Discours 2005-2013 528

À LA DÉLÉGATION

DE LA "MENNONITE WORLD CONFERENCE" Vendredi 19 octobre 2007

Chers amis,

"A vous, grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus Christ!" (2Co 1,2). Je suis heureux de vous accueillir à Rome, où Pierre et Paul rendirent témoignage du Christ en versant leur sang pour l'Evangile.

Dans l'esprit oecuménique des temps récents nous avons commencé à nouer des contacts entre nous après des siècles d'isolement. Je sais que les responsables de la "Mennonite World Conference" acceptèrent l'invitation de mon bien-aimé Prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, à se joindre à lui à Assise aussi bien en 1986 qu'en 2002, afin de prier pour la paix dans le monde à l'occasion d'un grand rassemblement des responsables des Eglises et des communautés ecclésiales, ainsi que des autres religions du monde. Et je suis heureux que des membres du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens aient répondu à vos invitations à participer à vos assemblées mondiales en 1997 et en 2003.

Etant donné que c'est le Christ lui-même qui nous appelle à rechercher l'unité des chrétiens, il est donc tout à fait juste et opportun que les mennonites et les catholiques aient noué un dialogue en vue de comprendre les raisons du conflit qui est apparu entre eux au XVI siècle. Comprendre est le premier pas sur le chemin de la guérison. Je sais que le document issu de ce dialogue, publié en 2003 et qui est actuellement à l'étude dans plusieurs pays, a insisté de manière particulière sur la guérison des mémoires.

529 Les mennonites sont bien connus pour leur fort témoignage au service de la paix au nom de l'Evangile, et sur ce point, en dépit des siècles de division, le document sur le dialogue Called Together to be Peacemakers (Appelés à être ensemble des artisans de paix) a montré que nous partageons beaucoup de convictions communes. Nous insistons les uns et les autres sur le fait que notre travail au service de la paix est enraciné en Jésus Christ "qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un... faisant la paix et nous réconciliant avec Dieu, tous deux en un seul Corps (Ep 2,14-16)" (Document n. 174). Nous comprenons que "la réconciliation, la non violence et le travail au service de la paix appartiennent au coeur de l'Evangile (cf. Mt 5,9 Rm 12,14-21 Ep 6,15)" (Document, n. 179). Notre recherche incessante de l'unité des disciples du Seigneur est de la plus haute importance. Notre témoignage continuera d'être affaibli aussi longtemps que le monde verra nos divisions. Par dessus tout, ce qui nous pousse à rechercher l'unité des chrétiens est la prière de notre Seigneur au Père: "Afin que tous soient un... afin que le monde croie que tu m'as envoyé" (Jn 17,21).

Je souhaite que votre visite constitue une étape supplémentaire vers la compréhension mutuelle et la réconciliation. Que la paix et la joie du Christ soient avec vous tous et avec les personnes qui vous sont chères.

RENCONTRE AVEC LES CHEFS DES DÉLÉGATIONS QUI PARTICIPENT À LA RENCONTRE INTERNATIONALE POUR LA PAIX SALUT Aula Magna du Séminaire à Capodimonte Dimanche 21 octobre 2007



Sainteté, Béatitudes,
Eminentes Autorités,
Représentants des Eglises et des Communautés ecclésiales,
Chers responsables des grandes religions mondiales,

Je saisis volontiers cette occasion pour saluer les personnalités réunies ici à Naples pour le XXI Meeting sur le thème: "Pour un monde sans violence - Religions et cultures en dialogue". Ce que vous représentez exprime en un certain sens les différents mondes et patrimoines religieux de l'humanité, que l'Eglise catholique considère avec un respect sincère et une attention cordiale. Une parole de reconnaissance va à Monsieur le Cardinal Crescenzio Sepe et à l'archidiocèse de Naples qui accueille ce Meeting, ainsi qu'à la communauté de Sant'Egidio, qui travaille avec dévouement pour favoriser le dialogue entre les religions et les cultures dans l'"esprit d'Assise".

La rencontre d'aujourd'hui nous ramène en esprit en 1986, lorsque mon vénéré Prédécesseur Jean-Paul II invita sur la colline de saint François les hauts Représentants religieux à prier pour la paix, soulignant en cette circonstance le lien intrinsèque qui unit une authentique attitude religieuse avec une vive sensibilité pour ce bien fondamental de l'humanité. En 2002, après les événements dramatiques du 11 septembre de l'année précédente, Jean-Paul II convoqua à nouveau à Assise les chefs religieux, pour demander à Dieu que soit mis un terme aux graves menaces qui pesaient sur l'humanité, en particulier à cause du terrorisme.

Dans le respect des différences des diverses religions, nous sommes tous appelés à travailler pour la paix et à un engagement effectif pour promouvoir la réconciliation entre les peuples. Tel est l'authentique "esprit d'Assise", qui s'oppose à toute forme de violence et à l'abus de la religion comme prétexte à la violence. Face à un monde déchiré par les conflits, où l'on justifie parfois la violence au nom de Dieu, il est important de réaffirmer que jamais les religions ne peuvent devenir des véhicules de haine; jamais, en invoquant le nom de Dieu, on ne peut arriver à justifier le mal et la violence. Au contraire, les religions peuvent et doivent offrir de précieuses ressources pour construire une humanité pacifique, car elles parlent de paix au coeur de l'homme. L'Eglise catholique entend continuer à parcourir la voie du dialogue pour favoriser l'entente entre les différentes cultures, traditions et sagesses religieuses. Je souhaite vivement que cet esprit se diffuse, en particulier toujours davantage là où les tensions sont les plus fortes, là où la liberté et le respect pour l'autre sont niés et où des hommes et des femmes souffrent des conséquences de l'intolérance et de l'incompréhension.

530 Chers amis, que ces jours de travail et d'écoute dans la prière soient fructueux pour tous. J'adresse dans ce but ma prière au Dieu éternel, afin qu'il déverse sur chacun des participants au Meeting l'abondance de ses Bénédictions, de sa sagesse et de son amour. Puisse-t-il libérer le coeur des hommes de toute haine et de toute racine de violence et faire de nous tous des artisans de la civilisation de l'amour.

VISITE PASTORALE

À NAPLES

ANGELUS Place du Plébiscite, Naples Dimanche 21 octobre 2007



Chers frères et soeurs,

Au terme de cette célébration solennelle, je désire vous renouveler à tous, chers amis de Naples, mon salut et mes remerciements pour l'accueil cordial que vous m'avez réservé, malgré les conditions quelque peu difficiles! Je voudrais adresser un salut particulier aux délégations venues de différentes parties du monde pour participer à la Rencontre internationale pour la Paix, promue par la Communauté de Sant'Egidio, sur le thème: "Pour un monde sans violence. Religions et cultures en dialogue". Puisse cette importante initiative culturelle et religieuse contribuer elle aussi à consolider la paix dans le monde.

Prions pour cela. Mais prions aussi aujourd'hui, et de façon particulière, pour les missionnaires. On célèbre en effet la Journée mondiale des Missions, qui a un thème très significatif: "Toutes les Eglises pour le monde entier". Chaque Eglise particulière est coresponsable de l'évangélisation de l'humanité tout entière et cette coopération entre les Eglises a été développée par le Pape Pie XII dans l'Encyclique "Fidei Donum", il y a 50 ans. Ne manquons pas d'apporter à ceux qui oeuvrent aux frontières de la mission notre soutien spirituel et matériel: prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui rencontrent souvent de graves difficultés dans leur travail, allant parfois même jusqu'à la persécution.

Confions ces intentions de prière à la Très Sainte Vierge Marie, que nous aimons invoquer, au mois d'octobre, sous le titre avec lequel elle est honorée dans le proche sanctuaire de Pompéi: Reine du Saint Rosaire. Nous lui confions en particulier les nombreux migrants venus ici en pèlerinage de Caserte. Que la Vierge protège aussi ceux qui, de différentes façons, s'engagent pour le bien commun et pour un ordre juste de la société, comme cela a été souligné lors de la 45 Semaine sociale des catholiques italiens, qui s'est précisément tenue ces jours-ci à Pistoia et à Pise, cent ans après la première Semaine sociale promue en particulier par Giuseppe Toniolo, illustre figure d'économiste chrétien. Nous avons devant nous de nombreux problèmes et défis. Cela requiert un profond engagement de la part de tous, en particulier des fidèles laïcs travaillant dans les domaines social et politique, pour assurer à chaque personne, et en particulier aux jeunes, les conditions indispensables pour exploiter leurs talents naturels et développer des choix de vie généreux au service de leurs familles et de toute la communauté, et nous voulons tous collaborer à cette tâche.

A présent, nous nous adressons à la Vierge avec la prière habituelle de l'Angelus.

VISITE PASTORALE

À NAPLES

CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE

HOMÉLIE Place du Plébiscite, Naples Dimanche 21 octobre 2007


Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
531 éminentes Autorités,
chers frères et soeurs!

C'est avec une grande joie que j'ai accepté l'invitation à rendre visite à la communauté chrétienne qui vit dans cette ville historique de Naples. C'est tout d'abord à votre Archevêque, le Cardinal Crescenzio Sepe, que va mon baiser fraternel et un remerciement particulier pour les paroles que, également en votre nom, il m'a adressées au début de cette célébration eucharistique solennelle. Je l'ai envoyé à votre communauté en connaissant son zèle apostolique, et je suis heureux de constater que vous l'appréciez pour ses qualités d'esprit et de coeur. Je salue avec affection les Evêques auxiliaires et le presbyterium diocésain, ainsi que les religieux et les religieuses et les autres personnes consacrées, les catéchistes et les laïcs, en particulier les jeunes activement engagés dans les diverses initiatives pastorales, apostoliques et sociales. Je salue les éminentes Autorités civiles et militaires qui nous honorent de leur présence, à commencer par le Président du Conseil des Ministres, par le Maire de Naples et par les Présidents de la Province et de la Région. A vous tous, réunis sur cette place devant la Basilique monumentale dédiée à saint François de Paule, dont on fête cette année le cinquième centenaire de la mort, j'adresse une pensée cordiale, que j'étends volontiers à ceux qui sont reliés à nous à travers la radio et la télévision, en particulier les communautés de clôture, les personnes âgées, les personnes hospitalisées, les détenus et ceux que je ne pourrai pas rencontrer au cours de mon bref séjour napolitain. En un mot, je salue toute la famille des croyants et tous les citoyens de Naples: je suis parmi vous, chers amis, pour partager avec vous la Parole et le Pain de la Vie, et le mauvais temps ne nous décourage pas, car Naples est toujours belle!

En méditant sur les lectures bibliques de ce dimanche et en réfléchissant à la réalité de Naples, je suis touché par le fait qu'aujourd'hui, la Parole de Dieu a pour thème principal la prière, et même la nécessité "de prier sans cesse" comme le dit l'Evangile (cf.
Lc 18,1). A première vue, cela pourrait paraître un message peu pertinent, peu incisif par rapport à une réalité sociale qui connaît tant de problèmes comme la vôtre. Mais en y réfléchissant, on comprend que cette Parole contient un message certainement à contre-courant, mais qui est toutefois destiné à illuminer en profondeur la conscience de votre Eglise et de votre ville. Je le résumerais ainsi: la force, qui en silence et sans bruit change le monde et le transforme en Royaume de Dieu, c'est la foi - et l'expression de la foi, c'est la prière. Lorsque la foi se remplit d'amour pour Dieu, reconnu comme Père juste et bon, la prière se fait persévérante, insistante, elle devient un gémissement de l'esprit, un cri de l'âme qui pénètre le coeur de Dieu. De cette façon, la prière devient la plus grande force de transformation du monde. Face à des réalités sociales difficiles et complexes, comme l'est certainement la vôtre, il faut renforcer l'espérance, qui se fonde sur la foi et s'exprime en une prière inlassable. C'est la prière qui garde allumée la flamme de la foi. Jésus demande, comme nous l'avons entendu à la fin de l'Evangile: "Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?" (Lc 18,8). C'est une question qui nous fait réfléchir. Quelle sera notre réponse à cette interrogation préoccupante? Aujourd'hui, nous voulons répéter ensemble avec un humble courage: Seigneur, ta venue parmi nous dans cette célébration dominicale nous trouve rassemblés avec la lampe de la foi allumée. Nous croyons et nous nous en remettons à toi! Fais grandir notre foi!

Les lectures bibliques que nous avons écoutées nous présentent certains modèles dont nous inspirer dans notre profession de foi, qui est toujours également une profession d'espérance, car la foi est espérance, elle ouvre la terre à la foi divine, à la force du bien. Ce sont les figures de la veuve que nous rencontrons dans la parabole évangélique et celle de Moïse dont nous parle le livre de l'Exode. La veuve de l'Evangile (cf. Lc 18,1-8) fait penser aux "petits", aux derniers, mais également à tant de personnes simples et droites, qui souffrent des violences, qui se sentent impuissantes face à la permanence du malaise social et qui sont tentées de se décourager. Jésus répète à celles-ci: observez avec quelle ténacité cette pauvre veuve insiste et obtient à la fin l'attention d'un juge inique! Comment pourriez-vous penser que votre Père céleste, bon et fidèle, et puissant, qui ne désire que le bien de ses enfants, ne vous rende pas justice le moment venu? La foi nous assure que Dieu écoute notre prière et nous exauce au moment opportun, même si l'expérience quotidienne semble démentir cette certitude. En effet, devant certains faits divers ou les nombreuses difficultés quotidiennes de la vie, dont les journaux ne parlent même pas, s'élève spontanément de notre coeur la supplique de l'antique prophète: "Jusques à quand, Yahvé, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi: "A la violence!" sans que tu sauves?" (Ha 1,2). Il n'y a qu'une seule réponse à cette invocation angoissée: Dieu ne peut pas changer les choses sans notre conversion, et notre véritable conversion commence avec le "cri" de l'âme, qui implore le pardon et le salut. La prière chrétienne n'est donc pas l'expression du fatalisme et de l'inertie, elle est même le contraire d'une fuite de la réalité, d'un intimisme consolateur: elle est une force d'espérance, la plus haute expression de la foi dans la puissance de Dieu qui est Amour et qui ne nous abandonne pas. La prière que Jésus nous a enseignée, qui a atteint son sommet au Gethsémani, possède le caractère de la "compétition", c'est-à-dire de la lutte, car elle se range de manière décidée aux côtés du Seigneur pour combattre l'injustice et vaincre le mal par le bien; elle est l'arme des petits et des pauvres d'esprit, qui refusent tout type de violence. Ils répondent même à celle-ci par la non violence évangélique, en témoignant ainsi que la vérité de l'Amour est plus forte que la haine et que la mort.
Cela ressort également de la première Lecture; il s'agit du célèbre récit de la bataille entre les Israélites et les Amalécites (cf. Ex Ex 17,8-13). Ce qui détermina l'issue de ce dur conflit fut précisément la prière adressée avec foi au vrai Dieu. Alors que Josué et ses hommes affrontaient les adversaires sur le champ de bataille, Moïse était sur la cime de la colline avec les mains levées, dans la position de la personne en prière. Ces mains levées du grand condottiere garantirent la victoire d'Israël. Dieu était avec son peuple, il en voulait la victoire, mais son intervention était conditionnée par les mains levées de Moïse. Cela semble incroyable, mais c'est ainsi: Dieu a besoin des mains levées de son serviteur! Les bras levés de Moïse font penser à ceux de Jésus sur la croix: les bras ouverts et cloués avec lesquels le Rédempteur a vaincu la bataille décisive contre l'ennemi infernal. Sa lutte, ses mains levées vers le Père et ouvertes sur le monde demandent d'autres bras, d'autres coeurs qui continuent à s'offrir avec son même amour, jusqu'à la fin du monde. Je m'adresse particulièrement à vous, chers Pasteurs de l'Eglise qui est à Naples, en faisant miennes les paroles que saint Paul adressa à Timothée et que nous avons écoutées dans la deuxième Lecture: demeurez fermes dans ce que vous avez appris et dont vous êtes convaincus. Annoncez la parole, insistez en chaque occasion, à temps et à contretemps, admonestez, avertissez, exhortez avec une patience inlassable et le souci d'instruire (cf. 2Tm 3,14 2Tm 3,16 2Tm 4,2). Et comme Moïse sur la montagne, persévérez dans la prière pour et avec les fidèles confiés à vos soins pastoraux, pour qu'ensemble, vous puissiez affronter chaque jour le bon combat de l'Evangile.

Et à présent, intérieurement illuminés par la Parole de Dieu, regardons à nouveau la réalité de votre ville, où ne manquent pas des énergies saines, des personnes bonnes, culturellement préparées et possédant un grand sens de la famille. Cependant, pour de nombreuses personnes, il n'est pas simple de vivre: il y a tant de situations de pauvreté, de carence de logements, de chômage ou de sous-emploi, de manque de perspectives d'avenir. Il y a ensuite le triste phénomène de la violence. Il ne s'agit pas seulement du déplorable nombre de délits de la "camorra", mais également du fait que la violence tend malheureusement à devenir une mentalité courante, s'insinuant dans les plis de la vie sociale, dans les quartiers historiques du centre et dans les banlieues nouvelles et anonymes, avec le risque d'attirer en particulier la jeunesse, qui grandit dans des milieux dans lesquels prospère l'illégalité, le manque de transparence et l'art de s'arranger. Comme il est alors important d'intensifier les efforts pour établir une stratégie sérieuse de prévention, en s'appuyant sur l'école, sur le travail et sur une aide aux jeunes pour gérer leur temps libre. Une intervention est nécessaire, qui interpelle chacun dans la lutte contre toute forme de violence, à partir de la formation des consciences et en transformant les mentalités, les attitudes, les comportements de tous les jours. J'adresse cette invitation à chaque homme et femme de bonne volonté, alors que se tient ici à Naples la Rencontre entre les chefs religieux pour la paix, qui a pour thème: "Pour un monde sans violence - Religions et cultures en dialogue".

Chers frères et soeurs, le bien-aimé Pape Jean-Paul II visita Naples pour la première fois en 1979: c'était, comme aujourd'hui, le dimanche 21 octobre! La deuxième fois fut en novembre 1990: une visite qui promut la renaissance de l'espérance. La mission de l'Eglise est de toujours nourrir la foi et l'espérance du peuple chrétien. C'est ce qu'effectue également avec zèle apostolique votre Archevêque, qui a récemment écrit une Lettre pastorale au titre significatif: "Le sang et l'espérance". Oui, l'espérance véritable ne naît que du sang du Christ et de celui versé pour Lui. Il y a le sang qui est signe de mort; mais il y a le sang qui exprime l'amour et la vie: le sang de Jésus et des martyrs, comme celui de votre bien-aimé Patron saint Gennaro, qui est une source de vie nouvelle. Je voudrais conclure en faisant mienne une expression contenue dans la Lettre pastorale de votre Archevêque, qui affirme: "La semence de l'espérance est peut-être la plus petite, mais elle peut donner vie à un arbre florissant et porter de nombreux fruits". Cette semence existe à Naples et elle agit, malgré les problèmes et les difficultés. Prions le Seigneur afin qu'il fasse croître dans la communauté chrétienne une foi authentique et une solide espérance, capable de faire obstacle de manière efficace au découragement et à la violence. Naples a assurément besoin d'interventions politiques adaptées, mais avant encore d'un profond renouveau spirituel; elle a besoin de croyants qui placent leur pleine confiance en Dieu, et qui s'engagent avec son aide à diffuser dans la société les valeurs de l'Evangile. Nous demandons pour cela l'aide de Marie et de vos saints protecteurs, en particulier de saint Gennaro. Amen!



PAROLES AU TERME DE LA RENCONTRE AVEC LES CHEFS RELIGIEUX Séminaire archiépiscopal de Capodimonte Dimanche 21 octobre 2007

Avant de partir, je désire adresser une fois de plus un salut cordial à chacun de vous, avec qui j'ai eu la joie de partager ce moment convivial.

532 Je remercie à nouveau le Cardinal Crescenzio Sepe, Pasteur de cet archidiocèse, que le Seigneur m'a donné l'opportunité de visiter aujourd'hui, et, à travers lui, je renouvelle l'expression de ma sincère reconnaissance pour l'accueil qui m'a été réservé avec les manifestations de sympathie spontanées propres aux Napolitains. Je salue en outre les autres Cardinaux, les Evêques venus passer avec nous ce jour de fête, ainsi que toutes les personnes présentes.

Je ne peux manquer de remercier tous ceux qui ont préparé avec soin et servi de façon professionnelle ce repas amical. Merci de nous avoir offert ce repas apprécié et savoureux.

En prenant congé, je voudrais assurer chacun de mon souvenir dans la prière, tandis que j'invoque sur vous et sur les personnes qui vous sont chères les Bénédictions abondantes de Dieu. Merci à vous tous et tous mes voeux pour cette importante rencontre!


À LA COMMUNAUTÉ DES UNIVERSITÉS ECCLÉSIASTIQUES DE ROME AU DÉBUT DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE Basilique Vaticane Jeudi 25 octobre 2007





Messieurs les Cardinaux,
vénérés Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs,

Je remercie le Seigneur qui m'accorde cette année également de rencontrer, au début d'une nouvelle année académique, les professeurs et les étudiants des Universités pontificales et ecclésiastiques présentes à Rome. Il s'agit d'une rencontre de prière - la célébration de la Messe, qui constitue le centre de toute notre vie chrétienne, vient de se conclure - et, dans le même temps, d'une occasion propice pour réfléchir sur le sens et sur la valeur de votre expérience d'étude ici, à Rome, au coeur de la chrétienté. A chacun de vous va mon salut affectueux, que j'adresse en premier lieu à Monsieur le Cardinal Zenon Grocholewski, Préfet de la Congrégation pour l'Education catholique, en le remerciant des aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue le Cardinal Dias, et également les autres prélats présents, les recteurs des Universités et les membres des Corps académiques respectifs, les responsables et les supérieurs des séminaires et collèges, ainsi que les étudiants qui proviennent pratiquement de toutes les parties du monde.

Le rendez-vous annuel qui voit réunie idéalement ici, dans la Basilique vaticane, toute la famille académique des Universités ecclésiastiques romaines, vous permet, chers amis, de mieux ressentir l'expérience singulière de communion et de fraternité que vous pouvez faire au cours de ces années: une expérience qui, pour être fructueuse, a besoin de la contribution de tous et de chacun. Vous avez participé ensemble à la Célébration eucharistique, et c'est également ensemble que vous passerez cette nouvelle année. Efforcez-vous de créer parmi vous un climat dans lequel l'engagement à l'étude et la coopération fraternelle soient pour vous un enrichissement commun en ce qui concerne non seulement l'aspect culturel, scientifique et doctrinal, mais également l'aspect humain et spirituel. Sachez profiter au maximum des opportunités qui vous sont offertes à cet égard à Rome, ville véritablement unique également de ce point de vue.

Rome est riche de mémoires historiques, de chefs-d'oeuvre d'art et de culture; elle est surtout riche de témoignages chrétiens éloquents. Au cours du temps, des Universités et des Facultés ecclésiastiques désormais pluriséculaires sont nées, où se sont formées des générations entières de prêtres et d'agents de la pastorale, parmi lesquels ne manquent pas de grands saints et illustres hommes d'Eglise. Vous vous inscrivez dans cette même lignée, en consacrant des années importantes de votre existence à l'approfondissement de diverses disciplines humaines et théologiques. Les finalités de telles Institutions de grand mérite - écrivait en 1979 le bien-aimé Jean-Paul II dans la Constitution apostolique Sapientia christiana - sont, entre autres, de "cultiver et promouvoir, grâce à la recherche scientifique, les disciplines qui leur sont propres, et avant tout approfondir la connaissance de la Révélation chrétienne et des disciplines qui lui sont connexes, dégager de façon systématique les vérités qu'elle contient, considérer à sa lumière les questions nouvelles qui surgissent au cours du temps, les présenter d'une manière adaptée aux hommes d'aujourd'hui dans les diverses cultures" (Titre I, art. 3 1). Il s'agit d'un engagement extrêmement urgent, à notre époque post-moderne, où l'on ressent le besoin d'une nouvelle évangélisation, qui a besoin de maîtres dans la foi et de messagers et de témoins de l'Evangile convenablement préparés.

533 En effet, le séjour à Rome peut et doit servir à vous préparer pour accomplir de la meilleure façon le devoir qui vous attend dans les divers domaines d'action apostolique. La mission évangélisatrice propre de l'Eglise exige, à notre époque nouvelle, non seulement que se diffuse partout le message évangélique, mais qu'il pénètre en profondeur dans les façons de penser, dans les critères de jugement et dans les comportements des personnes. En un mot, il faut que toute la culture de l'homme contemporain soit imprégnée par l'Evangile. La multiplicité des enseignements, qui sont proposés dans les Universités et dans les Centres d'étude que vous fréquentez, répondent à ce défi culturel et spirituel vaste et urgent. La possibilité d'étudier à Rome, siège du Successeur de Pierre et donc du ministère pétrinien, vous aide à renforcer le sens d'appartenance à l'Eglise et l'engagement de fidélité au Magistère universel du Pape. En outre, la présence dans les Institutions académiques et dans les collèges et séminaires de professeurs et d'élèves provenant de tous les continents vous offre une occasion supplémentaire de vous connaître et de faire l'expérience de la beauté unique de faire partie de l'unique grande famille de Dieu: sachez en profiter pleinement!

Chers frères et soeurs, il est toutefois indispensable que l'étude des sciences humaines et théologiques s'accompagne toujours d'une connaissance progressive, intime et profonde, du Christ. Cela implique qu'à l'intérêt nécessaire pour l'étude et la recherche, vous unissiez un désir sincère de sainteté. Que ces années de formation à Rome, outre un engagement intellectuel sérieux et assidu, soient donc également en premier lieu des années d'une intense prière, en harmonie constante avec le Maître divin, qui vous a choisis à son service. De même, que le contact avec la réalité religieuse et sociale de la ville vous soit utile pour un enrichissement spirituel et pastoral. Invoquons l'intercession de Marie, Mère docile et sage, afin qu'elle vous aide à être prêts en toute circonstance, et à reconnaître la voix du Seigneur, qui vous protège et vous accompagne, dans votre itinéraire de formation et à tout moment de votre vie. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et, en vous souhaitant une année sereine et riche de fruits, j'accompagne ces voeux d'une Bénédiction apostolique particulière.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU GABON EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi 26 octobre 2007

Chers Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,

Je vous accueille avec joie, vous les Pasteurs de l’Église au Gabon, souhaitant que votre visite ad limina soit pour vous un temps fort de communion ecclésiale et de vie spirituelle. Vous affermissez ainsi votre mission apostolique, pour être toujours davantage des serviteurs et des guides du peuple qui vous est confié. Je remercie Mgr Timothée Modibo-Nzockena, Évêque de Franceville et Président de votre Conférence épiscopale, pour le tableau qu’il m’a dressé des aspects pastoraux. Dans votre ministère, avec les forces vives de vos diocèses, vous êtes appelés à développer une pastorale, diocésaine et nationale, de plus en plus organique. De même, il convient d’organiser de manière toujours plus appropriée votre Conférence épiscopale, dans vos rencontres et dans les structures à mettre en place pour vous assister. En partageant vos richesses pastorales et vos projets, vous pourrez donner à vos diocèses un dynamisme renouvelé. Plus sera grande la communion entre vous et entre tous les catholiques, plus sera forte et efficace l’évangélisation.

Les Gabonais se laissent parfois attirer par la société de consommation et de permissivité, étant de ce fait moins attentifs aux plus pauvres du pays. Je les encourage à faire grandir leur sens fraternel et leur solidarité. On constate également un certain relâchement dans la vie des chrétiens, pris par les séductions du monde. Je souhaite qu’ils aient toujours davantage une conduite exemplaire en ce qui concerne les valeurs spirituelles et morales.

Parmi les tâches urgentes de l’Église au Gabon, il convient avant tout de noter la transmission de la foi et l’approfondissement du mystère chrétien. Pour faire face aux sollicitations, les fidèles ont besoin d’avoir une formation approfondie qui leur donnera la possibilité de fonder leur vie chrétienne sur des principes clairs. Cela suppose que vous organisiez les structures de formation de manière à ce qu’elles soient réellement efficaces. N’ayez pas peur de préparer pour cette tâche des prêtres et des laïcs qui en ont les capacités. Ainsi, les communautés ecclésiales seront plus vivantes et les fidèles puiseront dans la liturgie, dans la prière personnelle, familiale et communautaire, des forces pour être, dans tous les domaines de la vie sociale, des témoins de la Bonne Nouvelle, des artisans de la réconciliation, de la justice et de la paix, dont notre monde a plus que jamais besoin.

En tant que successeurs des Apôtres, vous êtes pour tous vos diocésains comme des pères, appelés à porter une attention particulière à la jeunesse de votre pays. Que tous les chrétiens, et notamment les parents, se mobilisent pour inviter les jeunes à ouvrir leur coeur au Christ et à le suivre. Le Seigneur veut donner à chacun la grâce d’une vie belle et bonne, et l’espérance qui permet de trouver le sens véritable de l’existence, à travers les aléas de la vie quotidienne. Je souhaite que les jeunes n’aient pas peur d’être aussi les premiers évangélisateurs des compagnons de leur âge. C’est souvent grâce à l’amitié et au partage que ces derniers pourront découvrir la personne du Christ et s’y attacher.

Vous soulignez dans vos rapports que les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont encore peu nombreuses. C’est toujours une souffrance pour un pasteur que manquent des jeunes qui acceptent d’entendre l’appel du Seigneur. La présence d’un séminaire à Libreville doit être pour vous l’objet d’une attention toute particulière, car c’est l’avenir de l’évangélisation et de l’Église qui est en jeu ; cela ne manquera pas non plus d’être un stimulant pour que, dans chaque diocèse, la pastorale vocationnelle se développe et s’intensifie. Puissent les prêtres, les religieux et les religieuses, ainsi que les familles, se mobiliser par la prière, par l’accompagnement des plus jeunes, par le souci de la transmission de l’appel du Christ, pour que naissent et s’épanouissent les vocations dont votre pays a besoin. On ne peut pas non plus oublier le rôle de l’Enseignement catholique, où professeurs et éducateurs ont pour tâche l’éducation intégrale des jeunes, qui nécessite le témoignage et la transmission de la foi, ainsi qu’une attention aux vocations. Avec vous, je veux aussi rendre grâce pour tous les missionnaires, hommes et femmes, qui ont permis à votre pays de recevoir la semence de l’Évangile. Qu’ils soient remerciés de l’oeuvre qu’ils ont accomplie et qu’ils continuent d’accomplir avec fidélité, en collaboration avec les pasteurs gabonais.

Ma pensée affectueuse va aux prêtres, dont je salue la générosité dans le ministère. En développant sans cesse leur vie en intimité avec le Christ, ils auront une conscience plus vive de l’exigence de la fidélité aux engagements pris devant Dieu et devant l’Église, notamment pour l’obéissance et la chasteté dans le célibat. Ainsi, ils vivront toujours davantage leur ministère sacerdotal comme un service des fidèles. Qu’ils se rappellent aussi que, dans le ministère, ils font partie d’un presbytérium autour de l’Évêque. Dans la fraternité sacerdotale, confortés par vous qui êtes pour eux un père et un frère, ils trouveront un soutien spirituel; vous pourrez alors réaliser des projets pastoraux communs, qui donneront un nouvel élan à la mission. J’exhorte chaque prêtre à chercher d’abord le bien de l’Église et non des avantages personnels, en conformant sa vie et sa mission au geste du lavement des pieds (cf. Jn 13,1-11). Cet amour vécu dans une perspective de service désintéressé fait naître une joie profonde.

Portez aux prêtres, à toutes les personnes qui collaborent à la vie pastorale, à tous les fidèles et à tous les Gabonais les salutations affectueuses du Pape. En vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie, étoile de l’évangélisation, je vous accorde, ainsi qu’à tous vos diocésains, la Bénédiction apostolique.



Discours 2005-2013 528