Discours 2005-2013 373

AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE POUR LA VIE Salle Clémentine Samedi 24 février 2007





373 Chers frères et soeurs,

C'est pour moi une véritable joie de recevoir à l'occasion de cette Audience, à laquelle participent tant de personnes, les membres de l'Académie pontificale pour la Vie, réunis à l'occasion de leur XIII Assemblée générale; ainsi que tous ceux qui ont voulu participer au Congrès qui a pour thème: "La conscience chrétienne au service du droit à la vie". Je salue le Cardinal Javier Lozano Barragán, les Archevêques et les Evêques présents, les confrères prêtres, les rapporteurs du Congrès, ainsi que vous tous, venus de divers pays. Je salue en particulier Monseigneur Elio Sgreccia, Président de l'Académie pontificale pour la Vie, que je remercie pour les aimables paroles qu'il m'a adressées, et pour le travail auquel il se consacre, avec le Vice-Président, le Chancelier et les membres du Conseil de Direction, en vue d'accomplir les vastes et délicates tâches de l'Académie pontificale.

Le thème que vous avez soumis à l'attention des participants, et donc également de la communauté ecclésiale et de l'opinion publique, est d'une grande importance: en effet, la conscience chrétienne possède la nécessité intérieure d'être alimentée et renforcée par les motivations multiples et profondes qui militent en faveur du droit à la vie. C'est un droit qui exige d'être soutenu par tous, car il s'agit du droit fondamental par rapport aux autres droits humains. C'est ce qu'affirme avec force l'Encyclique Evangelium vitae: "Malgré les difficultés et les incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au bien peut, avec la lumière de la raison et sans oublier le travail secret de la grâce, arriver à reconnaître, dans la loi naturelle inscrite dans les coeurs (cf.
Rm 2,14-15), la valeur sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu'à son terme; et il peut affirmer le droit de tout être humain à voir intégralement respecter ce bien qui est pour lui primordial. La convivialité humaine et la communauté politique elle-même se fondent sur la reconnaissance de ce droit" (n. 2). Cette même Encyclique rappelle que "la défense et la mise en valeur de ce droit doivent être, de manière particulière, l'oeuvre de ceux qui croient au Christ, conscients de la merveilleuse vérité rappelée par le Concile Vatican II: "Par son incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" (Gaudium et spes GS 22). Dans cet événement de salut, en effet, l'humanité reçoit non seulement la révélation de l'amour infini de Dieu qui "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3,16) mais aussi celle de la valeur incomparable de toute personne humaine" (ibid.).

Le chrétien est donc constamment appelé à se mobiliser pour faire face aux multiples attaques auxquelles est exposé le droit à la vie. Il sait qu'il peut compter en cela sur des motivations qui ont leurs racines profondes dans le droit naturel et qui peuvent donc être partagées par toute personne ayant une conscience droite. Dans cette perspective, en particulier après la publication de l'Encyclique Evangelium vitae, on a beaucoup fait pour que les contenus de ces motivations soient mieux connus dans la communauté chrétienne et dans la société civile, mais il faut admettre que les attaques contre le droit à la vie dans le monde entier se sont étendues et multipliées, en revêtant également de nouvelles formes. Les pressions en faveur de la légalisation de l'avortement dans les pays d'Amérique latine et dans les pays en voie de développement sont toujours plus fortes, notamment avec le recours à la libéralisation des nouvelles formes d'avortement chimique sous le prétexte de la santé de reproduction: les politiques de contrôle démographique s'intensifient, bien qu'elles soient désormais reconnues comme dangereuses également sur le plan économique et social.

Dans le même temps, dans les pays les plus développés croît l'intérêt pour la recherche biotechnologique plus pointue, en vue d'instaurer des méthodes subtiles et étendues d'eugénisme, allant jusqu'à la recherche obsessionnelle de l'"enfant parfait", avec la diffusion de la procréation artificielle et de diverses formes de diagnostic visant à assurer la sélection. Une nouvelle vague d'eugénisme discriminatoire est approuvée au nom du prétendu bien-être des personnes et en particulier dans le monde économiquement développé, on promeut des lois visant à légaliser l'euthanasie. Tout cela a lieu tandis que, d'un autre côté, se multiplient les pressions en vue de la légalisation de formes d'unions alternatives au mariage, et fermées à la procréation naturelle. Dans ces situations, la conscience, parfois étouffée par les moyens de pression collective, ne fait pas preuve d'une vigilance suffisante devant la gravité des questions en jeu, et le pouvoir des plus forts affaiblit et semble paralyser également les personnes de bonne volonté.

C'est pourquoi, l'appel à la conscience et, en particulier, l'appel à la conscience chrétienne, est encore plus nécessaire. "La conscience morale - comme le dit le Catéchisme de l'Eglise catholique - est un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d'un acte concret qu'elle va poser, est en train d'exécuter, ou a accompli. En tout ce qu'il dit et fait, l'homme est tenu de suivre fidèlement ce qu'il sait être juste et droit" (n. 1778). Il ressort de cette définition que la conscience morale, pour être en mesure de guider correctement la conduite humaine, doit avant tout reposer sur le fondement solide de la vérité, c'est-à-dire qu'elle doit être illuminée pour reconnaître la véritable valeur des actions et l'importance des critères d'évaluation, de façon à savoir distinguer le bien du mal, même là où le climat social, le pluralisme culturel et les intérêts qui se superposent ne le favorisent pas.

La formation d'une conscience vraie, car fondée sur la vérité, et droite, car déterminée à en suivre les règles, sans contradiction, sans trahison et sans compromis, est aujourd'hui une entreprise difficile et délicate, mais indispensable. Et c'est une entreprise qui se heurte, malheureusement, à divers facteurs. Avant tout, dans la phase actuelle de sécularisation appelée post-moderne et marquée par des formes discutables de tolérance, croît non seulement le refus de la tradition chrétienne, mais on se méfie également de la capacité de la raison à percevoir la vérité, on s'éloigne du goût de la réflexion. Selon certains, la conscience individuelle, pour être libre, devrait même se défaire aussi bien des références aux traditions que des références fondées sur la raison. Ainsi, la conscience, qui est l'acte de la raison visant à la vérité des choses, cesse d'être lumière et devient une simple toile de fond sur laquelle la société des médias projette les images et les impulsions les plus contradictoires.

Il faut rééduquer au désir de la connaissance de la vérité authentique, à la défense de la liberté de choix face aux comportements de masse et aux attraits de la propagande, pour nourrir la passion de la beauté morale et de la clarté de la conscience. Tel est le devoir délicat des parents et des éducateurs qui travaillent à leurs côtés; et tel est le devoir de la communauté chrétienne à l'égard de ses fidèles. En ce qui concerne la conscience chrétienne, sa croissance et ce qui la nourrit, on ne peut se contenter d'un contact fugace avec les principales vérités de la foi dans l'enfance, mais il faut suivre un chemin qui accompagne les diverses étapes de la vie, ouvrant le coeur et l'esprit à accueillir les devoirs fondamentaux sur lesquels repose l'existence tant de la personne que de la communauté. Ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible d'initier les jeunes aux valeurs de la vie, de l'amour, du mariage, de la famille. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra les conduire à apprécier la beauté et la sainteté de l'amour, la joie et la responsabilité d'être parents et collaborateurs de Dieu pour donner la vie. En l'absence d'une formation permanente et adaptée, la capacité de jugement des problèmes soulevés par la biomédecine en matière de sexualité, de vie naissante, de procréation, ainsi que dans la façon de traiter et de soigner les patients et les couches faibles de la société, devient encore plus problématique.

Il est certes nécessaire de parler des critères moraux qui concernent ces thèmes avec des professionnels, médecins et juristes, pour les exhorter à élaborer un jugement compétent de conscience, et, le cas échéant, une objection courageuse de conscience, mais une telle urgence revient fondamentalement avant tout aux familles et aux communautés paroissiales, dans le processus de formation de la jeunesse et des adultes. Sous cet aspect, à côté de la formation chrétienne, visant à la connaissance de la Personne du Christ, de sa Parole et des Sacrements, dans l'itinéraire de foi des enfants et des adolescents, il faut unir de façon cohérente le discours sur les valeurs morales qui concernent le corps, la sexualité, l'amour humain, la procréation, le respect pour la vie à toutes ses étapes, en dénonçant dans le même temps à l'aide de motifs valables et précis les comportements contraires à ces valeurs fondamentales. Dans ce domaine spécifique, l'oeuvre des prêtres devra être accompagnée de façon opportune par l'engagement de laïcs éducateurs et également spécialistes, qui se consacrent au devoir d'orienter les réalités ecclésiales par leur science éclairée par la foi. Je prie donc le Seigneur, afin qu'il envoie parmi vous, chers frères et soeurs, et parmi tous ceux qui se consacrent à la science, à la médecine, au droit et à la politique, des témoins pourvus d'une conscience véritable et droite, pour défendre et promouvoir la "splendeur de la vérité" en vue de soutenir le don et le mystère de la vie. Je compte sur votre aide, très chers professionnels, philosophes, théologiens, scientifiques et médecins. Dans une société parfois chaotique et violente, grâce à votre qualification culturelle, à travers l'enseignement et l'exemple, vous pouvez contribuer à réveiller dans de nombreux coeurs la voix éloquente et claire de la conscience.

"C'est une loi inscrite par Dieu au coeur de l'homme - nous a enseigné le Concile Vatican II -; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera" (Gaudium et spes GS 16). Le Concile a offert de précieuses indications afin que les fidèles apprennent "à distinguer avec soin entre les droits et les devoirs qui leur incombent en tant que membres de l'Eglise et ceux qui leur reviennent comme membres de la société humaine" et afin "d'accorder harmonieusement, les uns et les autres entre eux, se souvenant que la conscience chrétienne doit être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine, fût-elle d'ordre temporel, ne peut être soustraite à l'empire de Dieu" (Lumen gentium, n. 36). C'est pour cette même raison que le Concile exhorte les laïcs croyants à accueillir "ce que les pasteurs sacrés [...] décident au nom de leur magistère et de leur autorité dans l'Eglise" et, d'autre part, recommande que "les pasteurs doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans l'Eglise, ayant volontiers recours à la prudence de leurs conseils" et conclut que "de ce commerce familier entre laïcs et pasteurs, il faut attendre pour l'Eglise toutes sortes de biens" (Lumen gentium, n. 37).

Lorsqu'est en jeu la valeur de la vie humaine, cette harmonie entre fonction magistérielle et engagement laïc devient particulièrement importante: la vie est le premier des biens reçus de Dieu et elle est le fondement de tous les autres; garantir le droit à la vie à tous et de façon équitable pour tous est un devoir et l'avenir de l'humanité dépend de son accomplissement. Cette perspective fait également apparaître l'importance de votre rencontre d'étude. Je confie ses travaux et ses résultats à l'intercession de la Vierge Marie, que la tradition chrétienne salut comme la véritable "Mère de tous les vivants". Qu'Elle vous assiste et vous guide! Comme gage de ce voeu, je désire vous donner à tous, ainsi qu'à vos familles et à vos collaborateurs, la Bénédiction apostolique.

374                                                         Mars 2007

CONCLUSION DES EXERCICES SPIRITUELS DE LA CURIE ROMAINE

Chapelle "Redemptoris Mater" Samedi 3 mars 2007


Monsieur le Cardinal,

Au nom de chacun de nous ici réunis, je voudrais vous dire, de tout coeur, merci, pour la merveilleuse anagogie que vous nous avez offerte cette semaine.

Au cours de la Messe, avant la prière eucharistique, chaque jour, nous répondons à l'invitation "élevons notre coeur" par les paroles: "nous le tournons vers le Seigneur". Et je crains que cette réponse soit souvent plus rituelle qu'existentielle. Mais vous nous avez réellement enseigné, au cours de cette semaine, à faire monter, à élever notre coeur, à nous élever vers l'invisible, vers la vraie réalité. Et vous nous avez donné également la clé pour répondre chaque jour aux défis de cette réalité.

Au cours de votre première conférence, je me suis rendu compte que dans la marqueterie de mon prie-Dieu est représenté le Christ ressuscité, entouré par des anges qui volent. J'ai pensé que ces anges peuvent voler parce qu'ils ne se trouvent pas dans la gravitation des choses matérielles de la terre, mais dans la gravitation de l'amour du Ressuscité; et que nous pourrions voler si nous sortions un peu de la gravitation du matériel et que nous entrions dans la gravitation nouvelle de l'amour du Ressuscité.

Vous nous avez réellement aidés à sortir de cette gravitation des choses de chaque jour et à entrer dans cette autre gravitation du Ressuscité et, ainsi, à nous élever. De cela, nous vous remercions.

Je voudrais vous remercier également de nous avoir offert des diagnostics très perspicaces et très précis de notre situation d'aujourd'hui et, surtout, de nous avoir montré que derrière de nombreux phénomènes de notre époque, en apparence très éloignés de la religion et du Christ, il y a une demande, une attente, un désir; et que la seule véritable réponse à ce désir, omniprésent justement à notre époque, est le Christ.

Ainsi, vous nous avez aidés à suivre le Christ avec davantage de courage et à aimer davantage l'Eglise, l'"Immaculata ex maculatis", comme vous nous l'avez enseigné avec saint Ambroise.

Je voudrais enfin vous remercier de votre réalisme, de votre humour et de votre sens du concret; jusqu'à la théologie un peu audacieuse d'une des personnes à votre service: je n'oserais pas soumettre ces paroles "le Seigneur a peut-être aussi ses défauts" au jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Mais, quoi qu'il en soit, nous avons appris quelque chose, et vos pensées, Monsieur le Cardinal, nous accompagneront également au-delà des prochaines semaines.
375 Nos prières vous accompagnent. Merci.


AUX MEMBRES DE L'INSTITUT PAUL VI DE BRESCIA Salle des Papes Samedi 3 mars 2007


Chers frères et soeurs!

Je suis heureux d'accueillir chacun de vous, qui faites partie du Comité scientifique et du Comité exécutif de l'Institut Paul VI, promu par l'"OEuvre pour l'Education chrétienne" de Brescia, dans le but de favoriser l'étude de la vie, de la pensée et de l'activité de cet inoubliable Souverain Pontife. Je vous salue tous cordialement, à commencer par Messieurs les Cardinaux ici présents. Je salue en particulier M. Giuseppe Camadini et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en sa qualité de Président de votre Institut. J'exprime ensuite mes salutations particulières à Mgr Giulio Sanguineti, Evêque du diocèse dans lequel mon vénéré prédécesseur est né, a été baptisé et ordonné prêtre. Je suis également reconnaissant pour son action faisant autorité en vue de soutenir et d'accompagner l'activité d'une Institution de si grand mérite. Chers amis, merci de m'avoir fait don d'un exemplaire de toutes les publications que vous avez éditées jusqu'à présent. Il s'agit d'une très longue série d'ouvrages, qui témoignent du travail remarquable que vous accomplissez depuis 25 ans.

J'ai eu l'occasion, comme il a été dit, de connaître moi aussi l'activité de votre Institut. J'ai admiré sa fidélité au Magistère, ainsi que son intention de rendre hommage à un grand Pape, dont vous vous chargez de mettre en valeur le souffle apostolique, grâce à un rigoureux travail de recherche et à des initiatives d'une grande valeur scientifique et ecclésiale. Je me sens personnellement très lié au Serviteur de Dieu Paul VI, en raison de la confiance qu'il manifesta à mon égard en me nommant Archevêque de Munich et, trois mois plus tard, en me faisant entrer dans le Collège cardinalice en 1977. Il fut appelé par la Providence divine à conduire la barque de Pierre dans une période historique marquée par de nombreux défis et problématiques. En reparcourant par la pensée les années de son pontificat, on est frappé par l'ardeur missionnaire qui l'anima et qui le poussa à entreprendre des voyages apostoliques difficiles, même dans de lointains pays, et à accomplir des gestes prophétiques d'une très grande valeur ecclésiale, missionnaire et oecuménique. Il fut le premier Pape à se rendre sur la Terre où vécut le Christ et d'où Pierre partit pour rejoindre Rome. Cette visite, six mois à peine après son élection comme Pasteur Suprême du Peuple de Dieu et tandis qu'était en cours le Concile oecuménique Vatican II, revêtit une claire signification symbolique. Il indiqua à l'Eglise que la voie de sa mission est de suivre les traces du Christ. C'est précisément ce que fit le Pape Paul VI au cours de son ministère pétrinien, qu'il exerça toujours avec sagesse et prudence, en totale fidélité au commandement du Seigneur.

En effet, le secret de l'action pastorale que Paul VI accomplit avec un dévouement inlassable, en prenant parfois des décisions difficiles et impopulaires, réside justement dans son amour pour le Christ: un amour qui vibre à travers des expressions touchantes dans tous ses enseignements. Son âme de Pasteur était tout entière pénétrée d'une tension missionnaire nourrie par un désir sincère de dialogue avec l'humanité. Son invitation prophétique, reproposée de nombreuses fois, à renouveler le monde tourmenté par des inquiétudes et des violences à travers la "civilisation de l'amour", naissait de son abandon total à Jésus, Rédempteur de l'homme. Comment oublier par exemple, les paroles que, moi aussi, alors présent comme Expert au Concile Vatican II, je pus entendre dans la Basilique vaticane lors de l'ouverture de la Deuxième Session, le 29 septembre 1963? "Le Christ, notre commencement - proclama Paul VI avec un profond transport, et j'entends encore sa voix -; le Christ, notre voie et notre guide; le Christ, notre espérance et notre fin... Que sur cette assemblée ne brille d'autre lumière que le Christ, lumière du monde; que nulle vérité ne retienne notre intérêt, hormis les paroles du Seigneur, notre Maître unique; qu'une seule inspiration nous guide, le désir de Lui être absolument fidèles" (Insegnamenti di Paolo VI, I [1963], 170-171). Et jusqu'à son dernier souffle sa pensée, ses énergies et son action furent pour le Christ et pour l'Eglise.

Le nom de ce Pape dont l'opinion publique mondiale saisit toute la grandeur justement à l'occasion de sa mort, demeure avant tout lié au Concile Vatican II. Si ce fut, en effet, Jean XXIII qui le convoqua et l'inaugura, il lui revint, en tant que son successeur, de le mener à bien d'une main experte, délicate et ferme. Il ne fut pas moins difficile pour le Pape Montini de soutenir l'Eglise dans la période post-conciliaire. Il ne se laissa pas conditionner par certaines incompréhensions et critiques, même si il dut supporter des souffrances et des attaques parfois violentes, mais il demeura en toutes circonstances le timonier ferme et prudent de la barque de Pierre.

Avec les années, l'importance de son pontificat pour l'Eglise et pour le monde apparaît de manière toujours plus évidente, de même que la valeur de son grand magistère, dont se sont inspirés ses Successeurs, et auquel moi-même je continue de faire référence. Je saisis donc très volontiers l'occasion de la circonstance d'aujourd'hui pour lui rendre hommage, tout en vous encourageant, chers amis, à poursuivre le travail que vous avez entrepris depuis de nombreuses années. En faisant mienne l'exhortation que vous adressa le bien-aimé Pape Jean-Paul II, je vous répète bien volontiers: "Etudiez Paul VI avec amour... étudiez-le avec rigueur scientifique... étudiez-le avec la conviction que son héritage spirituel continue d'enrichir l'Eglise et peut nourrir les consciences des hommes d'aujourd'hui, qui ont tant besoin de paroles de vie éternelle" (Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 1980, PP 187-189). Chers frères et soeurs, merci encore de votre visite; je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous bénis avec affection, ainsi que vos familles et toutes les initiatives de l'Institut Paul VI de Brescia.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES COMMUNICATIONS SOCIALES Salle Clémentine Vendredi 9 mars 2007



Eminences,
376 Chers frères dans l'épiscopat,
Chers frères et soeurs dans le Christ!

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui au Vatican à l'occasion de l'Assemblée plénière annuelle du Conseil pontifical pour les Communications sociales. Mes remerciements vont tout d'abord à Mgr Foley, Président du Conseil, pour ses commentaires très courtois d'introduction. Je souhaite vous exprimer à tous ma gratitude pour votre engagement au service de l'apostolat des communications sociales, dont l'importance ne peut pas être sous-estimée dans notre monde de plus en plus technologique.

Le domaine des communications sociales connaît de rapides mutations. Alors que la presse écrite lutte pour conserver sa diffusion, d'autres formes de média tels que la radio, la télévision et internet se développent à une très grande vitesse. Sur la toile de fond de la mondialisation, cette montée en puissance des médias électroniques coïncide avec sa concentration croissante entre les mains d'un petit nombre de multinationales, dont l'influence dépasse toutes les frontières sociales et culturelles.
Quels ont été les résultats et les effets de cette croissance de l'industrie des médias et du divertissement? Je sais que cette question mobilise votre attention. En effet, étant donné le rôle croissant que jouent les médias dans la formation de la culture, elle concerne toutes les personnes qui ont à coeur le bien-être de la société civile.

Indubitablement, les différentes composantes des mass-médias apportent de nombreux bénéfices à la civilisation. Il suffit de penser aux documentaires de qualité et aux programmes d'information, aux programmes de divertissement sains, et aux débats et aux interviews qui aident à réfléchir. Par ailleurs, au sujet d'internet, il faut bien sûr reconnaître que ce média a ouvert un monde de connaissances et de savoirs auquel auparavant beaucoup ne pouvaient avoir que difficilement, voire pas du tout, accès. De telles contributions au bien commun doivent être saluées et encouragées.

D'un autre côté, l'on constate aussi aisément qu'une grande partie de ce qui est transmis sous diverses formes dans les foyers de millions de familles à travers le monde est destructeur. En apportant la lumière de la vérité du Christ sur de telles ombres, l'Eglise fait naître l'espérance. Renforçons nos efforts pour encourager chacun à placer la lampe sur le lampadaire afin qu'elle brille pour tous au foyer, à l'école et dans la société (cf.
Mt 5,14-16)!

A cet égard, mon Message pour la Journée mondiale des Communications sociales de cette année attire l'attention sur la relation entre les médias et les jeunes. Mes préoccupations ne sont pas différentes de celles de toute mère et de tout père, ou enseignant, ou citoyen responsable. Nous reconnaissons tous que "la beauté, telle un miroir du divin, inspire et vivifie les coeurs et les esprits des jeunes, alors que la laideur et la vulgarité ont un impact avilissant sur les attitudes et les comportements" (n. 2; cf. ORLF, n. 5 du 30 janvier 2007). La responsabilité d'introduire et d'éduquer les enfants et les jeunes sur les voies de la beauté, de la vérité et de la bonté est en effet d'une grande importance. Elle peut être assumée par les industries des médias uniquement dans la mesure où celles-ci promouvront la dignité humaine fondamentale, la véritable valeur du mariage et de la vie familiale, et les réalisations et les objectifs positifs de l'humanité.

J'appelle à nouveau les responsables de l'industrie des médias à conseiller aux producteurs de sauvegarder le bien commun, de défendre la vérité, de protéger la dignité humaine individuelle et de promouvoir le respect pour les besoins de la famille. Et en encourageant chacun de vous qui êtes réunis ici aujourd'hui, je suis certain que vous saurez apporter toute l'attention nécessaire afin d'assurer que les fruits de vos réflexions et de votre étude seront effectivement partagés avec les Eglises particulières à travers la paroisse, l'école et les structures diocésaines.

A chacun de vous, à vos collègues et aux membres de votre famille à la maison, je donne ma Bénédiction apostolique.

RÉCITATION DU ROSAIRE AVEC LES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES Aula Paul VI Samedi 10 mars 2007

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Chers jeunes étudiants universitaires!

Je suis très heureux de vous adresser mon salut cordial, au terme de la veillée mariale que le Vicariat de Rome a promue à l'occasion de la Journée européenne des étudiants universitaires. Je remercie le Cardinal Camillo Ruini et Mgr Lorenzo Leuzzi, ainsi que tous ceux qui ont coopéré à cette initiative: les Institutions académiques, les Conservatoires de Musique, le Ministère de l'Université et de la Recherche, le Ministère des Communications. Je félicite les chefs d'orchestre et du grand choeur, ainsi que vous, chers musiciens et choristes. Tandis que je vous accueille, amis de Rome, ma pensée se tourne avec la même affection vers les jeunes de votre âge, qui, grâce aux liaisons radio-télévisées, ont pu participer à ce moment de prière et de réflexion depuis plusieurs villes d'Europe et d'Asie: de Prague, Calcutta, Hong-Kong, Bologne, Cracovie, Turin, Manchester, Manille, Coimbra, Tirana et Islamabad-Rawalpindi. Ce "réseau", réalisé avec la collaboration du Centre de Télévision vaticane, de Radio Vatican et de Telespazio, est véritablement un signe des temps, un signe d'espérance.

Il s'agit d'un "réseau" qui révèle toute sa valeur si nous considérons le thème de la veillée d'aujourd'hui: "La charité intellectuelle, voie pour une nouvelle coopération Europe-Asie". Il est suggestif de penser à la charité intellectuelle comme force de l'esprit humain, capable d'unir les itinéraires de formation des nouvelles générations. Plus généralement, la charité intellectuelle peut unir le chemin existentiel de jeunes qui, bien que vivant très loin les uns des autres, arrivent à se sentir liés sur le plan de la recherche intérieure et du témoignage. Ce soir, nous bâtissons un pont idéal entre l'Europe et l'Asie, continents de très riches traditions spirituelles, où se sont développées quelques-unes des plus antiques et nobles traditions culturelles de l'humanité. Combien notre rencontre est donc significative! Les jeunes étudiants universitaires de Rome deviennent des promoteurs de fraternité à l'enseigne de l'amour intellectuel, poursuivent une solidarité qui n'est pas fondée sur le plan des intérêts économiques ou politiques, mais sur celui de l'étude et de la recherche de la vérité. Nous sommes, en définitive, dans la véritable perspective "universitaire", c'est-à-dire de cette communauté du savoir qui a été l'un des éléments constitutifs de l'Europe. Merci, chers jeunes!

Je m'adresse à présent à tous ceux qui sont en liaison avec nous des diverses villes et nations.

Chers jeunes qui êtes réunis à Prague! Que l'amitié avec le Christ illumine toujours vos études et votre croissance personnelle.

Chers étudiants universitaires de Calcutta, Hong-Kong, Islamabad-Rawalpindi, Manchester et Manille! Puissiez-vous témoigner du fait que Jésus Christ ne nous ôte rien, mais réalise nos plus profondes aspirations de vie et de vérité!

Chers amis de Cracovie! Conservez toujours précieusement les enseignements que le vénéré Pape Jean-Paul II a laissés aux jeunes et, en particulier, aux étudiants universitaires.

Chers étudiants de l'Université de Coimbra! Que la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, vous guide afin que vous deveniez de véritables disciples et témoins de la sagesse chrétienne.

Chers jeunes de Tirana! Engagez-vous à être les acteurs de l'édification de la nouvelle Albanie, en puisant aux racines chrétiennes de l'Europe.

Chers étudiants des Universités de Bologne et de Turin! Ne manquez pas d'apporter à l'édification du nouvel humanisme, fondé sur le dialogue fécond entre foi et raison, votre contribution originale et créative.

378 Chers amis, nous vivons le temps du Carême, et la liturgie nous exhorte continuellement à rendre plus solide notre engagement à la suite du Christ. Cette veillée également, selon la tradition des Journées mondiales de la Jeunesse, peut être considérée comme une étape du pèlerinage spirituel guidé par la Croix. Et le mystère de la Croix n'est pas détaché du thème de la charité intellectuelle, plus encore, il l'illumine. La sagesse chrétienne est la sagesse de la Croix: les étudiants et, à plus forte raison, les professeurs chrétiens, interprètent toutes les réalités à la lumière du mystère d'amour de Dieu, qui trouve dans la Croix sa révélation la plus élevée et la plus complète. Une fois de plus, chers jeunes, je vous confie la Croix du Christ: accueillez-la, embrassez-la, suivez-la. C'est l'arbre de la vie! A ses pieds, vous trouverez toujours Marie, la Mère de Jésus. Avec Elle, Siège de la Sagesse, tournez votre regard vers Celui qui a été transpercé pour nous (cf. Jn 19,37), contemplez la source intarissable de l'amour et de la vérité, et vous pourrez devenir vous aussi des disciples et des témoins emplis de joie. C'est le voeu que j'adresse à chacun de vous. Je l'accompagne de tout coeur de ma prière et de ma Bénédiction, que j'étends volontiers à tous vos proches.


AUX MEMBRES DU CERCLE DE SAINT-PIERRE Salle des Papes Jeudi 8 mars 2007

Chers amis,

Merci de votre présence à cette rencontre, à travers laquelle vous entendez renouveler les sentiments d'affection et de dévotion qui lie votre association au Successeur de l'Apôtre Pierre. Je vous salue tous cordialement. Je salue les membres de la Présidence générale de votre Cercle de grand mérite, et en particulier le Président, Don Leopoldo des ducs Torlonia, auquel j'exprime ma gratitude également pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées en votre nom, en me présentant vos activités liturgiques et caritatives. J'étends ma pensée à votre Assistant spirituel, à vos familles et à tous ceux qui, de différentes façons, prennent part aux activités que vous organisez. Suivant une longue tradition désormais, ce rendez-vous annuel a lieu en relation avec la fête de la Chaire de Pierre, pour souligner la fidélité particulière au Saint-Siège par laquelle vous souhaitez que votre Cercle se distingue, et pour remettre au Pape la collecte du traditionnel Denier de saint Pierre que vous effectuez dans les paroisses et dans les instituts du diocèse de Rome.

L'ancienne pratique du Denier de saint Pierre qui, d'une certaine manière, était déjà en vigueur dans les premières Communautés chrétiennes, naît de la conscience que tout fidèle est appelé à soutenir, matériellement également, l'oeuvre d'évangélisation et, dans le même temps, à secourir avec générosité les pauvres et les personnes dans le besoin, en mémoire des paroles de Jésus: "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40). Grâce au partage des ressources matérielles, nous lisons dans les Actes des Apôtres que "parmi eux nul n'était dans le besoin; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres" (Ac 4, 34sq); et encore "les disciples décidèrent alors d'envoyer, chacun selon ses moyens, des secours aux frères de Judée" (Ac 11,29).

Cette pratique ecclésiale s'est développée au cours des siècles, en s'adaptant aux diverses exigences des temps et elle se poursuit encore aujourd'hui. En effet, dans chaque diocèse, dans chaque paroisse et communauté religieuse, est effectuée chaque année la collecte du Denier de saint Pierre, que l'on fait ensuite parvenir au coeur de l'Eglise pour être redistribuée selon les besoins et les demandes qui parviennent au Pape de tous les lieux de la terre. Dans l'histoire de l'Eglise, il y eut des moments où le soutien économique des chrétiens au Successeur de Pierre s'est révélé particulièrement significatif, comme nous pouvons facilement le comprendre à partir de ce que, par exemple, écrivait le bienheureux Pape Pie IX dans l'Encyclique Saepe venerabilis du 5 août 1871: "Avec plus d'abondance qu'à l'habitude Nous est parvenu le denier, par lequel les pauvres et les riches se sont efforcés de secourir la pauvreté qui Nous incombe; à ceux-ci s'ajoutèrent des dons nombreux, variés et très nobles et un splendide tribut des arts chrétiens et des esprits, particulièrement apte à mettre en évidence le double pouvoir spirituel et royal qui Nous est concédé par Dieu" (Ench. Enc., 2, n. 452, p. 609).

A notre époque également, l'Eglise continue de diffuser l'Evangile et de coopérer à l'édification d'une humanité plus fraternelle et solidaire. C'est précisément grâce au Denier de saint Pierre qu'il lui est possible de mener à bien sa mission d'évangélisation et de promotion humaine. Je vous suis donc reconnaissant de votre engagement à recueillir comme l'a souligné votre président, les dons des Romains, signe de leur gratitude pour l'action pastorale et caritative du Successeur de Pierre. Je sais que vous êtes animés par le zèle et la générosité: que le Seigneur vous récompense et rende fructueux le service ecclésial que vous accomplissez, et qu'il vous aide également à mener à bien toute initiative de votre Cercle. Parmi celles-ci, je suis heureux de rappeler en particulier le service que vous rendez depuis plus de six ans à travers l'Hospice du Sacré-Coeur, où la présence quotidienne de vos volontaires offre un soutien aux malades et à leurs familles: vous rendez ici un témoignage silencieux, mais d'autant plus éloquent, d'amour pour la vie humaine, qui mérite attention et respect jusqu'à son dernier souffle.

Chers amis, nous sommes dans le temps du Carême, au cours duquel la liturgie nous rappelle que, à l'engagement de la prière et du jeûne, nous devons unir l'attention pour nos frères, en particulier pour ceux qui se trouvent en difficulté, en venant à leur secours à travers des gestes et des oeuvres de soutien matériel et spirituel. Je vous répète aujourd'hui l'invitation que, dans le Message pour le Carême, j'ai adressée à chaque chrétien: le souhait que ce temps liturgique soit pour tous "une expérience renouvelée de l'amour de Dieu qui se donne à nous dans le Christ, amour que chaque jour nous devons à notre tour "redonner" au prochain, surtout à ceux qui souffrent le plus et sont dans le besoin". Tout en vous exprimant encore une fois ma reconnaissance pour votre visite d'aujourd'hui, je vous encourage à poursuivre avec enthousiasme vos activités caritatives et le service d'honneur et d'accueil aux fidèles que vous accomplissez dans la Basilique Vaticane et lors des célébrations présidées par le Pape. Je vous confie à la protection de la Vierge Marie, que vous invoquez comme Salus Populi Romani.Avec ces sentiments, et en vous assurant de mon souvenir dans la prière pour vous et pour vos initiatives, je vous donne à tous une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2005-2013 373