Discours 2005-2013 444

À S.E. Mme AYESHA RIYAZ, NOUVEL AMBASSADEUR DU PAKISTAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 1er juin 2007



Votre Excellence,

C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République islamique du Pakistan près le Saint-Siège. Je vous prie de transmettre mes salutations au Président, S.E. M. Pervez Musharraf, ainsi qu'au gouvernement et au peuple de votre nation. Je suis certain que l'esprit de coopération qui caractérise nos relations diplomatiques depuis plus de cinq décennies continuera de promouvoir les valeurs fondamentales qui servent à défendre la dignité inhérente à la personne humaine. Je vous prie également de transmettre mes salutations affectueuses aux fidèles catholiques du Pakistan et à leurs Evêques, et de les assurer de mes prières ferventes pour leur bien-être.

Vous avez souligné, à juste titre, notre objectif commun de promouvoir la paix et la justice dans le monde, afin d'assurer un meilleur avenir à l'humanité. Cela ne peut être accompli que s'il existe une authentique coopération entre les personnes, les religions et les nations. A cet égard, le Saint-Siège apprécie l'engagement du Pakistan en vue d'oeuvrer avec la Communauté internationale pour parvenir à une plus grande stabilité dans votre région et protéger les vies innocentes des menaces du terrorisme et de la violence. La route qui conduit à la sécurité nationale et internationale est longue et difficile. Elle exige une grande patience et détermination. En dépit des obstacles qui se dressent le long du chemin, tous les efforts en vue de conserver ouverte la voie de la paix, de la stabilité et de l'espérance devraient être encouragés et promus.

Le peuple du Pakistan ne connaît que trop bien les souffrances provoquées par la violence et l'illégalité qui, comme Votre Excellence l'a souligné à juste titre, conduisent à la déstabilisation. Les principes de la démocratie garantissent la liberté d'exprimer publiquement les opinions politiques de diverses façons. Ce droit devrait toujours être exercé de façon responsable, afin que l'ordre civil soit maintenu et que l'harmonie sociale soit protégée et promue. Je sais que votre gouvernement est conscient du devoir d'affronter les racines des troubles et de l'agitation politiques à l'intérieur de vos frontières et de renforcer les moyens de soutenir les institutions civiles et démocratiques. De cette façon, on promeut la solidarité nationale et l'on encourage les moyens pacifiques de concilier les différences.

445 Une mesure que votre pays a prise dans ce sens est illustrée par vos récentes réformes électorales, qui visent à faciliter la pleine participation de tous les citoyens, y compris ceux qui appartiennent à des groupes minoritaires. Je voudrais également saluer les récentes décisions législatives au Pakistan, visant à éliminer les formes injustes de préjugés et de discriminations contre les femmes. Le Pakistan a toujours accordé une profonde valeur à l'éducation. Une bonne scolarisation assure non seulement le développement cognitif des enfants, mais également leur développement spirituel. Guidés par leurs enseignants à la découverte du caractère unique de chaque être humain en tant que créature de Dieu, les jeunes parviendront à reconnaître la dignité commune de tous les hommes et femmes, y compris ceux qui appartiennent à des cultures et à des religions différentes des leurs. De cette façon, la vie civile d'une nation mûrit, permettant à tous les citoyens de bénéficier des fruits d'une véritable tolérance et du respect mutuel.

Une société démocratique solide dépend de sa capacité à défendre et à protéger la liberté religieuse - un droit fondamental inhérent à la dignité même de la personne humaine. Il est donc essentiel de protéger les citoyens appartenant à des minorités religieuses contre les actes de violence. Une telle protection est non seulement en accord avec la dignité humaine, mais contribue également au bien commun. A une époque où les menaces contre la liberté religieuse deviennent plus préoccupantes partout dans le monde, j'encourage le Pakistan à soutenir ses efforts en vue de garantir la liberté pour les populations de vivre, d'exercer leur culte et d'accomplir des oeuvres de charité selon les préceptes de leur conscience et libres de toute intimidation. Il existe, en effet, un lien inséparable qui relie l'amour et le culte de Dieu tout-puissant avec l'amour et le service envers son prochain (Deus caritas est ). Le Pakistan a été le témoin de cette charité active à la suite du tragique tremblement de terre qui a frappé votre nation en 2005, lorsque de nombreuses Organisations, y compris l'Eglise catholique, ont contribué à soulager les souffrances des personnes frappées par cette catastrophe naturelle. L'Eglise catholique continue de jouer un rôle important dans le domaine de l'éducation, des soins médicaux et d'autres services caritatifs offerts à tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse.

Je désire conclure en exprimant mon profond respect et mon admiration pour l'héritage religieux qui a inspiré le développement humain de votre pays, et qui continue d'animer ses aspirations à une plus grande paix et compréhension réciproque. Les chrétiens et les musulmans vénèrent le Dieu unique, le Tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. C'est cette croyance qui nous pousse à unir nos esprits et nos coeurs en oeuvrant inlassablement pour la paix, la justice et un meilleur avenir pour l'humanité.

Soyez assuré que les divers bureaux de la Curie Romaine sont prêts à vous offrir leurs services pour vous aider à accomplir ces nobles objectifs. Au moment où vous prenez vos fonctions, je vous présente, Excellence, mes voeux sincères afin que vos responsabilités publiques portent des fruits abondants. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


À S.E. M. STEFÁN LÁRUS STEFÁNSSON, NOUVEL AMBASSADEUR D'ISLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 1er juin 2007





Votre Excellence,

C'est avec un plaisir particulier que je vous accueille au Vatican et que j'accepte les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Islande près le Saint-Siège. Je vous prie de bien vouloir transmettre au Président, S.E. M. Olafur Ragnar Grímsson, ainsi qu'au gouvernement et au peuple de votre pays, ma gratitude pour leurs meilleurs voeux, auxquels je réponds cordialement, et de les assurer de mes prières pour le bien-être spirituel de la nation.

Les relations diplomatiques de l'Eglise forment une partie de sa mission au service de la Communauté internationale. Cet engagement à l'égard de la société civile est ancré dans la conviction selon laquelle l'espérance d'édifier un monde plus juste doit reconnaître la vocation surnaturelle de l'homme. C'est de Dieu que les hommes et les femmes reçoivent leur dignité essentielle et, avec elle, la capacité et l'appel à diriger leurs pas vers la vérité et le bien (cf. Lettre Encyclique Fides et ratio FR 5). Dans cette vaste perspective, nous pouvons lutter contre la tendance pragmatique, si prédominante aujourd'hui, qui tend à retenir uniquement les symptômes de la division sociale et de la confusion morale. Lorsque la dimension transcendante des êtres humaines est illuminée, les coeurs et les esprits des personnes sont attirés vers Dieu et vers l'essence même de la vie humaine - la vérité, la beauté, les valeurs morales, l'autre et l'être humain lui-même - (cf. ibid., n. 83), les conduisant à un fondement certain et à une vision d'espoir pour la société.

Comme Votre Excellence l'a remarqué, l'Evangile de Jésus Christ, y compris sa dimension missionnaire, fait partie intégrante de l'histoire de l'Islande. Depuis plus de mille ans, le christianisme façonne la culture islandaise. A une époque plus récente, ces racines spirituelles ont trouvé un écho certain dans vos relations avec l'Europe. Cette identité culturelle et morale commune, forgée par les valeurs universelles du christianisme, ne revêt pas simplement une importance historique. Etant à sa base, elle peut demeurer comme un "ferment" de civilisation. A cet égard, je salue la reconnaissance publique, de la part de votre gouvernement, du rôle fondamental du christianisme dans votre nation. Lorsque le discernement moral public n'est pas vidé de son sens par un sécularisme qui néglige la vérité et ne met en valeur que la simple opinion, les responsables civils et religieux peuvent promouvoir les valeurs et les idéaux absolus inhérents à la dignité de chaque personne. De cette façon, ensemble, ils peuvent offrir à nos jeunes un avenir de bonheur et de plénitude.

La contribution importante de l'Islande à la sécurité et au développement de la famille humaine dans le monde ne sont pas représentatifs de sa taille et du nombre de ses citoyens. L'engagement de votre nation en vue de soutenir les opérations de maintien de la paix et les projets d'assistance, est reconnu par le Saint-Siège et apprécié par la Communauté internationale. Tandis que votre statut de membre fondateur de l'OTAN et votre longue histoire de membre de l'Organisation des Nations unies sont bien connus, le travail extrêmement efficace de l'Unité de gestion de crise de l'Islande l'est peut-être moins. Ce service, jouissant d'un grand respect, représente un exemple unique, dans le domaine des relations internationales, d'hommes et de femmes éclairés par la splendeur de la vérité, et entreprenant le chemin de la paix (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2006, n. 3). De telles initiatives illustrent de manière appropriée la façon dont la volonté de résoudre les conflits de manière pacifique et la détermination à gouverner à travers la justice, l'intégrité et au service du bien commun, peut être réalisée.

La protection de l'environnement et la promotion du développement durable sont considérés toujours davantage comme des sujets de grave préoccupation pour tous. Alors que les réflexions et les études sur l'écologie progressent, il devient de plus en plus évident qu'il existe un lien inséparable entre la paix avec la création, et la paix entre les peuples. La pleine reconnaissance de cette relation se trouve dans l'ordre naturel et moral selon lequel Dieu a créé l'homme et dont il a doté la terre (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, nn. 8-9).

446 Le lien étroit entre ces deux écologies revêt une acuité majeure lorsque l'on considère les questions des ressources alimentaires et de l'approvisionnement énergétique. La Communauté internationale reconnaît que les ressources mondiales sont limitées. Toutefois, le devoir de mettre en place des politiques visant à empêcher la destruction de ce capital naturel n'est pas toujours respecté. Toute exploitation irresponsable de l'environnement ou la mainmise sur les ressources de la terre ou de la mer reflètent un concept inhumain de développement, dont les conséquences frappent avant tout les pays les plus pauvres. L'Islande, profondément consciente de ces thèmes, a souligné à juste titre la relation entre les Objectifs de Développement du Millénaire, la protection de l'environnement et l'utilisation durable des ressources, et elle a attiré l'attention de façon louable sur le fait que la grande majorité de ceux qui gagnent leur vie de l'activité de la pêche sont les familles des pays en voie de développement.

Monsieur l'Ambassadeur, les membres de l'Eglise catholique dans votre pays, bien que peu nombreux, s'adressent à la société islandaise tout entière. En exprimant la croyance de l'Eglise dans le "lien inséparable entre amour de Dieu et amour du prochain" (Deus caritas est ), ils accomplissent des oeuvres de charité dans leurs communautés paroissiales modestes, mais pleines de vie. Un exemple particulièrement éloquent de cela est le couvent des carmélites de vie contemplative à Hafnarfjordur, où les Soeurs prient chaque jour pour les besoins de tous les Islandais.

Votre Excellence, je suis certain que la mission que vous commencez aujourd'hui contribuera à renforcer encore plus les liens cordiaux de compréhension et de coopération entre l'Islande et le Saint-Siège. Soyez assuré que les divers bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


À S.E. M. JÜRI SEILENTHAL, NOUVEL AMBASSADEUR D'ESTONIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 1er juin 2007

Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis très heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Estonie près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les salutations cordiales que vous m'avez présentées de la part du Président, S.E. M. Ilves, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre, en retour, mes salutations respectueuses, ainsi que mes meilleurs voeux dans la prière pour la prospérité et le bien-être du peuple estonien.

Au cours des dernières années, tout en accomplissant la tâche exigeante de la réforme sociale et économique dans son pays, l'Estonie s'est également efforcée de renforcer ses liens avec l'Europe et la Communauté internationale. L'adhésion de votre nation à l'Union européenne représente, comme Votre Excellence l'a souligné, non seulement une reprise des liens qui remontent à plusieurs siècles, mais également la réaffirmation d'un grand héritage politique et spirituel qui a façonné l'âme de votre nation. Aujourd'hui, l'Europe, soumise à un processus de rapide transformation, a accompli des progrès significatifs pour édifier une maison commune caractérisée par une solide croissance économique, le développement de nouveaux modèles d'unité qui respectent les différences, et un dévouement à la coopération pour la cause de la justice et de la paix. L'Estonie peut apporter une grande contribution à l'Europe de demain, en particulier grâce à sa prise de conscience durement acquise de la valeur de la liberté et des sacrifices que la liberté comporte.

La grande révolution qui a balayé l'Europe de l'Est dans la dernière décennie du siècle dernier, a témoigné en réalité de l'aspiration innée et irrépressible à la liberté présente au sein des personnes et des peuples, ainsi que du lien inséparable entre la liberté authentique et la recherche de la vérité, le respect de la dignité transcendante de chaque personne humaine, et l'engagement au respect et à la solidarité réciproques. Ces valeurs, qui représentent un héritage précieux de l'histoire millénaire de l'Estonie, doivent être constamment redécouvertes et trouver une expression concrète dans tous les domaines de la vie politique et sociale, dans la conviction qu'elles peuvent assurer la vision clairvoyante et susciter les énergies spirituelles nécessaires à la création d'un avenir d'espérance. Ces dernières années, votre nation a fait l'expérience directe du défi de façonner une société qui soit véritablement libre, mais tout en restant fidèle aux traditions qui l'ont définie. L'Europe a besoin de ce témoignage, qui aidera certainement le continent tout entier à "reconnaître et retrouver, dans une fidélité créatrice, les valeurs fondamentales, pour la formation desquelles le message chrétien a apporté une contribution déterminante" (cf. Ecclesia in Europa, n. 109) et constitue un élément inaliénable de sa véritable identité.

Votre Excellence, je vous suis reconnaissant pour vos aimables paroles sur l'Eglise qui est en Estonie, et je vous assure que les catholiques de votre nation désirent jouer leur rôle, dans un esprit de coopération respectueuse avec les autres croyants, dans la vie de la nation. L'Eglise propose son enseignement dans la conviction que la vérité de l'Evangile apporte une lumière sur la réalité de la situation humaine ainsi que la sagesse nécessaire aux personnes et aux communautés en vue de discerner et de répondre aux exigences de la loi morale qui garantit les bases nécessaires et durables à des relations justes et harmonieuses au sein de la société. De façon particulière, l'Eglise s'engage dans la promotion de la sainteté du mariage, dans le rôle et la mission fondamentaux de la famille, dans l'éducation des enfants et le respect pour le don divin de la vie, de sa conception à sa mort naturelle. Etant donné que la santé de toute société dépend en grande partie de la santé de ses familles (cf. Sacramentum caritatis, n. 29), je suis certain que ce témoignage contribuera à consolider la famille et la vie de la communauté et, grâce à des politiques sociales sages et clairvoyantes, contribuera à revitaliser la longue histoire en Estonie de familles fortes et unies. Car c'est dans la famille, par dessus tout, que les jeunes sont formés à la bonté, à la générosité, au pardon, et à la sollicitude fraternelle pour les autres, et qu'ils reçoivent un sens de responsabilité personnelle pour édifier un monde de liberté, de solidarité et d'espérance.

Avec ces sentiments, je vous assure, Monsieur l'Ambassadeur, de mes meilleurs voeux dans la prière pour la mission que vous assumez à présent au service de votre nation, et de la disponibilité constante des bureaux du Saint-Siège dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur tout le bien-aimé peuple estonien, j'invoque cordialement les Bénédictions divines de joie et de paix.


À S.E. Mme DOMITILLE BARANCIRA, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 1er juin 2007

447 Madame l’Ambassadeur,

1. C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Burundi près le Saint-Siège.

J’ai été sensible aux paroles cordiales que vous m’avez adressées et je vous en remercie vivement. Elles témoignent de l’intérêt manifesté par les Autorités de votre pays au développement de relations d’estime et de concorde entre le Burundi et le Siège apostolique. Par votre intermédiaire, il m’est agréable de présenter à Son Excellence Monsieur Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, les voeux que je forme pour sa personne et pour l’accomplissement de sa haute mission au service de la nation. Je salue aussi avec affection tous les habitants de votre pays, n’oubliant pas les souffrances de la population, qui a été durement éprouvée par tant d’années de guerre, qui en subit encore aujourd’hui les conséquences et qui a également été frappée périodiquement par la sécheresse et par des inondations. Je veux les assurer de ma constante sollicitude à leur égard. Je prie Dieu de soutenir tous les Burundais dans l’engagement courageux et généreux qui les anime pour édifier ensemble une société toujours plus fraternelle et plus solidaire, qui soit aussi plus largement un signe concret et un appel vigoureux à la consolidation de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs !

2. Comme vous le soulignez, l’Église catholique n’a cessé de manifester sa proximité envers le peuple burundais, partageant ses joies et ses épreuves et payant elle-même un lourd tribut à la cause de la paix et de la réconciliation dans le pays. Je suis sensible à l’hommage que vous rendez à Son Excellence Monseigneur Michael A. Courtney, Nonce apostolique, assassiné le 29 décembre 2003 après avoir rencontré les Autorités religieuses, politiques et militaires dans le diocèse de Bururi. En évoquant le souvenir de cet archevêque bon et fidèle, serviteur de la paix et de la fraternité entre les peuples, je forme des voeux pour que les Autorités du pays ne ménagent pas leurs efforts pour que la lumière sur cet assassinat soit faite et pour que les responsables soient traduits devant la justice.

3. Parmi les instruments proposés pour la consolidation de la paix dans votre pays, la mise en place d’une Commission Vérité et Réconciliation (C.V.R.) a été envisagée. Pour ne pas décevoir les attentes qui sont grandes en la matière, il est nécessaire que tous se préparent à ce travail de purification, délicat et essentiel, avec le maximum d’attention, d’ouverture d’esprit et de coeur. Ainsi, dans une recherche patiente et obstinée de la vérité, il sera possible à chacun de contribuer à guérir les blessures de la guerre avec le baume du pardon, qui n’exclut pas la justice, et d’engager le pays sur la voie de la paix et du développement intégral. L’Église au Burundi est prête à prendre une part active à ce processus, notamment par la célébration de Synodes diocésains, par le dialogue, par la participation à des actions communes, pour sensibiliser toutes les couches de la population à ces enjeux majeurs et pour contribuer de manière active à l’établissement d’une paix durable et d’une réconciliation sincère. Sans un tel travail en profondeur, il sera sans doute difficile pour beaucoup de gens d’envisager l’avenir avec espérance.

D’autres signes encourageants manifestent la volonté commune de travailler activement à la paix et à la réconciliation. Il convient notamment de faire mention des négociations en cours entre le Gouvernement et le Palipehutu-FNL, en vue de la mise en oeuvre de l’Accord de cessez-le-feu signé le 7 septembre 2006. En me réjouissant de cette volonté de dialogue, j’invite toutes les parties en présence à honorer leurs engagements et à avoir par-dessus tout le courage de la paix, sans lequel il ne peut y avoir de véritable développement.

4. Vous rappelez, Excellence, l’engagement de tous les Burundais sur le chemin de la consolidation de la paix sociale et de la relance économique. Dans cet effort complexe et de longue haleine, qui vise la reconstruction matérielle et morale du pays, le Burundi n’est pas seul et ne peut pas être laissé seul. La communauté internationale n’a d’ailleurs pas manqué d’offrir son aide morale et son appui économique. La table ronde des donateurs pour le développement, qui s’est tenue à Bujumbura les 24 et 25 mai dernier, a manifesté de manière éloquente cet engagement des délégations présentes à recueillir les fonds nécessaires pour garantir le financement du Programme des actions prioritaires, en particulier l’amélioration de la bonne gouvernance et de la sécurité, la promotion d’une croissance économique durable toujours plus équitable, le développement du capital humain, ainsi que la lutte contre le sida. Il faut aussi se réjouir de l’entrée du Burundi dans la Communauté de l’Afrique orientale, et du choix de votre pays comme siège du Secrétariat exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Cette marque de confiance nécessite en retour que le Burundi réponde à cet honneur en montrant un sens exemplaire de responsabilité dans l’adoption et dans la mise en oeuvre du Pacte sur la paix, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs, signé à Nairobi le 15 décembre dernier. Je ne doute pas que tout sera fait pour que les engagements pris soient respectés et pour que tous les Burundais puissent envisager l’avenir avec sérénité et devenir acteurs de leur propre développement.

Si tous les habitants du pays sont appelés à contribuer dans la mesure de leurs capacités à la reprise économique et sociale du Burundi, il est juste qu’ils puissent en partager les fruits. Pour permettre aux catégories sociales les plus vulnérables et les plus exposées à la violence, aux actes de banditisme, aux maladies – je pense en particulier aux enfants, aux femmes, aux réfugiés – , de profiter pleinement des fruits du développement, il est notamment nécessaire que les responsables de la vie publique accèdent à une prise de conscience toujours plus grande et plus authentique des valeurs morales. Ces valeurs universelles, comme le sens du bien commun, l'accueil fraternel de l'étranger, le respect de la dignité de toute vie humaine, la solidarité, auxquelles l’Église catholique accorde beaucoup d’importance, constituent un patrimoine précieux, qui doit devenir une source d'espérance en l'avenir et le socle qui permette d'établir la vie sociale sur des bases assurées.

5. Je salue, par votre intermédiaire, la communauté catholique burundaise et ses Évêques, les encourageant à partager l’espérance qui est en leur coeur. L’Église catholique locale et le Saint-Siège, dont la contribution active à la croissance et au développement du pays n’est plus à démontrer, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la paix, souhaitent que les relations entre l’Église et l’État, dans une République laïque comme le Burundi, soient toujours empreintes de respect mutuel et de collaboration active pour le bien du pays tout entier. Puissent les fidèles unis à leurs Pasteurs, dans une collaboration sincère avec leurs compatriotes, travailler ardemment au développement solidaire de leur pays !

6. Alors que vous inaugurez votre mission, je vous offre, Madame l’Ambassadeur, mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assurée que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l’accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur le peuple burundais et sur ses dirigeants, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.


À S.E. M. AHMED HAMID ELFAKI HAMID, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU SOUDAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 1er juin 2007

10607

Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Soudan près le Saint-Siège.

Je vous exprime ma gratitude pour m’avoir transmis les salutations de Son Excellence le Président Omer Hassan Ahmed El-Bashir, du Gouvernement et du peuple soudanais. En accueillant ces voeux de paix et de fraternité, j’invoque en retour le Tout-Puissant pour qu’Il éclaire les consciences et qu’Il soutienne les efforts et les initiatives de toutes les personnes qui souhaitent avancer de manière courageuse et décisive sur le chemin de la consolidation de la paix durable dans votre pays et de la fraternité pleinement vécue entre les différentes composantes de la société.

2. Dans mon message Urbi et Orbi pour la fête de Pâques 2007, j’ai voulu me faire l’écho des cris de désespoir poussés par toutes les personnes qui, dans de nombreux pays du monde, quelle que soit leur origine ethnique ou religieuse, souffrent de l’absence de paix, sont soumises à la violence aux mille visages, au mépris de la vie, à la violation de leurs droits les plus fondamentaux, à l’exploitation sous toutes ses formes, à l’absence de liberté et de sécurité. Les inquiétudes que j’avais alors évoquées rejoignent, comme vous le soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, la préoccupation des Autorités de votre pays et de la Communauté internationale, notamment devant la situation dramatique qui perdure depuis 2003 dans la région du Darfour, avec ses conséquences au niveau régional.

Dans ce conflit meurtrier touchant en priorité les populations civiles, chacun sait qu’aucune solution viable pour arriver à la paix fondée sur la justice ne peut être mise en oeuvre par la force des armes, mais qu’elle passe au contraire par la culture du dialogue et de la négociation, en vue d’arriver à une solution politique du conflit, dans le respect des minorités culturelles, ethniques et religieuses. Il n’est jamais trop tard pour faire avec courage les choix nécessaires et parfois contraignants destinés à mettre un terme à une situation de crise, à condition que toutes les parties s’impliquent sincèrement et avec détermination à sa résolution et que les déclarations de principe soient accompagnées de mises en oeuvre constructives, en particulier sur les dispositions humanitaires urgentes à promouvoir. J’en appelle donc à toutes les personnes qui ont une responsabilité en la matière, pour qu’elles poursuivent leurs efforts et prennent les décisions qui s’imposent. Les différents Accords que vous évoquez, ainsi que le récent Accord de réconciliation signé entre le Soudan et le Tchad, sous l’égide de l’Arabie Saoudite, impliquant les parties dans une coopération avec l’Union africaine et les Nations unies pour la stabilisation du Darfour et de la région tchadienne voisine, sont des appels positifs à abandonner les stratégies d’affrontement, afin de trouver des solutions viables et des points d’appui fiables. Ainsi, la paix et la stabilité désirées par tous pourront advenir – je pense en particulier au processus de paix en cours dans le sud du pays –, avec des effets bénéfiques sur le plan national, continental et aussi mondial.

3. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur, que la paix est un don de Dieu Tout-Puissant, le Dieu créateur de tout homme et de toutes choses, dont l’unité de la famille humaine tire son origine. Elle est une aspiration très profondément ancrée dans le coeur de chaque personne, et chacun devrait se sentir toujours davantage responsable de la faire germer, en veillant à ce qu’elle s’enracine dans la justice, qu’elle porte des fruits de réconciliation et qu’elle serve le développement intégral de tous les membres d’une nation sans exception.

La paix constitue donc aussi un défi à relever pour votre pays, riche de sa multiplicité culturelle, de sa diversité ethnique et de la coexistence de plusieurs religions. La diversité nationale peut, si elle est considérée positivement comme une chance, concourir de manière efficace à la stabilisation de la paix et de la sécurité dans le pays, servir l’intégration de toutes les communautés présentes sur le territoire et le développement intégral des personnes, et permettre que l’expression de leurs différences, dans un dialogue franc et sincère, serve au bien commun.

La paix se présente enfin comme une tâche à accomplir et un service du peuple. Il revient notamment aux Autorités de l’État de veiller activement, au sein de la Nation, à l’expression de cette diversité, en ne ménageant pas leurs efforts afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles entre les membres de la communauté nationale, de bannir toute forme de discrimination ou de suprématie d’un groupe sur un autre, et de garantir le respect et les droits des minorités. Ainsi, la paix apparaîtra « non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d’entre eux, autant que faire se peut » (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2006 n. 6).

4. Pour que tous les hommes soient en mesure d’entretenir des relations fraternelles et sincères, et qu’ils édifient une société toujours plus juste et plus équitable, la contribution des différentes traditions religieuses présentes dans votre pays, avec la richesse de leur patrimoine de valeurs humaines, morales et spirituelles, revêt une importance tout à fait incontournable. L’édification de la paix suppose la conversion des coeurs. Aussi me paraît-il nécessaire que « les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans depuis de longues années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours plus vraie qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun et qui, avec loyauté, respecte les différences » (Discours aux Ambassadeurs des pays musulmans, 25 septembre 2006). Pour vivre de manière toujours plus apaisée cette mission spécifique au service du bien de la communauté nationale tout entière, il est fondamental que les personnes et les communautés aient publiquement la liberté de professer leur foi et de pratiquer leur religion. L’expérience montre que la faculté d’agir selon une conscience éclairée, la capacité donnée de rechercher avant toute chose la vérité dans la droiture et la possibilité de vivre de manière conforme à sa croyance, dans le respect des autres traditions religieuses, sont des éléments nécessaires à la consolidation de la paix et à l’établissement de la justice, conditions essentielles d’un développement durable et fécond et d’une existence paisible et digne pour les citoyens.

5. Vous saluez, Monsieur l’Ambassadeur, la mission spécifique des communautés catholiques et de leurs évêques, en communion avec le Successeur de Pierre, pour « asseoir la paix, l’entente des nations et pour affermir les valeurs spirituelles au sein des peuples ». Je souhaite, par votre intermédiaire, exprimer mon affection et ma proximité spirituelle à la Conférence épiscopale et à tous les catholiques du Soudan. À travers eux, je salue également l’action de tous les organismes catholiques, nationaux ou internationaux, qui oeuvrent dans le pays au service du développement intégral de tous les habitants du pays sans distinction. Je connais leur courage et je partage les douleurs que de nombreuses années de conflits leur font endurer. Leur foi les invite à travailler jour après jour avec les hommes de bonne volonté contre toutes les formes d'intolérance et d'exclusion, qui peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour l'unité de la société. Je ne doute pas que la possibilité d’être consultés et d’être associés de manière plus active à l’élaboration de solutions viables pour bâtir la paix leur permettrait de mieux assumer leur mission spécifique au sein du peuple soudanais ! Grâce au Christ, qui est leur espérance inébranlable dans les épreuves que connaît leur pays, ils seront, avec tous leurs compatriotes, des artisans de paix audacieux et généreux.

449 6. Au moment où vous commencez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes meilleurs voeux. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.

Sur Votre Excellence, sur ses proches, sur les responsables de la Nation et sur le peuple soudanais tout entier, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions du Très-Haut.



Discours 2005-2013 444