Discours 2005-2013 549

AUX PARTICIPANTS AU FORUM DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES D'INSPIRATION CATHOLIQUE Salle Clémentine Samedi 1er décembre 2007



Excellences,
Chers représentants du Saint-Siège auprès des Organisations internationales,
Chers amis,

Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à vous tous qui êtes venus à Rome pour réfléchir ensemble sur la contribution que les Organisations non gouvernementales (ONG) d'inspiration catholique peuvent offrir, en étroite collaboration avec le Saint-Siège, à la résolution des nombreuses problématiques et aux nombreux défis qu'affronte l'activité multiple des Nations unies et des autres Organisations internationales et régionales. J'adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je remercie en particulier le Substitut de la Secrétairerie d'Etat qui s'est fait l'interprète courtois de vos sentiments communs, en m'exposant en même temps les objectifs de votre forum. En outre, je salue le jeune représentant des Organisations non gouvernementales ici présent.

Aux travaux de cette importante réunion prennent part des représentants de réalités nées dans les années où l'action du laïcat catholique au niveau mondial commençait à germer pour la première fois, ainsi que des membres d'autres associations créées plus récemment, de pair avec l'actuel processus d'intégration mondiale. D'autres encore se consacrent principalement à l'action d'advocacy, tandis que certains s'occupent de la gestion concrète de projets de coopération au développement. Certaines de vos Organisations se situent dans l'Eglise comme des Associations publiques et privées de fidèles ou participent au charisme de différents Instituts de vie consacrée; d'autres n'ont qu'une reconnaissance juridique d'ordre civil et comptent aussi parmi leurs membres des non-catholiques et des non-chrétiens. Cependant, vous avez tous en commun l'unique passion qui inspire constamment l'action du Saint-Siège auprès des diverses instances internationales. C'est précisément pour cela que l'on a voulu organiser la rencontre de ces jours-ci: pour vous exprimer la gratitude et l'appréciation pour ce que vous faites déjà, en collaborant activement avec les Représentants pontificaux auprès des Organisations internationales. En même temps, il s'agit de rendre encore plus étroite, et donc plus efficace cette action commune au service du bien intégral de la personne humaine et de l'humanité.

Du reste, il ne faut pas oublier qu'il est possible de réaliser cette unité d'objectifs à travers des rôles et des modalités différents. De fait, alors que la diplomatie multilatérale du Saint-Siège doit, principalement, affirmer les grands principes fondamentaux de la vie internationale, car la contribution spécifique de la hiérarchie de l'Eglise est "la formation éthique, afin que les exigences de la justice deviennent compréhensibles et politiquement réalisables" (Deus caritas est ), d'autre part, "le devoir immédiat d'agir pour un ordre juste dans la société est au contraire le propre des fidèles laïcs - dans le cas de la vie internationale, des diplomates chrétiens et des membres des ONG - qui sont appelés à participer personnellement à la vie publique... [à] configurer de manière droite la vie sociale, en en respectant la légitime autonomie et en coopérant avec les autres citoyens, selon les compétences de chacun et sous leur propre responsabilité" (ibid., n. 29).

La coopération internationale entre les gouvernements, née dès la fin du XIX siècle et qui n'a cessé de se développer davantage au siècle dernier, malgré les tragiques interruptions des deux guerres mondiales, a contribué d'une manière significative à la création d'un ordre international plus juste. A cet égard, nous pouvons observer avec satisfaction les résultats obtenus, qui constituent la reconnaissance universelle de la primauté juridique et politique des droits de l'homme, l'établissement d'objectifs communs pour la pleine jouissance des droits économiques et sociaux par tous les habitants de la terre, la promotion de la recherche d'un système économique mondial juste et, enfin, la sauvegarde de l'environnement et la promotion du dialogue interculturel.

550 Toutefois, le débat international apparaît souvent caractérisé par une logique relativiste qui semble considérer, comme seule garantie d'une coexistence pacifique entre les peuples, la négation de la vérité sur l'homme et sur sa dignité, ainsi que de la possibilité d'un agir éthique fondé sur la reconnaissance de la loi morale naturelle. Une conception du droit et de la politique où le consensus entre les Etats, obtenu parfois en fonction d'intérêts peu nobles ou manipulés par des pressions idéologiques, semblerait être la seule et unique source des normes internationales, en vient ainsi, de fait, à s'imposer. Les fruits amers de cette logique relativiste dans la vie internationale sont hélas évidents: il suffit de penser, par exemple, à la tentative de considérer comme droits de l'homme les conséquences de certains styles de vie égoïstes, ou encore au manque d'intérêt envers les besoins économiques et sociaux des peuples les plus faibles, ou au mépris à l'égard du droit humanitaire et à une défense sélective des droits de l'homme. Je souhaite que l'étude et la confrontation de ces journées permettent de définir des moyens efficaces et concrets pour faciliter l'accueil au niveau international des enseignements de la doctrine sociale de l'Eglise. En ce sens, je vous encourage à opposer au relativisme la grande créativité de la vérité quant à la dignité innée de l'homme et des droits qui en découlent. Une telle créativité permettra d'apporter une réponse plus appropriée aux multiples défis présents dans le débat international contemporain et, surtout, permettra de promouvoir des initiatives concrètes qui doivent être vécues dans un esprit de communion et de liberté.

Il faut un esprit de solidarité qui conduise à promouvoir ensemble ces principes éthiques non "négociables" de par leur nature et leur rôle de fondement de la vie sociale. Une solidarité imprégnée d'un sens fort d'amour fraternel qui conduise à apprécier les initiatives des autres, à les faciliter et à y collaborer. En vertu de cet esprit, on ne manquera pas, à chaque fois que cela s'avérera utile ou nécessaire, d'établir une coordination entre les diverses ONG et avec les Représentants du Saint-Siège, toujours dans le respect de la diversité de nature, des fins institutionnelles et des méthodes d'action. D'autre part, un authentique esprit de liberté, vécu dans la solidarité, poussera l'initiative des membres des ONG à s'étendre dans une vaste pluralité d'orientations et de solutions quant aux questions temporelles que Dieu a laissées au jugement libre et responsable de chacun. De fait, s'ils sont vécus dans la solidarité, le pluralisme légitime et la diversité non seulement ne deviennent pas un motif de division et de concurrence, mais ils sont les conditions d'une plus grande efficacité. L'action des Organisations que vous représentez sera donc vraiment féconde si elle reste fidèle au Magistère de l'Eglise, ancrée dans la communion avec ses pasteurs et, surtout, avec le Successeur de Pierre, et si elle affronte avec une ouverture prudente les défis du temps présent.

Chers amis, je vous renouvelle mes remerciements pour votre présence aujourd'hui et pour vos efforts en vue de promouvoir la cause de la justice et de la paix au sein de la famille humaine. Tout en vous assurant de mon souvenir spécial dans la prière, j'invoque sur vous et sur les Organisations que vous représentez la protection maternelle de Marie, Regina Mundi. Je vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique, à vous, à vos familles et à tous les membres de vos Associations.


AUX ÉVÊQUES DE LA CORÉE ET AU PRÉFET APOSTOLIQUE D'OULAN-BATOR (MONGOLIE) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Lundi 3 décembre 2007

Chers frères Evêques,

"Dieu est amour: celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu en lui" (1Jn 4,16). En vous saluant fraternellement, je vous souhaite la bienvenue, Evêques de Corée et Préfet apostolique d'Oulan-Bator, et je remercie le R.P. John Chang Yik, Président de la Conférence épiscopale, pour les sentiments cordiaux qu'il a exprimés en votre nom. En retour, je lui présente les miens avec affection et je vous assure, ainsi que ceux qui sont confiés à vos soins pastoraux, de mes prières et de ma sollicitude. En tant que Serviteurs de l'Evangile, vous êtes venus rendre visite à Pierre (cf. Ga 1,18) et renforcer les liens de collégialité qui expriment l'unité de l'Eglise dans la diversité et qui sauvegardent la tradition transmise par les Apôtres (cf. Pastores gregis ).

L'Eglise qui est dans vos pays a accompli d'importants progrès depuis l'arrivée des missionnaires dans la région, il y a plus de quatre cents ans, et depuis leur retour en Mongolie, il y a quinze ans à peine. Ce développement est dû en grande partie au témoignage exceptionnel des martyrs coréens et d'autres pays asiatiques, qui sont restés solidement fidèles au Christ et à son Eglise. La durée de leur témoignage exprime de manière éloquente le concept fondamental de communion, qui unifie et vivifie la vie ecclésiale dans toutes ses dimensions.

Les nombreuses exhortations de l'évangéliste Jean à poursuivre dans l'amour et dans la vérité du Christ, évoquent l'image d'une demeure certaine et sûre. Dieu nous aime le premier et, poussés vers le don de l'eau vive, nous devons "boire toujours à nouveau à la source première et originaire qui est Jésus Christ, du coeur transpercé duquel jaillit l'amour de Dieu" (Deus caritas est ). Toutefois, saint Jean a également exhorté ses communautés à demeurer dans cet amour, car certains membres s'étaient déjà laissés capturer par les distractions qui conduisent à la faiblesse intérieure et à un détachement possible de la communion des croyants.

Cet appel à demeurer dans l'amour du Christ revêt une signification particulière également pour vous aujourd'hui. Vos compte-rendus attestent de l'attrait exercé par le matérialisme et des effets négatifs d'une mentalité sécularisée. Lorsque des hommes et des femmes sont entraînés loin de la demeure du Seigneur, ils errent inévitablement dans une région sauvage d'isolement individuel et de fragmentation sociale, car "en réalité ce n'est que dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l'homme trouve sa véritable lumière" (Gaudium et spes GS 22).

Chers frères, de ce point de vue, il est évident que pour être des pasteurs d'espérance efficaces vous devez vous prodiguer pour que le lien de communion qui unit le Christ à tous les baptisés soit protégés et vécu comme le centre du mystère de l'Eglise (cf. Ecclesia in Asia ). En ne détournant jamais le regard du Seigneur, les fidèles doivent répéter à nouveau le cri des martyrs de la foi: "Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est parmi nous" (1Jn 4,16). Cette foi est soutenue et nourrie par une rencontre permanente avec Jésus Christ, qui parvient au milieu des hommes et des femmes à travers l'Eglise: signe et sacrement de communion avec Dieu et d'unité entre toutes les personnes (cf. Lumen gentium LG 1). L'accès à ce mystère de communion avec Dieu est bien sûr le Baptême. Ce sacrement d'initiation, loin d'être un rituel social ou de bienvenue dans une communauté particulière, est l'initiative de Dieu (cf. Rite du baptême, n. 99). Ceux qui renaissent à travers l'eau de la vie nouvelle franchissent la porte de l'Eglise universelle et sont insérés dans le dynamisme de la vie de foi. En effet, la profonde importance de ce sacrement souligne votre préoccupation croissante pour le fait que beaucoup des nombreux adultes qui entrent au sein de l'Eglise dans votre région chaque année ne réussissent pas à honorer cet engagement à la "pleine participation aux célébrations liturgiques qui est... un droit et un devoir en vertu... du baptême" (Sacrosanctum concilium SC 14). Je vous encourage à vous assurer, en particulier à travers une joyeuse mystagogie, que la "flamme de la foi" soit conservée "vivante dans les coeurs" (cf. Rite du Baptême, n. 100) des nouveaux baptisés.

Comme saint Paul l'enseigne avec éloquence (cf. 1Co 10,16-17), le mot communion se réfère également au centre eucharistique de l'Eglise. L'Eucharistie enracine notre idée de l'Eglise dans la rencontre intime entre Jésus et l'humanité et révèle la source de l'unité ecclésiale: l'acte du Christ de se donner à nous, fait de nous son corps. La commémoration de la mort et de la résurrection du Christ dans l'Eucharistie est "la plus haute manifestation sacramentelle de la communion dans l'Eglise" (Ecclesia de Eucharistia EE 38), là où les Eglises locales permettent que l'on soit accueillis par les bras ouverts du Seigneur et que l'on soit fortifiés dans l'unité de l'unique Corps (cf. Sacramentum caritatis, n. 15).

551 Vos programmes visant à souligner l'importance de la Messe dominicale devraient être transmis à travers une catéchèse sur l'Eucharistie saine et stimulante. Cela favorisera une compréhension renouvelée du dynamisme authentique de la vie chrétienne parmi vos fidèles. Je m'unis à vous pour exhorter le laïcat, et en particulier les jeunes de votre région, à explorer la profondeur et l'ampleur de notre communion eucharistique. Réunis chaque dimanche dans la Maison du Seigneur, nous sommes consumés par l'amour et par la vérité du Christ et dotés de la force d'apporter l'espérance au monde.

Chers frères, les hommes et femmes consacrés sont reconnus à juste titre comme "des témoins et des artisans du "projet de communion" qui est au sommet de l'histoire de l'homme selon Dieu" (Vita consecrata
VC 46). Je vous prie d'assurer les religieux, hommes et femmes, de vos territoires de mon appréciation pour la contribution prophétique qu'ils apportent à la vie ecclésiale dans vos pays. Je suis certain que, fidèles à leur nature essentielle et aux charismes respectifs, ils rendront un témoignage courageux du "don de soi par amour du Seigneur Jésus et, en lui, de chaque membre de la famille humaine" (ibid., n. 3).

Quant à vous, je vous encourage à faire en sorte que les religieux soient écoutés et soutenus dans leurs efforts visant à contribuer à la tâche commune de diffuser le Royaume de Dieu. L'un des plus beaux aspects de l'histoire de l'Eglise est certainement l'aspect relatif à ses écoles de spiritualité. En organisant et en partageant ces trésors vivants avec les laïcs, les religieux feront beaucoup pour promouvoir une vie ecclésiale active dans vos juridictions. Ils contribueront à effacer l'idée que la communion n'est qu'une simple uniformité, en témoignant de la vitalité de l'Esprit Saint qui anime l'Eglise à chaque génération.

Je désire conclure en répétant brièvement combien la promotion du mariage et de la vie familiale dans votre région est importante. Vos efforts dans ce domaine sont au centre de l'évangélisation de la culture et contribuent beaucoup au bien-être de la société dans son ensemble. Cet apostolat vital, auquel participent déjà de nombreux prêtres et religieux, appartient justement aussi aux laïcs. La complexité croissante des questions relatives à la famille, y compris les progrès de la science biomédicale que j'ai récemment évoqués avec l'Ambassadeur de Corée près le Saint-Siège, soulève la question d'offrir une formation appropriée à ceux qui sont engagés dans ce domaine. A ce propos, je désire attirer votre attention sur la contribution précieuse de l'Institut pour les études sur le mariage et la famille, qui est maintenant présent dans de nombreuses parties du monde.

Enfin, chers frères, je vous demande de transmettre à votre peuple ma gratitude particulière pour sa générosité envers l'Eglise universelle. Le nombre croissant de missionnaires et les contributions offertes par les laïcs sont le signe éloquent de leur esprit de générosité. Je suis également conscient des gestes concrets de réconciliation accomplis pour le bien-être de ceux qui vivent en Corée du Nord. J'encourage ces initiatives et j'invoque la sollicitude providentielle de Dieu Tout-puissant sur tous les Coréens du Nord.

Au cours des siècles, l'Asie a donné à l'Eglise et au monde une foule de héros de la foi qui sont commémorés dans la grande hymne de louange: "Te martyrum candidatus laudat exercitus". Qu'ils puissent être des témoins éternels de la vérité et de l'amour que tous les chrétiens sont appelés à proclamer. Avec une affection fraternelle je vous confie à l'intercession de Marie, modèle de tous les disciples, et je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, à vous et aux prêtres, aux religieux et aux fidèles laïcs de vos diocèses et de votre préfecture.


À UNE DÉLÉGATION DE L'ALLIANCE BAPTISTE MONDIALE Salle des Papes Jeudi 6 décembre 2007

Chers amis,

Je vous souhaite cordialement la bienvenue, chers membres de la Commission internationale conjointe organisée par l'Alliance baptiste mondiale et le Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens. Je suis heureux que vous ayez choisi comme lieu de votre rencontre la ville de Rome, où les Apôtres Pierre et Paul proclamèrent l'Evangile et couronnèrent leur témoignage au Seigneur ressuscité en versant leur propre sang. Je forme le souhait que vos entretiens portent des fruits abondants pour le progrès du dialogue et le renforcement de la compréhension et de la coopération entre les catholiques et les baptistes.

Le thème que vous avez choisi pour cette phase de contacts - La Parole de Dieu dans la Vie de l'Eglise: Ecriture, Tradition et Koinonia- offre un contexte favorable à l'examen de sujets aussi controversés d'un point de vue historique que la relation entre l'Ecriture et la Tradition, la compréhension du Baptême et des sacrements, la place de Marie dans la communion de l'Eglise et la nature de la supervision et du primat dans la structure ministérielle de l'Eglise. Si notre souhait de réconciliation et de plus grande fraternité entre baptistes et catholiques doit être exaucé, des sujets comme ceux-ci ont besoin d'être affrontés ensemble, dans un esprit d'ouverture, de respect mutuel et de fidélité à la vérité libératrice et au pouvoir de salut de l'Evangile de Jésus Christ.

552 En tant que croyants dans le Christ, nous le reconnaissons comme l'unique médiateur entre Dieu et l'humanité (1Tm 2,5), notre Sauveur, notre Rédempteur, Il est la pierre d'angle (Ep 2,21 1P 2,4-8); et la tête du corps qui est l'Eglise (Col 1,18). En ce temps de l'Avent nous attendons sa venue dans l'espérance et la prière. Aujourd'hui, plus que jamais, le monde a besoin de notre témoignage commun au Christ et à l'espérance qu'apporte l'Evangile. L'obéissance à la volonté du Seigneur devrait constamment nous pousser à rechercher cette unité exprimée d'une manière si émouvante dans la prière sacerdotale: "Que tous soient un... afin que le monde croie" (Jn 17,21). Car l'absence d'unité entre les chrétiens "s'oppose ouvertement à la volonté du Christ, elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes: la prédication de l'Evangile à toute créature" (Unitatis Redintegratio UR 1).

Chers amis, je vous présente mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour l'oeuvre importante que vous avez entreprise. Sur vos entretiens, sur chacun de vous et sur les personnes qui vous sont chères, j'invoque volontiers les dons de l'Esprit Saint de sagesse, de compréhension, de force et de paix.


AUX MEMBRES DE L'INSTITUT PONTIFICAL ORIENTAL POUR LE 90 ANNIVERSAIRE DE SA FONDATION Salle Clémentine Jeudi 6 décembre 2007

Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'Episcopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

C'est pour moi un motif de grande joie de vous accueillir à l'occasion du 90 anniversaire de l'Institut pontifical oriental, voulu par le Pape qui l'a fondé, mon vénéré Prédécesseur Benoît XV. Les temps de ce Pape furent des temps de guerre, alors qu'il oeuvra tant pour la paix! Et pour assurer la paix, il lança divers appels, et élabora également, en l'année 1917 où fut fondé votre Institut, un plan de paix concret, un plan détaillé qui, malheureusement, n'eut pas de suite. Toutefois pour assurer la paix au sein de l'Eglise, il créa en quelques mois trois monuments d'une valeur incomparable: la Congrégation pour l'Eglise orientale, plus tard rebaptisée "pour les Eglises orientales"; l'Institut pontifical oriental pour l'étude des aspects théologiques, liturgiques, juridiques et culturels, qui composent le savoir de l'Orient chrétien; et le Codex Iuris Canonici.

Merci de votre visite, chers amis! Je vous salue tous avec affection. Je salue en premier lieu Monsieur le Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, que je remercie pour les sentiments qu'il a exprimés au nom de tous; je salue Monsieur le Cardinal Spidlík, les Prélats présents, le Père Kolvenbach, Préposé général de la Compagnie de Jésus, les étudiants et tous ceux qui appartiennent à la communauté de l'Institut pontifical oriental. J'étends ma pensée affectueuse à tous ceux qui, aux cours de ces quatre-vingt-dix années, ont apporté leur contribution pour permettre à votre Institut de répondre toujours mieux aux attentes de l'Eglise et du monde.

Le Pape Benoît XV, auquel je me sens tout particulièrement lié, créa donc, à distance de cinq mois et demi l'une de l'autre, la Congrégation pour les Eglises orientales, le 1 mai, et l'Institut oriental, le 15 octobre. Les Eglises orientales catholiques en tirèrent bénéfice, jouissant d'un régime plus adapté à leurs traditions, sous le regard des Pontifes romains qui n'ont jamais cessé de manifester leur attention avec des gestes de soutien concret, comme par exemple l'invitation pour un grand nombre d'étudiants orientaux à venir ici à Rome pour développer leur connaissance de l'Eglise universelle. Des périodes difficiles ont parfois mis à dure épreuve ces communautés ecclésiales qui, même physiquement éloignées de Rome, sont toujours restées proches à travers leur fidélité au Siège de Pierre. Leur progrès et leur fermeté dans les difficultés auraient toutefois été impensables sans le soutien constant qu'elles ont pu trouver dans cet oasis de paix et d'étude qu'est l'Institut pontifical oriental, point de rencontre de nombreux chercheurs, professeurs, écrivains et éditeurs, parmi les plus grands spécialistes de l'Orient chrétien. Une mention spéciale doit être faite de ce joyau qu'est la Bibliothèque de cet Institut, fondée par mon Prédécesseur Pie XI, ancien Bibliothécaire de l'Ambrosienne et grand mécène du fonds historique de la Bibliothèque de l'Institut pontifical oriental. C'est une bibliothèque renommée à juste titre dans le monde entier, et parmi les meilleures au sujet de l'Orient chrétien. Je compte au nombre de mes engagements de la développer davantage encore, en signe de l'intérêt de l'Eglise de Rome pour la connaissance de l'Orient chrétien et comme moyen en vue d'éliminer d'éventuels préjugés qui pourraient nuire à la coexistence cordiale et harmonieuse entre chrétiens. En effet, je suis convaincu que le soutien apporté à l'étude revêt également une valeur oecuménique très efficace, car puiser au patrimoine de sagesse de l'Orient chrétien nous enrichit tous.

A cet égard, l'Institut pontifical oriental constitue un exemple insigne de ce que la sagesse chrétienne peut offrir à ceux qui désirent aussi bien acquérir une connaissance toujours plus précise des Eglises orientales, qu'approfondir cette orientation de la vie selon l'Esprit, qui représente un thème sur lequel l'Orient chrétien peut se vanter à raison de posséder une très riche tradition. Ce sont de précieux trésors non seulement pour les chercheurs, mais aussi pour tous les membres de l'Eglise. Aujourd'hui, grâce aux diverses éditions disponibles des Pères orientaux, ce ne sont plus des trésors "sous clé". Les déchiffrer et les interpréter de manière autorisée, élaborer des synthèses dogmatiques sur le Dieu trinitaire, sur Jésus Christ et sur l'Eglise, sur la Grâce et sur les Sacrements, réfléchir sur la vie éternelle, à laquelle nous pouvons déjà goûter par anticipation dans les célébrations liturgiques: telle est la tâche de ceux qui étudient à l'Institut pontifical oriental.

553 Chers professeurs, je vous exprime, en particulier, ma vive gratitude pour tout le bien que vous accomplissez, en consacrant un temps précieux à vos étudiants. Je remercie avec affection la Compagnie de Jésus, à la compétence académique et au zèle apostolique de laquelle est confié l'Institut pontifical oriental depuis 85 ans désormais. Je vous souhaite de tout coeur tous les biens, chers étudiants venus à Rome pour partager avec tant d'autres venus de toutes les parties du monde le contact direct avec le centre de l'Eglise universelle. Et ma gratitude ne peut pas négliger un maillon extrêmement important; je fais allusion à tous ceux qui, même en ne se consacrant pas directement au travail scientifique, apportent une grande contribution: ce sont les amis qui soutiennent l'Institut pontifical oriental à travers leur solidarité; les bienfaiteurs, auxquels nous devons une grande partie du progrès matériel de cette institution; le personnel, sans lequel son fonctionnement quotidien ne pourrait pas être assuré. Je vous remercie tous du plus profond du coeur et, en gage de la divine récompense, je vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique.

HOMMAGE DU SAINT-PÈRE

À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D'ESPAGNE

DISCOURS Solennité de l’Immaculée Conception Samedi 8 décembre 2007

Chers frères et soeurs,

En ce rendez-vous devenu désormais traditionnel, nous nous retrouvons ici, sur la Place d'Espagne, pour offrir notre hommage floréal à la Vierge, le jour où toute l'Eglise célèbre la fête de son Immaculée Conception. Dans le sillage de mes Prédécesseurs, je m'unis moi aussi à vous, chers fidèles de Rome, pour faire halte avec affection et un amour filial aux pieds de Marie, qui veille désormais depuis cent cinquante ans sur notre ville du haut de cette colonne. Le geste d'aujourd'hui est donc un geste de foi et de dévotion que notre communauté chrétienne répète d'année en année, comme pour réaffirmer son engagement de fidélité envers Celle qui, dans toutes les circonstances de la vie quotidienne, nous assure de son aide et de sa protection maternelle.

Cette manifestation religieuse est dans le même temps une occasion pour offrir à ceux qui vivent à Rome, ou qui y passent quelques jours en tant que pèlerins et touristes, l'opportunité de se sentir, malgré la diversité des cultures, une unique famille qui se rassemble autour d'une Mère qui a partagé les fatigues quotidiennes de chaque femme et mère de famille. Une mère cependant tout à fait particulière, choisie par Dieu pour une mission unique et mystérieuse, celle d'engendrer à la vie terrestre le Verbe éternel du Père, venu dans le monde pout le salut de tous les hommes. Et Marie, Immaculée dans sa conception - ainsi la vénérons-nous aujourd'hui avec une pieuse reconnaissance -, a parcouru son pèlerinage terrestre soutenue par une foi intrépide, une espérance inébranlable et un amour humble et sans limites, en suivant les traces de son fils Jésus. Elle a été à ses côtés avec une sollicitude maternelle de sa naissance au Calvaire, où elle assisté à sa crucifixion pétrifiée par la douleur, mais inébranlable dans son espérance. Elle a ensuite fait l'expérience de la joie de la résurrection, à l'aube du troisième jour, du jour nouveau, lorsque le Crucifié a quitté son tombeau remportant pour toujours et de manière définitive la victoire sur le pouvoir du péché et de la mort.

Marie, dans le sein virginal de laquelle Dieu s'est fait homme, est notre Mère! En effet, du haut de la croix Jésus, avant de parvenir à l'accomplissement de son sacrifice, nous l'a donnée comme mère et nous a confiés à Elle comme ses fils. Mystère de miséricorde et d'amour, don qui enrichit l'Eglise d'une maternité spirituelle féconde. Aujourd'hui, chers frères et soeurs, nous tournons en particulier notre regard vers Elle et, en implorant son aide, nous nous disposons à mettre à profit chacun de ses enseignements maternels. Notre Mère céleste ne nous invite-t-elle pas à fuir le mal et à accomplir le bien en suivant docilement la loi divine inscrite dans le coeur de chaque chrétien? Elle qui a conservé l'espérance au plus fort de l'épreuve, ne nous demande-t-elle pas de ne pas perdre courage lorsque la souffrance et la mort frappent à la porte de nos maisons? Ne nous demande-t-elle pas d'envisager notre avenir avec confiance? La Vierge Immaculée ne nous exhorte-t-elle pas à être frères les uns des autres, tous réunis par l'engagement de construire ensemble un monde plus juste, solidaire et pacifique?

Oui, chers amis! Encore une fois, en ce jour solennel, l'Eglise indique Marie au monde comme le signe d'une espérance certaine et d'une victoire définitive du bien sur le mal. Celle que nous invoquons comme "pleine de grâce" nous rappelle que nous sommes tous frères et que Dieu est notre Créateur et notre Père. Sans Lui, ou encore pire contre Lui, nous les hommes, nous ne pourrons jamais trouver la route qui conduit à l'amour, nous ne pourrons jamais vaincre le pouvoir de la haine et de la violence, nous ne pourrons jamais construire une paix stable.

Que les hommes de toutes les nations et les cultures accueillent ce message de lumière et d'espérance: qu'ils l'accueillent comme un don des mains de Marie, Mère de l'humanité tout entière. Si la vie est un chemin, et que ce chemin devient souvent sombre, dur et difficile, quelle étoile pourra l'illuminer? Dans mon Encyclique Spe salvi, rendue publique au début de l'Avent, j'ai écrit que l'Eglise regarde Marie et l'invoque comme "étoile de l'espérance (n. 49). Dans notre voyage commun sur la mer de l'histoire, nous avons besoin de "lumières d'espérance", c'est-à-dire de personnes qui tirent la lumière du Christ "et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée" (ibid.). Et qui peut, mieux que Marie, être pour nous "Etoile d'espérance"? Par son "oui", par le don généreux de la liberté reçue du Créateur, Elle a permis à l'espérance des millénaires de devenir réalité, d'entrer dans ce monde et dans son histoire. A travers Elle, Dieu s'est fait chair, il est devenu l'un d'entre nous, il a dressé sa tente parmi nous.

C'est pourquoi, animés par une confiance filiale, nous lui disons: "Enseigne-nous, Marie, à croire, à espérer et à aimer avec Toi; indique-nous la voie qui conduit à la paix, la voie vers le royaume de Jésus. Toi, Etoile de l'espérance, qui nous attend avec impatience dans la lumière impérissable de la Patrie éternelle, brille sur nous et guide-nous à travers les événements de chaque jour, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen!"

Je m'associe aux pèlerins rassemblés dans les sanctuaires mariaux de Lourdes et de Fourvière pour honorer la Vierge Marie, en cette Année jubilaire du 150 anniversaire des apparitions de Notre-Dame à sainte Bernadette. Grâce à leur confiance en Marie et à son exemple, ils deviendront de véritables disciples du Sauveur. Par les pèlerinages, ils donnent de nombreux visages d'Eglise aux personnes qui sont en recherche et qui viennent visiter les sanctuaires. Dans leur chemin spirituel, ils sont appelés à déployer la grâce de leur Baptême, à se nourrir de l'Eucharistie, à puiser dans la prière la force pour le témoignage et la solidarité avec tous leurs frères en humanité. Puissent les sanctuaires développer leur vocation à la prière et à l'accueil des personnes qui veulent, notamment par le sacrement du Pardon, retrouver le chemin de Dieu. J'adresse aussi mes voeux cordiaux à toutes les personnes, notamment les jeunes, qui célèbrent dans la joie la fête de l'Immaculée Conception, évoquant particulièrement les illuminations de la métropole lyonnaise. Je demande à la Vierge Marie de veiller sur les habitants de Lyon et de Lourdes, et je leur accorde à tous, ainsi qu'aux pèlerins qui s'associent aux cérémonies, une affectueuse Bénédiction apostolique.



Discours 2005-2013 549