Discours 2005-2013 384

AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE PROMU PAR LA FRATERNITÉ "COMMUNION ET LIBÉRATION" Place Saint-Pierre Samedi 24 mars 2007



Chers frères et soeurs,

C'est pour moi une grande joie de vous accueillir aujourd'hui, sur cette Place Saint-Pierre, à l'occasion du XXV anniversaire de la reconnaissance pontificale de la Fraternité "Communion et Libération". J'adresse à chacun de vous un salut cordial, en particulier aux prélats, aux prêtres et aux responsables présents. Je salue de manière particulière Dom Julián Carrón, Président de votre Fraternité, et je le remercie des paroles profondes et belles qu'il m'a adressées en votre nom à tous.

Ma première pensée va vers votre fondateur, Mgr Luigi Giussani, à qui tant de souvenirs me lient et qui était devenu un véritable ami. La dernière rencontre, comme l'a rappelé Mgr Carrón, eut lieu dans la cathédrale de Milan, au mois de février il y a deux ans, lorsque le bien-aimé Jean-Paul II m'envoya présider ses funérailles solennelles. A travers lui, l'Esprit Saint a suscité dans l'Eglise un Mouvement, le vôtre, qui devait témoigner de la beauté d'être chrétiens à une époque où se diffusait l'opinion que le christianisme était quelque chose de difficile et d'opprimant à vivre. Dom Giussani s'engagea alors à réveiller chez les jeunes l'amour pour le Christ "Chemin, Vérité et Vie", en répétant que Lui seul est la route vers la réalisation des désirs les plus profonds du coeur de l'homme, et que le Christ ne nous sauve pas au détriment de notre humanité, mais à travers elle. Comme je l'ai rappelé dans l'homélie lors de ses funérailles, ce prêtre courageux, qui avait grandi dans une maison pauvre de pain mais riche de musique - comme il aimait lui-même le dire - fut dès le début touché, et même blessé, par le désir de la beauté, mais pas d'une beauté quelconque. Il recherchait la Beauté même, la Beauté infinie qu'il trouva dans le Christ. En outre, comment ne pas rappeler les nombreuses rencontres et contacts de Dom Giussani avec mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II? Lors d'une fête qui vous est chère, le Pape voulut encore une fois réaffirmer que l'intuition pédagogique originale de "Communion et Libération" réside dans le fait de reproposer de manière fascinante et en harmonie avec la culture contemporaine, l'événement chrétien, perçu comme source de nouvelles valeurs et en mesure d'orienter l'existence tout entière.

L'événement, qui a changé la vie du Fondateur, a également "blessé" celle de ses très nombreux fils spirituels, et a donné lieu à de multiples expériences religieuses et ecclésiales qui forment l'histoire de votre Famille spirituelle vaste et ramifiée. "Communion et Libération" représente une expérience communautaire de foi, née au sein de l'Eglise non pas d'une volonté organisative de la hiérarchie, mais suscitée par une rencontre renouvelée avec le Christ et donc, pouvons-nous dire, d'une impulsion dérivant en définitive de l'Esprit Saint. Aujourd'hui encore, celle-ci se présente comme une possibilité de vivre de manière profonde et actuelle la foi chrétienne, d'une part dans une totale fidélité et communion avec le Successeur de Pierre et avec les Pasteurs qui assurent le gouvernement de l'Eglise; de l'autre, avec une spontanéité et une liberté qui permettent de nouvelles réalisations apostoliques et missionnaires prophétiques.

385 Chers amis, votre Mouvement s'inscrit ainsi dans cette vaste floraison d'associations, de mouvements et de nouvelles réalités ecclésiales suscitées de manière providentielle par l'Esprit Saint dans l'Eglise après le Concile Vatican II. Chaque don de l'Esprit se trouve à l'origine et nécessairement au service de l'édification du Corps du Christ, en offrant un témoignage de l'immense charité de Dieu pour la vie de chaque homme. La réalité des Mouvements ecclésiaux est donc le signe de la fécondité de l'Esprit du Seigneur, afin que se manifeste dans le monde la victoire du Christ ressuscité et que s'accomplisse le mandat missionnaire confié à toute l'Eglise. Dans le message au Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux, le 27 mai 1998, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II répéta que, dans l'Eglise, il n'y a pas d'opposition entre la dimension institutionnelle et la dimension charismatique, dont les Mouvements sont une expression significative, car toutes deux sont coessentielles à la constitution divine du Peuple de Dieu. Dans l'Eglise, les institutions essentielles sont également charismatiques et, d'autre part, les charismes doivent d'une manière ou d'une autre s'institutionnaliser pour trouver une cohérence et une continuité. Ainsi, les deux dimensions, qui ont pour origine le même Esprit Saint pour le Corps du Christ lui-même, concourent ensemble à rendre présents le mystère et l'oeuvre salvifique du Christ dans le monde. Cela explique l'attention avec laquelle le Pape et les Pasteurs considèrent la richesse des dons charismatiques à l'époque contemporaine. A ce propos, au cours d'une récente rencontre avec le clergé et les curés de Rome, en rappelant l'invitation que saint Paul adresse dans la Première Lecture aux Thessaloniciens à ne pas étouffer les charismes, j'ai dit que si le Seigneur nous donne de nouveaux dons, nous devons en être reconnaissants, même s'ils sont parfois dérangeants. Dans le même temps, puisque l'Eglise est une, si les Mouvements sont réellement des dons de l'Esprit Saint, ils doivent naturellement s'insérer dans la Communauté ecclésiale et la servir de manière à ce que, dans le dialogue patient avec les pasteurs, ils puissent constituer des éléments édifiants pour l'Eglise d'aujourd'hui et de demain.

Chers frères et soeurs, le regretté Jean-Paul II, dans une autre circonstance, pour vous très significative, vous laissa cette consigne: "Allez dans le monde entier apporter la vérité, la beauté et la paix, que l'on rencontre dans le Christ Rédempteur". Dom Giussani fit de ces paroles le programme de tout le Mouvement et pour "Communion et Libération", ce fut le début d'une saison missionnaire qui vous a conduits dans quatre-vingts pays. Aujourd'hui, je vous invite à poursuivre cette route, avec une foi profonde, personnalisée et solidement enracinée dans le Corps vivant du Christ, l'Eglise, qui garantit le caractère contemporain de Jésus avec nous. Nous terminons notre rencontre en tournant notre pensée vers la Vierge avec la récitation de l'Angelus. Dom Giussani nourrissait une profonde dévotion à son égard, alimentée par l'invocation Veni Sancte Spiritus, veni per Mariam et par la récitation de l'Hymne à la Vierge de Dante Alighieri, que vous avez répété ce matin aussi. Que la Sainte Vierge vous accompagne et qu'elle vous aide à prononcer avec générosité votre "oui" à la volonté de Dieu en toute circonstance. Chers amis, vous pouvez compter sur mon souvenir constant dans la prière, alors que je vous bénis avec affection, vous qui êtes ici présents, ainsi que votre Famille spirituelle tout entière.

VISITE PASTORALE DANS LA PAROISSE ROMAINE

DE SAINTE FÉLICITÉ ET SES FILS MARTYRS

SALUT

AUX FIDÈLES DE LA PAROISSE AU DÉBUT DE LA CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE V Dimanche de Carême, 25 mars 2007

Chers frères et soeurs,

En ce dimanche de printemps - même si le temps n'est pas très beau - je vous salue tous cordialement, en commençant par le Cardinal-Vicaire, par l'Evêque auxiliaire, et par le curé. Mais c'est surtout vous que je salue, qui êtes la paroisse vivante, les "pierres vivantes" de l'Eglise.

C'est aujourd'hui le jour de l'Annonciation de Marie, le jour où nous rappelons que Marie, par son "oui", a ouvert le Ciel, si bien qu'à présent, Dieu est l'un de nous. Elle nous invite à dire nous aussi "oui" à Dieu, à le laisser entrer dans nos vies. Vous possédez cette belle Eglise paroissiale, signe visible que Dieu habite parmi nous. Mais il est toujours important de construire l'Eglise vivante. Et vous, avec votre foi, avec votre engagement, vous construisez jour après jour l'Eglise vivante, qui donne ensuite vie à l'édifice.

Merci de votre engagement! Espérons que le Seigneur vous accorde un bon Dimanche!

VISITE PASTORALE DANS LA PAROISSE ROMAINE

DE SAINTE FÉLICITÉ ET SES FILS MARTYRS

SALUT

AU CONSEIL PASTORAL DE LA PAROISSE V Dimanche de Carême, 25 mars 2007



Chers frères et soeurs,

Je suis tout simplement heureux de me trouver parmi vous, de voir une communauté riche de foi, une communauté jeune, et de voir ainsi comment l'Eglise vit aujourd'hui. Alors que le centre de Rome s'est un peu dépeuplé, nous voyons qu'il existe ici une Rome vivante. C'est la communauté à laquelle saint Paul a écrit et dans laquelle saint Pierre a enseigné l'Evangile. Ici est né l'Evangile de saint Marc, selon la tradition, comme reflet de la prédication de saint Pierre. Nous sommes donc dans un lieu où, depuis les débuts, la semence de la Parole de Dieu a grandi et où a également grandi l'"agape", l'amour, si bien que cent ans plus tard - plus ou moins en l'an 100 - saint Ignace pouvait dire que Rome préside à la charité. Et il doit en être ainsi. Il n'est pas suffisant que le Pape réside à Rome. A Rome doit vivre une Eglise active, engagée, une Eglise qui préside dans la charité. C'est donc pour moi une expérience très heureuse de voir dans votre paroisse que cette Eglise de Rome existe, qu'elle est encore vivante après deux mille ans.

Je voudrais tous vous saluer. Votre curé m'a déjà présenté les divers membres de la communauté ici présents. Nous commençons naturellement avec le Cardinal-Vicaire, avec l'Evêque auxiliaire, le curé et les prêtres. Et puis il y a de nombreux groupes. Il n'est pas nécessaire de répéter à présent ce qu'a déjà dit votre curé. Je suis reconnaissant à tous ceux qui collaborent. Et je suis reconnaissant pour la belle poésie qui m'a été présentée; on sent qu'elle naît véritablement du coeur de cette communauté. Je vois qu'à Rome, le don de la poésie est encore vivant, également en ces temps peu poétiques, pourrait-on dire.

386 A présent, je ne voudrais pas recommencer avec des considérations et des réflexions trop difficiles. Je voudrais seulement remercier le laïcat adulte, qui construit la paroisse vivante. Il y a ici des Pères vocationnistes. Le terme "Vocationnistes" fait penser à "vocation". Nous pouvons examiner deux dimensions de ce mot. On pense tout d'abord à la vocation au sacerdoce. Mais ce mot a une dimension beaucoup plus vaste, plus générale. Chaque homme contient en lui un projet de Dieu, une vocation personnelle, une idée personnelle de Dieu sur ce qu'il est appelé à faire dans l'histoire pour construire son Eglise, Temple vivant de sa présence. Et la fonction du sacerdoce est surtout celle de réveiller cette conscience, d'aider à découvrir la vocation personnelle, le projet de Dieu pour chacun de nous. Je vois que de nombreuses personnes ici ont découvert le projet les concernant, que ce soit en ce qui concerne leur vie professionnelle, dans la formation de la société d'aujourd'hui - dans laquelle la présence des consciences chrétiennes est fondamentale - ou également l'appel à collaborer afin que l'Eglise grandisse et vive. Les deux choses sont tout aussi importantes. Une société dans laquelle la conscience chrétienne ne vit plus, perd son orientation, ne sait plus où aller, ne sait plus ce qui est permis et ce qui ne l'est pas, et elle finit dans le vide, échoue. Ce n'est que si la conscience vivante de la foi illumine nos coeurs, que nous pouvons également édifier une société plus juste. Ce n'est pas le Magistère qui impose des doctrines. Le Magistère aide afin que la conscience elle-même puisse écouter la voix de Dieu, que la conscience elle-même puisse savoir ce qui est bien, quelle est la volonté du Seigneur. Il est simplement un soutien, afin que la responsabilité personnelle, nourrie par une conscience vivante, puisse réellement fonctionner et contribuer ainsi à faire en sorte que la justice soit vraiment présente dans notre société: la justice en son sein et la justice universelle pour tous les frères dans le monde d'aujourd'hui. Aujourd'hui, il n'y a pas que la mondialisation économique: il y a aussi la mondialisation de la responsabilité; cette universalité, en raison de laquelle nous sommes tous responsables de tous.

L'Eglise nous offre la rencontre avec le Christ, avec le Dieu vivant, avec le "Logos" qui est la Vérité, la Lumière, qui ne fait pas violence aux consciences, qui n'impose pas une doctrine partielle, mais qui nous aide à être nous-mêmes des hommes et des femmes pleinement accomplis et à vivre ainsi dans la responsabilité personnelle et dans la communion plus profonde entre nous, une communion qui naît de la communion avec Dieu, avec le Seigneur.

Je vois ici cette communauté vivante. Je suis reconnaissant aux prêtres, je suis reconnaissant à vous tous, qui êtes leurs collaborateurs. Et je souhaite que le Seigneur vous aide et vous illumine toujours. Aujourd'hui, Dimanche de la Passion, je vous souhaite dès à présent une Bonne Pâque et je vous souhaite également pour l'avenir le plus grand bien pour votre paroisse, pour votre communauté, pour ce quartier de Fidene.


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE D'UKRAINE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 30 mars 2007



Madame l'Ambassadeur,

J’accueille avec plaisir Votre Excellence, à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d’Ukraine près le Saint-Siège.

Je vous remercie des aimables paroles que vous m'avez adressées, ainsi que des salutations que vous m’avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Victor Iouchtchenko, Président de la République. Je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer en retour les souhaits cordiaux que je forme pour sa personne, ainsi que mes remerciements pour son invitation chaleureuse à visiter votre beau pays, me souvenant de la visite pastorale accomplie par mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II en 2001. Par votre intermédiaire, je suis heureux d’adresser également au peuple ukrainien mes voeux les meilleurs de bonheur et de prospérité.

Quinze ans ont passé depuis que le Saint-Siège et votre pays ont établi des relations diplomatiques et le chemin parcouru est important. L’Ukraine, qui a toujours eu une vocation de porte entre l’Orient et l’Occident en raison de sa situation géographique aux confins orientaux du continent européen, a entrepris et intensifié, au cours de ces années, une politique d’ouverture et de collaboration avec les autres pays du continent. Le Saint-Siège apprécie cette perspective qui contribue à redonner à l’Europe sa véritable dimension, en assurant les conditions d’un échange fructueux entre pays de l’Ouest et de l’Est, entre les deux poumons culturels qui ont forgé l’histoire de l’Europe et qui ont marqué notamment son histoire chrétienne. Je suis sûr que la nation ukrainienne, profondément imprégnée par l’Évangile dans sa vie, dans sa culture et dans ses institutions, depuis son baptême plus que millénaire à Kiev, aura à coeur d’apporter aux autres nations le dynamisme de son identité, tout en en préservant les caractéristiques originales. Il importe en effet, dans notre monde de plus en plus contraint par les urgences de la mondialisation, de favoriser un dialogue exigeant et approfondi entre les cultures comme entre les religions, non pour les niveler toutes dans un syncrétisme appauvrissant mais pour leur permettre de se développer dans un respect réciproque et de travailler, chacune selon son charisme propre, au bien commun. Cette perspective permettra assurément de réduire les sources toujours possibles de tension et d’affrontement entre les groupes ou entre les nations, et elle garantira ainsi à tous les conditions d’une paix et d’un développement durables.

Je me réjouis à cet égard du bon climat des relations entre les Autorités publiques et les Églises et Communautés ecclésiales qui vivent en Ukraine. Les croyants jouissent dans votre pays de la liberté religieuse, qui est une dimension essentielle de la liberté de l’homme et donc une expression majeure de sa dignité. Selon une juste distinction des responsabilités propres à la sphère religieuse et à la sphère civile, l’État reconnaît en effet les différents cultes et les diverses confessions religieuses, et il leur assure un droit égal devant la loi, permettant ainsi à chacun de trouver sa place dans la société ukrainienne et d’y jouer son rôle spécifique, pour le bien de la Nation tout entière.

L’une des vocations propres à l’Église catholique s’exprime dans l’importance qu’elle a toujours accordée à l’éducation des jeunes, notamment à travers l’apostolat des nombreux instituts religieux qui, au cours de l’histoire, se sont consacrés à cette oeuvre. Il s’agit pour l’Église de permettre aux jeunes de recevoir une formation solide et intégrale, fondée sur les principes de l’éthique chrétienne et donc de la dignité fondamentale de l’être humain, créé à l’image de Dieu. Ils pourront ainsi trouver un chemin d’épanouissement personnel, moral et spirituel, et ils seront davantage en mesure d’assumer demain leur mission dans la société, en ayant le souci permanent de promouvoir le respect de la dignité humaine à travers ses différentes expressions, dans les domaines de la politique, de l’économie et de la bioéthique. L’Église catholique souhaite participer activement à cette grande mission éducative, en mettant son expérience au service de tous, en relation avec les autres confessions chrétiennes, comme le montre déjà la collaboration entreprise et menée à bien dans le cadre du Conseil pan-ukrainien des Églises et des Organisations religieuses, afin d’élaborer ensemble un programme concernant l’enseignement de l’éthique chrétienne dans les écoles publiques.

Je tiens également à exprimer ma satisfaction pour le droit accordé récemment par le Ministère de l’Éducation à l’Université catholique d’Ukraine de décerner le Baccalauréat et la Licence en théologie. Il s’agit à l’évidence d’un événement important pour la vie de l’Église en Ukraine puisque, par cette décision, les Autorités ukrainiennes reconnaissent à la théologie le statut de discipline universitaire.

387 Permettez-moi encore, Madame l’Ambassadeur, de saluer par votre entremise la communauté catholique qui vit en Ukraine. Elle appartient aux deux rites byzantin et latin et elle porte en son sein le souci du dialogue permanent entre les deux traditions orientale et occidentale, qui appartiennent à la vie de l’Église catholique et qui ont façonné l’histoire du continent européen ainsi que de votre pays. Je remercie particulièrement Monsieur le Président de la République pour son attention cordiale à l’égard des Évêques de la Conférence épiscopale d’Ukraine des Latins qui l’ont rencontré récemment, et je suis sûr de l’engagement de tous les catholiques d’Ukraine au service du bien commun du pays. Je sais qu’ils souhaitent témoigner quotidiennement de l’Évangile à travers la solidarité avec les petits, la volonté de construire la paix et le désir de consolider toujours davantage les valeurs de la famille établie sur l’institution du mariage. Je connais également leur désir d’avancer sur le chemin de l’unité avec leurs frères orthodoxes, ainsi qu’avec leurs frères des autres confessions chrétiennes. Je les encourage donc à se montrer toujours disponibles pour consolider le dialogue oecuménique, si nécessaire pour surmonter les difficultés et pour parvenir à l’unité tant attendue, afin de donner au monde un témoignage plus vrai de la Bonne Nouvelle.

Au moment où Votre Excellence inaugure officiellement ses fonctions, je forme les souhaits les meilleurs pour l’heureux accomplissement de sa mission. Soyez sûre, Madame l’Ambassadeur, de toujours trouver auprès des différents services du Saint-Siège une attention et une compréhension cordiales. Sur vous-même, sur votre famille, sur vos collaborateurs de l’Ambassade et sur les Autorités et le peuple ukrainiens, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.


AUX MEMBRES ET AUX DIRIGEANTS DE LA "CONFÉDÉRATION DES ARTISANS ITALIENS" Salle Paul VI Samedi 31 mars 2007



Chers amis,

J'apprécie tout particulièrement votre visite et j'adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je salue en particulier votre Président, M. Giorgio Natalino Guerrini, et je le remercie des paroles courtoises et profondes qu'il m'a adressées en votre nom à tous. J'étends ma pensée respectueuse aux autres dirigeants et aux membres de votre Confédération, qui a désormais plus de soixante ans, des années riches d'une intense activité.

En effet, fondée en 1946 sur le principe de la libre adhésion et ouverte à toutes les origines géographiques, sectorielles et culturelles du monde de l'entreprise artisanale et des petites entreprises, la "Confartigianato" a apporté une indéniable contribution à la construction de la nation italienne moderne. Elle en a caractérisé, sous certains aspects importants, l'évolution sociale et économique, artistique et culturelle et elle a imprimé au progrès de l'Italie, la marque d'un certain style. En effet, si il y a quelques décennies encore, l'artisan évoquait quelque chose de "vieux et pittoresque", une image associée à celle de la boutique du serrurier ou du cordonnier, aujourd'hui elle signifie plutôt autonomie, créativité, personnalisation de la production de biens et de services.

Chers amis, votre présence m'offre l'opportunité de réfléchir sur un aspect important de l'expérience humaine. Je veux parler de la réalité du travail qui, à l'époque historique actuelle, se trouve au centre de vastes changements économiques et sociaux, des mutations qui sont toujours plus rapides et com- plexes. Dans la Bible, à plusieurs reprises, est mis en lumière le sens authentique du travail humain, à commencer par la Genèse où nous lisons comment le Créateur façonna l'homme à son image et ressemblance et l'invita à travailler la terre (cf. Gn Gn 2,5-6). Le travail appartient donc à la condition originelle de l'homme. Ce fut malheureusement à cause du péché de nos premiers ancêtres qu'il devint fatigue et peine (cf. Gn Gn 3,6-8), mais, malgré cela, dans le projet divin, il conserve toute sa valeur. Et l'Eglise, fidèle à la Parole de Dieu, ne cesse de rappeler le principe selon lequel "le travail est pour l'homme et non l'homme pour le travail" (Laborem exercens LE 6). Elle proclame ainsi sans cesse le primat de l'homme sur l'oeuvre de ses mains et elle rappelle que tout doit être finalisé au vrai progrès de la personne humaine et au bien commun: le capital, la science, la technique, les ressources publiques et la propriété privée elle-même.

Cela a trouvé une heureuse réalisation précisément dans les entreprises artisanales que vous représentez, inspirées des enseignements de l'Evangile et des principes de la Doctrine sociale de l'Eglise. Je suis heureux de rappeler ici ce qu'affirme à ce propos le Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, à savoir que "le travail dans les petites et moyennes entreprises, le travail artisanal et le travail indépendant, peuvent constituer une occasion de rendre plus humaine l'expérience du travail, tant en raison de la possibilité d'établir des relations interpersonnelles positives dans des communautés de petites dimensions, qu'en raison des opportunités offertes par une plus grande initiative et sens de l'entreprise" (n. 315).

Chers artisans, à l'occasion du Grand Jubilé de l'An 2000, mon Prédécesseur Jean-Paul II eut l'occasion de vous adresser des paroles significatives, qui conservent toute leur actualité et leur urgence. Aujourd'hui je voudrais symboliquement les soumettre à nouveau à toute la "Confartigianato": "Vous pouvez redonner de la force et un caractère concret - vous disait notre bien-aimé Pape - à ces valeurs qui caractérisent depuis toujours votre activité: l'aspect qualitatif, l'esprit d'initiative, la promotion des capacités artistiques, la liberté et la coopération, le rapport correct entre la technologie et l'environnement, le respect de la famille, les relations de bon voisinage". "La civilisation des artisans - ajouta-t-il - a su construire, par le passé, de grandes occasions de rencontre entre les peuples et elle a transmis aux époques successives des synthèses admirables de culture et de foi" (Insegnamenti de Jean-Paul II, 2000, vol. 1P 372).

Chers amis, continuez avec ténacité et persévérance à conserver et à valoriser la culture productive artisanale, capable de donner le jour à de grandes opportunités de progrès économique équilibré et de rencontre entre les hommes et les peuples. En outre, en tant que chrétiens, engagez-vous à vivre et à témoigner l'"Evangile du travail", conscients que le Seigneur appelle tous les baptisés à la sainteté à travers leurs occupations quotidiennes. Saint Josemaría Escrivá, un saint de notre époque, note à ce propos que le travail, pour avoir été assumé par le Christ - qui a travaillé comme artisan - "nous apparaît comme une activité qui a été rachetée à son tour: ce n'est pas seulement le cadre de la vie de l'homme, mais un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l'on peut sanctifier" (Quand le Christ passe, Homélies, n. 47).

388 Puissent vous aider dans cette tâche, qui devient un précieux service à l'évangélisation, la Vierge Marie, qui vécut une vie cachée et active, et saint Joseph, Patron de l'Eglise et votre Protecteur particulier. A l'école de la Famille de Nazareth, vous pouvez plus facilement apprendre comment conjuguer une vie de foi cohérente avec l'effort et les difficultés du travail, le profit personnel et l'engagement de solidarité envers les personnes indigentes. Tout en vous renouvelant l'expression de ma gratitude pour votre visite, je vous assure de mon souvenir dans la prière pour chacun de vous et pour vos diverses activités, et de tout coeur je vous bénis ainsi que les personnes qui vous sont chères.

                                                  Avril 2007

XXII JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

SALUTS

AU TERME DE LA CÉLÉBRATION LITURGIQUE DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR Place Saint-Pierre, 1er avril 2007


Aux pèlerins francophones réunis en ce dimanche des Rameaux, et en particulier aux jeunes, venus pour la Journée mondiale de la Jeunesse 2007, j'adresse mes cordiales salutations. En accueillant les paroles de Jésus: "Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres" (Jn 13,34), puissiez-vous lui ouvrir vos coeurs et grandir dans l'amour véritable, en vous mettant à sa suite sur le chemin de la Croix, qui révèle pleinement l'amour de Dieu à tous les hommes!

Je vous salue enfin, chers frères et soeurs de langue italienne, en particulier les jeunes, venus à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse. Je souhaite à tous une Semaine Sainte riche de fruits spirituels, et je vous invite donc à la vivre en union intime avec la Vierge Marie. Apprenons d'Elle le silence intérieur, le regard du coeur, la foi pleine d'amour pour suivre Jésus sur la voie de la Croix, qui conduit à la lumière joyeuse de la Résurrection.

CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE

PAROLES Vendredi Saint 6 avril 2007



Chers frères et soeurs,

En suivant Jésus sur le chemin de la Passion, nous voyons non seulement la Passion de Jésus, mais nous voyons tous ceux qui souffrent dans le monde et telle est la profonde intention de la prière de la Via Crucis: ouvrir nos coeurs, nous aider à voir avec le coeur.

Les Pères de l'Eglise considéraient que le plus grand péché du monde païen était son insensibilité, sa dureté de coeur, et ils aimaient la prophétie du prophète Ezéchiel: "J'ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair" (Ez 36,26). Se convertir au Christ, devenir chrétien signifiait recevoir un coeur de chair, un coeur sensible à la passion et à la souffrance des autres.

Notre Dieu n'est pas un Dieu lointain, intouchable dans sa béatitude: notre Dieu a un coeur. Il a même un coeur de chair, il s'est fait chair précisément pour pouvoir souffrir avec nous et être avec nous dans nos souffrances. Il s'est fait homme pour nous donner un coeur de chair et pour réveiller en nous l'amour pour ceux qui souffrent, pour les personnes dans le besoin.

En cette heure, prions le Seigneur pour toutes les personnes qui souffrent dans le monde, prions le Seigneur afin qu'il nous donne vraiment un coeur de chair, qu'il fasse de nous des messagers de son amour non seulement à travers les paroles, mais à travers toute notre vie. Amen.


AU CARDINAL FRIEDRICH WETTER ACCOMPAGNÉ PAR UNE DÉLÉGATION DU CHAPITRE MÉTROPOLITAIN Salle Clémentine Lundi 16 avril 2007

16407

Cher Monsieur le Cardinal,
cher Monsieur le Chanoine,
chers amis!

Je dois tellement de remerciements que je ne sais plus par où commencer! Et lorsque le coeur est comblé, les mots peuvent parfois abonder, mais d'autres fois, la bouche peut aussi rester sans voix. En ce moment, les mots me manquent pour exprimer ma reconnaissance comme je voudrais le faire selon mon coeur. Je veux te remercier de tout coeur, toi, cher confrère, pour tout ce que tu as donné au cours de ces longues années en tant qu'Archevêque de Munich - toute ta force, ta foi, ton amour, ta connaissance, ton courage et ton amitié. Je pense que l'archidiocèse ressent tout cela et qu'il sait qu'il a été guidé par un bon pasteur. En ces heures, nous prions le Bon Dieu afin qu'il nous aide à trouver la personne juste qui pourra reprendre entre ses mains le pastoral de saint Corbinien.
Je voudrais surtout remercier de tout coeur pour tout ce que j'ai pu vivre au cours de ces belles journées de ma visite en Bavière - en particulier à Munich et à Freising: pour l'amour, l'attention, le soin dans la préparation, le dévouement et, bien sûr, la prière en commun. Ces journées - depuis le début à l'aéroport et en particulier sur la Marienplatz, dans la cathédrale de Munich et dans celle de Freising, à la Foire et à l'Evêché même - sont présentes dans mon esprit de manière lumineuse. L'homme a besoin de souvenirs qui l'aident. J'ai l'habitude de reparcourir avec une âme reconnaissante le paysage des souvenirs; et j'aime alors, en particulier, revenir en esprit à ces jours bénis.

Je vous remercie tous, chers confrères. Je suis lié à chacun, d'une certaine manière, par une relation personnelle particulière; il n'est pas nécessaire que j'en dresse la liste à présent - et cela ne serait même pas possible. Je sais bien que, chacun à sa place, vous exercez un service pour l'archidiocèse, pour l'Eglise de Dieu, en profonde communion avec celui qui a été choisi comme successeur de Pierre. Je sais que, pour ainsi dire, un parcours existentiel tout entier et le don d'une vie, la lutte intérieure et les difficultés d'une existence, sont mêlées dans votre engagement et rayonnent sur l'archidiocèse, contribuant à faire en sorte que vous puissiez vivre la foi dans la communion de l'Eglise, dans la communion avec le Seigneur et dans la communion avec Notre-Dame de Munich et la transmettre avec joie à l'avenir. Vous constituez le chapitre métropolitain de Notre-Dame - quel beau nom, qui unit, précisément, la metropolis, c'est-à-dire la ville-mère de la foi avec la Mère de la foi elle-même, pour apporter ainsi la chaleur et la cordialité de la foi dans notre terre bavaroise.

Ce matin, j'ai eu deux entretiens encourageants: l'un avec le Ministre-Président bavarois et l'autre avec le Ministre-Président du Schleswig-Holstein qui, bien qu'à partir de milieux et de tempéraments considérablement différents, ont cependant tous deux manifesté la certitude intérieure que la foi ouvre vers l'avenir et qu'en ce moment de la rencontre des cultures, mais également du conflit qui menace les cultures, il est très important que la force intérieure, pacifiante et qui guérit de la foi chrétienne demeure vivante dans notre peuple, influençant ainsi l'avenir comme une force de bien.

Il y a également eu une autre rencontre positive ce matin: la rencontre avec le Métropolite Ioannis Zizioulas de Pergame, envoyé du Patriarche de Constantinople, l'un des grands défenseurs du dialogue catholique-orthodoxe. Il est soutenu par une profonde conviction intérieure, c'est-à-dire que la rencontre entre Rome et l'orthodoxie est d'une importance fondamentale pour le continent européen et pour l'avenir de l'histoire universelle et que nous devons faire tous les efforts possibles, afin que cette rencontre mène vraiment à la communion fraternelle et que de celle-ci, naisse ensuite la bénédiction de la communion de la foi: la bénédiction pour que l'humanité puisse voir que nous sommes "un" et, sur cette base, croire au Christ. - Je pense que telle est notre mission à tous: nous engager - chacun selon son rôle - afin que la force de la foi devienne active dans ce monde, efficace comme joie, comme confiance, comme don en cette période.

Je vous remercie encore de la rencontre à Munich et de la rencontre actuelle. Prions ensemble pour que le Seigneur aide chacun de nous à accomplir ce qui est juste et que notre histoire soit ainsi bénie. Je remercie chacun de tout coeur, et saluez la Bavière pour moi!



Discours 2005-2013 384