Discours 2005-2013 9927

VISITE À L'ABBAYE DE HEILIGENKREUZ Dimanche 9 septembre 2007

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Révérend Père Abbé,
Vénérés confrères dans l'épiscopat,
Chers moines cisterciens de Heiligenkreuz,
Chers frères et soeurs de vie consacrée,
Eminents hôtes et amis du Monastère et de l'Académie,
Mesdames et Messieurs!

Au cours de mon pèlerinage à la Magna Mater Austriae, je suis heureux d'être venu également à l'Abbaye de Heiligenkreuz, qui n'est pas seulement une étape importante sur la Via Sacra vers Mariazell, mais également le plus ancien monastère cistercien au monde qui est demeuré en activité sans interruption. J'ai voulu venir en ce lieu riche d'histoire, pour attirer l'attention sur la directive fondamentale de saint Benoît, selon la Regula duquel vivent aussi les cisterciens. Benoît indique avec concision de "ne rien placer avant l'Office divin" [1].

C'est pourquoi dans un monastère d'orientation bénédictine, les louanges à Dieu, que les moines célèbrent en une solennelle prière chorale, ont toujours la priorité. Bien sûr - et grâce à Dieu! - les moines ne sont pas seuls à prier; d'autres personnes prient également: des enfants, des jeunes et des personnes âgées, des hommes et des femmes, des personnes mariées ou en âge de l'être - chaque chrétien prie, ou tout au moins devrait le faire!

Dans la vie des moines, toutefois, la prière a une importance particulière: elle est le centre de leur tâche professionnelle. Ceux-ci, en effet, exercent la profession d'orant. A l'époque des Pères de l'Eglise, la vie monastique était définie comme une vie à la manière des anges. Et la caractéristique essentielle des anges que l'on voyait en eux était d'être des adorateurs. Leur vie est adoration. Cela devrait valoir également pour les moines. Ceux-ci prient avant tout non pas pour telle ou telle autre chose, mais simplement parce que Dieu mérite d'être adoré. "Confitemini Domino, quoniam bonus! - Rendez grâce au Seigneur car il est bon, car éternel est son amour!" exhortent divers Psaumes (par ex. Ps 106, 1). Une telle prière sans objectif spécifique, qui se veut un pur service divin est donc appelée à juste titre "officium". C'est le "service" par excellence, le "service sacré" des moines. Il est offert au Dieu trinitaire qui, par dessus toute chose, est digne "de recevoir l'honneur, la gloire et la puissance" (
Ap 4,11), parce qu'il a créé le monde de manière merveilleuse et de manière plus merveilleuse encore il l'a renouvelé.

Dans le même temps, l'officium des personnes consacrées est également un service sacré aux hommes et un témoignage pour eux. Chaque homme porte dans l'intimité de son coeur, consciemment ou de manière inconsciente, la nostalgie d'une satisfaction définitive, du bonheur suprême, et donc au fond de Dieu. Un monastère, où la communauté se réunit plusieurs fois par jour pour louer Dieu, témoigne que ce désir humain originel ne finit pas dans le néant: le Dieu Créateur ne nous a pas placés, nous les hommes, dans des ténèbres effroyables où, procédant à tâtons, nous devrions désespérément chercher un sens ultime et fondamental (cf. Ac Ac 17,27); Dieu ne nous a pas abandonnés dans un désert de néant, privé de sens, où, en définitive, nous attend seulement la mort. Non! Dieu a éclairé nos ténèbres avec sa lumière, par l'oeuvre de son Fils Jésus Christ. En Lui, Dieu est entré dans notre monde avec toute sa "plénitude" (cf. Col Col 1,19), en Lui, toute vérité, dont nous avons la nostalgie, a son origine et son sommet [2].

Notre lumière, notre vérité, notre but, notre satisfaction, notre vie - tout cela n'est pas une doctrine religieuse, mais une Personne: Jésus Christ. Bien au-delà de nos capacités de chercher et de désirer Dieu, nous sommes déjà auparavant cherchés et désirés, et plus encore, trouvés et rachetés par Lui! Le regard des hommes de tous les temps et de tous les peuples, de toutes les philosophies, les religions et les cultures, rencontre en fin de compte les yeux grands ouverts du Fils de Dieu crucifié et ressuscité; son coeur ouvert est la plénitude de l'amour. Les yeux du Christ sont le regard de Dieu qui aime. L'image du Crucifié au-dessus de l'autel, dont l'original romain se trouve dans la Cathédrale de Sarzana, montre que ce regard se tourne vers chaque homme. Le Seigneur en effet, regarde dans le coeur de chacun de nous.

Le coeur du monachisme est l'adoration - une vie à la manière des anges. Mais les moines étant des hommes de chair et de sang sur cette terre, saint Benoît, à l'impératif central de l'"ora", en ajoute un second: le "labora". Selon la conception de saint Benoît comme celle de saint Bernard, une partie de la vie monastique, en plus de la prière, est aussi le travail, la culture de la terre conformément à la volonté du Créateur. Ainsi, au fil de tous les siècles, les moines, à partir de leur regard tourné vers Dieu, ont rendu la terre vivable et belle. La sauvegarde et l'assainissement de la création venaient précisément de leur regard tourné vers Dieu. A travers le rythme de l'ora et labora, la communauté des personnes consacrées rend témoignage de ce Dieu qui en Jésus Christ nous regarde, et l'homme et le monde, sous Son regard, deviennent bons.

Non seulement les moines disent l'officium, mais l'Eglise a tiré de la tradition monastique pour tous les religieux, ainsi que pour les prêtres et les diacres, la récitation du Bréviaire. Il est bon ici aussi que les religieuses et les religieux, les prêtres et les diacres - et naturellement aussi les Evêques - dans la prière quotidienne "officielle", se présentent devant Dieu avec des hymnes et des psaumes, avec des actions de grâce et des requêtes sans objectifs spécifiques.

Chers confrères dans le ministère sacerdotal et diaconal, chers frères et soeurs dans la vie consacrée! Je sais qu'il faut de la discipline, et même parfois un dépassement de soi-même pour réciter fidèlement le Bréviaire; mais à travers cet officium, nous recevons dans le même temps de nombreuses richesses: combien de fois, lorsque nous le récitons, la fatigue et l'abattement s'évanouissent! Et lorsque Dieu est loué et adoré avec fidélité, sa Bénédiction ne fait pas défaut. A juste titre, on dit en Autriche: "Tout dépend de la Bénédiction de Dieu!".

Votre service prioritaire pour ce monde doit donc être votre prière et la célébration de l'Office divin. La disposition intérieure de chaque prêtre, de chaque personne consacrée doit être de "ne rien placer avant l'Office divin". La beauté d'une telle disposition intérieure s'exprimera à travers la beauté de la liturgie au point que là où, ensemble, nous chantons, nous louons, nous exaltons et nous adorons Dieu, un fragment du ciel devient présent sur terre. Il n'est vraiment pas téméraire de voir, dans une liturgie entièrement centrée sur Dieu, dans les rites et dans les chants, une image de l'éternité. Autrement, comment nos ancêtres auraient-ils pu, il y a des centaines d'années, construire un édifice sacré aussi solennel que celui-ci? L'architecture elle-même attire ici déjà vers le haut nos sens en direction de "ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment" (Cf. 1Co 2,9). Dans toute forme d'engagement au service de la liturgie, un critère déterminant doit être le regard toujours tourné vers Dieu. Nous sommes devant Dieu - Il nous parle, et nous Lui parlons. Lorsque, dans les réflexions sur la liturgie, on se demande seulement comment la rendre attirante, intéressante et belle, la partie est déjà perdue. Ou bien elle est opus Dei avec Dieu comme sujet spécifique ou elle n'est pas. Dans ce contexte, je vous demande: célébrez la sainte liturgie en ayant le regard tourné vers Dieu dans la communion des Saints, de l'Eglise vivante de tous les lieux et de tous les temps afin qu'elle devienne l'expression de la beauté et de la sublimité de ce Dieu ami des hommes!

L'âme de la prière, enfin, est l'Esprit Saint. Chaque fois que nous prions, en vérité, c'est toujours Lui qui "vient au secours de notre faiblesse, en intercédant lui-même en des gémissements ineffables" (cf. Rm 8,26). En ayant confiance dans cette parole de l'Apôtre Paul je vous assure, chers frères et soeurs, que la prière suscitera en vous cet effet que l'on exprimait jadis en appelant les prêtres et les personnes consacrées simplement des "Geistliche" (c'est-à-dire des personnes spirituelles). Monseigneur Sailer, l'Evêque de Ratisbonne dit un jour que les prêtres devaient être avant tout des personnes spirituelles. Je serais heureux que l'expression "Geistliche" retrouve un usage pus fréquent. Mais il est surtout important que se réalise en nous la réalité que décrit ce terme: que dans la sequela du Seigneur, en vertu de la force de l'Esprit, nous devenions des personnes "spirituelles".
L'Autriche est, comme on le dit, véritablement "Klosterreich": au double sens de royaume des monastères et riche de monastères. Vos très anciennes abbayes, dont l'origine et les traditions remontent à plusieurs siècles, sont des lieux de la "préférence donnée à Dieu". Chers confrères, vous rendez tout à fait évidente cette priorité donnée à Dieu! Comme une oasis spirituelle, un monastère indique au monde d'aujourd'hui la chose la plus importante, et c'est même en fin de compte la seule chose décisive: il existe une ultime raison pour laquelle il vaut la peine de vivre, qui est Dieu et son amour impénétrable.

Et je vous demande, chers fidèles, de considérer vos abbayes et vos monastères toujours pour ce qu'ils sont et ce qu'ils veulent être: pas seulement des lieux de culture et de tradition, voire de simple entreprises économiques. Structure, organisation et économie sont nécessaires dans l'Eglise également, mais ce ne sont pas des choses essentielles. Un monastère est surtout ceci: un lieu de force spirituelle. En arrivant dans l'un de vos monastères ici en Autriche, on a la même impression que lorsque, après une longue marche dans les Alpes qui a coûté beaucoup d'effort, on trouve finalement un ruisseau d'eau de source où se rafraîchir... Profitez donc de ces sources de la proximité de Dieu dans votre pays, ayez de l'estime pour les communautés religieuses, les monastères et les abbayes et recourez au service spirituel que les personnes consacrées sont prêtes à vous offrir!

Ma visite, enfin, s'adresse à l'Académie désormais pontificale qui fête le 205 anniversaire de sa fondation et qui, dans son nouveau statut, a reçu de l'Abbé le nom supplémentaire de l'actuel Successeur de Pierre. Pour autant que soit importante l'intégration de la discipline théologique dans l'universitas du savoir à travers les facultés de théologie catholiques dans les universités d'Etat, il est toutefois tout aussi important qu'il y ait des lieux d'études aussi spécifiques que le vôtre, où est possible un lien profond entre la théologie scientifique et la spiritualité vécue. Dieu, en effet, n'est jamais simplement l'Objet de la théologie, il en est toujours dans le même temps également le Sujet vivant. La théologie chrétienne, du reste, n'est jamais un discours uniquement humain sur Dieu, mais elle est toujours dans le même temps le Logos et la logique à travers lesquels Dieu se révèle. C'est pourquoi l'intellectualité scientifique et la dévotion vécue sont deux éléments de l'étude qui, dans une complémentarité indispensable, dépendent l'une de l'autre.

Le père de l'Ordre cistercien, saint Bernard, a lutté en son temps contre la séparation entre une rationalité qui objective et le courant de la spiritualité ecclésiale. Notre situation actuelle, bien que différente, présente toutefois aussi de remarquables similitudes. Dans le souci d'obtenir la reconnaissance de rigueur scientifique au sens moderne, la théologie peut perdre le souffle de la foi. Mais comme une liturgie qui oublie de regarder vers Dieu vit, en tant que telle, ses derniers moments, de même, une théologie qui ne respire plus dans l'espace de la foi, cesse d'être théologie; elle finit par se réduire à une série de disciplines plus ou moins reliées entre elles. Là où l'on pratique en revanche une "théologie à genoux", comme le demandait Hans Urs von Balthasar [3], elle sera féconde pour l'Eglise en Autriche et même au-delà.

Cette fécondité apparaît dans le soutien et dans la formation aux personnes qui portent en elles un appel spirituel. Pour qu'aujourd'hui, un appel au sacerdoce et à l'état religieux puisse être conservé fidèlement tout au long de la vie, il faut une formation qui intègre la foi et la raison, le coeur et l'esprit, la vie et la pensée. Une vie à la suite du Christ nécessite l'implication de toute la personnalité. Lorsque l'on néglige la dimension intellectuelle, naît trop facilement une forme de pieux sentiment d'amour qui vit presque exclusivement d'émotions et d'états d'âme qui ne peuvent pas durer toute la vie. Et lorsque l'on néglige la dimension spirituelle, on crée un rationalisme raréfié, qui sur la base de la froideur et du détachement, ne peut jamais déboucher sur un don enthousiaste de soi à Dieu. On ne peut pas fonder une vie à la suite du Christ sur une telle vision unilatérale; avec les demi-mesures on resterait personnellement insatisfait et, par conséquent, peut-être aussi spirituellement stérile. Tout appel à la vie religieuse ou au sacerdoce est un trésor si précieux que les responsables doivent faire tout leur possible pour trouver les chemins de formation adaptés afin de promouvoir ensemble fides et ratio - la foi et la raison, le coeur et l'esprit.

Saint Léopold d'Autriche - nous venons de l'entendre - sur le conseil de son fils, le Bienheureux Evêque Otton de Freising, qui fut mon prédécesseur sur le siège épiscopal de Freising (à Freising on célèbre aujourd'hui sa fête) fonda en 1133 votre abbaye, en lui donnant le nom de "Unsere Liebe Frau zum Heiligen Kreuz" - Notre Dame de la Sainte Croix. Ce monastère n'est pas dédié à la Vierge uniquement par tradition - comme tous les monastères cisterciens -, mais ici brûle le feu marial de saint Bernard de Clairvaux. Bernard qui entra au monastère avec 30 compagnons, est une sorte de Patron des vocations spirituelles. Peut-être avait-il un ascendant si enthousiasmant et si encourageant sur les nombreux jeunes de son époque appelés par Dieu, parce qu'il était animé par une dévotion mariale particulière. Là où est Marie, on trouve l'image primordiale du don total et de la sequela du Christ. Là où est Marie, on trouve le souffle pentecostal de l'Esprit Saint, on trouve l'élan et le renouveau authentique.

Depuis ce lieu marial sur la Via Sacra, je souhaite à tous les lieux spirituels en Autriche fécondité et capacité de rayonnement. Ici, je voudrais avant mon départ, comme déjà à Mariazell, demander encore une fois à la Mère de Dieu d'intercéder pour toute l'Autriche. Avec les paroles de saint Bernard, j'invite chacun à se faire avec confiance "enfant" devant Marie, comme l'a fait le Fils de Dieu lui-même. Saint Bernard dit et nous disons avec lui: "Regarde l'étoile, invoque Marie... Dans les périls dans les angoisses, dans les incertitudes, pense à Marie, invoque Marie. Que son nom ne s'éloigne pas de ta bouche, ne s'éloigne pas de ton coeur... En la suivant, tu ne te perds pas, en la priant tu ne désespères pas, en pensant à elle tu ne te trompes pas. Si elle te retient tu ne tombes pas; si elle te protège, tu ne crains rien; si elle te guide, tu ne te fatigues pas, si elle te concède sa faveur, tu parviens à tes fins" [4]


[1] Regula Benedicti RB 43,3.
[2] Cf. Concile Vatican II, Gaudium et spes, n. GS 22.
[3] Cf. Hans Urs von Balthasar, Theologie und Heiligkeit, Aufsatz von 1948 in: Verbum Caro. Schriften zur Theologie I, Einsiedeln 1960, 195-224.
[4] Bernard de Clairvaux, In laudibus Virginis Matris, Homilia 2, 17.


ANGELUS Esplanade de la Cathédrale Saint-Etienne, Vienne Dimanche 9 septembre 2007

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Chers frères et soeurs,

Célébrer ce matin avec vous tous le Jour du Seigneur d'une manière aussi digne dans la magnifique cathédrale Saint-Etienne a été pour moi une expérience particulièrement belle. Le rite eucharistique accompli avec la dignité qui lui est due nous aide à prendre conscience de l'immense grandeur du don que Dieu nous fait dans la Messe. Précisément ainsi nous nous rapprochons mutuellement et nous faisons l'expérience de la joie de Dieu. Je suis donc reconnaissant à ceux qui, à travers leur contribution active à la préparation et au déroulement de la Liturgie, ou également à travers leur participation recueillie aux saints Mystères, ont créé une atmosphère dans laquelle la présence de Dieu devient vraiment perceptible. Merci de tout coeur et "Vergelt's Gott" à tous!

Dans l'homélie, j'ai cherché à dire quelque chose sur le sens du Dimanche et sur le passage évangélique d'aujourd'hui, et je pense que cela nous a conduits à découvrir que l'amour de Dieu, qui "s'est perdu lui-même" pour nous, en se remettant à nous, nous donne la liberté intérieure de "perdre" notre vie, pour trouver de cette manière la vraie vie. La participation à cet amour a également donné à Marie la force de prononcer son "oui" sans réserve. Face à l'amour respectueux et délicat de Dieu, qui pour la réalisation de son projet de salut attend la libre collaboration de sa créature, la Vierge a pu laisser de côté toute hésitation et, en vue de ce projet grand et incroyable, se remettre elle-même avec confiance entre ses mains. Pleinement disponible, totalement ouverte au plus profond de sa personne et libérée d'elle-même, elle a donné à Dieu la possibilité de la combler par son Amour, avec l'Esprit Saint. Ainsi, Marie, la femme simple, a pu recevoir en elle-même le Fils de Dieu et donner au monde le Sauveur qui s'était donné à Elle.

A nous aussi, dans la célébration eucharistique, le Fils de Dieu a été donné aujourd'hui. Celui qui a fait la communion porte à présent en lui de manière particulière le Seigneur ressuscité. Chers frères et soeurs, de même que Marie le porta en son sein - un petit être humain sans défense, totalement dépendant de l'amour de sa mère -, Jésus Christ, sous l'espèce du pain, s'est confié à nous. Aimons ce Jésus qui se donne ainsi totalement entre nos mains! Aimons-Le comme Marie L'a aimé! Apportons-Le aux hommes comme Marie l'a apporté à Elisabeth, suscitant la réjouissance et la joie! La Vierge a donné un corps humain au Verbe de Dieu, pour qu'il puisse entrer dans le monde. Donnons, nous aussi, notre corps au Seigneur, rendons notre corps toujours plus un instrument de l'amour de Dieu, un temple de l'Esprit Saint! Apportons le Dimanche avec son Don immense dans le monde!

Nous demandons à Marie de nous enseigner à devenir, comme Elle, libres de nous-mêmes, pour trouver dans la disponibilité à l'égard de Dieu notre véritable liberté, la vraie vie et la joie authentique et durable.

Je voudrais à présent prononcer la prière à la Mère de Dieu, que je voulais en réalité prononcer à la Mariensaüle. Mais là-bas, comme nous le savons, il y a ensuite eu une interruption de courant, qui a rendu cela impossible. C'est pourquoi je voudrais à présent reprendre cette prière à la Vierge:

Sainte Marie, Mère Immaculée de Notre Seigneur Jésus Christ, en toi Dieu nous a donné le modèle de l'Eglise et de la juste manière de réaliser notre humanité. Je te confie l'Autriche et ses habitants: aide-nous tous à suivre ton exemple et à orienter notre vie totalement vers Dieu! Fais que, en regardant le Christ, nous devenions toujours plus semblables à Lui: de véritables fils de Dieu! Alors nous aussi, comblés de toute bénédiction spirituelle, nous pourrons répondre toujours mieux à sa volonté et devenir ainsi des instruments de paix pour l'Autriche, pour l'Europe et pour le monde. Amen!

Chers amis, chantons à présent tous ensemble "l'Ange du Seigneur" à la manière autrichienne:

Der Engel des Herrn...



CÉRÉMONIE DE DÉPART Aéroport international de Vienne/Schwechat Dimanche 9 septembre 2007

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Monsieur le Président fédéral!

Au moment de quitter l'Autriche, au terme de mon pèlerinage à l'occasion du 850 anniversaire du sanctuaire national de Mariazell, je reparcours mentalement avec reconnaissance ces journées riches d'expérience. Je sens que ce si beau pays et sa population me sont devenus encore plus familiers.

Je remercie de tout coeur mes confrères dans l'épiscopat, le gouvernement, ainsi que tous les responsables de la vie publique, et, en particulier, les nombreux volontaires qui ont contribué au succès de l'organisation de cette visite. Je souhaite à tous une riche participation à la grâce qui nous a été donnée au cours de ces jours. Je vous adresse mes remerciements personnels, particuliers et chaleureux, Monsieur le Président fédéral, pour les paroles dont vous m'avez fait don au cours de cette cérémonie de départ, pour votre présence au cours du pèlerinage et pour toute votre attention. Merci!

J'ai pu à nouveau vivre Mariazell comme un lieu particulier de grâce, un lieu qui, ces derniers jours, nous a tous attirés à lui et nous a renforcés intérieurement pour notre chemin futur. Le grand nombre de personnes qui ont participé à la fête avec nous dans la Basilique, dans la petite ville et dans toute l'Autriche doit nous encourager à regarder vers le Christ avec Marie, et à affronter avec confiance le chemin vers l'avenir. Il est heureux que le vent et le mauvais temps ne nous aient pas arrêtés, mais aient, au fond, renforcé encore notre joie.

Dès le début, la prière commune sur la Place "am Hof" nous a réunis au-delà des frontières nationales, et nous a montré la grande hospitalité de l'Autriche, qui est l'une des grandes qualités de ce pays.

Que la recherche d'une compréhension réciproque et la formation créatrice de voies toujours nouvelles pour favoriser la confiance entre les hommes et les peuples, continuent d'inspirer la politique nationale et internationale de ce pays! Vienne, dans l'esprit de son expérience historique et de sa situation au centre vivant de l'Europe, peut y apporter sa contribution, en faisant valoir en conséquence la pénétration des valeurs traditionnelles du Continent, empreintes de foi chrétienne, dans les institutions européennes et dans le domaine de la promotion des relations internationales, interculturelles et interreligieuses.

Au cours du pèlerinage de notre vie, nous nous arrêtons, parfois, avec reconnaissance pour le chemin accompli et en espérant et en priant pour la route qui reste encore à parcourir. J'ai effectué moi aussi un tel arrêt dans l'Abbaye d'Heiligenkreuz. La tradition cultivée dans cet endroit par les moines cisterciens nous relie à nos racines, dont la force et la beauté proviennent au fond de Dieu lui-même.

Aujourd'hui, j'ai pu célébrer avec vous le Dimanche, le Jour du Seigneur, - en présence de représentants de toutes les paroisses d'Autriche - dans la Cathédrale Saint-Etienne. Ainsi, à cette occasion, j'étais uni de façon particulière avec les fidèles de toutes les paroisses d'Autriche.

Enfin, un moment émouvant a été pour moi la rencontre avec les volontaires des Organismes d'assistance qui, en Autriche, sont si nombreux et variés. Les milliers de volontaires que j'ai pu rencontrer représentent leurs milliers de collègues qui, dans tout le pays, à travers leur disponibilité à aider, manifestent les traits les plus nobles de l'homme et rendent l'amour du Christ reconnaissable aux croyants.

La gratitude et la joie comblent mon âme en cet instant. Qu'à vous tous, qui avez suivi ces journées, qui avez accompli de nombreux efforts et beaucoup de travail afin que le programme intense puisse se dérouler sans incident, qui avez participé au pèlerinage et aux célébrations de tout votre coeur, parvienne une fois de plus mes remerciements les plus sincères. En vous quittant, je confie le présent et l'avenir de ce pays à l'intercession de la Mère de la Grâce de Mariazell, la Magna Mater Austriae, et à tous les saints et bienheureux d'Autriche. Avec eux, nous voulons regarder vers le Christ, notre vie et notre espérance. Avec une affection sincère, je vous dis, à vous et à tous, un très cordial "Vergelt's Gott".



À S.E. M. OZEF DRAVECKÝ , NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE SLOVAQUIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Palais pontifical de Castelgandolfo Jeudi 13 septembre 2007

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Votre Excellence,

Je suis très heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République slovaque près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les salutations cordiales que vous m'avez transmises de la part du Président, M. Gasparovic, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre mes salutations respectueuses, ainsi que mes meilleurs voeux dans la prière pour le bien-être et la prospérité de la République. En effet, les liens qui unissent l'Evêque de Rome au peuple de votre pays, remontent à l'époque des saints Cyrille et Méthode, et votre présence ici aujourd'hui est un exemple supplémentaire du respect et de l'affection réciproques que le Saint-Siège et la Slovaquie ont l'un pour l'autre.

L'an prochain marquera le quinzième anniversaire des relations diplomatiques entre la République slovaque et le Saint-Siège. Cette coopération a été particulièrement fructueuse au cours des dernières années, comme le souligne la ratification par votre Gouvernement de deux des quatre points contenus dans l'Accord fondamental signé en 2000. Je vous suis reconnaissant, Excellence, d'assurer que la République s'engage à remplir les deux autres points de l'Accord de Base en ce qui concerne l'objection de conscience et le financement des activités de l'Eglise. A cet égard, je réaffirme la disponibilité du Saint-Siège à vous assister, ainsi que vos collaborateurs, de toutes les façons possibles afin que ces points importants connaissent une heureuse issue.

L'un des sujets fondamentaux approuvés par l'Accord de base, comme l'a souligné Votre Excellence, concerne l'éducation. Il est important que les Etats continuent de garantir à l'Eglise la liberté d'établir et d'administrer les écoles catholiques, en laissant aux parents l'opportunité de choisir un type d'éducation qui encourage la formation chrétienne de leurs enfants. En recevant un enseignement chrétien, les jeunes prennent conscience de leur dignité personnelle en tant que créatures faites à l'image et à la ressemblance de Dieu (
Gn 1,27), et donnent ainsi un but et une orientation à leur vie. En effet, une solide éducation, qui nourrit toutes les dimensions de la personne humaine, y compris les dimensions religieuses et spirituelles, est dans l'intérêt de l'Eglise et de l'Etat. De cette façon, les jeunes peuvent acquérir des habitudes qui leur permettront d'assumer leurs devoirs civiques en entrant dans l'âge adulte.

Les efforts conjoints de l'Eglise et de la société civile pour éduquer les jeunes à la bonté sont d'autant plus cruciaux à une époque où ils sont tentés de déprécier les valeurs du mariage et de la famille, si importantes pour leur bonheur futur et pour la stabilité sociale d'une nation. La famille est le noyau dans lequel une personne apprend en premier lieu l'amour humain et cultive les vertus de la responsabilité, de la générosité et de la préoccupation fraternelle. Les familles solides sont édifiées sur les bases de mariages solides. Les sociétés solides sont édifiées sur les bases de familles solides. En effet, toutes les communautés civiles devraient faire tout leur possible afin de promouvoir des politiques économiques et sociales qui aident les jeunes couples mariés et soutiennent leur désir de fonder une famille. Loin d'être indifférent au mariage, l'Etat doit reconnaître, respecter et soutenir cette institution vénérable comme l'union stable entre un homme et une femme qui prennent librement un engagement d'amour et de fidélité pour toute la vie (cf. Familiaris Consortio FC 40). Les membres de votre Conseil national sont engagés dans des débats approfondis sur la façon de promouvoir le mariage et d'encourager la vie de famille. Les Evêques catholiques de votre pays également sont préoccupés par l'augmentation du taux de divorces et du nombre d'enfants conçus hors des liens du mariage. Grâce aux efforts du Conseil pour la famille et la jeunesse, la Conférence des Evêques a accru les initiatives d'éducation qui éveillent la conscience de la noble vocation du mariage, préparant ainsi les jeunes à assumer leurs responsabilités. De tels programmes ouvrent la voie à une collaboration supplémentaire entre l'Eglise et l'Etat et contribuent à assurer un avenir sain à votre pays.

Tandis que la République s'efforce d'atteindre le progrès social chez elle, elle se tourne également au-delà de ses frontières vers la Communauté internationale tout entière. Le riche héritage culturel et spirituel de la Slovaquie possède un grand potentiel pour revitaliser l'âme du continent européen. Excellence, vous avez attiré l'attention sur les sacrifices héroïques faits par d'innombrables hommes et femmes dans l'histoire de votre nation, qui, à l'époque des persécutions, ont fait de nombreux efforts afin de protéger le droit à la vie, la liberté religieuse, et la liberté de se mettre au service charitable de son prochain (cf. Deus caritas est ). De telles valeurs essentielles sont impératives pour édifier une Union européenne pacifique et juste. Je suis certain que les célébrations marquant le 1.150 anniversaire des saints Cyrille et Méthode renouvelleront la vigueur de la Slovaquie en vue de témoigner de ces valeurs éternelles. De cette façon, la Slovaquie inspirera d'autres Etats-membres de l'Union européenne à rechercher l'unité tout en reconnaissant la diversité, à respecter la souveraineté nationale tout en s'engageant dans des activités communes, et à rechercher le progrès économique tout en promouvant la justice sociale.

Votre Excellences, je suis certain que les liens diplomatiques entre la République slovaque et le Saint-Siège, qui bénéficient déjà d'un esprit de bienveillance et d'estime réciproque, continueront de soutenir le développement intégral de votre nation. Je vous assure de la disponibilité des divers bureaux de la Curie Romaine dans l'accomplissement de vos fonctions. En vous présentant mes sincères meilleurs voeux, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tout le bien-aimé peuple de la République slovaque, une abondance de Bénédictions divines.


À S.E. M. NOEL FAHEY , NOUVEL AMBASSADEUR D'IRLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Palais pontifical de Castelgandolfo Samedi 15 septembre 2007

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Votre Excellence,

1. C'est avec un plaisir particulier que je vous accueille au Vatican, et que j'accepte les Lettres de Créance qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Irlande près le Saint-Siège. Je vous prie de bien vouloir transmettre à votre Président, Mme Mary McAleese, ainsi qu'au gouvernement et au peuple de votre pays, ma gratitude pour leurs meilleurs voeux. J'y réponds avec plaisir et j'assure les citoyens de votre nation de mes prières pour leur bien-être spirituel.

2. Comme Votre Excellence l'a noté, pendant plus de 1600 ans, le christianisme a formé l'identité culturelle, morale et spirituelle du peuple irlandais. Il ne s'agit pas seulement de son importance historique. Le christianisme est au coeur de la civilisation irlandaise et demeure comme un "levain" dans la vie de votre nation. En effet, la foi chrétienne n'a rien perdu de sa signification pour la société contemporaine, car elle atteint "la sphère la plus profonde de l'homme" et donne "le sens de son existence dans le monde" (Redemptor hominis
RH 10), permettant aux responsables tant civils que religieux de défendre les valeurs absolues et les idéaux inhérents à la dignité de toute personne et nécessaires à toute démocratie.

3. Au cours des dernières années, l'Irlande a connu une croissance économique sans précédent. Cette prospérité a sans aucun doute apporté un confort matériel à de nombreuses personnes, mais elle a également entraîné un sécularisme qui a commencé à gagner du terrain et à laisser des traces. Dans le cadre de ces développements, j'ai été intéressé d'apprendre la récente mise en place d'un "dialogue structuré" entre l'Eglise et le gouvernement. Je salue cette initiative. Certains peuvent se demander si l'Eglise a le droit d'apporter sa contribution au gouvernement d'une nation. Dans une société démocratique pluraliste, la foi et la religion ne devraient-elles pas se limiter au domaine privé? L'ascension historique de régimes totalitaires violents, le scepticisme contemporain face à la rhétorique politique, et le malaise croissant qui accompagne le manque de références éthiques réglementant les récents progrès scientifiques - il suffit de penser au domaine de la bio-ingénierie - tout cela indique les imperfections et les limitations qui se trouvent à la fois chez les personnes et dans la société. La reconnaissance de ces imperfections montre l'importance d'une redécouverte des principes moraux et éthiques, et le besoin tant de reconnaître les limites de la raison que de comprendre sa relation essentielle et complémentaire avec la foi et la religion.

L'Eglise, en exposant la vérité révélée, sert tous les membres de la société en apportant une lumière sur les fondements de la morale et de l'éthique, et en purifiant la raison, en garantissant que celle-ci demeure ouverte à la considération des vérités ultimes et qu'elle s'inspire de la sagesse. Loin de menacer la tolérance à l'égard des différences ou le pluralisme culturel, ou encore d'usurper le rôle de l'Etat, une telle contribution illumine la vérité même qui rend le consensus possible et maintient le débat public rationnel, honnête et responsable. Lorsque la vérité est méprisée, le relativisme la remplace: au lieu d'être régis par les principes, les choix politiques sont déterminés de plus en plus par l'opinion publique, les valeurs sont obscurcies par les méthodes et les objectifs, et ce sont les catégories elles-mêmes de ce qui est bien et ce qui est mal, de ce qui est juste et ce qui est faux, qui dictent l'évaluation pragmatique des avantages et des inconvénients.

4. Le processus de paix en Irlande du Nord représente un effort long et difficile. L'espérance est enfin apparue qu'il portera des fruits durables. La paix a été atteinte grâce à un vaste soutien international, une volonté politique déterminée de la part des gouvernements irlandais et britannique, et la volonté des personnes et des communautés à accueillir la formidable capacité humaine à pardonner. La famille humaine tout entière a été encouragée par ce résultat et salue cette vague d'espérance qui a déferlé sur le monde selon laquelle le conflit, aussi enraciné soit-il, peut être surmonté. Je souhaite ardemment que la paix, qui apporte déjà un renouveau au Nord, inspirera les responsables politiques et religieux dans d'autres régions tourmentées de notre monde à reconnaître que ce n'est qu'à travers le pardon, la réconciliation et le respect mutuel que l'on peut édifier une paix durable. A cette fin, je salue l'engagement de votre gouvernement en vue de déployer son expérience et ses ressources dans la prévention et la résolution des conflits, ainsi que son engagement à intensifier les différentes formes d'assistance aux pays en voie de développement.

5. Votre Excellence, comme de nombreuses nations dans le monde, au cours des dernières années, l'Irlande a fait de la protection de l'environnement l'une de ses priorités, tant dans sa politique nationale que dans ses relations extérieures. La promotion d'un développement durable et l'attention particulière au changement climatique représentent en effet des questions d'une grave importance pour toute la famille humaine, et aucune nation ni secteur commercial ne devraient les ignorer. Comme le démontre la recherche scientifique, les effets à l'échelle mondiale que les actions humaines peuvent avoir sur l'environnement, la complexité du lien vital entre l'écologie de la personne humaine et l'écologie de la nature devient de plus en plus apparente (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, n. 8).

La pleine compréhension de ce lien se trouve dans l'ordre naturel et moral avec lequel Dieu a créé l'homme et dont il a doté la terre (ibid., n. 8-9). Curieusement, tandis que la majesté de l'ouvrage des doigts de Dieu dans la création (cf. Ps Ps 8,3) est facilement reconnue, la pleine reconnaissance de la gloire et de la splendeur dont il a couronné l'homme (cf. Ps Ps 8,5) est parfois plus difficilement comprise. Une sorte de moralité divisée s'ensuit. Les thèmes importants et vitaux de la paix, la non-violence, la justice et le respect de la création ne confèrent pas en eux-mêmes sa dignité à l'homme. La dimension primaire de la moralité découle de la dignité innée de la vie humaine - de sa conception à sa mort naturelle - une dignité conférée par Dieu lui-même. L'acte de la création plein d'amour de Dieu doit être compris comme un tout. Comme il est troublant de voir que souvent, les groupes politiques et sociaux qui, de façon admirable, sont le plus respectueux face la création de Dieu sont ceux-là mêmes qui portent bien peu d'attention à la merveille de la vie dans le sein maternel. Espérons que, en particulier parmi les jeunes, l'intérêt naissant pour l'environnement approfondira leur compréhension de l'ordre juste et de la magnificence de la création de Dieu, au centre et au sommet de laquelle se trouvent l'homme et la femme.

6. Votre Excellence, je suis certain que votre nomination renforcera les liens d'amitié qui existent déjà entre l'Irlande et le Saint-Siège. Alors que vous assumez vos nouvelles responsabilités, vous pourrez compter sur la disponibilité des divers bureaux de la Curie Romaine pour vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, sur votre famille, et sur vos concitoyens, j'invoque d'abondantes Bénédictions de Dieu tout-puissant.




Discours 2005-2013 9927