Discours 2005-2013 379

AUX PARTICIPANTS AU COURS SUR LE FOR INTERNE PROMU PAR LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE Salle Clémentine Vendredi 16 mars 2007

379 Monsieur le Cardinal,
Vénérés Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,

C'est bien volontiers que je vous accueille aujourd'hui et que j'adresse mon salut cordial à chacun de vous, qui participez au Cours sur le For interne organisé par la Pénitencerie apostolique. Je salue tout d'abord le Cardinal James Francis Stafford, Pénitencier Majeur, que je remercie des paroles aimables qu'il m'a adressées; Mgr Gianfranco Girotti, Régent de la Pénitencerie et toutes les personnes présentes.

La rencontre d'aujourd'hui m'offre l'opportunité de réfléchir avec vous sur l'importance du sacrement de la Pénitence également à notre époque et de réaffirmer la nécessité que les prêtres se préparent à l'administrer avec piété et fidélité pour rendre grâce à Dieu et pour sanctifier le Peuple chrétien, comme ils le promettent à l'Evêque le jour de leur Ordination presbytérale. En effet, il s'agit de l'une des tâches spécifiques du ministère particulier qu'ils sont appelés à exercer "in persona Christi". A travers les gestes et les paroles sacramentelles, les prêtres rendent surtout visible l'amour de Dieu, qui s'est révélé en plénitude dans le Christ. En administrant le sacrement du pardon et de la réconciliation, le prêtre - rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique - agit "comme le signe et l'instrument de l'amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur" (n. 1465). Ce qui se produit dans ce sacrement est donc tout d'abord un mystère d'amour, oeuvre de l'amour miséricordieux du Seigneur.

"Dieu est amour" (
1Jn 4,16): dans cette simple affirmation, l'évangéliste Jean a contenu la révélation du mystère de Dieu Trinité tout entier. Et lors de sa rencontre avec Nicodème, Jésus, annonçant sa passion et sa mort sur la croix, affirme: "Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle" (Jn 3,16). Nous avons tous besoin de puiser à la source intarissable de l'amour divin, qui se manifeste totalement à nous dans le mystère de la Croix, pour trouver la paix authentique avec Dieu, avec nous-mêmes et avec notre prochain. Ce n'est que de cette source spirituelle qu'il est possible de tirer l'énergie intérieure indispensable pour vaincre le mal et le péché dans la lutte sans pause, qui marque notre pèlerinage terrestre vers la patrie céleste.

Le monde contemporain continue à présenter les contradictions que les Pères conciliaires avaient déjà soulignées (cf. Cons. past. Gaudium et spes GS 4 Gaudium et spes GS 10): nous voyons une humanité qui voudrait se suffire à elle-même, où un grand nombre de personnes considèrent qu'elles peuvent se passer de Dieu pour bien vivre; et pourtant, combien d'entre elles semblent tristement condamnées à affronter des situations dramatiques de vide existentiel, combien de violence existe-t-il encore sur la terre, combien de solitude pèse sur l'âme de l'homme à l'ère de la communication! En un mot, il semble que l'on ait aujourd'hui perdu le "sens du péché", mais en revanche que les "sentiments de culpabilité" aient augmenté. Qui pourra libérer le coeur des hommes de ce joug de mort, sinon Celui qui en mourant a vaincu pour toujours la puissance du mal par la toute-puissance de l'amour divin? Comme saint Paul le rappelait aux chrétiens d'Ephèse, "mais Dieu est riche en miséricorde; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ" (Ep 2,4). Le prêtre, dans le sacrement de la Confession, est l'instrument de cet amour miséricordieux de Dieu, qu'il invoque dans la formule de l'absolution des péchés: "Que Dieu, Père de la miséricorde, qui a réconcilié le monde a lui dans la mort et la résurrection de son Fils, et qui a répandu l'Esprit Saint pour la rémission des péchés, t'accorde, à travers le ministère de l'Eglise, le pardon et la paix".

Dans chacune de ses pages, le Nouveau Testament parle de l'amour et de la miséricorde de Dieu qui sont devenus visibles dans le Christ. En effet, Jésus qui "fait bon accueil aux pécheurs, et mange avec eux!" (Lc 15,2), et qui affirme avec autorité: "Tes péchés te sont pardonnés" (Lc 5,20), dit: "Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, pour qu'ils se convertissent" (Lc 5,31-32). L'engagement du prêtre et du confesseur est principalement le suivant: conduire chacun à faire l'expérience de l'amour du Christ pour lui, en le rencontrant sur la route de sa propre vie, comme Paul le rencontra sur le chemin de Damas. Nous connaissons la déclaration passionnée de l'Apôtre des nations après cette rencontre qui changea sa vie: il "m'a aimé et s'est livré pour moi" (Ga 2,20). Telle est son expérience personnelle sur le chemin de Damas: le Seigneur Jésus a aimé Paul et a donné sa vie pour lui. Et dans la confession, telle est également notre voie, notre chemin de Damas, notre expérience: Jésus m'a aimé et s'est donné pour moi. Que chaque personne puisse faire sienne cette même expérience spirituelle et, comme l'a dit le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, "redécouvrir le Christ comme mysterium pietatis, celui en qui Dieu nous montre son coeur compatissant et nous réconcilie pleinement avec lui. C'est ce visage du Christ qu'il faut redécouvrir aussi à travers le sacrement de la Pénitence" (Jean-Paul II, Lett. apos. Novo millennio ineunte NM 37). Que le prêtre, ministre du sacrement de la Réconciliation, ressente toujours comme sa propre tâche de devoir laisser transparaître, dans ses paroles et dans sa façon d'approcher le pénitent, l'amour miséricordieux de Dieu. Comme le père de la parabole du fils prodigue, qu'il accueille le pécheur repenti, qu'il l'aide à se relever du péché, qu'il l'encourage à s'amender en ne faisant jamais aucun compromis avec le mal, mais en reprenant toujours le chemin vers la perfection évangélique. Que cette belle expérience du fils prodigue, qui trouve dans le père toute la miséricorde divine, soit l'expérience de toute personne qui se confesse, dans le sacrement de la Réconciliation.

Chers frères, tout cela implique que le prêtre engagé dans le ministère du sacrement de la Pénitence soit lui-même animé par une tension constante vers la sainteté. Le Catéchisme de l'Eglise catholique répond à une aspiration élevée en ce qui concerne cette exigence, lorsqu'il affirme: "Le confesseur [...] doit avoir une connaissance éprouvée du comportement chrétien, l'expérience des choses humaines, le respect et la délicatesse envers celui qui est tombé; il doit aimer la vérité, être fidèle au Magistère de l'Eglise et conduire le pénitent avec patience vers la guérison et la pleine maturité. Il doit prier et faire pénitence pour lui en le confiant à la miséricorde du Seigneur" (n. 1466). Pour mener à bien cette importante mission, toujours intérieurement uni au Seigneur, le prêtre doit rester fidèle au Magistère de l'Eglise en ce qui concerne la doctrine morale, conscient que la loi du bien et du mal n'est pas déterminée par les situations, mais par Dieu. Je demande à la Vierge Marie, Mère de miséricorde, de soutenir le ministère des prêtres confesseurs et d'aider chaque communauté chrétienne à comprendre toujours plus la valeur et l'importance du sacrement de la Pénitence pour la croissance spirituelle de chaque fidèle. Je vous donne avec affection, à vous qui êtes ici présents, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, ma Bénédiction apostolique.

RENCONTRE AVEC LES MEMBRES DU PÈLERINAGE DE

L’OEUVRE FÉDÉRATIVE DE TRANSPORT DES MALADES À LOURDES (O.F.T.A.L. )

ET DU MOUVEMENT APOSTOLIQUE DES AVEUGLES( M.A.C.)

Basilique Vaticane Samedi 17 mars 2007
Chers amis de l'OFTAL et du Mouvement apostolique des Aveugles!

380 C'est avec une grande joie que je vous rencontre dans la Basilique vaticane, où vous avez participé à la Célébration eucharistique présidée par mon Secrétaire d'Etat, le Cardinal Tarcisio Bertone, que je salue cordialement. Je salue Monseigneur Angelo Comastri, Vicaire général pour la Cité du Vatican et Archiprêtre de la Basilique vaticane, ainsi que vos assistants ecclésiastiques. Je salue chacun de vous, en particulier le Président de l'OFTAL, Monseigneur Franco Degrandi, et le Vice-Président du MAC, M. Francesco Scelzo, que je remercie pour m'avoir présenté vos Associations respectives, nées à brève distance de temps l'une de l'autre.

Le Mouvement apostolique des Aveugles naquit en 1928 de l'intuition et de l'élan apostolique d'une enseignante non-voyante de Monza, Maria Motta, dotée d'une profonde foi et d'une grande force d'âme. Tandis que l'OEuvre fédérative de Transport des Malades à Lourdes (OFTAL) célèbre son 75 anniversaire: en effet, commencée en 1913 par Mgr Alessandro Rastelli, prêtre du diocèse de Vercelli, elle vit le jour officiellement en 1932, grâce au soutien de l'Archevêque de cette Eglise particulière. Votre présence commune ici aujourd'hui est providentielle, car les deux Associations, bien que différentes sous de nombreux aspects, possèdent un aspect commun fondamental, que je désire immédiatement souligner. Je veux parler du fait que, tant le MAC que l'OFTAL, se présentent comme des expériences de partage fraternel, fondé sur l'Evangile et capable de permettre aux personnes en difficultés, dans ce cas les malades et les non-voyants, de participer pleinement à la vie de la communauté ecclésiale et d'édifier la civilisation de l'amour. Deux réalités qui, comme le disait le thème du récent Congrès ecclésial de Vérone, témoignent du Christ ressuscité, espérance du monde, en manifestant le fait que la foi et l'amitié chrétiennes permettent de traverser ensemble toutes les situations de fragilité.

Dans ce sens, l'expérience des deux fondateurs, Dom Rastelli et Maria Motta, est emblématique. Le premier se rendit à Lourdes après un accident qui l'obligea à rester un mois à l'hôpital. L'expérience de la maladie le rendit particulièrement sensible au message de la Vierge Immaculée, qui l'appela à retourner à la Grotte de Massabielle, d'abord en compagnie d'un seul malade - et cela est très significatif! - puis à la tête du premier pèlerinage diocésain avec plus de 300 personnes, dont 30 malades. Pour Maria Motta, aveugle de naissance, le handicap visuel ne fut pas un obstacle à sa vocation. Au contraire, l'Esprit fit d'elle une apôtre des non-voyants, et par la suite, il rendit féconde son initiative bien au-delà de ses attentes. De ce "réseau" spirituel qu'elle avait formé se développa une véritable association, formée de groupes diocésains présents dans toutes les parties d'Italie, et approuvée par le bienheureux Jean XXIII sous le nom de Mouvement apostolique des Aveugles. En son sein, les aveugles et les voyants, apprenant le style de la réciprocité et du partage, s'engagent dans la formation dans le but de se placer au service de la mission apostolique de l'Eglise.

Chacune des deux Associations contribue à édifier l'Eglise selon son propre charisme spécifique. Vous, amis de l'OFTAL, vous offrez l'expérience du pèlerinage avec les malades, signe puissant de solidarité entre des personnes qui sortent de leur monde personnel et de l'isolement de leurs problèmes pour avancer vers un but commun, un lieu de l'esprit: Lourdes, la Terre Sainte, Lorette, Fatima, et d'autres sanctuaires. Vous aidez ainsi le Peuple de Dieu à garder vivante la conscience de sa nature de pèlerin à la suite du Christ, comme cela ressort de façon importante de l'Ecriture Sainte. Pensons au Livre de l'Exode, que la Liturgie nous fait méditer en ce temps de Carême; pensons à la vie publique de Jésus, que les Evangiles présentent comme un grand pèlerinage vers Jérusalem, où doit s'accomplir son "exode". Vous, amis du MAC, êtes à votre tour porteurs d'une expérience typique, qui vous est propre: celle de marcher ensemble, côte à côte, aveugles et voyants. Cela témoigne de la façon dont l'amour chrétien permet de surmonter le handicap et de vivre de façon positive la diversité, comme occasion d'ouverture à l'autre, d'attention à ses problèmes, mais avant tout à ses dons, et de service réciproque.

Chers frères et soeurs, l'Eglise a besoin également de votre contribution pour répondre fidèlement et pleinement à la volonté du Seigneur. Et on peut dire la même chose de la société civile: l'humanité a besoin de vos dons, qui sont une prophétie du Royaume de Dieu. Ne soyez pas effrayés par les limites et par la pauvreté des ressources: Dieu aime accomplir ses oeuvres avec des moyens pauvres. Mais il demande de mettre à sa disposition une foi généreuse! Voilà, au fond, la raison pour laquelle vous êtes venus ici: pour implorer auprès de la tombe de Pierre le don d'une foi plus solide. Demain, vous conclurez votre pèlerinage dans deux lieux mariaux de Rome: le MAC dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure, et l'OFTAL au Sanctuaire de la Madone du Divin Amour. Repartez donc de ce moment de grâce animés par la foi de Pierre et de Marie! Et avec cette foi, poursuivez votre chemin, accompagnés également par ma prière et par ma Bénédiction, que je vous donne avec affection, à vous ici présents, à tous vos membres et aux personnes qui vous sont chères.

VISITE À L'INSTITUT PÉNITENTIAIRE POUR MINEURS

DE "CASAL DEL MARMO" À ROME

PAROLES Gymnase de l'Institut pénitentiaire IV Dimanche de Carême 18 mars 2007


Chers jeunes garçons et filles,

Je voudrais avant tout vous remercier pour votre joie, merci pour cette préparation. C'est pour moi une grande joie de vous avoir apporté un peu de lumière à travers ma visite. Ainsi se conclut à présent notre rencontre, ainsi se conclut ma visite brève, mais intense. Comme cela a été dit, il s'agit de mon premier contact avec le monde carcéral depuis que je suis Pape. J'ai écouté avec attention les paroles du Directeur, du Commandant et de votre représentant, et je vous remercie pour les sentiments cordiaux que vous m'avez manifestés, ainsi que pour les voeux que vous m'avez adressés à l'occasion de ma fête. De plus, j'ai senti qu'était encore très présent en vous le souvenir du Cardinal Casaroli, appelé familièrement Père Agostino. Il m'a souvent parlé de ces expériences où il se sentait toujours très ami, très proche de tous les jeunes garçons et filles présents ici dans cette prison.

Chers jeunes garçons et jeunes filles: vous provenez de divers pays: j'aimerais pouvoir rester plus longtemps avec vous, mais malheureusement, le temps est compté. Peut-être trouverons-nous une autre fois une journée plus longue. Sachez toutefois que le Pape vous aime et vous suit avec affection. Je désire également profiter de cette occasion pour étendre mon salut à tous ceux qui sont en prison et à tous ceux qui, de diverses manières, travaillent dans le milieu carcéral.

Chers garçons et filles, aujourd'hui est pour vous une journée de fête, comme on l'a dit: le Pape est venu vous rendre visite, en présence du Ministre de la Justice, de diverses Autorités, du Cardinal-Vicaire, de l'Evêque auxiliaire, de votre aumônier et de tant d'autres personnalités et amis. C'est donc une journée de joie. La liturgie même de ce dimanche commence par une invitation à demeurer dans la joie: "Réjouis-toi!" est la première parole par laquelle commence la Messe. Mais comment peut-on être heureux lorsque l'on souffre, lorsque l'on est privé de la liberté, lorsque l'on se sent abandonné?

381 Au cours de la Messe, nous avons rappelé que Dieu nous aime: voilà la source de la véritable joie. Tout en ayant tout ce que l'on veut, on est parfois malheureux; et, au contraire, on pourrait être privé de tout, même de la liberté ou de la santé, et être en paix et dans la joie, si Dieu est dans notre coeur. C'est donc là que réside le secret: il faut toujours que Dieu occupe la première place dans notre vie. Et Jésus nous a révélé le véritable visage de Dieu. Chers amis, avant de nous quitter, je vous assure de tout coeur que je continuerai de vous rappeler au Seigneur. Vous serez toujours présents dans mes prières.

Je vous souhaite à l'avance une bonne Pâque et je vous bénis tous. Que le Seigneur vous accompagne toujours de sa Grâce et vous guide dans votre vie future.

RENCONTRE AVEC UNE DÉLÉGATION DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE

L'UNIVERSITÉ DE TÜBINGEN (RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE)

"Auletta" de la Salle Paul VI Mercredi 21 mars 2007



Monseigneur l'Evêque,
Monsieur le Doyen,
Chers collègues, si je puis me permettre!

Je vous remercie de cette visite et je peux dire que je m'en réjouis véritablement de tout coeur. D'un côté, la rencontre avec son passé est toujours quelque chose de beau, car d'une certaine manière cela rajeunit. Mais, de l'autre, c'est plus qu'une simple rencontre nostalgique. Vous-même, Monseigneur l'Evêque, vous avez dit qu'il s'agit également d'un signe: d'une part, un signe qui montre combien la théologie me tient à coeur - et comment pourrait-il en être autrement? -, puisque je considérais l'enseignement comme ma véritable vocation, même si le bon Dieu en a soudainement décidé autrement. Inversement, toutefois, il s'agit également d'un signe de votre part, c'est-à-dire que vous voyez l'unité intérieure entre la recherche théologique, la doctrine et le travail théologique, et le service pastoral dans l'Eglise et, à travers cela, l'intégralité de l'engagement ecclésial pour l'homme, pour le monde, pour notre avenir.

Naturellement, hier soir, en vue de cette rencontre, j'ai commencé à fouiller un peu dans mes souvenirs. Et ainsi m'est revenu à l'esprit un souvenir qui correspond bien à ce que vous venez d'expliquer, Monsieur le Doyen: le souvenir du grand Sénat. Je ne sais pas si, aujourd'hui encore, toutes les nominations passent par le Grand Sénat. Il est très intéressant de constater que lorsque, par exemple, une Chaire de Mathématiques, ou d'Assyriologie, ou encore de Physique des corps solides ou toute autre matière, devait être assignée, la contribution de la part des autres Facultés était minime et tout se réglait plutôt rapidement, car presque personne n'osait donner son avis. La situation pour les Sciences humaines était déjà un peu différente. Et lorsqu'il s'agissait des Chaires de Théologie, dans les deux Facultés, en fin de compte, chacun donnait son avis, et l'on voyait que tous les professeurs de l'Université se sentaient d'une certaine manière compétents en matière de théologie, ils avaient la sensation de pouvoir et de devoir participer à la décision. Bien sûr, la théologie leur tenait particulièrement à coeur. Ainsi, d'une part, on percevait que les collègues des autres Facultés considéraient en quelque sorte la théologie, comme le coeur de l'Université, et, d'autre part, que la théologie, précisément, est quelque chose qui concerne tout le monde, par laquelle chacun se sentait concerné, et d'une certaine façon, pensait également être compétent. En d'autres termes, en y réfléchissant bien, cela signifie que, précisément dans le débat sur les Chaires de Théologie, l'Université pouvait vraiment être le lieu où l'on faisait l'expérience de l'Université. Je suis heureux d'apprendre qu'à présent, il existe ces cooptations, plus que par le passé, bien que Tübingen se soit toujours prononcé en faveur de cela. Je ne sais pas si le Leibniz-Kolleg, dont je faisais partie, existe toujours. Quoi qu'il en soit, l'Université moderne court le grave danger de devenir comme un ensemble d'Instituts supérieurs, unis plutôt sur le plan extérieur et institutionnel et donc moins aptes à former une unité intérieure d'universitas.

La théologie était de toute évidence quelque chose dans laquelle l'universitas était présente et où l'on montrait que l'ensemble forme une unité et que, précisément, à la base, il existe une question commune, un devoir commun, un objectif commun. Je pense qu'on peut voir en cela une grande appréciation de la théologie. Je considère que cela est un fait particulièrement important, qui met en évidence qu'à notre époque - à laquelle, tout au moins dans les pays latins, la laïcité de l'Etat et des Institutions publiques est exacerbée et où l'on arrive à demander de laisser de côté tout ce qui concerne l'Eglise, le christianisme, la foi -, il existe des enchevêtrements dont l'ensemble que nous appelons théologie (et qui est précisément également lié de façon fondamentale à l'Eglise, à la foi et au christianisme), ne peut être séparé. Il devient ainsi évident que dans l'ensemble de nos réalités européennes - pour autant que, sous certains aspects, elles soient et doivent être laïques - la pensée chrétienne, avec ses questions et ses réponses, est présente et l'accompagne.

Je pense que ce fait manifeste, d'une part, que la théologie continue précisément à apporter d'une certaine manière sa contribution à constituer ce qu'est l'Université, mais que, de l'autre, il représente également naturellement un immense défi pour la Théologie de satisfaire cette attente, d'être à la hauteur de celle-ci et d'accomplir le service qui lui est confié et que nous attendons d'elle. Je suis heureux qu'à travers les cooptations, il devienne désormais visible de façon très concrète - encore plus qu'auparavant - que le débat intra-universitaire fait de l'Université véritablement ce qu'elle est, en la faisant participer à un processus collectif de questions et de réponses. Je pense toutefois qu'il s'agit également d'une occasion pour réfléchir jusqu'à quel point nous sommes en mesure - non seulement à Tübingen, mais ailleurs également - de satisfaire cette exigence. L'Université et la société, et d'ailleurs l'humanité, ont besoin de questions, mais également de réponses. Et je pense qu'à cet égard, pour la théologie - et pas seulement pour la théologie - apparaît une certaine dialectique entre le caractère strictement scientifique et la question plus vaste qui la transcende et qui ressort constamment en elle - la question sur la vérité.

382 Je voudrais m'expliquer un peu plus clairement à travers un exemple. Un exégète, un interprète de l'Ecriture Sainte, doit l'expliquer comme une oeuvre historique "secundum artem", c'est-à-dire à travers la rigueur scientifique que nous connaissons, d'après tous les éléments historiques que cela exige, selon la méthodologie nécessaire. Mais cela seul ne suffit cependant pas pour qu'il soit un théologien. S'il se limitait à faire cela, alors la théologie, ou tout au moins l'interprétation de la Bible, serait une discipline semblable à l'Egyptologie ou à l'Assyriologie, ou à tout autre spécialisation. Pour être théologien et pour accomplir un service à l'Université, et, si j'ose dire, à l'humanité - donc le service que l'on attend de lui - il doit aller au-delà et demander: Mais ce qu'on dit ici est-il vrai? Et si c'est vrai, cela nous concerne-t-il? Et de quelle façon cela nous concerne-t-il? Et comment pouvons-nous reconnaître que cela est vrai et nous concerne? Je pense qu'en ce sens, la théologie, même dans le domaine de la science, est exigée et interpellée également au-delà de la science. L'Université, l'humanité, ont besoin de questions. Là où on ne pose plus de questions, jusqu'à celles qui touchent l'essentiel et vont au-delà de toute spécialisation, nous ne recevons même plus de réponses. Ce n'est que si nous demandons et que nous sommes radicaux avec nos questions, aussi radicaux que doit l'être la théologie, au-delà de toute spécialisation, que nous pouvons espérer obtenir des réponses à ces questions fondamentales qui nous concernent tous. Nous devons avant tout poser des questions. Celui qui ne pose pas de questions ne reçoit pas de réponses. Mais, j'ajouterais que, pour la théologie, il faut, outre le courage de poser des questions, également l'humilité d'écouter les réponses que nous donne la foi chrétienne; l'humilité de percevoir dans ces réponses leur caractère raisonnable et de les rendre ainsi à nouveau accessibles à notre temps et à nous-mêmes. Ainsi, non seulement se constitue l'Université, mais on aide également l'humanité à vivre. J'invoque sur vous la Bénédiction de Dieu pour accomplir cette tâche.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES SERVICES DE LA SANTÉ Jeudi 22 mars 2007

Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous accueillir, à l'occasion de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé. J'adresse un salut cordial à chacun de vous, qui êtes venus de diverses parties du monde, et qui manifestez de façon merveilleuse l'engagement des Eglises particulières, des Instituts de Vie consacrée et des nombreuses oeuvres de la communauté chrétienne dans le domaine médical. Je remercie le Cardinal Javier Lozano Barragán, Président du dicastère, des paroles courtoises à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs, en me présentant les objectifs qui font en ce moment l'objet de vos travaux. Je salue avec reconnaissance le Secrétaire, le Sous-Secrétaire, les membres et les consulteurs ici présents, ainsi que les autres collaborateurs.

Votre réunion ne se propose pas d'approfondir un thème spécifique, mais de vérifier le stade de réalisation du programme que vous avez établi précédemment, et de déterminer ensuite les objectifs futurs. C'est pourquoi, vous rencontrer en une circonstance comme celle-ci me donne la joie, pour ainsi dire, d'exprimer à chacun de vous la proximité concrète du Successeur de Pierre, et, à travers lui, de tout le Collège épiscopal dans votre service ecclésial. La pastorale de la santé est, en effet, un domaine extraordinairement évangélique, qui rappelle immédiatement l'oeuvre de Jésus, Bon Samaritain de l'humanité. Lorsqu'il traversait les villages de la Palestine, en annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, Il accompagnait toujours la prédication par les signes qu'il accomplissait sur les malades, en guérissant tous ceux qui étaient prisonniers de toute sorte de maladies et de handicaps. La santé de l'homme, de tout homme, a été le signe que le Christ a choisi pour manifester la proximité de Dieu, son amour miséricordieux qui guérit l'esprit, l'âme et le corps. Chers amis, que cela soit toujours la référence fondamentale de chacune de vos initiatives: se mettre à la suite du Christ, que les Evangiles nous présentent comme "médecin" divin.

Telle est la perspective biblique qui met en valeur le principe éthique naturel du devoir d'apporter des soins au malade, sur la base duquel chaque existence humaine doit être défendue selon les difficultés particulières dans lesquelles elle se trouve et selon nos possibilités concrètes d'aide. Venir au secours de l'être humain est un devoir, tant en réponse à un droit fondamental de la personne, que parce que le soin des personnes a des répercussions bénéfiques sur la communauté. La science médicale progresse lorsqu'elle accepte de remettre toujours en question le diagnostic et la méthode de traitement, avec le présupposé que les connaissances acquises précédemment et les limites présumées peuvent être dépassées. D'ailleurs, l'estime et la confiance à l'égard du personnel médical sont proportionnelles à la certitude que ces avocats de la vie ne mépriseront jamais une existence humaine, aussi diminuée soit-elle, et sauront toujours encourager les tentatives de traitement. L'engagement du traitement doit donc être étendu à tout être humain, dans le but de couvrir son existence tout entière. Le concept moderne de traitement médical est, en effet, la promotion humaine: du soin du malade au soin préventif, avec la recherche du plus grand développement humain, favorisant ainsi un milieu familial et social adéquat.

Cette perspective éthique, fondée sur la dignité de la personne humaine et sur les droits et les devoirs fondamentaux qui y sont liés, est confirmée et renforcée par le commandement de l'amour, centre du message chrétien. Les professionnels de la santé chrétiens savent donc bien qu'il existe un lien très étroit et indissoluble entre la qualité de leur service professionnel et la vertu de la charité à laquelle le Christ les appelle: c'est précisément en accomplissant bien leur travail qu'ils apportent aux personnes le témoignage de l'amour de Dieu. La charité comme devoir de l'Eglise, qui a été l'objet de réflexion dans mon Encyclique Deus caritas est, trouve une réalisation particulièrement significative dans le soin des malades. C'est ce qu'atteste l'histoire de l'Eglise, à travers les innombrables témoignages d'hommes et de femmes qui, tant individuellement qu'en association, ont oeuvré dans ce domaine. C'est pourquoi, parmi les saints qui ont exercé de façon exemplaire la charité, j'ai pu mentionner dans l'Encyclique des figures emblématique comme celles de Jean de Dieu, de Camille de Lellis et de Joseph Cottolengo, qui ont servi le Christ pauvre et souffrant dans les malades.

Chers frères et soeurs, permettez-moi donc de vous remettre idéalement aujourd'hui les réflexions que j'ai proposées dans l'Encyclique, avec les orientations pastorales relatives, concernant le service caritatif de l'Eglise comme "communauté d'amour". Et je peux à présent ajouter à l'Encyclique également l'Exhortation apostolique post-synodale, publiée depuis peu, qui traite amplement et de façon détaillée de l'Eucharistie comme "Sacrement de la charité". C'est précisément à l'Eucharistie que la pastorale de la santé peut continuellement puiser la force de porter secours de façon efficace à l'homme et de le promouvoir selon la dignité qui lui est propre. Dans les hôpitaux et les maisons de soins, la Chapelle est le coeur battant dans lequel Jésus s'offre sans cesse au Père céleste pour la vie de l'humanité. L'Eucharistie, donnée de façon digne et dans un esprit de prière aux malades, représente la sève vitale qui les réconforte et qui diffuse dans leur âme une lumière intérieure pour vivre avec foi et avec espérance leurs maladies et leurs souffrances. Je vous confie donc également ce document récent: faites-le vôtre, appliquez-le au domaine de la pastorale de la santé, en puisant dans celui-ci les orientations spirituelles et pastorales appropriées.

Tandis que je forme les meilleurs voeux pour vos travaux de ces jours-ci, je les accompagne d'un souvenir particulier dans la prière, en invoquant la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, Salus infirmorum, et de la Bénédiction apostolique, que je vous donne de tout coeur à tous, ici présents, ainsi qu'à tous ceux qui collaborent avec vous sur vos lieux de travail, et à toutes les personnes qui vous sont chères.


AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS PROMU PAR LA COMMISSION DES ÉPISCOPATS DE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE (COMECE) Salle Clémentine Samedi 24 mars 2007

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Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous recevoir en si grand nombre à cette audience, qui a lieu à la veille du cinquantième anniversaire de la signature des Traités de Rome, advenue le 25 mars 1957. Une étape importante se réalisait alors pour l'Europe, sortie exsangue du deuxième conflit mondial et désireuse d'édifier un avenir de paix et de plus grand bien-être économique et social, sans éliminer ni nier les diverses identités nationales. Je salue Mgr Adrianus Herman van Luyn, Evêque de Rotterdam, Président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne, et je le remercie des paroles aimables qu'il m'a adressées. Je salue les autres prélats, les éminentes personnalités, ainsi que tous ceux qui prennent part au Congrès promu ces jours-ci par la COMECE pour réfléchir sur l'Europe.

Depuis le mois de mars d'il y a cinquante ans, ce continent a parcouru un long chemin, qui a conduit à la réconciliation des deux "poumons" - l'Occident et l'Orient - liés par une histoire commune, mais séparés de façon arbitraire par un rideau d'injustice. L'intégration économique a encouragé l'intégration politique et a favorisé la recherche, encore péniblement en cours, d'une structure institutionnelle adéquate pour une Union européenne qui compte désormais 27 pays et aspire à devenir un acteur international dans le monde.

Au cours des dernières années, l'on a ressenti toujours plus l'exigence d'établir un équilibre sain entre la dimension économique et la dimension sociale, à travers des politiques capables de produire des richesses et d'accroître la compétitivité, sans toutefois négliger les attentes légitimes des pauvres et des exclus. Sous l'aspect démographique, on doit malheureusement constater que l'Europe semble avoir emprunté une voie qui pourrait la conduire à disparaître de l'histoire. Outre le fait de menacer la croissance économique, cela peut également provoquer d'immenses difficultés à la cohésion sociale, et surtout, favoriser un individualisme dangereux, qui n'est pas attentif aux conséquences pour l'avenir. On pourrait presque penser que le continent européen perd effectivement confiance dans son avenir. En outre, en ce qui concerne, par exemple, le respect de l'environnement ou l'accès réglementé aux ressources et aux investissements en matière d'énergie, la solidarité a du mal à être promue, non seulement dans le domaine international, mais également dans celui strictement national. Le processus d'unification européenne lui-même n'est pas partagé par tous, en raison de l'impression diffuse que divers "chapitres" du projet européen ont été "écrits" sans tenir assez compte des attentes des citoyens.

Tout cela fait apparaître clairement que l'on ne peut pas penser édifier une authentique "maison commune" européenne en négligeant l'identité propre des peuples de notre continent. Il s'agit en effet d'une identité historique, culturelle et morale, avant même d'être géographique, économique ou politique; une identité constituée par un ensemble de valeurs universelles, que le christianisme a contribué à forger, acquérant ainsi un rôle non seulement historique, mais fondateur à l'égard de l'Europe. Ces valeurs, qui constituent l'âme du continent, doivent demeurer dans l'Europe du troisième millénaire comme un "ferment" de civilisation. Si elles devaient disparaître, comment le "vieux" continent pourrait-il continuer de jouer le rôle de "levain" pour le monde entier?

Si, à l'occasion du 50 anniversaire des Traités de Rome, les gouvernements de l'Union désirent s'"approcher" de leurs citoyens, comment pourraient-ils exclure un élément essentiel de l'identité européenne tel que le christianisme, dans lequel une vaste majorité d'entre eux continue de s'identifier?

384 N'est-il pas surprenant que l'Europe d'aujourd'hui, tandis qu'elle vise à se présenter comme une communauté de valeurs, semble toujours plus souvent contester le fait qu'il existe des valeurs universelles et absolues? Cette forme singulière d'"apostasie" d'elle-même, avant même que de Dieu, ne la pousse-t-elle pas à douter de sa propre identité? De cette façon, on finit par répandre la conviction selon laquelle la "pondération des biens" est l'unique voie pour le discernement moral et que le bien commun est synonyme de compromis. En réalité, si le compromis peut constituer un équilibre légitime d'intérêts particuliers différents, il se transforme en mal commun chaque fois qu'il comporte des accords qui nuisent à la nature de l'homme.

Une communauté qui se construit sans respecter la dignité authentique de l'être humain, en oubliant que chaque personne est créée à l'image de Dieu, finit par n'accomplir le bien de personne. Voilà pourquoi il apparaît toujours plus indispensable que l'Europe se garde d'adopter un comportement pragmatique, aujourd'hui largement diffusé, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs humaines essentielles, comme si celui-ci était l'inévitable acceptation d'un prétendu moindre mal. Ce pragmatisme, présenté comme équilibré et réaliste, au fond ne l'est pas, précisément parce qu'il nie la dimension de valeur et d'idéal qui est inhérente à la nature humaine. De plus, lorsque s'ajoutent à ce pragmatisme des tendances et des courants laïcistes et relativistes, on finit par nier aux chrétiens le droit même d'intervenir en tant que tels dans le débat public ou, tout au moins, on dévalorise leur contribution en les accusant de vouloir sauvegarder des privilèges injustifiés. A l'époque historique actuelle, et face aux nombreux défis qui la caractérisent, l'Union européenne, pour être le garant valide de l'Etat de droit et le promoteur efficace de valeurs universelles, ne peut manquer de reconnaître avec clarté l'existence certaine d'une nature humaine stable et permanente, source de droits communs à toutes les personnes, y compris celles-là mêmes qui les nient. Dans ce contexte, il faut sauvegarder le droit à l'objection de conscience, chaque fois que les droits humains fondamentaux sont violés.

Chers amis, je sais combien il est difficile pour les chrétiens de défendre inlassablement cette vérité de l'homme. Mais ne vous lassez pas et ne vous découragez pas! Vous savez que vous avez le devoir de contribuer à édifier, avec l'aide de Dieu, une nouvelle Europe, réaliste mais non pas cynique, riche d'idéaux et libre de toute illusion ingénue, inspirée par la vérité éternelle et vivifiante de l'Evangile. Pour cela, soyez présents de façon active dans le débat public européen, conscients que celui-ci fait désormais partie intégrante du débat national, et unissez à cet engagement une action culturelle efficace. Ne vous pliez pas à la logique du pouvoir pour lui-même! Que l'avertissement du Christ soit pour vous un encouragement et un soutien constant: si le sel vient à s'affadir, il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens (cf.
Mt 5,13). Que le Seigneur rende fécond chacun de vos efforts et qu'il vous aide à reconnaître et à valoriser les éléments positifs présents dans la civilisation actuelle, en dénonçant toutefois avec courage tout ce qui est contraire à la dignité de l'homme.

Je suis certain que Dieu ne manquera pas de bénir l'effort généreux de tous ceux qui, dans un esprit de service, oeuvrent pour construire une maison commune européenne où chaque contribution culturelle, sociale et politique vise au bien commun. A vous, qui participez déjà de diverses façons à cette importante entreprise commune, j'exprime mon soutien et j'adresse mon plus vif encouragement. Et surtout, je vous assure de mon souvenir dans la prière et, tandis que j'invoque la protection maternelle de Marie, Mère du Verbe incarné, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à vos familles et communautés, une Bénédiction affectueuse.

Pour célébrer le 50 anniversaire du traité fondateur de l'Union européenne, la COMECE a organisé, du 23 au 25 mars 2007, en partenariat avec des mouvements et organisations catholiques, un Congrès européen sur le thème "Valeurs et perspectives pour l'Europe de demain, les 50 ans du Traité de Rome". Au cours de cette rencontre, plus de 400 participants de toute l'Europe étaient présents, dont de nombreuses personnalités religieuses et politiques. Celle-ci a eu pour objectif de permettre aux chrétiens d'identifier et d'affirmer les valeurs qui ont soutenu le projet européen depuis ses débuts et qui doivent aujourd'hui être revivifiées. En amont de ce Congrès, les Evêques membres de la COMECE ont mis en place un Comité des sages, composé de 25 personnalités européennes issues de 20 pays membres. Ce Comité a rédigé un rapport sur les fondements éthiques de l'Union européenne, qui a servi de base à la réflexion des participants au Congrès. A l'issue de la rencontre, les participants ont adressé un "Message de Rome" à l'attention des chefs d'Etat et de gouvernements réunis au Conseil européen de Berlin le 25 mars 2007.



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