votre nation.

Excellence, vous avez souligné la croissance remarquable de l'Eglise catholique dans votre pays, due dans une large mesure à l'exemple héroïque d'hommes et de femmes que leur foi a conduits à donner leur vie pour le Christ et pour leurs frères et soeurs. Leur sacrifice nous rappelle qu'aucun prix n'est trop élevé pour persévérer dans la fidélité à la vérité. Malheureusement, dans notre monde pluraliste actuel, certaines personnes mettent en cause ou nient même l'importance de la vérité. Pourtant, la vérité objective demeure l'unique base certaine pour la cohésion sociale. La vérité ne dépend pas du consensus, mais le précède et le rend possible, en engendrant une authentique solidarité humaine. L'Eglise, qui tient toujours compte du pouvoir de la vérité d'unir les personnes, et toujours attentive au désir irrépressible de coexistence pacifique de l'humanité, s'efforce avec passion de renforcer la concorde et l'harmonie sociale dans la vie ecclésiale et dans la vie civile, en proclamant la vérité sur la personne humaine telle que la connaît la raison naturelle et que la manifeste pleinement la révélation divine.

Excellence, la Communauté internationale s'unit aux citoyens de votre pays dans leurs aspirations renouvelées de paix retrouvée sur la péninsule coréenne et dans toute la région. Je profite de cette occasion pour réitérer le soutien du Saint-Siège à l'égard de toute initiative visant à une réconciliation sincère et durable, mettant un terme à l'inimitié et aux conflits irrésolus. Le véritable progrès se construit sur des attitudes d'honnêteté et de confiance. Je loue les efforts de votre pays en vue de promouvoir un dialogue fécond et ouvert, tout en oeuvrant dans le même temps à soulager la douleur de ceux qui souffrent des blessures de la division et de la méfiance. En effet, chaque nation partage la responsabilité d'assurer un monde plus stable et sûr. Je souhaite ardemment que la participation en cours de divers pays participant au processus de négociation conduira à mettre fin aux programmes visant à développer et fabriquer des armes ayant un potentiel effrayant d'indicible destruction.

Votre pays a obtenu de grands succès dans la recherche scientifique et le développement. Parmi ceux-ci, il faut noter en particulier les progrès de la biotechnologie et le potentiel de soigner et de guérir les maladies afin d'améliorer la qualité de la vie dans votre pays et à l'étranger. Les découvertes dans ce domaine invitent l'homme à une conscience renouvelée des graves responsabilités contenues dans leurs applications. L'utilisation que la société fait de la science biomédicale doit être constamment mesurée selon des normes éthiques solides et fermes (cf. Discours à l'Académie pontificale des Sciences, 6 novembre 2006). Parmi celles-ci, l'une des principales est la dignité de la vie humaine, car sous aucune condition l'être humain ne doit être manipulé ou traité comme un simple instrument d'expérimentation. La destruction des embryons humains, que ce soit pour obtenir des cellules souches ou pour tout autre objectif, contredit l'objectif prétendu des chercheurs, des législateurs et des agents de la santé publique de promouvoir le bien-être humain. L'Eglise n'hésite pas à approuver et à encourager la recherche sur les cellules souches somatiques, non seulement en raison des résultats favorables obtenus à travers ces méthodes alternatives, mais de façon plus importante, car elles sont en harmonie avec l'objectif susmentionné parce qu'elles respectent la vie de l'être humain à tous les stades de son existence (cf. Discours aux participants au Congrès promu par l'Académie pontificale pour la Vie, 16 septembre 2006). Monsieur l'Ambassadeur, je prie pour que la sensibilité morale innée du peuple coréen, comme l'a souligné son rejet du clonage humain et des procédures qui y sont liées, contribue à sensibiliser la Communauté internationale sur les profondes implications éthiques et sociales de la recherche scientifique et de son utilisation.

La promotion de la dignité humaine exhorte également les Autorités publiques à garantir que les jeunes reçoivent une solide éducation. Les écoles religieuses ont une grande contribution à apporter à cet égard. Les gouvernements ont le devoir de permettre aux parents d'envoyer leurs enfant dans des écoles religieuses en facilitant l'établissement et le financement de ces Institutions. Dans la mesure du possible, les subventions publiques devraient libérer les parents des fardeaux financiers excessifs qui limitent leur possibilité de choisir les méthodes d'éducation les plus adaptées à leurs enfants. Les écoles catholiques et autres écoles religieuses devraient bénéficier de la liberté appropriée pour concevoir et mettre en place des programmes scolaires qui alimentent la vie de l'esprit sans laquelle la vie de la raison est gravement déformée. J'exhorte l'Eglise et les responsables religieux à aller de l'avant dans un esprit de collaboration afin de garantir un avenir pour l'éducation catholique dans votre pays qui contribuera à la maturation morale et intellectuelle de la génération la plus jeune, au bénéfice de toute la société.

Excellence, en cette heureuse occasion, tandis que vous commencez votre mission, je vous assure que le Saint-Siège et ses divers bureaux seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. J'invoque des bénédictions divines sur vous, sur votre famille et sur le peuple de votre pays, qui occupe une place spéciale dans mes pensées et dans mes prières en ce moment.

INAUGURATION DE LA PORTE DE BRONZE À LA FIN DES TRAVAUX DE RESTAURATION Vendredi 12 octobre 2007

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Vénérés Frères,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et soeurs!

Nous nous sommes donnés rendez-vous en ce lieu qui constitue l'entrée principale du Palais apostolique, pour bénir et inaugurer la Porte de Bronze entièrement restaurée après deux ans d'un travail patient et de qualité. Il s'agit d'une événement qui n'est pas d'une grande importance en soi, mais qui est significatif en raison de la fonction que cette Porte particulière exerce et des siècles d'histoire ecclésiale qu'elle a vus défiler. Je vous remercie donc de votre présence et j'adresse à chacun de vous mon salut cordial.

Cette Porte fut réalisée par Giovanni Battista Soria et Orazio Censore au cours du Pontificat de Paul V, qui, entre 1617 et 1619, voulut renouveler complètement la structure tout entière de la Porta Palatii. En 1663, après la colossale intervention architecturale due au génie de Gian Lorenzo Bernini, elle fut déplacée là où elle se trouve actuellement, c'est-à-dire sur le seuil entre la Colonnade de la Place Saint-Pierre et le Bras de Constantin. Usée par le temps, on pensa la restaurer à l'occasion du Grand Jubilé de l'An 2000, mais cette opération de rénovation radicale n'a été possible que quelques années plus tard. La Porte a ainsi été démontée et non seulement soigneusement rénovée dans sa beauté originelle, selon les méthodes et les techniques les plus modernes, mais également consolidée avec une âme d'acier. Elle a à présent repris sa place et sa fonction, sous la belle mosaïque représentant la Madone à l'Enfant entre les saints Pierre et Paul.

C'est précisément parce qu'elle marque l'accès à la Maison de celui que le Seigneur a appelé à guider le Peuple de Dieu tout entier comme Père et Pasteur, que cette Porte prend une valeur symbolique et spirituelle. Ceux qui viennent pour rencontrer le Successeur de Pierre la franchissent. Des pèlerins et des visiteurs qui se rendent dans les divers Bureaux du Palais apostolique la traversent. J'exprime de tout coeur le souhait que ceux qui entrent par la Porte de Bronze puissent se sentir, dès leur entrée, accueillis par le baiser du Pape. La Maison du Pape est ouverte à tous.

Mes sentiments d'appréciation et de reconnaissance vont à ceux qui ont rendu possible cette oeuvre de restauration urgente et radicale. Tout d'abord à ceux qui ont dirigé et réalisé les travaux dans leurs différentes phases: les Services techniques du Gouvernorat et les Laboratoires de restauration des Musées du Vatican, qui ont utilisé la compétence d'entreprises spécialisées pour les parties en bois et en métal. Il a été possible de faire face à cette intervention longue et exigeante grâce au généreux soutien financier de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre et du Credito Artigiano. C'est pourquoi j'exprime ma vive gratitude à ces deux Instituts, qui ont ainsi voulu renouveler une expression de fidélité au Souverain Pontife et d'attention aux biens artistiques du Saint-Siège. Mes remerciements les plus sincères s'étendent à ceux qui, de diverses manières, ont offert leur contribution.

J'assure à présent les responsables, les artisans et les bienfaiteurs, ainsi que chacun de vous ici présents, de mon souvenir dans la prière, alors qu'avec affection je donne à tous ma Bénédiction apostolique.

VISITE À L'INSTITUT PONTIFICAL DE MUSIQUE SACRÉE Via di Torre Rossa, Rome Samedi 13 octobre 2007

527 Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers professeurs et élèves de l'Institut pontifical de musique sacrée!

Le mémorable jour du 21 novembre 1985, mon bien-aimé Prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, rendit une visite à ces "aedes Sancti Hieronymi de Urbe" où, depuis sa fondation, en 1932, par le Pape Pie XI, une communauté choisie de moines bénédictins avait travaillé avec zèle à la révision de la Biblia Vulgata. C'était le moment où, par la volonté du Saint-Siège, l'Institut pontifical de musique sacrée s'était transféré ici, tout en conservant dans l'ancien siège du "Palazzo dell'Apollinare" l'historique Salle Grégoire XIII, la Salle Académique ou l'"Aula Magna" de l'Institut, qui est encore aujourd'hui, pour ainsi dire, le "sanctuaire" où se déroulent les académies solennelles et les concerts. Le grand orgue, offert au Pape Pie XI par Mme Justine Ward en 1932, a été à présent entièrement restauré avec la généreuse contribution du Gouvernement de la "Generalitat de Catalunya". Je suis heureux de saluer en cette occasion les représentants de ce Gouvernement ici présents.

Je suis venu avec joie au siège didactique de l'Institut pontifical de musique sacrée, totalement rénové. A travers cette visite sont inaugurés et bénis les imposants travaux de restauration effectués ces dernières années à l'initiative du Saint-Siège et avec la contribution significative de divers bienfaiteurs, parmi lesquels se distingue la "Fondazione Pro Musica e Arte Sacra", qui a pris en charge la restauration complète de la Bibliothèque. J'entends idéalement inaugurer et bénir aussi les travaux de restauration effectués dans la Salle académique où, sur la scène, à côté du grand orgue que nous avons mentionné, a été placé un magnifique piano, don de "Telecom Italia Mobile" au bien-aimé Pape Jean-Paul II pour "son" Institut de Musique sacrée.

Je souhaite à présent exprimer ma reconnaissance à Monsieur le Cardinal Zenon Grocholewski, Préfet de la Congrégation pour l'Education catholique et votre Grand Chancelier, pour l'expression courtoise de ses meilleurs voeux qu'en votre nom également, il a voulu m'adresser. Je confirme volontiers en cette circonstance mon estime et ma reconnaissance pour le travail que le Corps académique, étroitement uni à son Président, accomplit avec un sens des responsabilités et un remarquable professionnalisme. Mes salutations vont à toutes les personnes présentes: les membres des familles, avec leurs enfants, et les amis qui les accompagnent, les officiers, le personnel, les élèves et les résidents, ainsi que les représentants de la Consociato Internationalis Musicae Sacrae et de la Foederatio Internationalis Pueri Cantores.

Votre Institut pontifical se dirige à grands pas vers le centenaire de sa fondation qui est l'oeuvre du Pape Pie X, qui érigea en 1911, avec le Bref Expleverunt desiderii, l'"Ecole supérieure de Musique sacrée"; celle-ci, après les interventions successives de Benoît XV et Pie XI, devint ensuite, avec la Constitution apostolique Deus scientarum Dominus du même Pie XI, l'Institut pontifical de Musique sacrée, activement engagé aujourd'hui encore dans l'accomplissement de sa mission originelle au service de l'Eglise universelle. De nombreux étudiants venus ici de toutes les parties du monde pour se former dans les disciplines de la musique sacrée, deviennent à leur tour des formateurs dans leurs Eglises locales respectives. Et combien y en a-t-il eu sur une période de près d'un siècle! Je suis heureux d'adresser à présent un salut cordial à celui qui, par son exceptionnelle longévité, représente un peu la "mémoire historique" de l'Institut et incarne beaucoup d'autres personnes qui ont oeuvré ici: Mgr Domenico Bartolucci.

Il me tient à coeur, en ce siège, de rappeler ce que décida le Concile Vatican II en matière de musique sacrée: en s'inscrivant dans la ligne d'une tradition séculaire, le Concile affirme que celle-ci "a créé un trésor d'une valeur inestimable qui l'emporte sur les autres arts, du fait surtout que, chant sacré lié aux paroles, il fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle" (Sacrosanctum Concilium
SC 112). Combien la tradition biblique et patristique est riche pour souligner l'efficacité du chant et de la musique sacrée pour toucher les coeurs et les élever jusqu'à pénétrer, pour ainsi dire, dans l'intimité même de la vie de Dieu! Bien conscient de cela, Jean-Paul II observe que, aujourd'hui comme toujours, trois caractéristiques distinguent la musique sacrée liturgique: la "sainteté", l'"art vrai", l'"universalité", c'est-à-dire la possibilité d'être proposés à n'importe quel peuple et n'importe quelle assemblée (cf. Chirographe "Mû par le vif désir" du 22 novembre 2003). C'est précisément dans cette perspective que l'Autorité ecclésiastique doit s'engager à orienter avec sagesse le développement d'un genre musical aussi exigeant, sans en "congeler" le patrimoine, mais en tentant d'inscrire dans l'héritage du passé les nouveautés valables du présent, pour parvenir à une synthèse digne de la haute mission qui lui est réservée dans le service divin. Je suis certain que l'Institut pontifical de musique sacrée, en parfaite entente avec la Congrégation pour le Culte divin, ne manquera pas d'offrir sa contribution pour une "mise à jour", adaptée à notre époque, des précieuses traditions dont la musique sacrée est riche. Chers professeurs et élèves de cet Institut pontifical, je vous confie donc cette tâche exigeante mais passionnante, dans la conscience que celle-ci représente une valeur de grande importance pour la vie même de l'Eglise. En invoquant sur vous la protection maternelle de la Vierge du Magnificat et l'intercession de saint Grégoire le Grand et de sainte Cécile, je vous assure pour ma part un constant souvenir dans la prière. Tout en souhaitant que la nouvelle année académique qui va commencer soit emplie de grâces, je donne à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi 19 octobre 2007

Chers Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,

Je suis heureux de vous accueillir, vous qui avez reçu du Seigneur la charge d’être les pasteurs du peuple de Dieu qui est en République du Congo. Je souhaite que notre rencontre, expression de la communion avec le Successeur de Pierre, soit aussi source d’une communion toujours plus intense entre vous et entre vos Églises diocésaines, vous remplissant de confiance et vous encourageant à persévérer dans l’annonce de l’Évangile. Je remercie Mgr Louis Portella Mbuyu, Évêque de Kinkala et Président de votre Conférence épiscopale, de sa présentation de la vie de l’Église en République du Congo. À travers vous, je salue cordialement les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, les catéchistes et les fidèles laïcs de vos diocèses, qui ont souvent manifesté leur attachement au Christ et leur solidarité avec leurs frères dans les moments difficiles de l’histoire récente de votre pays et je les invite à demeurer, avec tous les hommes de bonne volonté, d’infatigables artisans de justice et de paix.

Votre Conférence épiscopale ne cesse d’éveiller les consciences et d’affermir les volontés, apportant une contribution spécifique et concrète à l’établissement de la paix et de la réconciliation dans le pays. J’appelle donc les chrétiens et toute la population du pays à ouvrir des chemins de réconciliation, afin que les différences ethniques et sociales, vécues dans le respect et dans l’amour mutuels, deviennent une richesse commune et non un motif de division.

528 Vos rapports quinquennaux signalent l’urgence de développer un vrai dynamisme missionnaire dans vos Églises locales. L’Église ne peut pas se dérober à cette mission primordiale, qui l’invite à une exigence fondamentale de cohérence et d’harmonisation entre foi et normes éthiques. Pour évangéliser en vérité et en profondeur, il faut devenir des témoins toujours plus fidèles et plus crédibles du Christ. Cette responsabilité éminente vous incombe tout particulièrement. Demeurez des « hommes de Dieu », présents dans vos diocèses aux côtés de vos prêtres, préoccupés avant tout par l’annonce de l’Évangile, puisant dans votre intimité avec le Christ la force de tisser des liens toujours plus forts de fraternité et d’unité entre vous et avec tous. Cette exigence concerne aussi la Conférence épiscopale, appelée à être toujours davantage un lieu privilégié de communion, mais aussi de vie fraternelle et de travail concerté sur des projets communs. Des fruits nombreux jailliront de cette démarche.

Dans un réel souci missionnaire pour construire l’Église-Famille, votre action pastorale s’appuie sur les communautés ecclésiales vivantes. Lieux concrets d’annonce de l’Évangile et d’exercice de la charité, notamment envers les plus pauvres, elles mettent en oeuvre une pastorale de proximité et constituent aussi un puissant rempart contre les sectes. Je vous invite à porter un soin attentif à la formation chrétienne initiale et permanente des fidèles, pour qu’ils connaissent le mystère chrétien et qu’ils en vivent, s’appuyant sur la lecture de l’Écriture et la vie sacramentelle. Ainsi, ils découvriront la richesse de leur vocation baptismale et la valeur de leurs engagements chrétiens selon les principes éthiques, en vue d’une présence toujours plus active dans la société. Je remercie les personnes engagées dans la formation des laïcs, en particulier les catéchistes et leurs familles, précieux auxiliaires de l’évangélisation, souhaitant que soient mis à leur disposition des structures de formation appropriées pour mener à bien leur importante mission.

Portez à vos prêtres les encouragements du Pape. Il vous revient de les soutenir, les appelant à mener, dans une pleine communion avec vous et dans un réel esprit de service du Christ et de la communauté chrétienne, une existence toujours plus digne et plus sainte, fondée sur une vie spirituelle profonde et sur une maturité affective vécue dans le célibat par lequel ils offrent, avec la grâce de l’Esprit et par la libre réponse de leur volonté propre, la totalité de leur amour et de leur sollicitude à Jésus Christ et à l’Église (cf. Pastores dabo vobis
PDV 44). En étant proches des prêtres, vous serez vous-mêmes des modèles de vie sacerdotale et vous les aiderez à prendre une conscience toujours plus vive de la fraternité sacramentelle dans laquelle l’ordination sacerdotale les a établis. J’appelle aussi les nombreux prêtres congolais qui résident à l’extérieur du pays à considérer avec gravité les besoins pastoraux de leurs diocèses et à faire les choix nécessaires pour répondre aux appels pressants de leurs Églises diocésaines.

Je me réjouis que vous ayez prévu de mener prochainement une réflexion approfondie sur le ministère sacerdotal, pour proposer aux prêtres et aux séminaristes une existence de prêtres diocésains, enracinée dans une vie spirituelle forte, qui corresponde à l’exigence de la configuration à Jésus Christ Tête et Serviteur de l’Église, et fondée sur un amour de la mission et sur une vie conforme aux engagements de l’Ordination. C’est par l’enseignement et par le comportement qu’il faut, comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, « exposer la foi de manière irréprochable ».

La baisse sensible du nombre de mariages canoniques est un véritable défi qui pèse sur la famille, dont on sait le caractère irremplaçable pour la stabilité de l’édifice social. La législation civile, la fragilisation de la structure familiale, mais aussi le poids de certaines pratiques traditionnelles, notamment le coût exorbitant de la dote, sont un frein réel à l’engagement des jeunes dans le mariage. Une réflexion pastorale de fond s’impose pour promouvoir la dignité du mariage chrétien, reflet et réalisation de l’amour du Christ pour son Église. Il est important d’aider les couples à acquérir la maturité humaine et spirituelle nécessaire pour assumer de manière responsable leur mission d’époux et de parents chrétiens, en leur rappelant que leur amour est unique, indissoluble et que le mariage contribue à la pleine réalisation de leur vocation humaine et chrétienne.

Puisse l’Église continuer à jouer son rôle prophétique au service de tous les habitants du pays, en particulier des plus pauvres et des sans-voix, révélant à chacun sa dignité et lui proposant l’amour de Dieu pleinement révélé en Jésus Christ ! L’amour «est la lumière – en réalité l’unique – qui illumine sans cesse à nouveau un monde dans l’obscurité et qui nous donne le courage de vivre et d’agir» (Deus caritas est ). Par l’intercession de la Vierge Sainte, Étoile de l’évangélisation, je vous accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique, à vous-mêmes et à vos communautés diocésaines.


Discours 2005-2013 523