Discours 2005-2013 538

AUX MEMBRES DES CONFRATERNITÉS ITALIENNES


Place Saint-Pierre Samedi 10 novembre 2007



Chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous accueillir et je vous salue tous, vous qui représentez idéalement le monde vaste et varié des Confraternités présentes dans chaque région et diocèse d'Italie. Je salue les prélats qui vous accompagnent et en particulier Mgr Armando Brambilla, Evêque auxiliaire de Rome et Délégué de la Conférence épiscopale italienne pour les Confraternités et les Associations, en le remerciant des paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue M. Francesco Antonetti, Président de la Confédération qui rassemble les Confraternités italiennes, ainsi que les membres des Conseils de direction et vos Assistants ecclésiastiques. Chers amis, vous êtes réunis sur la Place Saint-Pierre avec vos vêtements caractéristiques, qui rappellent d'antiques traditions chrétiennes bien enracinées dans le Peuple de Dieu. Je vous remercie de votre visite, qui veut être une manifestation cordiale de foi et, dans le même temps, un geste qui exprime un attachement filial au Successeur de Pierre.

Comment ne pas rappeler immédiatement l'importance et l'influence que les Confraternités ont exercées dans les communautés chrétiennes d'Italie dès les premiers siècles du dernier millénaire? Un grand nombre d'entre elles, créées par des personnes pleines de zèle, sont rapidement devenues des rassemblements de fidèles laïcs se consacrant à mettre en lumière divers traits de la religiosité populaire liés à la vie de Jésus Christ, en particulier sa passion, sa mort et sa résurrection; à la dévotion envers la Vierge Marie et les saints, en unissant presque toujours des oeuvres concrètes de miséricorde et de solidarité. Ainsi, dès les origines, vos Confraternités se sont distinguées par leurs formes typiques de piété populaire, auxquelles se joignaient de nombreuses initiatives charitables envers les pauvres, les malades et les personnes qui souffrent, en faisant participer à cette compétition d'aide généreuse de nombreux volontaires de tous les milieux sociaux. On comprend mieux cet esprit de charité fraternelle si l'on tient compte du fait que celles-ci commencèrent à apparaître au cours du moyen-âge, lorsque n'existaient pas encore des formes structurées d'assistance sociale et médicale pour les couches les plus pauvres des collectivités. Une telle situation s'est poursuivie pendant les siècles suivants jusqu'à, pourrions-nous dire, notre époque; alors que, malgré la croissance du bien-être économique, les zones de pauvreté n'ont cependant pas disparu. Et donc, aujourd'hui comme par le passé, il reste encore beaucoup à faire dans le domaine de la solidarité.

Les Confraternités ne sont pas cependant de simples sociétés d'assistance mutuelle ou bien des associations philanthropiques, mais un ensemble de frères qui, souhaitant vivre l'Evangile avec la conscience d'être une partie vivante de l'Eglise, se proposent de mettre en pratique le commandement de l'amour, qui pousse à ouvrir son coeur aux autres, en particulier à ceux qui se trouvent en difficulté. L'amour évangélique - l'amour pour Dieu et pour les frères - est le signe distinctif et le programme de vie de chaque disciple du Christ comme de chaque communauté ecclésiale. Dans l'Ecriture Sainte, il est clair que l'amour de Dieu est étroitement lié à l'amour pour le prochain (cf. Mc 12,29-31). "La charité - ai-je écrit dans l'Encyclique Deus caritas est - n'est pas pour l'Eglise une sorte d'activité d'assistance sociale qu'on pourrait aussi laisser à d'autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer" (n. 25). Pour communiquer aux frères la tendre providence du Père céleste, il est toutefois nécessaire de puiser à la source, qui est Dieu lui-même, grâce à des arrêts prolongés de prière, à l'écoute permanente de sa Parole et à une existence entièrement centrée sur le Seigneur et nourrie par les Sacrements, en particulier l'Eucharistie.

539 En cette saison de grands changements que nous traversons, l'Eglise qui est en Italie a également besoin de vous, chers amis, pour faire parvenir l'annonce de l'Evangile de la charité à tous, en parcourant des voies antiques et nouvelles. Enracinées sur le solide fondement de la foi dans le Christ, que vos Confraternités dignes d'éloge, avec la multiplicité singulière de leurs charismes et la vitalité ecclésiale qui les caractérise, continuent donc à diffuser le message du salut parmi le peuple, en oeuvrant sur les multiples frontières de la nouvelle évangélisation! Vous pourrez mener à bien votre importante mission si vous cultivez toujours un amour profond envers le Seigneur et une obéissance docile à vos pasteurs. A ces conditions, en conservant bien fermes les qualités, de l'"évangélicité" et de l'"ecclésialité", vos Confraternités continuerons à être des écoles populaires de foi vécue et des creusets de sainteté; elles pourront continuer à être dans la société "ferment" et "levain" évangélique et contribuer à susciter ce réveil spirituel que nous souhaitons tous.

Chers amis, le domaine dans lequel vous devez travailler est donc vaste et je vous encourage à multiplier les initiatives et les activités de chacune de vos Confraternités. Je vous demande surtout de soigner votre formation spirituelle et de tendre à la sainteté, suivant des exemples d'authentique perfection chrétienne, qui ne manquent pas dans l'histoire de vos Confraternités. Beaucoup de vos confrères, avec courage et une grande foi, se sont distingués, au cours des siècles, comme de sincères et généreux ouvriers de l'Evangile, parfois jusqu'au sacrifice de leur vie. Suivez leurs traces! Aujourd'hui, il est encore davantage nécessaire de cultiver un véritable élan ascétique et missionnaire pour affronter les nombreux défis de l'époque moderne. Que la Sainte Vierge vous protège et vous guide, et que vos saints Patrons vous assistent du Ciel! Avec ces sentiments, je forme pour vous ici présents et pour chaque Confraternité d'Italie le souhait d'un apostolat fécond et, alors que je vous assure de mon souvenir dans la prière, je vous bénis tous avec affection.


AUX SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX DES SOCIÉTÉS MISSIONNAIRES DE VIE APOSTOLIQUE Salle du Consistoire Vendredi 16 novembre 2007



Eminence,
Excellences,
Chers Pères,

C'est une joie particulière pour moi de vous saluer, vous qui êtes les Supérieurs généraux des Sociétés missionnaires de vie apostolique, à l'occasion de la Rencontre organisée par la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples. Votre assemblée, qui réunit les Supérieurs de quinze Sociétés missionnaires de droit pontifical et six de droit diocésain, rend un témoignage éloquent à la vitalité permanente de l'élan missionnaire dans l'Eglise et de l'esprit de communion qui unit vos membres et leurs multiples activités au Successeur de Pierre et à son ministère apostolique universel.

Votre rencontre est aussi un signe concret du rapport historique entre les diverses Sociétés missionnaires de vie apostolique et la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples. Ces jours-ci, vous avez cherché comment élaborer de nouvelles façons de consolider et de renforcer ce rapport privilégié. Comme l'a observé le Concile Vatican II, le mandat du Christ de prêcher l'Evangile à toute la création concerne avant tout et directement le Collège épiscopal, cum et sub Petro (cf. Ad gentes AGD 38). Au sein de l'unité hiérarchique du Corps du Christ, enrichie d'une variété de dons et de charismes répandus par l'Esprit, la communion avec les Successeurs des Apôtres demeure le critère et la garantie de la fécondité spirituelle de l'activité missionnaire. De fait, la communion de l'Eglise dans la foi, l'espérance et la charité, est en soi le signe et l'anticipation de cette unité et de cette paix qui forment le dessein de Dieu dans le Christ pour toute la famille humaine.

Ces dernières décennies, un signe prometteur du renouveau de la conscience missionnaire de l'Eglise a été le désir croissant de nombreux laïcs, hommes et femmes, mariés ou non, de coopérer généreusement à la missio ad gentes.Comme l'a souligné le Concile, l'oeuvre de l'évangélisation est une tâche fondamentale de tout le peuple de Dieu et tous les baptisés sont appelés à la "vive conscience de leur responsabilité pour l'oeuvre de l'évangélisation" (Cf. Ad gentes AGD 36). Bien que certaines Sociétés missionnaires aient eu une longue histoire d'étroite collaboration avec les laïcs, d'autres n'ont développé que récemment des formes d'association laïque pour leur apostolat. Etant donné l'ampleur et l'importance de la contribution apportée par ces associés au travail des diverses Sociétés, les formes spécifiques de leur collaboration devraient naturellement être gouvernées par des statuts spécifiques et des directives claires dans le respect de l'identité canonique propre à chaque institut.

Chers amis, notre rencontre d'aujourd'hui m'offre la belle opportunité de vous exprimer ma gratitude, ainsi qu'à tous les membres de vos Sociétés, passés et actuels, pour les efforts durables accomplis au service de la mission de l'Eglise. Aujourd'hui comme par le passé, les missionnaires continuent de quitter leur famille et leur maison, souvent au prix d'un grand sacrifice, dans le seul but de proclamer la Bonne Nouvelle du Christ et de le servir dans leurs frères et soeurs. Beaucoup, même à notre époque, ont héroïquement confirmé leur prédication en versant leur sang et ont contribué à l'implantation de l'Eglise dans des terres lointaines. Aujourd'hui, des circonstances difficiles ont conduit dans de nombreux cas à la diminution du nombre de jeunes attirés par les sociétés missionnaires, accompagnée d'un déclin de l'influence missionnaire. Malgré cela, comme l'a affirmé avec insistance le Pape Jean-Paul II, la mission ad gentes n'en est encore qu'à ses débuts et le Seigneur nous exhorte tous à nous engager généreusement à son service (cf. Redemptoris missio RMi 1). "La moisson est abondante" (Mt 9,37). Conscient des défis que vous devez affronter, je vous encourage à suivre fidèlement les traces de vos fondateurs et à raviver les charismes et le zèle apostolique que vous avez hérité d'eux, sûrs que le Christ continuera à agir avec vous et à confirmer votre prédication par des signes de sa présence et de sa force (cf. Mc 16,20).

Avec une grande affection, je vous confie, ainsi que les membres et les associés de vos diverses Sociétés, à l'intercession aimante de Marie, Mère de l'Eglise. Je vous accorde volontiers à tous ma Bénédiction apostolique comme gage de sagesse, de force et de paix dans le Seigneur.


AUX PARTICIPANTS À LA XXII CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR L'ASSISTANCE AUX PERSONNES ÂGÉES MALADES Salle Clémentine Samedi 17 novembre 2007

17117
ORGANISÉE PAR LE CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES SERVICES DE LA SANTÉ
Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et messieurs,
Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous rencontrer à l'occasion de ce Congrès international organisé par le Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé. J'adresse à chacun une salutation cordiale, et en premier lieu au Cardinal Javier Lozano Barragán, avec mes sentiments de gratitude pour les aimables paroles qu'il m'a adressées au nom de tous. Je salue avec lui le Secrétaire et les autres membres du Conseil pontifical, les autorités présentes et ceux qui prennent part à cette rencontre pour réfléchir ensemble sur le thème du soin pastoral des personnes âgées malades. Il s'agit aujourd'hui d'un aspect central dans la pastorale du monde de la santé qui, grâce à l'augmentation de la moyenne d'âge, concerne une population toujours plus nombreuse, porteuse de besoins multiples, mais en même temps, de ressources humaines et spirituelles indéniables.

S'il est vrai que la vie humaine à chacune de ses étapes est digne du plus grand respect, sous certains aspects, elle l'est encore davantage lors qu'elle est marquée par la vieillesse et la maladie. La vieillesse constitue la dernière étape de notre pèlerinage terrestre, qui a des phases distinctes, chacune avec ses lumières et ses ombres. On se demande alors: l'existence d'un être humain qui en arrive à un état aussi précaire à cause de la vieillesse ou de la maladie a-t-elle encore un sens? Pourquoi, lorsque le défi de la maladie se fait aussi dramatique, continuer à défendre la vie, et ne pas plutôt accepter l'euthanasie comme une libération? Est-il possible de vivre la maladie comme une expérience humaine à assumer avec patience et courage?

Celui qui est appelé à accompagner les personnes âgées malades est appelé à affronter ces questions, spécialement lorsqu'il ne semble plus y avoir de possibilité de guérison. La mentalité d'aujourd'hui marquée par l'efficacité, tend souvent à marginaliser ces frères et soeurs souffrants comme s'ils étaient seulement un "poids" et un "problème" pour la société. Qui a le sens de la dignité humaine sait qu'ils doivent au contraire être respectés et soutenus alors qu'ils affrontent les difficultés liées à leur état. Il est même juste de recourir, lorsque cela est nécessaire, à l'utilisation de soins palliatifs, lesquels, même s'ils ne peuvent pas guérir, sont en mesure cependant de soulager les douleurs qui découlent de la maladie. Cependant, à côté des soins cliniques indispensables, il faut toujours montrer une capacité concrète à aimer parce que les malades ont besoin de compréhension, de réconfort, d'un encouragement et d'un accompagnement constant. Les personnes âgées, en particulier, doivent être aidées à parcourir de façon consciente et humaine la dernière phase de leur existence terrestre, pour se préparer sereinement à la mort, qui - nous, chrétiens, le savons -, est le passage dans les bras du Père céleste plein de tendresse et de miséricorde.

Je voudrais ajouter que cette sollicitude pastorale nécessaire envers les personnes âgées malades ne peut pas ne pas impliquer les familles. Il est en général opportun de faire ce qui est possible afin que ce soient les familles elles-mêmes qui les accueillent et qui s'en chargent avec une affection reconnaissante, pour que les personnes âgées malades puissent passer la dernière période de leur vie chez elles et se préparer à la mort dans un climat de chaleur familiale. Même lorsque l'hospitalisation dans un établissement médical devient nécessaire, il est important que soit conservé le lien entre le patient et ceux qui lui sont chers et avec son milieu. Dans les moments les plus difficiles, que le malade, soutenu par les soins pastoraux, soit encouragé à trouver la force d'affronter cette dure épreuve dans la prière et avec le réconfort des sacrements. Qu'il soit entouré de frères dans la foi, disposés à l'écouter et à partager ses sentiments. C'est là en réalité le véritable objectif du soin "pastoral" des personnes âgées spécialement lorsqu'elles sont malades, et plus encore si elles le sont gravement.

541 A différentes occasions, mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, qui, notamment pendant sa maladie a offert un témoignage exemplaire de foi et de courage, a exhorté les scientifiques et les médecins à s'engager dans la recherche pour prévenir et soigner les maladies liées au vieillissement, sans jamais céder à la tentation de recourir à des pratiques abrégeant la vie âgée et malade, des pratiques qui se révéleraient être de fait des formes d'euthanasie. Que les scientifiques, les chercheurs, les médecins, les infirmiers, mais aussi les politiciens, les administrateurs et les agents pastoraux n'oublient pas que "la tentation de l'euthanasie apparaît comme l'un des symptômes les plus alarmants de la culture de la mort qui progresse surtout dans la société du bien être" (Evangelium vitae EV 64). La vie de l'homme est un don de Dieu, que nous sommes tous appelés à toujours protéger. Ce devoir concerne aussi les agents de santé, dont la mission spécifique est de se faire "ministres de la vie", dans toutes ses phases, particulièrement celles qui sont marquées par la fragilité liée au handicap. Il faut un engagement général pour que la vie humaine soit respectée non seulement dans les hôpitaux catholiques, mais dans tous les lieux de soins.

Pour les chrétiens, c'est la foi dans le Christ qui éclaire la maladie et la condition de la personne âgée malade, comme tout autre événement et toute phase de l'existence. En mourant sur la croix, Jésus a donné à la souffrance humaine une valeur et une signification transcendantes. Face à la souffrance et à la maladie, les croyants sont invités à ne pas perdre leur sérénité, parce que rien, pas même la mort, ne peut nous séparer de l'amour du Christ. En lui et avec lui, il est possible d'affronter et de surmonter toute épreuve physique et spirituelle, et, justement au moment de la plus grande faiblesse, de faire l'expérience des fruits de la rédemption. Le Seigneur ressuscité se manifeste dans ceux qui croient en lui, comme le Vivant, qui transforme l'existence en donnant aussi un sens salvifique à la maladie et à la mort.

Chers frères et soeurs, en invoquant sur chacun de vous et sur votre travail quotidien la protection maternelle de Marie, Salus infirmorum, et des saints qui ont passé leur vie au service des malades, je vous exhorte à travailler sans relâche à la diffusion de "l'évangile de la vie". Avec de tels sentiments, je vous accorde de tout coeur la Bénédiction apostolique, en l'étendant volontiers à ceux qui vous sont chers, à vos collaborateurs et particulièrement aux personnes âgées malades.


AUX MEMBRES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU KENYA EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle du Consistoire Lundi 19 novembre 2007

Chers frères Evêques,

C'est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue, Evêques du Kenya, à l'occasion de votre visite quinquennale sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul; une visite qui sert à renforcer les liens d'amour et de communion fraternelle entre nous. Je remercie S.Exc. Mgr Njue des paroles courtoises qu'il m'a adressées en votre nom. Votre sollicitude réciproque, ainsi que pour les personnes qui sont confiées à vos soins, votre amour pour le Seigneur et votre dévotion à l'égard du Successeur de Pierre sont pour moi une source de joie profonde et d'action de grâces.

Chaque Evêque a la responsabilité particulière de créer l'unité de son troupeau, en se rappelant de la prière du Seigneur: "Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi" (Jn 17,21). Unie dans l'unique foi, partageant le même Baptême et croyant dans l'unique Seigneur (cf. Ep Ep 4,5) l'Eglise est une dans le monde entier et, dans le même temps, elle est caractérisée par une riche diversité de traditions et d'expressions culturelles. En Afrique, la couleur et la vivacité avec laquelle les fidèles manifestent leurs sentiments religieux ont ajouté une nouvelle dimension à la riche trame de la culture chrétienne dans le monde et, dans le même temps, le profond attachement de votre peuple aux valeurs traditionnelles associées à la vie familiale peut contribuer à exprimer la foi commune qui se trouve au centre du mystère de l'unité ecclésiale (cf. Ecclesia in Africa ). Le Christ lui-même est la source et la garantie de notre unité, car il a vaincu toutes les forme de division grâce à sa mort sur la Croix et il nous a réconciliés avec Dieu dans l'unique corps (cf. Ep Ep 2,14). Chers frères, je vous remercie car vous prêchez l'amour du Christ et vous exhortez votre peuple à la tolérance, au respect et à l'amour pour ses frères, pour ses soeurs et pour toutes les personnes. De cette façon, vous exercez le ministère prophétique que le Seigneur a confié à l'Eglise, et en particulier aux Successeurs des Apôtres (cf. Pastores gregis ).

En effet, ce sont les Evêques qui, en tant que ministres et signes de communion dans le Christ, sont appelés les premiers à rendre manifeste l'unité de son Eglise. La nature collégiale du ministère épiscopal remonte aux Douze apôtres, réunis par le Christ et chargés par lui de proclamer l'Evangile et de faire des disciples de toutes les nations. Les membres du collège épiscopal continuent cette mission de manière telle que "celui qui les écoute écoute le Christ" (Lumen gentium LG 20). Je vous exhorte à poursuivre votre coopération fraternelle dans l'esprit de la communauté des disciples du Christ, unis dans votre amour et dans l'Evangile que vous proclamez. Bien que chacun de vous doive apporter une contribution individuelle à la voix collégiale commune de l'Eglise dans votre pays, il est important d'assurer que cette variété de perspective serve toujours à enrichir l'unité du Corps du Christ, précisément comme l'unité des Douze était approfondie et renforcée par les dons différents des apôtres eux-mêmes. Votre engagement à la coopération sur les questions de nature ecclésiale et sociale sera fécond pour la vie de l'Eglise qui est au Kenya et pour l'efficacité de votre ministère épiscopal.

Dans chaque diocèse, la vivacité et l'harmonie du presbyterium constituent un signe clair de la vitalité de l'Eglise locale. Des structures de consultation et de participation sont nécessaires, mais elles peuvent ne pas être efficaces si un juste esprit est absent.

En tant qu'Evêques, nous devons constamment nous efforcer de créer un sens de communauté chez nos prêtres, unis dans l'amour du Christ et dans leur ministère sacramentel. Aujourd'hui, la vie des prêtres peut être difficile. Ils peuvent se sentir isolés ou seuls et écrasés par leurs responsabilités pastorales. Nous devons, en premier lieu, être proches d'eux et les encourager à rester solidement enracinés dans la prière, car seul celui qui est nourri est, à son tour, en mesure de nourrir les autres. Qu'ils se désaltèrent abondamment aux sources de l'Ecriture Sainte et à la célébration quotidienne et respectueuse de la Très Sainte Eucharistie! Qu'ils se consacrent avec générosité à la prière de la Liturgie des Heures, une prière "en communion avec les orants de tous les siècles, une prière en communion avec Jésus Christ" (Discours aux prêtres et aux diacres permanents de Bavière, 14 septembre 2006)! En priant de cette manière, ils incluent les autres et ils représentent ceux qui peuvent ne pas avoir le temps, les énergies ou la capacité de prier. De cette façon, la force de la prière, la présence de Jésus Christ, renouvelle leur sacerdoce et se répand dans le monde (ibid.). Aidez vos prêtres à être davantage solidaires entre eux, avec leur peuple et avec vous, en tant que vos collaborateurs consacrés! Le dialogue et la proximité respectueuse entre Evêques et prêtres n'édifient pas seulement l'Eglise locale, mais également la communauté tout entière. En effet, l'unité visible entre les responsables peut constituer un antidote puissant contre la division au sein de la plus vaste famille du peuple de Dieu.

542 Les éléments fondamentaux d'unité d'une communauté sont l'institution du mariage et la vie familiale, que les populations africaines apprécient de manière particulière. L'amour pieux des couples mariés chrétiens est une bénédiction pour votre pays, dans la mesure où il exprime de manière sacramentelle l'alliance indissoluble entre le Christ et son Eglise. Ce trésor précieux doit être conservé à tout prix. Trop souvent les maux qui troublent certains secteurs de la société africaine, comme la promiscuité, la polygamie et la diffusion des maladies sexuellement transmissibles, peuvent être directement liés à des notions confuses de mariage et de vie familiale. C'est pour cette raison qu'il est important d'assister les parents dans la façon d'enseigner aux enfants comment vivre chrétiennement le mariage, conçu comme une union indissoluble entre un homme et une femme, essentiellement égaux dans leur humanité (cf. Ecclesia in Africa ) et ouverts à la naissance d'une vie nouvelle.

Bien que cette idée de famille chrétienne trouve un vaste écho en Afrique, un motif de grande préoccupation est dû au fait que la culture séculière mondialisée exerce une influence toujours plus grande sur les communautés locales, en conséquence de campagnes lancées par des agences qui promeuvent l'interruption de grossesse.

Cette destruction directe de vies humaines innocentes ne peut être justifiée en aucun cas, aussi difficiles que soient les circonstances qui conduisent à franchir un pas aussi grave. Lorsque vous prêchez l'Evangile de la vie, rappelez à votre peuple que le droit à la vie de chaque être humain innocent, né ou à naître, est absolu et valable pour toutes les personnes sans aucune exception. Cette égalité "est la base de tous les rapports sociaux authentiques qui, pour être vraiment tels, ne peuvent pas ne pas être fondés sur la vérité et la justice" (Evangelium vitae
EV 57). La communauté catholique doit offrir un soutien aux femmes qui trouvent des difficultés à accepter un enfant, en particulier lorsqu'elles sont loin de leurs familles et de leurs amis. La communauté devrait également être ouverte à l'accueil de ceux qui se repentent d'avoir participé au grave péché de l'avortement et devrait les conduire avec charité pastorale à accepter la grâce du pardon, la nécessité de la pénitence et la joie de pouvoir entrer encore une fois dans la vie nouvelle du Christ.

L'Eglise qui est au Kenya est connue pour la contribution précieuse qu'elle apporte à travers ses institutions pédagogiques, transmettant à des générations de jeunes de sains principes éthiques et les préparant à l'engagement pour un dialogue pacifique et respectueux avec les membres d'autres groupes sociaux ou religieux. A une époque où la mentalité sécularisée et relativiste s'affirme toujours davantage à travers des instruments uniques de communication sociale, il est plus que jamais fondamental que vous continuiez à promouvoir la qualité et l'identité catholique de vos écoles, de vos universités et des séminaires. Prenez les mesures nécessaires pour affirmer et définir leur statut institutionnel. La société tire un grand bénéfice de catholiques instruits qui connaissent et mettent en pratique la doctrine sociale de l'Eglise. Aujourd'hui, on a particulièrement besoin de professionnels bien formés et de personnes intègres dans le domaine de la médecine, dont les progrès technologiques continuent à soulever de graves questions morales. De même, le dialogue oecuménique et interreligieux présente d'importants défis qui ne peuvent être affrontés de manière appropriée que grâce à une saine catéchèse fondée sur les principes de la doctrine catholique, telle qu'elle est exposée dans le Catéchisme de l'Eglise catholique. Je sais que vous continuerez à veiller sur la qualité et sur le contenu de l'enseignement qui est offert aux jeunes dans les Instituts catholiques, de manière à ce que la lumière de la vérité du Christ puisse resplendir de façon toujours plus lumineuse sur la terre et sur le peuple du Kenya.

Mes chers frères Evêques, alors que vous conduisez votre peuple à cette unité pour laquelle le Christ a prié, faites-le avec un amour ardent et une ferme autorité, avec une patience inlassable et le souci d'instruire (cf. 2Tm 4,2).

Je vous prie de transmettre mes salutations affectueuses et mon encouragement dans la prière à votre peuple bien-aimé et à tous ceux qui oeuvrent au service de l'Eglise, à travers la prière ou dans les paroisses et dans les postes de mission, dans le monde de l'éducation, des activités humanitaires et de l'assistance médicale. Je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique à chacun de vous et à ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale.


AUX PARTICIPANTS À LA 34 SESSION DE LA CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO) Salle Clémentine Jeudi 22 novembre 2007

Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et messieurs,

543 Je suis heureux de vous accueillir au Vatican alors que vous vous réunissez pour la 34 conférence de l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture. Notre rencontre d'aujourd'hui appartient à une tradition qui remonte à l'époque où votre Organisation établit son siège à Rome. Je suis heureux d'avoir une nouvelle occasion d'exprimer mon appréciation pour votre oeuvre visant à éliminer le fléau de la faim dans le monde.

Comme vous le savez, le Saint-Siège a toujours nourri un profond intérêt envers tout effort accompli pour libérer la famille humaine de la famine et de la malnutrition, conscient que, pour résoudre ces problèmes, il faut nécessairement un extraordinaire dévouement et une formation technique hautement spécialisée, mais surtout un esprit authentique de coopération qui unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté.

Ce noble objectif requiert une reconnaissance stable de la dignité intrinsèque de la personne humaine à toutes les étapes de la vie. Toutes les formes de discrimination et, en particulier, celles qui entravent le développement agricole, doivent être réfutées car elles constituent une violation du droit fondamental de chaque personne à être "libérée de la faim". Ces convictions sont, de fait, requises par la nature même de votre action en faveur du bien commun de l'humanité, comme l'exprime de façon éloquente votre devise, fiat panis, des mots qui sont aussi au centre de l'Evangile que l'Eglise est appelée à annoncer.

Les données recueillies grâce à votre recherche et l'ampleur de vos programmes pour soutenir l'effort mondial en vue de développer les ressources naturelles du monde révèlent clairement un des paradoxes les plus inquiétants de notre temps: l'irréfrénable diffusion de la pauvreté dans un monde qui connaît une prospérité sans précédent, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans les secteurs de la science et de la technologie qui se développent si rapidement.

Les obstacles le long du chemin qui conduit vers le dépassement de cette situation tragique peuvent parfois être décourageants. Conflits armés, épidémies, conditions atmosphériques et environnementales hostiles, exode massif et forcé de populations: tous ces obstacles devraient constituer une motivation pour redoubler les efforts afin que toute personne reçoivent son pain quotidien. Pour sa part, l'Eglise est convaincue que l'exigence de solutions techniques plus efficaces dans un monde en mutation et en expansion constantes requiert des programmes clairvoyants qui incarnent des valeurs durables et enracinées dans la dignité inaliénable et dans les droits de la personne humaine.

La FAO continue de jouer un rôle essentiel pour soulager la faim dans le monde, en rappelant à la communauté internationale le besoin urgent de mettre constamment à jour des méthodes et d'élaborer des stratégies pour affronter les défis actuels. J'exprime ma satisfaction pour les efforts généreux accomplis à ce propos par tous ceux qui sont associés à votre Organisation. Le Saint-Siège a suivi attentivement les activités de la FAO au cours des 60 dernières années et il a confiance dans le fait qu'aux résultats significatifs déjà obtenus viendront s'en ajouter d'autres. La FAO a été l'une des premières Organisations internationales avec laquelle le Saint-Siège a instauré des relations diplomatiques régulières. Le 23 novembre 1948, au cours de la IV Session de votre Conférence, le Saint-Siège a obtenu le statut unique d'"Observateur permanent" qui lui garantit le droit de participer aux activités des diverses sections et agences affiliées à la FAO, conformément à la mission morale et religieuse de l'Eglise.

L'effort conjoint de la communauté internationale pour éliminer la malnutrition et pour promouvoir un développement authentique exige nécessairement des structures limpides de gestion et de supervision et une évaluation réaliste des ressources nécessaires pour affronter une vaste gamme de situations différentes. Cela requiert la contribution de chaque membre de la société, c'est-à-dire des individus, des organisations de volontariat, des organisations financières et des gouvernements locaux et nationaux, toujours avec l'égard dû aux principes éthiques et moraux qui sont le patrimoine commun de tous et la base de toute la vie sociale. La Communauté internationale doit toujours se prévaloir de ce trésor de valeurs communes, car on ne peut poursuivre un développement authentique et durable que dans un esprit de coopération et une volonté de partage des ressources techniques et professionnelles.

En effet, aujourd'hui plus que jamais, la famille humaine a besoin de trouver des instruments et des stratégies capables de surmonter les conflits engendrés par les différences sociales, les rivalités ethniques et par l'importante disparité entre les niveaux de développement économique. L'humanité est assoiffée de paix authentique et durable, une paix qui ne peut naître que si les individus, les groupes à chaque niveau et les responsables gouvernementaux cultivent des comportements de ferme responsabilité et enracinés dans les principes fondamentaux de la justice. Il est donc essentiel que les sociétés consacrent leurs énergies à former d'authentiques artisans de paix: c'est une tâche qui revient en particulier à des organisations comme la vôtre, qui ne peuvent que reconnaître comme fondement d'une justice authentique la destination universelle des biens de la création.

La religion, en tant que puissante force spirituelle de guérison des blessures des conflits et des divisions, a une contribution spécifique à apporter à cet égard, en particulier en formant les esprits et les coeurs selon l'idée de la personne humaine.

Mesdames et Messieurs, le progrès technique, aussi important soit-il, n'est pas tout. Ce progrès doit s'inscrire dans le contexte plus large du bien intégral de la personne humaine. Il doit toujours se nourrir du patrimoine commun des valeurs qui peuvent inspirer des initiatives concrètes visant à une répartition plus équitable des biens spirituels et matériels. Comme je l'ai écrit dans mon Encyclique Deus caritas est: "Celui qui peut aider, reconnaît que c'est justement de cette manière qu'il est aidé lui-aussi. Le fait de pouvoir aider n'est ni son mérite ni un titre d'orgueil" (n. 35). Ce principe trouve une application particulière dans le monde de l'agriculture où l'oeuvre de ceux qui sont souvent considérés comme les membres les plus humbles de la société doit être reconnue et appréciée.

L'activité extraordinaire de la FAO pour le développement et la sécurité alimentaire fait clairement ressortir la relation entre la diffusion de la pauvreté et la négation des droits fondamentaux de l'homme, à commencer par le droit fondamental à une alimentation juste. La paix, la prospérité et le respect des droits de l'homme sont inséparables. Le moment est venu de garantir, pour le bien de la paix, qu'aucun homme, ni femme, ni enfant n'ait jamais faim!

544 Chers amis, en renouvelant mon estime pour votre oeuvre, je vous assure de mes prières pour que Dieu Tout-Puissant éclaire et guide vos réflexions et que l'activité de la FAO satisfasse toujours plus pleinement le désir ardent de solidarité, de justice et de paix de la famille humaine.


Discours 2005-2013 538