Discours 2005-2013 563

À LA CURIE ROMAINE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VOEUX DE NOËL Salle Clémentine Vendredi 21 décembre 2007



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'Episcopat
et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs!

Nous respirons déjà, au cours de cette rencontre, la joie de Noël, désormais tout proche. Je vous suis profondément reconnaissant pour votre participation à ce rendez-vous traditionnel, dont le Cardinal-Doyen Angelo Sodano a bien évoqué le climat spirituel, rappelant le thème central de la récente Lettre encyclique sur l'espérance chrétienne. Je le remercie de tout coeur pour les chaleureuses expressions par lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments et des voeux du Collège cardinalice, des membres de la Curie romaine et du Gouvernorat, ainsi que des Représentants pontificaux répartis dans le monde. Notre communauté est vraiment - comme vous l'avez souligné, Monsieur le Cardinal - une "communauté de travail", réunie par des liens d'amour fraternel, que les festivités de Noël viennent renforcer. Dans cet esprit, vous n'avez pas manqué de rappeler, d'une façon très opportune, ceux qui, ayant autrefois appartenu à notre famille curiale, ont franchi le seuil du temps et sont entrés dans la paix de Dieu ces derniers mois: dans une circonstance comme celle-ci, cela réchauffe le coeur de se sentir proches de ceux qui ont partagé avec nous le service de l'Eglise et qui intercèdent maintenant pour nous auprès du trône de Dieu. Merci, donc, Monsieur le Cardinal-Doyen, pour vos paroles et merci à vous tous qui êtes présents pour la contribution que chacun a apportée à l'accomplissement du ministère que le Seigneur m'a confié.

564 Une nouvelle année touche à sa fin. Comme premier événement saillant de cette période, qui a passé si vite, je voudrais mentionner le voyage au Brésil. Son but était la rencontre avec la V Conférence générale de l'Episcopat de l'Amérique latine et des Caraïbes et, en conséquence, d'une façon plus générale, une rencontre avec l'Eglise qui se trouve sur le vaste continent latino-américain. Avant de m'arrêter sur la Conférence d'Aparecida, je voudrais parler de quelques moments culminants de ce voyage. Avant tout, la soirée solennelle avec les jeunes au stade de São Paolo, demeure gravée dans ma mémoire: malgré le froid, nous étions tous unis par une grande joie intérieure, par une expérience vivante de communion et par la claire volonté d'être, dans l'Esprit de Jésus Christ, serviteurs de la réconciliation, amis des pauvres et de ceux qui souffrent et messagers de ce bien dont nous avons rencontré la splendeur dans l'Evangile. Il existe des manifestations de masse qui n'ont pour seul effet que de s'affirmer elles-mêmes; on s'y laisse entraîner par l'ivresse du rythme et des sons, ne finissant par retirer de la joie que de soi-même. Là, en revanche, l'esprit s'est vraiment ouvert; la communion profonde qui s'est instaurée spontanément entre nous, en étant les uns avec les autres, nous entraîna à être les uns pour les autres. Ce ne fut pas une fuite devant la vie quotidienne, mais cela se transforma dans la force d'accepter la vie d'une nouvelle façon. Je voudrais donc remercier de tout coeur les jeunes qui ont animé cette soirée en étant ensemble, par leurs chants, leurs paroles, leurs prières, nous purifiant intérieurement et en nous rendant meilleurs, notamment pour les autres.

Le jour où, avec un grand nombre d'Evêques, de prêtres, de religieuses, de religieux et de fidèles laïcs, j'ai pu canoniser Frei Galvão, un fils du Brésil, le proclamant saint pour l'Eglise universelle, demeure également inoubliable. Partout ses images nous saluaient, des images d'où se dégageaient la splendeur de la bonté de coeur qu'il avait trouvée dans la rencontre avec le Christ et dans le rapport avec sa communauté religieuse. Quant au retour définitif du Christ, dans la parousie, il nous a été dit qu'Il ne viendra pas seul, mais avec tous ses saints. Ainsi, chaque saint qui entre dans l'histoire constitue déjà une petite partie du retour du Christ, sa nouvelle entrée dans le temps, qui nous montre son image d'une façon nouvelle et nous rend sûrs de sa présence. Jésus Christ n'appartient pas au passé et n'est pas confiné dans un avenir lointain, dont nous n'avons même pas le courage de demander l'avènement. Il arrive avec une grande procession de saints. Avec ses saints, il est toujours déjà en chemin vers nous, vers notre aujourd'hui.

Je me souviens avec une vivacité particulière du jour passé dans la Fazenda da Esperança, où des personnes, tombées dans l'esclavage de la drogue, retrouvent la liberté et l'espérance. En arrivant là-bas, j'ai avant tout perçu d'une manière nouvelle la force réparatrice de la création de Dieu. Des montagnes vertes entourent cette large vallée, élèvent le regard vers le haut et, en même temps, confèrent un sentiment de protection. Du tabernacle de la petite église des carmélites jaillit une source d'eau limpide qui rappelle la prophétie d'Ezéchiel quant à l'eau qui, jaillissant du Temple, désintoxique la terre salée et fait pousser des arbres qui engendrent la vie. Nous devons défendre la création, non seulement en vue de nos besoins, mais pour elle-même - comme message du Créateur, comme don de beauté, qui est promesse et espérance. Oui, l'homme a besoin de la transcendance. Dieu seul suffit, a dit Thérèse d'Avila. S'il vient à manquer, alors l'homme doit chercher à surmonter seul les frontières du monde, à ouvrir devant lui l'espace infini pour lequel il a été créé. Alors la drogue devient pour lui presque une nécessité. Mais, bien vite, il découvre que cet infini est illusoire - une farce, pourrait-on dire, que le diable fait à l'homme. Là, dans la Fazenda da Esperança, les frontières du monde sont vraiment dépassées, le regard s'ouvre vers Dieu, vers l'amplitude de notre vie, et la guérison survient. A tous ceux qui travaillent là-bas, j'adresse mes remerciements sincères, et à tous ceux qui y cherchent une guérison, mes voeux cordiaux et ma bénédiction.

Je voudrais ensuite évoquer la rencontre avec les Evêques brésiliens dans la cathédrale de São Paolo. La musique solennelle qui nous a accompagnés demeure inoubliable. Le fait qu'elle fut exécutée par un choeur et un orchestre formés de jeunes pauvres de la ville l'a rendue particulièrement belle. Ces personnes nous ont ainsi offert l'expérience de la beauté qui fait partie de ces dons grâce auxquels sont dépassées les limites du quotidien du monde et nous pouvons percevoir des réalités plus grandes, qui nous assurent de la beauté de Dieu. Ensuite, l'expérience de la "collégialité effective et affective", de la communion fraternelle dans le ministère commun, nous a fait éprouver la joie de la catholicité: au-delà de toutes les frontières géographiques et culturelles, nous sommes frères, avec le Christ ressuscité qui nous appelés à son service.

Et, enfin, Aparecida. J'ai été particulièrement touché par la petite statuette de la Vierge. De pauvres pêcheurs qui avaient jeté à maintes reprises leurs filets en vain, retirèrent des eaux du fleuve cette statuette, après quoi leur pêche s'avéra abondante. C'est la Vierge des Pauvres, devenue elle-même pauvre et petite. Ainsi, grâce précisément à la foi et à l'amour des pauvres, autour de cette figure c'est formé le grand Sanctuaire qui, renvoyant toujours cependant à la pauvreté de Dieu, à l'humilité de la Mère, constitue jour après jour une maison et un refuge pour les personnes qui prient et espèrent. C'était une bonne chose de nous réunir en ce lieu et d'y élaborer le document sur le thème: "Discipulos e misioneros de Jesucristo, para que en Él tengan la vida". Certes, quelqu'un pourrait immédiatement poser cette question: Mais était-ce bien le thème juste en cette heure de l'histoire que nous vivons? N'était-ce pas un tournant excessif vers l'intériorité, à un moment où les grands défis de l'histoire, les questions urgentes quant à la justice, la paix et la liberté requièrent le plein engagement de tous les hommes de bonne volonté et, en particulier, de la chrétienté et de l'Eglise? N'aurait-on pas dû plutôt affronter ces problèmes, au lieu de se retirer dans le monde intérieur de la foi?

Pour l'instant, renvoyons cette objection à plus tard. Avant d'y répondre, en effet, il est nécessaire de bien comprendre le thème lui-même et sa véritable signification. Ceci fait, la réponse à l'objection apparaît d'elle-même. Le mot-clé du thème est: trouver la vie - la vraie vie. Ainsi le thème suppose que cet objectif, sur lequel sans doute tout le monde est d'accord, soit atteint en étant disciple de Jésus Christ, ainsi qu'en s'engageant pour sa parole et sa présence. Les chrétiens en Amérique latine et, avec eux, ceux du monde entier, sont donc avant tout invités à redevenir davantage des "disciples de Jésus Christ" - ce que nous sommes déjà, au fond, en vertu du Baptême, sans que cela n'ôte en rien le fait que nous devons sans cesse à nouveau le redevenir, par l'appropriation vivante du don de ce Sacrement. Etre des disciples du Christ - Qu'est-ce que cela signifie? Eh bien, cela signifie en premier lieu: arriver à le connaître. Comment cela advient-il? C'est une invitation à l'écouter tel qu'il nous parle dans le texte de l'Ecriture Sainte, tel qu'il s'adresse à nous et vient à notre rencontre dans la prière commune de l'Eglise, dans les Sacrements et dans le témoignage des saints. On ne peut jamais connaître le Christ uniquement de manière théorique. Avec une grande doctrine, on peut tout savoir sur les Saintes Ecritures, sans L'avoir jamais rencontré. Cheminer avec lui, entrer dans ses sentiments, fait partie intégrante de Sa connaissance, comme le dit la Lettre aux Philippiens (2, 5). Paul décrit brièvement ces sentiments de la façon suivante: avoir le même amour, former ensemble une seule âme (sýmpsychoi), s'entendre, ne rien faire par rivalité et vanité, en ne cherchant pas chacun ses propres intérêts, mais aussi ceux des autres (2, 2-4). La catéchèse ne peut jamais être simplement un enseignement intellectuel; elle doit toujours devenir aussi une pratique personnelle de la communion de vie avec le Christ, un exercice de l'humilité, de la justice et de l'amour. Ce n'est qu'ainsi que nous cheminons avec Jésus Christ sur sa voie, ce n'est qu'ainsi que s'ouvre l'oeil de notre coeur, ce n'est qu'ainsi que nous apprenons à comprendre l'Ecriture et que nous Le rencontrons. La rencontre avec Jésus Christ requiert l'écoute, requiert une réponse dans la prière et dans la pratique de ce qu'il dit. En en venant à connaître le Christ, nous en venons à connaître Dieu et, ce n'est qu'à partir de Dieu, que nous comprenons l'homme et le monde, un monde qui, autrement, demeure une question vide de sens.

Devenir disciples du Christ est donc un chemin d'éducation vers notre être véritable, vers la juste manière d'être des hommes. Dans l'Ancien Testament, l'attitude de fond de l'homme qui vit la Parole de Dieu était résumé dans le terme zadic - le juste: celui qui vit selon la Parole de Dieu devient un juste; il pratique et vit la justice. Dans le christianisme, l'attitude des disciples de Jésus Christ était exprimée par une autre parole: le fidèle. La foi comprend tout, cette parole indique à présent à la fois le fait d'être avec le Christ et d'être avec sa justice. Nous recevons dans la foi la justice du Christ, nous la vivons personnellement et nous la transmettons. Le document d'Aparecida concrétise tout cela en parlant de la bonne nouvelle sur la dignité de l'homme, sur la vie, sur la famille, sur la science et la technologie, sur le travail humain, sur la destination universelle des biens de la terre et sur l'écologie: des dimensions dans le cadre desquelles s'articule notre justice, est vécue la foi et sont apportées des réponses aux défis du temps.

Le disciple de Jésus Christ doit être également "missionnaire", messager de l'Evangile, nous dit ce document. Ici aussi s'élève une objection: est-il encore licite aujourd'hui d'"évangéliser"? Toutes les religions et les conceptions du monde ne devraient-elles pas plutôt coexister pacifiquement et chercher à réaliser ensemble le meilleur pour l'humanité, chacune à sa manière? De fait, il est indiscutable que nous devons tous coexister et coopérer dans la tolérance et dans le respect réciproques. L'Eglise catholique s'engage en ce sens avec une grande énergie et, avec les deux rencontres d'Assise, elle a aussi laissé des indications claires dans ce sens, des indications que nous avons à nouveau repris dans la rencontre de Naples de cette année. A cet égard, je suis heureux de rappeler la lettre qui m'a courtoisement été envoyée le 13 octobre dernier par 138 responsables religieux musulmans pour témoigner de leur engagement commun dans la promotion de la paix dans le monde. C'est avec joie que j'ai répondu en exprimant mon adhésion sincère à ces nobles intentions et en soulignant dans le même temps l'urgence d'un engagement commun au service de la protection des valeurs du respect réciproque, du dialogue et de la collaboration. La reconnaissance commune de l'existence d'un Dieu unique, Créateur providentiel et Juge universel du comportement de chacun, constitue la prémisse d'une action commune en défense du respect effectif de la dignité de chaque personne humaine pour l'édification d'une société plus juste et solidaire.

Mais cette volonté de dialogue et de collaboration signifierait-elle également dans le même temps que nous ne pouvons plus transmettre le message de Jésus Christ, que nous ne pouvons plus proposer aux hommes et au monde cet appel et l'espérance qui en découle? Celui qui a reconnu une grande vérité, qui a trouvé une grande joie, doit la transmettre, il ne peut absolument pas la garder pour lui. Des dons si grands ne sont jamais destinés à une seule personne. En Jésus Christ est née pour nous une grande lumière, la grande Lumière: nous ne pouvons pas la mettre sous le boisseau, mais nous devons l'élever sur le lampadaire, pour qu'elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison (cf.
Mt 5,15). Saint Paul a été inlassablement en chemin en apportant avec lui l'Evangile. Il se sentait même soumis à une sorte de "nécessité" d'annoncer l'Evangile (cf. 1Co 9,16) - non tant du fait d'une préoccupation pour le salut de la personne non baptisée, qui n'avait pas encore été touchée par l'Evangile, que parce qu'il était conscient que l'histoire dans son ensemble ne pouvait pas arriver à son achèvement tant que la totalité (pléroma) des peuples n'aurait pas été touchée par l'Evangile (cf. Rm 11,25). Pour parvenir à son achèvement, l'histoire a besoin de l'annonce de la Bonne Nouvelle à tous les peuples, à tous les hommes (cf. Mc 13,10). Et de fait: tout comme il est important que confluent au sein de l'humanité des forces de réconciliation, des forces de paix, des forces d'amour et de justice - de même, il est important que, dans le "bilan" de l'humanité, face aux sentiments et aux réalités de la violence et de l'injustice qui la menacent, soient suscitées et renforcées des forces antagonistes! C'est précisément ce qu'il advient dans la mission chrétienne. A travers la rencontre avec Jésus Christ et ses saints, à travers la rencontre avec Dieu, le bilan de l'humanité est alimenté par ces forces du bien, sans lesquelles tous nos projets d'ordre social ne deviennent pas réalité, mais - face à la pression surpuissante d'autres intérêts contraires à la paix et à la justice - ne demeurent que des théories abstraites.

Nous sommes ainsi revenus aux questions posées au début: la rencontre d'Aparecida a-t-elle bien fait, dans la recherche de vie pour le monde, d'accorder la priorité à l'imitation de Jésus Christ et à l'évangélisation? Etait-ce un repli erroné vers l'intériorité? Non! Aparacida a pris une juste décision, car c'est précisément à travers la nouvelle rencontre avec Jésus Christ et son Evangile - et seulement ainsi - que sont stimulées les forces qui nous rendent capables d'apporter la juste réponse aux défis de l'époque.

A la fin du mois de juin, j'ai envoyé une Lettre aux Evêques, aux prêtres, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs de l'Eglise catholique en République populaire de Chine. A travers cette Lettre, j'ai voulu manifester ma profonde affection spirituelle pour tous les catholiques de Chine, ainsi que mon estime cordiale pour le peuple chinois. Dans celle-ci, j'ai rappelé les principes éternels de la tradition catholique et du Concile Vatican II dans le domaine ecclésiologique. A la lumière du "dessein originel" que le Christ a eu pour son Eglise, j'ai indiqué plusieurs orientations pour affronter et résoudre, dans un esprit de communion et de vérité, les problématiques délicates et complexes de la vie de l'Eglise qui est en Chine. J'ai également indiqué la disponibilité du Saint-Siège à un dialogue serein et constructif avec les Autorités civiles dans le but de trouver une solution aux divers problèmes concernant la communauté catholique. La Lettre a été accueillie avec joie et avec gratitude par les catholiques de Chine. Je forme le voeu que, avec l'aide de Dieu, elle puisse produire les fruits espérés.

565 Je ne peux malheureusement que mentionner brièvement les autres moments importants de l'année. En réalité, il s'est agi d'événements qui avaient en vue les mêmes objectifs, qui entendaient souligner les mêmes orientations. Cela a été le cas de la merveilleuse visite en Autriche. L'Osservatore Romano, utilisant une belle expression, a qualifié la pluie qui nous a accompagnés de "pluie de foi": non seulement les orages n'ont pas diminué notre joie de la foi dans le Christ, dont nous avons fait l'expérience en nous tournant vers sa Mère, mais ils l'ont au contraire renforcée. Cette joie a pénétré le rideau des nuages qui pesait sur nous. En nous tournant avec Marie vers le Christ, nous avons trouvé la Lumière qui nous indique la voie au milieu de toutes les ténèbres du monde. Je voudrais remercier de tout coeur les Evêques autrichiens, les prêtres, les religieuses, les religieux et les nombreux fidèles qui, au cours de ces journées, se sont mis avec moi en chemin vers le Christ, pour ce signe de foi encourageant qu'ils nous ont donné.

La rencontre avec les jeunes lors de l'agorà de Lorette a également été un grand signe de joie et d'espérance: si un aussi grand nombre de jeunes veulent rencontrer Marie et, avec Marie, le Christ et se laissent gagner par la joie de la foi, alors nous pouvons tranquillement avancer vers l'avenir. C'est dans ce sens que je me suis adressé en diverses occasions aux jeunes: lors de ma visite à l'Institut pour mineurs de Casal del Marmo, ainsi que dans les discours prononcés à l'occasion des audiences ou des Angelus du dimanche. J'ai pris acte de leurs attentes et de leurs généreuses propositions, en relançant la question de l'éducation et en sollicitant l'engagement des Eglises locales dans la pastorale des vocations. Je n'ai bien sûr pas manqué de dénoncer les manipulations dont les jeunes sont aujourd'hui l'objet et les dangers qui en dérivent pour la société de l'avenir.

J'ai déjà très brièvement mentionné la rencontre de Naples. Là aussi nous nous sommes retrouvés - un fait tout à fait insolite pour la ville du soleil et de la lumière - entourés par la pluie, mais là aussi l'humanité chaleureuse et la foi vivante ont pénétré les nuages, en nous faisant vivre l'expérience de la joie qui vient de l'Evangile.

Il ne faut bien sûr pas se faire d'illusions: le problème que pose le sécularisme de notre époque et la pression des présomptions idéologiques auxquelles tend la conscience sécularisée, avec sa prétention exclusive à la rationalité définitive, ne sont pas négligeables. Nous le savons et nous connaissons la difficulté de la lutte qui nous est imposée à notre époque. Mais nous savons également que le Seigneur tient sa promesse: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (
Mt 28,20). Avec cette heureuse certitude, en accueillant l'élan des réflexions d'Aparecida à renouveler nous aussi notre façon d'être avec le Christ, allons avec confiance à la rencontre de l'année nouvelle. Allons sous le regard maternel de l'Aparecida, de Celle qui s'est distinguée comme "la servante du Seigneur". Sa protection nous rend plus sûrs et nous remplit d'espérance. Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur à vous qui êtes ici présents et à ceux qui font partie de la grande famille de la Curie romaine, ma Bénédiction apostolique.



566                                                          Janvier 2008

VISITE À LA MAISON "DON DE MARIE"

DES SOEURS MISSIONNAIRES DE LA CHARITÉ AU VATICAN


AU TERME DE LA VISITE Vendredi 4 janvier 2008



Chères soeurs et chers frères,

Je vous salue affectueusement et je vous remercie de votre chaleureux accueil. Je vous prie de faire parvenir à Soeur Nirmala mes salutations les plus cordiales, en l'assurant de ma prière pour elle et pour la Congrégation. Je suis heureux de rencontrer ensemble les Supérieurs généraux des deux branches masculines de la famille fondée par la bienheureuse Mère Teresa, les Missionnaires de la Charité et les Frères contemplatifs missionnaires de la Charité. En outre, je salue très cordialement les collaborateurs laïcs et les invités ici présents et je fais part de mon appréciation à tous ceux qui prêtent service en ce lieu, pour faire en sorte que les personnes accueillies puissent se sentir comme chez elles. Tous ensemble, vous formez une chaîne de charité chrétienne sans laquelle cette Maison, comme toute oeuvre de volontariat, ne pourrait pas exister, ni continuer à servir tant de formes de difficultés et de besoins. Ma reconnaissance et mes encouragements vont, par conséquent, à chacun d'entre vous, car je sais que ce que vous faites ici à chaque frère et soeur, vous le faites comme au Christ lui-même.

La visite que j'ai désiré accomplir aujourd'hui se rattache aux nombreuses visites accomplies par mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-Paul II. Il désira fortement cette Maison d'accueil pour les plus pauvres, précisément ici où se trouve le centre de l'Eglise, à côté de Pierre qui servit, suivit et aima Jésus, le Seigneur. Notre rencontre a lieu presque vingt ans après la construction et l'inauguration de cette Maison à l'intérieur des Murs léoniens. En effet, c'est le 21 mai 1988, que le bien-aimé Jean-Paul II inaugura le "Don de Marie". Que de gestes de partage et de charité concrète ont été accomplis durant toutes ces années entre ces murs! Ils constituent un signe et un exemple pour les communautés chrétiennes, afin qu'elles s'engagent à être toujours des communautés accueillantes et ouvertes.

Le beau nom de cette Maison, "Don de Marie", nous invite, au début de la nouvelle année, à faire inlassablement don de notre vie. Que la Vierge Marie, qui s'est offerte tout entière au Tout-Puissant et qui fut comblée de toute grâce et bénédiction par la venue du Fils de Dieu, nous enseigne à faire de notre existence un don quotidien à Dieu le Père, au service des frères et à l'écoute de Sa parole et de Sa volonté. Et, comme les saints Mages venus de loin pour adorer le Roi Messie, allez vous aussi, chers frères et soeurs, sur les routes du monde, en suivant l'exemple de Mère Teresa, en témoignant toujours avec joie de l'amour de Jésus, en particulier envers les plus pauvres et les derniers, et que, du Ciel, votre bienheureuse Fondatrice vous accompagne et vous protège. A vous qui êtes ici présents, aux hôtes de la Maison et à tous les collaborateurs je renouvelle de tout coeur ma Bénédiction apostolique.


POUR LES VOEUX AU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE Lundi 7 janvier 2008

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

1. Je salue cordialement votre doyen, l'Ambassadeur Giovanni Galassi, et je le remercie pour les aimables paroles qu'il m'a adressées au nom du Corps diplomatique accrédité. A chacun de vous va un salut déférent, en particulier à ceux qui participent pour la première fois à cette rencontre. A travers vous, j'exprime mes voeux fervents aux peuples et aux gouvernements que vous représentez avec dignité et compétence. Un deuil a frappé votre communauté, il y a quelques semaines : l'Ambassadeur de France, Monsieur Bernard Kessedjian, a terminé son pèlerinage terrestre ; que le Seigneur l'accueille dans sa paix ! J'ai également aujourd'hui une pensée spéciale pour les nations qui n'entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec le Saint-Siège : elles ont aussi une place dans le coeur du Pape. L'Eglise est profondément convaincue que l'humanité constitue une famille, comme j'ai voulu le souligner dans le Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix de cette année.

2. Dans un esprit de famille, ont été établies les relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis et se sont déroulées les visites à des pays qui me sont très chers. L'accueil chaleureux des Brésiliens est encore vibrant dans mon coeur ! Dans ce pays, j'ai eu la joie de rencontrer les représentants de la grande famille de l'Eglise en Amérique Latine et dans les Caraïbes, réunis à Aparecida pour la Cinquième Conférence générale du CELAM. Dans le domaine économique et social, j'ai pu recueillir des signes éloquents d'espérance pour ce continent, en même temps que des motifs de préoccupation. Comment ne pas souhaiter une coopération accrue entre les peuples de l'Amérique Latine et, dans chacun des pays qui la composent, l'abandon des tensions internes, afin qu'ils puissent converger sur les grandes valeurs inspirées par l'Evangile ? Je désire mentionner Cuba, qui s'apprête à célébrer le dixième anniversaire de la visite de mon vénéré Prédécesseur. Le Pape Jean-Paul II fut reçu avec affection par les Autorités et par la population, et il encouragea tous les Cubains à collaborer pour un avenir meilleur. Qu'il me soit permis de reprendre ce message d'espérance, qui n'a rien perdu de son actualité.

567 3. Ma pensée et ma prière se sont dirigées surtout vers les populations frappées par d'épouvantables catastrophes naturelles. Je pense aux ouragans et aux inondations qui ont dévasté certaines régions du Mexique et de l'Amérique centrale, ainsi que des pays d'Afrique et d'Asie, en particulier le Bangladesh, et une partie de l'Océanie ; il faut mentionner aussi les grands incendies. Le Cardinal Secrétaire d'Etat, qui s'est rendu au Pérou fin août, m'a rapporté un témoignage direct des destructions et de la désolation provoquées par le terrible tremblement de terre, mais aussi du courage et de la foi des populations touchées. Face à des événements tragiques de ce genre, il faut un engagement commun et fort. Comme je l'ai écrit dans l'Encyclique sur l'espérance, « la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société » (Encyclique Spe salvi ).

4. La préoccupation de la communauté internationale continue à être vive pour le Moyen-Orient. Je suis heureux que la Conférence d'Annapolis ait donné des signes dans la voie de l'abandon du recours à des solutions partielles ou unilatérales, au profit d'une approche globale, respectueuse des droits et des intérêts des peuples de la région. Je fais appel, une fois encore, aux Israéliens et aux Palestiniens, afin qu'ils concentrent leurs énergies sur la mise en application des engagements pris à cette occasion et qu’ils n'arrêtent pas le processus heureusement remis en route. J'invite en outre la communauté internationale à soutenir ces deux peuples avec conviction et avec compréhension pour les souffrances et les craintes de chacun d'eux. Comment ne pas être proche du Liban, dans les épreuves et les violences qui continuent à secouer ce cher pays ? Je souhaite que les Libanais puissent décider de leur avenir librement et je demande au Seigneur de les illuminer, à commencer par les responsables de la vie publique, afin que, mettant de côté les intérêts particuliers, ils soient prêts à s'engager sur le chemin du dialogue et de la réconciliation. C'est seulement ainsi que le pays pourra progresser dans la stabilité et être à nouveau un exemple de convivialité entre les communautés. En Iraq aussi, la réconciliation est une urgence ! Actuellement, les attentats terroristes, les menaces et les violences continuent, en particulier contre la communauté chrétienne, et les nouvelles qui sont parvenues hier confirment notre préoccupation ; il est évident que le noeud de certaines questions politiques reste à trancher. Dans ce cadre, une réforme constitutionnelle appropriée devra sauvegarder les droits des minorités. D'importantes aides humanitaires sont nécessaires pour les populations touchées par la guerre ; je pense en particulier aux déplacés à l'intérieur du pays et aux réfugiés à l'étranger, parmi lesquels se trouvent de nombreux chrétiens. J'invite la communauté internationale à se montrer généreuse envers eux et envers les pays où ils trouvent refuge, dont les capacités d'accueil sont mises à rude épreuve. Je désire aussi exprimer mon encouragement afin que l'on continue à poursuivre sans relâche la voie de la diplomatie pour résoudre la question du programme nucléaire iranien, en négociant de bonne foi, en adoptant des mesures destinées à augmenter la transparence et la confiance réciproques, et en tenant toujours compte des authentiques besoins des peuples et du bien commun de la famille humaine.

5. Élargissant notre regard à tout le continent asiatique, je voudrais attirer votre attention sur quelques autres situations de crise. Sur le Pakistan, en premier lieu, qui a été durement frappé par la violence durant les derniers mois. Je souhaite que toutes les forces politiques et sociales s'engagent dans la construction d'une société pacifique, qui respecte les droits de tous. En Afghanistan, à la violence s'ajoutent d'autres graves problèmes sociaux, comme la production de drogue; il est nécessaire d'offrir davantage de soutien aux efforts de développement et d'oeuvrer encore plus intensément pour bâtir un avenir serein. Au Sri Lanka, il n'est plus possible de renvoyer à plus tard les efforts décisifs pour remédier aux immenses souffrances causées par le conflit en cours. Et je demande au Seigneur qu'au Myanmar, avec le soutien de la communauté internationale, s'ouvre une saison de dialogue entre le gouvernement et l'opposition, assurant un vrai respect de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales.

6. Me tournant maintenant vers l'Afrique, je voudrais en premier lieu redire ma profonde souffrance, en constatant combien l'espérance semble presque vaincue par le sinistre cortège de faim et de mort qui se poursuit au Darfour. Je souhaite de tout coeur que l'opération conjointe des Nations unies et de l'Union africaine, dont la mission vient juste de commencer, porte aide et réconfort aux populations éprouvées. Le processus de paix dans la République démocratique du Congo se heurte à de fortes résistances près des Grands Lacs, surtout dans les régions orientales, et la Somalie, en particulier Mogadiscio, continue à être affligée par les violences et la pauvreté. Je fais appel aux parties en conflit afin que cessent les opérations militaires, que soit facilité le passage de l'aide humanitaire et que les civils soient respectés. Le Kenya a connu ces jours derniers une brusque éruption de violence. M'associant à l'appel lancé par les Evêques le 2 janvier, j'invite tous les habitants, en particulier les responsables politiques, à rechercher par le dialogue une solution pacifique, fondée sur la justice et la fraternité. L'Eglise catholique n'est pas indifférente aux gémissements de douleur qui s'élèvent dans ces régions. Elle fait siennes les demandes d'aide des réfugiés et des déplacés et elle s'engage pour favoriser la réconciliation, la justice et la paix. Cette année, l'Ethiopie fête l'entrée dans le troisième millénaire chrétien, et je suis sûr que les célébrations organisées à cette occasion contribueront aussi à rappeler l’oeuvre immense, sociale et apostolique, accomplie par les chrétiens en Afrique.

7. Terminant par l'Europe, je me réjouis des progrès accomplis dans différents pays de la région des Balkans et j'exprime encore une fois le souhait que le statut définitif du Kosovo prenne en compte les légitimes revendications des parties en présence et qu’il garantisse sécurité et respect de leurs droits à tous ceux qui habitent cette terre, afin que s'éloigne définitivement le spectre des confrontations violentes et que soit renforcée la stabilité européenne. Je voudrais citer également Chypre, me rappelant avec joie la visite de Sa Béatitude l'Archevêque Chrysostomos II, au mois de juin dernier. J'exprime le souhait que, dans le contexte de l'Union européenne, on n'épargne aucun effort pour trouver une solution à une crise qui dure depuis trop longtemps. J'ai accompli, au mois de septembre dernier, une visite en Autriche, qui a voulu aussi souligner la contribution essentielle que l'Eglise catholique peut et veut donner à l'unification de l'Europe. Et, à propos de l'Europe, je voudrais vous assurer que je suis attentivement la période qui s'ouvre avec la signature du « Traité de Lisbonne ». Cette étape relance le processus de construction de la « maison Europe », qui « sera pour tous un lieu agréable à habiter seulement si elle est construite sur une solide base culturelle et morale de valeurs communes que nous tirons de notre histoire et de nos traditions » (Rencontre avec les Autorités et le Corps diplomatique, Vienne, 7 septembre 2007) et si elle ne renie pas ses racines chrétiennes.

8. De ce rapide tour d'horizon, il apparaît clairement que la sécurité et la stabilité du monde demeurent fragiles. Les facteurs de préoccupation sont divers ; ils témoignent tous cependant que la liberté humaine n'est pas absolue, mais qu'il s'agit d'un bien partagé, dont la responsabilité incombe à tous. En conséquence, l'ordre et le droit en sont des éléments qui la garantissent. Mais le droit ne peut être une force de paix efficace que si ses fondements demeurent solidement ancrés dans le droit naturel, donné par le Créateur. C'est aussi pour cela que l'on ne peut jamais exclure Dieu de l'horizon de l'homme et de l'histoire. Le nom de Dieu est un nom de justice ; il représente un appel pressant à la paix.

9. Cette prise de conscience pourrait aider, entre autres, à orienter les initiatives de dialogue interculturel et inter-religieux. Ces initiatives sont toujours plus nombreuses et elles peuvent stimuler la collaboration sur des thèmes d'intérêt mutuel, comme la dignité de la personne humaine, la recherche du bien commun, la construction de la paix et le développement. A cet égard, le Saint-­Siège a voulu donner un relief particulier à sa participation au dialogue de haut niveau sur la compréhension entre les religions et les cultures et la coopération pour la paix, dans le cadre de la soixante-deuxième Assemblée générale des Nations unies (4-5 octobre 2007). Pour être vrai, ce dialogue doit être clair, évitant relativisme et syncrétisme, mais animé d'un respect sincère pour les autres et d'un esprit de réconciliation et de fraternité. L'Eglise catholique y est profondément engagée et il m'est agréable d'évoquer à nouveau la lettre que m'ont adressée, le 13 octobre dernier, cent trente-huit personnalités musulmanes et de renouveler ma gratitude pour les nobles sentiments qui y sont exprimés.

10. Notre société a justement enchâssé la grandeur et la dignité de la personne humaine dans diverses déclarations des droits, qui ont été formulées à partir de la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée il y a juste soixante ans. Cet acte solennel fut, selon l'expression du Pape Paul VI, l'un des plus grands titres de gloire des Nations unies. Dans tous les continents, l'Eglise catholique s'engage afin que les droits de l'homme soient non seulement proclamés, mais appliqués. Il faut souhaiter que les organismes créés pour la défense et la promotion des droits de l'homme consacrent toutes leurs énergies à cette tâche et, en particulier, que le Conseil des droits de l'homme sache répondre aux attentes suscitées par sa création.

11. Le Saint-Siège, pour sa part, ne se lassera pas de réaffirmer ces principes et ces droits fondés sur ce qui est permanent et essentiel à la personne humaine. C'est un service que l'Eglise désire rendre à la véritable dignité de l'homme, créé à l'image de Dieu. Et partant précisément de ces considérations, je ne peux pas ne pas déplorer une fois encore les attaques continuelles perpétrées, sur tous les continents, contre la vie humaine. Je voudrais rappeler, avec tant de chercheurs et de scientifiques, que les nouvelles frontières de la bioéthique n'imposent pas un choix entre la science et la morale, mais qu'elles exigent plutôt un usage moral de la science. D'autre part, rappelant l'appel du Pape Jean-Paul II à l'occasion du grand Jubilé de l'An 2000, je me réjouis que, le 18 décembre dernier, l'Assemblée générale des Nations unies ait adopté une résolution appelant les Etats à instituer un moratoire sur l'application de la peine de mort et je souhaite que cette initiative stimule le débat public sur le caractère sacré de la vie humaine. Je regrette une fois encore les atteintes préoccupantes à l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme. Les responsables de la politique, de quelque bord qu'ils soient, devraient défendre cette institution fondamentale, cellule de base de la société. Que dire encore ! Même la liberté religieuse, « exigence inaliénable de la dignité de tout homme et pierre angulaire dans l'édifice des droits humains » (Message pour la Célébration de la Journée mondiale de la Paix 1988, Préambule), est souvent compromise. Il y a en effet bien des endroits où elle ne peut s'exercer pleinement. Le Saint-Siège la défend et en demande le respect pour tous. Il est préoccupé par les discriminations contre les chrétiens et contre les fidèles d'autres religions.

12. La paix ne peut pas n'être qu'un simple mot ou une aspiration illusoire. La paix est un engagement et un mode de vie qui exigent que l'on satisfasse les attentes légitimes de tous comme l'accès à la nourriture, à l'eau et à l'énergie, à la médecine et à la technologie, ou bien le contrôle des changements climatiques. C'est seulement ainsi que l'on peut construire l'avenir de l'humanité ; c'est seulement ainsi que l'on favorise le développement intégral pour aujourd'hui et pour demain. Forgeant une expression particulièrement heureuse, le Pape Paul VI soulignait il y a quarante ans, dans l'Encyclique Populorum progressio, que « le développement est le nouveau nom de la paix ». C'est pourquoi, pour consolider la paix, il faut que les résultats macroéconomiques positifs obtenus par de nombreux pays en voie de développement en 2007 soient soutenus par des politiques sociales efficaces et par la mise en oeuvre des engagements d'assistance des pays riches.

13. Enfin, je voudrais exhorter la communauté internationale à un engagement global en faveur de la sécurité. Un effort conjoint de la part des Etats pour appliquer toutes les obligations souscrites et pour empêcher l'accès des terroristes aux armes de destruction massive renforcerait sans aucun doute le régime de non-prolifération nucléaire et le rendrait plus efficace. Je salue l'accord conclu pour le démantèlement du programme d'armement nucléaire en Corée du Nord et j'encourage l'adoption de mesures appropriées pour la réduction des armements de type classique et pour affronter le problème humanitaire posé par les armes à sous-munitions.

568 Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

14. La diplomatie est, d'une certaine façon, l'art de l'espérance. Elle vit de l'espérance et cherche à en discerner même les signes les plus ténus. La diplomatie doit donner de l'espérance. La célébration de Noël vient chaque année nous rappeler que, quand Dieu s'est fait petit enfant, l'Espérance est venue habiter dans le monde, dans le coeur de la famille humaine. Cette certitude devient aujourd'hui prière : que Dieu ouvre le coeur de ceux qui gouvernent la famille des peuples à l'Espérance qui ne déçoit jamais ! Animé par ces sentiments, j'adresse à chacun de vous mes voeux les meilleurs, afin que vous-même, vos collaborateurs et les peuples que vous représentez soient illuminés de la Grâce et de la Paix qui nous viennent de l'Enfant de Bethléem.



Discours 2005-2013 563