Discours 2005-2013 475

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE PORTO RICO EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Samedi 30 juin 2007

Chers frères dans l'épiscopat,

1. C'est avec un immense plaisir que je vous reçois, Pasteurs de l'Eglise de Dieu en pèlerinage à Porto Rico, venus à Rome en visite ad limina et pour renforcer les liens profonds qui vous unissent à ce Siège apostolique. A travers chacun de vous, j'adresse un salut cordial et j'exprime mon affection et mon estime aux prêtres, aux communautés religieuses et aux fidèles laïcs de vos Eglises particulières.

Je remercie Mgr Octavio González Nieves, Archevêque de San Juan de Porto Rico et Président de la Conférence épiscopale des paroles cordiales qu'il m'a adressées, en présentant les préoccupations et les espérances de votre ministère pastoral, qui vise à guider le Peuple de Dieu sur le chemin du salut et, en proclamant avec vigueur la foi catholique en vue d'une meilleure formation des fidèles.

2. Vos comptes-rendus quinquennaux révèlent la préoccupation pour les défis et les difficultés qui doivent être affrontés en cette période de l'histoire. En effet, au cours des dernières années, de nombreuses choses ont changé dans le domaine social, économique et également religieux, conduisant parfois à l'indifférence religieuse et à un certain relativisme moral, qui influent sur la pratique chrétienne et qui, de façon indirecte, conditionnent également les structures de la société elle-même. Cette situation religieuse vous interpelle comme Pasteurs et exige que vous demeuriez unis pour rendre plus concrète la présence du Seigneur parmi les hommes à travers des initiatives pastorales communes, qui répondent mieux aux nouvelles réalités.

Il est fondamental de préserver et d'accroître le don de l'unité que Jésus a demandée au Père pour ses disciples (cf. Jn 17,11). Dans le même diocèse, vous êtes appelés à vivre et à témoigner de l'unité voulue par le Christ pour son Eglise. D'autre part, les éventuelles différences de coutumes et de traditions locales, loin de menacer cette unité, contribuent à l'enrichir à partir de la foi commune. En vous, comme successeurs des Apôtres, vous devez vous efforcer de "conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix" (Ep 4,3). C'est pourquoi je désire rappeler que tous, en particulier les Evêques et les prêtres, vous êtes appelés à une mission incontournable et qui vous touche profondément: faire en sorte que l'Eglise soit un lieu où l'on enseigne et où l'on vive le mystère de l'amour divin, ce qui sera possible uniquement à partir d'une authentique spiritualité de communion, qui trouve une expression visible dans la collaboration réciproque et dans la vie fraternelle.

3. Un secteur qui exige en premier lieu votre attention pastorale est celui des prêtres. Ceux-ci sont en première ligne dans l'évangélisation et ont besoin de façon particulière de votre sollicitude et de votre proximité pastorale. Votre relation avec eux ne doit pas être uniquement institutionnelle mais, en tant que vos véritables fils, amis et frères, elle doit surtout être animée par la charité (cf. 1P 4,8), comme expression de la paternité épiscopale qui doit se manifester de façon particulière envers les prêtres malades ou âgés, ainsi qu'envers ceux qui se trouvent dans des situations difficiles.

Les prêtres, quant à eux, doivent se rappeler qu'ils sont avant tout des hommes de Dieu et, pour cela, ils doivent prendre soin de leur vie spirituelle et de leur formation permanente. Toute leur activité ministérielle "doit commencer effectivement par la prière", comme le dit saint Albert le Grand (Commentaire de la Théologie mystique, n. 15). Chaque prêtre trouvera dans la rencontre avec Dieu la force de vivre son ministère avec un don de soi et un dévouement plus grands, en donnant un exemple de disponibilité et de détachement des choses superflues.

4. En pensant aux futurs candidats au sacerdoce et à la vie consacrée, il faut souligner l'importance de prier sans arrêt le Maître de la Moisson (cf. Mt 9,38), afin qu'il accorde à l'Eglise qui est à Porto Rico de nombreuses et saintes vocations, en particulier dans la situation actuelle, dans laquelle les jeunes rencontrent souvent des difficultés à suivre l'appel du Seigneur à la vie sacerdotale et consacrée. Pour cela, il faut approfondir une pastorale des vocations spécifiques, qui pousse les responsables de la pastorale des jeunes à être les médiateurs audacieux de l'appel du Seigneur. En particulier, il ne faut pas avoir peur de la proposer aux jeunes, en les accompagnant ensuite assidûment sur le plan humain et spirituel, afin qu'ils discernent leur choix vocationnel.

476 En ce qui concerne la formation des candidats au sacerdoce, l'Evêque doit apporter la plus haute attention aux choix des éducateurs les plus adaptés et les mieux préparés à cette mission. En tenant compte des conditions concrètes et du nombre de vocations à Porto Rico, on pourrait prendre en considération la convergence d'unions et de ressources, en accord commun et dans un esprit d'unité dans la planification pastorale, afin d'obtenir des résultats meilleurs et plus satisfaisants. Cela permettrait une meilleure sélection des éducateurs et des professeurs, afin qu'ils aident les séminaristes à développer "des personnalités matures et équilibrées [...] avec une forte vie spirituelle et aimant l'Eglise" (Pastores gregis ). Dans ce travail délicat, tous les prêtres doivent se sentir coresponsables, en promouvant de nouvelles vocations, en particulier à travers leur exemple, et sans cesser d'assister les vocations nées au sein de leur communauté paroissiale ou d'un autre mouvement.

5. Sur le plan social, se diffuse actuellement une mentalité inspirée par un laïcisme qui, de façon plus ou moins consciente, conduit progressivement au mépris ou à l'ignorance du sacré, en reléguant la foi à la sphère du domaine purement privé. Dans ce sens, un concept correct de la liberté religieuse n'est pas compatible avec cette idéologie, qui se présente parfois comme l'unique voix de la rationalité.

Un défi constant pour vous est également représenté par la famille, agressée par tant de défis du monde moderne, tels que le matérialisme dominant, la recherche du plaisir immédiat, le manque de stabilité et de fidélité dans le couple, continuellement influencé par les moyens de communication sociale. Lorsque le mariage n'a pas été construit sur le roc solide de l'amour authentique et du don réciproque de soi, il est facilement emporté par le courant de la tendance au divorce, éludant en outre la valeur de la vie, en particulier de la vie des enfants à naître. Ce panorama montre la nécessité d'intensifier, comme vous le faites déjà, une pastorale familiale incisive, qui aide les époux chrétiens à accepter les valeurs fondamentales du Sacrement reçu. Dans ce sens, fidèles aux engagements du Christ, à travers votre magistère, vous proclamez la vérité de la famille comme Eglise domestique et sanctuaire de la vie, face à certaines tendances qui, dans la société actuelle, tentent d'éclipser ou de brouiller la valeur unique et irremplaçable du mariage entre un homme et une femme.

6. L'indifférentisme religieux évoqué plus haut et la tentation d'une permissivité morale facile, ainsi que l'ignorance de la tradition chrétienne, avec son riche patrimoine spirituel, influencent profondément les nouvelles générations. Les jeunes ont droit, dès le début de leur processus de formation, à être éduqués dans la foi et dans les coutumes saines. C'est pourquoi, l'éducation intégrale des plus jeunes ne peut se passer de l'enseignement religieux également à l'école. Une solide formation religieuse constituera donc une protection efficace face au développement des sectes et d'autres groupes religieux qui se diffusent très largement aujourd'hui.

7. Les fidèles catholiques, qui sont appelés à s'occuper des réalités temporelles pour les ordonner selon la volonté divine, doivent être des témoins courageux de leur foi dans les divers milieux de la vie publique. Leur participation à la vie ecclésiale est, en outre, fondamentale et parfois, sans leur collaboration, votre apostolat de Pasteurs n'atteindrait pas "tous les hommes de tous les temps et de toute la terre" (Lumen gentium
LG 33).

A ce propos, je désire rappeler certaines paroles significatives de mon prédécesseur Jean-Paul II lors de son voyage à Porto Rico: "Lorsque dans l'exercice de votre ministère se présentent des questions qui touchent des options concrètes de caractère politique, ne cessez pas de proclamer les principes moraux qui régissent tous les champs de l'activité humaine. Cependant, laissez aux laïcs, bien formés dans leur conscience morale, l'organisation des choses temporelles selon le plan de Dieu. Vous, vous devez être des créateurs de communion et de fraternité, jamais de division, au nom d'options que le peuple fidèle peut choisir légitimement dans ses diverses expressions" (Discours au clergé de Porto Rico, n. 3 du 12 octobre 1984).

8. Certains secteurs de votre société vivent dans l'abondance, tandis que d'autres souffrent de graves carences qui, très souvent, touchent à la pauvreté. A cet égard, on connaît bien la générosité des Portoricains qui répondent de façon solidaire aux appels d'aide face aux tragédies du monde. A ce propos, il est souhaitable que cette même générosité, coordonnée par les services de la Caritas de Porto Rico, se manifeste également lorsque des groupes, des personnes ou des familles du lieu ont besoin d'une véritable assistance.

9. Chers frères, l'évangélisation et la pratique de la foi à Porto Rico ont toujours été unies à l'amour filial pour la Vierge Marie. Cela est démontré par les églises, les sanctuaires et les monuments, mais également par les pratiques de dévotion et par les fêtes populaires en l'honneur de la Mère de Dieu. C'est à Elle que je confie vos intentions et vos activités pastorales. Sous sa protection maternelle, je place tous les prêtres, les communautés religieuses, ainsi que les familles, les jeunes, les malades et surtout les personnes les plus dans le besoin. Apportez à tous le salut et la grande affection du Pape, ainsi que ma Bénédiction apostolique.




AUX ARCHEVÊQUES MÉTROPOLITAINS QUI ONT REÇU LE PALLIUM EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL Salle Paul VI Samedi 30 juin 2007

Chers frères et soeurs,

477 Je suis heureux de vous accueillir tous, proches et amis des Archevêques métropolitains, auxquels j'ai eu la joie d'imposer le pallium hier dans la Basilique vaticane, au cours d'une célébration solennelle, où nous avons fait mémoire des Apôtres Pierre et Paul. Notre rencontre d'aujourd'hui se veut, en quelque sorte, le prolongement de l'intense climat de communion ecclésiale que nous avons vécu hier. En effet, la provenance très variée des Archevêques métropolitains exprime bien l'universalité de l'Eglise dont les membres, partout sur la terre, annoncent dans des langues différentes l'Evangile et professent la foi unique et immuable des Apôtres. Je salue cordialement chacun de vous, vénérés et estimés frères Archevêques métropolitains, et je salue avec vous les fidèles qui vous ont accompagnés dans le pèlerinage sur la tombe des Apôtres. J'adresse, par ailleurs, un salut affectueux à vos communautés diocésaines d'origine.

Ma pensée va en premier lieu à vous, chers pasteurs de l'Eglise qui est en Italie! Je vous salue, Mgr Angelo Bagnasco, que j'ai appelé à succéder au Cardinal Tarcisio Bertone, mon Secrétaire d'Etat, comme Archevêque de Gênes et à présider la Conférence épiscopale italienne. Je vous salue, Mgr Calogero La Piana, Archevêque de Messine-Lipari-Santa Lucia del Mela, et vous Mgr Paolo Romeo, Archevêque de Palerme. Que Jésus Bon Pasteur vous aide dans votre ministère épiscopal, à édifier dans la charité les communautés diocésaines confiées à vos soins spirituels, en les aidant à être toujours des Eglises vivantes, riches du dynamisme de la foi et de l'esprit missionnaire.

C'est avec joie que je salue les pèlerins venus de France, d'Afrique et du Canada pour accompagner les nouveaux Archevêques métropolitains auxquels je suis heureux d'avoir remis le pallium, signe d'une grande communion avec le Siège apostolique. Mes salutations toutes particulières vont à Mgr Robert Le Gall, Archevêque de Toulouse (France), à Mgr Barthélémy Djabla, Archevêque de Gagnoa (Côte d'Ivoire), à Mgr Paul-Siméon Ahouanan Djro, Archevêque de Bouaké (Côte d'Ivoire), à Mgr Evariste Ngoyagoye, Archevêque de Bujumbura (Burundi), à Mgr Gerard Pettipas, Archevêque de Grouard-McLennan (Canada), à Mgr Pierre d'Ornellas, Archevêque de Rennes (France). Transmettez mes salutations aux pasteurs et à tous les fidèles de vos pays, les assurant de la prière du Pape. Puissent les croix que les Archevêques métropolitains portent sur leur pallium rappeler aux membres des différentes communautés chrétiennes qu'elles ont à témoigner, par la parole et par toute leur vie, du Christ ressuscité, dans une fidélité toujours plus grande à l'Eglise, faisant de tous les catholiques, là où ils demeurent, des missionnaires de l'Evangile.

J'adresse un salut cordial aux Archevêques métropolitains anglophones auxquels j'ai imposé le pallium hier: Mgr Dominic Lumon d'Imphal (Inde); Mgr Douglas Young de Mount Hagen (Papouasie Nouvelle Guinée); Mgr Cyprian Kizito Lwanga de Kampala (Ouganda); Mgr Oswald Gracias de Bombay (Inde); Mgr Romulo Geolina Valles de Zamboanga (Philippines); Mgr Filipe Neri António Sebastião do Rosário Ferrão de Goa et Damão (Inde); Mgr Paul R. Ruzoka de Tabora (Tanzanie); Mgr Thomas Christopher Collins de Toronto (Canada); Mgr Albert D'Souza d'Agra (Inde); Mgr Richard William Smith d'Edmonton (Canada); Mgr Terrence Thomas Prendergast d'Ottawa (Canada); Mgr Brendan Michael O'Brien de Kingston (Canada); Mgr Buti Joseph Tlhagale de Johannesbourg (Afrique du Sud); Mgr Joseph Edward Kurtz de Louisville (USA); Mgr Leo Cornelio de Bhopal (Inde). Je salue également les membres de leurs familles, les parents et les amis, ainsi que les fidèles de leurs archidiocèses respectifs qui sont venus pour être à leur côté à Rome en cette heureuse occasion.

Le pallium est porté par les Archevêques comme signe de leur communion hiérarchique avec le Successeur de Pierre dans la conduite du Peuple de Dieu. Il représente également la charge de la mission épiscopale, rappelant le devoir des fidèles de soutenir les pasteurs de l'Eglise par leurs prières et de coopérer généreusement à la transmission de l'Evangile et à la croissance de l'Eglise du Christ dans la vérité, l'unité et la sainteté. Mes chers amis, puisse votre pèlerinage sur les tombes des saints Pierre et Paul vous confirmer dans la foi catholique qui nous vient des Apôtres. A chacun de vous, je donne avec affection ma Bénédiction apostolique en gage de joie et de paix dans le Seigneur.

Je salue avec affection les Archevêques de langue espagnole et tous ceux qui les ont accompagnés pour la cérémonie solennelle de l'imposition du pallium. Je veux parler de NN.SS José Antonio Eguren Anselmi, de Piura; Javier Augusto del Río Alba, d'Arequipa; Rafael Romo Muñoz, de Tijuana; José Guadalupe Martín Rábago, de León; Pedro Aranda Díaz-Muñoz, de Tulancingo; Rogelio Cabrera López, de Tuxtla Gutiérrez; Ricardo Ezzati Andrello, de Concepción; Orlando Antonio Corrales García, de Santa Fe de Antioquia; Dionisio Guillermo García Ibáñez, de Santiago de Cuba; Reinaldo Del Prette Lissot, de Valencia au Venezuela; Hipólito Reyes Larios, de Jalapa et Óscar Julio Vian Morales, de Los Altos, Quetzaltenango-Totonicapán.

Ces nouveaux pasteurs métropolitains, en recevant ce symbole pontifical, ressentent le devoir de promouvoir des liens étroits de communion avec le Successeur de Pierre et entre les diocèses suffragants, pour que resplendisse la figure du Christ. A vous, fidèles et amis qui les accompagnez, je demande de continuer à être proches d'eux à travers la prière ainsi qu'une collaboration généreuse et loyale, afin qu'ils accomplissent toujours la volonté de Dieu dans leur mission. Je demande à la Vierge Marie, tant aimée et vénérée en Amérique latine, de continuer à protéger le ministère pastoral de ces Archevêques et de répandre son amour maternel sur les prêtres, sur les communautés religieuses et sur les fidèles de leurs archidiocèses. J'adresse à tous un salut cordial, ainsi que la Bénédiction apostolique.

L'Eglise qui est au Brésil se réjouit aujourd'hui, car les sièges archiépiscopaux et les Archevêques de Maceió, Mgr Antônio Muniz Fernandes; de Montes Claros, Mgr José Alberto Moura; de São Paulo, Mgr Odilo Pedro Scherer; de Diamantina, Mgr João Bosco Oliver de Faria et de Mariana, Mgr Geraldo Lyrio Rocha, sont en fête à l'occasion de l'imposition solennelle du pallium. Je désire ainsi saluer avec affection vos Eglises particulières et les prêtres, les religieux et vos proches qui vous accompagnent, en souhaitant que cette célébration significative vous aide à renforcer l'unité et la communion avec le Siège apostolique, en vous invitant à un généreux dévouement pastoral pour la croissance de l'Eglise et le salut des âmes.

Je salue cordialement tous les Polonais ici présents. Je salue les nouveaux Archevêques métropolitains de Varsovie et de Bialystok: Kazimierz Nycz et Edward Ozorowski, qui ont reçu hier le pallium. Je salue leurs proches et tous les fidèles de leurs archidiocèses. Le pallium est un signe de la communion des pasteurs avec l'Evêque de Rome et avec tout le Collège des Evêques. Que cette communion imprègne également vos communautés locales. Priez pour vos pasteurs et pour leur ministère.

J'adresse un salut chaleureux à Mgr Csaba Ternyák qui, après dix ans de service direct au Saint-Siège, a été appelé à être pasteur de l'illustre archidiocèse d'Eger en Hongrie. Le pallium est le signe du lien particulier que chaque Archevêque métropolitain entretient avec le Successeur de Pierre. Au nouvel Archevêque métropolitain et à toutes les personnes qui l'accompagnent, je donne de tout coeur ma Bénédiction. Loué soit Jésus Christ!

Chers frères et soeurs, la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, avec ses célébrations suggestives, nous aide à approfondir notre communion ecclésiale. Nous demandons au Seigneur qu'il nous rende toujours plus solidement unis entre nous pasteurs, avec les prêtres, les religieux et tout le peuple chrétien. Qu'il fasse de nous un seul coeur et une seule âme (cf. Ec 4, 32)! Que la céleste Mère de Dieu et les Apôtres Pierre et Paul nous obtiennent ces dons. Je vous confie à leur protection, ainsi que les fidèles qui vous accompagnent et vos communautés diocésaines. Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction.

478                                                          Juillet 2007


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Jeudi 5 juillet 2007

Chers frères dans l'épiscopat,

1. Au cours de cette rencontre collective de votre visite ad limina Apostolorum, j'éprouve la joie de partager la même foi en Jésus Christ, qui accompagne notre chemin et qui est vivant et présent dans les communautés confiées à votre sollicitude pastorale. Je vous adresse un salut affectueux, ainsi qu'aux Eglises diocésaines que vous présidez avec tant de dévouement et de générosité.

Je remercie Mgr Ramón Benito de la Rosa y Carpio, Archevêque de Santiago de los Caballeros et Président de la Conférence des Evêques dominicains pour les paroles cordiales qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Dans le même temps, je me sens très proche de de vos préoccupations et de vos aspirations et je prie Dieu afin que cette visite à Rome soit une source de bénédictions pour tous les prêtres, les communautés religieuses et les agents de la pastorale qui collaborent avec vous au sein du bien-aimé peuple dominicain, conscients des défis d'une société mondialisée qui influent sur notre époque.

2. Dans les comptes-rendus quinquennaux, j'ai pu constater que votre Eglise est une communauté vivante, dynamique, active et évangélisatrice. Elle se sent interpellée par le mandat de Jésus d'annoncer l'Evangile à chaque créature (cf. Mc 16,15) et elle se prodigue afin que cette annonce parvienne à tous les hommes. Pour atteindre cet objectif, ce message doit être clair et précis afin que la parole de vie proclamée devienne une adhésion personnelle à Jésus, notre Sauveur. C'est pourquoi, "il faut retrouver et présenter à nouveau le vrai visage de la foi chrétienne qui n'est pas seulement un ensemble de propositions à accueillir et à ratifier par l'intelligence. Au contraire, c'est une connaissance et une expérience du Christ, une mémoire vivante de ses commandements, une vérité à vivre" (Veritatis splendor VS 88).

3. L'objectif principal de votre ministère pastoral doit être de faire pénétrer la vérité sur le Christ et la vérité sur l'homme encore plus profondément dans les divers milieux de la société dominicaine, car "il n'y a pas d'évangélisation vraie si le nom, l'enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés" (Evangelii nuntiandi EN 22).

Cette tâche, qui n'est pas exempte de difficultés, est accomplie parmi un peuple à l'esprit ouvert et sensible à la Bonne Nouvelle. Il est certain que dans votre pays, se perçoivent également les symptômes d'un processus de sécularisation dans lequel, pour de nombreuses personnes, Dieu ne représente plus l'origine et la destination, ni la signification ultime de la vie. Toutefois, au fond, comme vous le savez bien, ce peuple possède une âme profondément chrétienne. La preuve en sont les communautés ecclésiales dynamiques et actives, où tant de personnes, de familles et de groupes s'efforcent de vivre et de témoigner de leur foi.

4. La nouvelle évangélisation a également pour objectif principal la famille. Telle est la véritable "Eglise domestique", surtout lorsqu'elle est le fruit des communautés chrétiennes dynamiques qui donnent naissance à des jeunes ayant une authentique vocation au sacrement du mariage. Les familles ne sont pas seules face aux grands défis qu'elles doivent affronter; la communauté ecclésiale les soutient, les anime dans la foi et préserve leur persévérance dans un projet chrétien de vie souvent exposé à de nombreuses vicissitudes et dangers. L'Eglise souhaite que la famille soit véritablement le milieu dans lequel la personne naît, grandit et est éduquée à la vie, et dans lequel les parents, aimant tendrement leurs enfants, les préparent à établir de saines relations interpersonnelles qui incarnent les valeurs morales et humaines dans une société si marquée par l'hédonisme et par l'indifférence religieuse.

Dans le même temps, les communautés ecclésiales, en collaboration avec les instances publiques, veilleront à sauvegarder la stabilité de la famille et à favoriser son développement spirituel et matériel, qui conduira à une meilleure formation des enfants. Il est donc souhaitable que les Autorités de votre bien-aimé pays collaborent toujours plus à ce devoir incontournable d'oeuvrer en faveur des familles. C'est ce qu'a mis en évidence mon Prédécesseur dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de 1994: "La famille a droit à tout le soutien de l'Etat pour remplir sa mission propre" (n. 5).

Je n'ignore pas, toutefois, les difficultés que l'institution familiale rencontre dans votre nation, en particulier en raison du drame du divorce, et des pressions pour légaliser l'avortement, et également de la diffusion d'unions non conformes au dessein du Créateur sur le mariage.

479 5. Je sais que vous vous souciez en particulier des vocations sacerdotales pour pouvoir satisfaire toutes les nécessités diocésaines. En effet, la promotion des vocations sacerdotales et religieuses doit être une priorité des Evêques et un engagement de tout le peuple des fidèles. C'est pourquoi je demande avec ferveur au Maître de la moisson que continuent de rejoindre vos séminaires - qui doivent être le coeur du diocèse (cf. Optatam totius OT 5) - de nombreux candidats au sacerdoce pour servir un jour leurs frères comme "serviteurs du Christ et intendants des mystères de Dieu" (1Co 4,1). Outre une formation intégrale, un profond discernement est nécessaire sur l'aptitude humaine et chrétienne des séminaristes, pour garantir le digne accomplissement de leur futur ministère de la meilleure façon possible.

En tenant compte du fait que "la physionomie du presbyterium est [...] celle d'une vraie famille" (Pastores dabo vobis PDV 74), il est souhaitable que les liens de charité entre l'Evêque et ses prêtres soient très profonds et cordiaux. Si les jeunes voient que les prêtres vivent une véritable spiritualité de communion autour de leur Evêque, en faisant preuve entre eux de communion et de charité, de générosité évangélique et de disponibilité missionnaire, ils se sentiront davantage attirés par la vocation sacerdotale. Il est extrêmement important que l'Evêque prête une attention particulière à ses principaux collaborateurs, les prêtres (cf. Presbyterorum ordinis PO 8), en se montrant équitable dans ses relations avec eux, proche de leurs besoins personnels et pastoraux, paternel à l'égard leurs difficultés et un animateur permanent de leurs activités et efforts tout en les poussant, dans le contexte de la nouvelle évangélisation, à aller à la rencontre de ceux qui se sont éloignés.

6. La devise de cette année du Troisième niveau de pastorale, "Disciple du Seigneur, accueille celui qui est proche et va à la recherche de celui qui est loin", se reflète amplement dans le domaine complexe de la migration qui touche tant de familles. Efforcez-vous d'assister les groupes de Dominicains à l'étranger, mais je vous invite également de tout coeur à assister avec une grande charité, comme vous le faites déjà, les immigrés haïtiens qui ont quitté leur pays et sont à la recherche de meilleures conditions de vie pour eux et pour leurs familles. Je suis heureux de constater que vous avez déjà établi des contacts avec vos frères Evêques d'Haïti pour tenter de soulager la situation de pauvreté et même de misère, qui porte atteinte à la dignité de tant de personnes de cette Nation-soeur.

7. Dans votre ministère épiscopal, un grand nombre de ces défis pastoraux sont étroitement liés à l'évangélisation de la culture, qui doit promouvoir les valeurs humaines et évangéliques, dans toute leur intégrité. Le domaine de la culture est l'un des "aréopages modernes", dans lesquels l'on doit manifester l'Evangile avec toute sa force (cf. Redemptoris missio RMi 37). Dans ce devoir, on ne peut faire abstraction des communications sociales: radio, programmes télévisés, vidéo et réseaux informatiques peuvent être d'une grande utilité pour une ample diffusion de l'Evangile.

8. Il s'agit d'un engagement qui concerne en particulier les laïcs, car le propre de leur mission est d'"assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l'ordre temporel. Eclairés par la lumière de l'Evangile, conduits par l'Esprit de l'Eglise, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes et d'une manière bien déterminée" (Apostolicam actuositatem AA 7). C'est pourquoi il est nécessaire de leur offrir une formation religieuse adéquate, qui les rende capables d'affronter les nombreux défis de la société actuelle. C'est à eux qu'il revient de promouvoir les valeurs humaines et chrétiennes, afin qu'elles illuminent la réalité politique, économique et culturelle du pays, en vue d'instaurer un ordre social plus juste et équitable, selon la Doctrine sociale de l'Eglise. Dans le même temps, conformément aux normes éthiques et morales, ils doivent être un exemple d'honnêteté et de transparence dans la gestion de leurs activités publiques, face à la plaie insidieuse et diffuse de la corruption qui atteint parfois également les milieux du pouvoir politique et économique, outre les domaines publics et sociaux.

Les laïcs doivent être un ferment au sein de la société, en agissant dans la vie publique pour illuminer à travers les valeurs de l'Evangile les divers milieux dans lesquels se forme l'identité d'un peuple. A partir de leurs activités quotidiennes, ils doivent "témoigner que la foi constitue la seule réponse pleinement valable [...] aux problèmes et aux espoirs que la vie suscite en chaque homme et en toute société" (Christifideles laici CL 34). Leur condition de citoyens et de fidèles du Christ ne doit pas les pousser "à avoir deux vies parallèles: d'un côté la vie qu'on nomme "spirituelle" avec ses valeurs et ses exigences; et de l'autre, la vie dite "séculière", c'est-à-dire la vie de famille, de travail, de rapports sociaux, d'engagement politique, d'activités culturelles" (ibid., n. 59). Au contraire, ils doivent s'efforcer de faire en sorte que la cohérence entre leur vie et leur foi constitue un témoignage éloquent de la vérité du message chrétien.

9. Avec vous, je désire confier toutes ces propositions et ces désirs à la Vierge de l'Altagracia, titre à travers lequel vous honorez votre Mère et Protectrice de la Nation, afin qu'elle continue à vous accompagner dans votre travail pastoral. Je vous confie à Elle dans une pleine espérance, et je vous donne dans le même temps ma Bénédiction apostolique, que j'étends de tout coeur à vos Eglises particulières, à leurs prêtres, communautés religieuses et personnes consacrées, ainsi qu'aux fidèles catholiques de la République dominicaine.

CONCERT DE SEPT CHOEURS ALPINS

OFFERT PAR LE DIOCÈSE DE BELLUNO-FELTRE


À L'ISSUE DU CONCERT Château de Mirabello (Lorenzago di Cadore) Vendredi 20 juillet 2007

Excellences,
chers amis,

480 au terme de cette magnifique présentation de la grande culture musicale de votre terre des Dolomites, je ne peux que vous remercier de tout coeur. Merci pour cette belle culture.

Il m'est venu à l'esprit une parole de saint Augustin qui dit: "cantare amantis est". La source du chant est l'amour. J'ai entendu dans vos chants ce grand amour pour la terre des Dolomites, pour cette terre qui nous a été donnée par le Seigneur. Et dans l'action de grâce, dans l'amour pour la terre est présent et retentit également l'amour pour le Créateur, l'amour pour Dieu qui nous a donné cette terre, notre vie de joie; une joie que nous voyons encore plus dans la lumière de notre foi, et qui nous dit que Dieu nous aime.

La culture populaire qui se présente de façon si élevée est un joyau de notre identité européenne, qu'il faut cultiver et promouvoir. Je remercie tous ceux qui oeuvrent afin que cette grande culture européenne soit présente aujourd'hui et également à l'avenir.

L'éducation au chant, à chanter dans un choeur, n'est pas seulement un exercice d'écoute extérieure et de la voix; c'est également une éducation à l'écoute intérieure, l'écoute du coeur, un exercice et une éducation à la vie et à la paix. Chanter ensemble, en choeur, et tous les choeurs ensemble, exige l'attention de l'autre, l'attention au compositeur, l'attention au maître, l'attention à l'ensemble que nous appelons musique et culture, et de cette façon, chanter dans un choeur est une éducation à la vie, une éducation à la paix, un chemin parcouru ensemble tout comme l'a dit Son Excellence en mentionnant le Synode diocésain. L'Evêque a également fait référence à une période triste et difficile, il y a quatre-vingt-dix ans, lorsque cette montagne était une barrière, un théâtre terrible et sanglant de guerre. Je rends grâce au Seigneur car à présent, la paix règne dans notre Europe et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin que la paix croisse en nous tous et grandisse dans le monde. Je suis certain que précisément cette belle musique est un engagement pour la paix et une aide à vivre en paix.

Merci de tout coeur à vous tous, à l'Evêque, au présentateur, aux Maîtres des choeurs. Je voudrais exprimer mes remerciements au nom du Seigneur, avec ma Bénédiction apostolique.

Bonne nuit, merci et au revoir. Bonnes vacances à nous tous.


Discours 2005-2013 475