Discours 2005-2013 24907

À S.E. M. JOSÉ CUADRA CHAMORRO , NOUVEL AMBASSADEUR DU NICARAGUA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Lundi 24 septembre 2007

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Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec plaisir que je reçois de vos mains les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Nicaragua près le Saint-Siège et, alors que je vous remercie des paroles courtoises que vous avez tenu à m'adresser, je vous souhaite une cordiale bienvenue à l'occasion de cet acte solennel qui marque le début de la mission que vous a confiée votre gouvernement, et que vous avez déjà exercée entre 1997 et 1998. Je vous prie de faire parvenir à M. Daniel Ortega Saavedra, Président de la République, mes meilleurs voeux de paix, de bien-être et de prospérité pour votre chère nation, si durement éprouvée lors du récent ouragan "Félix". Comme je l'ai déjà dit alors, j'élève à nouveau ma prière au Tout-Puissant pour les victimes et j'exprime ma proximité spirituelle aux nombreuses personnes qui ont subi des dommages, perdant leur habitation ou leurs moyens de subsistance. Il faut espérer que, en plus des aides internes, ils recevront de généreuses subventions de la part de la Communauté internationale.

2. Le Nicaragua, comme tant d'autres pays, doit affronter divers problèmes d'ordre économique, social et politique. Trouver les moyens pour les résoudre n'est pas une tâche facile, étant donné qu'il faut toujours compter non seulement sur la disponibilité et la collaboration des citoyens, mais surtout sur celle des responsables des différentes instances politiques et du monde de l'entreprise. Il est donc nécessaire que les forces et les volontés s'unissent, pour rendre possible une action décidée des gouvernants face aux défis d'un univers mondialisé, qu'il faut affronter dans un esprit d'authentique solidarité.

Cette vertu chrétienne et également humaine - a dit mon prédécesseur Jean-Paul II - doit inspirer l'action des individus, des gouvernements, des organisations et des Institutions internationales, ainsi que de tous les membres de la société civile, qui doivent se sentir engagés à travailler pour un authentique développement des peuples et des nations, en ayant pour objectif le bien de tous et de chacun, comme l'enseigne la doctrine sociale catholique (cf. Sollicitudo rei socialis, nn. 40-41).

3. Dans votre discours, Monsieur l'Ambassadeur, vous avez fait référence aux priorités de votre Gouvernement, telles que celle de réussir à parvenir à ce que l'on appelle "Faim Zero", à combattre le problème de la drogue, à développer l'alphabétisation et à éliminer la pauvreté. Pour parvenir à ces objectifs et réduire ainsi les inégalités entre ceux qui possèdent tout et ceux qui manquent des biens essentiels, comme l'éducation, la santé et le logement, il est fondamental que règnent la transparence et l'honnêteté dans la gestion publique, ce qui, face à toute forme de corruption, favorise la crédibilité des autorités auprès des citoyens et est déterminant pour un juste développement.

Face à ces objectifs, les responsables des institutions civiles trouveront dans l'Eglise qui est au Nicaragua, malgré son manque de ressources mais avec la fermeté de ses principes inspirés par l'Evangile, une collaboration sincère pour la recherche de solutions justes. Il faut également reconnaître ses efforts pour faire croître la conscience et la responsabilité des citoyens, en promouvant leur participation et leur engagement pour répondre aux nécessités de ceux qui sont souvent victimes de la pauvreté et de l'exclusion.

Les évêques de votre pays, à partir des structures nationales et diocésaines, et fidèles à leur mission strictement pastorale, offrent leur disponibilité pour entretenir un dialogue et une communication constante et sincère avec le gouvernement, en contribuant à ce que soient créées les conditions sociales qui favorisent une véritable réconciliation, en instaurant un climat de paix et d'authentique justice sociale. Sans aucun doute, "le devoir immédiat d'agir pour un ordre juste dans la société est au contraire le propre des fidèles laïcs" (Deus caritas est ), qui doivent exercer leur activité politique comme "charité sociale". C'est dans ce sens que je me suis adressé aux Nonces apostoliques en Amérique latine au cours de ma rencontre avec eux, le 17 février dernier.

4. Le Saint-Siège désire également exprimer sa reconnaissance au Nicaragua pour sa position dans les forums multilatéraux sur les thèmes sociaux, en particulier le respect de la vie, face à de nombreuses pressions internes et internationales. C'est pourquoi il faut considérer comme un fait très positif que, l'année dernière, l'Assemblée nationale ait approuvé la dérogation à l'avortement thérapeutique. A ce propos, il est nécessaire de développer l'aide de l'Etat et de la société elle-même aux femmes qui ont de graves problèmes au cours de leur grossesse.

En plus du thème incontournable de la vie, on perçoit une nécessité urgente de racheter et de promouvoir les valeurs humaines et morales, face à tant de formes de violence, y compris dans les foyers, qui sont souvent le fruit de la désintégration de la famille ou de la dégradation des moeurs. L'Eglise qui est au Nicaragua est bien consciente de cette triste réalité et cherche à l'affronter avec ses enseignements et ses programmes pastoraux, mais l'intervention des institutions publiques, avec des programmes éducatifs appropriés en ce qui concerne l'organisation de la vie sociale, est également nécessaire.

5. Monsieur l'Ambassadeur, à l'issue de cette rencontre, je désire vous présenter mes meilleurs voeux pour le bon déroulement de vos fonctions, en vue de fortifier les liens traditionnels de bonne entente et de coopération qui existent entre le Nicaragua et le Saint-Siège. Je vous prie de transmettre mon salut au Président de la République, tandis que je rappelle dans ma prière, par l'intercession de Soeur María Romero, la première bienheureuse tant aimée de votre pays, le peuple du Nicaragua tout entier. Je demande au Très-Haut qu'il vous assiste toujours dans la mission que vous commencez aujourd'hui, de même que j'invoque d'abondantes bénédictions sur vous et sur vos collaborateurs, ainsi que sur les gouvernants et les citoyens du Nicaragua.


AUX ÉVÊQUES DE L'UKRAINE (DE RITES LATIN ET GRÉCO-CATHOLIQUE) À L'OCCASION DE LA VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Palais pontifical de Castelgandolfo Lundi 24 septembre 2007

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Messieurs les Cardinaux,
Chers et vénérés frères dans l'épiscopat,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir et je souhaite à chacun de vous une cordiale bienvenue, au début de la "visite "ad limina Apostolorum" des Evêques de rite latin. C'est avec un grand plaisir que je salue les Evêques grecs-catholiques, qui ont accepté mon invitation à assister à cette rencontre. Aujourd'hui sont idéalement rassemblés autour du Successeur de Pierre, tous les pasteurs de la bien-aimée Eglise qui vit en Ukraine. Il s'agit d'un geste de communion ecclésiale, témoignage éloquent de cet amour fraternel que Jésus a laissé à ses disciples comme signe distinctif. Nous faisons nôtres les paroles du Psalmiste: "Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d'être unis!". Et encore: à ceux qui vivent dans son amour, le Seigneur "envoie la bénédiction, la vie pour toujours" (
Ps 133,1-3). C'est avec cette conscience et avec ces sentiments d'estime et de vive cordialité que je remercie chacun de vous pour le travail pastoral que vous accomplissez quotidiennement au service du peuple de Dieu.

Je sais avec quel engagement vous vous efforcez de proclamer et de témoigner l'Evangile dans la chère terre d'Ukraine, en rencontrant parfois de nombreuses difficultés, mais toujours soutenus par la conscience que le Christ guide d'une main ferme son troupeau, ce troupeau qu'Il a lui-même confié à vos mains, qui sont celles de ses ministres. Le Pape et les collaborateurs de la Curie romaine sont proches de vous et suivent avec affection le chemin de chacune de vos Eglises locales, prêts en toutes circonstances à vous offrir leur contribution, pleinement conscients d'être appelés par le Seigneur à servir l'unité et la communion de l'Eglise.

La rencontre d'aujourd'hui met en lumière la beauté et la richesse du mystère de l'Eglise. L'Eglise - rappelle le Concile Vatican II - est une "communauté de foi, d'espérance et de charité, voulue par le Christ unique médiateur, comme organisme visible sur la terre... Constituée et organisée comme société en ce monde, c'est dans l'Eglise catholique qu'elle se trouve, gouvernée par le Successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui" (cf. Lumen gentium LG 8). Dans la variété de ses rites et de ses traditions historiques, l'unique Eglise catholique annonce et témoigne dans chaque lieu de la terre du même Jésus Christ, Parole de salut pour chaque homme et pour tout l'homme. C'est pourquoi le secret de l'efficacité de chacun de nos projets pastoraux et apostoliques est tout d'abord la fidélité au Christ. A nous, pasteurs, comme à tous les fidèles, il est demandé de vivre une intime et constante familiarité avec Lui dans la prière et dans l'écoute docile de sa parole: telle est la seule route à parcourir pour devenir dans chaque milieu des signes de son amour et des instruments de sa paix et de sa concorde.

Je suis certain que, animés par cet esprit, il n'est pas difficile pour vous, chers et vénérés frères, d'intensifier une collaboration cordiale entre les Evêques latins et les Evêques grecs-catholiques, pour le bien du peuple chrétien tout entier. Vous avez ainsi la possibilité de coordonner vos plans pastoraux et vos activités apostoliques, en offrant toujours le témoignage de cette communion ecclésiale, qui est également la condition indispensable pour le dialogue oecuménique avec nos frères orthodoxes et des autres Eglises. Je me permets en particulier de soumettre à votre attention la proposition d'au moins une rencontre annuelle, où se réuniront ensemble les évêques de rite latin et ceux de rite grec-catholique, en vue d'une concertation opportune entre tous, dans le but de rendre toujours plus harmonieuse et efficace l'action pastorale. Je suis persuadé que la co-opération fraternelle entre les pasteurs constituera pour tous les fidèles un encouragement et une incitation à croître dans l'unité et dans l'enthousiasme apostolique et favorisera également un dialogue oecuménique fructueux.

Chers et vénérés frères, merci encore d'avoir accueilli mon invitation à participer à cette réunion fraternelle. J'invoque sur chacun de vous et sur vos communautés la protection maternelle de la Vierge, que la liturgie latine vénère aujourd'hui comme la Bienheureuse Vierge de la Grâce. Qu'Elle vous soutienne dans le ministère quotidien et le rende fécond de fruits spirituels; qu'Elle vous console et vous réconforte dans les difficultés et à l'heure de l'épreuve; qu'Elle vous obtienne la joie d'une communion toujours plus profonde avec son divin Fils et rende encore plus solide la fraternité entre vous, successeurs des Apôtres. Nous confions à Marie, de manière particulière, la visite "ad limina" des Evêques de rite latin qui commence aujourd'hui et les projets pastoraux de toutes vos communautés. Avec ces voeux, alors que j'invoque une abondante effusion de grâces et de réconforts célestes sur vos personnes et sur vos activités ecclésiales respectives, je donne de tout coeur à chacun une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends volontiers aux fidèles confiés à votre ministère épiscopal, ainsi qu'à tout le peuple bien-aimé d'Ukraine.


CONCERT À L'OCCASION DU 110 ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DU PAPE PAUL VI Salle des Suisses du Palais pontifical de Castelgandolfo Mercredi 26 septembre 2007

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Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
chers frères et soeurs,

Nous avons passé ensemble une suggestive soirée musicale, qui nous a donné l'opportunité d'écouter à nouveau des oeuvres certainement connues, mais toujours capables de susciter des émotions spirituelles nouvelles et profondes. La circonstance qui est a l'origine de cet événement est significative, il s'agit du 110 anniversaire de la naissance du Serviteur de Dieu Paul VI, qui eut lieu à Concesio, le 26 septembre 1897, précisément comme aujourd'hui.

C'est avec des sentiments de vive gratitude que j'adresse mon salut à vous tous, qui avez pris part à cet acte de commémoration d'un grand Souverain Pontife, qui a marqué l'histoire du XX siècle. Je remercie de tout coeur ceux qui ont organisé et ceux qui ont exécuté ces oeuvres avec un talent apprécié. Je salue avec affection les Cardinaux présents, et en particulier le Cardinal Giovanni Battista Re, compatriote du Pape Montini. J'adresse un salut spécial à l'Evêque auxiliaire de Brescia, Mgr Francesco Beschi, que je remercie des paroles qu'il m'a adressées auparavant, aux autres prélats, aux prêtres, à vous tous. J'étends ensuite ma pensée respectueuse aux différentes personnalités qui nous honorent de leur présence, avec une mention spéciale pour les Maires de Brescia et de Bergame, les autres Autorités civiles et militaires, ainsi que les Représentants des Institutions qui ont particulièrement contribué à réalisation de cette manifestation significative. J'ai surtout à coeur de me faire l'interprète des sentiments communs, en exprimant mon appréciation reconnaissante aux solistes et à tous les membres de l'Orchestre du Festival international de Piano Arturo Benedetti Michelangeli de Brescia et Bergame, dirigé par le célèbre Maître Agostino Orizio. Ces derniers, avec un talent et une puissance d'expression extraordinaires, ont exécuté des oeuvres musicales de Vivaldi, Bach et Mozart, aidant notre esprit à percevoir dans le langage musical l'intime harmonie de la beauté divine.

Ce soir, assister à l'interprétation d'oeuvres musicales célèbres nous a donné l'occasion de nous souvenir d'un Pape illustre, Paul VI, qui a rendu à l'Eglise et au monde un service plus que jamais précieux à une époque difficile et dans des conditions sociales caractérisées par de profondes transformations culturelles et religieuses. Nous rendons hommage à l'esprit de sagesse évangélique avec lequel mon bien-aimé prédécesseur a su guider l'Eglise pendant et après le Concile Vatican II. Il a ressenti, avec une intuition prophétique, les espérances et les inquiétudes des hommes de cette époque; il s'est efforcé d'en valoriser les expériences positives en cherchant à les illuminer par la lumière de la vérité et de l'amour du Christ, l'unique Rédempteur de l'humanité. L'amour qu'il nourrissait pour l'humanité avec ses progrès, les merveilleuses découvertes, les bénéfices et les possibilités de la science et de la technique, ne l'a cependant pas empêché de mettre en évidence les contradictions, les erreurs et les risques d'un progrès scientifique et technologique détaché d'une solide référence aux valeurs éthiques et spirituelles. Son enseignement reste donc encore aujourd'hui actuel, et il constitue une source à laquelle puiser pour mieux comprendre les textes conciliaires et analyser les événements ecclésiaux qui ont caractérisé la deuxième partie du XX siècle.

Paul VI a été prudent et courageux en guidant l'Eglise avec un réalisme et un optimisme évangélique, nourris par une foi indomptée. Il a souhaité l'avènement de la "civilisation de l'amour", convaincu que la charité évangélique constitue l'élément indispensable pour construire une authentique fraternité universelle. Ce n'est qu'en reconnaissant Dieu comme Père, qui dans le Christ a révélé son amour à tous, que les hommes peuvent devenir et se sentir réellement frères. Seul le Christ, vrai Dieu et vrai homme, peut convertir l'âme humaine et la rendre capable de contribuer à réaliser une société juste et solidaire. Ses successeurs ont recueilli l'héritage spirituel du Serviteur de Dieu Paul VI, et ils ont marché dans le même sillage. Nous prions afin que son exemple et ses enseignements soient pour nous un encouragement et une incitation à aimer toujours plus le Christ et l'Eglise, animés par cette indomptable espérance qui a soutenu le Pape Montini jusqu'au terme de son existence. C'est avec ces sentiments, que je remercie à nouveau ceux qui ont préparé, animé et réalisé cette rencontre musicale et, en invoquant sur les personnes présentes la protection constante du Seigneur, je donne de tout coeur à tous ma Bénédiction apostolique.

AUX MEMBRES DE L'ÉPISCOPAT

DE RITE LATIN DE L'UKRAINE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle du Consistoire du Palais pontifical de Castelgandolfo Jeudi 27 septembre 2007

Monsieur le Cardinal,
521 Vénérés frères dans l'épiscopat!

"A vous grâce et paix de par Dieu notre Père" (
Col 1,2)! C'est avec ce salut apostolique que je m'adresse à vous, membres de l'épiscopat de rite latin de l'Ukraine. Je souhaite à chacun cette grâce et cette paix du Seigneur, qui sont le secret de notre mission d'Evêques au service de l'homme. Au terme de la visite ad limina, qui m'a donné l'occasion de vous rencontrer personnellement, de mieux connaître la réalité de chacun de vos diocèses et de partager avec vous les espérances et les problèmes qui en marquent le chemin quotidien, je rends grâce à Dieu pour tout ce que, dans son amour miséricordieux, il accomplit à travers votre ministère pastoral. J'adresse un salut particulier au Cardinal Marian Jaworski et je le remercie de ses paroles qui ont interprété votre pensée à tous. J'ai saisi dans son intervention le vif désir que vous nourrissez de consolider entre vous l'unité et la collaboration, pour affronter unis les grands défis sociaux, culturels et spirituels du moment présent. Vous ne vous lassez pas de trouver des solutions possibles, également dans le dialogue avec les Autorités locales, dans le seul but de prendre soin du troupeau que le Seigneur vous a confié. C'est avec une vive gratitude que j'ai pris connaissance de l'effort catéchétique, liturgique, apostolique et caritatif de vos diocèses: un programme qui tend également à consolider l'élan à la catholicité qui fait que tous les baptisés se sentent membres de l'unique Corps du Christ.

Votre oeuvre pastorale, vénérés frères, couvre un territoire sur lequel coexistent des catholiques de rite latin et de rite grec-catholique, ainsi que d'autres croyants qui trouvent la raison de leur vie dans l'unique Seigneur Jésus Christ. Même entre catholiques, la collaboration n'est pas toujours facile, puisque se font jour, naturellement, des sensibilités différentes, étant donné la diversité des traditions respectives. Mais comment ne pas voir une opportunité providentielle dans le fait que coexistent ensemble deux communautés distinctes dans leurs traditions, mais pleinement catholiques, toutes deux tendues à servir l'unique Kyrios et à en annoncer l'Evangile? L'unité des catholiques, dans la diversité des rites, et l'effort de la manifester dans tous les milieux, montre le visage authentique de l'Eglise catholique et constitue un signe plus que jamais éloquent, également pour les autres chrétiens et pour la société tout entière. Il ressort de votre analyse une série de problématiques, dont la solution exige une indispensable synergie des forces, pour une annonce renouvelée de l'Evangile. Les longues années de la domination athée et communiste ont laissé des traces évidentes chez les générations actuelles. Chers frères, ce sont autant de défis qui vous interpellent et qui sont à juste titre au centre de vos préoccupations et de vos programmes pastoraux.

"Ut unum sint"! La prière du Christ au cénacle résonne constamment dans l'Eglise comme une invitation à rechercher, sans se lasser, l'unité. Si la communion se consolide au sein des communautés catholiques, il sera plus aisé de conduire une dialogue fructueux entre l'Eglise catholique et les autres Eglises et Communautés ecclésiales. Vous ressentez fortement l'exigence oecuménique, étant donné que, depuis de longs siècles, vous vivez avec nos frères orthodoxes et tentez de tisser avec eux un dialogue quotidien qui embrasse de nombreux aspects de la vie. Que les difficultés, les obstacles, et même les éventuels échecs ne ralentissent pas votre enthousiasme sur votre chemin dans cette direction. Avec patience et humilité, avec charité, vérité et ouverture d'esprit, le chemin à parcourir devient moins difficile, surtout si la perspective fondamentale ne fait pas défaut, la conviction que tous les disciples du Christ sont appelés à marcher sur ses traces, en se laissant guider docilement par son Esprit, qui est toujours à l'oeuvre dans l'Eglise.

Chers frères, les arguments à affronter seraient très nombreux dans le cadre de nos entretiens personnels, sur lesquels j'aimerais revenir pour vous encourager à poursuivre sur le chemin entrepris. Je pense par exemple à l'exigence fondamentale de former de manière adéquate les prêtres, pour qu'ils puissent accomplir au mieux leur mission; ainsi que l'attention apportée aux vocations, qui constitue une priorité pastorale pour assurer des ouvriers à la moisson du Seigneur. Dans leur grande majorité, les prêtres sont des témoins d'une authentique abnégation, d'une joyeuse générosité, d'une humble adaptation aux situations précaires dans lesquelles ils prêtent leur service, connaissant parfois également des difficultés d'ordre économique. Que Dieu les préserve et les protège toujours! Aimez-les car ils sont pour vous des collaborateurs indispensables, soutenez-les et encouragez-les, priez avec eux et pour eux. Soyez pour eux des pères emplis d'amour auxquels recourir avec confiance. Je connais vos efforts à travers diverses initiatives pour promouvoir les vocations. Ayez soin que, dans les séminaires, soit dispensée aux candidats à la prêtrise une formation harmonieuse et complète. Accompagnez avec une sollicitude paternelle les jeunes prêtres dans les premiers pas de leur ministère et ne négligez pas la formation permanente des prêtres. J'ai noté avec satisfaction la présence et l'engagement des personnes consacrées, hommes et femmes: un don authentique pour la croissance spirituelle de toute communauté. L'attention apportée aux vocations présuppose naturellement une pastorale familiale de valeur. La formation d'un laïcat qui sache rendre raison de la foi, en cette époque qui est la nôtre, se fait plus nécessaire encore, et représente l'un des objectifs pastoraux à poursuivre avec persévérance.

Chers et vénérés frères, l'ensemble des situations, avec les difficultés qui y sont liées, pourrait parfois faire apparaître votre travail comme ingrat et véritablement au-delà des forces humaines. N'ayez pas peur, le Seigneur est toujours avec vous! Restez par conséquent unis à Lui dans la prière et dans l'écoute de sa parole. Je vous confie, vous et vos communautés, à Marie, la Vierge Mère de Dieu et de l'Eglise, afin qu'elle vous protège et vous guide toujours d'une main maternelle, tandis que je vous donne avec affection la Bénédiction apostolique.


AUX DIVERSES COMMUNAUTÉS DE CASTELGANDOLFO À L'ISSUE DE SON SÉJOUR Salle des Suisses Vendredi 28 septembre 2007



Chers frères et soeurs,

Avant de quitter Castel Gandolfo, je désire adresser une parole cordiale de gratitude à chacun de vous, qui avez contribué, de diverses manières, à rendre mon séjour estival salutaire et reposant. Je salue tout d'abord le curé de Castelgandolfo et la Communauté paroissiale, ainsi que les diverses communautés religieuses masculines et féminine qui vivent et oeuvrent ici. Je voudrais dire à chacun d'eux: le Pape compte sur votre soutien spirituel et il vous accompagne par sa prière, pour que vous puissiez adhérer avec une générosité constante à l'appel exigeant à la perfection évangélique, pour servir dans la joie et le dévouement le Seigneur et vos frères.

Je voudrais à présent remercier de manière particulière Monsieur le Maire et les représentants de l'Administration communale de Castel Gandolfo. Je vous remercie de tout coeur de votre visite. Au cours de ces mois, j'ai ressenti votre proximité, et je sais avec quel soin vous vous êtes occupés de moi et des personnes qui vivent dans le Palais apostolique. Tous connaissent le style d'hospitalité cordiale qui caractérise votre ville et ses habitants; un accueil qui n'est pas seulement réservé au Pape, mais également aux nombreux pèlerins qui viennent vous rendre visite, en particulier le dimanche pour le rendez-vous habituel de l'Angelus. Chers amis, je vous demande de vous faire l'interprète de mes sentiments reconnaissants auprès de toute la communauté de la ville, que j'ai eu l'occasion de rencontrer en diverses occasions. Je vous remercie tous!

522 Je ne peux manquer d'adresser une parole de sincère gratitude au personnel médical et aux employés des divers services du Gouvernorat, qui au cours de ces mois ont travaillé, chacun dans son propre domaine, avec compétence et abnégation. Chers amis, je connais votre disponibilité et les sacrifices que comportent les différentes tâches que vous êtes appelés à exercer. Que le Seigneur vous récompense pour tout.

Je ressens également le besoin de renouveler mes sentiments d'appréciation et de reconnaissance aux fonctionnaires et aux agents des diverses Forces de l'ordre italiennes qui, avec leur sollicitude habituelle, ont été aux côtés du Corps de la Gendarmerie vaticane et du Corps de la Garde suisse pontificale. Je vous remercier de votre présence discrète et efficace, qui a facilité aux pèlerins et aux visiteurs l'accès ordonné et sûr au Palais apostolique.

Enfin, comment ne pas rappeler les officiers et les aviateurs du 31 escadron de l'Aéronautique militaire? Chers amis, vous accomplissez une tâche hautement spécialisée et utile en m'accompagnant, ainsi que mes collaborateurs, dans mes déplacements en hélicoptère et en avion. Je vous suis très reconnaissant de votre service utile.

Chers frères et soeurs, j'aimerais m'arrêter pour parler avec chacun de vous, et vous remercier personnellement pour la contribution que, avec sollicitude et générosité, vous apportez au bon déroulement de l'activité du Pape ici, à Castelgandolfo. Il s'agit souvent de prestations cachées qui vous obligent à des horaires fatigants, en restant loin de chez vous pendant de longues heures. Ainsi, vos familles sont aussi concernées par les sacrifices que vous devez affronter. C'est pourquoi j'ai à coeur de vous assurer à nouveau de ma plus vive reconnaissance, que j'étends à vos proches. Je vous porte tous dans mon âme et je vous confie tous à la protection maternelle de la Bienheureuse Vierge Marie, alors que je vous bénis de tout coeur, ainsi que les personnes qui vous sont chères.


Octobre 2007


AU PERSONNEL DES VILLAS PONTIFICALES Castelgandolfo Lundi 1er octobre 2007

Chers frères et soeurs,

Avec cette rencontre se termine, également cette année, mon séjour estival à Castel Gandolfo, que vous avez contribué à rendre fructueux et serein. Cette visite de congé m'offre donc l'opportunité d'exprimer à chacun de vous ma vive reconnaissance pour votre travail et le dévouement avec lequel vous l'accomplissez. Je vous salue tous avec affection, à commencer par M. Saverio Petrillo, Directeur général des Villas Pontificales, et je le remercie des paroles cordiales qu'il m'a adressées en votre nom.

Au cours de ces mois, j'ai pu encore une fois faire l'expérience de l'efficacité et de la générosité de vos services. Que le Seigneur, source de tout bien, vous récompense pour l'esprit de sacrifice avec lequel vous les accomplissez quotidiennement. Avec un généreux engagement, vous apportez une contribution significative au ministère du Successeur de Pierre; une contribution souvent cachée, mais toujours utile. Continuez à oeuvrer dans un esprit de foi, pour que vos activités deviennent un témoignage d'amour et de fidélité au Christ, qui appelle tous ses disciples à le suivre, en réalisant chacun sa vocation spécifique dans l'Eglise et dans le monde.

Je dis cordialement "au revoir" à chacun de vous. Je vous assure que je continuerai de prier pour que Dieu vous protège vous et vos proches; vous aussi, chers amis, accompagnez-moi toujours de votre souvenir dans la prière. En particulier dans la perspective de la fête des Anges Gardiens, que nous célébrerons demain, je vous confie à la protection pleine d'amour de ces esprits célestes, que le Seigneur a placés à nos côtés. Que ce soit eux qui vous guident et qui vous accompagnent sur la voie du bien. Je vous remercie à nouveau pour tout, et je forme pour chacun de vous des voeux de vie sereine et active. Avec ces sentiments, je donne de tout coeur à vous qui êtes ici présents, ainsi qu'à vos familles - je suis heureux que tant de familles soient présentes: tant d'enfants naissent ici! -, ma Bénédiction apostolique, signe de ma constante bienveillance.


À S.E. M. ANTONIO ZANARDI LANDI, NOUVEL AMBASSADEUR D'ITALIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 4 octobre 2007

523 Monsieur l'Ambassadeur!

J'accepte volontiers les Lettres à travers lesquelles le Président de la République italienne vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. En cette heureuse circonstance, rendue encore plus significative par la fête de saint François d'Assise, patron d'Italie, je suis heureux de vous souhaiter une cordiale bienvenue. Comme vous l'avez observé, des liens étroits de coopération caractérisent les relations entre le Saint-Siège et la Nation italienne. Les expressions sont innombrables; il suffit d'évoquer à cet égard le témoignage commun d'accueil, de soutien spirituel et d'amitié que les Italiens réservent au Souverain Pontife au cours des rencontres et de ses visites à Rome ou dans d'autres villes de la péninsule italienne. Dans cette proximité s'exprime de façon concrète le lien particulier qui unit depuis longtemps l'Italie au Successeur de l'Apôtre Pierre, dont le siège se trouve précisément dans ce pays, par un mystérieux et providentiel dessein de Dieu.

Monsieur l'Ambassadeur, je désire vous remercier de m'avoir apporté le salut de Monsieur le Président de la République, auquel je suis reconnaissant pour les sentiments respectueux qu'il a eu l'occasion de me manifester à plusieurs reprises. Je réponds à son salut, en unissant le souhait que le peuple italien, fidèle aux principes qui ont inspiré son chemin par le passé, sache également en ce moment, marqué par de vastes et profonds changements, continuer à avancer sur la voie du progrès authentique. L'Italie pourra ainsi offrir à la Communauté internationale une contribution précieuse en promouvant ces valeurs humaines et chrétiennes qui constituent un patrimoine idéal incontournable et qui ont donné vie à sa culture et à son histoire civile et religieuse. Pour sa part, l'Eglise catholique ne cessera d'offrir à la société civile, comme par le passé, sa contribution spécifique, en promouvant et en élevant ce qu'il y a de vrai, de bon et de beau en elle, en illuminant tous les secteurs de l'activité humaine à travers les instruments qui sont conformes à l'Evangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et des situations.

De cette façon se réalise, en effet, le principe énoncé par le Concile Vatican II, selon lequel "la communauté politique et l'Eglise sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes" (Gaudium et spes
GS 75). Ce principe, présenté avec autorité également par la Constitution de la République italienne (cf. art. 7), fonde les relations entre le Saint-Siège et l'Etat italien, comme il est rappelé également dans l'Accord qui, en 1984, a apporté des modifications au Concordat du Latran. Dans celui-ci sont ainsi réaffirmées tant l'indépendance et la souveraineté de l'Etat et de l'Eglise, que la collaboration réciproque pour la promotion de l'homme et du bien de la communauté nationale tout entière. En poursuivant ce but, l'Eglise ne se propose pas des objectifs de pouvoir ni ne prétend de privilèges, ou aspire à des situations d'avantages économique et social. Son unique objectif est de servir l'homme, en puisant, comme norme suprême de conduite, aux paroles et à l'exemple de Jésus Christ qui "a passé en faisant le bien et en guérissant tous" (Ac 10,38). C'est pourquoi, l'Eglise catholique demande à être considérée en vertu de sa nature spécifique et de pouvoir accomplir librement sa mission particulière pour le bien non seulement des fidèles, mais de tous les Italiens.

C'est précisément pour cela, comme je l'ai affirmé l'an dernier à l'occasion du Congrès ecclésial de Vérone, que l'"Eglise n'est pas et n'entend pas être un agent politique. Dans le même temps, elle a un intérêt profond pour le bien de la communauté politique, dont l'âme est la justice et elle lui offre à un double niveau sa contribution spécifique" Et j'ajoutais que "la foi chrétienne, en effet, purifie la raison et l'aide à mieux être elle-même: à travers sa doctrine sociale, par conséquent, argumentée à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain, l'Eglise contribue à faire en sorte que ce qui est juste puisse être efficacement reconnu, puis également réalisé. Dans ce but, il existe un besoin indispensable et clair d'énergies morales et spirituelles qui consentent de placer les exigences de la justice avant les intérêts personnels ou ceux d'une catégorie sociale, ou même d'un Etat: ici, à nouveau, il y a pour l'Eglise un espace très large, pour enraciner ces énergies dans les consciences, les alimenter et les renforcer" (Insegnamenti de Benoît XVI, II, 2, [2006], p. 475). Je forme de tout coeur le voeu que la collaboration entre toutes les composantes de la bien-aimé nation que vous représentez, contribue non seulement à préserver jalousement l'héritage culturel et spirituel qui vous caractérise et qui est une partie intégrante de votre histoire, mais soit encore plus un encouragement à rechercher des voies nouvelles pour affronter de façon adéquate les grands défis qui caractérisent l'époque post-moderne. Parmi ceux-ci, je me limite à citer la défense des droits de la personne et de la famille, la construction d'un monde solidaire, le respect de la création, le dialogue interculturel et interreligieux.

A cet égard, Monsieur l'Ambassadeur, vous avez voulu souligner que l'harmonie entre l'Etat et l'Eglise ont permis d'atteindre des objectifs importants en vue de promouvoir un humanisme intégral. Certes, il reste beaucoup à faire, et le 60 anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme, qui sera célébré l'an prochain, pourra constituer une occasion utile pour l'Italie d'offrir sa contribution à la création, dans le domaine international, d'un ordre juste au centre duquel existe toujours le respect pour l'homme, pour sa dignité et pour ses droits inaliénables. C'est à cela que je faisais référence dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de cette année, en disant: "Cette Déclaration est vue comme une sorte d'engagement moral assumé par l'humanité tout entière. Cela comporte une vérité profonde, surtout si les droits décrits dans la Déclaration sont considérés comme ayant leur fondement non seulement dans la décision de l'assemblée qui les a approuvés, mais dans la nature même de l'homme et dans sa dignité inaliénable de personne créée par Dieu". Je soulignais ensuite qu'"il est donc important que les Organisations internationales ne perdent pas de vue le fondement naturel des droits de l'homme. Cela les soustraira au risque, malheureusement toujours latent, de glisser vers une interprétation qui serait uniquement positiviste. Si cela devait arriver, les Organismes internationaux seraient privés de l'autorité nécessaire pour jouer leur rôle de défenseur des droits fondamentaux de la personne et des peuples, principale justification de leur raison d'être et d'agir" (n. 13). L'Italie, en vertu de sa récente élection en tant que membre du Conseil des Droits de l'homme et encore plus en vertu de sa tradition particulière d'humanité et de générosité, ne peut manquer de se sentir engagée dans une oeuvre inlassable d'édification de la paix et de défense de la dignité de la personne humaine et de tous ses droits inaliénables, y compris celui de la liberté religieuse.

Monsieur l'Ambassadeur, en concluant ces réflexions, je voudrais vous assurer de mon estime et de mon soutien, ainsi que de celui de mes collaborateurs, afin que vous puissiez accomplir la haute mission qui vous a été confiée. J'invoque à cette fin l'intercession céleste du "Poverello" d'Assise, de sainte Catherine de Sienne et particulièrement la protection maternelle de Marie "Castellana d'Italia", tandis que je suis heureux de vous donner, ainsi qu'à votre famille et au bien-aimé peuple italien, une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2005-2013 24907