Discours 2005-2013 50408

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Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

C'est avec une grande joie que je vous rencontre à l'occasion du congrès international "L'huile sur les blessures. Une réponse aux plaies de l'avortement et du divorce", organisé par l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, en collaboration avec les Knights of Columbus. Je me réjouis avec vous du sujet qui fait l'objet de vos réflexions durant ces journées, tant il est actuel et complexe, et en particulier pour la référence à la parabole du bon samaritain (
Lc 10,25-37), que vous avez choisi comme clé pour aborder les plaies de l'avortement et du divorce, qui comportent tant de souffrances dans la vie des personnes, des familles et de la société. Oui, de nos jours les hommes et les femmes se trouvent parfois réellement dépouillés et blessés, aux marges des chemins que nous parcourons, sans que souvent personne n'écoute leur appel à l'aide et ne s'approche de leur peine, pour la soulager et la guérir. Dans le débat, souvent purement idéologique, une espèce de conjuration du silence se crée à leur égard. Ce n'est que dans l'attitude de l'amour miséricordieux que l'on peut se rapprocher des victimes pour leur porter secours et leur permettre de se relever et de reprendre le chemin de l'existence.

Dans un contexte culturel marqué par un individualisme grandissant, par l'hédonisme et, trop souvent également, par un manque de solidarité et de soutien social approprié, la liberté humaine, face aux difficultés de la vie, est amenée dans sa fragilité à des décisions contraires à l'indissolubilité du pacte conjugal et au respect dû à la vie humaine à peine conçue et encore protégée dans le sein maternel. Divorce et avortement sont des choix de nature certes différentes, parfois pris dans des circonstances difficiles et dramatiques, qui comportent souvent des traumatismes et qui sont à l'origine de souffrances profondes pour ceux qui les prennent. Ils font aussi des victimes innocentes: l'enfant à peine conçu et pas encore né, les enfants impliqués dans la rupture des liens familiaux. Tous gardent des blessures qui marquent leur vie de façon indélébile. Le jugement éthique de l'Eglise à l'égard du divorce et de l'avortement provoqué est clair et connu de tous: il s'agit de fautes graves qui, dans une mesure différente et exception faite de l'évaluation des responsabilités subjectives, lèsent la dignité de la personne humaine, entraînent une profonde injustice dans les rapports humains et sociaux et offensent Dieu lui-même, garant du pacte conjugal et auteur de la vie. Et cependant l'Eglise, sur l'exemple de son Maître Divin, a toujours face à elle les personnes concrètes, surtout les plus faibles et les plus innocentes, qui sont victimes des injustices et des péchés, et également ces autres hommes et femmes qui, ayant commis ces actes, sont entachés de leurs fautes et en portent les blessures intérieures, cherchant la paix et la possibilité d'une reprise.

L'Eglise a comme premier devoir de se rapprocher de ces personnes avec amour et délicatesse, avec égard et attention maternelle, pour annoncer la proximité miséricordieuse de Dieu en Jésus Christ. C'est en effet lui, comme nous l'enseignent les Pères, le véritable bon samaritain, qui s'est fait notre prochain, qui verse l'huile et le vin sur nos plaies et qui nous conduit à l'auberge, l'Eglise, dans laquelle il nous fait soigner, en nous confiant à ses ministres et en payant en personne à l'avance pour notre guérison. Oui, l'Evangile de l'amour et de la vie est toujours également Evangile de la Miséricorde, qui s'adresse à l'homme concret et pécheur que nous sommes, pour le relever après toutes ses chutes, pour le guérir de toutes ses plaies. Mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-Paul II, dont nous venons de célébrer le troisième anniversaire de la mort, dit à l'occasion de l'inauguration du nouveau sanctuaire de la divine miséricorde à Cracovie: "Il n'existe pas pour l'homme d'autre source d'espérance en dehors de la miséricorde de Dieu" (17 août 2002). A partir de cette miséricorde l'Eglise cultive une confiance indomptable dans l'homme et dans sa capacité à se relever. Elle sait que, avec l'aide de la grâce, la liberté humaine est capable du don de soi définitif et fidèle, qui rend possible le mariage d'un homme et d'une femme comme pacte indissoluble, que la liberté humaine, même dans les circonstances les plus difficiles, est capable de gestes extraordinaires de sacrifice et de solidarité pour accueillir la vie d'un nouvel être humain. On peut ainsi voir que les "non" que l'Eglise prononce dans ses indications morales et sur lesquels l'attention de l'opinion publique s'arrête de façon unilatérale, sont en réalité des grands "oui" à la dignité de la personne humaine, à sa vie et à sa capacité d'aimer. Ils sont l'expression de la confiance constante que, malgré leur faiblesse, les êtres humains sont en mesure de répondre à la vocation la plus haute pour laquelle ils ont été créés: celle d'aimer.

A cette même occasion, Jean-Paul II poursuivait: "Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde. Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix" (ibid.). Ici se greffe la grande tâche des disciples du Seigneur Jésus, qui se trouvent des compagnons de route dans les nombreux frères, hommes et femmes de bonne volonté. Leur programme, le programme du bon samaritain, est "un coeur qui voit. Ce coeur voit où l'amour est nécessaire et il agit en conséquence" (Encyclique Deus caritas est ). En ces jours de réflexion et de dialogue vous vous êtes penchés sur les victimes touchées par les blessures du divorce et de l'avortement. Vous avez avant tout constaté les souffrances, parfois traumatisantes, qui touchent les "enfants du divorce", marquant leur vie jusqu'à rendre beaucoup plus difficile leur chemin. Quand se rompt le pacte conjugal, ceux qui en souffrent par dessus tout sont inévitablement les enfants, qui sont le signe vivant de son indissolubilité. L'attention solidaire et pastorale devra donc faire en sorte que les enfants ne soient pas les victimes innocentes des conflits des parents qui divorcent, et que soit assurée dans la mesure du possible la continuité du lien avec leurs parents et aussi ce rapport avec leurs origines familiales et sociales indispensable à une croissance équilibrée, psychologique autant qu'humaine.

Vous avez aussi porté votre attention sur le drame de l'avortement, qui laisse des marques profondes, parfois indélébiles sur la femme qui l'accomplit et sur les personnes qui l'entourent, et qui provoque des conséquences dévastatrices dans la famille et dans la société, notamment par la mentalité matérialiste de mépris de la vie qu'il entretient. Combien de complicités égoïstes sont souvent à la racine d'une décision douloureuse que tant de femmes ont dû affronter seules et dont elles gardent une blessure dans l'âme jamais cicatrisée! Bien que ce qui s'est produit demeure une grave injustice et ne soit pas en soi remédiable, je fais mienne l'exhortation adressée dans l'Encyclique Evangelium vitae aux femmes qui ont eu recours à l'avortement: "Ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l'espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s'est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l'avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir: le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. [Vous pouvez confier avec espérance votre enfant à ce même Père et à sa miséricorde]" (n. 99).

J'exprime ma profonde appréciation pour toutes ces initiatives sociales et pastorales qui visent à la réconciliation et au soin des personnes blessées par le drame de l'avortement et du divorce. Elles constituent, avec tant d'autres formes d'engagement, des éléments essentiels pour la construction de cette civilisation de l'amour, dont l'humanité n'a jamais eu autant besoin qu'aujourd'hui.

612 En implorant le Seigneur Dieu miséricordieux, qu'Il vous invite toujours plus à imiter Jésus, bon samaritain, pour que son Esprit vous enseigne à regarder avec des yeux neufs la réalité de nos frères qui souffrent, qu'Il vous aide à réfléchir avec de nouveaux critères et vous pousse à agir dans un élan généreux dans la perspective d'une authentique civilisation de l'amour et de la vie, je donne à tous une bénédiction apostolique spéciale.


AUX PARTICIPANTS DE L’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE Salle Clémentine Samedi 5 avril 2008

Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous rencontrer au terme de la XVIII assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, qui a eu pour thème: "Les grands-parents: leur témoignage et leur présence dans la famille".Je vous remercie d'avoir donné suite à ma proposition de Valence, lorsque je déclarais: "Que les grands-parents ne soient, sous aucun prétexte, exclus du cercle familial! Ils sont un trésor que nous ne pouvons pas soustraire aux nouvelles générations, surtout quand ils donnent un témoignage de foi" (Homélie lors de la veillée de prière du 8 juillet 2006). Je salue en particulier le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, membre du comité de présidence, qui s'est fait l'interprète de vos sentiments à tous, et j'adresse une pensée affectueuse au cher cardinal Alfonso López Trujillo, qui depuis 18 ans est à la tête du dicastère avec passion et compétence. Nous ressentons son absence parmi nous. Nous lui souhaitons une prompte guérison et lui adressons notre prière.

Le thème que vous avez abordé nous est à tous très familier. Qui ne se souvient de ses grands-parents? Qui peut oublier leur présence et leur témoignage dans le foyer domestique? Combien parmi nous portent leur nom en signe de continuité et de reconnaissance! Il est de tradition, dans les familles, après leur décès, de rappeler leur anniversaire par la célébration d'une Messe d'intention et, si possible, par une visite au cimetière. Ces gestes d'amour et de foi, et d'autres encore, sont la manifestation de notre gratitude à leur égard. Ils se sont donnés pour nous, ils se sont sacrifiés, et dans certains cas se sont même immolés.

L'Eglise a toujours eu à l'égard des grands-parents une attention particulière, en reconnaissant en eux une grande richesse du point de vue humain et social, mais aussi religieux et spirituel. Mes vénérés prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II - nous venons de célébrer le troisième anniversaire de la mort de ce dernier - sont intervenus à plusieurs reprises en soulignant la considération de la communauté ecclésiale à l'égard des personnes âgées, de leur dévouement et de leur spiritualité. Jean-Paul II notamment, pendant le Jubilé de l'An 2000, convoqua en septembre sur la place Saint-Pierre le monde du "troisième âge" et déclara en cette circonstance: "Malgré les limitations qui surviennent avec l'âge, je conserve le goût de la vie. J'en rends grâce au Seigneur. Il est beau de pouvoir se dépenser jusqu'à la fin pour la cause du Royaume de Dieu!". Ce sont des mots extraits du message qu'environ un an plus tôt, en octobre 1999, il avait adressé aux personnes âgées et qui conserve intacte son actualité humaine, sociale et culturelle.

Votre assemblée plénière a affronté le thème de la présence des grands-parents dans le famille, dans l'Eglise et dans la société, en embrassant du regard le passé, le présent et l'avenir. Analysons brièvement ces trois moments. Par le passé, les grands-parents avaient un rôle important dans la vie et dans la croissance de la famille. Même lorsque l'âge avançait, ils continuaient à être présents avec leurs enfants, leurs petits-enfants voire leurs arrière-petits-enfants, en rendant un témoignage vivant d'attention, de sacrifice et de don de soi quotidien et sans réserves. Ils étaient les témoins d'une histoire personnelle et communautaire qui continuait à vivre dans leurs souvenirs et dans leur sagesse. Aujourd'hui, l'évolution économique et sociale a apporté des transformations profondes dans la vie des familles. Les personnes âgées, dont beaucoup de grands-parents, se sont trouvés dans une sorte de "zone de parking": certains se rendent compte qu'ils sont un poids dans leur famille et préfèrent vivre seuls ou dans des maisons de retraite, avec toutes les conséquences que ces choix comportent.

En beaucoup de lieux il semble par ailleurs que progresse la "culture de la mort", qui menace également la saison du troisième âge. Avec une insistance croissante, on en vient même à proposer l'euthanasie comme solution pour résoudre certaines situations difficiles. La vieillesse, avec ses problèmes liés également au nouveaux contextes familiaux et sociaux, à cause du développement moderne, doit être évaluée avec attention et toujours à la lumière de la vérité sur l'homme, sur la famille et sur la communauté. Il faut toujours réagir avec force à ce qui déshumanise la société. Les communautés paroissiales et diocésaines sont interpellées avec force par ces problématiques et elles essaient de répondre aux exigences modernes des personnes âgées. Il existe des associations et des mouvements ecclésiaux qui ont embrassé cette cause importante et urgente. Il faut s'unir pour vaincre ensemble toute forme d'émargination, parce qu'ils ne sont pas les seuls - grands-pères, grands-mères, personnes âgées - à être victimes de la mentalité individualiste, c'est le cas de tout le monde. Si les grands-parents, comme l'on dit souvent, constituent une ressource précieuse, il faut mettre en oeuvre des choix cohérents qui permettent de la valoriser au mieux.

Que les grands-parents soient à nouveau une présence vivante dans la famille, dans l'Eglise et dans la société. En ce qui concerne la famille, que les grands-parents continuent à être des témoins d'unité, de valeurs fondées sur la fidélité à un unique amour qui engendre la foi et la joie de vivre. Ce que l'on appelle les nouveaux modèles de la famille et le relativisme envahissant ont affaibli ces valeurs fondamentales du noyau familial. Les maux de notre société - comme vous l'avez observé à juste titre au cours de vos travaux - ont besoin de remèdes urgents. Face à la crise de la famille ne pourrait-on pas justement repartir de la présence et du témoignage de ceux - les grands-parents - qui ont une plus grande solidité de valeurs et de projets? On ne peut pas, en effet, imaginer un avenir sans s'inspirer d'un passé riche d'expériences significatives et de points de références spirituels et moraux. En pensant aux grands-parents, à leur témoignage d'amour et de fidélité à la vie, nous viennent à l'esprit les figures bibliques d'Abraham et de Sarah, d'Elisabeth et de Zacharie, de Joachim et d'Anne, ainsi que des anciens Syméon et Anne, ou encore Nicodème: ils nous rappellent tous combien à tout âge le Seigneur demande à chacun la contribution de ses propres talents.

Tournons à présent le regard vers la VI Rencontre mondiale des familles, qui sera célébrée au Mexique en janvier 2009. Je salue et je remercie le cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, ici présent, pour ce qu'il a déjà réalisé au cours de ces mois de préparation avec ses collaborateurs. Toutes les familles chrétiennes du monde regardent cette nation "toujours fidèle" à l'Eglise, qui ouvrira les portes à toutes les familles du monde. J'invite les communautés ecclésiales, notamment les groupes familiaux, les mouvements et les associations de familles, à se préparer spirituellement à cet événement de grâce. Vénérés et chers frères, je vous remercie de nouveau de votre visite et du travail accompli au cours de ces journées; je vous assure de mon souvenir dans la prière et de tout coeur je vous donne, ainsi qu'à vos proches, la Bénédiction apostolique.


AUX ÉVÊQUES DES ANTILLES EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Lundi 7 avril 2008

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Chers frères évêques,

"En effet, ce que nous proclamons, ce n'est pas nous-mêmes; c'est ceci: Jésus Christ est Seigneur, et nous sommes vos serviteurs" (
2Co 4,5). Avec ces paroles enthousiasmantes de saint Paul je vous souhaite de tout coeur la bienvenue, évêques des Antilles. Je remercie Mgr Burke des sentiments cordiaux exprimés en votre nom et, en retour, je lui exprime les miens avec affection, vous assurant de mes prières pour vous et pour ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale. Votre visite ad limina Apostolorum est une occasion pour renforcer votre engagement afin de rendre le visage de Jésus Christ toujours plus visible dans l'Eglise et dans la société, à travers un témoignage cohérent de l'Evangile.

Le grand "drame" de la Semaine Sainte et le joyeux temps liturgique de la Pâque expriment l'essence authentique de l'espérance, qui nous définit comme chrétiens. Jésus, qui nous indique la vie au delà de la mort, est celui qui nous montre de quelle manière surmonter les épreuves et les peurs. Il est le véritable maître de vie (cf. Spe salvi ). En effet, remplis de la lumière du Christ nous éclairons nous aussi la voie qui élimine tout le mal, qui bannit la haine, qui nous apporte la paix et rabaisse l'orgueil terrestre (cf. Exsultet).

Chers frères, je suis certain que l'image de la lumière pascale vous encouragera alors que vous êtes engagés dans les défis importants que vous devez affronter. Vos comptes-rendus décrivent avec sincérité les lumières et les ombres de vos diocèses. L'âme religieuse des peuples de votre région est sans aucun doute capable de grandes choses! La générosité de coeur et l'ouverture mentale attestent d'un esprit souhaitant être façonné par la vérité et par l'amour de notre Seigneur. Toutefois, encore beaucoup cherchent à éteindre la mèche qui faiblit (cf. Is Is 42,3). A divers degrés, vos plages ont été battues par les aspects négatifs de l'industrie du divertissement, par le tourisme basé sur l'exploitation et par la plaie du trafic des armes et de la drogue. Ces influences minent non seulement la famille et les fondements des valeurs culturelles traditionnelles, mais tendent également à frapper de manière négative la politique locale.

Chers frères, contre cette situation inquiétante, soyez les fiers hérauts de l'espérance! Soyez les témoins audacieux de la lumière du Christ, qui donne aux familles leur orientation et leur but! Soyez les prédicateurs orgueilleux de la force de l'Evangile, qui doit imprégner leur façon de penser, leurs critères de jugement et les normes de leur comportement! Je suis certain que votre témoignage vivant du "oui" extraordinaire de Dieu à l'humanité (cf. 2Co 1,20) encouragera vos peuples à refuser les tendances sociales destructrices et à chercher la "foi en action", en accueillant tout ce qui engendre la vie nouvelle de la Pentecôte!

Le renouveau pastoral est une tâche indispensable pour chacun de vos diocèses. Il existe déjà des exemples d'accueil enthousiaste de ce défi. Les prêtres, les religieux et les fidèles laïcs doivent y participer. La promotion inlassable des vocations, ainsi que la direction et la formation permanente des prêtres est d'une importance vitale. Vous êtes les premiers formateurs de vos prêtres et, soutenus par les laïcs, vous avez la responsabilité d'encourager les vocations de manière assidue et prudente. Votre sollicitude pour la formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale de vos séminaristes et de vos prêtres est une expression certaine de votre préoccupation pour l'approfondissement constant de leur engagement pastoral. (cf. Pastores dabo vobis PDV 2). Je vous exhorte à soutenir activement le séminaire "Saint Jean Marie Vianney et les martyrs ougandais", à veiller de façon paternelle sur vos jeunes prêtres et à offrir des programmes réguliers de formation permanente, nécessaire pour façonner l'identité sacerdotale (cf. ibid., n. 71). A leur tour, les prêtres nourriront certainement leurs communautés paroissiales avec maturité croissante et sagesse spirituelle. La création d'un séminaire francophone dans la région est un signe positif d'espérance. Je vous prie de transmettre aux membres de votre personnel et aux séminaristes l'assurance de mes prières.

La contribution des religieux, des prêtres et des soeurs à la mission de l'Eglise et à l'édification d'une société civile a eu une valeur inestimable dans vos pays. Un grand nombre de jeunes garçons, de jeunes filles et de familles ont bénéficié de l'engagement plein d'abnégation des religieux dans la direction spirituelle, dans l'éducation et dans le domaine social et médical. La vie de prière des communautés contemplatives de la région est d'une valeur et d'une beauté particulière. Votre sollicitude pastorale pour la diminution des vocations religieuses révèle tout le prix que vous accordez à la vie consacrée. Je m'adresse moi aussi aux communautés religieuses, en les encourageant à réaffirmer leur vocation avec confiance et, guidées par l'Esprit Saint, à proposer à nouveau aux jeunes l'idéal de consécration et de mission. Les trésors spirituels de leurs charismes respectifs illuminent de manière splendide les manières dont le Seigneur appelle les jeunes à entreprendre la vie d'amour pour Jésus et, en Lui, pour chaque membre de la famille humaine (cf. Vita consecrata VC 3).

Chers frères, chacun d'entre vous ressent la grande responsabilité qui est la sienne de faire tout ce qui est possible afin de soutenir le mariage et la vie familiale, source première de cohésion à l'intérieur des communautés et donc d'une importance capitale aux yeux des autorités civiles. A cet égard, le large réseau d'écoles catholiques dans toute votre région peut apporter beaucoup. Les valeurs qui s'enracinent dans le chemin de vérité offert par le Christ éclairent l'esprit et le coeur des jeunes et les entraînent à suivre la voie de la fidélité, de la responsabilité et de la liberté véritable. De bons jeunes chrétiens font de bons citoyens! Je suis sûr que tout sera fait pour encourager la spécificité catholique de vos écoles qui, au long des générations passées, ont rendu des services remarquables à vos peuples. De cette manière, je ne doute pas que les jeunes adultes de vos diocèses sauront discerner qu'il leur revient, de manière urgente, de contribuer au développement économique et social de la région, car il s'agit là d'une dimension essentielle de leur témoignage chrétien.

Je vous offre ces réflexions avec une affection fraternelle, souhaitant vous encourager dans votre désir d'intensifier les appels au témoignage et à l'évangélisation qui naissent de la rencontre avec le Christ. Unis à la proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, allez de l'avant dans l'espérance! Je vous prie d'assurer tous vos séminaristes, vos prêtres, vos religieux et vos fidèles laïcs, y compris les importantes communautés d'immigrés, de mes prières et de ma communion spirituelle. Je donne à tous de tout coeur ma Bénédiction apostolique.



MÉMOIRE DES TÉMOINS DE LA FOI DES TEMPS RÉCENTS - AU TERME DE LA CÉLÉBRATION DE LA PAROLE Basilique de San Bartolomeo all'Isola Tiberina Lundi 7 avril 2008

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Au terme de la rencontre de prière en mémoire des témoins de la foi des temps récents, j'adresse volontiers un salut à tous, en particulier à vous qui avez suivi la liturgie sur la place ou en liaison radio-télévisée. Pour le vingt-cinquième anniversaire de la communauté, lors de sa venue à l'église "Santa Maria in Trastevere", le serviteur de Dieu Jean-Paul II confia à la communauté de Sant'Egidio cette basilique "San Bartolomeo" et, en 2000, il décida qu'à l'intérieur de celle-ci serait entretenu le souvenir des nouveaux martyrs.

Chers amis de la communauté de Sant'Egidio, vous avez fait vos premiers pas précisément ici, à Rome, dans les années difficiles après 1968. Fils de cette Eglise qui préside dans la charité, vous avez ensuite diffusé votre charisme dans de nombreuses régions du monde. La Parole de Dieu, l'amour pour l'Eglise, la prédilection pour les pauvres, la communication de l'Evangile ont été des étoiles qui vous ont guidés en témoignant, sous différents cieux, de l'unique message commun du Christ. Je vous remercie de votre oeuvre apostolique; je vous remercie pour l'attention aux derniers et pour la recherche de la paix, qui caractérisent votre communauté. Que l'exemple des martyrs, que nous avons rappelé, continue de guider vos pas, pour que vous soyez de véritables amis de Dieu et d'authentiques amis de l'humanité. Et ne craignez pas les difficultés et les souffrances que cette action missionnaire comporte: elles appartiennent à la "logique" du témoignage courageux de l'amour chrétien.

Je souhaite, enfin, vous adresser et, par votre intermédiaire, adresser à toutes vos communautés présentes à travers le monde, mes voeux les plus cordiaux pour le quarantième anniversaire de votre naissance. J'étends mon salut aux malades, au personnel soignant, aux religieux et aux volontaires de l'hôpital voisin "Fatebenefratelli" de l'Ile Tibérine. Je vous assure tous et chacun de mon souvenir dans la prière et, tout en invoquant la protection maternelle de la Sainte Vierge, je vous donne à tous la Bénédiction apostolique.


VOYAGE APOSTOLIQUE AUX ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE ET VISITE À L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES



MESSAGE À LA COMMUNAUTÉ JUIVE POUR LA FÊTE DE PESAH 14 avril 2008

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Ma visite aux États-Unis m’offre l’occasion de présenter des voeux chaleureux et fervents à mes Frères et Soeurs Juifs présents dans ce pays et dans le monde entier. Ce sont des voeux d’autant plus intenses spirituellement que la grande fête de Pesah approche. « Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête pour Dieu. C’est une loi perpétuelle : d’âge en âge vous la fêterez » (
Ex 12,14). Tandis que la célébration chrétienne de Pâques diffère de multiples manières de votre célébration de Pesah, nous comprenons et nous vivons dans la continuité des récits bibliques des oeuvres puissantes que le Seigneur a accomplies pour son peuple.

Au moment de votre célébration la plus solennelle, je me sens particulièrement proche de vous, précisément parce que Nostra Aetate rappelle aux Chrétiens de toujours garder en mémoire ceci: l’Église « a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les gentils » (Nostra Aetate NAE 4). En m’adressant à vous, je souhaite réaffirmer l’enseignement du deuxième Concile du Vatican sur les relations entre Catholiques et Juifs, et confirmer l’engagement de l’Église dans le dialogue qui, au cours de ces quarante dernières années, a fondamentalement transformé nos relations, en les améliorant.

En raison de cette confiance et de cette amitié croissantes, Chrétiens et Juifs peuvent ensemble se réjouir du sens spirituel profond de la Pâque, comme mémorial (zikkarôn) de liberté et de rédemption. Chaque année, lorsque nous écoutons le récit de la Pâque, nous revenons à cette nuit bénie de libération. Que ce saint temps de l’année soit un appel adressé à nos deux communautés pour rechercher la justice, la miséricorde, la solidarité avec l’immigré, avec la veuve et l’orphelin, comme Moïse l’a commandé : « Souviens-toi que tu as été esclave en Égypte et que le Seigneur ton Dieu t’a libéré. Voici donc le commandement que je te donne » (Dt 24,18).

Au cours du Sèder de la Pâque, vous faites mémoire des saints patriarches Abraham, Isaac et Jacob, et des saintes femmes d’Israël, Sarah, Rebecca, Rachel et Léa, commencement d’une longue lignée de fils et filles de l’Alliance. Au fur et à mesure que passe le temps, l’Alliance revêt une dimension toujours plus universelle, alors que la promesse faite à Abraham prend forme : « Je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction… En toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12,2-3). En effet, selon le prophète Isaïe, l’espérance de la rédemption s’étend à toute l’humanité : « Des peuples nombreux se mettront en marche, et ils diront : ‘Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers» (Is 2,3). Sur cet horizon eschatologique, s’offre une réelle perspective de fraternité universelle sur le chemin de la justice et de la paix, qui prépare le chemin du Seigneur (cf. Is Is 62,10).

Les Chrétiens et les Juifs partagent cette espérance ; nous sommes en réalité, comme disent les prophètes, « prisonniers de l’espérance » (Za 9,12). Ce lien nous permet, à nous, Chrétiens, de célébrer parallèlement à vous, selon notre perspective propre, la Pâque de la mort et de la résurrection du Christ, que nous envisageons comme inséparable de votre Pâque, puisque Jésus lui-même a dit : « Le salut vient des Juifs » (Jn 4,22). Notre Pâque et votre Pesah, bien que distinctes et différentes, nous unissent dans une commune espérance fondée sur Dieu et sur sa miséricorde. Elles nous pressent de coopérer les uns avec les autres et avec tout homme et toute femme de bonne volonté pour édifier un monde meilleur pour tous, dans l’attente de l’accomplissement des promesses du Seigneur.

Respectueusement et fraternellement, je demande donc à la Communauté Juive d’agréer mes voeux pour Pesah, dans un esprit d’ouverture aux possibilités réelles de coopération qui s’ouvrent devant nous, alors que nous voyons les besoins urgents de notre monde et que nous regardons avec compassion les souffrances de millions de nos frères et soeurs partout sur la terre. Naturellement, notre espérance partagée pour la paix dans le monde comprend le Moyen-Orient et, tout particulièrement la Terre Sainte. Puisse la mémoire des miséricordes divines, que Juifs et Chrétiens célèbrent en ce temps de fête, inspirer à tous ceux qui sont responsables de l’avenir de cette région – où se situent les événements de la révélation de Dieu – de nouveaux efforts, et spécialement des attitudes nouvelles et une purification des coeurs renouvelée!

Dans mon coeur, je reprends avec vous le psaume du Hallel pascal (Ps 118,1-4), invoquant sur vous l’abondance des bénédictions divines :

« Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël : Éternel est son amour !...
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur : Éternel est son amour ! »



Du Vatican, le 14 avril 2008.
Benedictus PP XVI




MESSAGE AUX AMÉRICAINS À L'OCCASION DE SON VOYAGE AUX ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE

Chers frères et soeurs des Etats-Unis d'Amérique!

Que la grâce et la paix de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ soient avec vous tous! D'ici quelques jours, je commencerai ma visite apostolique dans votre pays bien-aimé. Avant de partir, je voudrais vous transmettre un salut cordial et une invitation à la prière. Comme vous le savez, je ne pourrai visiter que deux villes: Washington et New York. Toutefois, l'intention de ma visite est d'embrasser spirituellement tous les catholiques des Etats-Unis. Dans le même temps, j'espère vivement que ma présence parmi vous sera perçue comme un geste de fraternité envers toutes les communautés ecclésiales, et comme un signe d'amitié pour les membres des autres traditions religieuses et tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Le Seigneur ressuscité a confié aux Apôtres et à l'Eglise son Evangile d'amour et de paix, afin justement qu'il soit transmis à tous les peuples.

J'aimerais ajouter quelques mots de remerciements, car je suis conscient que beaucoup de personnes ont beaucoup travaillé et depuis longtemps, autant dans l'Eglise que dans les services publics, pour préparer mon voyage. Je suis particulièrement reconnaissant à tous ceux qui ont prié pour la réussite de cette visite, car prier est la chose la plus importante. Chers amis, je dis cela car je suis convaincu que sans la force de la prière, sans cette union intime avec le Seigneur, nos initiatives humaines ne parviendraient qu'à bien peu de choses. C'est ce qu'en effet notre foi nous enseigne. C'est Dieu qui nous sauve, Il sauve le monde et l'histoire. Il est le Pasteur de son peuple. Je viens, envoyé par Jésus Christ, vous porter sa Parole de vie.

En accord avec vos évêques, j'ai choisi comme thème de mon voyage trois mots simples mais essentiels: "Christ our hope", le Christ notre espérance. En suivant les pas de mes vénérés prédécesseurs, Paul VI et Jean-Paul II, je viendrai pour la première fois comme Pape aux Etats-Unis d'Amérique, pour proclamer cette grande vérité: Jésus Christ est l'espérance pour les hommes et les femmes de toutes langues, races, cultures et conditions sociales. Oui, le Christ est le visage de Dieu présent parmi nous. A travers Lui, nos vies trouvent leur plénitude, et ensemble, en tant qu'individus et comme peuples, nous pouvons devenir une famille unie par l'amour fraternel, selon le projet éternel de Dieu le Père. Je sais combien ce message de l'Evangile est enraciné dans votre pays. Je viens le partager avec vous, lors d'une série de célébrations et de rencontres. J'apporterai également le message de l'espérance chrétienne à la grande Assemblée des Nations unies, aux représentants de tous les peuples du monde. En effet, le monde n'a jamais eu autant besoin d'espérance que maintenant: espérance de paix, de justice, et de liberté, mais cette espérance ne peut pas être réalisée sans obéissance à la loi du Seigneur, que le Christ a portée à son accomplissement dans le commandement de nous aimer les uns les autres. Faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent, et ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'ils vous fassent. Cette "règle d'or" nous est donnée dans la Bible, mais elle est valable pour tous les peuples, y compris pour les non-croyants. C'est une loi inscrite dans le coeur humain; nous pouvons tous être d'accord avec elle, de telle façon que quand nous devons traiter d'autres sujets nous pouvons le faire sur un mode constructif et positif pour toute la communauté humaine.

[en espagnol: ] J'adresse un salut cordial aux catholiques de langue espagnole et je leur fais part de ma proximité spirituelle, notamment aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et à tous ceux qui traversent des difficultés ou se sentent particulièrement accablés. Je vous exprime mon vif désir de pouvoir être bientôt parmi vous dans cette nation bien-aimée. Entre-temps, je vous invite à prier intensément pour les fruits pastoraux de mon imminent voyage apostolique et à tenir haute la flamme de l'espérance dans le Christ ressuscité.

[en anglais: ] Chers frères et soeurs, chers amis des Etats-Unis, j'attends avec impatience de venir parmi vous! Je veux que vous sachiez que, même si mon séjour sera bref et limité à quelques engagements, mon coeur sera proche de vous tous, notamment des malades, des plus faibles et des personnes seules. Je vous remercie encore de votre soutien spirituel à ma mission. Je vous embrasse tous avec affection, et j'invoque sur vous la protection maternelle de la Sainte Vierge Marie.

[en espagnol: ] Que la Vierge Marie vous accompagne et vous protège. Que Dieu vous bénisse!

[en anglais: ] Que Dieu vous bénisse tous!



ENTRETIEN ACCORDÉ AUX JOURNALISTES AU COURS DU VOL AUX ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE Mardi 15 avril 2008

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Discours 2005-2013 50408