Discours 2005-2013 559

559 Bien que la Gambie ait été épargnée par la plaie de la guerre, ce pays doit encore affronter plusieurs difficultés. Le gouvernement et ses départements et ministères respectifs, ainsi que d'autres agences et partis politiques, sont attentifs à ces situations et peuvent compter sur la coopération loyale et généreuse de l'Eglise catholique. Les niveaux de vie et les conditions de santé de portions considérables de la population requièrent une attention constante. J'encourage chacun à s'efforcer de promouvoir l'égalité et la complémentarité essentielles de l'homme et de la femme. De même, la lutte contre le SIDA doit se poursuivre sur le front médical et, en particulier, sur celui de l'éducation. La promiscuité sexuelle est la cause radicale de nombreux maux physiques et moraux et doit être surmontée en favorisant la culture de la fidélité conjugale et de l'intégrité morale. Le déplacement de populations et l'afflux de réfugiés qui cherchent à fuir les nombreuses difficultés causées par les conflits armés représentent encore des problèmes pressants qui détruisent les ressources disponibles. Je suis conscient de ces difficultés et j'encourage le peuple et les institutions, publiques et privées, qui offrent leur service aux plus démunis. En même temps, j'exhorte la communauté internationale à jouer un rôle généreux pour soutenir ce devoir humanitaire.

Madame l'Ambassadeur, ce sont là quelques réflexions qui naissent de la considération attentive et de l'appréciation du Saint-Siège pour votre pays et pour le continent africain. Je souhaite le succès de votre mission. Vous pouvez compter sur la volonté et la collaboration des bureaux du Vatican et de la Curie romaine. Je suis heureux de renouveler une fois encore mes voeux à Son Excellence M. le Président Jammeh, au gouvernement et au peuple de votre pays. Que Dieu Tout-Puissant comble votre nation de Bénédictions abondantes et durables de bien-être et de paix.


À S.E. Mme URMILA JOELLA-SEWNUNDUN AMBASSADEUR DE SURINAME PRÈS LE SAINT-SIÈGE


Salle Clémentine Jeudi 13 décembre 2007



Madame l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Suriname près le Saint-Siège. J'accepte avec plaisir vos Lettres de Créance et je vous remercie de m'avoir transmis les salutations cordiales du Président, M. Ronald Venetiaan. Je vous demande de bien avoir l'amabilité de transmettre mes salutations à Son Excellence et au peuple du Suriname avec l'assurance de mes prières constantes pour la paix et le bien-être de votre pays. L'esprit qui caractérise les relations diplomatiques entre le Suriname et le Saint-Siège depuis 1994 est un grand signe d'espérance pour l'avenir. L'Eglise, qui a joué un rôle clé dans l'histoire de votre région, continue de partager l'ardente aspiration de ses populations à la paix, à l'harmonie sociale et à la stabilité économique.

Nous célébrons cette année le 40 anniversaire de Populorum progressio, la Lettre encyclique promulguée par mon Vénéré prédécesseur le Pape Paul VI pour promouvoir "le développement intégral de l'homme et le développement solidaire de l'humanité" (n. 5). Les principes fondamentaux exposés dans ce document ont déclenché un âpre débat non seulement parmi les Evêques, mais aussi entre les responsables des gouvernements, les législateurs, les économistes, les hommes d'affaires et les intellectuels dans le monde entier. Ce vif intérêt perdure aujourd'hui encore et engendre de nouvelles idées pour promouvoir le bien commun selon des modalités qui satisfassent non seulement les exigences matérielles de l'homme, mais réalisent aussi tout son potentiel spirituel. Populorum progressio met en évidence les défis que les pays, qui sont des anciennes colonies, doivent affronter sur leur chemin vers la souveraineté nationale (cf. n. 7). Ce chemin n'a pas toujours été simple pour le Suriname, mais ses institutions démocratiques et son identité nationale sont sorties renforcées de ce processus d'adaptation à une nouvelle réalité politique. J'invite de tout coeur le peuple de votre nation à puiser, pour l'élaboration de ses programmes pour l'avenir, à la riche source de la doctrine sociale catholique.

Votre Excellence, vous avez relevé l'extraordinaire diversité ethnique et religieuse présente dans votre pays. Les différences d'origines, de coutumes et de croyances constituent de merveilleuses opportunités pour les personnes d'apprendre et de pratiquer la tolérance et la sympathie réciproques. Ces habitudes créent une cohésion sociale et préparent le terrain à une démocratie forte (cf. Populorum progressio PP 64). En se familiarisant avec les diverses mores existant dans une nation, ses concitoyens apprennent à se concentrer sur la vérité qui les transcende, tant comme individus que comme membres des communautés locales. Ces vérités, qui doivent être soutenues par l'Etat de droit du pays et par les institutions créées pour le garantir, exhortent les hommes et les femmes de bonne volonté à abandonner leur cadre limité d'intérêts personnels et à se mettre au service du prochain (cf. Populorum progressio PP 73). Le plan quinquennal du Suriname offre de multiples opportunités d'accroître l'esprit de solidarité entre les membres de votre peuple car il prépare le terrain à des initiatives qui favoriseront l'intégration sociale. Je prie pour que la réalisation de ce plan quinquennal contribue à garantir que les droits fondamentaux de tous, en particulier des minorités et des pauvres, continuent à être respectés à chaque niveau de la société (cf. ibid., n. 9).

Votre Excellence, vous avez aussi attiré l'attention sur l'appartenance du Suriname à plusieurs Organisations internationales visant à promouvoir le dialogue et la coopération multilatérale. La volonté de votre nation de faire partie de ces Organisations démontre l'engagement du Suriname en vue de l'aplanissement des différences régionales, selon des modalités qui font honneur à la légitime autonomie de tous les Etats intéressés. La coopération avec les autres pays favorisera aussi les efforts pour s'opposer à l'inquiétant phénomène du trafic international de stupéfiants, dont on peut ressentir les effets insidieux dans toute la communauté mondiale et qui sont particulièrement destructeurs pour les pauvres, les jeunes et les moins privilégiés. Non seulement le flux de stupéfiants nuit gravement à ceux qui en font usage, mais les structures nécessaires pour faciliter ce trafic emprisonnent les sociétés dans des réseaux de corruption, d'avidité et d'exploitation. Madame l'Ambassadeur, en exprimant ma satisfaction sincère pour les actions déjà entreprises afin d'affronter cette situation complexe, je vous encourage, ainsi que tous les habitants de la région, à continuer d'accomplir tous les efforts possibles pour éradiquer totalement ce problème de la société, aussi bien en l'extirpant à la racine qu'en combattant les facteurs qui poussent les personnes à des comportements autodestructeurs, en particulier la pauvreté, la désagrégation de la famille et la désintégration sociale.

Madame l'Ambassadeur, c'est une joie pour moi de vous recevoir aujourd'hui alors que débute la mission qui vous a été confiée. Je vous suis reconnaissant de garantir l'engagement constant du Suriname en faveur de la liberté religieuse et de son esprit de coopération avec l'Eglise catholique. A mon tour, je vous assure de la collaboration des différents bureaux et des dicastères de la Curie romaine. Que votre mission renforce les liens d'amitié et de bonne volonté entre votre gouvernement et le Saint-Siège! Sur vous et sur tout le peuple du Suriname, j'invoque les abondantes Bénédictions du Dieu Tout-Puissant.


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES NOUVEAUX AMBASSADEURS AUPRÈS DU SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 13 décembre 2007



Excellences,

Il m’est agréable de vous accueillir à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs: la Thaïlande, les Seychelles, la Namibie, la Gambie, le Suriname, Singapour et le Koweït. Je vous sais gré des paroles courtoises que vous avez pris soin de me transmettre de la part de vos Chefs d’État. Je vous demande de leur exprimer en retour mes salutations déférentes et mes souhaits les meilleurs pour leurs personnes et pour la haute mission qu’ils accomplissent au service de leur pays. Mon salut chaleureux va aussi à toutes les Autorités civiles et religieuses de vos nations, ainsi qu’à tous vos compatriotes. Par votre intermédiaire, je tiens à assurer les communautés catholiques présentes sur le territoire de vos pays de mes pensées et de mes prières, les encourageant à poursuivre leur mission et le témoignage qu’elles rendent par leur engagement au service de tous.

Votre fonction de diplomate est particulièrement importante dans le monde actuel, pour montrer que, dans toutes les situations de la vie internationale, le dialogue doit l’emporter sur la violence, et que le désir de paix et de fraternité doit prévaloir sur les oppositions et sur l’individualisme, qui ne conduisent qu’à des tensions et des rancoeurs n’aidant pas à construire des sociétés réconciliées. Par votre intermédiaire, je souhaite lancer un nouvel appel pour que toutes les personnes qui ont une fonction dans la vie sociale, toutes celles qui participent au gouvernement des nations, fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour redonner espoir aux peuples qu’elles sont chargées de conduire; puissent-elles prendre en compte leurs aspirations les plus profondes et faire en sorte que tous puissent bénéficier du produit des richesses naturelles et économiques de leur pays, selon les principes de la justice et de l’équité.

Dans cette perspective, une attention toute spéciale doit être portée aux jeunes générations, leur montrant qu’elles sont la première richesse d’un pays; leur éducation intégrale est une nécessité primordiale. En effet, il ne suffit pas d’une formation technique et scientifique pour en faire des hommes et des femmes responsables dans leur famille et à tous les échelons de la société. Pour cela, il faut privilégier une éducation aux valeurs humaines et morales, qui permettra à chaque jeune de prendre confiance en lui-même, d’espérer en l’avenir, d’avoir le souci de ses frères et soeurs en humanité et de vouloir prendre sa place pour la croissance de la nation, avec un sens toujours plus aigu d’autrui.

C’est pourquoi je souhaite que, dans chaque pays, l’éducation de la jeunesse soit une priorité, avec le soutien de toutes les institutions de la Communauté internationale qui sont engagées dans la lutte contre l’analphabétisme et contre le manque de formation sous toutes ses formes. C’est une façon particulièrement importante pour lutter contre la désespérance qui peut habiter le coeur des jeunes et être à l’origine de nombreux actes de violence, individuels ou collectifs. Sachez que, pour sa part, l’Église catholique, grâce à ses nombreuses institutions éducatives, s’engage sans cesse, avec tous les hommes de bonne volonté, sur le front de la formation globale des jeunes. J’encourage toutes les personnes qui participent à cette belle mission de l’éducation de la jeunesse à poursuivre inlassablement leur tâche, assurées que former correctement des jeunes prépare des lendemains prometteurs.

Vous venez de recevoir de vos Chefs d’État une mission auprès du Saint-Siège. Au terme de notre rencontre, je tiens à vous adresser, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, mes souhaits les meilleurs pour le service que vous êtes appelés à accomplir. Que le Tout-Puissant vous soutienne, vous-mêmes, vos proches, vos collaborateurs et tous vos compatriotes dans l’édification d’une société pacifiée, et que descende sur chacun l’abondance des bienfaits divins.

RENCONTRE AVEC LE SAINT-PÈRE AVEC LES ÉTUDIANTS DES UNIVERSITÉS DE ROME


Basilique Saint-Pierre Jeudi 13 décembre 2007





Chers amis!

Je suis très heureux de vous rencontrer aussi nombreux à ce rendez-vous traditionnel, à l'approche du Noël du Christ. Je salue et je remercie le Cardinal Camillo Ruini, qui a célébré l'Eucharistie avec les Aumôniers universitaires, auxquels j'adresse une pensée cordiale. Je salue les Autorités, tout d'abord le Ministre des Universités, ainsi que les recteurs, les professeurs et tous les étudiants. Je suis reconnaissant au recteur de l'Université "Campus-biomedico" et à l'étudiante de la Faculté de Droit de "Roma TRE", qui en votre nom à tous m'ont adressé des expressions d'affection et des voeux: je leur exprime de tout coeur ces mêmes sentiments, en formant pour chacun et chacune des voeux pour un Noël dans la sainteté et la sérénité. Je voudrais saluer en particulier les jeunes de la délégation albanaise, qui ont rapporté à Rome l'icône de Marie Sedes Sapientiae et ceux de la délégation de Roumanie, qui reçoivent ce soir l'image de Marie, afin qu'elle soit "pèlerine" de paix et d'espérance dans leur pays.

561 Chers jeunes universitaires, permettez-moi, au cours de cette rencontre si familiale, de soumettre à votre attention deux brèves réflexions. La première concerne le chemin de votre formation spirituelle. Le diocèse de Rome a voulu accorder une grande importance à la préparation des jeunes universitaires à la Confirmation; votre pèlerinage du 10 novembre dernier, à Assise, a représenté le moment de l'"appel" et il y a eu ce soir la "réponse". En effet, environ 150 d'entre vous ont été présentés comme candidats au Sacrement de la Confirmation, qu'ils recevront lors de la prochaine Veillée de Pentecôte. Il s'agit d'une initiative très importante, qui s'inscrit bien dans l'itinéraire de préparation à la Journée mondiale de la Jeunesse, prévue à Sydney en juillet 2008.

Chers jeunes amis, je voudrais dire aux candidats au Sacrement de la Confirmation et à vous tous: tournez votre regard vers la Vierge Marie et, à partir de son "oui", apprenez à prononcer également votre "oui" à l'appel divin. L'Esprit Saint entre dans notre vie dans la mesure où nous lui ouvrons notre coeur par notre "oui": plus ce "oui" est entier, plus le don de sa présence est complet. Pour mieux comprendre, nous pouvons faire référence à une réalité très simple: la lumière. Si les volets des fenêtres sont hermétiquement clos, le soleil, même s'il est resplendissant, ne peut pas illuminer la maison. S'il y a une petite fente, un rayon de lumière entre; si l'on ouvre un peu plus les volets, la pièce commence à s'éclairer, mais ce n'est que lorsque tout est largement ouvert que les rayons du soleil illuminent et réchauffent la pièce. Chers amis! Marie est saluée par l'ange comme étant "pleine de grâce", ce qui signifie précisément cela: son coeur et sa vie sont totalement ouverts à Dieu et pour cette raison totalement envahis par sa grâce. Qu'Elle vous aide à faire de vous-mêmes un "oui" libre et entier à Dieu, afin que vous puissiez être renouvelés, et même transformés par la lumière et par la joie de l'Esprit Saint.

La deuxième réflexion que je désire vous proposer, concerne la récente Encyclique sur l'espérance chrétienne intitulée, comme vous le savez, Spe salvi, "sauvés dans l'espérance", des paroles tirées de la Lettre de saint Paul aux Romains (8, 24). Je vous la remets symboliquement, chers universitaires de Rome, et, à travers vous, à tout le monde de l'Université, de l'école, de la culture et de l'éducation. Le thème de l'espérance n'est-il pas particulièrement conforme aux jeunes? Je vous propose en particulier de prendre comme objet de réflexion et de confrontation, notamment en groupe, cette partie de l'Encyclique dans laquelle je traite de l'espérance à l'époque moderne. Au XVII siècle, l'Europe a connu un authentique changement d'époque et, à partir de ce moment-là, une mentalité selon laquelle le progrès humain est l'oeuvre de la science et de la technique n'a cessé de s'affirmer, alors qu'à la foi ne reviendrait que le salut de l'âme. Les deux grandes idées-force de la modernité, la raison et la liberté, se sont comme détachées de Dieu pour devenir autonomes et coopérer ensemble à la construction du "royaume de l'homme", pratiquement opposé au Royaume de Dieu. C'est ainsi que se diffuse une conception matérialiste, alimentée par l'espérance que, en transformant les structures économiques et politiques, l'on pourra finalement donner vie à une société juste, où règnent la paix, la liberté et l'égalité. Ce processus, qui n'est privé ni de valeurs ni de raisons historiques, contient cependant une erreur de fond: de fait, l'homme n'est pas seulement le produit de situations économiques ou sociales déterminées; le progrès technique ne coïncide pas avec la croissance morale des personnes, au contraire, sans principes éthiques la science, la technique et la politique peuvent être utilisées - comme cela s'est produit et se produit malheureusement - non pour le bien mais pour le mal des individus et de l'humanité.

Chers amis, il s'agit de thèmes tellement actuels qu'ils suscitent votre réflexion et favorisent encore davantage la confrontation positive et la collaboration déjà existante entre toutes les Universités publiques, privées et pontificales. Que la ville de Rome continue à être un lieu privilégié d'étude et d'élaboration culturelle, comme cela a été le cas lors de la rencontre européenne de juin dernier avec plus de 3000 professeurs universitaires. Que Rome soit également un modèle d'hospitalité pour les étudiants étrangers et je suis heureux de saluer, dans ce contexte, la délégation d'universitaires provenant de diverses villes européennes et américaines. Que la lumière du Christ, que nous invoquons par l'intercession de Marie, Etoile de l'Espérance, et de la sainte vierge et martyre Lucie, dont nous célébrons aujourd'hui la mémoire, illumine toujours votre vie. Avec ce voeu, je vous souhaite chaleureusement, à vous et à vos familles, un Noël riche de grâce et de paix, alors que je donne de tout coeur à tous ma Bénédiction apostolique.


AUX ÉVÊQUES JAPONAIS EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle du Consistoire Samedi 15 décembre 2007

Chers Frères Evêques,

Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de votre visite ad limina que vous accomplissez pour vénérer les tombes des Apôtres Pierre et Paul. Je vous remercie des aimables paroles que Mgr Peter Takeo Okada m'a adressées en votre nom. Je vous présente mes voeux les meilleurs et les plus chaleureux et je vous offre mes prières ainsi qu'à tout le peuple confié à votre sollicitude pastorale. Vous êtes venus dans la ville où Pierre a accompli sa mission d'évangélisation et rendu témoignage au Christ jusqu'à verser son sang. Vous êtes venus pour saluer le Successeur de Pierre. De la sorte, vous consolidez les fondements apostoliques de l'Eglise dans votre pays et vous exprimez de manière visible votre communion avec tous les autres membres du Collège des Evêques et avec le Pontife Romain (cf. Pastores gregis ). Je désire saisir cette opportunité pour exprimer à nouveau ma douleur pour la récente disparition du Cardinal Stephen Hamao, Président émérite du Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement, et ma satisfaction pour les années qu'il a passées au service de l'Eglise. Il a donné l'exemple des liens de communion entre l'Eglise qui est au Japon et le Saint-Siège.

L'an dernier, l'Eglise a célébré avec une grande joie le cinq centième anniversaire de la naissance de saint François-Xavier, Apôtre du Japon. Je m'unis à vous en rendant grâce à Dieu pour l'oeuvre missionnaire qu'il a accomplie dans votre pays et pour les semences de foi chrétienne qu'il planta à l'époque de la première évangélisation du Japon. La nécessité de proclamer le Christ avec audace et courage est pour l'Eglise une priorité constante. De fait, c'est un devoir solennel qu'elle a reçu du Christ, qui s'est uni aux apôtres pour aller "dans le monde entier, proclamer l'Evangile à toute la création" (Mc 16,15). Aujourd'hui, vous avez le devoir d'élaborer de nouvelles modalités pour conserver vivant le message du Christ dans la réalité culturelle du Japon moderne.

Bien que les chrétiens ne représentent qu'un faible pourcentage de la population, la foi est un trésor à partager avec toute la société japonaise. Votre direction dans ce domaine doit inspirer le clergé et les religieux, les catéchistes, les enseignants et les familles à rendre raison de l'espérance qui est en eux (cf. 1P 3,15). Cela requiert à son tour une solide catéchèse, basée sur les enseignements du Catéchisme de l'Eglise catholique. Permettez à la lumière de la foi de resplendir devant les autres afin qu'ils "voient vos bonnes oeuvres et rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux" (Mt 5,16).

En effet, le monde a faim du message d'espérance qu'apporte l'Evangile. Même dans les pays très industrialisés comme le vôtre, beaucoup découvrent que le succès économique et la technologie avancée ne sont pas suffisants à eux seuls à l'épanouissement du coeur humain. Celui qui ne connaît pas Dieu "est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l'existence" (Spe Salvi ). Rappelez à chacun que, dans la vie, il y a plus que le succès professionnel et que le profit! Par la pratique de la charité, dans la famille et dans la communauté, les personnes peuvent être conduites à "la rencontre avec Dieu dans le Christ, qui suscite en eux l'amour et qui ouvre leur esprit à autrui" (Deus caritas est ). Telle est la grande espérance que les chrétiens au Japon peuvent offrir à leurs concitoyens. Elle n'est pas étrangère à la culture japonaise mais, au contraire, renforce et donne une nouvelle impulsion à tout ce qu'il y a de bon et de noble dans le patrimoine de votre nation bien-aimée. Le juste respect que les citoyens de votre pays démontrent envers l'Eglise, sur la base de son importante contribution à l'éducation, à la santé et dans de nombreux autres domaines, vous offre l'occasion de les inciter au dialogue et de leur parler avec joie du Christ, "lumière véritable qui éclaire tout homme" (Jn 1,9).

562 Les jeunes, en particulier, courent le risque d'être trompés par la fascination de la culture séculière moderne. Toutefois, comme toutes les grandes et petites espérances qui, à première vue, semblent promettre beaucoup (cf. Spe Salvi ), elle apparaît être une fausse espérance et, tragiquement, la désillusion conduit souvent à la dépression et au désespoir, voire au suicide. Si leur énergie et leur enthousiasme juvéniles peuvent être orientés vers les choses de Dieu, qui à elles seules sont suffisantes à satisfaire leurs désirs les plus profonds, toujours plus de jeunes seront tentés de consacrer leur vie au Christ et certains reconnaîtront un appel à le servir dans le sacerdoce et dans la vie religieuse. Exhortez-les à discerner si cela pourrait être leur vocation. N'ayez pas peur de le faire. De même, encouragez vos prêtres et religieux à être actifs dans la promotion des vocations et conduisez votre peuple dans la prière, en demandant au Seigneur d'envoyer "des ouvriers à sa moisson" (Mt 9,38).

La moisson du Seigneur au Japon est toujours plus formée de personnes de nationalités diverses, au point que plus de la moitié de la population catholique est constituée d'immigrés. C'est une opportunité pour enrichir la vie de l'Eglise dans votre pays et pour vivre la catholicité authentique du peuple de Dieu. En accomplissant des pas pour garantir que tous se sentent accueillis dans l'Eglise, vous pouvez puiser dans les nombreux dons apportés par les immigrés. En même temps, vous devez demeurer vigilants pour garantir que les normes liturgiques et disciplinaires de l'Eglise universelle soient scrupuleusement observées. Le Japon moderne a choisi généreusement de s'engager dans le monde et l'Eglise catholique, avec sa sollicitude universelle, peut apporter une précieuse contribution à ce processus d'ouverture toujours plus grande à la Communauté internationale.

D'autres nations peuvent aussi apprendre du Japon, de la sagesse de son antique culture et, en particulier, du témoignage de paix qui a caractérisé sa position sur la scène politique mondiale ces soixante dernières années. Vous avez rendu audible la voix de l'Eglise sur l'importance permanente de ce témoignage, à plus forte raison dans un monde où les conflits armés provoquent tant de souffrances à des innocents. Je vous encourage à continuer d'exprimer votre opinion sur des questions d'intérêt public dans la vie de votre nation et vous assurer que vos déclarations soient promues et largement diffusées afin de pouvoir être correctement reçues à tous les niveaux de la société. De la sorte, le message d'espérance de l'Evangile touchera vraiment les coeurs et les esprits, en apportant une confiance plus grande en l'avenir, davantage d'amour et de respect pour la vie, tout en accroissant l'ouverture à l'égard des étrangers et ceux qui séjournent parmi vous. "Celui qui a l'espérance vit différemment, une vie nouvelle lui a déjà été donnée" (Spe Salvi ).

A ce propos, la béatification prochaine de 188 martyrs japonais offre un signe clair de la force et de la vitalité du témoignage chrétien dans l'histoire de votre pays. Dès les premiers temps, les hommes et les femmes du Japon ont été prêts à verser leur sang pour le Christ. De l'espérance de ces personnes "touchées par le Christ a jailli l'espérance pour d'autres qui vivaient dans les ténèbres et sans espérance" (Spe Salvi ). Je m'unis à vous pour rendre grâce à Dieu pour le témoignage éloquent de Peter Kibe et de ses compagnons, qui ont "lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" (Ap 7, 14sq).

En ce temps de l'Avent, toute l'Eglise attend avec joie de célébrer la naissance de notre Sauveur. Je prie afin que ce temps de préparation soit pour vous et pour toute l'Eglise au Japon une opportunité de grandir dans la foi et dans l'amour de sorte que le Prince de la Paix puisse vraiment demeurer dans vos coeurs. En vous confiant tous, vous et vos prêtres, les religieux, les religieuses et les laïcs à l'intercession de saint François-Xavier et des martyrs du Japon, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, gage de joie et de paix dans le Seigneur.


AUX POSTULATEURS DE LA CONGRÉGATION POUR LES CAUSES DES SAINTS Salle Clémentine Lundi 17 décembre 2007



Monsieur le Cardinal,
Vénérés Frères dans l'Episcopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous accueillir et de vous souhaiter la bienvenue, chers postulateurs et postulatrices accrédités auprès de la Congrégation pour les Causes des Saints, et je saisis avec plaisir cette occasion pour vous manifester mon estime et ma reconnaissance pour le service que vous prêtez de façon louable en traitant les causes de béatification et de canonisation. Je salue le Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, le Cardinal José Saraiva Martins, et je le remercie des aimables paroles qu'il m'a adressées, se faisant l'interprète de vos sentiments communs. Avec lui, je salue le Secrétaire, Mgr Michele Di Ruberto, le Sous-Secrétaire et les personnes qui travaillent dans ce dicastère, appelés à une collaboration indispensable et qualifiée avec le Successeur de Pierre dans un domaine de grande importance ecclésiale.

563 La rencontre d'aujourd'hui a lieu pratiquement à la veille du 25 anniversaire de la Constitution apostolique Divinus perfectionis Magister.Par ce document, publié le 25 janvier 1983, et toujours en vigueur, mon bien-aimé prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, voulut revoir la procédure des Causes des Saints et, en même temps, pourvoir à une réorganisation interne de la Congrégation, afin de répondre aux exigences des experts et aux désirs des pasteurs qui, à plusieurs reprises, avaient sollicité, dans les causes de béatification et de canonisation, une plus grande souplesse de procédure, tout en conservant la solidité des recherches dans ce domaine si important pour la vie de l'Eglise. A travers les béatifications et les canonisations, en effet, elle rend grâce à Dieu pour le don de ses fils qui ont su répondre généreusement à la grâce divine, elle les honore et les invoque comme intercesseurs. Dans le même temps, elle présente ces exemples resplendissants à l'imitation de tous les fidèles appelés par le baptême à la sainteté, qui est l'objectif proposé à tout état de vie. En confessant par leur existence le Christ, sa personne, sa doctrine et en demeurant étroitement unis à lui, les saints et les bienheureux sont comme une illustration vivante de l'un et de l'autre aspect de la perfection du divin Maître.

De même, en considérant tant de nos frères et soeurs qui, à chaque époque, ont fait d'eux-mêmes une offrande totale à Dieu pour son Royaume, les communautés ecclésiales sont amenées à prendre acte de la nécessité d'avoir, à notre époque également, des témoins capables d'incarner la vérité permanente de l'Evangile dans les circonstances concrètes de la vie, en en faisant un instrument de salut pour le monde entier. C'est aussi à cela que j'ai voulu faire référence en écrivant dans la récente Encyclique Spe Salvi que "notre agir n'est pas indifférent devant Dieu et n'est donc pas indifférent pour le déroulement de l'histoire. Nous pouvons nous ouvrir nous-mêmes, ainsi que le monde, à l'entrée de Dieu: de la vérité, de l'amour, du bien. C'est ce qu'ont fait les saints, qui, "comme collaborateurs de Dieu", ont contribué au salut du monde" (n. 35). L'intérêt religieux et culturel pour les champions de la sainteté chrétienne, qui montrent le vrai visage de l'Eglise, épouse du Christ "sans tache ni ride" (cf. Ep
Ep 5,27) s'est accru ces dix dernières années. S'ils sont correctement présentés dans leur réalité historique, les saints contribuent à rendre plus crédibles et plus attrayantes la parole de l'Evangile et la mission de l'Eglise. Le contact avec eux ouvre la voie à de véritables résurrections spirituelles, à des conversions durables et à la floraison de nouveaux saints. Normalement, les saints engendrent d'autres saints et être proche d'eux, ou simplement dans leur sillage, est toujours salutaire: cela purifie et élève l'esprit, ouvre le coeur à l'amour envers Dieu et les frères. La sainteté sème la joie et l'espérance et répond à la soif de bonheur que ressentent aussi les hommes de notre temps.

L'importance ecclésiale et sociale de toujours proposer de nouveaux modèles de sainteté rend alors particulièrement précieux le travail de ceux qui collaborent à l'instruction des causes de béatification et de canonisation. Tous ceux qui travaillent aux causes des saints, bien qu'avec des rôles différents, sont appelés à se mettre exclusivement au service de la vérité. Pour cette raison, au cours de l'Enquête diocésaine, les preuves de témoignages et les documents doivent être recueillies qu'ils soient favorables ou contraires à la sainteté et à la renommée de sainteté ou de martyre des Serviteurs de Dieu. L'objectivité et l'exhaustivité des preuves recueillies dans cette première phase - fondamentale par certains aspects - du procès canonique accompli sous la responsabilité des Evêques diocésains, doivent évidemment s'accompagner de l'objectivité et de l'exhaustivité des Positiones, que les rapporteurs de la Congrégation préparent avec la collaboration des Postulations. La tâche des postulateurs est donc fondamentale, aussi bien durant la phase diocésaine que durant la phase apostolique du procès; c'est une tâche qui doit se révéler irréprochable, inspirée par la rectitude et empreinte d'une probité absolue. Une compétence professionnelle, une capacité de discernement et l'honnêteté pour aider les Evêques diocésains à instruire des enquêtes complètes, objectives et valides, tant du point de vue formel que sur le fond, sont requises des postulateurs. L'aide qu'ils apportent au dicastère pour les Causes des Saints dans la recherche de la vérité lors des procès, grâce à une discussion appropriée qui tienne compte de la certitude morale à acquérir et des moyens de preuve disponibles de façon réaliste, est tout aussi délicate et importante.

Chers frères et soeurs, que l'Esprit Saint, source et artisan de la sainteté chrétienne, vous illumine dans votre travail et que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, les saints, les bienheureux, les serviteurs de Dieu, dont vous suivez les causes, obtiennent pour vous du Seigneur d'accomplir toujours votre service dans la fidélité et l'amour de la vérité. A ma prière pour vous, j'unis volontiers le voeu que vous puissiez suivre vous-mêmes les traces des saints, comme l'ont fait un certain nombre de postulateurs dont la cause de béatification est en cours. Et alors que Noël est désormais tout proche, je forme enfin des voeux fervents pour vous et pour vos familles, ainsi que pour les personnes qui vous sont chères, tout en vous bénissant de tout coeur.



Discours 2005-2013 559